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Article de revue

La concurrence entre ‘ben' et ‘well' en chiac du sud-est du Nouveau-Brunswick (Canada)

Pages 65 à 81

Notes

  • [1]
    « Les procédés expressifs dans une situation de contact ». Dans Actes du Congrès International ‘Contact interculturels et interlinguistiques en Amérique du nord francophone’ ; organisé par la Chaire de recherche du Canada en analyse littéraire interculturelle. Jean Morency (éd.), Montréal, Editions Nota Bene. 2003.
  • [2]
    Les variétés de français parlées au Nouveau-Brunswick sont très distinctives. On les regroupe habituellement en trois zones géographiques. La population du Nord-Est, située en bordure de la mer, est francophone à 84 %. Celle du Nord-Ouest est francophone à 95 %. Enfin, la région du Sud-Est est entourée des régions fortement anglophones. Elle oppose le comté rural de Kent francophone à 78,6 % et la communauté urbaine du Grand Moncton (Dieppe-Moncton-Riverview) qui voit sa marge réduite à 42,8 % (M. Roy 1993).
  • [3]
    Un sujet se déclare « bilingue français-chiac ».
  • [4]
    Elle ne touche pas les communautés acadiennes du nord-est ou du nord-ouest du N.-B. (Chevalier 2000). Mougeon (2000) ne relève que sept occurrences chez trois sujets de son corpus de jeunes francophones de l’Ontario.
  • [5]
    Voir le modèle de description des unités à valeur grammaticale et pragmatique de Dostie et Léard (1994 ; 1996).
  • [6]
    Giancarli décrit le système des marqueurs adversatifs ben, mais, but dans le parler chiac de la région de Moncton à partir d’exemples tirés de deux entrevues du corpus de vieil acadien du Comté de Kent (N.-B.) recueilli par Péronnet (1989) auprès de locuteurs unilingues francophones d’un comté rural isolé de la « grande ville », tous âgés de plus de 65 ans, et d’un corpus de chiac de Moncton (Roy 1979). Le corpus Péronnet compte 183 occurrences de well. Peut-être ne faisait-il pas partie du système des deux locuteurs retenus par Giancarli.
  • [7]
    On peut mettre l’ensemble des contextes en parallèle à même nos données. Il n’est malheureusement pas possible de citer tous les exemples dans l’espace qui nous est imparti. Le relevé a été présenté dans Chevalier 1998.
  • [8]
    C’est l’adverbe right qui dispute ce territoire à ben : c’est ben/*well simple ; c’est ben ben simple ; c’est right simple. Soulignons que la construction right + adjectif (it’s right cold today) est un particularisme de l’anglais de l’Atlantique.
  • [9]
    Je suis reconnaissante à Wladislaw Chichocki pour avoir examiné les données et m’avoir rappelé les limites de mon corpus.

Préambule

1Les marqueurs discursifs well et ben se livrent une farouche concurrence dans le parler de jeunes Acadiens de la région du sud-est du Nouveau-Brunswick (Canada). Cette variété de français communément appelée “chiac” est une forme de français « métissé » (Perrot 1994) qui s’est développée au contact de l’anglais suite à l’exode des pêcheurs acadiens unilingues depuis la côte du détroit de Northumberland et des fermiers quittant les terres du comté de Kent vers les villes de Shédiac et Moncton. Des éléments anglais de tous les niveaux linguistiques, lexical, morphologique, morphosyntaxique et même pragmatique sont venus se greffer sur la matrice française : intégration de particules (freaker out : ‘s’effrayer’ ; timber off : ‘t(o)mber de’) ; variation morphologique facultative (des movies : ‘des films’ prononcé indifféremment [muvi] ou [muviz]) ; restructuration du syntagme nominal (des awsome movie : ‘des films super’, l’adjectif occupant la place qui lui revient en anglais), etc. L’emprunt de marqueurs discursifs ne fait pas exception so, but, right, o.k., anyways (sic !), who cares, whatever et autres particules exclamatives et ponctuants du discours semblent être en bonne voie de supplanter les moyens expressifs endolingues (Chevalier, à paraître [1]).

2La question qui se pose est de savoir si well en viendra à évincer son équivalent français, comme cela s’est produit pour mais qui disparaît au profit de but. Il s’agit donc de déterminer si les deux marqueurs se livrent une compétition sur tous les plans ou s’ils s’orientent vers une spécialisation fonctionnelle. On se demandera en premier lieu si le taux d’utilisation du lexique anglais par les sujets ne permet pas de prédire une préférence pour l’un ou l’autre marqueur. En second lieu, on examinera la distribution des marqueurs selon qu’ils remplissent la fonction de connecteur, de marqueur d’interaction ou de marqueur d’acte illocutoire, suivant une typologie de Jean-Marcel Léard et des travaux de l’école de Genève d’Eddie Roulet. On pourra prédire de meilleures chances de survie à ben si on peut établir que well est venu remplir une lacune en français.

