Notes
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[1]
Le même type d’examen aurait été possible pour le terme et la notion de « bilinguisme ».
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[2]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations, 1945-2001 (150 volumes).
-
[3]
Comme le texte est probablement repris et lissé avant d’être fixé par écrit, tous les signaux linguistiques (notamment de l’oralité) n’apparaissent pas nécessairement dans le texte publié.
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[4]
Cette forme de sacralisation et d’intangibilité du français mériterait un approfondissement : il serait utile de vérifier que le même sort lui est réservé par les membres du conseil général lorsque celui-ci siège en commissions réunies (c’est-à-dire à huis clos) et de la confronter au traitement qui a été réservé au français entre 1919 et 1939.
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[5]
Tous les passages cités sont extraits des procès-verbaux des délibérations du Conseil Général du Bas-Rhin. Ils sont reproduits en italique. Les passages en gras sont de notre fait.
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[6]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1947, s.l.n.d., p. 328.
-
[7]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1949, s.l.n.d., p. 128.
-
[8]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - session extraordinaire de juin 1955, vol. 30, s.l.n.d., p. 148.
-
[9]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1954, vol. 27, s.l.n.d., p.137.
-
[10]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - session extraordinaire de juin 1955, op. cit.
-
[11]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1954, op. cit.
-
[12]
Ibidem.
-
[13]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - session extraordinaire de juin 1952, vol. 21, s.l.n.d., p. 207.
-
[14]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - session extraordinaire de juin 1952, op. cit. p. 209.
-
[15]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations –- session extraordinaire de novembre/décembre 1954, s.l.n.d., p. 150.
-
[16]
Cf. aussi la remarque faite par un conseiller, en juin 1952 : « Que reste-t-il d’alsacien dans la phrase : Der Conseil vun de Ministres hät sich versammelt unter der Präsidenz vom Jüstiz-Minischter. ? » (in : Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations – session extraordinaire de juin 1952, op.cit., p. 210.)
-
[17]
C’est d’ailleurs la logique proposée par un conseiller, en mai 1949 : « vu la carence du dialecte à ce sujet, [la] population (…) a la légitime revendication de se servir encore – pour penser, lire et écrire – d’une langue vivante qui se rapproche le plus de son dialecte », c’est-à-dire de l’allemand. (Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1949, op. cit., p. 128.)
-
[18]
En italique : les citations extraites du corpus.
-
[19]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1947, op. cit.
-
[20]
Ibidem.
-
[21]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1949, op. cit.
-
[22]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1947, p. 328.
-
[23]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - session ordinaire de juin 1952, op. cit., p. 209.
-
[24]
Ibidem.
-
[25]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1947, op. cit.
-
[26]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1949, op. cit., p. 179.
-
[27]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1954, vol. 27, op. cit.
-
[28]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1949, op.cit., p. 179.
-
[29]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1954, vol. 27, op. cit.
-
[30]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1954, vol. 27, op. cit.
-
[31]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - session extraordinaire de juin 1952, vol. 21, s.l.n.d., p. 209.
-
[32]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - session extraordinaire de juin 1955. op. cit.
-
[33]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1951, vol. 18, s.l.n.d., p. 235.
-
[34]
La manière de majorer repose sur un procédé partiellement argumentatif : [parce qu’elle a été] une langue littéraire ; [parce que] des écrivains célèbres originaires de nos régions [l’ont employée]]).
-
[35]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1954, vol. 27, p. 138.
-
[36]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - session extraordinaire de mai 1964, vol. 57, s.l.n.d., p. 138.
-
[37]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 2e session ordinaire de 1965, vol. 62, s.l.n.d., p. 159.
-
[38]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 2e session ordinaire de 1966, vol. 65, s.l.n.d., p. 170.
-
[39]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - réunion du 2 mai 1994, vol. 135, s.l.n.d., p. 89.
-
[40]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 2e session ordinaire de 1965, vol. 62, s.l.n.d., p. 160.
-
[41]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - session extraordinaire de mai 1966, vol. 63, s.l.n.d., p. 88.
-
[42]
Conseil Général du Bas-Rhin. Délibérations - session extraordinaire du 8 novembre 1971, vol. 80, s.l.n.d., p. 39.
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[43]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1975, vol. 90, s.l.n.d., p. 138.
-
[44]
ibidem, p. 151.
-
[45]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1978, vol. 101, s.l.n.d„ p. 124.
-
[46]
ibidem, p. 126.
-
[47]
La procédure utilisée est intéressante : l’énonciateur utilise un factitif (« avoir laissé dissiper ») comme pour distancer encore davantage la responsabilité des Alsaciens qui, par ce moyen linguistique, ne sont pas désignés comme agents du procès « dissiper ».
