Couverture de CULC_123

Article de revue

Repères économiques des secteurs culturels marchands en 2010

Pages 1 à 12

Notes

  • [*]
    Chargée d’analyses statistiques.
  • [1]
    Voir Valérie Deroin, Approche statistique européenne de la culture, Paris, Ministère de la Culture et de la Communication, deps, coll. « Culture études », 2011-8, décembre 2011.
  • [2]
    Personnes physiques et personnes morales, y compris les auto-entrepreneurs. Voir rubrique « Définitions », p. 10.
  • [3]
    Seuls 6 niveaux « groupes » de la naf Rév.2, 2008 sont retenus pour la ventilation par taille d’effectifs car seuls ces groupes sont entièrement culturels, c’est-à-dire composés uniquement d’activités culturelles. Il s’agit de : 59.1 – Activités cinématographiques, vidéo et de télévision ; 59.2 – Enregistrement sonore et édition musicale ; 60.1 – Édition et diffusion de programmes radio ; 60.2 – Programmation de télévision et télédiffusion ; 74.1 – Activités spécialisées de design ; 90.0 – Activités créatives, artistiques et de spectacle.
  • [4]
    Le taux de profitabilité rapporte le bénéfice au chiffre d’affaires : c’est le rapport du résultat net comptable sur le chiffre d’affaires hors taxe. C’est une mesure de la performance économique globale et non une mesure de la rentabilité.

1Décrire l’organisation économique des activités culturelles suppose d’intégrer et d’adopter des outils de mesure communs à des activités par ailleurs très diverses. Les chaînes économiques de l’ensemble des secteurs culturels marchands sont constituées de filières différentes qu’il reste malaisé de comparer : la production de spectacles et la production de livres diffèrent par le capital, les outils et les investissements nécessaires qu’elles exigent ; l’activité de distribution de produits (stocks, charges financières, ventes, etc.) est difficilement comparable à celle de la création ou à celle de l’enseignement, etc. De plus, la spécificité de modèles d’affaires ou économiques plus ou moins dépendants d’un volume important de mesures de soutien public s’appréhende mal à travers l’analyse de variables comptables et financières utilisées dans les enquêtes économiques nationales ; enfin, l’offre professionnelle cohabite avec l’offre amateur dans bien des secteurs.

2Pour autant, il est possible de dresser un panorama global des principales caractéristiques économiques du champ de la culture en 2010 : ce champ, fondé sur des outils de mesure statistique et délimité à 29 activités, est constitué des secteurs culturels marchands identifiables par la nomenclature statistique d’activités et comparables aux autres secteurs de l’économie française.

Définition du champ

3L’analyse du champ de la culture renvoie à un corpus d’activités plus ou moins large, et peut produire des résultats d’amplitude variable. De fait, le secteur culturel n’a pas d’existence économique en tant que regroupement de familles de produits ou services culturels qui permettrait de border le champ. La palette des activités culturelles tend elle-même à s’élargir, en particulier sous l’effet de développements technologiques qui apportent de nouveaux produits culturels, de nouveaux acteurs, de nouveaux réseaux d’activités.

4Pour autant, l’Union européenne s’est dotée d’un cadre statistique de la culture, défini conjointement par les États membres au sein du réseau d’experts européens essnet Culture : ce cadre statistique est utilisé pour représenter le champ d’étude des secteurs culturels [1]. Les États membres ont ainsi retenu des critères communs pour structurer un système d’observation des activités culturelles en Europe. Les activités culturelles représentent des activités qui reposent sur des valeurs culturelles et/ou une expression artistique ; elles placent la création au centre du système. Les activités publicitaires, par exemple, sont reconnues comme activités culturelles par leurs activités de création de scénarios.

5Plus précisément, les activités culturelles, artistiques ou créatives définies par le champ essnet de la culture s’insèrent dans dix grands domaines culturels :

  • le patrimoine des musées, des monuments historiques et de l’archéologie ;
  • les archives ;
  • les bibliothèques ;
  • le livre et la presse ;
  • les arts visuels (arts plastiques, photographie, design) ;
  • le spectacle vivant ;
  • l’audiovisuel et le multimédia ;
  • l’architecture ;
  • la publicité ;
  • l’artisanat d’art.
Les activités culturelles elles-mêmes résultent du croisement de ces domaines culturels avec des fonctions économiques : celles de création, de production et d’édition, de diffusion et de commercialisation, de conservation, de formation et d’administration et de management culturels. La construction de ce champ de la culture en Europe permet ainsi de disposer d’un ensemble cohérent et reconnu d’activités culturelles, prérequis nécessaire à la production de données européennes comparables et à l’analyse des secteurs économiques de la culture. Ces dix domaines culturels et ces six fonctions économiques sont utilisés pour la présente analyse des secteurs culturels marchands en France (voir encadré méthodologique).

En 2010, la part des secteurs culturels dans l’économie marchande est d’environ 5 % en nombre d’unités légales et de près de 3 % en valeur ajoutée

6Avec environ 157 000 unités légales [2] en 2010, la culture et ses différents secteurs d’activités représentent 4,7 % de l’ensemble des secteurs marchands, hors agriculture. Ces unités réalisent un chiffre d’affaires de 71 milliards d’euros, soit 2 % de l’économie marchande non agricole, et emploient près de 281 000 salariés en équivalent temps plein, soit 2,3 % des emplois marchands non agricoles (tableau 1). Les secteurs culturels apportent 29 milliards de valeur ajoutée à la production nationale, soit près de 3 % de la valeur ajoutée totale des secteurs marchands non agricoles.