Le corpus

3Les productions ont été recueillies en 1994 auprès de 12 élèves d’environ 14 ans, fréquentant une école acadienne de Dieppe, ville jouxtant Moncton, donc une école dispensant l’éducation en français à des enfants francophones. Ont été sélectionnés des jeunes issus de familles dont les deux parents étaient francophones du Nouveau-Brunswick et qui habitaient la région du Sud-Est depuis au moins cinq ans [2]. Tous se sont déclarés francophones [3] et ont déclaré communiquer en français dans la famille et entre amis. Bien que l’enseignement de l’anglais ne commence qu’au cours de la cinquième année de scolarité primaire (vers 11 ans), les jeunes ont en général une connaissance suffisante de l’anglais pour lire dans cette langue et fréquenter le cinéma américain en version originale.

4Les enregistrements prenaient le format d’entrevues auto-dirigées sans observateur externe. Les sujets regroupés en dyades avaient pour consigne de simuler une entrevue en se posant à tour de rôle des questions suggérées sur un questionnaire à propos d’expériences vécues, des prix remportés, des exploits à raconter, des loisirs, de leurs projets de vacances, leur plan de carrière, la vie familiale qu’ils envisagent vs. celle qu’ils connaissent, les activités à faire en ville, les modes vestimentaires, etc. Les thèmes ne comportaient aucun enjeu réel ; ils visaient à susciter différents temps verbaux (futur, passé, conditionnel) et différents genres (narration, explication, argumentation).

5Contrairement aux corpus d’enquête où l’interviewer a pour rôle de relancer la production en s’effaçant le plus possible, et qui débouchent sur des récits de vie, le style d’interview adopté ici a donné lieu à un discours interactif et favorisé l’émergence de marqueurs discursifs.

6Le corpus comprend 6 enregistrements d’une durée de 10 à 15 minutes et un total de 17 675 mots. Les sujets s’expriment dans un style spontané et utilisent le registre non surveillé bien qu’ils se soient trouvés dans une salle de travail de la bibliothèque scolaire. On relève 98 occurrences de ben et 85 occurrences de well (voir le tableau des données plus loin).

Le statut de ‘well’ en chiac

7L’aire de dispersion de well est restreinte au sud-est du Nouveau-Brunswick et aux communautés acadiennes de l’Ile-du-Prince-Édouard et de la Nouvelle-Écosse [4]. Il est de plus soumis à des contraintes sociales. Les locuteurs acadiens du sud-est du Nouveau-Brunswick reconnaissent l’utiliser couramment, mais l’évitent en situation d’entrevue formelle (Corpus de jeunes cadres, Péronnet-Kasparian 1997).

8Dans un parler métissé, il n’est pas toujours aisé de dire si la présence des mots exolingues doit s’interpréter comme des emprunts spontanés (sporadiques), des emprunts intégrés (récurrents) ou des transferts codiques (Flikeid 1989). Selon nos données, well échappe aux critères du transfert codique proposés par Lüdi (1995) : jamais il ne marque le point de passage du français à l’anglais et il n’est pas conditionné par un environnement anglais. Il y a de nombreux cas de transfert codique dans le corpus, mais jamais dans le contexte de well. Dix occurrences de well sont suivies d’un élément lexical anglais, toujours un marqueur discursif, qui n’embraie pas sur une intervention en anglais : well whatever/ well who cares/ well anyways/ well yeah, probably. Ailleurs, le marqueur s’insère dans des séquences françaises en amont et en aval : ah well ; well moi ; well mon pére ; well ché pas ; là well là. Même dans les passages plus “anglicisés”, il se trouve toujours suivi immédiatement d’un élément français : well j’étais still pissed off/well pas Dieppe but Moncton/ well moi je watch juste les hockey games. Ces expressions ont elles-mêmes déjà le statut d’emprunt lexical intégré (Flikeid 1989). Well est donc un emprunt restreint à une aire géographique et sociale particulières, mais il est bel et bien intégré au chiac. Phonologiquement, les réalisations de well dans notre corpus sont perçues comme distinctes de la prononciation anglaise par trois juges natifs de ce parler. Une seule occurrence d’un [?] rétroflexe a été relevée, et elle se trouve justement dans un environnement anglais (well yeah probably). Les autres occurrences à proximité d’éléments anglais ne subissent pas de conditionnement phonologique.

