Notes
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[1]
CHUV, Lausanne. Centre d’étude de la famille, Institut universitaire de psychothérapie, département de psychiatrie, Université de Lausanne, Suisse.
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[2]
Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, Université de Genève, Suisse.
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[3]
Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, Université de Genève, Suisse.
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[4]
Nous garderons le terme anglo-saxon « gatekeeping » qui renvoie à une action et qui n’est traduisible en français qu’à l’aide d’une périphrase.
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[5]
Traduction par France Frascarolo.
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Ou qui, tout en ayant des enfants, viennent en thérapie pour des problèmes d’estime de soi.
1Le terme « gatekeeping » (action du gardien ou du garde-barrière [4]) peut être défini comme « l’ensemble des croyances et des comportements maternels qui inhibent la collaboration entre les hommes et les femmes dans les tâches domestiques, en limitant les opportunités pour les hommes d’apprendre et de se développer sur le plan personnel en prenant soin du foyer et des enfants [5] » (Allen & Hawkins, 1999). Le concept du « gatekeeper » (gardien), a été introduit par Lewin (1947) qui, pendant la 2e guerre mondiale, étudiait le moyen d’amener la population à consommer du ris de veau et autres bas morceaux de viandes pour en éviter le gaspillage. Il a réalisé que ce sont les ménagères qui jouent le rôle clé dans le choix des aliments qui parviennent sur la table familiale. Il a ensuite élargi cette observation et élaboré la théorie du Gatekeeper, soit celui qui ouvre ou non l’accès à des informations ou à des activités à d’autres personnes. Ce terme a ensuite beaucoup été utilisé en référence aux comportements des mères qui, après un divorce, entravaient les relations entre leurs enfants et leurs pères (Ihinger-Tallman et al., 1993 ; Whiteside, 1998). Mais, pour cet article, nous nous centrerons sur le gatekeeping au sein des familles intactes.
2Parmi les comportements qui contrecarrent l’engagement des pères, il y a le fait d’assumer l’entièreté de la responsabilité de l’éducation et « d’occuper » l’espace parental, ce qui met le père en périphérie et ne lui laisse peu ou pas de place pour accomplir son rôle paternel. À cela s’ajoutent la désapprobation et les critiques, plus ou moins directes ou virulentes, qu’elles soient exprimées verbalement (« mais ne fais pas sauter Mélanie comme ça, elle risque de vomir » ; « tu as vraiment mis cette couche n’importe comment ! ») ou par de simples mimiques ou des regards méprisants.
3À cette vision uniquement négative du gatekeeping, d’autres auteurs (Schoppe-Sullivan et al., 2008) ont ajouté son contraire, soit ce qui promeut et favorise l’engagement des pères et leurs interactions avec leurs enfants : comme par exemple inviter le père à jouer avec l’enfant ou, de façon plus générale, lui demander de l’aide, lui exprimer des compliments sur sa manière de remplir son rôle paternel, en dire du bien à l’enfant, etc.
4Le gatekeeping est une des facettes du coparentage ; ce dernier est défini, dans la communauté scientifique, comme le soutien mutuel que se donnent le père et la mère dans leurs rôles de parents (voir Favez & Frascarolo, 2013, pour une revue). En effet, de façon plus générale, le coparentage correspond à la relation qui s’établit entre deux personnes au minimum, qui, par engagement mutuel ou selon des normes sociétales, partagent la responsabilité du bien-être et de l’éducation d’un enfant (Van Egeren & Hawkins, 2004). Le gatekeeping est un des piliers du coparentage à côté des autres dimensions de ce dernier, que sont l’expression d’affection, la gestion des conflits, la triangulation ou encore l’investissement des parents.
Le modèle tri-dimensionnel du gatekeeping
5Allen & Hawkins (1999) ont proposé un modèle tri-dimensionnel du gatekeeping qui permet d’en expliquer les motivations et sa manifestation dans la vie quotidienne ; ces trois dimensions sont les « standards et responsabilité », la « confirmation de l’identité maternelle » et les « rôles parentaux différenciés ».
