Rendre compte de When the Curtain Never Comes Down est une tâche redoutable, tant les ambiguïtés et contradictions des termes art brut ou Outsider Art, s’ajoutant à la complexité que revêt aujourd’hui la notion de « performance », déjouent les classifications et déstabilisent les définitions pour former un véritable labyrinthe herméneutique. Les amateurs d’art brut ne seront pas dépaysés à la lecture de la présentation de l’ouvrage par Valérie Rousseau, conservatrice à l’American Folk Art Museum et commissaire de cette exposition, qui évoque la « complète autosuffisance » du « créateur solitaire » produisant « sans guides ni références » (p. 17) des œuvres « complètement autonomes par rapport au canon artistique occidental » (p. 7). À ces rémanences romantiques d’un certain idéal de pureté esthétique et existentielle, Jean Dubuffet a donné, il y a près d’un demi-siècle, un tour hyperbolique en célébrant l’Art Brut comme cet art qui ne connaîtrait pas son propre nom : vouloir en fixer la définition, pour Dubuffet, ne pouvait qu’entrer en contradiction avec l’esprit d’ouverture artistique que lui-même préconisait. Préfaçant L’Art Brut de Michel Thévoz, en 1976, Dubuffet affirme qu’aucune définition ne peut s’appliquer à l’ensemble des œuvres regroupées sous ce label. Chaque création reflète une attitude mentale et un univers personnel singuliers. Entre ces œuvres, le seul point commun est de renvoyer à un art qui existe en dehors et aussi loin que possible des courants culturels : elles s’affichent radicalemen…