Tableau 1

Part des secteurs culturels marchands sur l’ensemble des secteurs marchands en 2010

Tableau 1
Indicateur Secteurs culturels marchands Tous secteurs marchands Champ culturel par rapport à l’ensemble des secteurs marchands (en %) Nombre d’unités légales 156 579 3 324 331 4,7 Effectifs salariés en équivalent temps plein 280 984 12 259 209 2,3 Effectifs salariés au 31 décembre 341 291 15 053 110 2,3 Chiffre d’affaires hors taxes (millions d’euros) 70 814 3 597 967 2,0 Valeur ajoutée – y compris autres produits et autres charges (millions d’euros) 28 656 1 033 389 2,8 Excédent brut d’exploitation (millions d’euros) 8 369 281 357 3,0 Résultat courant avant impôts (millions d’euros) 3 946 330 827 1,2

Part des secteurs culturels marchands sur l’ensemble des secteurs marchands en 2010

Champ : France, ensemble des unités légales des secteurs marchands, y compris auto-entrepreneurs et holdings financières.
Source : Insee, Ésane 2010/deps, Ministère de la Culture et de la Communication, 2012

7En rapportant la valeur ajoutée au chiffre d’affaires, soit la capacité de l’entreprise à générer de la richesse pour elle-même (autofinancement), pour ses salariés, pour l’État (impôts et taxes) et pour les banques (charges financières), on observe un taux moyen des secteurs culturels de 41 %, qui est supérieur au taux moyen de l’ensemble des secteurs marchands (29 %) mais légèrement inférieur au taux global moyen des services (information et communication : 45 %, activités spécialisées, scientifiques et techniques et activités de services administratifs et de soutien : 48 %).

8L’excédent brut d’exploitation (ebe) correspond à 8,3 milliards d’euros pour le champ culturel, soit 3 % de l’ensemble des secteurs marchands. Comme les entreprises n’ont pas toutes le même mode de financement de leur activité, l’ebe, qui mesure la performance des activités d’exploitation, se révèle utile pour comparer leurs ressources après paiement des impôts, taxes et charges de personnel. L’ebe révèle de fortes disparités entre secteurs culturels marchands : les éditions de chaînes généralistes, l’architecture et la production de films pour la télévision (ebe entre 1,1 et 1,6 milliard d’euros) se démarquent nettement, par exemple, de la gestion des salles de spectacles, la gestion des monuments et des musées (ebe inférieur à 27 millions d’euros pour chacune de ces activités).

Caractéristiques générales selon les secteurs culturels

Architecture et arts visuels réunissent plus de la moitié du nombre d’unités

9En 2010, les activités d’architecture sont prépondérantes en nombre avec 31 646 unités (tableau 2), soit 20 % des secteurs culturels hors patrimoine (musées, monuments, archives, bibliothèques). Elles sont suivies des arts visuels, notamment le design qui compte 20 024 unités (13 % des secteurs culturels) et la création artistique des écrivains, compositeurs de musique et journalistes indépendants avec 13 819 unités (9 %). Parmi les activités de spectacle vivant, celles des artistes du spectacle vivant, de l’organisation et la production de spectacles sont réalisées par quelque dix milliers d’unités (11 097).

Tableau 2

Caractéristiques économiques des secteurs culturels marchands en 2010

Tableau 2
Domaine culturel Libellé Code NAF 2008 Nombre d’unités légales Effectifs salariés en équivalent temps plein Chiffre d’affaires hors taxes (millions d’euros) Valeur ajoutée y compris autres produits et autres charges (millions d’euros) Patrimoine Gestion des bibliothèques et des archives 91.01Z S S S S Gestion des musées 91.02Z S S 42 14 Gestion des sites et monuments historiques et des attractions touristiques similaires 91.03Z 323 2 042 230 110 Livre et presse Édition de livres 58.11Z 4 193 12 820 5 942 1 504 Édition de journaux Édition de revues et périodiques 58.13Z 58.14Z 809 2 433 27 279 24 042 5 183 6 433 1 797 2 187 Agences de presse 63.91Z 2 025 4 428 835 513 Arts visuels Création artistique relevant des arts plastiques 90.03A 6 441 S S S Autre création artistique 90.03B 13 819 S S S Activités photographiques 74.20Z (p) 11 013 5 911 1 217 500 Activités spécialisées de design 74.10Z 20 024 6 584 1 693 724 Architecture Activités d’architecture 71.11Z 31 646 32 268 7 320 4 135 Spectacle vivant Arts du spectacle vivant 90.01Z 11 097 8 090 1 721 574 Activités de soutien au spectacle vivant 90.02Z 5 922 8 522 1 759 694 Gestion de salles de spectacles 90.04Z 514 3 739 959 183 Audiovisuel/multimédia Production de films et de programmes pour la télévision 59.11A 2 690 9 659 2 420 2 084 Production de films institutionnels et publicitaires 59.11B 4 368 5 058 1 316 531 Production de films pour le cinéma 59.11C 2 114 4 901 1 929 1 402 Postproduction de films cinématographiques, de vidéo et de programmes de télévision 59.12Z 3 913 10 230 2 027 996 Distribution de films cinématographiques Édition et distribution vidéo 59.13A 498 1 841 59.13B 786 1 361 1 803 783 377 168 Projection de films cinématographiques Édition de jeux électroniques Édition d’enregistrements sonores Édition et diffusion de programmes radio Édition de chaînes généralistes Édition de chaînes thématiques 59.14Z 863 6 746 58.21Z 189 1 811 59.20Z 3 532 3 575 60.10Z 362 9 044 60.20A 26 14 622 60.20B 154 4 533 1 385 1 197 1 182 1 375 7 691 1 664 443 385 428 694 3 139 231 Publicité Activités des agences de publicité 73.11Z (p) 18 254 70 853 12 462 4 712 Éducation/formation Enseignement culturel 85.52Z 8 571 1 025 247 134 Total secteurs culturels marchands 156 579 280 984 70 814 28 656 Tous secteurs des services marchands (hors agriculture) 3 324 331 12 259 209 3 597 967 1 033 389

Caractéristiques économiques des secteurs culturels marchands en 2010

(p) = code statistique partiellement culturel, S = donnée soumise au secret statistique.
Champ : France, ensemble des unités légales des secteurs marchands, y compris auto-entrepreneurs et holdings financières.
Source : Insee, Ésane 2010/deps, Ministère de la Culture et de la Communication, 2012

10L’audiovisuel et le multimédia, dans une conception élargie depuis la production jusqu’à l’édition et la distribution, couvrent 12 % des unités des secteurs culturels avec 19 495 unités : on observe cependant une grande disparité de ces secteurs avec, d’un côté, l’édition de chaînes généralistes assurée par seulement 23 unités légales et, de l’autre, la postproduction audiovisuelle qui occupe 3 913 unités.

