Couverture de CRIS_398

Article de revue

Les derniers développements de l'affaire de Louvain (II)

Pages 1 à 24

Notes

  • [1]
    Pan souleva, le 24 janvier, le problème de savoir dans quelle mesure la publication de ce programme répondait à une tactique du P.L.P. visant à faire éclater le P.S.C.
  • [2]
    La Libre Belgique, 20 février 1968, : "Destinée à lever toute équivoque, la publication du plan d’expansion de la section française a été rendue nécessaire par les agissements des autorités académiques flamandes".
  • [3]
    Ces arrestations ne sont généralement pas maintenues plus de vingt-quatre heures. Celles de Pol Goossens et de deux autres étudiants sont toutefois maintenues : le 24 janvier, le parquet interjette appel contre la décision de libérer ces trois étudiants. Leur libération interviendra le 31 janvier après décision de la Cour d’Appel.
  • [4]
    Cfr Courrier Hebdomadaire n° 364-365, 28 avril 1967.
  • [5]
    Ces décisions n’ont pas été effectives suite à une décision de suspension des cours par le conseil académique flamand. Voir plus loin.
  • [6]
    A la demande du conseil académique, les délégués des facultés de théologie et de droit canon et de l’Institut supérieur de philosophie, MSS. Onclin et Dondeyne, n’ont pas participé au vote.
  • [7]
    Dès le début de la crise, une partie de la presse francophone - et particulièrement La Libre Belgique - innove en désignant le P.S.C. flamand sous le sigle C.V.P. De Standaard agit de même pour le P.S.C. francophone.
  • [8]
    Par contre, il n’est pas fait allusion à l’arrêté d’application des lois linguistiques relatif à l’U.C.L. Voir texte en annexe.
  • [9]
    Cette position, reprise de la déclaration commune des quatre mouvements wallons, a été rappelée après l’éclatement de la crise par A. Genot, président fédéral du M.P.W., au Congrès régional du M.P.W. du Brabant wallon à Limelette le 20 janvier 1968. Elle est ensuite reprise par Rénovation Wallonne, Wallonie Libre, les Jeunes sociaux-chrétiens, le F.D.F., le Parti Wallon, …
  • [10]
    Ont émis un vote positif : les députés présents de la Volksunie, du P.L.P., du P.S.C. flamand, du Parti communiste et de l’U.G.S., ainsi que MM. Vanden Boeynants (P.S.C.), Van Acker et Glinne (P.S.B.).
    Ont émis un vote négatif : les députés du F.D.F. ainsi que MM. Cudell (P.S.B.), Moreau (Parti Wallon) et Mundeleer (P.L.P.).
    Se sont abstenus : les députés P.S.C. francophones.
    Etaient absents : les députés P.S.B. (sauf MM. Van Acker, Cudell et Glinne), les ministres P.S.C. francophones, ainsi que MM. Perin (Parti Wallon) et Demuyter (P.L.P.).
  • [11]
    M. de Stexhe, absent, à l’étranger, était excusé.
  • [12]
    Art. 3 des statuts de l’A.S.B.L. Vlaamse Leergangen te Leuven, Annexe au Moniteur n° 539 du 15 novembre 1924.
  • [13]
    Cfr. M. Van Haegendoren, De Ziekte aan de Dijle, Uitg. van In, Lier, 1966, p. 22.
  • [14]
    Université Catholique de Louvain, p. 240.
    Centre consultatif pour les études, Louvain, 1963.
  • [15]
    Art. 3 des statuts de l’A.S.B.L. Les Amis de l’Université de Louvain, annexe au Moniteur n° 1.482 du 1er juin 1946.
  • [16]
    "tot ongenoegen van de niet-geraadpleegde leden", note Guido Van Hoof dans Leuven, Louvain, Uitg. Van In, Lier, 1966, p. 92.
  • [17]
    Ibid. et passim.
  • [18]
    Le comité national est composé de A. Gerlo, président, et également président de la section bruxelloise, H. Picard et R. Derine, vice-prédents, F. De Pauw (ULB), trésorier, Mme Lasseel De Groote (RUCA) et H. Deleeck (Sint-Ignatius), secrétaires.
  • [19]
    Ce sont MM. Clem De Ridder, A. Verhulst, A. Gerlo, M. van Haegendoren, P. Daels, W. De Brock, E. Van Cauwelaert, R. Vandezande et W. Opsomer.
  • [20]
    anciennement Coordinatiecomité Leuven (voir C.H. 394, p. 5 et p. 8 et C.H. 338, p. 10). Notons que ce changement de nom indique entre autres que le comité a l’intention de prendre position non seulement en faveur du transfert de l’U.C.L. mais aussi du dédoublement de l’U.L.B. (Brochure Colloquium Universiteit en volk, Coordinatie Comite Taalregeling Hoger Onderwijs, pp. 161-162).

2 – La publication du programme d’expansion de la section française

1Le 15 janvier 1968, La Libre Belgique annonce que le conseil académique de la section française de l’U.C.L. a mis la dernière main au plan d’expansion de cette section, que ce plan sera rendu public dans les jours suivants et qu’il prévoit des implantations nouvelles avec, comme condition préalable, le maintien et le fonctionnement d’une section française complète à Louvain.

2Le soir même, le programme d’expansion, contresigné par tous les membres du conseil académique, est rendu public.

3Cette publication se situe dans le contexte de débats entre les représentants des deux sections au conseil d’administration. Les représentants de la section française ont interprété le comportement des représentants de la section néerlandaise à la réunion du 20 décembre 1967 comme révélant "la prétention d’entraver tout développement de la section française à Louvain même, en lui refusant le droit de procéder à de nouveaux investissements immobiliers". Par contre, les représentants de la section néerlandaise s’en tiennent à la décision du conseil d’administration du 20 décembre selon laquelle les programmes d’expansion des deux sections doivent être communiqués au conseil d’administration et au commissaire général de l’Université avant toute publication.

4La publication du programme d’expansion de la section française en dehors des normes définies le 20 décembre rend public et porte à l’avant-plan de l’actualité politique un affrontement entre les deux sections de l’Université, auquel la presse a fait jusqu’alors de nombreuses allusions sans être à même de rendre compte de l’ensemble. Les autorités académiques de la section néerlandaise avaient insisté à plusieurs reprises pour que le programme d’expansion de la section française soit communiqué. Néanmoins le conditionnement de la décision de rendre public le texte du programme déborde le cadre universitaire louvaniste proprement dit. Il convient de tenir compte en outre de l’évolution interne du P.S.C. depuis le dernier trimestre de 1967.

5Face au rejet par l’aile flamande du parti de la formule d’"ouverture du Brabant", défendue par le président du parti, R. Houben, (sous l’argument qu’elle accélérerait la francisation de Bruxelles et obligerait la section néerlandaise elle-même à se disperser), l’aile wallonne du P.S.C. prit parti en faveur :

  • du caractère catholique et de l’unité organique de l’Université de Louvain ;
  • du maintien à Louvain du centre d’enseignement universitaire complet le plus important, tête d’un ensemble universitaire catholique d’expression française groupant les facultés autonomes actuelles et les nouvelles implantations de l’U.C.L. ;
  • de la réalisation par priorité des cliniques universitaires de Woluwe Saint-Lambert et de l’établissement à cet endroit de l’ensemble de la faculté de médecine de la section française.

6Ce programme, arrêté avec l’acoord des autorités académiques francophones, n’impliquait pas que la section française se développât à Louvain, mais postulait les investissements nécessaires à son fonctionnement normal dans une perspective d’expansion réalisée ailleurs.

7La position de l’aile wallonne fut communiquée au président du P.S.C. et au Premier ministre.

8On en retrouve l’essentiel dans la déclaration du président de l’aile, M. Parisis, remise à la presse au début de janvier 1968. Il ne s’agissait pas là d’une publication intégrale des thèses de l’aile wallonne, la pression du président du parti et du Premier ministre ayant empêché le président de l’aile de tenir la conférence de presse prévue.

