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Article de revue

La retransmission des debats parlementaires par la radio et la television

Pages 1 à 28

Notes

  • [1]
    Harmel P., L’avenir de la télévision en Belgique, XXVIIIe Semaine sociale universitaire du 21 au 26 mars 1960, Institut de Sociologie, Bruxelles, 1961, pp.20-21.
  • [2]
    Wangermée R., "Problèmes de l’information télévisée", Revue de l’Université de Bruxelles, 1972, 4, p.367
  • [3]
    Lhoest H., Le pouvoir politique des moyens de communication. Attitudes des électeurs en Europe face aux campagnes de "persuasion", Res Publica, XIV, 1972, 3, p.475.
  • [4]
    Huyse L. L’apathie politique, éditions scientifiques Erasme, Anvers, 1969, p. 7.
  • [5]
    Renseignements transmis par le Secrétariat général de la Questure de l’Assemblée nationale.
  • [6]
    Westerterp Th., Kamerdebatten televiseren in Massamedia en politiek, 24 essays ter nagedachtenis van Prof. Mr. L.G.A. Schlichting, Ambo, Utrecht, 1968, blz. 73-79.
  • [7]
    Renseignements contenus dans une note de travail reçue du Bureau d’Etude et d’Enquête de N.O.S.
  • [8]
    Union Interparlementaire, op. cit., pp. 148-152
  • [9]
    Réponses du Bundestag au questionnaire établi par l’Association internationale des secrétaires généraux de Parlement. Document aimablement transmis par Madame A.-M. Renger, présidente du Bundestag.
  • [10]
    Cf. aussi F.J. Tomiche, Aperçu sur quelques effets de la télévision en Grande Bretagne, Les Temps modernes, n° 166, décembre 1959, pp. 1080 1097
  • [11]
    B.B.C. Handbook, Ebenezer Baylis & Sons, Worcester & London, 1971, p. 83
  • [12]
    Berthoud R., Listening in to the Commons is confusing, The Times, June 10 1975.
  • [13]
    The Times, August 8 1975.
  • [14]
    De Croo H.F. & Huenens R., Het Parlement aan het werk, Bruylant, Bruxelles, 1966, p. 174.
  • [15]
    Il s’agit des démarches multipliées par la T.V. pour obtenir l’autorisation de placer des caméras dans l’hémicycle de la Chambre, à l’occasion de certaines séances et de disposer ainsi d’images à diffuser en direct ou en différé. Les motifs invoqués sont soit la simple information politique, soit l’éducation civique du public.
  • [16]
    Binnemans C.-L., Faut-il Un ministre de l’Information ?, Le Soir, 3 mars 1970, p. 2.
  • [17]
    Van Impe H., Le rôle du Parlement : mythes et réalités, Intermédiaire, n° 4, 19 février 1971, p. 16
  • [18]
    La Libre Belgique, 5 janvier 1976, p. 2.
  • [19]
    De Vos P., in Le Monde, 1er février 1973
  • [20]
    Le Soir, 22 février 1973
  • [21]
    Plavsic W.S., Faut-il téléviser les débats parlementaires ? Socialisme, n° 113, octobre 1972, pp.400-407.
    Id., Parlementaire debatten op televisie ? Socialistische Standpunten, Nr 3, 1973, blz. 164-170.
  • [22]
    Dumon M., Pour ou contre la télévision au Parlement, Progrès, septembre 1966 pp.30-34.
  • [23]
    Union Interparlementaire, op.cit., pp.42-44.
  • [24]
    XXXIe Semaine Sociale Universitaire. L’Opinion publique belge, le Parlement, l’Europe, les Finances publiques, la Politique culturelle. Editions de l’Institut de Sociologie, U.L.B., Bruxelles, 1971, pp. 29-40
  • [25]
    Service d’information et de documentation des Services de Chancellerie du Premier ministre, Bruxelles, document n° 43/74.
  • [26]
    Compte rendu analytique des discussions des Chambres législatives de Belgique, Chambre des Représentants, session ordinaire 1974-1975, séance du 8 octobre 1974, pp.2-3
  • [27]
    Binnemans C.-L, Le parlement devant la T.V.-Caméra ? Plus facile à dire qu’à faire…, Le Soir, 9 octobre 1974.
  • [28]
    Ibid, "Un morne ennui dans l’hémicycle" Le Soir, 10 octobre 1974.
  • [29]
    La Libre Belgique du 10 octobre 1974, p.2.
  • [30]
    Aubry L., Une sélection difficile, "Courrier de Belgique" Le Monde du 17 octobre 1974
  • [31]
    Le Soir, du 16 janvier 1975, p. 2.
  • [32]
    La R.T.B, sur le chemin du Parlement, une interview de M. Parisis recueillie par Pierre Shoffers, Télépro, n° 1.091, jeudi 30 janvier 1975, pp. 2 et 3.
  • [33]
    Chambre des Représentants, Compte rendu analytique, Séances du jeudi 13 novembre 1975, pp 122-123.
  • [34]
    Ibid., p.123.
  • [35]
    Ibid., p.123.
  • [36]
    Cools ?., Le même combat, Le Peuple du 22 novembre 1975.
  • [37]
    Van Cauwelaert Em., Parlement, televisie en démocratie, Het Volk du 22 novembre 1975, blz. 2.
  • [38]
    Voir p.20, 5e paragraphe.
  • [39]
    XXXI Semaine sociale universitaire, op. cit., p.39
  • [40]
    Wangermée R., "Une dimension politique nouvelle : la télégénie" ? Res Publica, Volume X, numéro spécial, 1968, p. 111.
  • [41]
    Raes Jean S.J., "Publicité, sauvegarde du peuple", Notre Temps, numéro spécial, 10 janvier 1974
  • [42]
    Lhoest H., "L’information au futur", Revue de l’Université de Bruxelles, 1972, 3, p.443
  • [43]
    Wangermée R., "Problèmes de l’information télévisée", Revue de l’Université de Bruxelles, 1972, 4, p. 383

INTRODUCTION

1En novembre 1975, la Chambre des Représentants de Belgique a procédé à la discussion et au vote du projet de loi portant ratification d’arrêtés royaux concernant la fusion des communes et suppression des fédérations périphériques. Débats d’une importance capitale car il s’agissait de la transformation la plus importante, depuis 1830, d’une de nos structures administratives.

2La télévision a pu filmer les débats et en donner des extraits aux journaux télévisés. Ce fait a eu de grandes répercussions dans le public. Aussi, il a semblé utile de faire le point et d’étudier la question de plus près afin de pouvoir envisager l’avenir en connaissance de cause.

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5En préparation du 2e Symposium international organisé à Genève du 5 au 7 décembre 1968, le Centre international de documentation parlementaire a effectué une enquête afin de déterminer la situation de fait existant dans le monde en ce qui concerne les rapports du Parlement avec la presse, la radio et la télévision. Nous puisons de L’Analyse schématique des résultats de l’enquête les données suivantes :

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"Cinquante réponses aux quatre-vingt quatre circulaires envoyées étaient parvenues au Centre.
Les stations de radio assurent la retransmission, en direct ou en différé, de débats parlementaires proprement dits dans 29 pays sur les 50 qui font l’objet de cette analyse.
La forme de diffusion varie. Peu nombreux sont les cas de retransmission intégrale de séances. Les discussions en commission sont rarement retransmises et seulement lorsque l’ordre du jour offre un intérêt majeur. Toutefois, aux Etats-Unis, les’hearings’ auxquels procèdent les commissions du Sénat sont les seuls débats parlementaires retransmis à la radio ou à la télévision.
La réalisation de ces retransmissions pose des problèmes particuliers. Aussi, les sociétés de radio-télévision doivent-elles, le plus souvent, obtenir pour effectuer les prises de son et les prises de vues en séance une autorisation préalable par laquelle le Parlement exerce un certain contrôle sur le contenu de l’émission préparée. Les modalités de ce contrôle varient selon qu’il s’agit d’une radio d’Etat, de stations privées ou régionales. Il vise à éviter qu’une retransmission ne desserve les intérêts de l’Assemblée et à assurer le respect des règles fondamentales d’objectivité et d’impartialité, notamment en veillant à la juste répartition du temps de parole attribué aux représentants des différentes tendances. Le contrôle est exercé, ici par la présidence, là par le secrétariat. Parfois les groupes parlementaires sont consultés. On notera encore que le Parlement peut exercer quelquefois une surveillance très indirecte sous la forme de participation de ses représentants à un organe dirigeant des sociétés de radio-télévision, comme au Danemark par exemple. "

7Qu’en est-il dans tout cela du public, de l’usager des moyens de communication sociale ? "Il arrive, écrivait M. Earmel, que les téléspectateurs ne comprennent pas, dans l’information par exemple, l’indépendance la liberté, l’objectivité dans la diversité, qui sont de règle. Chacun d’eux lit le journal conforme à ses opinions et s’étonne souvent de rencontrer d’autres idées sur l’écran. Chacun d’eux choisit ailleurs, pour son délassement, ce qui répond à ses goûts, et s’étonne souvent de rencontrer d’autres conceptions sur l’écran."[1]

8Dans la présente étude, il sera plus souvent question de la télévision que de la radio. Cela est normal quand on songe à l’impact de la télévision dans le cadre qui retient notre attention. "Depuis ses origines – malgré ou à cause de son succès – écrit le professeur Wangermée, la télévision n’a cessé de subir l’assaut de critiques sévères. Pour l’ensemble de ses programmes on peut expliquer ces critiques par les exigences contradictoires des téléspectateurs, socialement et culturellement hétérogènes, à l’égard d’un médium dont il exigent qu’il les satisfasse à la fois dans leurs besoins de divertissement et leurs soucis de culture. Les critiques ne sont pas moins contradictoires dans le domaine de l’information : elles peuvent venir aussi bien des forces d’opposition que du pouvoir, du gauchisme que de la réaction."[2]

9S’il faut savoir que "le citoyen moyen en Europe, ne porte à la communication politique qu’un intérêt très modéré, cela non seulement en temps normal, mais aussi en période électorale"[3], il y a lieu de ne pas perdre de vue que "de plus en plus, l’attention se porte en Belgique, sur une modification inquiétante dans le comportement politique du citoyen. Certains parlent de l’indifférence croissante de nombreux électeurs, d’autres d’une crise d’autorité…"[4]

10C’est pourquoi, avant d’analyser la situation en Belgique, on a estimé opportun de tenter de voir ce qui se faisait ailleurs, en particulier dans quatre Etats voisins : la France, les Pays-Bas, la République Fédérale d’Allemagne et la Grande-Bretagne.

