Il est courant, depuis quelques années, d’entendre des élus de tout bord proclamer leur intention de mettre en œuvre un « urbanisme à visage humain ». Bien souvent, derrière cette annonce encourageante se cache une réalité décevante. Pour nombre de nos édiles, le contenu de cet engagement se résume à l’abandon des grands ensembles « inhumains », si vantés dans les années soixante et tant décriés aujourd’hui. Une authentique prise en considération du « facteur humain » dans la démarche d’urbanisation demanderait beaucoup plus. On en cherche en vain la place. Aujourd’hui encore, le principal critère des choix reste le bilan comptable à court terme, c’est-à-dire un outil totalement abstrait. Cette façon restrictive d’aborder l’urbanisme non seulement méconnaît les conséquences humaines, parfois dramatiques, des interventions sur le bâti, mais néglige également d’en faire l’évaluation financière à long terme. S’il n’est pas simple de comptabiliser les gains d’une approche respectueuse de la dimension humaine et sociale du fait urbain, il est en revanche aisé de constater les pertes entraînées par une intervention aveugle.
Une ville, doit-on le rappeler, se compose de quartiers, de secteurs, d’îlots, chacun spécifique mais constituant ensemble un tout cohérent. Si cette constatation semble évidente, il s’avère plus ardu d’énoncer les éléments permettant à un quartier d’acquérir une vie propre, une animation et surtout des relations avec son environnement. La richesse du vivant réside dans sa faculté à multiplier les échanges avec l’entourage…