Jeu et technique corporelle, métier, performance, amateurisme, geste individuel ou geste collectif : le sport pose d’emblée des problèmes de définition. Comment celle-ci peut-elle être suffisamment consistante et élastique pour couvrir la multiplicité des pratiques et l’extension continue du domaine de la compétition sportive ? Comment, par exemple, rendre compte de la part respective de la performance humaine et animale dans un sport comme l’équitation, ou bien, dans un autre registre, la part de l’homme face à l’importance grandissante des simulations informatiques, dans les courses automobiles de Formule 1 ? L’introduction à un ouvrage collectif récent de philosophie du sport souligne qu’en France, la littérature et surtout la philosophie se sont moins souvent emparées de cet objet que la psychologie, la sociologie, l’anthropologie ou les sciences de l’éducation. Que le sport se diffracte à travers ces différentes approches, cela renvoie sans doute à sa complexité singulière. Une des difficultés de son étude tient à ce qu’il se présente d’emblée sous les traits d’un hybride, ce qui ne permet pas, comme il serait pourtant tentant de le faire, de reconduire certaines distinctions classiques de la philosophie : entre théorie et pratique, entre expériences vécues et rapportées, entre le réel et sa représentation. Tous ces dualismes tendent à nous détourner de sa caractéristique principale, à savoir que le sport nous apparaît à travers des médiations, qu’il s’agisse de la structure même du stade, des images télévisuelles de retransmissions sportives et de leurs cadrages, des commentaires sportifs ou encore des extraits de matchs ou des compilations de gestes postés sur le site internet YouTube, des descriptions et récits journalistiques ou bien des statistiques amplifiées par les outils numériques…