R.T.T. Re teu teu. Rite, retraite, repli, traintrain. Les dentales sonnent abruptement, comme une sentence, un verdict sec, péremptoire et riquiqui. Elles rappellent un peu les P.T.T. (que certains esprits malveillants ont surnommées « Petit Travail Tranquille ») et donnent lieu à quelques inventions amusantes – « Retour du Travail Temporaire », « Refile Ton Taf », « ReTireToi » « Rentre dans Ton Terrier »... Si la mesure qu’il désigne a parfois bien du mal à exister concrètement, ce néologisme s’est fondu dans notre vocabulaire, nos conversations, notre « quotidien », comme on dit maintenant, avec une déconcertante facilité.
Comme d’autres avant elles, la « R.T.T. » est une de ces pathologies étonnantes de notre monde, qui semble peiner à trouver des mots « normaux » pour désigner ce qu’il a produit. Un phénomène se résume aujourd’hui à une addition d’initiales neutralisantes, comme si le contenu réel pouvait en être adouci, arrondi, atténué : I.V.G. (surtout pas « avorter » mais « subir une I.V.G. »), E.S.B. (maladie de la vache folle), S.D.F. (vagabond), P.A.C.S. (« on s’est pacsés ! ») et autres P.C. (« T’es en Mac ou en P.C. ? »), T.G.V., T.B.M. et V.T.T…
Ah, cette réduction du temps de travail ! Que celui qui n’a pas donné son avis sur la question lève le doigt. C’est bien simple, on ne parle que de ça. En dehors des débats houleux entre politiques, qui nous ont permis de voir que ces derniers, pour détourner le mot de Raymond Aron, n’ont rien appris en économie depuis 1936, les R…