Architecture, édition de chaînes généralistes et publicité sont les principaux contributeurs économiques du champ culturel

11Premières en nombre d’unités, les activités d’architecture sont également les principales contributrices à l’ensemble du chiffre d’affaires et de la valeur ajoutée du champ culturel (14 % de la valeur ajoutée de l’ensemble et 10 % du chiffre d’affaires). Ensuite, l’édition de chaînes généralistes (11 % de la valeur ajoutée de l’ensemble ainsi que 11 % du chiffre d’affaires) et toutes les activités de publicité culturelles et non culturelles (16 % de la valeur ajoutée de l’ensemble et 18 % du chiffre d’affaires) contribuent pour plus de 10 % à la valeur ajoutée (va) et au chiffre d’affaires (ca) général du champ culturel. Les éditions de revues, de journaux et de livres ainsi que la production télévisuelle sont proches en termes de contribution au ca et à la va (respectivement 7 % et 9 %). Tous les autres secteurs concourent pour moins de 5 % à l’ensemble du champ culturel marchand.

Une population de petites structures dynamiques

12Les petites structures de moins de 10 salariés forment l’essentiel du tissu économique des secteurs culturels marchands (graphique 1) : l’étude des secteurs culturels à un niveau plus agrégé de la nomenclature naf confirme cette caractéristique pour les six niveaux culturels [3] avec des taux de 63 % à 99 % de secteurs constitués d’entreprises de 0 à 9 salariés en équivalent temps plein (etp).

Graphique 1

Répartition par taille d’effectifs de 6 groupes culturels : nombre d’unités, chiffre d’affaires et valeur ajoutée en 2010

Graphique 1

Répartition par taille d’effectifs de 6 groupes culturels : nombre d’unités, chiffre d’affaires et valeur ajoutée en 2010

Source : Insee, Ésane 2010/deps, Ministère de la Culture et de la Communication, 2012

13On observe cependant des variations et trois grands ensembles se dessinent : le premier est formé de secteurs dans lesquels l’essentiel des effectifs et des résultats d’exploitation sont pris en charge par de petites entreprises. Ainsi la quasi-totalité des entreprises de design comptent moins de 10 salariés et réalisent plus des deux tiers du chiffre d’affaires et de la valeur ajoutée. Les petites entreprises, très majoritaires dans les activités créatives, artistiques et de spectacle, réalisent aussi l’essentiel des résultats pour plus de la moitié du chiffre d’affaires et de la valeur ajoutée. Dans ces deux groupes, les entreprises moyennes entre 20 à 249 salariés etp réalisent le tiers des activités économiques.

14Un deuxième ensemble est composé d’un grand nombre de petites entreprises de moins de 10 salariés etp qui réalisent de 30 % à 50 % du ca et de la va. Parallèlement coexiste un petit nombre d’entreprises moyennes à grandes. Dans les activités de production et de distribution cinématographiques et télévisuelles ainsi que dans l’édition vidéo, les entreprises de 10 à 19 salariés etp représentent moins de 3 % du total et réalisent 13 % du ca et de la va. Celles de 20 à 249 salariés etp représentent aussi environ 3 % en nombre mais réalisent jusqu’à 51 % du ca et 44 % de la va.

15Dans la musique enregistrée, l’importance économique des très grandes entreprises de 250 salariés etp est établie : bien que représentant moins de 1 % du total des unités du secteur, elles réalisent 27 % du ca et 23 % de la va. Dans ce secteur, les petites entreprises de moins de 10 salariés et les entreprises de 20 à 249 salariés réalisent environ les deux tiers du chiffre d’affaires (34 % pour les moins de 10 salariés et 36 % pour les 20 à 249).

16Enfin un troisième ensemble atteste d’une concentration encore plus marquée des très grandes entreprises : il réunit les secteurs culturels dans lesquels plus de la moitié et jusqu’à la presque totalité des résultats sont réalisés par un très faible nombre de grandes unités de plus de 250 salariés etp (moins de 4 % en nombre d’unités du secteur). Il s’agit des secteurs audiovisuels de la radio et de la télévision qui concentrent 53 % à 82 % du ca et 65 % à 85 % de la va. À l’opposé, 80 % des petites entreprises de moins de 10 salariés de la radio ne génèrent que 6 % de la va et 63 % des petites entreprises de moins de 10 salariés de la télévision produisent une valeur ajoutée négative qui s’explique en partie par des charges élevées, en particulier de sous-traitance.

Avec 6 milliards d’euros de chiffre d’affaires réalisés à l’export, des activités économiques qui s’exportent peu, à l’exception du jeu vidéo

17Avec un chiffre d’affaires total à l’export d’environ 6 milliards d’euros, la proportion des ventes à l’export de l’ensemble des secteurs culturels marchands apparaît faible (8 %) en 2010, comparée au taux moyen de l’ensemble des secteurs marchands (15 %). Cependant ce taux peut être rapproché du taux moyen des secteurs de l’information et de la communication (9 %), et il est bien supérieur au taux moyen de l’ensemble des autres activités de services (2 %).

18De plus, de fortes différences s’observent selon les secteurs : tandis que les entreprises d’édition de jeux électroniques réalisent plus de 50 % de leur chiffre d’affaires à l’étranger, certains secteurs dont les activités sont traditionnellement proposées sur le marché national tels les musées, les salles de cinéma, l’enseignement culturel, ont des taux d’exportation nuls. Entre ces deux pôles, les secteurs culturels marchands ont des comportements d’exportation différents, avec un taux déterminant autour de 20 % pour les entreprises d’édition de chaînes thématiques, les agences de presse, la musique enregistrée, la distribution de films cinématographiques et le design. La production cinématographique et de films publicitaires, l’édition de livres, de périodiques et de vidéos, les activités créatives et techniques de spectacles vivants réalisent environ 10 % de leur chiffre d’affaires à l’exportation. Enfin un dernier groupe de secteurs culturels comprenant l’architecture, la photographie, les activités de la radio, la gestion de salles de spectacles ou encore les chaînes généralistes réalisent moins de 5 % de leur chiffre d’affaires en exportant leurs activités.

