À la fin du xixe siècle, l’évolution des espèces était pensée sur le modèle de l’embryogenèse – du développement de l’embryon. En témoigne la « loi biogénétique fondamentale » énoncée par Haeckel en 1866 : « L’ontogenèse [développement des individus] est une courte récapitulation de la phylogenèse [évolution des espèces]. » La situation a radicalement changé dans les trente premières années du xxe siècle : la (re)découverte des lois de Mendel, mettant en évidence l’existence de facteurs biologiques de l’hérédité (les gènes*), a fait de la génétique (science de l’hérédité et de la transmission des caractères héréditaires), la discipline phare de la biologie. Par le relais de la génétique des populations – discipline développée à partir des années 1920, appliquant les principes fondamentaux de la génétique à l’échelle de populations entières –, une synthèse entre génétique et évolution a progressivement été réalisée, donnant naissance à la « théorie synthétique de l’évolution » (ou Synthèse moderne). Selon ce nouveau paradigme de la théorie de l’évolution, celle-ci n’est plus envisagée comme la transformation d’individus isolés (et ne peut donc pas reproduire l’embryogenèse), mais comme celle de groupements d’individus d’une même espèce, les populations. Au sens premier, l’évolution a lieu quand la fréquence d’une version d’un gène appelée allèle (ou de plusieurs allèles) est modifiée. Dans une telle conception de l’évolution, les modifications de l’ensemble des caractères observables (le phénotype…