Standards et responsabilité
6Dans notre société, de façon générale, la répartition des priorités travail-famille n’est pas la même pour les hommes et pour les femmes. Pour ces dernières, le travail est plus ou moins optionnel (bien qu’assujetti aux conditions financières de la famille) alors que pour les pères, c’est plutôt l’investissement parental qui l’est (si on exclut le rôle de gagne-pain du rôle paternel et qu’on ne prend en compte que l’engagement direct auprès de l’enfant). Découlant de cette répartition, une relation est souvent observée : celle de directrice-responsable pour la mère et aide ou « petite main » pour le père. En pareils cas, la mère organise, dirige, supervise, critique (par exemple en refaisant le travail derrière le père ou en le faisant à sa place pour que ce soit plus vite et mieux fait selon ses critères), tandis que le père attend les consignes, se déclare inapte ou fait le minimum demandé. Dès lors pères et mères participent conjointement à cette répartition du pouvoir au sein de la famille.
7Cette prise en main de la gestion des soins aux enfants par les mères qui réalisent l’ensemble des tâches parentales, en planifiant et organisant toutes ces activités avec plus ou moins de délégation aux pères, correspond à la première des trois dimensions liées au gatekeeping qu’ont identifiées Allen & Hawkins (1999) et qu’ils ont nommée : « standards et responsabilité ». La définition des critères de qualité pour garantir leur supériorité en la matière s’ajoute à ce travail de gestion des tâches. Quand cette dimension est extrême, la responsabilité mutuelle et la collaboration entre les parents sont compromises voire négligées puisque la mère supervise le père et critique la qualité de son travail (Thompson & Walker, 1989).
8À l’heure où la tendance est à l’égalité des genres et des rôles, cette position de pouvoir des mères à l’intérieur du foyer peut être considérée comme une résistance à cet idéal de partage.
Confirmation de l’identité maternelle
9La deuxième dimension du gatekeeping identifiée par Allen & Hawkins (1999) est la confirmation de l’identité maternelle. Les femmes, dont l’identité féminine est grandement définie par leur rôle maternel, peuvent se sentir menacées dans leur identité profonde par ce qu’elles considèrent comme une intrusion de leur conjoint dans leur domaine (De Luccie, 1995). Ces femmes vont alors ouvertement ou subtilement protéger leur territoire en limitant l’implication de leur conjoint dans les diverses tâches parentales, car s’occuper des enfants et s’impliquer dans le travail domestique, en validant l’identité maternelle, représente alors une source de satisfaction et d’estime de soi (Haas, 1992 ; Hawkins & Roberts, 1992 ; Lamb, 1997). De Luccie (1995) postule qu’une répartition plus égalitaire pourrait engendrer culpabilité, regret et ambivalence chez les mères qui se percevraient alors comme négligentes vis-à-vis de leur rôle maternel, et comme ne remplissant pas leur fonction de pilier de la vie familiale.
10Alors que le travail des mères est considéré par certains comme un des déterminants de l’engagement paternel (Beitel & Parke, 1998 ; Cowan & Cowan, 1992 ; Deutsch et al., 1993), d’autres s’interrogent sur le sens de ce lien. Ainsi Easterbrooks & Goldberg (1985) se demandent si le fait que la répartition des tâches parentales soit plus égalitaire quand la mère a un emploi est une conséquence de l’emploi maternel ou a été choisi a priori par les parents en fonction de la manière dont ils définissent leur identité et leurs rôles de pères et de mères. Les travaux de Frascarolo (1994) indiqueraient que ce n’est peut-être pas l’emploi en soi mais bien la conception des rôles parentaux qui importe le plus. En effet, ses résultats montrent que les épouses des pères très engagés dans les soins quotidiens laissent plus de libertés d’action à leurs enfants en situation de jeu libre. Ceci pourrait signifier que ces mères, qui abandonnent un certain contrôle en laissant une grande part des soins à leur conjoint, seraient également moins contrôlantes dans leurs interactions avec leurs enfants ; cette attitude moins contrôlante, aussi bien envers l’enfant que le père, est certainement ancrée dans leur conception du rôle maternel. Il est dès lors difficile de savoir si c’est l’ensemble de la constellation familiale qui permet au père de s’investir dans le quotidien de l’enfant ou si c’est cet investissement qui a des retombées sur chaque membre de la famille, mère comprise et sur l’ensemble de la dynamique familiale.
Rôles parentaux différenciés
11La troisième et dernière dimension du gatekeeping avancée par Allen & Hawkins (1999) concerne les représentations différenciées des rôles parentaux. Dans cette dimension, les conceptions des mères quant à la nature et la répartition du travail domestique et familial, influencées par les normes culturelles et sociétales, vont modeler leurs attentes et la mise en place de la répartition effective au sein de leurs propres foyers. Il s’agit donc d’une spécialisation des rôles parentaux liée au genre.