19Il est intéressant de noter la position favorable à l’exportation des petites structures, quelle que soit leur activité (tableau 3) : à l’exception de la programmation télévisuelle, la proportion des unités de moins de 10 salariés à se tourner vers le commerce extérieur atteint 20 % à 40 % de l’ensemble des entreprises du secteur concerné. Avec les entreprises de 20 à 249 salariés etp, elles sont les plus dynamiques sur le marché extérieur. Le secteur de la musique enregistrée (43 % du chiffre d’affaires réalisé à l’export) et celui de la programmation télévisuelle (81 % à l’export) sont fortement engagés sur le marché international grâce à l’activité des plus grandes entreprises, celles de plus de 250 salariés.

Tableau 3

Répartition du chiffre d’affaires à l’export selon la taille des entreprises en 2010

Tableau 3
Nombre de salariés en etp De 0 à 9 De 10 à 19 De 20 à 249 Plus de 250 Activités cinématographiques, vidéo et de télévision 23 18 55 5 Enregistrement sonore et édition musicale 20 6 31 43 Édition et diffusion de programmes radio 28 0 69 3 Programmation de télévision et télédiffusion 2 0 17 81 Activités spécialisées de design 29 8 63 0 Activités créatives, artistiques et de spectacle 41 10 46 2

Répartition du chiffre d’affaires à l’export selon la taille des entreprises en 2010

Champ : France, unités légales des secteurs marchands (y compris auto-entrepreneurs et sociétés holding).
Source : Insee, Ésane 2010/deps, Ministère de la Culture et de la Communication, 2012

Des performances d’exploitation contrastées selon les secteurs

20Les frais de personnel (salaires et charges sociales) constituent une part conséquente de la différence entre la valeur ajoutée et l’excédent brut d’exploitation. Ils sont plus ou moins élevés selon les secteurs et leur incidence sur la rentabilité de l’exploitation courante peut être importante (tableau 4) : l’édition de journaux, par exemple, est le seul secteur culturel où l’insuffisance d’exploitation se traduit par un solde négatif en 2010, ce qui s’explique par des frais de personnel élevés non compensés par des subventions d’exploitation.

Tableau 4

Taux de marge des secteurs culturels en 2010

Tableau 4
Code naf 2008 Libellé du secteur d’activité Valeur ajoutée – – + Subventions d’exploitation Impôts, taxes et versements assimilés Frais de personnel = ebe Taux de marge (en %) – 58.11Z Édition de livres 1 504 11 69 878 569 38– 58.13Z Édition de journaux 1 797 87 74 1 830 – 20 – 1– 58.14Z Édition de revues et périodiques 2 187 9 71 1 698 426 20– 58.21Z Édition de jeux électroniques 385 1 7 117 262 68– 59.11A Production de films et de programmes pour la télévision 2 084 99 43 1 006 1 134 54– 59.11B Production de films institutionnels et publicitaires 531 5 16 438 82 15– 59.11C Production de films pour le cinéma 1 402 93 27 648 820 59– 59.12Z Postproduction de films cinématographiques, de vidéo et de programmes de télévision 996 7 43 809 151 15– 59.13A Distribution de films cinématographiques 377 14 17 132 243 64– 59.13B Édition et distribution vidéo 168 2 9 96 64 38– 59.14Z Projection de films cinématographiques 443 29 51 257 164 37– 59.20Z Enregistrement sonore et édition musicale 428 9 20 317 100 23– 60.10Z Édition et diffusion de programmes radio 694 38 38 635 59 8– 60.20A Édition de chaînes généralistes 3 139 198 472 1 262 1 602 51– 60.20B Édition de chaînes thématiques 231 214 34 365 46 20– 63.91Z Activités des agences de presse 513 5 13 429 76 15– 71.11Z Activités d’architecture 4 135 19 163 2 623 1 368 33– 73.11Z (p) Activités des agences de publicité 4 712 10 216 3 954 552 12– 74.10Z Activités spécialisées de design 724 4 31 489 208 29– 74.20Z (p) Activités photographiques 500 2 23 330 148 30– 85.52Z Enseignement culturel 134 5 7 78 53 40– 90.01Z Arts du spectacle vivant 574 152 38 545 144 25– 90.02Z Activités de soutien au spectacle vivant 694 13 26 607 73 11– 90.04Z Gestion de salles de spectacles 183 86 24 230 17 9– 91.02Z Gestion des musées 14 5 1 15 3 22– 91.03Z Gestion des sites et monuments historiques et des attractions touristiques similaires 110 19 6 98 26 23– Total Moyenne secteurs culturels marchands 28 656 1 137 1 541 19 883 8 369 29–

Taux de marge des secteurs culturels en 2010

(p) : code statistique partiellement culturel.
Champ : France, unités légales des secteurs marchands (y compris auto-entrepreneurs et sociétés holding).
Source : Insee, Ésane 2010/deps, Ministère de la Culture et de la Communication, 2012

21Le taux moyen de rémunération du travail (soit la part de la valeur ajoutée consacrée aux frais de personnel) dans l’ensemble des secteurs marchands (hors agriculture) est de 66 % (tableau 6), il est très légèrement supérieur pour les seuls secteurs culturels (69 %). Dans le cas de l’édition de journaux, ce taux atteint 102 % (tableau 5) : la valeur ajoutée dégagée ne suffit pas à couvrir les frais de personnel qui lui sont supérieurs, ce qui grève largement la richesse produite. Trois autres secteurs affichent des frais de personnel égaux ou supérieurs à leur valeur ajoutée : les musées (111 %), les salles de spectacles (125 %) et l’édition de chaînes thématiques (158 %). Pour ces secteurs, en revanche, les frais de personnel élevés sont compensés par des subventions d’exploitation, elles aussi élevées (respectivement de 38 %, 47 % et 92 % de la valeur ajoutée) et très supérieures à la moyenne des secteurs culturels (4 %).