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[48]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - réunion du 5 juillet 1982, vol. 112, s.l.n.d., p. 17.
-
[49]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - séance du 30 janvier 1990, vol 127, s.l.n.d., p. 50.
-
[50]
ibidem
-
[51]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - réunion du 21 juin 1999, vol 145, s.l.n.d., p. 83.
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[52]
ibidem
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[53]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - réunion du 10 décembre 2001, vol 150, s.l.n.d., p. 94.
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[54]
Une intervention en dialecte par un conseiller d’opposition (socialiste) en janvier 1980 (Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations – session extraordinaire de janvier 1980, 3e séance du vendredi 11 janvier 1980, pp. 116-117) sera commentée par les quotidiens régionaux : Le Nouvel Alsacien du 12 janvier 1980 titre en première page : « Ils ont parlé en alsacien et du peuple alsacien ! » et commente l’intervention ainsi : « … et pour la première fois toute une intervention se faisait en dialecte, non pour défier qui que ce soit, mais pour montrer combien cette question de la vie ou de la mort d’une culture tient au cœur des habitants de cette région. » Les Dernières Nouvelles d’Alsace du 12 janvier 1980, p. RéII : « Et Jean Oehler a surpris tout le monde, y compris François Lépine, secrétaire général de la préfecture, qui remplaçait pour la journée M. Chartron, en faisant son intervention en dialecte. Dans cet hôtel du préfet qui représente le pouvoir central, l’initiative du conseiller socialiste a eu une évidente portée symbolique. » L’Alsace du 12 janvier 1980 : « L’intervention de M. Oehler a produit un beau petit effet : ‘Ich red elsassisch !’ dit-il, en faisant en effet toute son intervention en alsacien. (…) Ce fut alors une surenchère dialectale et M. Traband s’adressa une nouvelle fois à ses collègues : ‘Mini liewi alti Kumpels…’. Les murs ont des oreilles et ceux de la préfecture n’ont pas dû en croire les leurs. » L’intervention du conseiller général n’a pas été reproduite en dialecte dans le compte rendu de délibération, mais a fait l’objet d’une traduction.
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[55]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1975, vol. 90, s.l.n.d., p. 151.
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[56]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - session extraordinaire de mai 1965, s.l.n.d„ vol 60, pp. 137.
-
[57]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 2e session ordinaire de 1978, vol. 101, s.l.n.d., pp. 126.
-
[58]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 2e session ordinaire de 1978, op. cit., p. 127.
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[59]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 2e session ordinaire de 1978, op. cit., p. 126.
-
[60]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 2e session ordinaire de 1978, op. cit., p. 127.
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[61]
Avec la restriction – partielle – qu’il arrive probablement un moment où l’action par la parole se heurte à la non-compétence linguistique des locuteurs.
Introduction et observations générales
Le terrain alsacien et l’évaluation des langues dans le discours épilinguistique
1Dans l’espace alsacien, les langues sont soumises à des évaluations de très nombreux points de vue et sous différentes formes qualitatives. Ainsi, par exemple, l’évaluation peut être de nature idéologique : le choix de l’une des variétés en présence peut être compris, dans une situation donnée, par un co-énonciateur, comme une manifestation de loyauté identitaire et groupale ou politique (ex. : l’usage du français tend à ne pas laisser de doute sur le sentiment d’appartenance géopolitique). L’aune économique n’est pas à négliger : selon le moment du développement historique et selon la situation, le choix de l’une ou de plusieurs des variétés en présence permet sans doute de trouver un emploi ou de mener une négociation, mais elle relève aussi de la manifestation de la hiérarchie des valeurs des langues sur le marché des langues, ces valeurs étant elles-mêmes soumises à des évaluations révisables. Par ailleurs, l’évaluation sociale des langues reste une constante : en effet, le choix linguistique qu’opère un énonciateur et la manière de réaliser son choix peuvent être corrélés à sa situation sur l’échelle sociale et à son appartenance groupale ; en ce sens, il classe socialement l’énonciateur par l’évaluation qu’en font les co-énonciateurs.
2L’évaluation peut aussi être entreprise par rapport à d’autres critères. La valeur ou la légitimité d’une langue peuvent dépendre de la standardisation qu’elle a connue ou, au contraire, de la non codification qui est la sienne. Les évaluations peuvent être différentes selon le point de vue adopté : romantique, nationaliste, mondialiste, … En outre, le statut prêté à des langues (langue nationale, langue officielle, langue littéraire, langue de culture, langue populaire…) peut également, selon l’angle retenu, faire émerger des évaluations de différentes natures.