9La manière dont fut rédigée la déclaration de M. Parisis, manière déterminée par des considérations internes de parti, fut perçue par certaines autorités académiques comme l’indice d’un manque de fermeté de l’aile wallonne du P.S.C. Cette interprétation, se greffant sur une désaffection préexistante du corps professoral francophone à l’égard du P.S.C., amena des déclarations de certaines personnalités de la section française (comme le professeur De Visscher dans La Libre Belgique du 2 janvier). C’est dans le même contexte que se situa la communication publique du programme d’expansion de la section française [1].

10x x x

11

"Divulgué en période de tension, le document a vu sa partie proprement universitaire réduite à l’essentiel, tandis que la partie politique était développée pour marquer la volonté impérative des francophones de garder une section française complète à Louvain" [2]. En effet, le programme d’expansion comporte un assez long préambule dans lequel les autorités académiques francophones s’élèvent contre le comportement à leur égard des représentants de la section néerlandaise. Le conseil académique de la section française se dit ainsi amené à déclarer "de la manière la plus nette et la plus catégorique, que la mise en œuvre des projets d’expansion de la section française, quels qu’ils soient, doit être subordonnée à la garantie préalable et non équivoque du maintien à Louvain d’une section française complète, maîtresse de ses propres destinées et libre de s’y développer sans entraves, à la mesure de ses besoins, tels qu’ils seront définis par ses propres autorités".

12La déclaration du conseil académique évoque alors une éventuelle décision politique : "Le conseil académique n’ignore pas que la destruction ou le démantèlement de la section française pourraient être décrétés par les autorités politiques au mépris de nos libertés fondamentales. Si cette éventualité devait se produire, elle entraînerait des conséquences fatales pour l’Université catholique de Louvain, pour l’ensemble de l’enseignement universitaire et pour l’unité du pays. Aussi le conseil académique entend-il préciser clairement, au seuil de cet exposé, qu’en tant que chrétiens et universitaires, les membres de la section française de l’Université catholique de Louvain n’y prêteront jamais la main".

13Avant d’aborder les "aspects universitaires des problèmes de l’Université catholique de Louvain", le programme comporte encore un rappel de certains faits : la déclaration épiscopale du 13 mai 1966, la "politisation" du problème, l’accord conclu au sein du gouvernement quant à l’ouverture du Brabant, la croissance des effectifs de la section française.

14Le document poursuit en énumérant les difficultés de la politique universitaire : croissance du nombre des étudiants aux aptitudes et aux motivations beaucoup plus différenciées que par le passé ; diversification croissante du marché de l’emploi.

15Le conseil académique expose ensuite les orientations choisies :

  1. maintien à Louvain d’une section française complète, disposant des moyens de s’y développer sans entraves ;
  2. priorité absolue à l’implantation à Woluwe Saint-Lambert de la faculté de médecine et de ses compléments ;
  3. développement de la coopération avec tous les établissements d’enseignement supérieur en Belgique ;
  4. étude et mise en place progressive d’un réseau différencié d’institutions complémentaires au sein de l’enseignement supérieur catholique de langue française ;
  5. nouvelles implantations :
    • justification de l’ouverture de Bruxelles à l’U.C.L. ;
    • réservation des autres implantations en dehors de Bruxelles (par exemple à Ottignies) à des candidatures de type nouveau et à des centres de recherche particuliers ;
    • collaboration étroite avec les institutions existant notamment à Namur, Mons et Charleroi.

16Le conseil académique conclut en faisant appel à l’adhésion du corps académique, du personnel scientifique et des étudiants, et à l’appui des milieux catholiques francophones.

3 – Les premières réactions : de la publication du programme d’expansion de la section française à la réunion du conseil d’administration du 21 janvier

17Dès le 16 janvier, le conseil académique de la section néerlandaise de l’U.C.L. se réunit et publie un communiqué marquant sa surprise sur la façon dont le programme d’expansion de la section française a été publié et sur le choix du moment pour cette publication. Il constate que ce texte met l’accent sur des implications politiques et "pseudo-religieuses" tout en méconnaissant les impératifs universitaires et les légitimes considérations culturelles et sociales flamandes. Le conseil académique fait confiance à ses représentants au conseil d’administration de l’Université et souhaite qu’ils maintiennent l’attitude qu’ils ont eue jusqu’à présent.

18Dès le 16 également, des réactions se font jour dans les milieux professoraux et estudiantins de la section néerlandaise. La Vereniging der vlaamse-professoren (V.V.P.) fixe sa position dans un communiqué : elle déclare y rejeter l’"ultimatum" que constitue, selon elle, la déclaration. Elle y rappelle sa propre position antérieure : favorable au transfert total de Louvain-français en Wallonie assorti de garanties financières et techniques. Elle s’adresse ensuite successivement aux parlementaires flamands pour qu’ils ne votent pas les subventions de 1968 pour Louvain-français (aussi longtemps que cette section n’aura pas retiré son plan et renoncé à la poursuite de l’implantation de Louvain-français dans l’agglomération bruxelloise) ; aux catholiques flamands pour qu’ils ne se laissent pas manœuvrer par des motifs prétendument religieux ; aux étudiants flamands pour qu’ils s’opposent fermement au projet, tout en veillant à ne pas porter préjudice à Louvain-flamand.

19Le même jour, l’organisation des chercheurs et assistants de la section néerlandaise, Lovan, prend également position, de même que certains groupements estudiantins. Ainsi le Fakulteitenkonvent exige de l’épiscopat qu’il prenne immédiatement la décision de principe de transférer la section française au centre de la Wallonie et demande aux parlementaires flamands de rejeter, si nécessaire, les subsides de l’État aux universités libres.

20La réaction des milieux estudiantins flamands s’exprime particulièrement à l’occasion de meetings qui se tiennent chaque jour et qui se poursuivront jusqu’à la chute du gouvernement. Ces meetings sont, au cours des premiers jours, précédés ou suivis de manifestations entrecoupées d’incidents. Dès le 16 janvier, les incidents qui éclatent au cours d’une manifestation donnent lieu à l’intervention de la gendarmerie.

21Le 17 janvier, commence la grève des cours décidée par les organisations estudiantines flamandes. Des heurts ont lieu entre étudiants flamands et étudiants francophones. L’après-midi, des étudiants, parmi lesquels les dirigeants estudiantins Jef Dauwe, président du Katholiek Vlaamse Hoogstudenten Verbond (K.V.H.V.) et Pol Goossens, président du Studenten Vakbeweging (S.V.B.) sont arrêtés. Le 18, le bourgmestre de Louvain décide d’interdire les rassemblements sur la voie publique. Cette décision n’empêche pas des tentatives e ouvelles manifestations, qui seront le plus souvent suivies d’arrestations [3]. L’interdiction des rassemblements ne sera levée que le 13 février 1968.

22L’agitation en milieu étudiant flamand - qui s’étend à partir du 19 à d’autres centres estudiantins comme Anvers et Courtrai - constitue une pression sur les pouvoirs appelés à prendre une décision. Elle constitue toutefois gaiement un facteur de diversification des objectifs : en effet, à côté de la tendance nationaliste flamande, elle laisse apparaître une tendance nettement minoritaire mais plus progressiste qui s’exprime notamment à travers le Studenten Vakbeweging (S.V.B.) et qui cherche à donner à l’objet de la décision un contenu plus large (démocratisation de l’enseignement) ou encore un contenu plus précis sur le plan politique (démission du gouvernement).

23Au-delà des milieux professoraux et estudiantins proprement dits, le mouvement flamand exerce une pression travers des organismes comme le Comité du 5 novembre qui, le 17 janvier, organise à Louvain un meeting au cours duquel prennent la parole MM. Van Haegendoren, président du Coordinatiecomité (qui lit une déclaration de M. C. De Ridder, président du Davidsfonds), Verhulst, président du Willemsfonds [4], Vandenbussche, président du cercle "Politika". Le 18 janvier, le Comité du 5 novembre, dans un télégramme envoyé au Premier ministre et aux ministres de l’Intérieur et de la Justice, déclare qu’il attend un geste du gouvernement pour amener la détente à Louvain et proteste contre l’intervention de la gendarmerie.