12Ainsi Greenstein (1996) a montré que les croyances des mères quant à une répartition des tâches entre les pères et les mères, qu’elle soit traditionnelle ou égalitaire, prédisaient mieux la division du travail domestique, donc l’investissement des pères, que les conceptions de ces derniers. En effet, il a été observé que les pères s’impliquent plus si les mères ont une conception non-traditionnelle du rôle paternel (Beitel & Parke, 1998 ; Palkovitz, 1984), si elles pensent que le père est important pour le développement de l’enfant (De Luccie, 1995 ; McBride et al., 2005), et si elles perçoivent leur conjoint comme compétent et motivé (McBride & Rane, 1998 ; Beitel & Parke, 1998 ; Navratil-Kline, 1984).
13Malgré le rôle prépondérant des mères et leur possible gatekeeping que les recherches ont mis en évidence, il faut souligner qu’au final la répartition effective des tâches résulte d’une interaction entre les deux parents qui négocient en s’alliant, en déléguant, en dirigeant, en s’opposant ou en (s’)excluant pour garantir leur identité de genre socialement attachée à leurs rôles parentaux (Braverman, 1991 ; Coltrane, 1996).
Confirmation du modèle tri-dimensionnel
14Dans une étude incluant 622 femmes mariées, ayant un emploi rémunéré et mère d’au moins un enfant, Allen & Hawkins (1999) ont confirmé par une analyse factorielle leur conceptualisation du gatekeeping avec les trois dimensions décrites plus haut, soit « Standards et responsabilité », « Confirmation de l’identité maternelle » et « Rôles familiaux différenciés ». Une analyse en clusters opérée sur ces trois dimensions a révélé trois groupes : les « gatekeepers » (n = 128 / 21%) qui obtiennent des hauts scores pour chacune des dimensions et sont donc celles qui contrôlent le plus l’engagement de leurs conjoints ; les « collaboratrices » (n = 230 / 37 %) qui ont les scores les plus bas pour les deux premières dimensions ; et enfin un groupe intermédiaire, difficile à définir qui se caractérise par des scores moyens pour « standards et responsabilité », des scores élevés pour « confirmation de l’identité maternelle » et des scores bas pour « rôles familiaux différenciés » (n = 264 / 42 %).
15Un lien est observé entre ces trois dimensions car les mères ayant de hauts scores à une des trois dimensions tendent à avoir également de hauts scores aux autres (Allen & Hawkins, 1999). La distinction des trois dimensions du gatekeeping est peut-être utile pour voir ses origines, mais il importe de garder à l’esprit qu’elles sont fortement imbriquées. Ainsi, quand la mère a besoin de se rassurer sur sa valeur personnelle à travers son rôle de mère, on peut s’attendre à ce qu’elle le conçoive comme bien distinct de celui du père et qu’elle définisse de hauts standards pour garantir sa supériorité.
Réflexion sur le modèle tridimensionnel
16Avec les familles relativement réduites d’aujourd’hui, beaucoup de mères n’ont que peu voire pas du tout l’expérience de s’occuper d’un bébé. Leur « expertise » est très relative et relève donc bien plus de croyances socioculturelles qu’elles s’approprient, que de leurs expériences personnelles. Ce fait peut paradoxalement amener certaines mères à compenser leur fragilité liée au manque d’expérience par une pseudo expertise proclamée qui appelle à une reconnaissance extérieure. Tout va bien si le père et l’entourage la lui procurent, mais cela peut poser problème lorsque le père se détourne et ne l’admire pas, ou s’il entre en compétition. Des cercles vicieux peuvent alors rapidement se mettre en place si les standards maternels élevés entraînent critiques et non-confiance à l’égard du père qui, s’il est blessé, risque fort en retour, de ne pas soutenir et valider les comportements maternels qui aura d’autant plus besoin de reconnaissance, etc.
17Par ailleurs, le gatekeeping peut provenir d’un investissement paternel bas qui amène la mère à être particulièrement en charge, ou à l’inverse un faible investissement paternel peut résulter d’un gatekeeping maternel. En effet le gatekeeping peut refléter le refus de la mère d’abandonner sa responsabilité dans les soins aux enfants aussi bien que la répugnance du père d’endosser des responsabilités parentales.
