Comment transformer un Jardin désespérant en jardin des Hespérides ? Pourquoi multiplier les éléphants – et les livres – comme des petits pains ? Qu’est-ce qu’une bonne littérature et – pour le dire avec Sartre – qu’est-ce que la littérature ? Ces questions et bien d’autres encore, Chevillard les pose et les repose, confondant les spécialistes, ravissant ou agaçant ses lecteurs.
Depuis plus de trente ans, il investit les genres les plus divers, du roman au blog en passant par les albums pour enfants et les chroniques du Monde des livres – qui viennent de paraître aux Éditions La Baconnière. Or, en dépit de toute l’attention que lui accordent les universitaires et des polémiques médiatisées auxquelles il prend part, cet auteur prolifique demeure une énigme. À coup sûr original, peut-être abscons, volontiers mordant, Chevillard fait œuvre à part : œuvre pugnace, intraitable, qui revigore l’art d’une critique combattante et souveraine, marchant bord à bord avec la fiction. Car chez lui, la critique n’est pas l’objectif visé par l’écriture, elle est son principe actif, son moteur le plus sûr.
À l’évidence, la critique est un exercice auquel Chevillard excelle ; mais quels sont ses critères de jugement ? Comment déterminer la valeur d’une œuvre, d’un écrivain ? Le critique ne peut manquer de trancher en fonction de ses goûts. Chevillard le fait avec une acuité, un humour, une cruauté parfois, dont nous avions perdu l’habitude. Se frayant un chemin parmi les évidences et les lieux communs qui encombrent la littérature contemporaine, il n’est jamais manichéen…