I – L’ETAT DE LA QUESTION DANS QUATRE ETATS VOISINS

1 – En France

11Si le cinéma connaît un déclin relatif, si les disques sous leur forme actuelle ne sont pas encore très largement utilisés dans ce domaine, la radio et la télévision ont en revanche les faveurs de la communication politique. Qu’en est-il donc de ces deux derniers moyens de communication ? La moyenne quotidienne d’assiduité à la télévision est, par exemple, pour la France, de deux heures quarante en semaine, trois heures trente le samedi et cinq heures trente le dimanche soit en moyenne vingt-deux heures d’écoute par semaine, ce qui représente 60 % du temps disponible que chaque Français pourrait consacrer aux loisirs.

12Sur ces vingt-deux heures d’écoute hebdomadaire, les téléspectateurs puisent largement dans les cent heures d’actualité télévisée proposées en moyenne chaque mois.

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15La télévision française a été autorisée à enregistrer les débats pour la première fois le 23 mars 1956, mais ce n’est qu’en 1964 que la radio et la télévision se sont vues reconnaître officiellement la possibilité de retransmettre les séances. En effet, l’article 5 de la loi du 27 juin 1964 portant statut de l’O.R.T.F. précisait que "la radiodiffusion ou la télévision des débats des Assemblées parlementaires ne peut s’effectuer que sous le contrôle du Bureau de chacune des Assemblées."

16C’est en application de ce texte, repris dans la loi du 3 juillet 1972 portant modification du statut de l’O.R.T.F., que le Bureau de l’Assemblée nationale a, dans sa réunion du 9 juin 1969, déterminé les modalités pratiques de la diffusion des débats. C’est ainsi qu’une "délégation du Bureau de l’Assemblée nationale chargée du contrôle de la radiodiffusion et télévision des débats" a été créée.

17La télévision des débats a lieu, soit à l’initiative de l’O.R.T.F soit à la demande du gouvernement ou de l’Assemblée. Le temps de retransmission des débats importants est, en principe, divisé en trois et attribué :

  • 1/3 au gouvernement,
  • 1/3 aux orateurs de la majorité,
  • 1/3 à ceux de l’opposition.

18La même règle est suivie pour la retransmission en différé. Le choix des orateurs est fait par l’O.R.T.F. en accord avec les présidents des groupes parlementaires. En 1973, l’O.R.T.F. a retransmis en direct, à 11 reprises, les débats et a procédé à une trentaine d’enregistrements. Dans la pratique, il arrive de plus en plus souvent que l’O.R.T.F. retransmette en direct toute la séance de l’après-midi et enregistre parfois les séances de la matinée ou les séances de nuit. C’est la délégation du Bureau qui est chargée de contrôler l’objectivité des comptes rendus des débats faits par la télévision.

19Quant à la radiodiffusion elle est assurée, depuis 1965, depuis des cabines qui ont été spécialement équipées et qui permettent non seulement l’enregistrement mais également le montage de l’émission et sa retransmission aux studios.

20Ces dispositions restent valables même après la suppression de l’Office de radiodiffusion télévision française puisque la loi n° 75-696 du 7 août 1974 relative à la radiodiffusion et à la télévision prévoit, dans son article 16, que "la radiodiffusion ou la télévision des débats des Assemblées parlementaires s’effectue sous le contrôle du Bureau de chacune de ces Assemblées. Un temps d’antenne égal est accordé aux groupes parlementaires de la majorité et à ceux de l’opposition". [5]

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2 – Aux Pays-Bas

23La première retransmission intégrale des débats de la Deuxième Chambre des Etats généraux a eu lieu le 10 mars 1955. On a intégralement télévisé le débat relatif à une loi concernant la fixation des taxes sur la télévision. Il n’y avait à l’époque que huit heures d’émission télévisée par semaine ; le nombre de téléviseurs était estimé à 30.000. Dans la presse, on put lire des questions sur le point de savoir si à l’avenir une nouvelle sorte de parlementaires nantis de meilleures qualités extérieures s’avérait souhaitable.

24Le 24 mai 1962, la télévision fut autorisée à diffuser avant et après le programme vespéral des résumés du débat consacré à la Nouvelle-Guinée.

25En 1963, il est pour la première fois question d’une utilisation massive de la télévision en matière d’information politique sous forme de débats télévisés. En juillet de cette année 1963, il y eut un grave incident. Seule fut retransmise la déclaration gouvernementale du Premier ministre Marijnen et le leader de l’opposition Vondeling éleva une véhémente protestation. Le président de la Deuxième Chambre, M. van Thiel, était d’accord avec M. Vondeling et révéla avoir appris plus tard que le personnel et le matériel étaient insuffisants pour retransmettre tout le débat.

26Dans une étude publiée en 1968 [6], M. Westerterp, député à la Deuxième Chambre, écrivait : "C’est depuis quelques années la chose la plus naturelle du monde que les débats de la Deuxième Chambre des Etats généraux, dans leur totalité ou sous forme résumée, soient retransmis par la télévision néerlandaise. La discussion quant à l’opportunité de la retransmission des débats parlementaires se poursuit. Au cours des dernières années, certaines règles ont été édictées : la Chambre et le Gouvernement sont traités sur pied d’égalité au cours de l’émission. Une émission ne comportant que la réponse du gouvernement sera refusée. On attend des émissions de la télévision et de la radio qu’une image objective sera fournie des opinions émises par les orateurs des différentes fractions."

27M. Westerterp pense que le reportage télévisé des débats de la Chambre ne donne que rarement une image satisfaisante. La télévision est par définition un médium visuel alors que les débats parlementaires ont un caractère très auditif. Un débat fournit une image statique, en fait peu propice à un médium conçu avant tout pour transmettre des images dynamiques. Dès lors, les caméras cherchent des "jolies" vues qui n’ont rien à voir avec le débat. Le député hollandais conclut en formant l’espoir que l’on fera encore des efforts pour raccourcir la distance existant entre l’électeur et l’élu.

28En moyenne, deux à trois fois par semaine, la Nederlandse Omroep Stichting (N.O.S.) émet le programme "Den Haag Vandaag" (la Haye aujourd’hui) ; c’est une rubrique d’information parlementaire. Le programme est diffusé avant le dernier journal télévisé.

29Durant le premier trimestre de 1974, ce programme a recueilli une audience moyenne de 10 % (1 % équivaut à 100.000 personnes de 12 ans et plus). Cette audience relativement élevée est avant tout le résultat d’une programmation favorable. Environ 80 % des téléspectateurs de l’émission "Den Haag Vandaag" proviennent du public de l’émission directement antérieure. L’intérêt pour "Den Haag Vandaag" s’élevait durant le premier trimestre de 1974 à 6,5 %. Environ la moitié des téléspectateurs de ce programme ont plus de 50 ans, tandis qu’environ 10 % se situent entre 12 et 25 ans. Environ 75 % du public de cette émission a reçu uniquement un enseignement primaire ou un enseignement professionnel inférieur.

30Les émissions "Den Haag Vandaag" à la radio n’atteignent pas une audience de 1 %. Le programme est diffusé quatre fois par semaine entre 19h50 et 20 heures.

31L’audience à l’occasion de l’ouverture des Etats généraux ou de débats incidemment transmis se situe à environ 5 % [7].

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34Actuellement, un débat complet est rarement télévisé ; l’expérience a conduit à la conclusion que la télévision intégrale serait limitée aux événements importants. On a aussi relevé que les émissions prolongées avaient le don de faire décliner l’intérêt du public.

35Au début, le président de la Deuxième Chambre autorisa la télévision des débats à condition que tout fût télévisé. Son opinion était "tout ou rien". Progressivement, une idée fit du chemin, à savoir que pour la télévision des débats, une sélection journalistique devait être tolérée comme pour la presse et la radio.

36Il est important de noter que ce n’est jamais le Parlement qui décide si un débat sera télévisé ou non. Cette décision est laissée aux chaînes de télévision. Si une ou plusieurs chaînes désirent téléviser, l’accord du président est requis, mais cet accord est toujours accordé à condition que la bonne marche des débats ne soit pas perturbée. Seule la notion de maintien de l’ordre exerce une influence sur l’octroi de l’autorisation de filmer. Il en découle que l’autorisation pourrait être refusée. Jusqu’à ce jour, l’autorisation de filmer n’a jamais été refusée.

37M. Vondeling, actuellement président de la Deuxième Chambre des Etats généraux, nous a dit que ce n’est qu’après la projection de débats tumultueux qu’il a pu faire des reproches aux responsables des réseaux de télévision. Il estime n’avoir aucun pouvoir préventif. C’est une question de "feeling" des techniciens et journalistes de la télévision.

38La projection peut se faire en direct ou être prise sur bande et projetée plus tard, à un moment plus opportun. Il n’existe pas de règlement relatif à l’usage de la radio et de la télévision au Parlement. Il n’y a jamais eu de plaintes quant aux heures d’émissions.

