L’ ouvrage de Giorgio Agamben De la très haute pauvreté est constitué de trois parties : « I. Règle et vie », « II. Liturgie et règle », « III. Forme-de-vie ». Les parties I et II fonctionnent de conserve, tandis que la partie III se singularise : « Si l’on ne peut comprendre la forme de vie monastique [I] qu’en contrepoint fidèle au paradigme liturgique [II], l’expérience peut-être cruciale de notre recherche ne pouvait, cependant, que s’appuyer sur l’analyse des mouvements spirituels des xiie et xiiie siècles qui culminent dans le franciscanisme [III] » (p. 9). L’ auteur prend soin de signaler qu’il y a des prémisses de forme-de-vie dans la règle et des vestiges de règle dans la forme-de-vie, mais la distinction entre les deux entités n’est pas qu’une facilité d’exposition : « Peut-être pour la première fois, ce qui était en question dans ces mouvements [ceux décrits par Herbert Grundmann dans Religiöse Bewegungen im Mittelalter], ce n’était pas la règle, mais la vie » (p. 126) ; « Ce qui restait impensé était précisément l’aspiration originelle qui avait conduit les mouvements à revendiquer une vie et non une règle » (p. 127). L’ antinomie règle/forme-de-vie est plus qu’une affaire de composition. Elle dicte l’intrigue du volume, en constitue le ressort. Sans elle, rien ne tient, rien ne va.
*De la très haute pauvreté repose sur une aporie. L’ auteur omet de signaler que la constitution 13 du concile de Latran IV (1215) enjoignit : « De peur que l’excessive diversité des religions …