Notes
-
[1]
Voir Louis Goffin, Les sidérurgistes belges de la Province de Luxembourg, Etude sociographique, Arlon, F.U.L., 1974, 105 pages.
-
[2]
Sur l’histoire de l’usine d’Athus et la mentalité de ses travailleurs, voir Louis Goffin, Mentalités de sidérurgistes en milieu rural. Le cas d’Athus et du Sud-Luxembourg belge, Edition universitaires, F.U.L., 1979, 240 pages.
-
[3]
Norbert Von Kunitzki, Problèmes de politique régionale. La reconversion économique du triangle lourd, Luxembourg, Editions d’Letzeburger Land, 1979, p.17.
-
[4]
Les pourcentages sont calculés chaque fois par rapport à la production française de l’année considérée. A la lecture de ce tableau, on peut constater :
- qu’il y a eu, en France, une augmentation très nette de la production de 1965 à 1970, une année record en 1974, puis une diminution importante qui ramène la production de fonte et d’acier au niveau de celle de 1970, mais qui demeure nettement supérieure pour la production de laminés ;
- par rapport au volume de la production nationale, que la production de l’Est perd de son importance dans les trois secteurs où elle ne représente plus la la moitié de la production nationale ; le taux de diminution, par rapport à 1965, est de 37 % pour la fonte, 33 % pour l’acier et de 31 % pour les produits laminés ;
- que le bassin de Longwy a connu une évolution moins favorable encore que la région de l’Est considérée dans son ensemble. Ainsi, le taux de diminution pour la fonte, toujours par rapport à 1965, est de 58 %, pour l’acier il est de 52 % et pour les produits laminés, il est légèrement moins important, soit 42 %. Donc, la part du bassin de Longwy, dans la production de fonte, est tombée à moins de la moitié de ce qu’elle représentait dans le volume national en 1965 dans la production d’acier, de 17 % à 8 % du volume national et dans la production de laminés, de 18 % à 10 % du volume national. On peut en conclure que le bassin de Longwy a été vraiment le plus touché par la récession de la sidérurgie.
-
[5]
M.M.R.-A. : uniquement l’effectif de la sidérurgie, à l’exclusion des minières dont le nombre de travailleurs a évolué ainsi :
-
[6]
Voir Louis Goffin, Les sidérurgistes belges de la province de Luxembourg, op.cit. p.12 à 16.
-
[7]
Voir Louis Goffin, Les sidérurgistes belges de la province de Luxembourg, op.cit. p.39 à 50.
-
[8]
Voir notre précédente étude, op.cit., p.52.
INTRODUCTION
1Coincée entre les frontières française et grand-ducale, une région a vécu et vit encore, quelque peu, de la sidérurgie. Pendant plus d’un siècle, les usines du bassin lorrain français et de ses extensions grand-ducales et belges ont drainé une partie importante de la population active, non seulement des agglomérations industrielles d’Athus, Aubange, Halanzy ou Musson, mais aussi de nombreuses localités situées au sud d’une ligne allant de Bastogne à Florenville, via Neufchâteau.
2Une précédente étude menée en 1973 [1] montrait qu’à ce moment, les 5.484 sidérurgistes, de nationalité belge, domiciliés dans la province de Luxembourg, formaient 27,8 % de la population active masculine belge de l’arrondissement d’Arlon, 16,06 % de celle de l’arrondissement de Virton et 23 % de l’ensemble des deux arrondissements. Ce pourcentage atteignait près de 50 % dans la région industrielle de l’extrême Sud-Est. Dans cette région, appelée aussi des "Trois Frontières", la vie commerciale, culturelle, administrative, était en étroite dépendance de l’activité industrielle sidérurgique d’Athus-Rodange, de Longwy, de Differdange ou d’Esch-sur-Alzette.
3Depuis 1973, la situation a bien évolué, la crise mondiale de la sidérurgie a durement frappé les usines du bassin transfrontalier. Certaines, comme Athus [2], ont totalement arrêté, d’autres ont fermé une partie de leurs installations ou procédé à des rationalisations d’activités, mais surtout sévissent d’importantes réductions de personnel.
4Sans doute, est-ce le Sud-Luxembourg belge qui a payé le tribut le plus lourd à la crise de la sidérurgie, car outre l’emploi que représentait l’usine belge d’Athus, c’était des milliers de frontaliers qui allaient en France et au Grand-Duché travailler dans les hauts fourneaux, les aciéries, les laminoirs.
5Qu’en est-il aujourd’hui, en ce début 1981 ?
6Le présent Courrier a pour objet de faire le point sur l’état de la sidérurgie transfrontalière, ses conséquences sur l’emploi, ses perspectives à moyen terme, et plus particulièrement son incidence sur le Sud-Luxembourg belge. Des comparaisons avec les situations antérieures montrent le caractère dramatique de l’évolution, mais la carcasse métallique de l’usine d’Athus, livrée aux ferrailleurs, ne doit pas faire oublier que vivent encore dans la région des sidérurgistes en activité.
7Dans ce Courrier Hebdomadaire, nous distinguons trois entités sidérurgiques :
I – LA CONJONCTURE DE L’ACIER ET LE RETRECISSEMENT DU MARCHE
8Pour comprendre la crise de la sidérurgie régionale, il faut la situer dans son contexte, qui est mondial.