39L’expérience de M. van Berkel, chef du Service d’information de la Deuxième Chambre lui permet d’affirmer que, selon lui, la télévision des débats n’a pas eu une grande influence sur le cours des choses au Parlement. Il arrive souvent que les parlementaires réalisent qu’ils sont télévisés. Les députés restent alors peut-être un peu plus longtemps dans la salle des séances au lieu de se réfugier à la bibliothèque ou au fumoir. Il y a aussi peut-être plus d’interventions lorsque le débat est télévisé….

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3 – En République Fédérale D’Allemagne

42Les émissions en direct de la télévision existent depuis octobre 1953. Pour avertir les députés, depuis 1968 un feu vert s’allume dans la salle de séance plénière lorsque telle émission est en cours. Peut-être le président voulait-il par là apprendre aux députés à avoir un comportement télégénique. Pour la période allant du 1er janvier 1968 au 19 novembre 1968, on a réalisé 46 heures d’émissions directes.

43La radio et la télévision ne retransmettent pas seulement des débats de séances plénières, mais retransmettent aussi occasionnellement des "hearings" publics en commission. On a parfois également pu suivre à la télévision des extraits et des séances publiques des commissions d’enquête.

44Le plus grand avantage des retransmissions des débats en séance plénière à la télévision, ainsi que par la radio, réside, selon Mme. Hedwig Meermann, membre du Bundestag, dans le fait qu’elles permettent une perception directe et vivante des débats, sans intermédiaire, tandis que l’information par la presse écrite mélange souvent compte rendu et commentaires. De plus, lire un article sur le travail du Parlement, dans un journal, demande un effort, un acte de volonté préalable dont beaucoup de personnes ne sont pas ou ne se sentent pas capables. Mais les mêmes personnes allument leur poste de télévision l’après-midi ou le soir en rentrant de leur travail et le laissent en marche tard dans la nuit. De cette façon ils suivent, entre autres émissions, celles consacrées au Bundestag. Plus souvent encore ce sont des entrevues politiques, des échanges autour d’une table ronde, etc. et on a constaté pour ces dernières un taux d’audition allant jusqu’à 49 % de tous les postes de télévision existants. Mais les émissions en direct du Bundestag elles aussi trouvent un auditoire relativement nombreux. Lorsque, en décembre 1965, un grand débat parlementaire fut diffusé en direct pendant quatre jours, on a été surpris et amusé de constater que celui-ci avait été suivi pendant certaines heures par autant de spectateurs que les émissions d’un acteur comique très populaire.

45En général, le nombre de spectateurs est moins impressionnant pour les transmissions des séances du Bundestag. Mais leur impact d’efficacité est quand même considérable parce qu’elles sont suivies par ce qu’on appelle en Allemagne les "multiplicateurs" que Jean Cazeneuve, entre autres, appelle, "guidée d’opinion", c’est-à-dire les instituteurs, les professeurs, les syndicalistes, etc.

46Mais les émissions directes donnent-elles vraiment une impression réaliste sur le travail du Parlement ? On déplore parfois que les groupes parlementaires aient une fâcheuse tendance à faire parler presque uniquement leurs vedettes aux meilleures heures d’émission. Souvent on dit que la télévision encourage la propension des députés à parler pour la galerie.

47Un autre reproche fait à la télévision, c’est qu’elle empêche le spectateur de se concentrer sur les paroles de l’orateur. Bien entendu, la camera ne peut se concentrer sans cesse sur l’orateur. Le Parlement et la télévision se sont mis d’accord pour que la caméra se limite dans la mesure du possible à des choses touchant essentiellement le débat, cela comprend naturellement, à coté de l’image de l’orateur, la réaction suscitée chez ceux qu’il tâche de convaincre.

48Les parlementaires ne sont jamais tout à fait contents des transmissions en direct du Parlement. Pour Mme. Meermann, la prise de vue de bancs parfois vides ou de députés lisant un journal ne constitue pas une indiscrétion. Ce n’est pas un Parlement idéalisé qu’on doit présenter aux masses ; la démocratie n’est pas la brioche du dimanche, mais le pain quotidien [8].

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51Les autorités du Bundestag s’étaient réservé le droit de refuser toute transmission. Jusqu’à ce jour il n’a pas été fait usage de ce droit.

52La radio (le IVe programme) prend en direct jusqu’à 18 heures toutes les séances plénières. La télévision ne prend en direct que les débats importants des séances plénières.

53Les séances des commissions ne sont enregistrées ou filmées que lorsqu’elles sont publiques.

54Le taux d’audience est d’environ 5 % sur 18,8 millions de téléviseurs ; cela revient en chiffres absolus à 2 millions de téléspectateurs, soit 3 % de l’ensemble de la population.

55Le Bundestag ne s’arroge pas le droit de contrôler la radio ou la télévision dans le cadre de la retransmission des débats.

56Les députés ont, une fois, élevé une protestation parce que la télévision, grâce au télé-objectif avait filmé les documents se trouvant sur les pupitres des élus du peuple.

57Il n’y a pas de coordination entre le Bundestag et le Bundesrat en matière de retransmission des débats.

58Il existe un circuit fermé de télévision qui est relié à la présidence fédérale, à la Chancellerie fédérale et au service de presse et d’information fédéral.

59L’enregistrement des débats est archivé.

60Dans la salle des séances du Bundestag il y a quatre caméras fixes de télévision. A proximité de la salle, il existe un studio. Derrière le mur jouxtant le Bureau se trouvent deux cabines destinées aux commentateurs de la radio et de la télévision.

61Il existe au Centre de presse et d’information du Bundestag un fonctionnaire chargé de fournir aide et assistance aux media électroniques.

62Les frais provoqués par la retransmission des débats sont supportés par la Radio et la télévision.

63Dans les nouveaux locaux qui se préparent pour abriter le Bundestag, les installations techniques pour la radio et la télévision seront dotées d’équipements ultra modernes ; studios dans la proximité de la salle des séances, caméras automatiques pour les émissions en couleurs, etc. [9]

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66Il existe en République Fédérale deux chaînes de télévision. Les débats importants sont retransmis en direct sur une des chaînes, suite à un accord entre les deux chaînes.

67En dehors des retransmissions en direct, les grands débats font l’objet de deux sortes de traitement :

  1. Un bref compte rendu dans le journal télévisé, avec quelques extraits des interventions des grands orateurs de la majorité et de l’opposition ;
  2. Un montage-résumé du débat intitulé "La journée au Parlement", dont la durée varie de trente à soixante minutes.

68Le choix relatif à la diffusion, à la sélection des séquences, au montage et à l’ordonnance, dépend exclusivement des journalistes de la télévision. S’ils s’efforcent de respecter un certain équilibre entre les partis, en général ils ne choisissent que les interventions des ténors, des membres du gouvernement et des experts.

69En début de législature et en début de session, la déclaration gouvernementale et le débat qui la suit sont aussi diffusés en direct.

70Cette réglementation s’est établie progressivement au cours du temps. Au début la télévision devait, pour chaque tournage, solliciter l’autorisation du Bureau du Bundestag.

71La liste des orateurs est établie par les groupes politiques, mai le dernier mot appartient au président de l’Assemblée. La liste apparaît sur un petit écran installé sur le bureau présidentiel. Lors de la transmission des débats en direct, les groupes s’arrangent pour que les orateurs les plus qualifiés prennent la parole à une heure avantageuse, c’est-à-dire entre 11 et 13 heures et entre 18 et 20 heures et cela afin d’atteindre le maximum de téléspectateurs. Il n’y a aucun arrangement avec les techniciens et les régisseurs des instituts de télévision.

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4 – En Grande-Bretagne

74Assez paradoxalement, l’Angleterre, qui était en avance sur les autres pays d’Europe en matière de télévision, ne retransmet pas les débats du Parlement. On va voir comment et pourquoi on en est resté là.

75Les effets pratiques de la télévision sur la politique anglaise sont apparus plus nettement à la suite des élections d’octobre 1959. Les précédentes consultations populaires, en 1951 et 1955, n’avaient pas fourni de renseignements probants car la télévision n’avait pas encore pénétré dans tous les foyers. Ces élections d’octobre 1959, par contre, se plaçaient sous le signe de la télévision et devaient comporter pour les hommes politiques et les partis des enseignements précieux pour l’avenir.

76Bien avant les élections d’ailleurs, les partis politiques s’étaient efforcés de "repenser" leur campagne électorale en fonction du nouveau moyen de propagande qui modifiait les données classiques du problème. Les travaillistes avaient installé un poste émetteur en circuit fermé pour entraîner leurs candidats et leur permettre de juger de l’effet produit. Tous les partis avaient créé une fonction nouvelle : celle d’attaché de télévision, homologue de l’attaché de presse. Le rôle de l’attaché de T.V. consiste à retenir l’attention des téléspectateurs. Pour cela, il doit présenter les nouvelles concernant son parti de façon suffisamment intéressante pour que les rédacteurs des journaux télévisés les incluent dans leurs bulletins. Il doit aussi guider techniquement et conseiller les dirigeants de son parti qui apparaissent dans les émissions.

77Au début de la campagne électorale, de l’avis unanime, les émissions du parti travailliste étaient plus vivantes et attachantes que celles des conservateurs.

78Toutefois, si la télévision pénètre partout pour suivre l’actualité, un sanctuaire lui reste toujours interdit. Il s’agit de la Chambre des Communes, "mère de tous les Parlements" et cœur de la politique anglaise. Les députés ont, en effet, voté à une écrasante majorité que la télévision ne franchirait pas le seuil du vénérable Parlement de Westminster.

79M. Aneurin Bevan, chef de la gauche travailliste, a cependant relancé l’idée. Intervenant dans un débat aux Communes au début de novembre 1959, il a déclaré : "Je suggère qu’une enquête sérieuse soit faite pour établir les possibilités techniques de téléviser les séances parlementaires.

