Ce livre raconte l’émergence du pouvoir exécutif moderne. Il décrit, de la IIIe République au début de la Ve République gaullienne (1958-1962), le passage d’un système où le Parlement dominait à celui où le pouvoir exécutif le remplace en tant que pouvoir prédominant. « La force de gouverner » est l’expression forgée par l’auteur pour qualifier ce changement. Elle désigne la solution institutionnelle qui impose la priorité de « la stabilité et de l’autorité du Gouvernement » et rejette « au second plan l’ancienne idée de la politique tirée du suffrage universel » et dont le Parlement est le lieu d’exercice. Il s’agit, en somme, de mettre en lumière le passage de « la République du Parlement » à la « République du Président ». Nicolas Roussellier entend démontrer le caractère paradoxal d’une telle ascension du pouvoir exécutif au regard de la pensée républicaine qui le rejetait comme synonyme de pouvoir monarchique ou impérial. Dans ce livre qui fera date, il s’efforce de comprendre comment ce qui suscitait l’aversion des Pères fondateurs de la IIIe République est devenu quasi-normalité avec la « démocratie exécutive » de la Ve République.
On dira peut-être qu’une telle thèse n’a rien d’original puisque, dans toutes les grandes démocraties occidentales, le pouvoir exécutif est devenu le pouvoir dominant depuis au moins la fin de la Seconde Guerre mondiale. La France ne ferait donc pas exception. Pourtant, la spécificité hexagonale tient au fait que, sous la Ve République, le pouvoir exécutif est représenté par le Président de la République, chef de l’État…