Tableau 5

Répartition de la valeur ajoutée en 2010(*)

Tableau 5
Code naf 2008 Libellé du secteur d’activité Part des subventions d’exploitation par rapport à la valeur ajoutée Part des impôts, taxes par rapport à la valeur ajoutée Part des frais de personnel par rapport à la valeur ajoutée– 58.11Z Édition de livres 1 5 58– 58.13Z Édition de journaux 5 4 102– 58.14Z Édition de revues et périodiques 0 3 78– 58.21Z Édition de jeux électroniques 0 2 30– 59.11A Production de films et de programmes pour la télévision 5 2 48– 59.11B Production de films institutionnels et publicitaires 1 3 82– 59.11C Production de films pour le cinéma 7 2 46– 59.12Z Postproduction de films cinématographiques, de vidéo et de programmes de télévision 1 4 81– 59.13A Distribution de films cinématographiques 4 5 35– 59.13B Édition et distribution vidéo 1 5 57– 59.14Z Projection de films cinématographiques 7 12 58– 59.20Z Enregistrement sonore et édition musicale 2 5 74– 60.10Z Édition et diffusion de programmes radio 5 5 92– 60.20A Édition de chaînes généralistes 6 15 40– 60.20B Édition de chaînes thématiques 92* 15 158– 63.91Z Activités des agences de presse 1 3 84– 71.11Z Activités d’architecture 0 4 63– 73.11Z Activités des agences de publicité 0 5 84– 74.10Z Activités spécialisées de design 1 4 68– 74.20Z Activités photographiques 0 5 66– 85.52Z Enseignement culturel 4 5 59– 90.01Z Arts du spectacle vivant 26 7 95– 90.02Z Activités de soutien au spectacle vivant 2 4 87– 90.04Z Gestion de salles de spectacles 47 13 125– 91.02Z Gestion des musées 38 6 111– 91.03Z Gestion des sites et monuments historiques et des attractions touristiques similaires 18 6 88–

Répartition de la valeur ajoutée en 2010(*)

Champ : France, unités légales des secteurs marchands (y compris auto-entrepreneurs et sociétés holding).
(*) NB : cette proportion élevée est à rapprocher en partie du programme de l’audiovisuel extérieur de la France.
Source : Insee, Ésane 2010/deps, Ministère de la Culture et de la Communication, 2012
Tableau 6

Taux de marge des secteurs d’activités culturels en 2010

Tableau 6
Taux de marge (ebe par rapport à la valeur ajoutée) Part des subventions d’exploitation par rapport Part des impôts, taxes par rapport à la valeur ajoutée Part des frais de personnel par rapport à la valeur ajoutée Taux de profitabilité à la valeur ajoutée (rnc/ca) Secteurs culturels marchands 29 4 5 69 4 Ensemble des secteurs des services marchands 27 2 9 66 8

Taux de marge des secteurs d’activités culturels en 2010

Source : Insee, Ésane 2010/deps, Ministère de la Culture et de la Communication, 2012
Tableau 7

Profitabilité des secteurs d’activités en 2010

Tableau 7
Secteur d’activité Activité Résultat courant avant impôts Chiffre d’affaires hors taxes Résultat net comptable Profitabilité (en %) 90.03A Création artistique relevant des arts plastiques S S S S 90.03B Autre création artistique S S S S 91.01Z Gestion des bibliothèques et des archives S S S S 85.52Z Enseignement culturel 41 247 40 16 71.11Z Activités d’architecture 1 289 7 320 1 156 16 74.10Z Activités spécialisées de design 192 1 693 171 10 58.11Z Édition de livres 552 5 942 548 9 59.20Z Enregistrement sonore et édition musicale 212 1 182 95 8 59.14Z Projection de films cinématographiques 99 1 385 102 7 74.20Z (p) Activités photographiques 85 1 217 88 7 59.11A Production de films et de programmes pour la télévision 194 2 420 169 7 59.11C Production de films pour le cinéma – 56 1 929 102 5 90.01Z Arts du spectacle vivant 88 1 721 78 5 73.11Z (p) Activités des agences de publicité 562 12 462 396 3 59.13B Édition et distribution vidéo 29 783 24 3 58.14Z Édition de revues et périodiques 383 6 433 190 3 90.04Z Gestion de salles de spectacles 17 959 27 3 59.11B Production de films institutionnels et publicitaires 51 1 316 34 3 91.02Z Gestion des musées 1 42 1 1 90.02Z Activités de soutien au spectacle vivant 36 1 759 24 1 60.20A Édition de chaînes généralistes 311 7 691 89 1 91.03Z Gestion des sites et monuments historiques et des attractions touristiques similaires 6 230 2 1 59.12Z Postproduction de films cinématographiques, de vidéo et de programmes de télévision 7 2 027 16 1 63.91Z Activités des agences de presse 16 835 1 0 60.10Z Édition et diffusion de programmes radio 10 1 375 – 2 0 59.13A Distribution de films cinématographiques – 16 1 803 – 29 – 2 58.13Z Édition de journaux – 159 5 183 -327 – 6 60.20B Édition de chaînes thématiques 99 1 664 – 124 – 7 58.21Z Édition de jeux électroniques – 102 1 197 – 147 – 12 Secteurs culturels marchands 3 946 70 814 2 721 4 Tous secteurs des services marchands (hors agriculture) 330 827 3 597 967 285 490 8

Profitabilité des secteurs d’activités en 2010

(p) = code statistique partiellement culturel, S = donnée soumise au secret statistique.
Champ : France, ensemble des unités légales des secteurs marchands, y compris auto-entrepreneurs et holdings financières.
Source : Insee, Ésane 2010/deps, Ministère de la Culture et de la Communication, 2012

22Le profit dégagé par les secteurs est lié à l’équilibre entre rémunération du travail (elle-même liée à la politique d’emploi et au niveau de qualification du personnel) et impôts sur la production, auxquels s’ajoutent l’ensemble des transferts courants des administrations publiques et les choix d’investissement. Les subventions d’exploitation, au sens de la comptabilité, correspondent à tout type de transferts courants versés par les administrations publiques. Ces subventions d’exploitation sont destinées à financer le fonctionnement de l’entreprise et sont accordées pour différentes destinations : elles peuvent, par exemple, être demandées pour faciliter l’emploi de certaines catégories d’actifs (primes à l’emploi de chômeurs âgés de 45 ans et plus, Rmistes, etc.) ou encore en tant que soutien pour l’acquisition de matériels radiophoniques. Ces transferts courants des administrations permettent aux entreprises de compenser l’insuffisance de certains postes de leur exploitation régulière en équilibrant le budget et en générant ainsi une marge brute positive.