9Le chiac n’a donc retenu que les emplois discursifs de well : la particule est toujours complètement désyntaxisée, elle ne dépend jamais d’aucun élément de la phrase et n’a aucun élément sous sa dépendance (Léard et Dostiel995). Le chiac n’a pas retenu ses emplois morphosyntaxiques d’attribut (It went well), d’intensifieur (well above average), ou de préfixe (He is a well-educated fellow). Il y a lieu de se demander alors si les emplois discursifs ont été empruntés intégralement et s’ils sont venus remplir un espace vacant dans le système hôte.

Les fonctions discursives de ‘well’ en anglais

10Dans son ouvrage maintenant classique, Discourse Markers, Schiffrin (1987) fait l’hypothèse générale que les marqueurs discursifs ont pour fonction essentielle d’assurer la cohérence conversationnelle. Lorsque deux actes contigus découlent l’un de l’autre, il n’y a pas lieu de les lier au moyen de marqueurs, ce qui s’impose par contre lorsque la conversation est sur le point de prendre une orientation différente de la voie tracée par l’énoncé initial. Les transactions binaires (question-réponse ; requête-réaction) créent des attentes à combler et les marqueurs ont pour fonction de signaler si la réponse s’oriente ou non vers la complétude de ces attentes. Ainsi une question oriente la réponse vers le type d’information recherché. Si le choix de réponse est jugé inapproprié par le récepteur, si la question est jugée non pertinente ou si elle contient de fausses présuppositions, le récepteur utilisera un marqueur pour signaler qu’il n’est pas en mesure de combler les attentes. Schiffrin constate que la majorité des réponses découlent de la question dans son corpus et que seulement 10 % sont introduites par well, qui aurait la fonction d’introduire « le membre dissonant » de la transaction binaire.

11Il en va de même quand la réaction à une la requête s’oriente vers le refus de coopérer. Schiffrin situe well entre les marqueurs d’addition and, so et le marqueur adversatif but sur l’axe de la confirmation des requêtes : and et so donnent une suite positive à une requête, but exprime le désaccord et ferme la porte à la coopération. Well oriente la réaction vers le pôle négatif, mais il laisse croire en de meilleurs sentiments. Trois cas de figure se présentent : face à une demande d’action (Let’s go), le marqueur well se distingue de OK ou non en introduisant à sa suite un énoncé qui comporte une justification du refus ; comparons No way, I’m not going out à Well, I can’t ou Well, I’d rather stay home. Face à une demande de confirmation d’une inférence, il annonce souvent un déni d’inférence en introduisant un accord aussitôt nié par le marqueur adversatif but (So, this is how it works ? Well yeah, probably, but on the other hand…). Enfin, face à une demande d’évaluation, well signale que l’appui est mitigé : Isn’t that neat ? Well, I guess so vs. Absolutely !

12Dans le monologue à structure dialogique, well introduit un acte subordonné à un acte directeur (pour emprunter la terminologie de Roulet 1991). C’est un énoncé qui vise à réparer une incohérence dans l’énoncé que l’on vient de produire. Il consiste en quelque sorte en une « auto-réponse » du locuteur à son propre énoncé (Schiffrin, p. 123) et signale un changement d’orientation sur le plan référentiel. Le contenu propositionnel de l’acte introduit consiste en une modification ou une correction de l’énoncé préalable, réoriente la conversation ou marque le passage d’un discours descriptif ou narratif à un discours évaluatif. Il se produit également pour prendre une distance par rapport à un discours rapporté. Les locuteurs seraient plus critiques par rapport à leurs propres productions et feraient plus de reprises ou corrections que par rapport à celles de leurs interlocuteurs (p. 124), ce qu’on pourrait attribuer à une propension à adopter une attitude coopérative et conciliante à l’égard d’autrui. Dans tous les cas, well conserve la valeur fondamentale de marqueur réactif ayant pour fonction de signaler une incohérence conversationnelle face à un choix d’options dans le co-texte.