3Enfin, des critères plus émotionnels, comme l’évaluation esthétique, peuvent également influencer de manière non négligeable les jugements formulés à l’égard des langues (cf. les assertions sur l’« accent » alsacien en français).
4Si l’on admet, par convention, que trois variétés linguistiques (communément appelées « dialecte », « français » et « allemand ») sont présentes dans l’espace alsacien, il importe d’examiner si les mêmes langues ont connu, dans le discours épilinguistique sur les langues, les mêmes évaluations, minorantes ou majorantes, durant les 60 dernières années (1945-2004), ou s’il y a eu des modifications dans les évaluations [1]. Le questionnement reste assez ouvert : Les types d’évaluations restent-ils pérennes ? En quoi ? Les traits d’évaluation restent-ils les mêmes ? Le rapport minorant/majorant se maintient-il sur une durée longue ? … C’est par l’examen diachronique des faits qu’une première approche semble possible.
Le discours institutionnel : cadre ; constitution du corpus ; position du chercheur
5Les délibérations du Conseil Général du Bas-Rhin de 1945 à 2001 fournissent le cadre institutionnel pour le corpus retenu et examiné (procès-verbaux officiels des délibérations) [2]. Le Conseil Général présente un caractère institutionnel indéniable (il est une assemblée politique élue au suffrage universel), mais on peut faire l’hypothèse que ses membres ne sont pas spécialistes de toutes les questions dont ils ont à débattre et qu’ils fonctionnent, s’agissant des questions de langues, comme experts non académiques, en tant qu’usagers des langues dont ils ont à traiter ou dont ils parlent. Il s’en suit que leur expertise n’est pas institutionnelle, mais qu’elle se rapproche de celle de leurs électeurs dans le sens que tout locuteur, quel qu’il soit, peut formuler des jugements évaluatifs sur l’ensemble des lectes qui l’entourent, que sa position soit celle, endogène, de l’usager ou exogène de celui qui entend ou voit le lecte sans le comprendre. Cependant, le fait que les Conseillers s’expriment ès qualité, d’une part, que leurs interventions ne sont publiées qu’avec leur accord tacite, d’autre part, confère au corpus retenu à la fois son aspect institutionnel et sa part plus individuelle [3].
6Ce n’est que parce que le chercheur a une connaissance préalable du contenu de l’ensemble des délibérations depuis 1945 qu’il peut retenir le corpus, dans sa totalité, comme valide ou pertinent pour les phénomènes qu’il cherche à observer.
7En effet, la composition politique du Conseil Général du Bas-Rhin a amené ses membres à traiter régulièrement de la question des langues, par divers biais : les relations de l’administration avec le public, l’enseignement, la culture, … ; les délibérations du Conseil Général du département alsacien voisin ne présentent de loin pas la même fréquence d’assertions à propos des langues, jusqu’à la fin des années soixante-dix.
8En faisant une première lecture sélective du corpus, il s’agit de retenir les séquences qui comportent un discours épilinguistique sur les langues. A partir de ce second corpus fortement restreint, chaque séquence doit être passée au crible des traits de « minoration » et de « majoration ». Primairement, ces phénomènes sont compris comme des évaluations, dépréciatives ou mélioratives, dont les langues sont l’objet.
9Par l’analyse du discours, le chercheur peut mettre à jour toute une série d’indices linguistiques explicites participant à la minoration ou à la majoration : lexèmes subjectifs, positionnement de l’énonciateur (appréciatifs, modalisateurs, …), comme il peut isoler des traces de minoration/majoration des langues dans le (co)texte qu’il lui faut inclure dans son matériau d’analyse. Cependant, il reste aussi l’instance interprétative, instance qui fonctionne avec sa propre subjectivité et ses représentations de ce qu’est un trait de minoration ou un trait de majoration.
10Enfin, son corpus final est nécessairement apprêté, c’est-à-dire qu’il en extrait des segments qu’il soumet à l’étude.
Minoration et majoration dans le discours épilinguistique des conseillers généraux
Le français
11Le français n’est pas soumis à une évaluation majorante ou minorante. Il semble se situer, en quelque sorte, au-dessus de la mêlée. Son statut de langue nationale – c’est la dénomination fréquemment utilisée – ainsi que la priorité qui lui est accordée en ce qui concerne la diffusion et l’apprentissage, sont régulièrement rappelés jusqu’à la fin des années cinquante. Son caractère d’abord symboliquement intangible, voire sacré, dans les années où la Libération exerce encore une influence décisive sur les échelles de valeur, puis son usage empirique plus fréquent et plus large au sein du corps social le mettent hors de portée d’une quelconque évaluation ou d’une variation évaluative. Sauf à considérer qu’il s’agisse du degré maximal de la majoration, dans le contexte examiné, le français présente un caractère ontologique : il est [4].