Influence du contexte
18Le gatekeeping ne devrait sans doute pas être considéré comme visant à promouvoir ou interdire l’accès au père de façon globale, à la manière d’un interrupteur. On peut en effet considérer qu’il s’applique de façon différente selon le domaine ou le contexte envisagé, comme par exemple le jeu ou les soins (Beitel & Parke, 1998). L’attitude maternelle pourrait ainsi grandement varier en fonction de ses conceptions quant aux rôles du père (partenaire de jeu, pourvoyeur de soins, ou encore figure d’autorité). La même mère pourrait par exemple tenter d’exclure le père des soins (en occupant tout l’espace), tout en acceptant le jeu selon certains critères définis par elle (définition des standards), et également demander l’intervention du père pour des questions d’autorité et de discipline (rôles parentaux différenciés et gatekeeping positif). Cannon et al. (2008) montrent en effet que certaines mères ont plus de comportements encourageant l’engagement des pères dans une situation de jeu libre que durant une tâche de changement de couches.
19Le contexte intrafamilial, comme la qualité des autres facettes du coparentage (par exemple, la chaleur et la coopération), peut également avoir une influence sur le gatekeeping. Les travaux de Schoppe-Sullivan et al. (2008) montrent en effet que dans des familles présentant un coparentage collaboratif et soutenant, les encouragements maternels ne sont liés ni à l’investissement ni aux compétences paternels. À l’inverse, quand la qualité du coparentage est basse et plutôt conflictuelle, les pères beaucoup encouragés par les mères sont les moins investis et les moins compétents. Les encouragements maternels auraient ainsi un effet inverse s’ils ne s’inscrivent pas dans une bonne alliance coparentale. Un certain comportement de gatekeeping n’aura donc pas nécessairement le même impact selon le contexte dans lequel il intervient.
20Par ailleurs, le contexte familial particulier (famille recomposée, chômage, etc.) et l’âge des enfants (nourrisson, enfant, adolescent) devrait également être pris en compte. Le nombre d’enfants peut également être un facteur à considérer car il entraîne, dans certaines familles, une réduction des différences entre les rôles du père et de la mère, chacun s’occupant d’un ou plusieurs enfants en parallèle.
21Enfin, le contexte culturel, avec les valeurs qu’il véhicule, peut également favoriser ou non le gatekeeping. Mais, notons que dans notre culture occidentale, il n’y a plus un modèle unique, mais plusieurs se côtoyant simultanément et les parents eux-mêmes peuvent être tiraillés entre différentes conceptions et donc ressentir une certaine ambivalence et quelques hésitations. Si problème il y a, il ne réside pas tant dans la répartition elle-même, qu’elle tende vers l’égalité ou non, mais avant tout dans un possible désaccord entre les parents. En effet, des désaccords auraient un impact sur le coparentage, lui-même pilier du fonctionnement familial et influençant grandement le développement de l’enfant (Favez et al., 2006a ; Frosch et al., 2000 ; McHale & Rasmussen, 1998). Cependant, si le gatekeeping conduit au désinvestissement du père, ce serait également regrettable pour l’enfant étant donné l’apport du père à son développement comme nous le verrons plus loin.
Observation dans les interactions
22Nous allons maintenant donner quelques descriptions d’interactions familiales qui présentent des comportements maternels relevant du gatekeeping, afin de donner de ce dernier un tableau plus imagé, en illustrant ce qu’il est peut-être dans la vie quotidienne. Les trois descriptions suivantes sont tirées d’observations réalisées à l’aide du Jeu du Pique-Nique, situation dans laquelle il est demandé aux familles de faire semblant de prendre un pique-nique pendant environ un quart d’heure (Frascarolo & Favez, 2005). Les trois familles dont les jeux sont décrits ci-dessous, appartiennent à un échantillon de familles volontaires qui ont participé à une étude sur le développement de la communication au sein de la famille. Toutes les trois ne comptent qu’un seul enfant, âgé de trois mois au moment de l’observation.
Famille de Tony, âgé de 3 mois
23Le père prend le panier de pique-nique et va au milieu de la pièce en demandant s’ils s’installent par terre. La mère confirme et s’avance en portant Tony. Elle s’assied et tient son fils assis entre ses jambes en l’invitant à regarder le panier qu’apporte le père. Le père sort de la dînette. La mère montre les objets, les donne à Tony et les nomme. Le père sert le thé. La mère demande au père d’aller chercher le biberon, ce qu’il fait volontiers. Pendant que la mère donne le biberon, les deux parents parlent à leur fils. Puis, la mère installe le petit garçon dans un siège pour bébé, orienté vers père, mais à presque deux mètres de distance ; la mère quant à elle se tient plus proche, mais pas dans l’axe. Le père donne un hochet à la mère en lui demandant de le donner à Tony.
