Philippe Brunet, professeur de grec ancien à l’université de Rouen, directeur de l’atelier de métrique grecque et latine Homeros, a procuré en 2010 une remarquable traduction de L’Iliade, publiée aux Éditions du Seuil. Depuis 25 ans, avec la troupe de théâtre Demodocos (qu’il a fondée), il s’attache à restituer la voix, la prosodie, la musique et la chorégraphie de la Grèce antique dans le rythme du français scandé ; ses spectacles font la démonstration que les mythes anciens nous parlent au plus près : les tragédies contemporaines y trouvent une résonance authentique. Bien malgré lui, l’érudit helléniste s’est trouvé mêlé au pénible épisode de l’agression subie par Les Suppliantes d’Eschyle, en mars 2019, quand des groupes racialistes interdirent par la force une représentation prévue dans un amphithéâtre de la Sorbonne, sous prétexte que les comédiennes portaient des maquillages et des masques foncés. En vain avait-il tenté de désamorcer la polémique, rappelant dans un communiqué publié deux jours plus tôt : « Le théâtre est le lieu de la métamorphose, pas le refuge des identités. »
En 2020, Philippe Brunet a réintégré la part nippone de sa généalogie, signant Brunet-Haga, dix ans après son Iliade, l’odyssée de son arrière-grand-père, venu à Berlin se procurer une machine à rayons X, et faisant Retour à Fukushima.
Dès l’incipit se mêlent les registres, les voix, les lieux, les merveilles. Aucune discrimination entre l’actuel et l’inactuel, le mythe et la géographie, le naturel et le technologique…