Le dialecte
12Le début des années soixante semble constituer une forme de charnière : avant cette époque, les traits minorants attribués au dialecte sont quantitativement majoritaires, après cette date les traits majorants deviennent majoritaires.
1945-1960
13Les traits minorants peuvent relever
- d’une minoration que l’énonciateur formule comme étant, à ses yeux, une donnée de fait, qu’il peut au demeurant déplorer,
- d’une minoration qu’il prend fortement à son compte, même s’il estime qu’elle fait partie d’une opinion partagée.
1 – Minoration « de fait » [5]
14- traits caractéristiques intrinsèques : variété linguistique incomplète
15Il est remarquable que les trois traits correspondent à des traits définitoires retenus traditionnellement pour caractériser les dialectes :
- ils constituent une variété linguistique orale
- ils connaissent une variation dans l’espace
- ils possèdent, dans l’espace, un rayon communicationnel limité.
16Le dialecte est minoré per se, dans la mesure où il ne peut pas prétendre au statut de langue. (Les limites lexicales du dialecte montrent, en creux, qu’il n’est pas une langue.)
17La non standardisation/unification qui empêche une intercompréhension des locuteurs aux « extrémités » de l’espace dialectal alsacien, montre que le dialecte ne possède pas la caractéristique de non variation qui est celle prêtée à une « vraie » langue.
18- empan linguistique intrinsèque du dialecte limité
19Le véhicule linguistique que représente le dialecte ne peut pas être utilisé – linguistiquement – dans toutes les situations de communication à cause de ses capacités linguistiques limitées, notamment dans l’inventaire de ses lexèmes. Son emploi est ainsi, de fait, borné par les situations qui ne s’accommodent pas toutes du dialecte. En forçant ses propres limites linguistiques, le dialecte perd, linguistiquement, sa texture et n’est plus identifié comme « dialecte », mais en devient un « charabia ».
20Aussi, implicitement, non seulement l’alternance de codes, mais aussi les emprunts sont interprétés comme des signes de cette impuissance linguistique du dialecte à être le vecteur de toutes les situations de la vie. Son incapacité intrinsèque à forger des lexèmes qui lui sont propres le disqualifie pour prétendre être une « langue » [16].
21Par défaut, les fonctions que le dialecte ne peut assurer, l’allemand pourra/devra les assumer. Ce sera, en miroir, une majoration de fait de l’allemand. Cette majoration consentie n’apparaît que par le co-texte [17].
dialecte [18] | allemand |
---|---|
langue essentiellement parlée / dialecte qui, malheureusement peut-être, n’est pas une langue écrite | La scripturalité est attribuée à l’allemand : il est |
dialecte alsacien, langue (…) insuffisamment unifiée / n’est pas une langue uniforme [= garantissant l’intercompréhension] | L’allemand fait office de langue commune garantissant l’intercompréhension, dans la mesure où il représente pour la majorité des Alsaciens une langue seconde de culture (avril 1947). [22] |
de rayonnement nécessairement limité | Seul l’allemand, comme langue littéraire connue [par tous] (juin 1952), [23] comme langue commune sans variation, a un rayonnement endogène (intra-alsacien ou intra régional) et exogène suffisant pour couvrir tout l’espace alsacien (et éventuellement mosellan) ainsi que l’espace frontalier voisin. |
empan linguistique intrinsèque du dialecte limité | L’emploi de la langue allemande littéraire, académique (juin 1952) [24] qui a à sa disposition une terminologie dont l’équivalent ne peut guère être trouvé en dialecte (novembre 1954) ôte les limites lexicales qu’a le dialecte. |
Le dialecte est minoré per se, dans la mesure où il ne peut pas prétendre au statut de langue. | L’allemand a le statut de langue. |
2 – Minoration volontaire par dénonciateur
22La minoration porte sur la capacité que les énonciateurs lui attribuent. Le dialecte n’est pas en mesure de rendre compte de l’abstraction, en ne permettant pas de formuler des idées. Il s’agit, dans un premier temps, d’une variante de la minoration/majoration attribuées au couple dialecte vs langue.
23La seconde perspective ressortit probablement aux champs d’usage où le dialecte est pratiqué : variété linguistique du quotidien, il est en mesure de rendre compte de l’empirie et de ses désignations ainsi que du mode de vie ancré dans la tradition.
24Par ce biais, implicitement, les énonciateurs ne projettent pas le dialecte dans l’avenir dans la mesure où une partie de la modernité n’est pas susceptible d’entrer dans la capacité linguistique du dialecte.
25L’un des secteurs des idées pourrait être représenté par la littérature. Mais il est difficile de déterminer ce qu’entendent les énonciateurs par « littérature ».