9Si la production mondiale d’acier a augmenté de plus de 30 % dans la dernière décennie, ce phénomène est attribuable aux pays plus récemment apparus sur le marché de l’acier, notamment aux pays en voie de développement, comme le montre le tableau ci-dessous. Des pays comme le Vénézuela, le Brésil, Taiwan, la Corée du Sud, ont enregistré en cinq ans des progressions parmi les plus spectaculaires.
Production d’acier par pays, en 1980
Production d’acier par pays, en 1980
10L’histoire économique récente nous apprend que durant 25 ans, de 1948 à 1974, la sidérurgie occidentale a connu un développement prodigieux en raison d’une demande énorme d’acier. Celle-ci émanait :
- des pays occidentaux eux-mêmes, occupés à réparer les dégâts dûs à la guerre, puis réalisant la modernisation ou le remplacement de l’équipement domestique traditionnel, créant enfin de grandes infrastructures publiques ;
- des pays en voie de développement, qui, avec l’aide des premiers, ont réalisé les prémisses de leur industrialisation et de leur urbanisation.
11En conséquence, et ce fut particulièrement vrai dans la région qui nous concerne, la sidérurgie a attiré la main-d’œuvre, lui octroyant des salaires toujours plus élevés alors que le coût de l’acier évoluait très peu. Mais, en même temps, elle a empêché la diversification industrielle et retardé le transfert de population active vers d’autres secteurs de l’économie.
12Pendant ce temps, les progrès de la recherche technologique vont permettre l’introduction de l’automatisation (électronique et informatique) et de procédés de fabrication nouveaux qui augmentent la capacité de production et diminuent les besoins en main-d’œuvre. En outre, les progrès de la construction navale, de la capacité des installations portuaires, des techniques de chargement et déchargement ont rendu l’industrie sidérurgique plus indépendante de la proximité des matières premières et enclenché un processus de "maritimisation" de la sidérurgie.
13Mais, à cause de la permanence de la haute conjoncture, on renouvelle peu les anciennes entités sidérurgiques, jugeant inutile de trop y investir parce qu’elles sont utilisables comme telles pour satisfaire la demande toujours croissante. Si la capacité technologique et financière de moderniser la sidérurgie est sous-utilisée en Europe occidentale (sauf en Allemagne, qui fut obligée de reconstruire), en revanche, une sidérurgie moderne se constitue ailleurs ; d’abord au Japon (qui dès 1964 devient le troisième producteur mondial), puis en Amérique latine, en Australie, dans les pays méditerranéens, et, plus récemment, en Asie et en Afrique.
"Il eût sans doute mieux valu que la conscience de l’infériorité fondamentale de la sidérurgie européenne (et américaine) par rapport aux nouveaux venus éclatât à un moment où, financièrement du moins, les sociétés occidentales avaient des moyens largement supérieurs à ceux de leurs concurrents nouveaux et japonais notamment. Malheureusement, la haute conjoncture cachant la réalité, ce n’est que lors des récessions que le retard de la sidérurgie européenne apparut ; encore est-il vrai que cette dernière ne prêta pas assez attention aux deux avertissements (très brefs) que lui donnaient les récessions de 1967 et 1972. Ce fut la crise du pétrole de 1973 qui entraîna, avec un décalage d’un an, la grande crise de la sidérurgie de fin 1974" [3].
15L’introduction sur le marché mondial de nouveaux producteurs sidérurgiques, l’explosion du prix du pétrole et le renchérissement du prix des autres matières premières (fer et charbon notamment), la stagnation relative de la demande intérieure, le protectionnisme de certains pays (tels les U.S.A.) et le dumping des prix pratiqué par d’autres (tels l’Italie), la nécessité d’une plus grande productivité en intégrant les progrès de la recherche technologique, la dépendance de l’extérieur pour les approvisionnements en matières premières, à l’exception du charbon anglais et allemand et du fer lorrain, mais de qualité médiocre, sont autant de facteurs conjoncturels et structurels cumulés au désavantage de la sidérurgie régionale. Elle fut donc obligée de sacrifier à des rationalisations draconiennes, avec fermeture d’usines jugées désuètes et abandon de projets d’installations nouvelles.
16Le proche avenir n’est pas plus réjouissant puisque, selon les prévisions de l’Arbed, en 1983, il subsistera encore dans la Communauté économique européenne une offre excédentaire de 55 millions de tonnes (contre 66 millions en 1979). La demande intérieure ne progressant pas beaucoup (hypothèse d’une croissance moyenne de 2,6 % par an), il faudra exporter davantage, à des prix très compétitifs, des produits finis plus élaborés que des simples laminés traditionnels.
17Or, actuellement, notre sidérurgie régionale n’a pas de grandes possibilités d’exportation hors C.E.E. A titre d’illustration, la destination des ventes de l’Arbed en 1980 se situait pour :
II – L’EVOLUTION DE LA PRODUCTION REGIONALE
1 – Dans les usines luxembourgeoises de l’Arbed
Production de l’Arbed (en millions de tonnes)(1)
Production de l’Arbed (en millions de tonnes)(1)
(1) Production globale, tous procédés de fabrication …18La lecture de ce tableau montre que de manière générale, la production des usines luxembourgeoises de l’Arbed s’est bien maintenue, ne concédant, par exemple au niveau de la production de fonte, qu’un écart de -22 % par rapport à l’année record 1974, et un écart de -15 % au niveau de la production d’acier.
