La mort subite fauche, brutale, sans prévenir. Elle n’est pas la mort par accident : elle survient du corps qu’elle abat, le plus souvent du cœur. Rupture soudaine, foudroiement surgi de rien qu’on aie vu venir. Subitus : venu par en-dessous, sans se faire voir, à l’improviste, par surprise.
Voici la vie subite. Elle ne prévient pas plus, elle surgit, elle bondit. Celui qui l’invente dit : la vie se lève de la vie : subite.
Ce qui succède à cette question : la vraie vie est-elle absente ?
Par ce point d’interrogation celui qui demande désarçonne ce que nous recevions comme une certitude poétique et philosophique : que nous ne sommes pas au monde mais égarés dans quelque terrain vague où nous espérons des secrets pour changer la vie.
(Quel est donc celui qui demande ? on ne parle ici que de lui. Nous le désignerons par D. – vous laissant piocher selon les cas entre Dante ou Dantès, Dichter, Dieu, Deguy, Denker, Du Bellay, Dire, Donnant… Dans tous les cas il répondra : Ce n’est pas moi – ni l’autre. La langue est le milieu de la circulation du don.)
D. met donc notre certitude au défi. Il sait qu’elle est l’assurance de la Vierge folle créée par le poète exemplaire que nous connaissons tous (c’est ce qu’il nous rappelle aussi, le récitant pour nous) et il soupçonne qu’elle est folle en effet. Qu’elle s’égare à ne pas voir que la vraie vie est là. Peut-être pas de ce monde et pourtant au monde.La vie subite est la réponse : oui, elle est là, elle surgit, elle bondit…