24Le 19 janvier, au cours d’une réunion tenue à Gand, des orateurs de diverses tendances (MM. Crayebeckx, socialiste, Verroken, social-chrétien, Coppieters, Volksunie, Verhulst, libéral, et Turf, communiste) plaident en faveur de la formation d’un front unique flamand autour de deux axes : Louvain et Bruxelles.

25Au niveau du gouvernement, seul est officiellement posé à ce moment le problème du maintien de l’ordre. Les incidents qui éclatent le 16 janvier à Louvain amènent le Premier ministre et le ministre de l’Intérieur à en conférer dès ce moment. Le 19, alors que La Libre Belgique publie une interview du ministre Vanderpoorten consacrée à ce problème, le Premier ministre rappelle, à l’issue du conseil de cabinet que le premier devoir du gouvernement est de rétablir le calme et de maintenir l’ordre. Pour le reste, il souligne que le gouvernement sera mis dans les semaines à venir en possession de l’avis de la commission spéciale pour l’expansion universitaire et que c’est à ce moment qu’il en délibérera et qu’il prendra les mesures nécessaires.

26C’est toutefois l’évolution au sein du P.S.C. qui retient surtout l’attention à cette date. Une première position se fait rapidement jour : c’est une position d’attente des déclarations ou décisions des organes responsables de l’Université catholique de Louvain. Cette position est prise le 17 janvier au matin par le bureau du groupe P.S.C. de la Chambre (réuni en présence du président du parti, R. Houben) et, le soir du même jour, par le bureau du comité national du P.S.C. (réuni en présence de MM. De Saeger et Segers).

27Dès le même jour cependant commence à s’exprimer une tendance favorable à une initiative parlementaire en la matière. Ainsi le bureau national des C.V.P.-Jongeren, réuni à Bruxelles, invite les groupes parlementaires P.S.C. flamands à déposer à nouveau la proposition Verroken [4] et, faute d’un accord quant au transfert de la section française, à ne pas approuver le budget de l’Éducation nationale.

28Le jeudi 18, les bureaux des groupes P.S.C. flamands de la Chambre et du Sénat prennent position à leur tour. Selon eux, le plan d’expansion de la section française ne doit, statutairement, se voir reconnaître aucune valeur obligatoire, le conseil d’administration de l’Université étant seul qualifié pour prendre une position valable en ce qui concerne les plans d’expansion. Les bureaux des groupes P.S.C. flamands font appel au conseil d’administration et au pouvoir organisateur pour que, par consultation, on en vienne, le plus rapidement possible, à une solution acceptable. Ils confirment leur point de vue : le transfert en Wallonie de la section française selon des modalités à déterminer est la seule solution acceptable pour l’opinion publique de la partie flamande du pays. Faute d’une prise de position du conseil d’administration de l’Université dans un délai inférieur à un mois, les groupes P.S.C. flamands de la Chambre et du Sénat assumeront leurs responsabilités politiques en prenant les initiatives législatives indispensables. Ils comprennent l’indignation des étudiants et réprouvent toute violence. Ils décident de convoquer pour la semaine suivante les groupes P.S.C. flamands de la Chambre et du Sénat.

29Le 18 janvier encore, le président du P.S.C., R. Houben, met l’accent, dans une déclaration, sur la nécessité du réalisme et de l’unité du parti et du pays.

30Le 19, le bureau national des jeunes sociaux-chrétiens "affirme sa volonté de faire tout, avec tout le P.S.C. wallon, pour le maintien à Louvain d’une section francophone complète."

31Le P.S.C. demeure le parti principalement concerné par la crise de Louvain, mais des positions sont prises également au sein d’autres partis :

  • le 19 janvier, le bureau politique du Parti communiste estime qu’il appartient au Parlement de décider du sort de l’U.C.L. et se prononce pour le transfert de la section française ;
  • le 20 janvier, Le Peuple publie un article de son directeur politique, A. Housiaux, qui est à la fois favorable au maintien à Louvain de ce qui fait l’universalité et le rayonnement de l’U.C.L. ("le cœur théologique et philosophique de l’Université et ses facultés") et à la localisation des autres facultés dans leur région linguistique respective.

32A la fin de la semaine, tandis que l’agitation s’étend - comme on l’a vu - à Anvers et Courtrai et que les incidents se multiplient à Louvain, on enregistre :

  • la décision d’organisations représentatives du personnel académique et scientifique de Louvain-néerlandais de faire grève la semaine suivante : le 19, la V.V.P.-Leuven décide une grève d’une semaine par solidarité avec l’action des étudiants ; le 20, l’assemblée générale de Lovan décide de passer à la grève académique générale [5] ;
  • la diffusion par des groupements francophones de prises de position favorables au maintien à Louvain de la section française (Acapsul, le 19 ; Comité central des comités de défense de Louvain, le 20) ou réprouvant l’agitation (le 20, le Comité d’action nationale (C.A.N.) s’insurge contre les "éléments révolutionnaires" qui, à Louvain, "préparent la destruction systématique d’un pays prospère et paisible" ; le 20 également, le Centre d’action culturelle de la communauté d’expression française (C.A.C.E.F.) déclare "inadmissibles les prétentions d’expulsion de la section française en vertu d’un prétendu droit du sol sacrifiant les droits de la personne et les valeurs de l’esprit").

33C’est toutefois une nouvelle prise de position du conseil académique et du conseil financier de la section néerlandaise de l’U.C.L. qui constitue l’événement le plus important de cette fin de semaine. Cette position adoptée le 19 janvier [6] met en relief :

  • l’autonomie de fait des deux sections (illustrée, notamment par la prise de position du conseil académique français et "l’auto-affirmation qui s’en dégage") ;
  • "la question de savoir si doux institutions, qui sont (…) par leur nombre les deux plus importantes de ce pays, peuvent continuer à chercher à se développer dans une agglomération d’étendue limitée, sans que cela donne constamment lieu à des situations conflictuelles".

34Les autorités académiques de Louvain-néerlandais rejette le programme d’expansion de Louvain-français, qui n’offre, selon elles, aucune solution aux divers problèmes de l’U.C.L. Elles en considèrent en outre les conditions de publication comme inadmissibles ("sans que ni le conseil d’administration, ni le commissaire général aient pu en prendre connaissance préalablement").

35Les membres du conseil académique et du conseil financier de Louvain-néerlandais proposent alors l’établissement progressif et planifié, sur le territoire francophone, d’un campus universitaire complet ("de façon à garantir à la section française, au cours de la période de transition également, une activité complète dans les secteurs de l’enseignement et de la recherche") et font appel aux instances politiques afin qu’elles rendent possible ce programme d’expansion.

36Les autorités académiques de Louvain-néerlandais terminent leur déclaration (tout en marquant leur compréhension de "l’indignation provoquée dans la communauté universitaire flamande par le contenu et le ton de la prise de position du conseil académique francophone") en réprouvant tout acte de violence et en faisant appel à la reprise de la vie académique normale.

37Cette première période de réactions qui s’étend sur une semaine après la publication du programme de la section française se termine par une réunion commune, le dimanche 21 janvier, du conseil d’administration et des membres des conseils financiers de l’U.C.L. L’assemblée constate que l’approche des problèmes par les représentants des deux sections reste divergente quant aux principes, sur lesquels ils n’ont pu se mettre d’accord.

38La période s’achève donc sur un constat de carence du conseil d’administration de l’Université, dont les organes communs du P.S.C. disaient précisément attendre la position. L’absence de décision à ce niveau va créer les conditions d’une attente d’une décision du pouvoir organisateur, mais également d’une accentuation de la pression pour la "politisation" du problème.

4 – La deuxième phase de réactions : de la réunion du conseil d’administration le 21 janvier à la réunion du pouvoir organisateur le 3 février

39Le conseil académique et le conseil financier de Louvain-néerlandais réunis le 21 janvier, confirment leur déclaration du 19, constatent que leur appel pour éviter toute violence et toute dégradation n’a pas été suivi et décident la suppression des leçons, exercices, séminaires, examens partiels et cours pratiques du 22 au 27 janvier.