24La mère annonce : « maintenant on va manger avec papa. On va te laisser deux petites minutes ». Le père sert. Les deux parents mangent tout en regardant et en parlant à Tony. Quand ils ont fini, la mère tire le siège du bébé vers elle et joue avec son fils en face-à-face pendant que le père range la dînette. Puis, la mère sort le petit garçon du siège et le tient debout, appuyé contre sa jambe. Le père l’invite à venir chercher une peluche. La mère agite alors un hochet devant Tony. Le père remarque : « quand ça fait du bruit, tu regardes ». Les deux parents continuent de parler et stimuler bébé. (…)
25Tony commence à gémir, alors sa mère propose de le remettre dans le siège pour bébé ; le père l’avance et la mère y installe le garçon. Elle oriente le siège face à elle et le père se retrouve perpendiculaire à l’axe mère-bébé. Les parents continuent à ne regarder que leur fils en s’adressant à lui, en commentant ce qu’il fait. Le père propose d’aller chercher le doudou. La mère acquiesce et le père y va. La mère stimule et le père parle du doudou. (…)
26Le père dit : « viens, viens vers papa », et il tend les bras. La mère lui passe Tony. Père et fils se penchent vers le panier et le regardent. La mère agite le jouet, puis appelle son fils. Ensuite, le père joue à lever son fils à bout de bras. Pendant ce temps, la mère agite le hochet près de la tête de l’enfant puis appelle carrément Tony, interférant ainsi dans le jeu avec le père. Celui-ci oriente alors Tony face à sa mère, puis le lève dans sa direction, et quand mère et fils sont tout proches, la mère embrasse son fils. Le père le lève à nouveau en disant qu’il aime bien être en hauteur, mais il le garde un peu orienté vers la mère. La mère dit : « tu es plus grand que maman ». Ensuite, le père assied Tony sur son genou, face à la mère. Le père fait ensuite un bisou à Tony qui se tourne vers lui. Elle dit alors : « changement de couche ? » Et c’est la fin du jeu.
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27Il s’agit clairement d’une relation où la mère est en charge et décide de tout ce qui concerne le pique-nique et les activités de l’enfant et où le père apporte l’aide et le soutien demandés par la mère (ce qui renvoie à la dimension standards et responsabilité du gatekeeping). Il fait des propositions mais ne prend aucune initiative. Ce n’est qu’à la fin du jeu que le père peut prendre l’enfant dans ses bras, mais la mère ne semble pas supporter cette interaction père-fils qui pourrait l’exclure. Elle fait immédiatement des interférences qui ont pour conséquence que le père suspend son jeu et lui rend la primauté. Ce comportement invite à faire l’hypothèse qu’elle vit mal de ne pas être au centre de la famille et qu’elle en a peut-être besoin pour confirmer son identité maternelle. Le père ne manifeste pas de ressentiment et ne fait preuve d’aucune compétition, restant bien présent mais en retrait. On peut dès lors imaginer que les deux parents perçoivent leurs rôles respectifs comme bien différenciés. Les comportements de gatekeeping, selon les trois dimensions avancées par Allen et Hawkins (1999), sont ici bien visibles et massifs, mais bien acceptés par le père.
Famille de Gabi, 3 mois
28Les parents s’avancent vers le tapis défini pour le Jeu du Pique-Nique. Le père tient bébé dans ses bras et chantonne « on va en pique-nique, on va en pique-nique… ». La mère rit. Quand elle ouvre la panière, elle est déçue de ne pas trouver de nappe pour pouvoir manger par terre. Le père dit qu’ils peuvent profiter du banc, d’autant plus que comme c’est le printemps, il doit y avoir beaucoup d’abeilles dans l’herbe. La mère rit. Ils s’installent sur le banc ; Gabi est assise sur la cuisse de son père, du côté de sa mère et tournée vers cette dernière. La mère sort les jouets du sac et les parents discutent de ces jouets tout en les présentant à Gabi. La mère propose au père de la tenir face à lui (« si tu la mets face à toi, je suis sûre que ça se passe bien »). Il la lui tend en disant « tu veux aller voir maman, elle a la technique ». La mère assied Gabi face à elle sur ces genoux et lui remet sa bavette, alors le père met sa main comme un dossier soutenant le dos de sa fille. Puis, il caresse cette dernière. Il y a des échanges mère-bébé puis Gabi s’oriente vers son père et s’ensuit un joli moment de jeu favorisé par la mère qui tient sa fille bien orientée vers son mari, avant de la rasseoir face à elle.