26Si elle représente pour eux l’une des caractéristiques d’une « langue de culture », d’une « langue littéraire », d’une « langue écrite », elle réfère probablement aux productions littéraires « classiques » de ces langues et vise l’aspect quantitatif des productions littéraires en dialecte. En cotexte, il est plus que probable que l’empan qualitatif soit également visé dans la mesure où les énonciateurs n’imaginent pas une autre forme de littérature dialectale que celle qu’ils connaissent et qui renvoie plutôt à l’humour et au rire.
27Le statut même du dialecte (le dialecte alsacien n’est pas une langue spécialement académique) nuit à l’image de l’institution ou de l’instance qui s’en sert : le trait minorant affecté au dialecte qui est utilisé dans une situation où il ne devrait pas l’être, est ainsi transféré sur le contenu des énoncés et sur l’instance énonciatrice. Par une forme de contamination, c’est l’ensemble qui risque d’être minoré. Implicitement, les énonciateurs renvoient une forme de minoration à l’ensemble des usagers du dialecte lorsqu’ils s’en servent dans une situation où l’usage d’une autre variété linguistique serait jugé socialement plus conforme aux distributions linguistiques.
3 – Majoration volontaire par l’énonciateur
28L’ancienneté en soi fournit une forme de preuve de légitimité aux yeux de l’énonciateur, doublée par la fonction attribuée, par ses co-énonciateurs, à la langue qu’ils appellent littéraire (et qui, de facto, n’existait pas encore), dotée de scripteurs célèbres, troisième signe de légitimité.
29Partant, les « idiomes alsaciens » doivent pouvoir faire valoir, implicitement, une capacité à produire de la littérature, contrairement aux assertions qui lui dénient cette capacité [34].
Je veux remarquer que, quand même, le dialecte alsacien a ses poètes et qu’ils ont réussi avec le vocabulaire simple que vous appelez pauvre, à exprimer quand môme de grandes et de nobles pensées. (mai 1954) [35]
30La tentative de majoration qui est opérée se situe dans une perspective défensive d’un membre du groupe des locuteurs du dialecte qui, par loyauté (je me sens quand même obligé) envers son groupe ou la langue, va essayer d’isoler des traits de majoration qui s’opposeraient aux minorations dont a fait l’objet le dialecte.
31Le premier trait que retient l’énonciateur relève du paradoxe : « la langue officielle de gens populaires ». La corrélation au groupe social qu’il retient ne pourra certainement pas être validée comme majorante pour les co-énonciateurs qui minorent le dialecte et qui font valoir tout un ensemble de traits minorants. C’est par la notion de « langue officielle » qu’il tente de majorer le statut du dialecte, du moins pour ce groupe social.
32La seconde partie de la majoration porte sur la qualité intrinsèque du dialecte et l’évaluation qui est opérée. C’est un désaccord qui porte sur l’appréciation de sa texture linguistique (vocabulaire pauvre vs simple) et ses possibilités dans l’expression de l’abstraction. L’énonciateur signale sa position défensive par l’itération concessive quand même.
33Conclusion partielle :
34Durant la période 1945-1960, le discours épilinguistique sur le dialecte, lorsqu’il existe, présente essentiellement des traits qui le minorent, les traits majorants restant isolés. Le dialecte fait l’objet d’une minoration par différents angles : linguistique, communicationnel, culturel, social, … La minoration a, comme corollaire, une majoration de fait de la langue standard (« écrite », « littéraire », « de culture ») jugée la plus proche : l’allemand, qui présente tous les traits positifs dont les énonciateurs déplorent l’absence pour le dialecte. En première analyse, c’est parce que l’allemand standard présente une alternative (majorante) aux yeux des énonciateurs qu’ils peuvent faire porter au dialecte des traits de minoration. Dans ce sens, minoration de a et majoration implicite de b semblent avoir partie liée.
1960 – 2000
35Après 1960, le rapport quantitatif entre le nombre d’éléments épilinguistiques minorants et majorants s’inverse par rapport à la période 1945–1960. Les éléments minorant le dialecte se font rares, les traits majorants sont nombreux et multiples.
36- spécificité du dialecte par rapport à la plupart des autres langues régionales en France :
37L’angle d’analyse du lien entre le dialecte alsacien et l’allemand standard est, en quelque sorte, renversé. C’est la solidarité linguistique que présente le dialecte avec l’allemand en tant que langue internationale qui métamorphose une variété linguistique vue sous l’angle franco-français comme une langue régionale, en bien autre chose qu’une langue régionale, une fois replacée dans le cadre européen. La proximité linguistique majore ainsi le statut même du dialecte qui se distingue, positivement, de toutes les autres langues régionales. Dans le même temps, l’énonciateur réduit la distance linguistique au point de proposer, implicitement, un rapport d’inclusion entre les deux variétés. Ce dernier point sera très largement repris, sous différentes formes et à différentes occasions, pour souligner le rôle facilitant du dialecte dans le processus de l’apprentissage de l’allemand.
