En juin 1995, Bernard Lewis fut condamné pour avoir mis en doute, à tort ou à raison, la volonté génocidaire du gouvernement turc dans le massacre des Arméniens en 1915. Un savant de réputation internationale, et de surcroît étranger, se voyait traité par les tribunaux français comme un vulgaire Faurisson. Nous sommes heureux de le voir s’exprimer ici. P. N.
Le président Bush et d’autres hommes politiques occidentaux ont pris grand soin de souligner que la guerre dans laquelle nous sommes engagés est une guerre contre le terrorisme, pas contre les Arabes, ni, plus généralement, contre les musulmans, lesquels sont instamment invités à se joindre à nous dans le combat contre notre ennemi commun. Oussama ben Laden, lui, tient le langage contraire. Pour Ben Laden et ceux qui le suivent, il s’agit d’une guerre religieuse, d’une guerre pour l’islam et contre les infidèles, et, par conséquent, inévitablement contre les États-Unis, la plus grande puissance du monde des infidèles.
Dans ses déclarations, Ben Laden se réfère fréquemment à l’histoire. Une des références les plus spectaculaires fut la mention, dans la cassette vidéo du 7 octobre 2001, de « l’humiliation et de la disgrâce » dont l’Islam souffre depuis « plus de quatre-vingts ans ». Nombre de spécialistes du Proche-Orient, américains et, sans aucun doute, européens, entreprirent des recherches fébriles pour trouver quelque événement qui advint voilà « plus de quatre-vingts ans »; diverses furent les réponses. Les auditeurs et téléspectateurs musulmans de Ben Laden – le public auquel il s’adressait – saisirent, eux, soyons-en sûrs, immédiatement l’allusion et e…