40Au cours du même week-end, l’opposition universitaire s’organise :

  • les délégués de la V.V.P.-Leuven, de Lovan et des étudiants flamands de Louvain prennent l’habitude de se réunir régulièrement (Selon certaines sources, l’initiative de cette coordination émanerait des Vlaamse Leergangen) ;
  • un Nationaal Studentenfront se constitue le 21 janvier et regroupe les leaders étudiants de différents centres flamands d’enseignement supérieur. Dès le 21 janvier, le Nationaal Studentenfront réclame - plus précisément du P.S.C. flamand - une initiative parlementaire avant le 23 janvier.

41Le Nationaal Studentenfront organise le 22 janvier une conférence de presse au cours de laquelle est présenté le programme des manifestations de la semaine, avec l’annonce de l’extension de l’action engagée dans les usines, contre "le gouvernement de l’Église et du capital actuellement au pouvoir". Le Nationaal Studentenfront considère qu’en décidant la suspension des cours pour une semaine, le prorecteur De Somer a tiré dans le dos des étudiants. Le Nationaal Studentenfront fait appel aux ailes flamandes du P.S.C., du P.S.B. et du P.L.P et à la Volksunie pour interpeller le gouvernement sur la situation à Louvain.

42L’agitation estudiantine s’étend, dès le 22, en Flandre (à Malines, notamment) ainsi qu’à Bruxelles (incident au Soldat inconnu). A partir du 23 - tandis que des incidents ont lieu à Louvain et que des manifestations se déroulent à Anvers et à Gand - on note, dans plusieurs villes de Flandre, de nombreuses manifestations auxquelles participent massivement des élèves de l’enseignement moyen. Bien que toutes les couches de la population n’y aient pas participé, cette forme d’agitation, par son extension à travers tout le pays flamand, a conféré au mouvement un caractère de mouvement de masse, sans nul doute de nature à influencer l’attitude de nombreux responsables politiques, voire même de certaines autorités religieuses.

43Toutefois, l’agitation estudiantine a pour thème commun la revendication du transfert en Wallonie de la section française de l’U.C.L. Cependant, une tendance progressiste ne cesse de s’affirmer dans le milieu estudiantin flamand. Elle s’exprime notamment le 13 janvier lors de la conférence de presse de la V.V.S. à Louvain. L’accent y est mis sur les aspects de démocratisation de l’enseignement universitaire. Par ailleurs y apparaît un nouvel objectif, plus proprement politique : "renverser le gouvernement conservateur et amorcer un front ouvrier". (Cette tendance sera réaffirmée au cours d’un meeting le 29 janvier à Louvain).

44La V.V.S. annonce simultanément l’organisation de meetings dans la région liégeoise.

45Le 26 janvier, la S.V.B., aidée par des militants d’autres organisations estudiantines, commence une action d’information auprès des travailleurs, eu replaçant le problème dans le contexte de la démocratisation. Cette action s’est notamment située à Anvers, Gand et Liège (dans cette dernière ville, avec l’appui du Parti Wallon des Travailleurs - P.W.T.). Toutefois, cette action n’a pas pris l’envergure escomptée par ses promoteurs. Le même jour, des étudiants (francophones) de l’I.N.S.A.S. votent une motion de solidarité avec les étudiants flamands. La même position sera adoptée par d’autres petits groupes d’étudiants francophones de gauche (notamment à l’U.L.B. : Union Etudiante Syndicale, …).

46Les tendances de gauche qui apparaissent dans le mouvement étudiant flamand suscitent la méfiance, voire l’hostilité de milieux flamands également partisans du transfert de Louvain-français. Ces réactions s’expriment par exemple dans Hot Volk. Des organes et des mouvements nationalistes comme ’t Pallieterke, le Vlaamse Militanten Orde (V.M.O.) et Were Die vont jusqu’à dénoncer les tendances "communistes" de certains leaders du mouvement estudiantin.

47Il est à remarquer que si l’action étudiante constitue la toile de fond, du déroulement de la crise, elle n’a qu’un impact direct limité sur les discussions menées au niveau des autorités académiques et des instances politiques.

48Au sein des institutions de l’U.C.L., on s’attache à suivre les procédures prévues pour la recherche d’une solution. Le 22 janvier, on apprend la constitution - au cours d’une réunion des conseillers du pouvoir organisateur et des conseillers financiers de l’U.C.L. - d’une mission de bons offices. D’une part, le commissaire général Leemans est chargé de poursuivre la mission de synthèse et de rapprochement entre les plans d’expansion des deux sections ; d’autre part, M. Leemans, deux conseillers du pouvoir organisateur, MM. De Schryver et Oleffe, et deux membres des conseils financiers, M. Collin et Godeaux, sont chargés de rétablir le dialogue entre les deux sections linguistiques et de tenter d’arriver à un accord.

49La deuxième phase des réactions (du 21 janvier au 3 février) est toutefois caractérisée surtout par l’accentuation de la pression pour la politisation du problème.

50Dès le 22 janvier, De Standaard estime que l’échec enregistré au conseil d’administration de l’U.C.L. fait passer la question sur le plan politique et place la Cour, le gouvernement et les partis devant la vraie réalité.

51La demande d’une initiative parlementaire se fait plus pressante du côté flamand. Cette position - qui est celle des organisations d’étudiants flamands et de la V.V.P.-Leuven (qui précise le 26 janvier qu’une initiative doit être prise pour le 23 février au plus tard) - est reprise par d’autres organisations flamandes : entre autres, le Comité du 5 novembre qui annonce le 30 janvier une nouvelle manifestation (dont le caractère n’est pas défini) si aucune décision n’est prise sur la plan politique pour le 23 février.

52Les autorités académiques de Louvain-néerlandais participent à la pression pour la politisation du problème : le 23 janvier, le bureau du conseil académique de la section néerlandaise s’adresse par télégramme au Premier ministre, au président du P.S.C., au président de l’aile flamande du P.S.C., au vice-président (flamand) du P.S.B., aux présidents du P.L.P. et de la Volksunie et leur demande que le problème de Louvain soit examiné sans tarder sur le plan politique.

53Au cours de la même période se précisent progressivement les positions des partis :

  • au P.S.B., l’opinion (exprimée par le président du parti, L. Collard, dans la presse socialiste du 24 janvier) tend à considérer que le problème est du ressort du gouvernement et que la solution pour être valable et durable doit s’inscrire dans le cadre général de l’expansion de toutes les universités ; la veille, dans Volksgazet, le vice-président du P.S.B., J. Van Eynde, avait affirmé que les socialistes ne se laisseraient pas distraire par le problème de Louvain d’autres problèmes urgents qui se posent sur le plan économique et social. Estimant que la prise de position de la section française avait été mal accueillie par de nombreux socialistes wallons et bruxellois, et sans se rallier à la formule du "walen buiten", il avait déclaré que l’application du principe de l’unilinguisme est logique, légitime et inévitable dans tous les secteurs de l’enseignement et qu’il ne s’agit pas d’y échapper avec l’argent du pays.
  • au P.S.C. flamand [7], on évolue assez rapidement vers la décision de prendre une initiative sur le plan parlementaire. Le 25 janvier, les groupes parlementaires se réunissent : ils marquent leur accord avec les positions prises par leurs bureaux et chargent ceux-ci de prendre "des initiatives parlementaires, y compris le dépôt d’une proposition de loi réglant le régime linguistique dans l’enseignement supérieur". Ce ne sera toutefois pas cette forme d’intervention qui sera retenue : le 29, les bureaux des groupes parlementaires chargent M. Verroken d’interpeller le gouvernement.
  • au P.S.C. francophone, on considère que l’attitude flamande est une rupture unilatérale du compromis acquis lors du vote des lois linguistiques de 1963 (Cette position est exprimée par exemple par le sénateur de Stexhe dans La Libre Belgique du 27 janvier 1968 [8]. Les membres francophones du comité national du P.S.C., réunis le 30 janvier, constatent à l’unanimité que ne peut être remis en question l’accord élaboré et conclu en 1963. Cette position est approuvée le lendemain par les groupes parlementaires P.S.C. francophones. Le P.S.C. francophone est ensuite amené à adopter une position favorable à la "globalisation du contentieux communautaire et linguistique [9].
  • au P.L.P., le président Vanaudenhove, dans un exposé fait à Louvain le 24 janvier, à l’Institut des Cadres, définit la position suivante : la décision relative au sort de l’U.C.L. appartient au pouvoir organisateur (c’est-à-dire aux évêques résidentiels de Belgique) ; le P.L.P. souscrira à toute solution qui serait préconisée par le pouvoir organisateur, pour autant qu’elle ne soit pas en contradiction avec les conditions normales d’expansion des autres universités ; le P.L.P. refuse de pactiser avec ceux qui veulent le démantèlement de l’U.C.L.