38- ancienneté du dialecte
39Le trait majorant déjà utilisé dans la période précédente est réorienté vers une dimension plus mythique dans la mesure où la présence du dialecte se confondrait avec la présence humaine en Europe, gagnant ainsi une légitimité à la fois par son antériorité implicite sur toutes les autres formes linguistiques et sa corrélation à la dimension culturelle sur son axe diachronique. Cette thématique connaît différents avatars tout au long de la période considérée.
40De façon isolée, apparaît encore, dans le discours, un trait minorant utilisant la même dynamique ou une logique proche de celles qui avaient cours dans la période précédente. L’évaluation suivant laquelle « l’allemand (…) dont le dialecte alsacien est une déformation d’expression » (janvier 1966) [40] conteste implicitement la chronologie des anciennetés et pose la langue standard comme première et seule légitime, le dialecte n’étant qu’un dérivé déformé.
41- défense patrimoniale ; devoir de conservation
42C’est l’existence même du dialecte qui est glosée tout au long de la période considérée : sans doute encore largement utilisé dans les interactions au quotidien, la défense de son existence passe par un maintien et une sauvegarde. C’est lui conférer une valeur intrinsèque dans la mesure où ne sont dignes de sauvegarde que les objets de prix, d’un point de vue symbolique, émotionnel ou marchand. La métaphore du trésor, combinée à la qualification d’héritage, confère au dialecte la double dimension de l’ancienneté (de la tradition, de la transmission socialement reproductive) du patrimoine transmis par les aïeux et, rien qu’à ce titre déjà digne d’être défendu, et de la valeur de l’objet transmis. Ce type de trait majorant n’est appelé à apparaître que si les énonciateurs font l’hypothèse que l’objet est mis en danger, mais sans doute aussi que la majoration discursive pourra aider à sa préservation. La majoration tend ainsi à prendre des allures perlocutoires.
43- dialecte, signal identitaire majoré, en lien avec la défense/conservation et la transmission
44L’utilisation, emblématique, du dialecte dans un espace dont la langue d’usage employée officiellement est, pour la période considérée, le français, pour parler du dialecte et de sa défense, constitue un signal identitaire en soi ainsi qu’une majoration de facto par l’usage qui en est fait au sein de l’institution. La part épilinguistique se manifeste par la mention « unseri » qui signalise la langue qui est « nôtre » parce qu’une communauté humaine (un « nous ») la possède en partage et qui identifie en même temps ce « nous » en le singularisant. [54]
45Les autres assertions corrèlent explicitement langue et identité. L’affirmation d’une identité doit être comprise comme intrinsèquement positive. (La corrélation peut aussi être opérée par la parallélité en texte : (36) Qui d’entre nous serait contre l’alsacien ? Qui d’entre nous serait contre notre identité culturelle et contre notre culture alsacienne ? (mai 1999))
46Et c’est parce que le dialecte fait partie de l’identité et qu’il la signe qu’il est majoré.
47- majoration du statut du dialecte
48La majoration peut se trouver en discours, sous la forme particulière d’un souhait ou d’une volonté explicites. Dans le même temps, dans l’exemple retenu, le souhaite exprimé implique que le dialecte obtienne un statut dans un espace où il n’en a pas.
49- dialecte, signal émotionnel majoré
50Mais le signal émotionnel peut devenir un élément minorant dans la mesure où il cantonne le dialecte dans la sphère privée ou, du moins, dans un rayon d’action limité (cf. les traits minorants de la période précédente) et, par ricochet, le rend inapte à une utilisation plus large, notamment dans le champ économique.
Conclusions
511. La majoration et la minoration semblent être intimement liées, même si l’étalon par rapport auquel la majoration ou la minoration sont entreprises dans le discours change.
522.1. Durant la période 1945-1960, la minoration du dialecte s’opère par rapport à l’allemand, qui est, encore, perçu comme une alternative linguistique et en est implicitement majoré ; par ailleurs, cette majoration de l’allemand peut être corrélée avec les pratiques et usages de l’allemand tels qu’ils apparaissent dans la description sociolinguistique.
532.2. Durant la période 1960-2000, la majoration du dialecte s’opère par rapport à la minoration de l’époque précédente, qui continue sans doute à perdurer dans le discours épilinguistique du corps sociétal. Cette minoration semble être tenue pour partiellement responsable de la désaffection que connaît le dialecte, la majoration épilinguistique tend à conjurer cette désaffection.
