S’est installée depuis une trentaine d’années une perception tronquée de l’écologie. J’entends par « écologie » les idées ou les analyses qui ont porté à la lumière la crise environnementale, et les institutions scientifiques ou profanes, gouvernementales ou non gouvernementales, qui ont incarné et promu ces mêmes idées ou analyses. L’écologie est en effet pour l’opinion publique d’emblée assimilée aux partis politiques verts, et tout juste renvoyée aux associations de défense de la nature. Or, les partis verts ont recueilli et interprété un héritage qui leur est largement antérieur ; quant aux associations, à l’inverse, elles sont dans leur principe, et empiriquement pour certaines, bien antérieures aux idées et institutions afférentes à l’écologie contemporaine. Les organisations porteuses de l’écologie politique apparaissent au début des années 1970, alors que les O.N.G. environnementales et les associations de défense de la nature existent pour certaines depuis bien plus longtemps déjà : le Sierra Club a été fondé aux États-Unis en 1860 ; en France, grosso modo à la même époque, les peintres de l’école de Barbizon ont constitué le fer de lance de la première mobilisation en faveur de la protection du patrimoine naturel, en l’occurrence les paysages de la forêt de Fontainebleau ; l’U.I.C.N. a été créée en 1948, le W.W.F. en 1961, etc. Il me paraît d’autant plus important de contribuer à rectifier cette perception qu’une ère nouvelle s’annonce pour l’écologie avec l’adoption morale, et même çà et là effective, de la notion de développement durable par la communauté international…