Ben’ en français

13Tout comme son comparse anglais, ben s’emploie dans les transactions et dans des monologues à structure dialogique. Dans les transactions (Bruxelles et Traverso 2001 ; Hansen 1995 ; D’Amboise et Léard 1996), ben est un marqueur réactif, il ne se trouve jamais en ouverture absolue d’échange et prend des valeurs similaires à celles que l’on a attribuées à well : il signale l’évidence ou la non-pertinence de la question en raison de carences quant à la qualité de l’information, à la validité des termes employés aux présuppositions ou au choix de réponses proposées et il tend vers la conciliation plutôt que la confrontation. Hansen (p.34) porte à notre attention le fait que ben est habituellement rétroactif, mais que la source d’insatisfaction peut parfois se trouver dans l’énoncé introduit par ben. Il est alors proactif : il signale « la non-pertinence du contenu propositionnel de l’énoncé suivant » (p.37). Autre usage peu répandu, mais attesté : ben en usage absolu signale le désir de clôture l’échange sur le thème, pouvant autant signifier l’approbation que la réprobation, selon la situation dénonciation et comme l’indiquent les propriétés prosodiques de l’occurrence.

14Bruxelles et Traverso comparent l’usage de ben dans deux situations qui prêtent tout particulièrement à la controverse : une session de travail dans une équipe de chercheurs et la négociation d’une procédure de divorce chez le notaire. Elles constatent que ben préface des réponses antinomiques de deux ordres : l’évidence, c’est-à-dire quand le récepteur conteste la pertinence de la question posée, parfois de façon lapidaire (Ah ben !), ou alors l’embarras (Ben…) si le récepteur n’est pas en mesure de donner son accord à l’orientation proposée par l’énoncé initial (50). Les auteures associent à cette deuxième valeur une réalisation phonologique marquée par l’allongement, et la cooccurrence de formules atténuantes : ben j’sais pas ; ben c’est-à-dire. D’Amboise et Léard (1996) l’attestent également en français québécois pour le ben clôturant : L0Tu viens ? L1–Ben… (‘j’hésite’) ; L0 Tu m’aimes-tu ? L1Ben ! (‘Évidemment’) (p.153).

15Le consensus autour de la valeur minimale de ben comme marqueur de source d’insatisfaction est remis en cause dans Bruxelles et Traverso qui montrent des circonstances où ben permet d’établir des accords locaux. Elles préfèrent mettre au premier plan son rôle dans la construction du flux discursif, « une valeur centrale et minimale de marquage de la construction du cheminement discursif et thématique » (p.53), se rapprochant ainsi de la fonction primaire dévolue aux marqueurs discursifs par Schiffrin. C’est au récepteur que revient la responsabilité de maintenir le flux ou de mettre un terme à l’échange. L’insatisfaction ne serait qu’un facteur contingent.

16Prenant en compte les valeurs lexicales, grammaticales et pragmatiques de ben, D’amboise et Léard vont dans ce sens, en montrant qu’il est possible d’établir un « pont [5] » entre la valeur primitive (lexicale) positive de bien et sa valeur pragmatique. Dans l’énoncé On peut bien croire ce qu’on veut, moi je m’en fous (p. 165), bien indique que le locuteur accepte le point de vue de l’interlocuteur mais que les conséquences argumentatives ne sont pas respectées. Dans cet exemple, l’accord reste mitigé, mais dans d’autres situations il n’est pas exclu qu’il soit entier : L0Tu oublies ton livre L1Ben oui, t’as raison (p. 164).

17À l’intérieur de l’intervention, well instaure une structure dialogique dans le monologue. La notion d’acte réparateur discutée à propos de well se transpose parfaitement à ben. Là encore, tous les emplois ne prennent pas leur source dans l’insatisfaction. Luzzati (1982) met en évidence la fonction de connecteur de ben qui introduit la conséquence inéluctable d’un phénomène décrit dans la structure ternaire, thème, condition, résolution : … le pain/ au moment que le blé commence le l’épi sort de la tige/ ben vous avez jamais du si bon pain que de cette période-là hein/… (p. 194). Le marqueur ne laisse pas préjuger du bonheur ou du malheur de la chose prédite. Malgré un penchant peut-être naturel à meubler la conversation de petits et grands malheurs, on peut concevoir que ben introduise la conséquence heureuse d’un événement : Si tu sélectionnes trois des cinq numéros gagnants, ben tu remportes 1000$. En comparant cette structure à la structure si P alors Q, Luzzati oppose la valeur causale de ben à la valeur temporelle de alors et met en évidence sa fonction de connecteur à valeur argumentative (p. 203). Giancarli (à paraître) lui attribue une valeur adversative faible (« une altérité faible ») par rapport à mais en vieil acadien et à but en chiac[6], en montrant que mais introduit un argument plus fort que ben dans la structure argumentative ben p mais q,q constitue l’information prépondérante (dernières pages du manuscrit). Selon Giancarli, cette altérité permettrait de dire qu’il faut prendre q en considération mais sans priver p de sa validité.