80Je vois que beaucoup de députés secouent la tête. Pourquoi sont-ils si timides ? Tout ce que je propose, puisque tout l’appareil de propagande auprès des masses s’oppose à une éducation démocratique, c’est de sérieusement considérer le rétablissement intelligent de communications entre la Chambre et l’électorat dans son ensemble.

81Je pense que le moment où le public doit pouvoir suivre les débats parlementaires est arrivé. Après tout, il n’est pas obligé de nous écouter. Mais une chaîne spéciale lui permettant de suivre nos débats à tout moment devrait être possible."[10]

82En novembre 1966, il y eut aux Communes un débat consacré au rapport publié en août de la même année. Ce rapport, établi par une commission spéciale de la Chambre, préconisait une phase expérimentale pour la retransmission des débats à la télévision. Le rapport avançait des chiffres très élevés pour le coût de cette opération. Mais à une majorité d’une seule voix, il fut décidé de ne pas entamer l’expérience. [11]

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85La B.B.C. et la radio commerciale ont procédé depuis le 9 juin 1975 à la retransmission radio en direct et en différé des débats de la Chambre des Communes. Cette expérience a été décidée par le Parlement pour une durée d’un mois, uniquement en radio.

86En principe, les radios comptent transmettre le "Question-time" quotidien. D’après le Times du 10 juin 1975, la première retransmission en direct donne à penser que la procédure parlementaire sera un obstacle à la compréhension du public [12]. Roger Berthoud cite quelques exemples : pour gagner du temps, les questions des parlementaires ne sont pas lues mais uniquement mentionnées par le numéro qu’elles ont reçu sur l’ordre du jour ; les orateurs sont rarement appelés par leur nom mais bien par des épithètes traditionnelles telles que "le très honorable gentleman" ou "mon honorable et savant ami" ; le commentateur a eu beaucoup de peine à identifier chaque orateur vu la rapidité des échanges.

87Lors d’une courte discussion au cours de la dernière séance de la Chambre avant les vacances, le leader de la Chambre des Communes, M. Short a annoncé que l’audience de l’émission "Yesterday in Parliament" était passée de 300.000 à 1.500.000 auditeurs pendant le mois de transmission des débats. Cette émission de radio était traditionnellement un compte rendu journalistique des débats. Pendant le mois de retransmission, l’émission a été illustrée par un quart d’heure d’extraits des débats. M. Short a déclaré que c’était à la Chambre de se prononcer pour instaurer ces retransmissions, après avoir entendu le rapport élaboré en commission. Il estime, quant à lui, que l’expérience a été concluante et qu’elle doit être établie à titre définitif [13].

II – L’ETAT DE LA QUESTION EN BELGIQUE

1 – Naissance d’une idée

88Depuis une dizaine d’années, les instances de la R.T.B. avaient entrepris sans succès des démarches auprès du président de la Chambre, Achille Van Acker.

89Le 21 avril 1964, à la Chambre des Représentants, il y eut un incident qui constitue une indication précieuse pour l’avenir. Une déclaration gouvernementale était enregistrée en vue d’une retransmission sur les ondes de la radio. Il s’agissait d’une déclaration du Premier ministre faite après la grève des médecins. Lorsque le député P.L.P. Jeunehomme monta à la tribune de l’orateur, afin de répondre au Premier ministre au nom de l’opposition, il découvrit les micros de la R.T.B.-B.R.T. Interrogé par le député B.S.P. Van Eynde, le président Van Acker reconnut qu’il avait, quelques minutes avant l’ouverture de la séance, accordé à la R.T.B. et à la B.R.T. l’autorisation d’enregistrer la déclaration gouvernementale. Il avait refusé un reportage télévisé [14].

90En 1966 et en 1968, la lecture de la déclaration gouvernementale par les nouveaux Premiers ministres Vanden Boeynants et Eyskens fit l’objet d’une brève retransmission télévisée.

91Le samedi 31 janvier 1970, M. Van Acker, président de la Chambre, a parlé devant les journalistes bruxellois de la liberté de la presse et de la responsabilité dans l’information. Il a notamment mis la radio et la télévision en cause.

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"Nous sommes tous victimes de notre imagination, dit-il. Mais lorsque nous voyons un autobus incendié par des grévistes, notre esprit donne à l’événement des proportions infiniment moindres s’il s’agit d’une photo que s’il s’agit d’un film.
Et de plus, ajoutait-il, un autobus qui brûle ne signifie pas que toute une province soit en feu. Or, la scène animée a un impact immense auquel s’ajoute encore la place prise par la séquence dans l’ensemble d’un bulletin d’information minuté, et aussi cette conviction largement répandue dans la population : si ce sont la radio et la télévision qui le disent, ce sont les autorités qui le disent".

93Or, pour M. Van Acker, il arrive qu’à la R.?.?.-?.R.?., les responsables, à tous les niveaux, exagèrent, se trompent aveuglement, ou commettent de bonne foi des erreurs.

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"Je constate, disait-il, que du Parlement s’élèvent des observations, des critiques, des plaintes variées au sujet d’émissions de la radio et de la télévision. Or, les ministres déclinent toujours toute invitation à intervenir. Ils invoquent les services, la technique, le conseil de gestion, etc.
Moi, j’en ai assez de toutes ces échappatoires. Je refuse toutes les demandes de la T.V.[15] de travailler à la Chambre, en séances publiques, sauf quand il s’agit de communications gouvernementales. Je le répète toujours. Il faut quelqu’un qui soit vraiment responsable. A qui on puisse s’adresser peur protester. Qui doive répondre à des interpellations en prenant ses responsabilités. C’est-à-dire, concluait M. Van Acker, un ministre de l’Information"[16].

95Ce n’est pas la première fois qu’on parle de l’éventualité d’un ministre de l’Information en Belgique. Chaque fois que cela s’est produit, on a assisté à une levée de boucliers.

96Le temps n’est pas si lointain où un fonctionnaire du Sénat écrivait : "Les Chambres belges ne font aucun effort pour mieux renseigner le public et notamment la jeunesse sur la valeur et les avantages du régime dont elles constituent pourtant l’institution la plus fondamentale. Elles n’éditent ni brochures d’information, ni manuel didactique pour éduquer les électeurs et leur apprendre le sens du droit de vote et le pouvoir qu’il comporte. Tout au plus, les Chambres permettent à des groupes scolaires et autres de visiter le bâtiment abritant les Chambres. Ces visites sont plutôt tolérées qu’encouragées… Le Parlement ne fait donc rien pour combattre les préjugés et les malentendus qui règnent dans le corps électoral belge"[17] On était en 1971.

97Au début du mois de janvier 1976, les services de la Questure de la Chambre et du Sénat ont publié un Guide pour le visiteur du Parlement. Ce guide d’une centaine de pages est publié en français, néerlandais, allemand et anglais. Abondamment illustré, il conduit son lecteur tout au long du circuit habituellement organisé pour les visiteurs du Parlement A la fin de l’ouvrage, on trouve aussi la liste des présidents qui se sont succédés à la Chambre et au Sénat depuis 1831 [18]. Depuis le début de 1976, les groupes qui visitent le Parlement peuvent assister à la projection d’un film en couleurs d’une durée de trente minutes. En dehors des séquences relatives aux locaux et à l’histoire de l’institution, les spectateurs peuvent voir les deux Assemblées au travail.

98Le 30 janvier 1973, M. Leburton, Premier ministre, donnait lecture, à la Chambre, de la déclaration gouvernementale. Cris, insultes, disputes ; jamais depuis la Libération – même au moment où la "Question royale" divisait le pays – la lecture d’une déclaration gouvernementale n’avait été marquée d’autant d’incidents à la Chambre. Exceptionnellement, le président de l’Assemblée, M. Van Acker, avait autorisé la diffusion en direct de la séance à la radio et l’enregistrement pour la télévision. Ce sera sans doute aussi la dernière fois, car les autorités estimaient mardi soir que le public avait par la R.T.B. un reflet vraiment trop déplaisant du monde politique. [19]

99Le mercredi 21 février 1973, un événement insolite s’est produit à la tribune de la presse de la Chambre. Pour la première fois de mémoire de parlementaire, le président Van Acker, par la voix d’un de ses fonctionnaires, a prié un journaliste, M. Jan Ceuleers, de quitter non seulement la tribune, mais le Palais de la Nation. [20]

100Pour opérer dans le péristyle du Parlement, la télévision doit demander l’autorisation au président de la Chambre. La R.T.B. ayant obtenu l’autorisation, la télévision flamande (B.R.T.) estimant sans doute que l’autorisation valait également pour ses opérateurs avait procédé de même, mais sans s’en référer au président. Ce que M. Van Acker n’apprécia pas.

101Nouvel incident lorsque la B.R.T. se proposa d’interviewer le ministre de la Justice.

102"Il n’en est pas question sans qu’on me demande l’autorisation préalable", déclara M. Van Acker.

103"Tant pis, j’irai procéder au Sénat où l’autorisation est permanente" répliqua le journaliste et il s’installa dans le péristyle côté Sénat, en estimant qu’il était là sur le territoire de M. Struye, président du Sénat, et que l’autorité de M. Van Acker ne pouvait l’atteindre. Ce qu’il ignorait, c’est que le péristyle n’est pas divisé par une frontière imaginaire mais est une partie du bâtiment commun aux deux Assemblées et que les deux présidents y ont donc autorité de concert. Estimant que le journaliste de la B.R.T., en méconnaissant les règlements et usages, avait méconnu l’autorité du président et avait de plus donné une version tronquée des faits à la télévision, M. Van Acker interdit l’accès des locaux au journaliste en attendant que soit résolu le différend. Avec l’accord de sa direction, le journaliste revint à la tribune, où le président le remarqua et le fit expulser.

104C’est dire si le chemin était ardu.