54Sur le plan parlementaire, le problème de Louvain revient à l’avant-plan de l’actualité avec le débat sur la prise en considération de la proposition Coppieters (Volksunie). Cette proposition de loi, visant à régler l’emploi des langues dans l’enseignement supérieur, et déposée avant le déclenchement de la crise actuelle, constitue en fait une reprise de la proposition Verroken, dont la prise en considération avait été rejetée en juin 1966.

55L’adoption de la proposition Coppieters entraînerait le transfert de Louvain-français dans la partie francophone du pays.

56La proposition Coppieters est prise en considération le 24 janvier par 105 voix contre 6 et 17 abstentions [10]. Le P.L.P. - contrairement à 1966 - émet un vote positif, arguant du fait que le dépôt d’une proposition émanant de la Volksunie ne remet pas en cause la trève linguistique.

57Le débat sur la prise en considération de la proposition Coppieters donne lieu à un incident de procédure, M. Pierson (P.S.B.) ayant requis la présence des ministres P.S.C. francophones. Le groupe P.S.B. (à trois exceptions) quitta la séance et justifia sa décision par l’absence des ministres P.S.C. francophones.

58Quant au gouvernement, il adopte au cours de toute cette période une attitude d’attente. Le Premier ministre, qui a rencontré le 25 le commissaire général de l’Université, M. Leemans, déclare le 26, à l’issue du conseil de cabinet que les autorités compétentes doivent faire des propositions concernant l’expansion de Louvain. (En outre, le Premier ministre s’absente de Belgique - pour raisons de santé - du 27 janvier au 3 février).

59La situation au P.S.C. apparaît dominée par l’opposition des deux ailes, flamande et francophone : le 24 janvier, une réunion du bureau du comité national portant sur le problème de Louvain se termine sans qu’un accord se fasse en son sein. Il en est de même d’une réunion du comité national qui se tient le lendemain et qui est - elle - marquée d’incidents.

60De même, une réunion des présidents et secrétaires d’arrondissement du P.S.C., tenue le 31 janvier, sous la présidence de M. Houben, ne permet de constater aucun rapprochement entre les positions des deux ailes.

61Le 27 janvier, l’épiscopat se réunit à Malines et entend un rapport du commissaire général de l’Université. Selon Gazet van Antwerpen du 29, le professeur Leemans aurait avancé une proposition de compromis qui ne rencontrerait que vaguement les revendications flamandes et dans laquelle il ne serait pas question d’un transfert systématique de la section française. Selon La Libre Belgique du 29 janvier, l’accord proposé stoppait tout investissement nouveau pour la section française à Louvain, prévoyait le transfert de deux facultés francophones à Ottignies et une trêve de dix ans ainsi que le statu quo après l’acceptation des deux premières conditions ; ce plan, que La Libre Belgique considère comme inacceptable par les francophones, aurait été rejeté par les dirigeants de la section flamande : la mission Leemans aurait par conséquent échoué. M. Leemans déclare toutefois le 29 janvier que sa mission se poursuit.

62Le 28 janvier, le conseil académique de Louvain-néerlandais, réuni en assemblée extraordinaire, invite les doyens de facultés à convoquer les conseils facultaires afin de normaliser la vie académique au plus tôt.

63Le 2 février survient un fait nouveau important : il est constitué par une déclaration de Mgr De Smedt à l’occasion d’une réunion du Boerenbond à Courtrai. L’évêque de Bruges y affirme que la déclaration épiscopale du 13 mai 1966 fut malheureuse et se trouve dépassée. Il avoue qu’il s’est alors gravement et grossièrement trompé et ajoute qu’on en a abusé. Il critique la déclaration du conseil académique de la section française, qu’il qualifie de "sotte déclaration" "provocante pour le peuple flamand".

64La déclaration de l’évêque de Bruges se situe à la veille même de la réunion du pouvoir organisateur de l’Université et en conditionne le déroulement.

5 – La phase ultime : la réunion du pouvoir organisateur le 3 février et la chute du gouvernement

65Le samedi 3 février, l’épiscopat se réunit en présence de Mgr Descamps, recteur magnifique de l’U.C.L., de M. Leemans, commissaire général, des prorecteurs Mgr Massaux et N. De Somer, des conseillers du pouvoir organisateur, MM. De Schryver, Oleffe et D’Havé [11] et des conseillers financiers MM. Collin et Godeaux.

66D’après la déclaration diffusée le lendemain, M. Leemans fait rapport au nom des cinq membres de la commission de conciliation. Ce rapport porte sur le plan quinquennal 1969-1973, et notamment sur les investissements envisagés et leurs orientations, ainsi que sur les possibilités de leur financement.

67D’après les termes de la déclaration du 3 février, "les délibérations ont permis de constater un accord complet sur les principes de base de l’Université catholique de Louvain et sur la solution de nombreux problèmes. Cependant sur le point de savoir si toute implantation future de la section française hors de Louvain doit ou non avoir le caractère d’un dédoublement, une divergence de vues subsiste au sein du pouvoir organisateur".

68Le Premier ministre rentre à Bruxelles le 3 février au soir : il prend immédiatement contact avec des membres de son cabinet et ensuite avec le vice-premier ministre.

69Le 4, dans la matinée, Mgr Suenens transmet au Premier ministre un memorandum qui a été rédigé au cours de la réunion du pouvoir organisateur le 3 février et qui est accompagné d’une note financière. Ces deux documents mettent l’accent sur l’ampleur des problèmes financiers posés par l’expansion de l’U.C.L. et de ses deux sections.

70Le gouvernement se trouve ainsi placé entre la position du pouvoir organisateur (exposé du problème financier et constatation d’une divergence de vues en matière d’implantations) et la menace d’une interpellation du chef du groupe P.S.C. flamand de la Chambre. D’autres interpellations sont prévues pour la même date (6 février) : ce sont celles de MM. Coppieters (Volksunie), Mundeleer (P.L.P.) et Burnelle (communiste).

71C’est toutefois l’interpellation Verroken qui constitue le véritable risque politique. Tandis que l’opposition socialiste aura tendance à la présenter comme une interpellation de complaisance, un choix se pose cependant aux ministres P.S.C. flamands : ou bien donner le pas à la solidarité gouvernementale, ce qui entraînera une division au vote des parlementaires P.S.C. flamands, ou bien faire primer la solidarité sociale-chrétienne flamande, ce qui aura un effet décisif sur le maintien du gouvernement et, au-delà, sur l’unité du P.S.C.

72La journée du 4 février voit se dérouler un certain nombre de réunions au sein du P.S.C. tandis que c’est surtout au niveau gouvernemental que le problème est débattu à partir du 5. Ces mêmes jours, le Premier ministre est reçu par le Roi.

73La recherche d’un compromis aboutit à la rédaction d’une déclaration dont il est prévu que le Premier ministre la lirait à la Chambre au lendemain de l’interpellation. La démission des ministres P.S.C. flamands, entraînant celle du gouvernement tout entier, intervient toutefois avant la séance de la Chambre du 7 février.

Conclusions

74L’examen de la crise de 1968 sur le problème de Louvain soulève les problèmes suivants :

  • la véritable portée du programme d’expansion de la section française ;

75Sur ce point, des opinions divergentes sont émises. D’après les unes, le programme reflète simplement la position sur le fond des autorités académiques francophones. D’après les autres, il constitue davantage une prise de position tactique, de nature à fournir à la section française une position de force dans une éventuelle négociation, en faisant apparaître clairement que les francophones ne sont pas demandeurs et que l’octroi de compensations s’impose en cas de transfert. D’après d’autres encore, des arrière-pensées politiques plus précises auraient été nourries.