2 – Le bassin de Longwy
19Le bassin de Longwy fait partie de la région sidérurgique dénommée "Est". Cette dernière se compose de trois principaux bassins qui regroupent les grands centres de production de fonte et d’acier :
- le Bassin de Thionville, avec les vallées de l’Orne et de la Fensch ;
- le Bassin de Nancy, avec Pont-à-Mousson, Pompey et Neuves-Maison ;
- le Bassin de Longwy, avec les vallées de la Chiers et de l’Alzette.
20Le tableau suivant montre l’évolution comparative de la production du bassin de Longwy, par rapport à la région de l’Est d’abord, par rapport à la France, ensuite.
Production du Bassin de Longwy (en milliers de tonnes) [4]
Production du Bassin de Longwy (en milliers de tonnes) [4]
3 – La métallurgique et Minière Rodange-Athus "M.M.R.-A."
21C’est en mars 1973 qu’il a été fait apport de la division Athus de Cockerill à la Métallurgique et Minière de Rodange, qui adopta alors sa dénomination actuelle.
22En 1973, la production d’acier d’Athus était légèrement inférieure à celle de Rodange, mais elle représentait 4 % de la production belge et près de 15 % de la production du bassin de Longwy.
23Le tableau ci-dessous donne les chiffres de production de la nouvelle unité.
Production de la M.M.R.-A. (en milliers de tonnes)
Production de la M.M.R.-A. (en milliers de tonnes)
24Après une année record en 1974, la chute fut brutale en 1975 dans tous les secteurs (-45 %). En 1977, au moment de la fermeture du siège d’Athus, la production d’acier était tombée de 50 % par rapport à 1974.
25Dès 1975, la production de fonte fut ralentie à Athus et les hauts fourneaux (il y en avait 4) ont été définitivement arrêtés le 23 décembre 1976. Ceux de Rodange ont été arrêtés deux ans plus tard, fin 1978 Quant à l’aciérie, elle a cessé son activité le 29 septembre 1979. Ce sont les usines de l’Arbed qui fournissent à Rodange les produits semi-finis à relaminer dans un des trois trains, à rails, ronds et profilés.
III – LA RATIONALISATION DE L’APPAREIL DE PRODUCTION
1 – Dans le bassin de Longwy
26La sidérurgie du Bassin de Longwy était (et est encore) constituée des entités suivantes :
- L’usine de la Société des Hauts Fourneaux de la Chiers, à Longwy : cette société a fusionné en 1976 avec les Forges de Châtillon-Commentry-Biache pour constituer la Compagnie industrielle de Chiers Châtillon. Cette fusion a été suivie en 1977 par une offre publique d’échange lancée par la Compagnie industrielle de Chiers Châtillon sur les actions de la société Aciéries et tréfileries de Neuves-Mai-sons-Châtillon. La Compagnie industrielle de Chiers Châtillon, devenue une société holding suite à la constitution de trois filiales industrielles (société sidérurgique Châtillon Neuves Maisons, Société des aciers spéciaux de la Chiers et Société des tréfileries et câbleries Chiers-Châtillon-Gorcy) a pris en 1977 la dénomination de Chiers Châtillon. En avril 1979, la Société sidérurgique Châtillon Neuves Maisons a été reprise par Usinor après arrêt des activités à l’exception de l’agglomération. En août 1980, l’activité d’agglomération était elle aussi stoppée ;
- L’usine des forges de la Providence, à Rehon, devenue une division de la société Cockerill-Ougrée-Providence, a été cédée en octobre 1979 avec effet au 1er mai 1979, à la société française Usinor Cette opération a achevé le regroupement, au sein de la division "produits longs" d’Usinor de l’ensemble des installations sidérurgiques du bassin de Longwy ;
- Les usines de Mont-Saint-Martin, appartenant aux Aciéries de Longwy, et celles de Senelle-Longwy S.A. appartenant à la Métallurgique Senelle-Maubeuge, ont été réunies au sein de Lorraine-Escaut. Cette dernière a été intégrée en 1966 à Usinor. Ces usines sont dénommées Usinor-Longwy ;
- L’usine de Micheville à Villerupt, après avoir appartenu au groupe De Wendel-Sidelor, a été intégrée à Sacilor en 1968. En 1974, une société nouvelle, Société des Laminoirs de Villerupt "S.L.V." a repris une partie des activités (laminoirs). La dernière installation à fonctionner, l’agglomération, a été arrêtée à la fin de 1980 ;
- L’usine des Forges de Saulnes et Gorcy. Cette société, issue du rapprochement des sociétés Forges de Saulnes et Société métallurgique de Gorcy, a constitué en 1968 avec les Hauts-Fourneaux réunis de Saulnes et Uckange, la Société des tréfileries de Châtillon Gorcy. Cette dernière société a fait apport fin 1977 de la totalité de son actif industriel. L’Atelier-Fonderie de Gorcy (AFG) est issu de la société Fonderie de Gorcy qui a déposé son bilan en 1979, elle-même issue des Forges de Saulnes et Gorcy.