18Les valeurs lexicales, grammaticales et pragmatiques de ben et well dans leur système respectif se distribuent sur l’axe de l’adversité ayant pour pôles d’un côté, la valeur morale positive de ‘p est bien’, et à l’opposé, le rejet de p pour imposer q (mais q). Ben et well prennent les mêmes positions dans leur système respectif, ce qui est de mauvais augure pour établir une spécialisation interne.

tableau im1
Adverbe Intensifieur Marqueurs discursifs Bien/ben ben ben/well mais/but ‘bien’ vs ‘mal’ ‘très’ Modalisant Aspectuel Conséquence ± Concession => …mais/but Hésitation => Conciliation Evidence => Opposition faible Refus Opposition forte

Concomitance de well et ben en chiac

19Chevalier (2000) propose une description lexicographique de well en chiac d’après le corpus Anna-Malenfant (Gauvin et Chevalier 1994) en structurant ses différents sens selon que la portée du marqueur est proactive ou rétroactive, et selon qu’ils fonctionnent comme marqueur d’interaction, marqueur de structuration du discours (connecteur) ou marqueur d’acte illocutoire. L’ensemble des usages décrits par Schiffrin pour well en anglais sont répertoriés pour le chiac et aucun emploi original ne ressort, il ne semble donc pas y avoir eu de restructuration du sens de well suite à son emprunt par le chiac. Tout porte donc à croire que ben et well y font double emploi [7]. Les deux marqueurs commutent librement dans la plupart des contextes, mis à part l’emploi adverbial (1) [8].

(1)
tableau im2
13M on est pas sûrs d’aller à Floride là ben / mais/*well on va par su’ l’Ile [du Prince-Edward] je crois (5.229)

20Dans les transactions binaires de type question-réponse ou requête-réaction, ils introduisent tous deux le deuxième membre « dissonant » de l’échange, typiquement, la réponse à une question (2) ou la réaction à une requête (3).

21Nous catégoriserons ces emplois comme marqueurs d’interaction assurant la complétude de l’échange malgré une impossibilité d’y satisfaire entièrement. Ce sont des emplois proactifs : le locuteur signale que la réponse sera insatisfaisante. Un seul échange de type requête-réaction, est attesté dans notre corpus, il aurait tout aussi bien pu être introduit par ben.

(2)
tableau im3
a 14F chum-tu encore avec André 13M ben pas trop là b 10M penses-tu faire le même travail que ton père ou ta mère non 09M hum well peut-être
(3)
tableau im4
11 F 12F Ok, lis la question -Well [ben], c’est-tu record? [Est-ce que ça enregistre?]

22Quand ben et well ont une portée rétroactive, ce sont des marqueurs d’actes illocutoires (assertif, injonctif, interrogatif ou exclamatif). Ils introduisent la réaction du locuteur à un comportement (langagier ou autre) de l’interlocuteur jugé inapproprié, et expose la cause du désaccord. Par exemple, en (4a) l’ordre de 11F vient en réaction à un agissement inacceptable de la part de 12F. En (4b), l’assertion de 08M est un acte de reproche à l’intention de 07M qui prend à la légère une chute périlleuse en ski. Enfin, en (4c) la question de 10M signale à 09M que la réponse qu’il vient de fournir ne comble pas ses attentes. Les marqueurs d’actes illocutoires orientent l’interprétation de l’acte qu’ils introduisent dans le sens d’un reproche plus ou moins sévère. Ils prennent une valeur adversative plus forte que les marqueurs d’interactions, qui visaient à ménager la face de l’interlocuteur.

(4)
tableau im5
a 12F on a fini Madame on a fini (frappant dans la vitre de la porte pour attirer l’attention) 11F ben casse pas la fenêtre (rires) b 08M j’avais été skier dans les Rocheuses pis (.) j’ai été off un wall [je suis tombé d’un mur] pis euh 07M (rires) 08M (rires) well moi je croyais je m’avais cassé tous les os c 10M [Qu’est-ce que tu veux faire plus tard ?] 09M je t’ai dit je veux jouer dans la NHL 10M yeah ben quosse qu’arrive si ça ça work pas out (3.138)

23Dans le contexte des interventions, nos marqueurs sont des connecteurs. Ils contribuent à la structuration du discours et en marquent clairement l’orientation argumentative. Ils introduisent des actes de parole subordonnés à un acte directeur qui présente des lacunes quant à la qualité ou la quantité de l’information fournie, quant aux présupposés qu’il sollicite ou à la manière d’expression ou tout simplement quant à l’état de choses asserté. Les énoncés introduits par well ou ben sont donc des actes réparateurs comme par exemple l’explication ou la justification (5), la reformulation pour excuser un mauvais choix de terme (6) ou encore un jugement appréciatif qui vient valider l’assertion initiale (7).