  • la consécration de l’autonomie de fait des deux sections ;

76Des prises de position ayant une portée déterminante, au moins sur le déroulement de la crise, ont émané des autorités académiques de l’une et l’autre section. Par contre, les institutions communes de l’Université (pouvoir organisateur, conseil d’administration, commissaire général) n’ont pu imposer une solution unanimement admise ou une position véritablement commune. L’évolution des deux sections vers une certaine autonomie se trouve ainsi confirmée dans les faits.

  • le blocage de la décision au sein d’institutions composées sur une base paritaire ;

77Au cours de la période du 15 janvier au 3 février, plusieurs réunions d’institutions composées sur une base paritaire se terminent sur la constatation de divergences en leur sein. C’est successivement le cas au sein du conseil d’administration de l’U.C.L., du comité national du P.S.C. et de l’épiscopat (pouvoir organisateur de l’U.C.L.).

  • la politisation progressive du problème ;

78Deux facteurs ont joué en faveur du renvoi de la décision vers le pouvoir politique : la pression en faveur de cette "politisation" exercée par des mouvements flamands (notamment des organisations regroupant les professeurs et les étudiants flamands de l’U.C.L.) ; la constatation des divergences au sein des institutions communes de l’Université. La politisation du problème est consacrée par les démarches successives du commissaire général auprès du Premier ministre et surtout par la démarche de Mgr Suenens, Grand Chancelier de l’Université, auprès du Premier ministre le 4 février. Dès ce moment, le fait de la politisation est admis, notamment du côté P.S.C. francophone, mais moyennant l’extension du débat à l’ensemble du contentieux communautaire.

  • le conflit d’objectifs au sein du mouvement estudiantin flamand ;

79Dès le déclenchement de la crise, il apparaît que dans le mouvement étudiant flamand, deux tendances peuvent être distinguées : l’une se situe dans la tradition nationaliste flamande ; l’autre s’en démarque par l’importance accordée à des objectifs comme la démocratisation de l’enseignement supérieur ou par la remise en cause de la structure d’autorité dans l’Université. Cette tendance progressiste a joué un rôle très actif dans le déroulement du mouvement d’agitation. Elle lui a donné une coloration qui n’est pas sans évoquer, par certains aspects, le mouvement de révolte estudiantine observé dans d’autres pays d’Europe en 1967 et 1968.

  • les effets de la crise sur l’unité du P.S.C. ;

80Au-delà de la démission du gouvernement Vanden Boeynants - De Clercq, la crise produit des effets sur l’unité du P.S.C. : elle amène les deux ailes du parti à prendre leurs distances l’une par rapport à l’autre. Elle entraîne également, au moins à court terme, un renforcement de la cohésion de chacune des ailes, du moins à Bruxelles.

  • les effets de la crise de Louvain sur les développements de la crise politique.

81Le problème de Louvain a constitué le point de chute du gouvernement. Il conditionne en outre les développements ultérieurs de la crise sur le plan politique. La démission du gouvernement ouvre une période qui prend rapidement un caractère préélectoral et qui est dominée dans des milieux de plus en plus nombreux par la remise en cause de l’ensemble du contentieux communautaire.

82Dans ce contexte, le problème de Bruxelles prend rapidement une place centrale et ce, sous ses divers aspects, allant de l’implantation des Universités à la législation linguistique.


Annexe n° 1 – Arrêté royal du 30 novembre 1966 pris, en ce qui concerne l’Université catholique de Louvain, en exécution de l’article 51, alinéa 1er, des lois sur l’emploi des langues en matière administrative, coordonnées le 18 juillet 1966

83BAUDOUIN, Roi des Belges,

84A tous, présents et à venir, Salut.

85Vu les lois sur l’emploi des langues en matière administrative, coordonnées le 18 juillet 1966, notamment l’article 51, alinéa 1er ;

86Vu l’accord de l’autorité académique de l’Université catholique de Louvain ;

87Vu l’avis émis par la Commission permanente de Contrôle linguistique ;

88Vu l’accord du Ministre-Secrétaire d’État à la Fonction publique ;

89Vu l’accord du Vice-Premier Ministre et Ministre du Budget donné le 24 novembre 1966 ;

90Vu l’avis du Conseil d’État ;

91Sur la proposition de Notre Ministre de l’Intérieur et de Notre Ministre-Secrétaire d’État à la Fonction publique,

92Nous avons arrêté et arrêtons :

93Article 1er. Dans les locaux de l’Université catholique de Louvain, il est créé un service chargé des missions et attributions, énumérées à l’article 51, alinéa 1er, des lois coordonnées sur l’emploi des langues en matière administrative.

94Art. 2. L’assistance visée à l’article 51, alinéa 1er, précité est celle dont les personnes mentionnées à l’article 3 auraient besoin, en français, relativement à des affaires à caractère administratif.

95Art. 3. L’assistance visée à l’article 2, la traduction certifiée exacte de la langue néerlandaise en langue française de tous actes, certificats, avis, communications et formulaires est accordée ou délivrée :

  1. aux élèves et aux membres du personnel académique et scientifique qui appartiennent à la section française de l’université ;
  2. aux membres du personnel administratif et technique dont le bureau du conseil d’administration déclare que le français est leur langue principale ;
  3. aux membres de la famille des personnes énumérées au 1° et 2°, à condition qu’ils vivent sous leur toit.

96Art. 4. Le Ministre de l’Intérieur fixe, en accord avec l’autorité académique, les modalités suivant lesquelles le personnel du service prévu par l’article 1er sera affecté à l’Université.

97Art. 5. Le cadre organique du Ministère de l’Intérieur, IIe Direction générale des Affaires nationales, fixé par l’arrêté royal du 23 avril 1965, est complété par :

981 traducteur ;

991 commis-dactylographe.

100Art. 6. Notre Ministre de l’Intérieur est chargé de l’exécution du présent arrêté.

101Donné à Bruxelles, le 30 novembre 1966.

102BAUDOUIN

103Par le Roi :

104De Minister van Binnenlandse Zaken,

105H. Vanderpoorten.

106Le Ministre-Secrétaire d’État à la Fonction publique,

107J. Piers.

Annexe 2 – Quelques organisations qui interviennent régulièrement dans le débat sur Louvain

108Nous croyons utile de donner ici quelques précisions sur quelques-unes des organisations "non politiques" qui interviennent régulièrement dans le débat sur Louvain :

Vlaamse Leergangen

109Après la néerlandisation de l’Université de Gand (1930) et l’édiction de la législation linguistique de 1932, l’U.C.L., à son tour, instaurait parallèlement à l’enseignement français, un cycle d’enseignement néerlandais, complet dès le moment de la célébration du centenaire de la restauration de l’Université (1935).

110Mais c’est dès 1924 (le 5 novembre) que se constitue à Louvain une association pour "la promotion de l’enseignement supérieur catholique en néerlandais à l’Université de Louvain et ailleurs" [12] : les Vlaamse Leergangen. Cette association, formellement constituée en association sans but lucratif par 58 personnalités flamandes, comprend dès l’origine d’importants donateurs de l’Université [13].

111Elle s’est activement occupée de la lutte pour la création d’une section néerlandaise et a contribué au financement de celle-ci. Si elle intervient encore actuellement – elle a, par exemple, adressé une lettre aux Wallons au cours de la première moitié de 1967 – son action est cependant nettement en retrait comparée à celle d’autres organisations.

112Le président actuel de l’association est le professeur W. Peremans, le secrétaire est le Chanoine A. Van Roey, professeur à la faculté de théologie. Le conseil d’administration élu le 15 décembre 1967 comprend en outre notamment M. F. Collin, M. R. Derine, M. G. Eyskens, ministre d’État, F. Gullentops, L. Roppe, gouverneur du Limbourg, etc.

Les Amis de Louvain

113C’est vers la fin de la guerre 1940-45 que naît l’idée de "réunir dans une vaste association, non seulement tous les diplômés de la section d’expression française, mais également tous ceux qui, dans le pays ou à l’étranger, portent intérêt à l’Université de Louvain" [14]. Une première motivation des promoteurs de cette association est d’aider l’Université, très éprouvée par la guerre. L’objet en est cependant dès le début défini de façon plus large : "réunir tous ceux qui portent intérêt à l’Université de Louvain ; favoriser son rayonnement dans le pays et au-delà des frontières ; aider au progrès de l’enseignement et des recherches des sections d’expression française" [15].