105Il y a quatre ans, nous posions la question "Faut-il téléviser les débats parlementaires ?"[21]

106Déjà, avant nous, Marthe Dumon avait plaidé cette cause [22]. Elle le fit encore avec conviction à Genève au Deuxième symposium international de l’Union interparlementaire [23]. Elle revint sur cette question brûlante à la XXXIe Semaine sociale universitaire [24]. Enfin, devenue rédacteur en chef du journal télévisé, à l’émission "Faire le point du dimanche 5 mai 1974, Marthe Dumon demanda au Premier ministre, M. Tindemans : "Alors, nous, gens de radio et de télévision, nous sommes fondés à vous poser une question, Monsieur Tindemans, est-ce que vous ne croyez pas qu’il serait temps d’introduire le micro et la caméra au Parlement ? Ce n’est pas le cas jusqu’à présent, nous introduisons nos micros et nos caméras pour le public uniquement pour des circonstances exceptionnelles, quand vous faites votre déclaration gouvernementale par exemple !"

107M. Tindemans répondit : "Disons que j’ai parfois hésité mais pour l’instant je suis convaincu : il faut introduire la télévision et la radio au Parlement."

108"Et c’est une chose pour laquelle vous êtes prêt à intervenir ?" demandait Marthe Dumon.

109"Oui, je suis prêt à me battre pour cette idée-là" répliqua le Premier ministre [25].

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2 – L’initiative du président de la Chambre Dequae

112Suite aux élections législatives du 11 mars 1974, la Chambre des Représentants élit M. André Dequae à la présidence.

113Le 8 octobre 1974, lors de la séance d’ouverture de la session parlementaire, M. Dequae fut réélu président de la Chambre. Dans son discours inaugural il aborda le problème de l’information du public :

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"La connaissance que le grand public a du Parlement nous préoccupe tous, car nous constatons très fréquemment combien nos concitoyens ignorent ce qui se passe exactement dans cet hémicycle. Des histoires assez fantaisistes circulent à ce sujet et, le plus souvent par ignorance, la vérité est parfois déformée, ce que les fossoyeurs du régime ne manquent pas d’exploiter.
En démocrates convaincus, nous avons le devoir impérieux d’aider la population à se faire une idée plus exacte et à se former une opinion plus équitable et plus objective du Parlement et de son fonctionnement.
Il est indéniable que, même si elle a toujours fait de son mieux, la presse écrite n’a réussi que partiellement à sensibiliser ses lecteurs à ce problème, parce qu’habituellement la grande masse d’entre eux sautent, sans y prêter attention, les pages consacrées à la politique et au Parlement.
Certains pays voisins ont fait appel depuis de nombreuses années à la radio et à la télévision pour éveiller – apparemment avec succès – par des reportages émis en direct ou en différé l’intérêt du grand public pour la politique et les activités parlementaires.
Ce problème, j’en suis conscient, est difficile, mais davantage encore délicat en raison de la stricte objectivité qui doit présider aux reportages.
Il s’agit en effet d’éviter toute critique pour manque d’objectivité. Il importe de ne pas oublier à cet égard que les journalistes restent des hommes et que, malgré leur volonté de donner un compte rendu objectif des débats, il ne leur sera pas très facile d’y parvenir.
Il convient donc d’arrêter au préalable des directives précises en vue de réaliser l’équilibre souhaitable tant pour l’image que pour la parole. Il faut, à tout prix, éviter abus et discriminations. Il se pourrait que non seulement les parlementaires ou les partis concernés mais aussi les auditeurs ou téléspectateurs d’une politique déterminée soient mécontents, à juste titre, de reportages plus ou moins tendancieux.
Il ne faut pas davantage perdre de vue que la radio et la télévision sont des institutions nationales au service de tous les citoyens, quelles que soient leurs opinions philosophiques.
Tout en étant résolument partisan de l’émission en direct ou en différé de certains débats parlementaires, je n’en demeure pas moins circonspect devant les difficultés d’une telle entreprise. C’est la raison pour laquelle j’estime qu’il convient de discuter ce problème de manière approfondie. Le bureau examinera la question et les services compétents de la radio et de la télévision seront consultés.
Il va de soi que les différents groupes seront également associés à la mise au point définitive des mesures qui devront être prises.
J’insiste encore une fois : il s’agit d’informer objectivement nos concitoyens sur ce qui se passe réellement au Parlement. L’effet des mesures envisagées ne peut être que bénéfique pour la démocratie, dans la mesure où l’on peut compter sur la collaboration de chacun d’entre nous, ce dont je ne doute aucunement."[26].

115Tels ont été les propos du président Dequae. On peut dire que c’est ce discours qui a donné le coup d’envoi à l’idée de la retransmission des débats de la Chambre par la radio et la télévision.

3 – L’offensive de la presse écrite

116La presse écrite s’est senti visée par le discours de M. Dequae. Dès le 9 octobre 1974, dans Le Soir, M.C.-L. Binnemans posait une série de questions : "La caméra sera-t-elle invitée à toutes les séances ou à quelques-unes seulement ? Si sa présence est épisodique, de quelles séances s’agira-t-il ? Comment jugera-t-on à l’avance que telle séance sera télégéniquement intéressante ? Comment la caméra assurer a-t-elle ses prises de vue ? L’objectif uniquement – ce qui serait monotone – braqué sur les orateurs successifs ? Ou un dispositif conséquent permettra-t-il de fouiller – ce qui sera matériellement encombrant – l’hémicycle à la recherche de scènes insolites d’un goût parfois peu relevé ? La caméra sera-t-elle présente lors des fins de séances anémiques où, aux heures tardives, l’opposition est si souvent reléguée ? Ou assistera-t-on à des mises en scène, c’est-à-dire des rencontres préalablement et régulièrement convenues entre la caméra et des parlementaires, avec cette circonstance aggravante que les m’as-tu vu ? (car il n’en manque pas) monteront sur la tête des obscurs et des sans grade qui se dévouent même sans la télévision ?"[27].

117On le voit, un des plus qualifiés représentants de la presse écrite au Parlement n’est guère tendre pour ce projet d’introduction de la télévision au Palais de la Nation. Or, le lendemain, il écrivait dans son journal : "On a peut-être assisté à la première étape de la campagne annoncée la veille par M. Dequae, président de la Chambre, pour mieux faire connaître le Parlement.

118Dans l’hémicycle, une équipe de la T.V., avec un journaliste de la R.T.B. a filmé des épisodes des passages à la tribune du Premier ministre et de deux de ses ministres. Du coup, deux journalistes de la presse écrite – l‘un du Soir, l‘autre de La Libre Belgique – ont, à leur tour, quitté la tribune de presse où ils sont avec leurs collègues habituellement confinés. Ils ont gagné l’émicycle pour examiner la situation de plus près, pour "mieux connaître le Parlement" et pour être mieux à même de renseigner leurs lecteurs.

119Présence discrète, mais intéressante. Ils ont, in situ, notamment pu échanger poignées de mains et propos avec M. Vanden Boeynants, ministre de la Défense nationale, M. Jeunehomme, président du Conseil culturel francophone, et M. Devos, député de Mouscron et questeur.

120Présence, aussi, qui n’a pu échapper à M. Dequae, qui est la vigilance même dans son prestigieux fauteuil. D’où l’on peut, légitimement conclure, que le président de la Chambre consent, enfin, à ce que quelque chose change dans les rapports entre la presse et son Assemblée [28].

121Le 10 octobre 1974, on pouvait lire dans un important quotidien bruxellois un commentaire du discours de M. Dequae.

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"La diffusion par la radio et la télévision de certains débats parlementaires, si elle est exécutée correctement, peut à la fois sensibiliser le grand public à ces débats, promouvoir une certaine éducation civique, et stimuler un meilleur travail parlementaire.
Encore faudra-t-il ne pas "faire du cinéma", à la manière de ces courses cyclistes qui ne prennent le départ que lorsque les caméras sont en action. Si les fervents de l’absentéisme viennent faire de la figuration parce qu’ils ont une chance de passer sur le petit écran et si M. Van Eynde se met à parler comme M. Harmel pour ne pas effaroucher les auditeurs, l’image offerte du Parlement ne sera pas correcte.
Il ne peut s’agir donc d’émissions de propagande, pas davantage d’émissions poujadistes pour discréditer le Parlement.
La "stricte objectivité" dont parle M. Dequae, poursuit le commentateur, implique, d’autre part, que le gouvernement et l’opposition auront des chances égales, que la sélection faite par le reportage devra donner des extraits suffisants des diverses thèses en présence. La R.T.B, étant ce qu’elle est, ce ne sera pas chose facile, même si plusieurs journalistes – comme on nous l’annonce – choisissent les extraits dans un esprit pluraliste. Le style propre à la télévision et la puissance de l’image risquent de déformer la portée générale du débat. D’une manifestation de rue comme d’un débat parlementaire, il est tentant d’isoler des incidents qui donnent des images-choc. Il faudra à la fois éviter cette tentation-là et celle, inévitable, de la platitude liée à trop de débats de la Chambre ou du Sénat"[29].

123Dans La Libre Belgique, du 12 octobre 1974, on pouvait lire : "Que dire des figures ministérielles et parlementaires mises à nu par le petit écran ? Plusieurs intervenants plongent dans des papiers qu’ils lisent mal : on ne voit que leurs cheveux ou leur crâne, et leur dos plongeant. D’autres se croient devant un jury de Cour d’Assises ou sur la place Saint-Lambert à Liège. Ils font de grands gestes et crient très fort…"

124Il existe un moyen d’aider les orateurs parlementaires lorsqu’ils parlent à la tribune. En effet, il est exact que la tablette de la tribune de l’orateur est trop basse, ce qui force ceux qui ont besoin de notes, à se pencher et à offrir ainsi à la caméra le spectacle d’un homme plié en deux. Il suffirait de poser sur la tablette un lutrin qui permettrait aux orateurs de consulter leurs notes en se tenant droit.