27Toutes ces modifications, intervenues surtout depuis 1965, ont entraîné les fermetures et suppressions des installations suivantes :
- 1968 : fermeture de l’usine de Saulnes, sauf le four électrique ;
- 1968 : fermeture de l’usine de Villerupt des Fonderies de Pont-à-Mousson ;
- 1973 : arrêt à l’usine de Micheville, sauf l’agglomération et une partie des laminoirs ;
- de 1976 à 1979 : arrêt progressif de l’usine de la Chiers ;
- de 1978 à 1980 : arrêt des aciéries Thomas, des anciennes O.B.M. à Rehon et Longwy, ainsi que de plusieurs hauts fourneaux.
28Bien que le diamètre au creuset des hauts fourneaux récents soit plus grand, ce qui fausse quelque peu les éléments de comparaison avec des situations précédentes, la variation du nombre de hauts fourneaux dans les dernières années reste indicative. Ainsi, en 1965, il y avait 22 hauts fourneaux dans le bassin de Longwy, pour 94 en France, dont 64 situés dans l’Est ; ce nombre est tombé à 14 en 1976 et aujourd’hui, il n’en reste plus que 3 en activité.
29Le siège Longwy d’Usinor dispose des installations suivantes : à Mont-Saint-Martin : 2 bandes d’agglomération ; à Longwy : 2 hauts fourneaux, 1 aciérie O.B.M. (2 convertisseurs), appelée à disparaître, 1 blooming, traitant environ 600.000 tonnes d’acier par an, 3 trains finisseurs : train à tôles fortes, trains à fils, train universel (produits longs : poutrelles, etc.), et diverses installations annexes (dresseuses, torsadeuses,…).
30Le siège Rehon d’Usinor possède 1 bande d’agglomération, 2 hauts fourneaux, un seul en activité en ce début 1981, 1 aciérie O.L.P., avec trois convertisseurs et une capacité de production de 1.850.000 tonnes par an, 1 four électrique, 1 blooming, traitant environ 400.000 tonnes d’acier par an, 1 train à feuillard. En avril 1981, a débuté à Rehon, la fabrication d’aciers de qualité selon une technique dite de "métallurgie en poche", c’est-à-dire par addition d’éléments nobles (nickel, chrome, cobalt, ferro-manganèse, ferro-silicium, etc.) dans la poche de coulée, plutôt que lors de l’élaboration de l’acier. La capacité de production est de 4 à 500.000 tonnes par an.
31La Société des Laminoirs de Villerupt (S.L.V.) dispose d’un four électrique et d’un train à rails.
32Les Hauts Fourneaux réunis de Saulnes et Uckange façonnent dans leur usine de Saulnes des fontes électriques à partir de fontes d’affinage ou de moulage.
33Parmi les sociétés directement liées à la sidérurgie et considérées comme industries de première transformation, citons les tréfileries et câbleries de Chiers-Châtillon-Gorcy dont l’usine de Gorcy fabrique des produits tréfilés à partir du fil acheté à Usinor-Longwy ; l’Atelier-Fonderie de Grocy qui élabore des produits de fonderie de deuxième fusion ; l’Usine de laminage de Gorcy-Laroche (filiale de Saulnes et Gorcy) ; l’Usine de tubes Valexy, à Lexy ; la société industrielle d’Herserange (S.I.H.), qui fabrique de l’électricité à partir du gaz récupéré des hauts fourneaux et de combustibles d’appoint ; et la Centrale pour la production d’oxygène sidérurgique (C.O.S.), à Herserange.
2 – Dans les usines luxembourgeoises de l’Arbed et de la M.M.R.-A.
34Pendant la dernière décennie, l’Arbed a poursuivi le programme de modernisation et de rationalisation de son appareil de production sidérurgique. Ce processus a entraîné la construction et la mise en service d’installations nouvelles (par exemple : les deux bandes d’agglomération et le haut fourneau C. avec un diamètre au creuset de onze mètres, à Esch-Belval, l’aciérie LD-AC à Differdange, le blooming au train Grey à Differdange, la construction de deux machines à coulée continue, remplaçant les bloomings à Esch-Schifflange) et l’apport de multiples améliorations aux installations anciennes. A titre d’illustration, on notera que l’Arbed, en 1977, a investi près de 3 milliards de Flux et près de 5 milliards de Flux en 1978 dans ses usines luxembourgeoises, pour porter ses installations le plus rapidement possible au niveau technique requis pour demeurer compétitif.
35Cette restructuration a eu aussi pour effet l’arrêt d’installations à productivité insuffisante :
- dès avant 1978, ont été arrêtés ou détruits dix hauts fourneaux de trop faible performance, toutes les aciéries Thomas, et, dans le domaine des laminoirs, le train VII à Esch-Belval ;
- en 1978, arrêt temporaire de la chaîne d’agglomération et d’un haut fourneau supplémentaire à Differdange, ainsi que du train moyen et des petits trains, marche à un seul haut fourneau à Dudelange, arrêt complet des activités sidérurgiques à Dommeldange (fermeture de la forge et de la fonderie).
36L’Arbed achève son plan de rationalisation qui, en comparaison avec la situation de 1978, ramènera ses agglomérations de 5 à 3, ses hauts fourneaux de 9 à 4, ses aciéries de 9 à 5, ses bloomings et trains à billettes de 12 à 5, ses laminoirs finisseurs de 17 à 11.