(5)
tableau im6
a 14F ah // yeah chu supposée d’aller à la bibliothèque à soir je pense pas je vas y aller |L13 ah ouin | ben j’ai right i-y-a i-y-a beaucoup de tests qui s’en vient pis des examens pis faut que j’étudie (5.124) b 03F (..) pis a [ma sœur] rend quasiment jamais l’argent là L04 mm L03 well c’est à cause qu’alle a un boyfriend pis a’‘i ajète tout le temps right beaucoup de cadeaux là c’est right tannant (1.109)
(6)
tableau im7
a 04F (…) i-y-a assez d’affaires à faire à Dieppe well pas Dieppe but Moncton ouin (1.4) b 04F (…) pis je veux avoir des enfants ben je veux avoir une famille (1.31a)
(7)
tableau im8
a 04F oui i se fait payer | vraiment ben <L3> (rires) | comme mille piasses par semaine but comme / c’est pas ça fait pas trop [beaucoup] ben je vas te dire … [L4 argumente que les profits sont minimes compte tenu des frais à absorber]. b 15F moi [ma mère] a’ voulait j’aille des souliers à plat so j’ai eu des souliers well j’étais still pissed off (6.236)

24Pour terminer, les connecteurs fonctionnent également à un niveau global, c’est-à-dire qu’ils introduisent une information nouvelle (q) en réponse au bloc d’information (p) qui rassemble les conditions (p1, p2 p3 pn) nécessaires à la réalisation de (q). On rapprochera les exemples (8a-b) du schéma ternaire de la construction consécutive si P ben Q. Ils constituent en quelque sorte une demande de confirmation sur l’état des connaissances partagées entre les participants. La fonction cohésive prime ici.

(8)
tableau im9
a L03 …j’allais là une fois par semaine ça fait que / ça j’ai sauvé cet argent là je m’ai ach/ je m’ai acheté une bicyclette pis là well là quand-ce que je babysit je sauve trois quart de mon argent pis l’autre argent je sauve comme juste pour des dépenses (1.11) b [Q : où est-ce que tu restes ?] L13 ouin L14 pis là tu tournes à ta gauche L13 ouin gauche L14 pis là le cimetière L13 ouin ouin le gros gros cimetière ben c’est juste en face une rue pis / i-y-a une maison bleue là (5.303)

Les tendances sociolinguistiques

25Quels facteurs orientent le choix des locuteurs face à deux marqueurs qui partagent des contextes identiques et remplissent des fonctions identiques ? Reportons-nous aux données pour voir dans un premier temps si l’usage de ben et well ne serait pas tout simplement fonction d’une préférence de la part des locuteurs. Dans le tableau ci-dessous, les sujets sont identifiés par un numéro attribué d’après l’ordre des enregistrements. F et M indiquent le sexe du sujet. Le volet de gauche indique le nombre de mots émis par chacun, le compte des mots d’origine anglaise, le pourcentage que représentent ces mots dans l’ensemble du corpus. Le volet de droite indique le nombre d’occurrences de chaque marqueur et l’importance de l’un par rapport à l’autre en pourcentage.

tableau im10
Entrevue Sujet Corpus Anglais % Ang. “ben” “well” Total % ben % well N° 1 03F 1891 165 8,7 8 18 26 30,8 69,2 04F 1534 156 10,2 9 8 17 52,9 47,1 N°2 07M 645 69 10,7 0 7 7 0,0 100,0 08M 418 35 8,4 0 7 7 0,0 100,0 N° 3 09M 623 78 12,5 1 3 4 25,0 75,0 10M 3034 218 7,2 11 6 17 64,7 35,3 N°4 11F 1618 105 6,5 11 8 19 57,9 42,1 12F 1379 81 5,9 8 5 13 61,5 38,5 N° 5 13M 1448 67 4,6 13 4 17 76,5 23,5 14F 2161 120 5,6 18 2 20 90,0 10,0 N° 6 15F 1407 139 9,9 15 13 28 53,6 46,4 16F 1517 130 8,6 4 4 8 50,0 50,0 TOTAL 17675 1363 7,7 98 85 183 53,6 46,4

26Tous les locuteurs font usage de well, dans des proportions variables. Quatre sujets, dont trois peu loquaces, ont une nette préférence pour well : 03F, 07M, 08M et 09M. Cinq sujets utilisent majoritairement ben : 10M, 11F, 12F, 13M et 14F. La préférence est nettement supérieure chez 14F. Enfin, trois sujets n’indiquent pas de prédilection pour l’une ou l’autre forme (04F, 15F et 16F), ben conservant tout de même une légère avance sur well. Il semble y avoir une tendance parmi les plus grands adeptes de well à utiliser davantage de mots anglais que parmi les adeptes de ben, qui se situent tous sous la moyenne à cet égard. Pourtant, 04F et 15F utilisent proportionnellement davantage de mots anglais que deux des sujets qui préfèrent well (03F et 08M), et donnent tout de même une légère avance à ben.