543. L’examen diachronique montre la variabilité de la minoration / majoration dans le discours épilinguistique : le même objet peut ainsi être affecté successivement de traits de minoration et de majoration. L’interprétation de la modification, progressive, n’est guère possible hors contexte. En effet, le discours s’adresse toujours à des co-énonciateurs qui partagent la même connaissance du monde qu’il n’est donc pas nécessairement besoin d’éliciter explicitement et/ou complètement.
554. Cela implique, sur le plan de la méthode, que majoration et minoration doivent être nécessairement contextualisées dans l’histoire linguistique, mais aussi politique et idéologique des sociétés, par quoi elles prennent sens.
565. L’examen diachronique souligne tout particulièrement le fait que, corrélativement, le discours épilinguistique minorant et majorant construit la majoration ou la minoration, en ce sens que les énonciateurs participent à cette construction et agissent, par là même, sur la représentation de la langue. En reprenant à leur compte des évaluations, ils valident la factualité de la minoration/majoration et la diffusent. La position institutionnelle des énonciateurs renforce, au moins potentiellement, l’effet produit.
57La dynamique des statuts et pratiques des langues ne sont en rien disjointes ou à disjoindre du discours sur elles. Ce sont les énonciateurs, dans leur singularité et leurs traits communs, y compris les conseillers généraux, avec bien d’autres instances, qui co-construisent les images, l’imaginaire linguistique, mais qui, dans le même temps, agissent sur les langues, sur leurs statuts, sur leurs pratiques. [61]
58Le discours épilinguistique sur les langues, majorant et minorant, n’est pas, dans ce sens, un simple phénomène accompagnant un développement historique, mais en représente bien un élément constitutif. La parole et le façonnement des représentations au sujet des langues participent à la création de la réalité et des dynamiques historiques.
Notes
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[1]
Le même type d’examen aurait été possible pour le terme et la notion de « bilinguisme ».
-
[2]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations, 1945-2001 (150 volumes).
-
[3]
Comme le texte est probablement repris et lissé avant d’être fixé par écrit, tous les signaux linguistiques (notamment de l’oralité) n’apparaissent pas nécessairement dans le texte publié.
-
[4]
Cette forme de sacralisation et d’intangibilité du français mériterait un approfondissement : il serait utile de vérifier que le même sort lui est réservé par les membres du conseil général lorsque celui-ci siège en commissions réunies (c’est-à-dire à huis clos) et de la confronter au traitement qui a été réservé au français entre 1919 et 1939.
-
[5]
Tous les passages cités sont extraits des procès-verbaux des délibérations du Conseil Général du Bas-Rhin. Ils sont reproduits en italique. Les passages en gras sont de notre fait.
-
[6]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1947, s.l.n.d., p. 328.
-
[7]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1949, s.l.n.d., p. 128.
-
[8]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - session extraordinaire de juin 1955, vol. 30, s.l.n.d., p. 148.
-
[9]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1954, vol. 27, s.l.n.d., p.137.
-
[10]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - session extraordinaire de juin 1955, op. cit.
-
[11]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1954, op. cit.
-
[12]
Ibidem.
-
[13]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - session extraordinaire de juin 1952, vol. 21, s.l.n.d., p. 207.
-
[14]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - session extraordinaire de juin 1952, op. cit. p. 209.
-
[15]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations –- session extraordinaire de novembre/décembre 1954, s.l.n.d., p. 150.
-
[16]
Cf. aussi la remarque faite par un conseiller, en juin 1952 : « Que reste-t-il d’alsacien dans la phrase : Der Conseil vun de Ministres hät sich versammelt unter der Präsidenz vom Jüstiz-Minischter. ? » (in : Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations – session extraordinaire de juin 1952, op.cit., p. 210.)
-
[17]
C’est d’ailleurs la logique proposée par un conseiller, en mai 1949 : « vu la carence du dialecte à ce sujet, [la] population (…) a la légitime revendication de se servir encore – pour penser, lire et écrire – d’une langue vivante qui se rapproche le plus de son dialecte », c’est-à-dire de l’allemand. (Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1949, op. cit., p. 128.)
-
[18]
En italique : les citations extraites du corpus.
-
[19]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1947, op. cit.
-
[20]
Ibidem.
-
[21]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1949, op. cit.
-
[22]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1947, p. 328.
-
[23]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - session ordinaire de juin 1952, op. cit., p. 209.
-
[24]
Ibidem.
-
[25]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1947, op. cit.
-
[26]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1949, op. cit., p. 179.
-
[27]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1954, vol. 27, op. cit.
-
[28]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1949, op.cit., p. 179.
-
[29]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1954, vol. 27, op. cit.