37En ce qui concerne la Métallurgique et Minière de Rodange-Athus, il faut rappeler la fermeture des installations situées sur le site d’Athus, y compris l’agglomération, le moulin à scories et la torsadeuse, ainsi que l’arrêt de la phase liquide à Rodange (fermeture des hauts fourneaux et de l’aciérie). Sont seules maintenues des activités de relaminage à partir de demi-produits (blooms) fournis par les autres usines de l’Arbed et réchauffés dans un four à longerons dont la construction a commencé en mai 1979 et dont la mise en service a été effectuée en mars 1980.
IV – L’EMPLOI GLOBAL DANS LA SIDERURGIE REGIONALE
1 – Dans le bassin de Longwy
38La sidérurgie française occupait, en 1965 : 165.440 personnes ; en 1974 : 157.629 personnes ; en 1979 : 120.325 personnes (soit 67 % du chiffre de 1974). Dans le même temps, l’Est sidérurgique occupait 80.618 personnes en 1974 et 56.364 en 1979, c’est-à-dire 69,9 % du chiffre de 1974.
39La diminution est donc plus nette dans l’Est que dans l’ensemble du pays. De plus, la population sidérurgique dans l’Est est, en moyenne, plus âgée que dans le reste du pays, la tranche des 40 à 59 ans étant nettement plus fournie.
40Le Bassin de Longwy a été particulièrement touché, comme l’indique le tableau 5 ci-après :
Evolution de l’emploi dans le Bassin de Longwy(1)
Evolution de l’emploi dans le Bassin de Longwy(1)
(1) Ces dépendances sont les usines de premières transformations de l’acier (tubes, câbles, …) et de production de gaz et d’oxygène.41On constate donc une diminution d’effectifs de plus de 63 % par rapport à 1965 et de plus de 48 % par rapport à 1974, dans les usines sidérurgiques exclusivement.
42Voici les effectifs des différentes usines au 31 décembre 1980 :
43a) Usines sidérurgiques :
- Sacilor, agglomération de Micheville (mais arrêt définitif fin 1980) … | 50 |
- Hauts fourneaux réunis de Saulnes et Uckange, Usine de Saulnes … | 28 |
- Usinor : usine de Longwy … | 5.081 |
usine de Rehon … | 2.743 |
Société des Laminoirs de Villerupt … | 623 |
44b) Usines de première transformation :
- Tréfileries et Câbleries de Chiers-Châtillon-Gorcy : Usine de Gorcy … | 543 |
- Laminage de Gorcy-Laroche… | 88 |
- Valexy : Usine de Lexy … | 614 |
- Atelier - Fonderie de Gorcy … | 200 |
45c) Autres installations :
- Société Industrielle d’Herserange … | 109 |
- Centrale pour la production d’oxygène sidérurgique à Herserange … | 22 |
46Fin 1981, ne subsistera comme sidérurgie que la société Usinor avec deux sièges ; les prévisions en matière d’emploi sont les suivantes :
- à Longwy, 4.307 personnes (3.046 ouvriers, 1.181 employés et agents de maîtrise, 80 ingénieurs et cadres) ;
- à Rehon, 2.422 personnes (1.760 ouvriers, 613 ouvriers, techniciens, agents de maîtrise, 49 ingénieurs et cadres).
47Le total des travailleurs atteindrait 6.729 personnes, soit une diminution de 21 % par rapport à l’effectif occupé fin 1980.
2 – Dans les usines luxembourgeoises de l’Arbed
48Voici le tableau reprenant le personnel occupé dans les divisions luxembourgeoises de l’Arbed, de 1970 à 1980, situation arrêtée chaque année au 31 décembre.
Personnel des usines luxembourgeoises de l’Arbed
Personnel des usines luxembourgeoises de l’Arbed
49Il faut remarquer que la réduction de l’effectif de 25,5 % (contre 48 % dans le Bassin de Longwy) par rapport à l’année 1974, s’est opérée non par des licenciements ou un recours au chômage partiel, mais par un arrêt de l’embauche et un non-remplacement des départs naturels.
50Précisons, enfin, qu’une Division Anti-Crise (D.A.C.) a été constituée en 1975 avec pour mission de reclasser le personnel devenu indisponible à la suite des mesures de rationalisation, en recherchant des emplois nouveaux tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la société et notamment sur les chantiers de construction d’installations nouvelles. En 1978, par exemple, 54 % de l’effectif de la D.A.C. avaient été occupés sur les chantiers de construction dans les usines mimes de l’Arbed, 21 % avaient été reclassés à l’intérieur de la société et 15 % seulement avaient été placés auprès de filiales et de firmes étrangères au groupe.
3 – A la Métallurgique et Minière de Rodange-Athus
51Rappelons, pour mémoire, l’évolution parallèle de l’effectif des deux usines.
Evolution des effectifs à la M.M.R.-A. [5]
Evolution des effectifs à la M.M.R.-A. [5]
52On constate, qu’après l’année exceptionnelle de 1974, la diminution d’effectifs atteignait 12 % fin 1976, soit avant l’arrêt d’Athus ; l’année de cet arrêt (1977) voit l’effectif tomber de près de moitié. Mais depuis, la chute s’est poursuivie : -34 % par rapport à l’effectif de 1978, telle était la situation fin 1980.