23En 2010, la part des subventions d’exploitation rapportée au total de la valeur ajoutée est de 2 % pour l’ensemble des secteurs marchands non agricoles (tableau 6) ; dans les secteurs culturels marchands, ce taux moyen est proche, supérieur de 2 points seulement (4 %). Comparés à cette moyenne, cinq secteurs bénéficient de subventions considérables sur les produits ou sur l’exploitation (tableau 5) : l’édition de chaînes thématiques (92 % de la va), la gestion de salles de spectacles (47 %), les musées (38 %), les arts du spectacle vivant (26 %), les sites et monuments historiques (18 %). À l’exception de ces cinq secteurs, les taux de subventions d’exploitation des secteurs culturels sont comparables à la moyenne des secteurs culturels marchands (4 %), avec des variations qui n’excèdent pas de 3 points la moyenne (plus ou moins). Le volume des subventions d’exploitation est anecdotique par rapport à la valeur ajoutée dans le cas de l’architecture, la photographie, l’édition de jeux électroniques et de revues, ainsi que les agences de publicité (tableau 5).

24Dans les analyses futures permises par la définition récente du champ des activités culturelles, il sera intéressant de retenir ces indicateurs de répartition de la valeur ajoutée pour mesurer la stabilité ou l’évolution des salaires, des taxes et des subventions d’exploitation sur plusieurs années.

25Le taux de marge, soit le rapport de l’excédent brut d’exploitation sur la valeur ajoutée, mesure la rentabilité en précisant la part de la valeur créée par l’entreprise qui sert à rémunérer les apporteurs de capitaux et à renouveler le capital investi (graphique 2). Les taux de marge élevés sont plutôt le fait de secteurs qui ont une importante activité capitalistique, tels les secteurs des télécommunications par satellite (86 % en 2010) ou les activités de commerce des agents immobiliers (71 %). À l’inverse, les taux de marge faibles dénotent d’un relatif faible emploi du capital par rapport au travail.

Graphique 2

Taux de marge des secteurs d’activités culturels en 2010

Graphique 2

Taux de marge des secteurs d’activités culturels en 2010

Source : Insee, Ésane 2010/deps, Ministère de la Culture et de la Communication, 2012

26Le taux de marge moyen de l’ensemble des services marchands est de 29 % en 2010 : onze secteurs culturels ont un taux de marge supérieur à cette moyenne. Le taux de marge le plus élevé est celui des activités d’édition de jeux électroniques (68 %). Les activités de distribution de films, de production cinématographique et télévisuelle et l’édition de chaînes généralistes suivent avec des taux de 64 % à 51 %. L’enseignement culturel, l’édition vidéo et l’édition de livres, la projection de films cinématographiques ont des taux de marge brute d’environ 40 %. Les activités techniques d’architecture, de photographie et de design réalisent des taux proches de 30 %. La création en spectacle vivant, la gestion de musées et monuments, la musique enregistrée, l’édition de chaînes thématiques et de journaux suivent avec des taux d’environ 20 %. Les taux les plus faibles de 15 % ou moins concernent la production de films publicitaires, la publicité et les agences de presse, la postproduction audiovisuelle, les activités techniques et de salles de spectacle vivant et les activités de la radio.

Résultats comptables positifs et profitabilité ne sont pas toujours synonymes

27Le résultat courant avant impôts ne tient pas compte des événements qui pourraient perturber l’activité des entreprises alors même qu’ils ne lui seraient pas directement liés (par exemple des opérations de gestion non récurrentes comme la vente d’actifs ou de matériels) : il mesure donc l’impact direct de l’endettement de l’entreprise sur son activité et sa rentabilité économique.

28Il est ainsi intéressant de constater que, parallèlement à des résultats de production positifs et à un taux de marge élevé, l’édition de jeux électroniques affiche un résultat net courant avant impôts négatif équivalent à – 102 millions d’euros en 2010. En effet, même si la production totale de biens et services est élevée dans ce secteur, son niveau d’endettement, constaté dans ses dotations d’exploitation aux provisions et aux amortissements (exemple : amortissement d’un emprunt correspondant au remboursement de capitaux empruntés pour un investissement en matériels) l’est lui aussi et conduit à fortement amputer son résultat courant en 2010. D’autres secteurs sont dans des situations comparables conduisant à des taux de profitabilité [4] négatifs en 2010 (tableau 7) : il s’agit de l’édition de chaînes thématiques, de l’édition de journaux et de la distribution de films cinématographiques. À l’opposé, les activités du champ culturel marchand dont la profitabilité est la plus élevée en 2010 sont celles de l’architecture (16 %), de l’enseignement culturel (16 %) et du design (10 %). Cinq secteurs culturels marchands ont un taux de profitabilité égal ou supérieur au taux moyen de l’ensemble des services marchands (hors agriculture) qui est égal à 8 %.