114L’association est constituée en 1946 par quatre personnes : Mgr. Van Waeyenbergh, à ce moment recteur magnifique, MM. Paul Capron, A. De Vuyst et R. Lacroix.

115Actuellement "Les Amis de Louvain" sont présidés par M. François Persoons.

116Le nouveau président fut élu le 26 février 1967 par la même assemblée qui élit deux autres nouveaux membres du conseil d’administration : Mme Philippe le Hodey et le Dr Eugène Le Bacq, et qui renouvela le mandat d’administrateur du Dr Paul De Plaen et de MM. A. De Vuyst, G. Garitte et L. Génicot.

117Dès la fin de 1961, en présence de l’intention du gouvernement Lefèvre-Spaak de procéder à une révision de la législation linguistique, l’association formula les revendications des professeurs d’expression française.

118Les démarches entreprises par "Les Amis de Louvain" visèrent successivement les autorités académiques, les évêques, le P.S.C. et le gouvernement.

L’ACAPSUL

119Le 5 février 1962 eut lieu, à l’initiative des "Amis de Louvain", une réunion à laquelle avaient été convoqués tous les professeurs de la section française. L’assemblée ainsi constituée adopta une motion affirmant que "le législateur doit permettre à l’Université de Louvain d’accueillir tous les Belges dans le respect de leur langue et de leur culture", la décision fut prise d’éditer un livre blanc et de constituer un "Comité provisoire de l’assemblée des professeurs de la langue française de l’U.C.L.".

120Une première réunion, convoquée par le comité le 13 février 1962, donne lieu à la création d’une "Association du Corps académique et du personnel scientifique de l’Université de Louvain". Cette association, surtout connue sous le sigle ACAPSUL, est constituée formellement au cours d’une assemblée générale constitutive le 3 avril 1962, qui élut comme président Mgr G. Lemaître, à qui M. Dupriez a succédé le 4 mai 1966. Les organes directeurs de l’ACAPSUL sont depuis lors composés comme suit :

121Président : C.H. Dupriez

122Vice-président : G. Garitte et Chanoine F. Van Steenberghen.

123Bureau : Dupriez, Garitte, Van Steenberghen,

124J. Opsomer (secrétaire), P. Godaert (trésorier),

125Y. Urbain et A. Van Tiggelen.

126Conseil général :

  • Membres élus : J. Arcq, G. Bublot, M. De Visscher, A. De Vuyst, J. Fripiat, G. Garitte, O. Godart, Chanoine L. Jadin, F. Lavenne, A. Luyckx, J. Morelle, L. Morren, J. Opsomer, G. Thinès, Y. Urbain, Chanoine G. Van Riet et F. Van Steenberghen, A. Van Tiggelen, Chanoine Chr. Wenin.
  • Membres cooptés : P. Godaert, H. Haag.

127Depuis le 18 novembre 1966, l’ACAPSUL publie un bulletin mensuel intitulé Non Evertetur.

Vereniging van Vlaamse Professoren

128Le 9 avril 1962, les Vlaamse Leergangen te Leuven font savoir que les professeurs flamands ont rédigé un mémorandum en réponse au Mémorandum sur les problèmes que la question linguistique pose à l’Université de Louvain, publié par l’ACAPSUL.

129Au début de juillet 1962 se constitue une Vereniging van de Leuvense Professoren, qui se donne pour objet de "jouer un rôle positif dans la promotion actuelle de la Flandre" et de défendre le programme contenu dans le mémorandum des Vlaamse Leergangen.

130Le 28 août 1963, les évêques adressent un message aux membres du corps académique et au personnel de l’U.C.L. qui contenait notamment la dissolution de l’ACAPSUL et de la V.L.P. Pour l’ACAPSUL, cette décision ne sera suivie d’aucun effet. Le président de la V.L.P., Mgr Janasen, décide d’y donner suite [16] mais, en juillet 1964, une association semblable à la V.L.P. sera créée sous forme de la section louvaniste de la Vereniging van Vlaamse Professoren au sein de laquelle le professeur P. De Somer jouera un rôle actif [17]. Cette nouvelle organisation compte des sections dans les quatre centres universitaires d’expression néerlandaise. Elle est dirigée actuellement par M. A. Gorlo, professeur à la V.U.B. et à l’Université de Gand, la section gantoise est présidée par le professeur H. Picard, celle de Louvain par le professeur R. Derine [18]. Contrairement à l’ACAPSUL, la V.V.P. ne groupe que les professeurs, à l’exclusion du personnel scientifique.

La Communauté de la Section française de Louvain (C.S.F.L.)

131La C.S.F.L. est née fin 1966 à l’initiative d’un groupe de professeurs de la section française, partisans d’un accord avec les professeurs de la section néerlandaise (C.H. 364-365 du 28 avril 1967, pp. 25 et suiv.).

132Un tel accord est signé le 23 février 1967 entre les représentants de la C.S.F.L. et de la V.V.P.-Leuven.

133Au cours de la crise de 1968, la C.S.F.L. se garde d’intervenir publiquement mais, au cours de contacts privés, réaffirme ses positions antérieures.

134Le bureau de la C.S.F.L. est actuellement composé de MM. J. Maisin, A. Lagasse, C. Harvengt, L. Génicot, R. Lavendhomme, A. Jones et M. Lovens.

135Parmi les groupes de pression concernés par l’affaire de Louvain mais moins centrés sur le milieu universitaire, citons le Comité du 5 novembre. Ce comité tire son nom de la manifestation qu’il a organisée le 5 novembre 1967 (voir C.H. n° 394, pp. 14-15). Il s’agit d’un comité ad hoc, constitué par deux comités, qui émanent tous les deux de l’Overlegcentrum voor Vlaamse Verenigingen (voir C.H. n° 342, pp. 27-28) : le Coordinatiecomité Brussel, qui fut créé le 24 juin 1967 et qui est dirigé par les dirigeants de diverses organisations flamandes [19] et le C??rdinatiecomité Taalregeling Hoger Onderwijs [20].

136Le Comité du 5 novembre est dirigé par MM. Clem De Ridder, secrétaire général du Davidsfends, A. Gerlo, président du Vermey-lenfonds, A. Verhulst, président du Willemsfonds, M. van Haegendoren, président du Coordinatiecomité Taalregeling Hoger Onderwijs, P. Daels, président de la Vlaamse Volksbeweging, Edgar van Cauwelaert, président du Vlaams Komitee Brussel, W. Debrock, membre de la direction du V.F. et du Coordinatiecomité Taalregeling Hoger Onderwijs, W. Opsomer, président du Verbond van Vlaamse Academici ; R. Vandezande, président du Verbond van Vlaams Overheidspersoneel et V. Portier, président du Algemeen Nederlands Zangverbond (De Standaard, 14 septembre 1967).

137La composition de tous ces comités est pour l’essentiel la même ; la spécialisation semble cependant permettre de grouper plus aisément le plus grand nombre de personnes et d’organisations pour chaque action particulière.

138Composition du Comité :

139MM. van Haegendoren, président.

140R. Vandezande, président Verbond Vlaams Overheidspersoneel.

141F. Lambrechts, responsable de l’action régionale.

142F. Lannoy, secrétaire général.

143J. Boey, secrétaire.

144Organisations :

145A.B.N.-Kernen.

146Algemeen Katholieke Vlaamse Hogeschooluitbreiding.

147Algemeen Nederlands Zangverbond.

148Bond der Oudleden van’T ZAL WEL GAAN.

149Bond van Grote en Jonge Gezinnen.

150Comité van de Randgemeenten.

151Davidsfonds.

152Ijzerbedevaartcomité.

153Jeugdcomité Ijzerbedevaart.

154Jong Vlaams studentengenootschap.

155Leuvense Organisatie van Vlaamse Assistenten en Navorsers (LOVAN).

156Verbond Vlaamse Academici.

157Verbond Vlaams Overheidspersoneel.

158Vereniging voor Beschaa fde Omgangstaal.

159Vereniging voor Vlaamse professoren.

160Vereniging van Vlaamse studenten.