53De 1974 à 1980, la comparaison avec les autres bassins sidérurgiques s’établit comme suit au point de vue du taux de réduction de l’effectif :
- Bassin de Longwy … | - 48 % |
- Usines luxembourgeoises de l’Arbed … | - 25,5 % |
- M.M.R.-A… | - 65,3 % |
54L’effectif global (1.811 personnes au 31 décembre 1980) de la M.M.R.-A. se répartit en 1.386 personnes au travail dans l’usine (1.054 ouvriers et 332 employés) et 425 personnes occupées à la Division Anti-Crise (376 ouvriers et 49 employés).
55Au niveau global de l’Arbed, il est prévu que le rythme de réduction des effectifs sera de 5 % par an jusqu’en 1983, pour aboutir à un effectif total de ± 16.500 personnes, y compris Rodange (M.M.R.-A.).
56Les effectifs se répartiraient comme suit :
Belval | : | 5.348 |
Differdange | : | 4.473 |
Schifflange | : | 2.126 |
Dudelange | : | 1.874 |
Rodange | : | 1.250 |
Dommeldange | : | 559 |
Mines Lux. | : | 254 |
Administration centrale | : | 616 |
V – L’EMPLOI FRONTALIER
1 – Effectif des résidents en Belgique
57L’emploi frontalier dans le Bassin de Longwy et dans les usines grand-ducales se présente comme suit, à la fin de l’année 1980 :
Effectif global des frontaliers — par usines (31 décembre 1980)
Effectif global des frontaliers — par usines (31 décembre 1980)
58La lecture de ce tableau appelle évidemment des remarques importantes :
- Les Belges frontaliers travaillant en France étaient encore 1.313 au 31 décembre 1973. Ils étaient 669 au 31 décembre 1979 et 462 en fin 1980. Leur effectif a connu donc une diminution de 65 % en 7 ans. Rien que dans les six derniers mois, cet effectif a régressé de 20 %. Fin 1965, le nombre des ouvriers belges frontaliers atteignait 2.200 personnes. Nombre auquel il faudrait ajouter ± 300 collaborateurs et cadres ;
- En 1960, le nombre global de frontaliers belges et étrangers résidents en Belgique, travaillant en France, avait été établi à 3.748 [6]. Il est, 20 ans après, de 604 personnes, soit 16 % du total de cette époque. On remarque aussi que dans les usines grand-ducales, les frontaliers non belges représentent 16 % du total frontalier, tandis que dans les usines françaises, la proportion est de 23,5 % ;
- Pour les cinq principales entreprises françaises concernées par notre enquête de 1973, une comparaison précise est possible avec 1980. Voir tableau 9, ci-après.
La diminution des effectifs est très importante, elle se chiffre à 65 % en 7 ans. Avec la conséquence de la fermeture de l’usine de la Chiers. D’autre part, cette réduction d’effectifs affecte principalement les Belges : 68 % alors que pour les étrangers résidents en Belgique, elle est de 49 % ; - En ce qui concerne les frontaliers au Grand-Duché, leur nombre a peu diminué, passant de 2.323 en juin 1973 à 2.175 en décembre 1980. La régression atteint surtout l’effectif frontalier de l’usine de Rodange où le nombre de frontaliers belges est passé de 1.339 à 1.091 ;
- Pour un total de 2.779 frontaliers, la répartition se fait de la manière suivante :
- Grand-Duché : | 78,3 % |
- France : | 21,7 % |
Effectif frontalier des cinq principales usines françaises Comparaison 1973-1980(1)
Effectif frontalier des cinq principales usines françaises Comparaison 1973-1980(1)
(1) Nouvelles dénominationsLes anciennes étaient : "Châtillon - Gorcy" et "Saulnes et Gorcy".
59Ces pourcentages étaient, en 1973, respectivement de 58 % et de 42 %. On constate donc une nette régression de l’importance du nombre de frontaliers en France et, par conséquent, une représentation plus importante de frontaliers au Grand-Duché. Il est vrai qu’existe encore une M.M.R.-A. avec un effectif de frontaliers résidents en Belgique qui atteint les 72 % de l’effectif total occupé sur le site de Rodange.
2 – Répartition par catégories professionnelles
60Analysons l’effectif des frontaliers en distinguant les catégories professionnelles.
Effectif des frontaliers par catégories professionnelles
Effectif des frontaliers par catégories professionnelles
61On remarque une nette différence entre le personnel frontalier occupé au Grand-Duché et en France. Le premier comporte une beaucoup plus forte proportion d’ouvriers et le second un pourcentage trois fois supérieur de "collaborateurs", c’est-à-dire employés, techniciens, agents de maîtrise et cadres.
62Ce phénomène s’explique surtout par l’âge plus élevé et par l’ancienneté d’embauché. Un plus grand nombre de frontaliers en France en fin de carrière.
3 – Répartition par nationalités
63Voyons l’effectif frontalier en le répartissant par nationalités.