Définitions

Unité légale : l’unité légale est une entité juridique de droit public ou privé. Cette entité juridique peut être : 1. une personne morale, dont l’existence est reconnue par la loi indépendamment des personnes ou des institutions qui la possèdent ou qui en sont membres ; 2. une personne physique, qui, en tant qu’indépendant, peut exercer une activité économique.
Effectif salarié en équivalent temps plein : les effectifs mesurés en « équivalent temps plein » (etp) correspondent au nombre total d’heures travaillées dans l’activité considérée divisé par la moyenne annuelle des heures travaillées dans des emplois à plein-temps. Pour éviter de compter une même personne plusieurs fois, on mesure l’emploi en etp. L’effectif salarié etp est l’indicateur utilisé pour déterminer les tailles d’entreprises (et contraintes légales s’y référant), ou pour établir des indicateurs (exemple : rendement de la main-d’œuvre, soit le rapport de la valeur ajoutée à l’effectif salarié etp).
Effectif salarié au 31 décembre : effectif salarié total inscrit dans l’entreprise au 31 décembre.
Chiffre d’affaires hors taxe (caht) : montant hors taxes des affaires réalisées par l’entreprise avec les tiers dans l’exercice de son activité professionnelle. Le chiffre d’affaires est constitué par les ventes de marchandises, de la production des biens et des services (France + exportations et livraisons intracommunautaires).
Valeur ajoutée hors taxe, y compris autres produits et autres charges : différence entre la production globale de l’entreprise (marge commerciale + production de l’exercice) et les consommations de biens et de services en provenance des tiers + autres produits – autres charges. La valeur ajoutée mesure la capacité d’une entreprise à générer de la richesse et donc à se maintenir et se développer. Cette richesse se répartit entre plusieurs partenaires de l’entreprise : les salariés (salaires et charges sociales), l’État (par le biais des impôts et taxes), les banques (charges financières), l’entreprise elle-même (autofinancement : bénéfice net, dotation aux amortissements et aux provisions).
Excédent brut d’exploitation (ebe) : autre solde intermédiaire calculé, il est la différence entre la valeur ajoutée + les subventions d’exploitation – les impôts et taxes (sauf l’impôt sur les sociétés) et les charges de personnel supportés par l’entreprise. L’ebe représente la part de la valeur ajoutée qui revient à l’entreprise et aux apporteurs de capitaux (associés et prêteurs). Il indique la ressource générée par la seule exploitation de l’entreprise indépendamment de la politique d’amortissements (dotations) et du mode de financement (charges financières).
Résultat courant avant impôt : il est égal au résultat d’exploitation majoré des produits financiers et minoré des charges financières + opérations en commun (bénéfice attribué) – opérations en commun (perte supportée). Il mesure la performance de l’activité économique autant que financière de l’entreprise sans intégrer les opérations exceptionnelles ou fiscales qui modifient les résultats.
Résultat net comptable (rnc) : il mesure les ressources nettes (après prise en compte de la dépréciation du capital) restant à l’entreprise à l’issue de l’exercice : bénéfice ou perte. Il correspond, au sens comptable, à la différence entre les produits et les charges de l’exercice.