29La mère demande ensuite au père s’il veut prendre sa fille comme ça sur ses genoux. Le père répond en s’adressant à sa fille : « tu veux aller faire du cheval sur les genoux de papa ? » Mais la petite est très intéressée par le hochet qu’elle tient, alors les parents commentent ce qu’elle fait. La mère tend le sac de jouets au père et lui propose de la distraire. Le père sort un autre jouet et fait le clown. La mère rit et se cache dans le cou du père pour ce faire. Puis le père met quelque chose sur la tête de Gabi qui n’apprécie pas. Quand il change de jeu, la mère souligne que Gabi préfère ce jeu au précédent. Le père prend sa fille sur ses genoux et joue avec elle. La mère les regarde avec attendrissement. De temps en temps, le père oriente Gabi face à sa mère et s’instaure un bref dialogue entre elles (…)
30Un moment plus tard, Gabi pleurniche un peu. La mère lui demande si elle veut venir dans ses bras puis ajoute « mais non, ça va avec papa ». Quand elle est consolée, ils jouent les trois ensemble. Puis la mère sort des tasses pour prendre le thé. (…) Puis il propose de donner à Gabi son biberon. Il demande à la mère de le lui donner, elle réplique qu’il n’y en a pas, il insiste et prend une tasse et fait semblant que c’est un biberon. Il rit. Mère aussi, mais elle ajoute sur un ton très doux « papa n’est pas gentil ». Il ajoute « on a mangé, elle a droit au biberon » puis il commente sa gloutonnerie. Ensuite la mère propose qu’ils rentrent et le jeu est fini.
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31Dans ces interactions aussi, on observe de nombreux comportements de gatekeeping : la mère est en charge et en position d’organisatrice du pique-nique et des activités de l’enfant alors que le père apporte aide et soutien. Mais à la différence de la famille précédente, la mère promeut et soutient les interactions entre père et fille, même si elle peut aussi se montrer critique (quand elle dit que ce n’est pas gentil de faire semblant de donner un biberon). De plus, leurs rapports sont joviaux et tendres. C’est donc surtout la dimension « Standards et responsabilité » qui est visible dans ces interactions.
Famille de Janine, 3 mois
32Le père prend le cosy dans lequel est installé Janine et le met au milieu de la pièce. Les parents s’installent devant elle. Le père sort la dînette pendant que la mère montre les jouets à Janine tout en lui parlant, puis elle l’oriente face à elle.
33La mère se relève et va déposer le sac qui contenait les jouets sur la table. Pendant ce temps, le père oriente le cosy face à lui. La mère prend la casserole et dit à Janine « regarde ce que maman a fait », puis elle ajoute « tu n’as pas envie de jouer », car la petite montre des signes de fatigue. Le père montre le hochet à bébé en disant que c’est Sophie la girafe. Mère reprend : « c’est la Sophie ». Puis le père propose du café. La mère répond « non, on va d’abord manger ». Elle prend la casserole et fait sentir au bébé en disant « ça sent bon ce que papa a cuisiné ».
34Puis la mère oriente Janine face à elle et lui dit « tu dors mon poussin ». Elle sort une assiette, la tend à son mari en disant sur le ton utilisé pour parler avec un bébé « on donne à manger à papa, mange papa » tout en regardant Janine. Le père se penche et tourne le siège vers lui. Quelques secondes après, la mère dit : « vers moi s’il te plaît un petit peu » et elle tourne un peu le siège vers elle. S’adressant à sa fille, elle fait semblant de lui faire goûter à la cuillère le plat qu’elle tient. Puis elle tourne encore un peu le siège de bébé dans sa direction. Les parents ne regardent que leur fille, quoi qu’ils fassent. La mère demande à Janine si elle en veut et lui donne à la cuillère. Puis elle dit, comme si elle parlait à la place de sa fille « non, laisse-moi en paix ». (…)
35La mère se prépare un café en le verbalisant à sa fille : « un petit café pour maman ». Puis elle prend une autre tasse et demande à Janine si elle veut un peu de lait et elle la sert ; puis elle fait semblant de lui donner à boire. Pendant ce temps le père agite par moments le hochet.
36La mère donne un café au père sans le regarder et en disant à Janine : « papa va prendre son café ».