Effectif frontalier par nationalités
Effectif frontalier par nationalités
64De légères différences subsistent entre les deux groupes. En France, sont occupés un plus grand nombre de Français résidents en Belgique. C’est l’inverse du coté grand-ducal, où il y a moins de Français, mais plus de luxembourgeois.
65Les Belges résidents en France sont peu nombreux, leur nombre a fortement diminué par rapport à 1973. Ces Belges résidents en France sont principalement des "collaborateurs", c’est-à-dire des employés, techniciens, agents de maîtrise, ainsi que quelques cadres. Ainsi, il y avait en 1973, 73 ouvriers belges résidents en France. Leur nombre, fin 1980, est tombé à 17. Les collaborateurs étaient 21 en 1980.
66Au Grand-Duché, le nombre de Belges résidents est plus important et est resté stable. Ainsi, en juin 1973, il y avait 351 Belges résidents au Grand-Duché occupés dans les usines de l’Arbed et à Rodange ; ils étaient 324 en décembre 1980 (dont 245 ouvriers et 79 collaborateurs).
4 – Répartition par communes et arrondissements
67Nous avons réparti l’effectif frontalier par communes de résidence et par arrondissements, en gardant les anciennes communes antérieures à la fusion du 1er janvier 1977. Cela nous permet de faire certaines comparaisons avec les données recueillies lors de notre précédente étude de 1973.
Effectif frontalier par communes. Arrondissement d’Arlon
Effectif frontalier par communes. Arrondissement d’Arlon
68On remarque l’importance de l’effectif frontalier occupé au Grand-Duché par rapport à la France dans cet arrondissement contigu où le. patois luxembourgeois est encore vivace : 85,7 % contre 14,3 %.
69Quelques localités concentrent une majorité de cet effectif.
Effectif frontalier par communes. Arrondissement de Virton
Effectif frontalier par communes. Arrondissement de Virton
70La proportion de frontaliers occupés au Grand-Duché est de 58,4 % contre 41,6 % en France ; alors qu’en 1973, il y avait dans cet arrondissement deux fois plus de frontaliers occupés en France.
Récapitulatif du nombre des frontaliers par arrondissement
Récapitulatif du nombre des frontaliers par arrondissement
71Les chiffres relatifs à l’effectif frontalier, de nationalité belge et étrangère, mais tous résidents en Belgique, ne concernent, pour la partie française, que les cinq usines ou sociétés suivantes : Rehon, Usinor-Longwy, Chiers-Châtillon-Gorcy, Ateliers-Fonderie de Gorcy, ainsi que Valexy. Ces cinq usines ou sociétés totalisent la plus grande partie des frontaliers.
72L’arrondissement d’Arlon est le plus concerné : il regroupe 72 % de l’ensemble des frontaliers. En 1973, ce pourcentage était de 65 %, mais uniquement en ce qui concernait les frontaliers de nationalité belge [7].
73C’est la nouvelle commune d’Aubange qui est la plus touchée par la crise sidérurgique. Elle regroupe actuellement les anciennes communes d’Athus, d’Aubange, d’Halanzy et de Rachecourt, et, fin 1980, elle comptait 1.095 frontaliers, soit près de 40 % de l’ensemble de l’effectif sidérurgiste. Ces frontaliers se répartissent comme suit : 157 dans les usines françaises, soit 26 % de l’ensemble ; 938 dans les usines grand-ducales, soit 43 % de l’ensemble (parmi lesquels 586 travaillent à Rodange, soit 45 % de l’ensemble).
74La commune d’Aubange, déjà fortement touchée par la fermeture du siège d’Athus, se trouve dans une position très vulnérable et les toutes prochaines années verront encore d’importantes diminutions de l’emploi dans cette commune, car la M.M.R.-A. comme l’Arbed et surtout comme les usines françaises continueront à réduire leurs effectifs de manière importante.
5 – Répartition par âge
75Le tableau ci-après montre une répartition des frontaliers en trois groupes d’âge.
76On voit que peu de jeunes sont occupés dans les usines françaises et grand-ducales et encore moins dans les premières que dans les secondes.
77La comparaison avec les chiffres établis en 1973 [8] montre que le vieillissement s’est accentué et donc que l’embauche a été faible, sinon nulle depuis les années 1975 et cela même au Grand-Duché.
Effectif des frontaliers par catégories d’âge
Effectif des frontaliers par catégories d’âge
78Ainsi, dans la catégorie "jusqu’à 35 ans", nous trouvions pour les frontaliers belges occupés en France, une proportion de 15,5 % contre 13 % aujourd’hui et pour les frontaliers occupés au Grand-Duché, une proportion de 43,7 % contre 24 % aujourd’hui.
79Le renouvellement ne se fait plus et les possibilités d’emploi pour des jeunes Belges dans la sidérurgie des régions voisines de France et du Grand-Duché sont devenues quasi nulles.
CONCLUSIONS
80Très brièvement formulées, voici quelques conclusions que nous pouvons dégager de la situation dans le bassin sidérurgique belgo-luxembourgeois considéré.
811°) La conjoncture en sidérurgie a été très dommageable pour les usines du Bassin de Longwy, pour la M.M.R.-A. et, dans une moindre mesure, pour les usines luxembourgeoises de l’Arbed.
822°) Une restructuration et une modernisation d’installations sidérurgiques souvent vieillies sont intervenues de manière à en augmenter la productivité et à fabriquer des produits plus compétitifs sur le marché.