161Vereniging van het wetenschappelijk personeel Rijksuniversiteit Gent.

162Vereniging van hot wetenschappelijk personeel Rijksuniversiteit Gent/Rijksfaculteit Landbouwwetenschappen.

163Vermeylenfonds.

164Vlaams Aktiekomité voor Volksgezondheid.

165Vlaamse Architectenvereniging.

166Vlaams geneesherenverbond.

167Vlaamse jeugdherbergcentrale.

168Vlaamse Juristenvereniging.

169Vlaams Komité voor Brussel.

170Vereniging van Vlaamse oudstrijders.

171Vlaamse Volksbeweging.

172Vlaamse Volkskunstbeweging.

173Werkgroep HET PENNOEN.

174Willemsfonds.

175Membres à titre personnel :

176R. Cliquet, Membre du Presidium de la Stichting Lod. de Raet.

177W. Debrock, directeur général au ministère de l’Éducation nationale.

178J. Van Droogenbroeck, secrétaire régional F.G.T.B. - Alost.

179E. de Facq, membre du présidium de la Stichting Lod. de Raet.

180G. van Gheluwe, secrétaire général Economische Raad voor Vlaanderen.

181C. van Landuyt, membre du conseil d’administration du Nationaal Guldensporen-comité.

182A. Major, vice-président C.G.S.P.-cheminots.

183L. Matthys, secr. d’arrondissement de la C.S.C. de Louvain.

184G. Sohmook, vice-président Kultuurraad voor Vlaanderen.

185L. Valckenaers, secrétaire de l’A.C.W., arr. de Louvain.

186W. Vernimmen, permanent syndical de la F.G.T.B. Alost.

187R. Victor, vice-président du Kultuurraad voor Vlaanderen.

Les Comités de Défense de l’Université de Louvain

188Au printemps de 1966, le Mouvement Chrétien des Indépendants et des Cadres (M.I.C.) annonça la création d’un "Comité national de défense de Louvain".

189Peu après se constituèrent des Comités de défense, encouragés par l’ACAPSUL, - la maladie empêchant au même moment le président des Amis de Louvain (à l’époque Philippe le Hodey) de rénover et de mobiliser cette dernière association.

190Les comités, partis d’une vision d’expansion intégrale de la section française à Louvain même, évoluèrent ultérieurement en fonction de contacts qu’ils eurent notamment avec des groupes flamands.

191Ces comités agissent de façon relativement autonome l’un par rapport à l’autre (l’un des plus actifs étant celui de Charleroi). Il existe néanmoins, en outre, un comité central des Comités de défense.

192Depuis décembre 1966, les Comités de défense disposent d’un bulletin d’information, publié à Charleroi et intitulé La Vérité sur Louvain.

193* * *

194L’examen du déroulement des événements survenus à Louvain au cours des dernières années conduit à poser la question d’un éventuel parallélisme dans la formation et le développement de groupements flamands et francophones.

195Un parallélisme au moins apparent ressort à la fois de la formation d’abord d’associations de soutien au développement des deux sections (du type "Vlaamse Leergangen" et "Amis de Louvain") ; ensuite d’associations représentatives du corps professoral, fortement axées sur le problème du maintien ou du transfert de la section française (Acapsul et V.L.P. - puis V.V.P. - Leuven) ; enfin de comités de défense des points de vue en présence au cours de la dernière phase. C’est toutefois au cours de cette dernière phase que l’hypothèse du parallélisme se vérifie le moins : les comités "ad hoc" créés du côté flamand regroupant de nombreuses organisations préexistantes.

Notes

  • [1]
    Pan souleva, le 24 janvier, le problème de savoir dans quelle mesure la publication de ce programme répondait à une tactique du P.L.P. visant à faire éclater le P.S.C.
  • [2]
    La Libre Belgique, 20 février 1968, : "Destinée à lever toute équivoque, la publication du plan d’expansion de la section française a été rendue nécessaire par les agissements des autorités académiques flamandes".
  • [3]
    Ces arrestations ne sont généralement pas maintenues plus de vingt-quatre heures. Celles de Pol Goossens et de deux autres étudiants sont toutefois maintenues : le 24 janvier, le parquet interjette appel contre la décision de libérer ces trois étudiants. Leur libération interviendra le 31 janvier après décision de la Cour d’Appel.
  • [4]
    Cfr Courrier Hebdomadaire n° 364-365, 28 avril 1967.
  • [5]
    Ces décisions n’ont pas été effectives suite à une décision de suspension des cours par le conseil académique flamand. Voir plus loin.
  • [6]
    A la demande du conseil académique, les délégués des facultés de théologie et de droit canon et de l’Institut supérieur de philosophie, MSS. Onclin et Dondeyne, n’ont pas participé au vote.
  • [7]
    Dès le début de la crise, une partie de la presse francophone - et particulièrement La Libre Belgique - innove en désignant le P.S.C. flamand sous le sigle C.V.P. De Standaard agit de même pour le P.S.C. francophone.
  • [8]
    Par contre, il n’est pas fait allusion à l’arrêté d’application des lois linguistiques relatif à l’U.C.L. Voir texte en annexe.
  • [9]
    Cette position, reprise de la déclaration commune des quatre mouvements wallons, a été rappelée après l’éclatement de la crise par A. Genot, président fédéral du M.P.W., au Congrès régional du M.P.W. du Brabant wallon à Limelette le 20 janvier 1968. Elle est ensuite reprise par Rénovation Wallonne, Wallonie Libre, les Jeunes sociaux-chrétiens, le F.D.F., le Parti Wallon, …
  • [10]
    Ont émis un vote positif : les députés présents de la Volksunie, du P.L.P., du P.S.C. flamand, du Parti communiste et de l’U.G.S., ainsi que MM. Vanden Boeynants (P.S.C.), Van Acker et Glinne (P.S.B.).
    Ont émis un vote négatif : les députés du F.D.F. ainsi que MM. Cudell (P.S.B.), Moreau (Parti Wallon) et Mundeleer (P.L.P.).
    Se sont abstenus : les députés P.S.C. francophones.
    Etaient absents : les députés P.S.B. (sauf MM. Van Acker, Cudell et Glinne), les ministres P.S.C. francophones, ainsi que MM. Perin (Parti Wallon) et Demuyter (P.L.P.).
  • [11]
    M. de Stexhe, absent, à l’étranger, était excusé.
  • [12]
    Art. 3 des statuts de l’A.S.B.L. Vlaamse Leergangen te Leuven, Annexe au Moniteur n° 539 du 15 novembre 1924.
  • [13]
    Cfr. M. Van Haegendoren, De Ziekte aan de Dijle, Uitg. van In, Lier, 1966, p. 22.
  • [14]
    Université Catholique de Louvain, p. 240.
    Centre consultatif pour les études, Louvain, 1963.
  • [15]
    Art. 3 des statuts de l’A.S.B.L. Les Amis de l’Université de Louvain, annexe au Moniteur n° 1.482 du 1er juin 1946.
  • [16]
    "tot ongenoegen van de niet-geraadpleegde leden", note Guido Van Hoof dans Leuven, Louvain, Uitg. Van In, Lier, 1966, p. 92.
  • [17]
    Ibid. et passim.
  • [18]
    Le comité national est composé de A. Gerlo, président, et également président de la section bruxelloise, H. Picard et R. Derine, vice-prédents, F. De Pauw (ULB), trésorier, Mme Lasseel De Groote (RUCA) et H. Deleeck (Sint-Ignatius), secrétaires.
  • [19]
    Ce sont MM. Clem De Ridder, A. Verhulst, A. Gerlo, M. van Haegendoren, P. Daels, W. De Brock, E. Van Cauwelaert, R. Vandezande et W. Opsomer.
  • [20]
    anciennement Coordinatiecomité Leuven (voir C.H. 394, p. 5 et p. 8 et C.H. 338, p. 10). Notons que ce changement de nom indique entre autres que le comité a l’intention de prendre position non seulement en faveur du transfert de l’U.C.L. mais aussi du dédoublement de l’U.L.B. (Brochure Colloquium Universiteit en volk, Coordinatie Comite Taalregeling Hoger Onderwijs, pp. 161-162).
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