-
[30]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1954, vol. 27, op. cit.
-
[31]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - session extraordinaire de juin 1952, vol. 21, s.l.n.d., p. 209.
-
[32]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - session extraordinaire de juin 1955. op. cit.
-
[33]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1951, vol. 18, s.l.n.d., p. 235.
-
[34]
La manière de majorer repose sur un procédé partiellement argumentatif : [parce qu’elle a été] une langue littéraire ; [parce que] des écrivains célèbres originaires de nos régions [l’ont employée]]).
-
[35]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1954, vol. 27, p. 138.
-
[36]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - session extraordinaire de mai 1964, vol. 57, s.l.n.d., p. 138.
-
[37]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 2e session ordinaire de 1965, vol. 62, s.l.n.d., p. 159.
-
[38]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 2e session ordinaire de 1966, vol. 65, s.l.n.d., p. 170.
-
[39]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - réunion du 2 mai 1994, vol. 135, s.l.n.d., p. 89.
-
[40]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 2e session ordinaire de 1965, vol. 62, s.l.n.d., p. 160.
-
[41]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - session extraordinaire de mai 1966, vol. 63, s.l.n.d., p. 88.
-
[42]
Conseil Général du Bas-Rhin. Délibérations - session extraordinaire du 8 novembre 1971, vol. 80, s.l.n.d., p. 39.
-
[43]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1975, vol. 90, s.l.n.d., p. 138.
-
[44]
ibidem, p. 151.
-
[45]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1978, vol. 101, s.l.n.d„ p. 124.
-
[46]
ibidem, p. 126.
-
[47]
La procédure utilisée est intéressante : l’énonciateur utilise un factitif (« avoir laissé dissiper ») comme pour distancer encore davantage la responsabilité des Alsaciens qui, par ce moyen linguistique, ne sont pas désignés comme agents du procès « dissiper ».
-
[48]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - réunion du 5 juillet 1982, vol. 112, s.l.n.d., p. 17.
-
[49]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - séance du 30 janvier 1990, vol 127, s.l.n.d., p. 50.
-
[50]
ibidem
-
[51]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - réunion du 21 juin 1999, vol 145, s.l.n.d., p. 83.
-
[52]
ibidem
-
[53]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - réunion du 10 décembre 2001, vol 150, s.l.n.d., p. 94.
-
[54]
Une intervention en dialecte par un conseiller d’opposition (socialiste) en janvier 1980 (Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations – session extraordinaire de janvier 1980, 3e séance du vendredi 11 janvier 1980, pp. 116-117) sera commentée par les quotidiens régionaux : Le Nouvel Alsacien du 12 janvier 1980 titre en première page : « Ils ont parlé en alsacien et du peuple alsacien ! » et commente l’intervention ainsi : « … et pour la première fois toute une intervention se faisait en dialecte, non pour défier qui que ce soit, mais pour montrer combien cette question de la vie ou de la mort d’une culture tient au cœur des habitants de cette région. » Les Dernières Nouvelles d’Alsace du 12 janvier 1980, p. RéII : « Et Jean Oehler a surpris tout le monde, y compris François Lépine, secrétaire général de la préfecture, qui remplaçait pour la journée M. Chartron, en faisant son intervention en dialecte. Dans cet hôtel du préfet qui représente le pouvoir central, l’initiative du conseiller socialiste a eu une évidente portée symbolique. » L’Alsace du 12 janvier 1980 : « L’intervention de M. Oehler a produit un beau petit effet : ‘Ich red elsassisch !’ dit-il, en faisant en effet toute son intervention en alsacien. (…) Ce fut alors une surenchère dialectale et M. Traband s’adressa une nouvelle fois à ses collègues : ‘Mini liewi alti Kumpels…’. Les murs ont des oreilles et ceux de la préfecture n’ont pas dû en croire les leurs. » L’intervention du conseiller général n’a pas été reproduite en dialecte dans le compte rendu de délibération, mais a fait l’objet d’une traduction.
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[55]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 1ère session ordinaire de 1975, vol. 90, s.l.n.d., p. 151.
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[56]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - session extraordinaire de mai 1965, s.l.n.d„ vol 60, pp. 137.
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[57]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 2e session ordinaire de 1978, vol. 101, s.l.n.d., pp. 126.
-
[58]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 2e session ordinaire de 1978, op. cit., p. 127.
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[59]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 2e session ordinaire de 1978, op. cit., p. 126.
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[60]
Conseil Général du Bas-Rhin. Rapports et délibérations - 2e session ordinaire de 1978, op. cit., p. 127.
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[61]
Avec la restriction – partielle – qu’il arrive probablement un moment où l’action par la parole se heurte à la non-compétence linguistique des locuteurs.