125A propos de la sélection, un commentateur de la presse écrite notait : "On est placé devant une simple alternative : ou bien diffuser les débats très largement, sinon intégralement, ce qui serait fastidieux, ou bien opérer une sélection qui devient très difficile. Cette sélection est déjà difficile pour la presse écrite qui est généralement engagée, donc libre de mettre l’accent sur tel ou tel aspect du débat, mais qui peut résumer des interventions en style indirect. A la télévision il faut offrir des images, donc des "moments" d’un discours. Lesquels ? Quand l’orateur est intéressant, quand il est amusant, quand il fait un lapsus, quand il se fâche, quand il suscite des incidents dans l’hémicycle ou quand il est télégénique ?"[30]

126On le voit, les premiers pas de la télévision au Parlement ont suscité des réactions d’humeur de la part des journalistes de la presse écrite. Bien sûr, la rivalité entre presse écrite et presse parlée est connue ; la première craignant toujours d’être prise de vitesse par la seconde. Dans les récriminations des rédacteurs de grands quotidiens on peut déceler un certain scepticisme devant l’institution parlementaire et relever une certaine crainte de voir les media électroniques rendre le public plus attentif aux voix qui s’élèvent du forum.

4 – Le Groupe De Travail

127Le mercredi 15 janvier 1975, MM. Robert Wangermée, directeur général de la R.T.B, Etienne-Charles Dayez, directeur de l’information, Mme Marthe Dumon, rédacteur en chef a.i. du journal télévisé, ainsi que MM. Vandenbussche, directeur général de la B.R.T., Hemmerechts, directeur de l’information de la B.R.T., et Schodts, journaliste de la B.R.T. accrédité auprès de la Chambre, ont été reçus par M. Dequae, président de la Chambre des Représentants, qui était entouré des membres du comité pour la transmission des débats publics par la radio et la télévision. On relève dans ce comité les noms des députés MM. Babylon, Baudson, Colla, Gillet, Mme Mathieu, MM. Parisis, Tanghe et Van Hoorick.

128Cette réunion avait pour but d’examiner l’opportunité et – éventuellement – les moyens de reprendre l’expérience visant à programmer un résumé des débats parlementaires sur les antennes et les écrans de la R.T.B.-B.R.T.

129Apparemment, les deux parties ont paru prêtes à accorder la publicité des débats par le canal de la radio et de la télévision. C’est pour cette dernière – qui exige d’importants moyens techniques – que les problèmes étaient les plus ardus à résoudre. En fin de compte, on s’orienterait vers l’installation fixe du matériel requis dans l’hémicycle. Toujours est-il que les représentants des instituts de diffusion se sont vus demander un projet précis d’infrastructure technique. [31]

130Il faut relever certains problèmes inhérents à la télévision belge. Actuellement, il n’existe qu’une seule chaîne ; celle-ci est encombrée par les émissions scolaires et didactiques de l’après-midi et par les émissions d’information générale et de divertissement le soir. En conséquence, les transmissions en direct doivent garder un caractère exceptionnel.

131Si l’infrastructure exigée par la radio est légère, celle qu’exige la télévision est lourde et coûteuse. Il faudra là résoudre un problème budgétaire. On a songé à laisser une partie du matériel technique sur place au Parlement.

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134En rapport avec la constitution de ce groupe de travail, il semble intéressant de relever les déclarations faites quinze jours plus tard par un de ses membres, M. Parisis, vice-président de la Chambre, dans une interview qu’il accorda à l’hebdomadaire Télépro.

135A la question relative aux effets directs de la retransmission radio-télévisée des débats parlementaires, M. Parisis répondait : "Je crois que ce sera une chose heureuse, car elle permettra de tenir l’opinion publique plus directement en contact avec l’institution parlementaire qui demeure encore trop pour elle un organisme un peu obscur, un peu caché et dont elle ne saisit pas le rôle exact. Je crois que cela favorisera une démystification du travail parlementaire, dans le bon sens du terme. Parallèlement, je pense que les reportages, notamment télévisés, seront un moyen de corriger la vague d’absentéisme sévissant aujourd’hui parmi les élus de la Nation."

136A quoi faut-il attribuer cette recrudescense de l’absentéisme ? "Je m’empresse de dire que ce n’est pas dû à une négligence délibérée ou à une lassitude généralisée. Non. Il y a tout simplement un défaut de perspective. Beaucoup de députés se dévouent sans réserve à faire des courses dans les ministères, à nouer des contacts, etc., mais malheureusement au détriment de leur mission primordiale : le travail parlementaire. Ainsi, il faudra sans doute réétudier leur emploi du temps, pour être présents dans l’hémicycle…"

137Le deuxième problème est d’ordre linguistique : presque les trois quarts des interpellations se font en flamand. La R.?.?.-?.R.?. devra-t-elle faire un résumé des allocutions tenues dans l’autre langue ? Enfin, un troisième problème sera d’ordre politique : la télévision pourrait servir soit la majorité, soit l’opposition. Le spectacle d’une minorité plus agressive ou d’une majorité plus tempérée, peut présenter des dangers d’interprétation.

138Au cours d’une récente réunion du Bureau de la Chambre avec les responsables de la R.?.?.-?.R.?., on s’est par contre mis d’accord pour laisser aux journalistes le libre-choix des séquences à diffuser, du moins dans une première phase expérimentale, et uniquement en ce qui concerne la Chambre. Pour le Sénat, on verra après. C’est ainsi que trois formules ont été retenues. La première consistera à diffuser dans les journaux télévisés une série de flashes (au total environ 10 minutes) ; complétés par un compte rendu classique. La deuxième consistera en un rapport synthétique illustré par des dias et des bandes de son et agrémenté de commentaires. Enfin, la troisième formule qui pourra être utilisée à l’occasion de débats importants et moyennant l’accord explicite du Président de la Chambre, permettra la diffusion d’un résumé d’environ une heure, ou d’un extrait en direct qui serait programmé entre 17 et 18 heures.

139Ne faut-il pas craindre que la présence de la presse audio-visuelle puisse provoquer un nivellement par le bas de la tenue des débats ? Les orateurs n’auront-ils pas tendance à manquer d’aller au fond des questions, à l’aide d’argumentations nécessairement complexes, par peur de rester incompris du grand public ? "La première conséquence directe des retransmissions, répondait M. Parisis, consistera en une modification du règlement de la Chambre : on raccourcira le temps de parole des orateurs. De là aller jusqu’à prétendre que la simplicité risque de se muer en simplisme, voilà un pas que je ne franchirai pas. Je le répète : en séance publique nous traduisons ou nous alertons l’opinion. Pour qu’on comprenne, il faudra être clair et précis. Le plus gros du travail proprement législatif ne sera d’ailleurs pas atteint, puisqu’il se fait essentiellement dans les commissions où, là, le simplisme n’a vraiment pas droit de cité."

140A l’ultime question, à savoir à partir de quand les téléspectateurs pourront-ils s’attendre aux premiers débats télévisés, M. Parisis, répondait : "En principe le terrain est libre et les premiers reportages ne pourront tarder. Néanmoins, je crois qu’il est souhaitable d’installer un appareillage fixe : ce sera plus coûteux mais plus fonctionnel. Comme les émetteurs ne peuvent se permettre de laisser "dormir" trois caméras dans l’hémicycle, la Chambre devra sans doute se résoudre à supporter la dépense de l’infrastructure. Et puis, il faudra sonner le rappel pour faire venir nombreux… les parlementaires ! "[32].

5 – Le grand tournant : Le débat sur les fusions des communes

141Du mercredi 12 au samedi 22 novembre 1975, la Chambre a discuté et voté le projet de loi portant ratification d’arrêtés royaux pris en exécution de la loi du 23 juillet 1971 concernant la fusion des communes et la modification de leurs limites, et de la suppression des fédérations périphériques créées par la loi du 26 juillet 1971 organisant les agglomérations et les fédérations de communes.

142Le jeudi 13 novembre 1975, le deuxième jour de cet important débat, le ministre d’Etat Van Eynde déclara à la Chambre :

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"Hier, j’ai suivi la retransmission et à cet égard je voudrais poser des questions au président.
Les prises de vues étaient limitées à un des tout derniers incidents auxquel j’étais mêlé.
Puis-je vous donner un bon conseil, monsieur le président ? Les micros installés devant vous transmettent aussi les conversations particulières du président avec le greffier et certains membres ! Or hier la télévision a retransmis les réflexions du président, ce qui doit avoir donné aux téléspectateurs l’impression qu’il traite les membres de la Chambre comme des potaches !
Ces images que la télévision a transmises hier ne sont que la caricature de ce que devrait être un compte rendu.
Nous pouvons aisément nous passer d’une telle caricature de compte rendu des débats de la Chambre. M. Anciaux a été filmé alors qu’il tournait le dos à la caméra. Ce qu’il disait était incompréhensible !
Que les techniciens de la télévision apprennent d’abord leur métier et sachent respecter l’objectivité à laquelle ils sont tenus par la loi ! "[33].

144Venant au secours des techniciens de la télévision, M. Schiltz, Volksunie, demanda la parole pour dire :

145

"Le principe de l’émission télévisée de nos débats est certainement défendable. Mais le reportage d’hier ne me paraissait pas très réussi. Je crois, toutefois, que cette situation est due à la limitation de la liberté de mouvement des techniciens de la télévision."[34]

146Enchaînant, M. Van Eynde répliqua : "Ils étaient sur les lieux à partir de 14 heures et ils ont commencé à filmer à partir de 19 heures"

147Le Président de la Chambre, M. Dequae, répondit : "C’est le bureau qui a décidé d’autoriser des prises de vues pendant la séance. L’expérience nous permettra d’élaborer un régime mieux structuré."[35].

Les réactions suscitées par le débat

148Durant ce débat de dix jours, l’opinion publique fut rendue attentive par les retransmissions de la télévision. Partout, on pouvait entendre les gens évoquer leurs impressions au sujet des images vues sur le petit écran la veille. Indubitablement, on peut parler d’une très grande participation du public à ce qui se passait à la Chambre.