27Cette distribution inégale laisse deviner une influence de facteurs sociolinguistiques. La taille de notre corpus et les données disponibles sont insuffisantes pour tirer des conclusions, mais une analyse multi-variationnelle de l’emploi de well suggère que l’influence ne suivrait pas une voie sociale typique : origine rurale/urbaine, sexe, même s’il y a une tendance chez les garçons à utiliser plus souvent well que chez les filles. Le changement pourrait être lié aux types de communication en français ou en anglais. Enfin, d’après les données, plus on a de frères ou de sœurs, plus on a tendance à utiliser well. Il faudrait évidemment reprendre l’étude avec une soixantaine de sujets pour pouvoir tirer des conclusions plus précises [9].

Les tendances linguistiques

28Pas moins de huit sujets font usage des deux formes dans des proportions qui justifient qu’on se penche sur les fonctions qu’elles remplissent dans la conversation et les valeurs qu’elles véhiculent. Compte tenu de leur taux d’occurrences selon les contextes, des comportements préférentiels se dessinent. Ben exerce un monopole dans la fonction de spécificateur et il conserve une avance dans le contexte monologique, où il remplit la fonction de connecteur (reformulation, justification, conséquence, opposition, alternative). Well tend à dominer dans les échanges de type question-réponse, et devance ben comme marqueur d’acte illocutoire, quoique la marge se rétrécisse. Par ailleurs, la distribution à l’intérieur des quatre catégories est plutôt inégale.

tableau im11
Les fonctions « ben » « well » Total % ben % well Spécificateur adverbial 14 0 14 100,0 0 Connecteur* 44 16 60 73,3 26,7 Marqueur d’interaction 25 49 74 33,8 66,2 Marqueur d’acte illocutoire 15 20 35 42,9 57,1 Total 98 85 183

29Comme connecteur, well apparaît peu ou pas dans les valeurs catégoriques telles l’opposition et l’alternative. Il surpasse ben dans l’expression de la conséquence, soit le contexte que nous avons identifié plus haut comme le plus susceptible de prendre une interprétation neutre ou même consensuelle, laissant à but le soin de marquer l’opposition. Il apparaît dans des contextes compatibles avec une attitude conciliante telle la reformulation et l’explication.

tableau im12
Connecteur « ben » « well » Total % ben % well Reformulation 11 7 18 61,1 38,9 Explication 11 4 15 73,3 26,7 Conséquence 3 4 7 42,9 57,1 Alternative 3 0 3 100,0 0,0 Opposition 16 1 17 94,1 5,9 Total 44 16 60 73,3 26,7

30Well devance sensiblement ben dans les transactions de type question-réponse. La marge est encore plus importante lorsqu’il marque la prise de parole par le deuxième participant, qui revendique son droit à répondre à la question du questionnaire, comme le prévoyait le protocole, d’où la catégorie « 2e réponse à la question ». Il est souvent accompagné du marqueur de positionnement énonciatif moi. La prise de parole est également souvent marquée par la formule figée moi c’est comme. Dans notre corpus, well apparaît en cooccurrence avec moi (well moi).

tableau im13
Marqueur d’interaction « ben » « well » Total % ben % well Réponse à Question 19 36 55 34,5 65,5 2e réponse à Question 5 13 18 27,8 72,2 Réaction à un ordre 0 1 1 0,0 100,0 Total 25 49 74 33,8 66,2

31Quant à la distribution moins contrastée de ben et well dans la catégorie de marqueur d’acte illocutoire, il ressort que le premier s’utilise davantage pour introduire des actes réputés menaçants pour la face (la requête et la question) alors que well préface les actes plus facilement neutre d’assertion et d’expression.

tableau im14
Marqueur d’acte illocutoire « ben » « well » Total % ben % well Assertifs 6 10 16 37,5 62,5 Interrogatifs 5 0 5 100,0 0,0 Directifs 4 2 6 66,7 33,3 Expressifs 0 8 8 0,0 100,0 Total 15 20 35 42,9 57,1

Conclusion

32Si le changement occasionné par l’emprunt de well va dans le sens de la spécialisation fonctionnelle à l’intérieur du système chiac, et que nos maigres données en indiquent la direction, il serait à prévoir que ben conservera d’autant plus son avantage sur well que la force illocutoire sera catégorique et liée à une réaction à l’évidence ou au manque de pertinence de l’acte directeur. Well marquera davantage l’hésitation, la conciliation ou même la résignation (Ah well !).