37Puis la mère range et le père tire sa fille vers lui. Quand la mère a fini de ranger, elle tourne le cosy face à elle et dit « maintenant qu’on a fini de pique-niquer, on va jouer un peu ». Penchée sur Janine, elle agite le hochet. (…)
Commentaires
38Chaque parent, à tour de rôle, oriente le siège de la petite en face de lui ce qui souligne leur difficulté à se concerter et à agir de façon coordonnée. L’ambiance n’est pas conflictuelle, comme l’indique la manière qu’a la mère de souligner positivement la présence du père. Mais le gatekeeping dont elle fait preuve génère quelques inquiétudes pour la suite. En effet, comme le père semble tenir à ne pas être écarté, on peut donc craindre, si la mère ne lui laisse pas assez de place, qu’il entre en conflit avec elle, ce qui ne manquerait pas d’être préjudiciable pour l’enfant. Mais, à l’inverse, on peut également craindre qu’il se lasse et se retire complètement, ce qui ne serait pas non plus souhaitable pour Janine. La dimension « Standards et responsabilité » est là encore bien visible dans le fait que c’est surtout la mère qui s’exprime et organise la tâche. Les rôles parentaux sont clairement au premier plan, au détriment d’échanges coparentaux ou conjugaux puisque les parents ne s’adressent qu’à leur enfant, mais leur différenciation selon le genre n’est pas saillante.
Gatekeeping inconscient
39Les motivations du gatekeeping sont largement inconscientes et les comportements qui en découlent ne sauraient être perçus comme intentionnels et encore moins comme délibérément mis en place par les mères. Cependant, des mères, dans certaines circonstances, peuvent vouloir prendre le contrôle au nom de leur « expertise » présumée et pour le bien de l’enfant. Les comportements de gatekeeping sont en lien avec leurs systèmes de croyances quant à elles-mêmes, quant à leur rôle et celui de leurs conjoints et quant aux apports nécessaires au bon développement de leur enfant ; il s’agit là de croyances relativement peu conscientes et peu remises en question. Par ailleurs, beaucoup de ces croyances sont définies par le contexte culturel, et par conséquent plutôt perçues comme des vérités que comme étant questionnables.
40Une certaine ambivalence maternelle à propos de l’engagement des pères peut être observée (entre partager l’éducation et les tâches parentales avec le père d’une part, et garder le pouvoir et un rôle central dans la famille, de l’autre) et ce pourrait d’ailleurs être un argument en faveur d’une non-conscience, non seulement des comportements de gatekeeping, mais aussi des retombées sur leur mari, sur sa relation avec les enfants ainsi que sur la dynamique du couple et de la famille.
41En outre, si les comportements de gatekeeping visent à préserver l’estime de soi et l’identité propre liée à l’importance du rôle maternel, il est vraisemblable que ces aspirations soient elles aussi inconscientes de même que pourraient l’être des comportements liés à une peur de perdre l’amour de l’enfant, ou du moins à une envie de recevoir des preuves ou des garanties de cet amour qui pourrait entraîner un désir d’une certaine exclusivité.
Programmes de prévention
42Comme nous l’avons dit plus haut, le principal risque lié à un gatekeeping maternel est le conflit qu’il peut entraîner si le père refuse d’être écarté. Or, la contribution spécifique du père au développement de son enfant, sur le plan cognitif et social en particulier, a été largement démontrée (Radin & Sagi, 1982 ; Easterbrooks & Goldberg, 1984 ; Frascarolo, 2004). Il serait par conséquent tout aussi regrettable qu’il soit évincé. Il semblerait dès lors important d’aider les mères à prendre conscience de ces mécanismes et par conséquent de leurs comportements.
43Comme ces comportements maternels reposent sur leurs croyances, les cours destinés aux jeunes parents pourraient inclure une réflexion à ce sujet pour aider les mères, si nécessaire, à changer leurs croyances et à percevoir les pères comme compétents, ce qui entraînerait une réduction du gatekeeping (McBride et al., 2005). Comme des patterns comportementaux ainsi que des cercles vicieux ou vertueux se mettent en place dès l’arrivée de l’enfant, il ne faudrait pas attendre que les difficultés s’installent et se cristallisent (Favez et al., 2006b ; 2012). Il conviendrait donc d’intervenir le plus tôt possible dès qu’il y a un décalage entre les attentes prénatales et le paternage ainsi que le maternage mis en place. Enfin, des cours donnés avant même la naissance de l’enfant seraient souhaitables afin de profiter du fait que les futurs parents sont généralement très motivés à bien faire.