149La plupart des journaux soulignaient la médiocrité et même la bassesse du débat sur les fusions de communes.

150Le 22 novembre 1975, le président du Parti socialiste, M. André Cools écrivait : "Beaucoup de journalistes sont attentifs au "scoop", à l’instantané sensationnel qui pour eux, se ramène bien souvent à la reproduction d’un incident. Bref, beaucoup d’entre eux négligent de reproduire l’argumentation d’un débat et choisissent de ne refléter que les instants passionnels qui l’émaillent. Ils inspirent à la grande masse des lecteurs, des auditeurs, des spectateurs, l’illusion que notre lutte s’identifie à quelques éclats qu’il est trop aisé de présenter comme dérisoires."[36]

151Pour M. Emiel Van Cauwelaert, rédacteur en chef du journal Het Volk, "ce débat était soit d’un ennui mortel soit animé et riche en incidents. Dans la nuit de jeudi, les députés socialistes en vinrent aux mains avec…les huissiers de la Chambre. Les téléspectateurs reçoivent ces images à leur domicile, images assorties de la sonorisation y afférente. L’impression dans le pays est désastreuse et pour les députés et pour l’institution parlementaire, qui cependant est la pierre angulaire – ou devrait l’être – de notre démocratie. Un sondage d’opinion sur cette émission serait instructive et inquiétante.

152Il y a des images qui ont pour effet d’assoupir le téléspectateur. Tout journaliste ou technicien de la télévision sait cela. C’est pourquoi, il captera des images d’un incident violent, d’un parlementaire comme Jos Van Eynde qui rugit et gesticule à son banc. Ou bien des images d’un député endormi, ou d’un autre qui lit un journal, ce qui souligne leur indifférence pour ce qui se passe et se dit autour d’eux. La bonne télévision est celle qui tient le téléspectateur éveillé. Mais est-ce là de l’information objective ? Et cette sorte d’information est-elle de nature à promouvoir l’initiation civique et la participation politique du citoyen à notre démocratie ? Cela naturellement est une autre question

153Nous voulons souligner tout cela afin de démontrer que la télévision, en ce qui concerne la retransmission des débats de la Chambre, ne peut être mise sur le même niveau que les autres media. C’est un médium "sui generis", d’une sorte bien particulière, et pour cela un médium très délicat avec lequel il faut procéder le plus judicieusement et le plus prudemment. L’impression catastrophique que les récentes transmissions des débats de la Chambre à la télévision ont laissé confirme cela."[37].

Le sentiment du président Dequae

154M. Dequae a pris la peine de se rendre à la R.?.?.-?.R.?. pour visionner les séquences filmées que les téléspectateurs ont pu voir sur le petit écran tout au long du débat. Ses conclusions sont positives. Il pense que la population a été informée, même si elle ne le fut pas complètement. Les députés sont d’accord pour continuer. Il est hors de question que la Chambre ou son bureau exerce une quelconque censure.

155De nombreuses personnes ont souligné un aspect du débat ; elles ont eu l’impression que suite à la présence de la télévision, les incidents ont été plus nombreux et plus violents. Or, selon M. Dequae, le débat s’est, au contraire, calmé. La présence de la télévision a eu un effet apaisant.

156Le président de la Chambre est conscient de l’intérêt qu’il y aurait à disposer d’une installation fixe.

157Pour M. Dequae l’expérience continue. Toutefois, contrairement à ce que le vice-président Parisis a affirmé [38], M. Dequae est d’avis qu’il ne peut être question de modifier le règlement de la Chambre dans le sens d’une limitation du temps de parole.

158+

159+ +

Remarques générales

160Si la R.T.B, avait tendance à projeter des images relativement statiques, montrant successivement les orateurs à la tribune, la B.R.T., par contre, semblait disposer d’une caméra plus mobile qui avait tendance à prendre les deux groupes de l’opposition.

161Dans les deux séries de séquences, on a toujours vu le gouvernement de dos.

162Si les reporters de la B.R.T. ont manifesté une certaine tendance à se laisser filmer à des endroits insolites pour eux comme le fond de la salle des séances de la Chambre, leurs collègues de la R.T.B. sont restés plus effacés en laissant ainsi aux téléspectateurs un maximum d’images de députés, ce qui est appréciable.

163Les deux réseaux ont, à nos yeux, commis une même erreur, c’est de ne diffuser que les discours prononcés dans la langue de leurs spectateurs. Bien sûr, on nous a dit et répété à la R.T.B. que le téléspectateur moyen est un individu unilingue qu’il ne faut pas importuner avec le son d’une langue qu’il ne comprend pas. Même si on peut nous rétorquer que dans certains cas, les sous-titres rendaient les interventions compréhensibles, dans l’ensemble, la tendance des reporters était, habituelle chez eux, de couvrir la voix des parlementaires qui parlaient dans l’autre langue. Ce qui a pour effet de donner une vision tronquée d’un Parlement national et bilingue. Des sondages devront permettre de savoir ce qu’en pensent les usagers du nord et du sud du pays.

164Si les reporters de la R.T.B. ont pris l’initiative de montrer les coulisses de la Chambre, le personnel au travail, les chauffeurs des ministres battant le carton et les gendarmes battant le pavé, leurs collègues de la B.R.T. ont souvent donné dans leurs commentaires l’impression de ne pas prendre les députés au sérieux. Par exemple, en disant devant le micro que si les députés n’avaient pas discuté durant une heure sur le point de savoir si on allait clore la séance, tout le monde serait allé au lit une heure plus tôt. Si les élus de la Nation estiment devoir discuter pendant une heure de la poursuite ou non de leurs travaux, c’est pour eux un droit inaliénable et le journaliste parlementaire outrepasse son droit au commentaire en faisant de l’ironie car il conditionne ceux qui le regardent et l’écoutent.

165Enfin, à l’aube du dernier jour de ce grand débat, la B.R.T. a montré des leaders de l’opposition venir serrer la main du ministre de l’Intérieur Michel qu’ils avaient farouchement combattu durant dix jours. C’était peut-être une bonne manière de ramener un débat passionné à ses justes proportions et de montrer aux électeurs qu’à la Chambre, si on peut parfois être véhément, une certaine sportivité n’est pas exclue.

6 – Les précisions de M. Wangermée, Directeur Général de la R.T.B.

166L’étude technique est en cours : les retransmissions des débats impliquent une certaine infrastructure et, par conséquent, certaines dépenses. Les dépenses d’infrastructure ne seraient pas à la charge de la R.T.B. mais à celle du Parlement. La R.T.B. prendrait à son compte les frais d’utilisation et de personnel.

167Ce qui est important, c’est que le président de la Chambre ait énoncé comme un principe que des émissions de ce type ne pourraient être conçues que selon une procédure journalistique, c’est-à-dire sous la responsabilité d’une rédaction et non sous un contrôle particulier de l’Assemblée elle-même, sinon le contrôle normal, critique, que celle-ci exerce après ces émissions-là, comme elle le fait après des billets que l’on consacre à l’actualité parlementaire.

168En ce qui concerne les programmes, M. Wangermée déclare qu’on envisage plusieurs formules possibles. Dans les cas très exceptionnels, on peut penser à une émission en direct pendant une séance qui devrait être brève (deux ou trois heures par exemple) mais on peut difficilement envisager pareille diffusion tant qu’on ne dispose que d’une seule chaîne Ensuite, des transmissions – moins exceptionnelles mais pas trop fréquentes tout de même – qui consisteraient dans l’enregistrement et la diffusion dans un montage de 30 à 45 minutes environ, d’échos de la séance parlementaire.

169Le type d’émission le plus commun serait l’"insert" dans le Journal télévisé séquence relativement brève avec des fragments d’interventions captés pendant la séance. C’est certainement plus délicat car le choix est plus drastique que dans les autres cas. Ce serait le plus fréquent mais, même à cet égard, la R.T.B. est obligée de choisir – toujours sur le plan journalistique – les séances parlementaires qui feraient l’objet de ces séquences car il ne saurait être question pour elle de diffuser tous les débats parce qu’une telle façon de faire lasserait les téléspectateurs et les auditeurs. On ne peut pas dire non plus qu’on sera en mesure de donner sur les ondes la parole à tous ceux qui l’auront prise à la Chambre : ce n’est guère possible.

170En concluant, M. Wangermée dit qu’il ne souhaite pas du tout une périodicité dans les transmissions. Les transmissions, selon lui, doivent garder leur caractère exceptionnel, donc pas de chronique ni quotidienne, ni même hebdomadaire, car une présence à l’occasion d’un débat important frappe beaucoup plus l’attention.

CONCLUSIONS

171A une époque où les publicistes de tous les horizons se donnent le mot pour faire le procès du régime parlementaire, il fallait avoir du courage pour autoriser l’entrée des micros et des caméras de la radio et de la télévision dans une enceinte parlementaire.

172Bien sûr, si la question de l’entrée de la télévision au Parlement quitte le terrain académique pour déboucher sur celui de la discussion pratique, il est bien évident, pense Marthe Dumon, que des craintes seront exprimées, par exemple :

173

– " la crainte que trop de voix, de visages non officiellement investis par les groupes se révèlent ;
– la crainte que trop de place soit donnée aux petits groupes, aux groupuscules qui, avec un représentant, pourraient "crever" l’écran ;
– la crainte que le montage, le choix des images et leur cadre, l’échelle des plan n’avantagent trop l’adversaire et ne vous désavantagent ;
– la crainte de l’importance prise par le journaliste responsable du montage, c’est-à-dire celui qui ferait le choix des séquences et de l’assemblage dont elles seraient l’objet ;
– la crainte des problèmes créés par les résumés obligatoires, les transitions et, en définitive, la crainte de l’importance finale accordée à l’un ou l’autre parlementaire, selon le poids de l’argument développé dans le débat, soit selon le "poids" politique du député"[39].