33La cooccurrence de formules atténuantes avec well et de formules plus catégoriques avec ben encourage à formuler cette hypothèse en conclusion à notre étude exploratoire. En effet ben se trouve souvent suivi d’une affirmation catégorique qui amène à la confrontation (oui ben moi P) ou signale un refus de coopérer ou l’intention de clore (ben j’sais pas !). Parfois le locuteur rejette la pertinence d’une question dont la réponse est évidente, le ton est bref (ben oui ! ; ah ben là ! des films on en a vus beaucoup) ou signale son manque d’intérêt ou d’à propos (ouin ben je voulais pas savoir). Dans le dernier exemple, le locuteur acquiesce d’abord au propos de l’autre (ouin) pour introduire aussitôt un point de vue opposé signalé par ben. À l’opposé, well peut renverser l’effet d’un refus catégorique ou une réponse négative en amenant un énoncé qui indique une attitude conciliante : L0Avez-vous rien d’autre à dire ? L1-Non. Well qu’est-ce que tu veux qu’on dise d’autre ? Ailleurs, plutôt que d’offrir une franche résistance, on affiche l’hésitation, l’ignorance ou l’indifférence par des formules peu engageantes préfacées de well ou Ah well : well j’sais pas, ouin ; Ah well, hum, j’sais pas ; Ah well, probably/who cares/whatever. Les formules comme moi je trouve ; je crois ; moi comme ; ça doit accompagnent well et non pas ben.

Bibliographie

Références bibliographiques

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Date de mise en ligne : 21/03/2014.

https://doi.org/10.3917/csl.0201.0065

Notes

  • [1]
    « Les procédés expressifs dans une situation de contact ». Dans Actes du Congrès International ‘Contact interculturels et interlinguistiques en Amérique du nord francophone’ ; organisé par la Chaire de recherche du Canada en analyse littéraire interculturelle. Jean Morency (éd.), Montréal, Editions Nota Bene. 2003.
  • [2]
    Les variétés de français parlées au Nouveau-Brunswick sont très distinctives. On les regroupe habituellement en trois zones géographiques. La population du Nord-Est, située en bordure de la mer, est francophone à 84 %. Celle du Nord-Ouest est francophone à 95 %. Enfin, la région du Sud-Est est entourée des régions fortement anglophones. Elle oppose le comté rural de Kent francophone à 78,6 % et la communauté urbaine du Grand Moncton (Dieppe-Moncton-Riverview) qui voit sa marge réduite à 42,8 % (M. Roy 1993).
  • [3]
    Un sujet se déclare « bilingue français-chiac ».
  • [4]
    Elle ne touche pas les communautés acadiennes du nord-est ou du nord-ouest du N.-B. (Chevalier 2000). Mougeon (2000) ne relève que sept occurrences chez trois sujets de son corpus de jeunes francophones de l’Ontario.
  • [5]
    Voir le modèle de description des unités à valeur grammaticale et pragmatique de Dostie et Léard (1994 ; 1996).
  • [6]
    Giancarli décrit le système des marqueurs adversatifs ben, mais, but dans le parler chiac de la région de Moncton à partir d’exemples tirés de deux entrevues du corpus de vieil acadien du Comté de Kent (N.-B.) recueilli par Péronnet (1989) auprès de locuteurs unilingues francophones d’un comté rural isolé de la « grande ville », tous âgés de plus de 65 ans, et d’un corpus de chiac de Moncton (Roy 1979). Le corpus Péronnet compte 183 occurrences de well. Peut-être ne faisait-il pas partie du système des deux locuteurs retenus par Giancarli.
  • [7]
    On peut mettre l’ensemble des contextes en parallèle à même nos données. Il n’est malheureusement pas possible de citer tous les exemples dans l’espace qui nous est imparti. Le relevé a été présenté dans Chevalier 1998.
  • [8]
    C’est l’adverbe right qui dispute ce territoire à ben : c’est ben/*well simple ; c’est ben ben simple ; c’est right simple. Soulignons que la construction right + adjectif (it’s right cold today) est un particularisme de l’anglais de l’Atlantique.
  • [9]
    Je suis reconnaissante à Wladislaw Chichocki pour avoir examiné les données et m’avoir rappelé les limites de mon corpus.
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