833°) Les fermetures d’entreprises et les rationalisations diverses inhérentes à ce processus ont entraîné une perte d’emplois très importante. Des 48.000 sidérurgistes occupés dans le bassin en 1970, il en reste en décembre 1980, à peine plus de 29.000, soit 60 %. Et d’ici 1983, les prévisions indiquent que ce chiffre tombera à 22.000, soit 45 % de l’effectif de 1970.
844°) C’est la partie belge de ce bassin sidérurgique qui est la plus touchée. En effet, la fermeture pure et simple de la seule usine située en territoire belge, celle d’Athus, les pertes d’emplois à l’usine de Rodarige de la M.M.R.-A., les licenciements, les départs "encouragés" et les mises à la pré-retraite dans les usines françaises ainsi que les réductions "naturelles" du personnel dans les usines de l’Arbed, ont amené l’effectif des sidérurgistes résidents en Belgique de 7.000 en 1970 à moins de 3.000 (2.779) en juin 1980, soit à moins de 40 %.
855°) Dans la partie belge, c’est l’extrême Sud-Est, plus précisément la région d’Athus qui a le plus souffert de cette crise. Ainsi, nous avions pu établir que les localités d’Athus, d’Aubange, de Halanzy et de Rachecourt, formant la nouvelle commune d’Aubange, comptaient 835 personnes occupées à l’usine d’Athus en 1973. La perte en frontaliers se chiffre à près de 200 personnes. C’est donc un bon millier d’emplois que la commune a perdu en sidérurgie depuis 7 ans.
866°) Les toutes prochaines années seront encore marquées par la poursuite du phénomène de récession, car, les 1.306 frontaliers de Rodange et les quelque 604 de Longwy se sentent particulièrement menacés.
877°) Les perspectives d’emplois en sidérurgie sont pratiquement nulles pour les jeunes. On voit, par ailleurs, que l’effectif des sidérurgistes frontaliers est en moyenne fort âgé. Le renouvellement ne s’est plus fait depuis 6 ans au moins.
888°) L’industrie sidérurgique régionale ne sera plus à l’avenir un employeur prépondérant comme elle l’était encore dans un passé récent, utilisant une main-d’œuvre abondante, en majorité non-qualifiée au dé part. De nouvelles industries, moins dépendantes de la localisation des matières premières, devront être créées, le secteur tertiaire devra se développer. Mais ce processus de reconversion n’aura des chances de succès qu’en fonction du potentiel de main-d’œuvre qualifiée et spécialisée dont disposera la région.
REGION SIDERURGIQUE TRANSFRONTALIERE
REGION SIDERURGIQUE TRANSFRONTALIERE
Notes
-
[1]
Voir Louis Goffin, Les sidérurgistes belges de la Province de Luxembourg, Etude sociographique, Arlon, F.U.L., 1974, 105 pages.
-
[2]
Sur l’histoire de l’usine d’Athus et la mentalité de ses travailleurs, voir Louis Goffin, Mentalités de sidérurgistes en milieu rural. Le cas d’Athus et du Sud-Luxembourg belge, Edition universitaires, F.U.L., 1979, 240 pages.
-
[3]
Norbert Von Kunitzki, Problèmes de politique régionale. La reconversion économique du triangle lourd, Luxembourg, Editions d’Letzeburger Land, 1979, p.17.
-
[4]
Les pourcentages sont calculés chaque fois par rapport à la production française de l’année considérée. A la lecture de ce tableau, on peut constater :
- qu’il y a eu, en France, une augmentation très nette de la production de 1965 à 1970, une année record en 1974, puis une diminution importante qui ramène la production de fonte et d’acier au niveau de celle de 1970, mais qui demeure nettement supérieure pour la production de laminés ;
- par rapport au volume de la production nationale, que la production de l’Est perd de son importance dans les trois secteurs où elle ne représente plus la la moitié de la production nationale ; le taux de diminution, par rapport à 1965, est de 37 % pour la fonte, 33 % pour l’acier et de 31 % pour les produits laminés ;
- que le bassin de Longwy a connu une évolution moins favorable encore que la région de l’Est considérée dans son ensemble. Ainsi, le taux de diminution pour la fonte, toujours par rapport à 1965, est de 58 %, pour l’acier il est de 52 % et pour les produits laminés, il est légèrement moins important, soit 42 %. Donc, la part du bassin de Longwy, dans la production de fonte, est tombée à moins de la moitié de ce qu’elle représentait dans le volume national en 1965 dans la production d’acier, de 17 % à 8 % du volume national et dans la production de laminés, de 18 % à 10 % du volume national. On peut en conclure que le bassin de Longwy a été vraiment le plus touché par la récession de la sidérurgie.
-
[5]
M.M.R.-A. : uniquement l’effectif de la sidérurgie, à l’exclusion des minières dont le nombre de travailleurs a évolué ainsi :
-
[6]
Voir Louis Goffin, Les sidérurgistes belges de la province de Luxembourg, op.cit. p.12 à 16.
-
[7]
Voir Louis Goffin, Les sidérurgistes belges de la province de Luxembourg, op.cit. p.39 à 50.
-
[8]
Voir notre précédente étude, op.cit., p.52.