Encadré méthodologique : le champ statistique

1. Secteurs
La nomenclature d’activités française (naf) est la nomenclature statistique qui fait autorité en France pour répertorier les activités économiques, définir des champs d’enquêtes et produire des résultats sectoriels socio-économiques. Tout en étant liée aux nomenclatures européenne et internationale, afin de faciliter l’organisation des marchés et la comparabilité des analyses, la nomenclature nationale française classifie avec plus de précision certains secteurs comme ceux de la création artistique (différenciation entre la création en arts plastiques et celle des arts littéraires ou de la composition musicale). En considérant le champ théorique des activités culturelles fondé sur les fonctions et domaines culturels, 29 classes d’activités statistiques françaises naf Rév.2, 2008 ont été sélectionnées :
  • le patrimoine est structuré autour des activités de gestion des bibliothèques et des archives (91.01Z), gestion des musées (91.02Z), gestion des sites et monuments historiques et des attractions touristiques similaires (91.03Z) ;
  • le livre et la presse correspondent à l’édition de livres (58.11Z), l’édition de journaux (58.13Z), l’édition de revues et périodiques (58.14Z) et les agences de presse (63.91Z) ;
  • les arts visuels comprennent la création artistique relevant des arts plastiques (90.03A), l’« autre création artistique » (90.03B), les activités photographiques (74.20Zp) et les activités spécialisées de design (74.10Z) ;
  • l’architecture est référencée en activités d’architecture (71.11Z) ;
  • le spectacle vivant se répartit dans les arts du spectacle vivant (90.01Z), les activités de soutien au spectacle vivant (90.02Z) et la gestion de salles de spectacles (90.04Z) ;
  • l’audiovisuel et le multimédia incluent la production de films et de programmes pour la télévision (59.11A), la production de films institutionnels et publicitaires (59.11B), la production de films pour le cinéma (59.11C), la postproduction de films cinématographiques, de vidéo et de programmes de télévision (59.12Z), la distribution de films cinématographiques (59.13A), l’édition et distribution vidéo (59.13B), la projection de films cinématographiques (59.14Z), l’édition de jeux électroniques (58.21Z), l’édition d’enregistrements sonores (59.20Z), l’édition et diffusion de programmes radio (60.10Z), l’édition de chaînes généralistes (60.20A) et l’édition de chaînes thématiques (60.20B) ;
  • la publicité s’estime à partir des activités des agences de publicité (73.11Zp) ;
  • enfin une activité transversale d’éducation et de formation est repérable à travers le code d’enseignement culturel (85.52Z).
La nomenclature naf 2008 a permis à certains secteurs culturels d’être reconnus en tant que secteurs d’activités statistiques à part entière, alors qu’ils étaient dilués dans des secteurs plus vastes dans la naf 2003. Ainsi, les classes d’activités statistiques du design (74.10Z), de l’édition de jeux électroniques (58.21Z) et d’enseignement culturel (85.52Z) ont été spécifiquement créées en 2008. De même, la gestion des musées (91.02Z), la création en arts plastiques (90.03A) et le soutien au spectacle vivant (90.02Z) ont été précisés. Ce changement de nomenclature en 2008 et ces entrées de nouvelles activités dans le champ statistique de la culture ont d’un côté élargi la visibilité et la mesure de ce champ. De l’autre, ils ont conduit à des ruptures de contours : il est donc nécessaire d’utiliser avec précaution les données sectorielles pour lesquelles des évolutions importantes peuvent apparaître.
Par ailleurs, deux activités statistiques, celles des activités photographiques et publicitaires (74.20Z et 73.11Z), ne sont que partiellement culturelles (p) car elles agrègent activités culturelles et activités techniques non culturelles : ainsi les activités photographiques comprennent non seulement des services de création (activités des photographes indépendants ou en magasin, des agences, des photothèques) ou de diffusion photographique (édition, expositions, marché de l’art) mais aussi les services de laboratoires (façonniers) et les ventes d’équipement connexe et de consommables. Ainsi les laboratoires tels Cewe Colors, Fujifilm, Photobox ou Photomaton réalisent les chiffres d’affaires les plus importants du secteur, ventilés en services photographiques et activités de commerce de détail.
Les données de ces deux activités sont néanmoins diffusées dans ce document au niveau sectoriel [1] : quantifier la part des activités spécifiquement culturelles, comme par exemple la seule création photographique dans l’ensemble du secteur de la photographie, nécessiterait de disposer de ventilation fine des produits et services.
L’exemple de la photographie permet de rendre compte de l’évolution de ce secteur qui subit d’importants changements liés à l’innovation et au numérique (tirages et albums numériques, objets personnalisés, diversification des activités des photographes).
Les activités des agences de publicité sont par ailleurs habituellement étudiées car elles sont rattachées au mode de financement des industries culturelles (audiovisuel, livres et presse) qui représentent la part la plus importante des investissements médias des annonceurs [2].
L’éducation culturelle est définie dans une classe d’activités nommée « enseignement culturel » et incluse ainsi dans le champ.
À l’inverse, l’artisanat d’art qui n’a pas la cohérence d’un secteur économique formel n’est pas identifié comme activité spécifique et son analyse relève plutôt des métiers et des produits (produits artisanaux versus produits manufacturés).
2. Source utilisée
On privilégie les sources d’enquêtes statistiques générales car elles sont garantes de données objectives, comparables et cohérentes dans le temps : on utilise ici les sources statistiques du dispositif Ésane [3] de l’Insee, l’élaboration des statistiques annuelles d’entreprises qui couvrent les sociétés et entreprises individuelles non financières et non agricoles.
Le dispositif Ésane a la particularité de rapprocher sources administratives (fichiers fiscaux des déclarations annuelles sur les bénéfices et déclarations annuelles de données sociales – dads) et résultats d’enquêtes (l’enquête sectorielle annuelle – esa). L’enquête esa a vocation à mettre à jour l’activité principale des unités légales et à produire des statistiques sectorielles spécifiques sur la ventilation du chiffre d’affaires, les dépenses particulières, les investissements, la clientèle et sur toute donnée non disponible par l’intermédiaire des sources administratives. Les sources administratives de leur côté permettent de compléter le champ sur les secteurs d’activités non couverts par l’enquête esa et de limiter la charge de réponse à l’enquête des entreprises en utilisant les données déjà disponibles (fiscales et sur l’emploi et les rémunérations).
3. Champ marchand
Le champ Ésane comprend les sociétés juridiques considérées comme marchandes dans le répertoire ree-Sirène immatriculant les entreprises et leurs établissements.
En général, une unité est considérée comme marchande lorsque ses coûts de production sont couverts à plus de 50 % par ses ventes. Elle est considérée comme non marchande dans le cas contraire. À ce premier critère s’en ajoutent d’autres, tels la catégorie juridique et l’effectif salarié (sont exclus les associés gérants, certains établissements publics, les administrations, les entreprises sans salarié). Enfin, l’attribution du critère marchand par les comptables nationaux est prise en compte (par exemple, les associations travaillant au service des entreprises sont marchandes).
Les données 2010 illustrent les caractéristiques économiques des unités légales, ce critère juridique incluant personnes morales et personnes physiques (soit les sociétés, les entreprises individuelles, les parties d’administrations publiques et certaines associations).
Le champ s’est élargi au régime de l’auto-entrepreneur, nouvellement entré en vigueur au 1er janvier 2009. Ce statut allège les formalités de création d’entreprise et repose sur un mode de calcul et de paiement simplifié des cotisations sociales et de l’impôt sur le revenu pour les personnes physiques. L’auto-entrepreneur doit réaliser moins de 80 300 euros de chiffre d’affaires annuel pour une activité commerciale et moins de 32 100 euros pour les prestations de services et activités libérales.
Avertissement : le champ représenté ici n’étant que le seul champ marchand, certains secteurs d’activité comme ceux du patrimoine, du spectacle vivant ou de l’enseignement affichent des résultats plus faibles en termes de nombre d’unités et d’emplois par rapport au champ complet des acteurs de la culture. Ainsi, le champ total des entreprises culturelles marchandes et non marchandes (hors associations non marchandes sans salarié) est de 164 816 unités en 2010, parmi lesquelles 7 % sont des associations employeuses [4]. Dans l’enseignement culturel, les associations représentent 16 % des unités en 2010 ; dans la gestion des musées, bibliothèques et archives, elles représentent 50 % et plus des unités et dans les salles de spectacles, 61 %.
4. Indicateurs retenus
Exploiter des sources nationales administratives et des enquêtes statistiques permet de disposer de données de qualité autorisant la comparabilité. À ce premier critère de choix s’ajoute celui de la disponibilité des variables quantitatives qui diffère selon les secteurs. C’est pourquoi seules des variables économiques de base sont utilisées afin de décrire les postes principaux des caractéristiques économiques des secteurs culturels et leur part dans l’ensemble de l’économie : nombre d’unités légales, chiffre d’affaires (en tant que production vendue), effectifs en équivalent temps plein, valeur ajoutée et excédent brut d’exploitation.

Notes

  • [*]
    Chargée d’analyses statistiques.
  • [1]
    Voir Valérie Deroin, Approche statistique européenne de la culture, Paris, Ministère de la Culture et de la Communication, deps, coll. « Culture études », 2011-8, décembre 2011.
  • [2]
    Personnes physiques et personnes morales, y compris les auto-entrepreneurs. Voir rubrique « Définitions », p. 10.
  • [3]
    Seuls 6 niveaux « groupes » de la naf Rév.2, 2008 sont retenus pour la ventilation par taille d’effectifs car seuls ces groupes sont entièrement culturels, c’est-à-dire composés uniquement d’activités culturelles. Il s’agit de : 59.1 – Activités cinématographiques, vidéo et de télévision ; 59.2 – Enregistrement sonore et édition musicale ; 60.1 – Édition et diffusion de programmes radio ; 60.2 – Programmation de télévision et télédiffusion ; 74.1 – Activités spécialisées de design ; 90.0 – Activités créatives, artistiques et de spectacle.
  • [4]
    Le taux de profitabilité rapporte le bénéfice au chiffre d’affaires : c’est le rapport du résultat net comptable sur le chiffre d’affaires hors taxe. C’est une mesure de la performance économique globale et non une mesure de la rentabilité.
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