174A ces craintes, M. Wangermée donne des apaisements : "Les effets de la télégénie ne sont pas redoutables, pour autant que la télévision bénéficie d’un statut rigoureux d’indépendance et d’objectivité qui la mette à l’abri des interventions ouvertes ou camouflées du pouvoir dans les organismes privés et commercialisés. C’est pourquoi dans une démocratie, il importe de doter la télévision d’un statut tel qu’elle ne puisse abuser de ses moyens qui, s’ils ne sont pas tout-puissants, peuvent être considérables. Ce statut doit assurer à l’organisme de télévision une indépendance aussi complète que possible vis-à-vis du gouvernement comme vis-à-vis de toute puissance qui pourrait être tentée d’agir par son intermédiaire sur le comportement du pays.

175Mais si l’on veut que la télévision remplisse mieux son rôle, il faut exiger d’elle plus qu’une neutralité qui ne serait qu’une pseudo-objectivité. Une des tentations les plus redoutables pour la télévision n’est pas de vouloir former les opinions, mais de ne pas s’inquiéter du tout de politique. A une société de masse qui tend à la dépolitisation, elle a le devoir d’essayer de donner un intérêt actif pour la politique (au sens le plus noble), elle doit sensibiliser à tous les problèmes du présent : éclairer, aider à comprendre."[40]

176Une question, lancinante, revient toujours à l’esprit ; que pense le grand public de la retransmission des débats parlementaires ? Heureusement, des hommes courageux se lèvent pour dire : "Il grandit le nombre de citoyens qui supportent mal d’être tenus en lisière, gavés ou muselés par une information qui ne s’adresse à eux que dans la mesure où ils sont intéressants pour ceux qui les manipulent et les asservissent. Le phénomène est bien réel et réconfortant, même s’il échappe à beaucoup qui s’imaginent toujours que les citoyens constituent une masse de gens peu intelligents, guère formés et naturellement non-informés qui n’ont donc qu’à écouter avec reconnaissance et à suivre fidèlement les prônes divers que leur servent, avec le conditionnement idoine, les responsables qui savent. Outre le principe humaniste et chrétien, que nul, à priori, ne peut être considéré comme un imbécile le réalisme lui-même commande de constater objectivement que des groupes de plus en plus nombreux, mal définis d’ailleurs, de cadres, de techniciens, d’hommes et de femmes, que le savoir ne laisse pas indifférents, n’acceptent plus, même s’ils sont empêchés de le dire, d’être traités comme des enfants, des primaires, des démunis à qui il faut raconter des histoires pour qu’ils se tiennent tranquilles !"[41]

177La presse, qui semble avoir un instant donné des signes d’irritation, n’a rien à craindre des retransmissions des débats parlementaires par la radio et la télévision. En effet, comme le fait justement remarquer Holde Lhoest, la presse restera toujours complémentaire aux autres techniques par son pouvoir d’approfondissement de l’information d’actualité. [42]

178Enfin, il faut tenir compte de ceux qui craignent que la télévision porte atteinte à l’institution parlementaire en la démystifiant.

179

"Cette fonction de démystification, écrit le professeur Wangermée, qui est liée à un exercice actif de la fonction d’information n’est pas toujours acceptée de bon cœur… La télévision doit tenir compte du milieu dans lequel elle baigne, et dont elle est à la fois conscience active et reflet. Elle ne peut prêcher la révolte mais dans une société démocratique une information signifiante est politique par essence et réformatrice par nature. Si la démocratie est assez sûre d’elle-même pour lui permettre d’agir en ce sens, la télévision peut contribuer à changer le monde."[43]

180L’essentiel est que le premier pas ait été franchi. Les parlementaires et les gens de la radio et de la télévision sont conscients de l’importance de l’enjeu. Une information complète des citoyens implique l’accès des media électroniques au Parlement. Il faut aller au-delà de la phase expérimentale ; radio et télévision doivent pouvoir devenir opérationnels à la Chambre des Représentants.

Notes

  • [1]
    Harmel P., L’avenir de la télévision en Belgique, XXVIIIe Semaine sociale universitaire du 21 au 26 mars 1960, Institut de Sociologie, Bruxelles, 1961, pp.20-21.
  • [2]
    Wangermée R., "Problèmes de l’information télévisée", Revue de l’Université de Bruxelles, 1972, 4, p.367
  • [3]
    Lhoest H., Le pouvoir politique des moyens de communication. Attitudes des électeurs en Europe face aux campagnes de "persuasion", Res Publica, XIV, 1972, 3, p.475.
  • [4]
    Huyse L. L’apathie politique, éditions scientifiques Erasme, Anvers, 1969, p. 7.
  • [5]
    Renseignements transmis par le Secrétariat général de la Questure de l’Assemblée nationale.
  • [6]
    Westerterp Th., Kamerdebatten televiseren in Massamedia en politiek, 24 essays ter nagedachtenis van Prof. Mr. L.G.A. Schlichting, Ambo, Utrecht, 1968, blz. 73-79.
  • [7]
    Renseignements contenus dans une note de travail reçue du Bureau d’Etude et d’Enquête de N.O.S.
  • [8]
    Union Interparlementaire, op. cit., pp. 148-152
  • [9]
    Réponses du Bundestag au questionnaire établi par l’Association internationale des secrétaires généraux de Parlement. Document aimablement transmis par Madame A.-M. Renger, présidente du Bundestag.
  • [10]
    Cf. aussi F.J. Tomiche, Aperçu sur quelques effets de la télévision en Grande Bretagne, Les Temps modernes, n° 166, décembre 1959, pp. 1080 1097
  • [11]
    B.B.C. Handbook, Ebenezer Baylis & Sons, Worcester & London, 1971, p. 83
  • [12]
    Berthoud R., Listening in to the Commons is confusing, The Times, June 10 1975.
  • [13]
    The Times, August 8 1975.
  • [14]
    De Croo H.F. & Huenens R., Het Parlement aan het werk, Bruylant, Bruxelles, 1966, p. 174.
  • [15]
    Il s’agit des démarches multipliées par la T.V. pour obtenir l’autorisation de placer des caméras dans l’hémicycle de la Chambre, à l’occasion de certaines séances et de disposer ainsi d’images à diffuser en direct ou en différé. Les motifs invoqués sont soit la simple information politique, soit l’éducation civique du public.
  • [16]
    Binnemans C.-L., Faut-il Un ministre de l’Information ?, Le Soir, 3 mars 1970, p. 2.
  • [17]
    Van Impe H., Le rôle du Parlement : mythes et réalités, Intermédiaire, n° 4, 19 février 1971, p. 16
  • [18]
    La Libre Belgique, 5 janvier 1976, p. 2.
  • [19]
    De Vos P., in Le Monde, 1er février 1973
  • [20]
    Le Soir, 22 février 1973
  • [21]
    Plavsic W.S., Faut-il téléviser les débats parlementaires ? Socialisme, n° 113, octobre 1972, pp.400-407.
    Id., Parlementaire debatten op televisie ? Socialistische Standpunten, Nr 3, 1973, blz. 164-170.
  • [22]
    Dumon M., Pour ou contre la télévision au Parlement, Progrès, septembre 1966 pp.30-34.
  • [23]
    Union Interparlementaire, op.cit., pp.42-44.
  • [24]
    XXXIe Semaine Sociale Universitaire. L’Opinion publique belge, le Parlement, l’Europe, les Finances publiques, la Politique culturelle. Editions de l’Institut de Sociologie, U.L.B., Bruxelles, 1971, pp. 29-40
  • [25]
    Service d’information et de documentation des Services de Chancellerie du Premier ministre, Bruxelles, document n° 43/74.
  • [26]
    Compte rendu analytique des discussions des Chambres législatives de Belgique, Chambre des Représentants, session ordinaire 1974-1975, séance du 8 octobre 1974, pp.2-3
  • [27]
    Binnemans C.-L, Le parlement devant la T.V.-Caméra ? Plus facile à dire qu’à faire…, Le Soir, 9 octobre 1974.
  • [28]
    Ibid, "Un morne ennui dans l’hémicycle" Le Soir, 10 octobre 1974.
  • [29]
    La Libre Belgique du 10 octobre 1974, p.2.
  • [30]
    Aubry L., Une sélection difficile, "Courrier de Belgique" Le Monde du 17 octobre 1974
  • [31]
    Le Soir, du 16 janvier 1975, p. 2.
  • [32]
    La R.T.B, sur le chemin du Parlement, une interview de M. Parisis recueillie par Pierre Shoffers, Télépro, n° 1.091, jeudi 30 janvier 1975, pp. 2 et 3.
  • [33]
    Chambre des Représentants, Compte rendu analytique, Séances du jeudi 13 novembre 1975, pp 122-123.
  • [34]
    Ibid., p.123.
  • [35]
    Ibid., p.123.
  • [36]
    Cools ?., Le même combat, Le Peuple du 22 novembre 1975.
  • [37]
    Van Cauwelaert Em., Parlement, televisie en démocratie, Het Volk du 22 novembre 1975, blz. 2.
  • [38]
    Voir p.20, 5e paragraphe.
  • [39]
    XXXI Semaine sociale universitaire, op. cit., p.39
  • [40]
    Wangermée R., "Une dimension politique nouvelle : la télégénie" ? Res Publica, Volume X, numéro spécial, 1968, p. 111.
  • [41]
    Raes Jean S.J., "Publicité, sauvegarde du peuple", Notre Temps, numéro spécial, 10 janvier 1974
  • [42]
    Lhoest H., "L’information au futur", Revue de l’Université de Bruxelles, 1972, 3, p.443
  • [43]
    Wangermée R., "Problèmes de l’information télévisée", Revue de l’Université de Bruxelles, 1972, 4, p. 383
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