44Le gatekeeping pourrait être considéré comme une clé pour comprendre les enjeux du partage des tâches et du pouvoir au sein du couple. Les dimensions du gatekeeping « standards et responsabilité » ainsi que « rôles parentaux différenciés » sont relativement faciles à percevoir dans les interactions quotidiennes ou dans les récits qu’en font les parents (« elle est jamais contente quand j’habille les enfants pour aller à l’école, car selon elle, je ne mets jamais les habits qu’il faut », « il est vraiment mon troisième enfant », « elle s’occupe de tout ce qui se passe dans la maison, c’est elle le boss et moi je ramène l’argent »). Par contre la troisième dimension, la confirmation de l’identité maternelle, qui renvoie à l’estime de soi est sans doute moins apparente mais au moins aussi importante sinon plus encore que les deux autres. Et elle pourrait sans doute être au cœur d’une psychothérapie si on considère les comportements de gatekeeping restrictif comme une demande des mères à être rassurées sur leur valeur. Ajoutons que l’estime de soi des mères est très importante non seulement pour le vécu des mères mais aussi parce qu’elle prédit le maternage ainsi que certains aspects du développement de l’enfant. Ainsi une haute estime de soi des mères est liée avec un maternage moins contrôlant et plus sensible, lui-même lié à moins de problèmes comportementaux chez les enfants (Ainsworth et al., 1978 ; Chen & Conrad, 2001).
Gatekeeping de la part des professionnels
45Il pourrait dès lors être utile d’inviter les deux parents, même quand seule la mère consulte pour l’enfant [6], ou quand ils consultent ensemble pour un problème de couple, à réfléchir à cet aspect de leur relation (gatekeeping, estime de soi globale et parentale). Mais encore faut-il que les professionnels aient eux-mêmes clarifié leurs points de vue personnels. Dans les crèches, par exemple, quels messages reçoivent les pères quand les éducateurs de la petite enfance leur disent : « n’oubliez pas de dire à votre femme que la petite a eu un peu de fièvre cette après-midi ». Est-ce que l’inverse est imaginable : « n’oubliez pas de dire à votre mari que la petite a vomi son petit-déjeuner » ? Et que penser de toutes ces consultations mère-bébé où le père n’est non seulement pas invité mais parfois à peine mentionné ? Quid du gatekeeping des professionnels ? Ainsi, la vision qu’ont les professionnels du rôle de la mère et de celui du père peut les inciter à renforcer le gatekeeping limitant, non seulement dans leurs paroles mais dans le cadre lui-même de leur consultation. Il serait donc utile qu’ils remettent en question leur vision des rôles paternels et maternels afin de pouvoir soutenir un coparentage coopératif, car « aujourd’hui, être une mère et un père « suffisamment bons » c’est sans doute savoir organiser une coparentalité éducative harmonieuse » (Neyrand, 2014).
Conclusion et perspectives
46Le gatekeeping peut être considéré comme une grille de lecture des comportements parentaux, révélatrice non seulement des conceptions individuelles que les parents ont de leurs rôles mais aussi des valeurs culturelles. Certaines cultures prônent le primat de la mère alors que d’autres tendent plutôt à favoriser un partage équitable des tâches et responsabilités parentales. Par ailleurs, entre les valeurs préconisées et la mise en pratique au quotidien, il y a parfois de grands écarts qui peuvent inviter à la remise en question des valeurs et des pratiques.
47Nous nous sommes centré sur le gatekeeping maternel, mais il n’est pas l’apanage des seules mères. Les pères aussi peuvent être des gatekeeper, y compris dans les cas où il n’y a pas inversion des rôles habituels (avec père au foyer et mère travaillant 100 % à l’extérieur).
48Relevons enfin que l’investissement des pères dans les soins aux enfants dépend de beaucoup de facteurs et pas seulement du gatekeeping maternel (Schoppe-Sullivan et al., 2008).
Bibliographie
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Mots-clés éditeurs : rôles parentaux, coparentage, « gatekeeping », interactions familiales, Jeu du Pique-Nique
Mise en ligne 09/07/2015
https://doi.org/10.3917/ctf.054.0035Notes
-
[1]
CHUV, Lausanne. Centre d’étude de la famille, Institut universitaire de psychothérapie, département de psychiatrie, Université de Lausanne, Suisse.
-
[2]
Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, Université de Genève, Suisse.
-
[3]
Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, Université de Genève, Suisse.
-
[4]
Nous garderons le terme anglo-saxon « gatekeeping » qui renvoie à une action et qui n’est traduisible en français qu’à l’aide d’une périphrase.
-
[5]
Traduction par France Frascarolo.
-
[6]
Ou qui, tout en ayant des enfants, viennent en thérapie pour des problèmes d’estime de soi.