Couverture de CRIS_278

Article de revue

Le Vlaams Aktie Komitee (V.A.K.)

Pages 1 à 25

Notes

  • [1]
    Voir C.H. N° 130 du 24-11-1961.
  • [2]
    Voir C.H. N°131 du 1-12-1961.
  • [3]
    On trouvera en annexe 1 un tableau des sigles utilisés dans le présent Courrier Hebdomadaire.
  • [4]
    Voir C.H. N° 52 du 12-2-1960 : Groupes de pression à Bruxelles.
  • [5]
    Voir annexe 2.
  • [6]
    De Nieuwe Gids, 15 août 1963.
  • [7]
    Cette Commission dans laquelle siégeaient notamment des représentants des quatre universités et qui était présidée par M. Basijn, ancien ministre, avait comme mission principale de rechercher les modalités d’un éventuel recensement linguistique sur des bases scientifiques. Cette Commission ne termina jamais ses travaux et déposa un procès-verbal de carence.
  • [8]
    Standaard, 23 octobre 1961.
  • [9]
    Standaard, 17 octobre 1961.
  • [10]
    Le Peuple, 23 octobre 1961.
  • [11]
    Voir les slogans en annexe.
  • [12]
    La Wallonie, 23 octobre 1961.
  • [13]
    De Standaard, 12 janvier 1962.
  • [14]
    De Standaard, 22 septembre 1962.
  • [15]
    De Standaard, 15 septembre 1962.
  • [16]
    De Standaard, 9 octobre 1962.
  • [17]
    “Comité des 8”, composé de MM. De Saeger, De Gryse, Kiebooms, Verrohen, De Boodt, Sledsens, Van Cauwelaert, Van de Kerckhove, soit 4 députés et 4 sénateurs.
  • [18]
    La Libre Belgique, 13 et 14 octobre 1962.
  • [19]
    Voir La Libre Belgique et La Cité du 4 juin 1962.
  • [20]
    Volksbelang, 85ème année – n°s 30, 31, 34.
  • [21]
    Volksbelang, 29 septembre 1962.
  • [22]
    La Libre Belgique, 9 octobre 1962.
  • [23]
    De Standaard, 17 octobre 1962.
  • [24]
    La Libre Belgique, 15 juin 1962.
  • [25]
    Le Soir, 13 octobre 1962.
  • [26]
    Le Peuple, 22 septembre 1962.
  • [27]
    Le Standaard (8 juillet 1963) estime qu’ils sont plus de 700 à avoir répondu positivement.
  • [28]
    M. Coppieters adhérera à la Volksunie en juillet 1964.
  • [29]
    Voir C.H. N° 222 du 6 décembre 1963, pp. 22-23.
  • [30]
    La Wallonie, 14 novembre 1963.
  • [31]
    Créé s à l’exemple du V.A.K., la coordination se faisant sous la présidence de M. A. Roosens.

I – La création du V.A.K.

1Quelques semaines après le recensement général de la population du 31 décembre 1947, un comité de coordination (l’Algemeen Vlaams Komitee) fut constitué entre les trois grandes fondations culturelles flamandes ; le Davidsfonds (de tendance catholique), le Willemsfonds (de tendance libérale) et le Vermeylenfonds (de tendance socialiste), à l’initiative de ce dernier.

2C’est aux mêmes fondations que le Mouvement Populaire Flamand (Vlaamse Volksbeweging ou V.V.B.) [1] proposa, près de onze ans plus tard, à la fin de 1958, de constituer une Délégation des associations flamandes (“Delegatie der Vlaamse Verenigingen”) dont le but principal était d’empêcher la réalisation du recensement linguistique qui devait constituer un volet du recensement général de la population. Les flamands craignaient en effet que les citoyens belges et plus spécialement les citoyens bruxellois, confondant recensement et referendum dans leurs réponses au recensement linguistique fassent apparaître avec encore plus de netteté qu’en 1947, date du dernier recensement général, le processus de francisation de l’agglomération bruxelloise et de sa périphérie (la crainte de la “tache d’huile” – selon l’expression néerlandaise “olievlek”).

3La présidence des réunions de cette association de fait à laquelle d’autres organisations flamandes, principalement à motivations culturelles furent invitées à adhérer, fut dévolue à M. Van Overstraeten, qui exerçait alors les fonctions de président du “Vlaamse Toeristen Bond” (V.T.B.) et du “Vlaamse Automobilisten Bond” (VoA.B.), deux doublets flamands du “Touring Club de Belgique” et du “Royal Automobile Club de Belgique”.

4Cette délégation qui basait essentiellement son action sur les conclusions du Centre Harmel [2] se borna en fait à publier quelques résolutions et à faire une démarche auprès du Premier Ministre do l’époque, M. Gaston Eyskens.

5Très rapidement cependant, le besoin d’une certaine structuration et surtout d’une certaine permanence se fit sentir et au début de 1959, cette délégation prit l’initiative de créer un organisme plus charpenté qui vit effectivement le jour le 14 mars 1959 sous le titre “AktieKomitee tot behoud van de integriteit van het Nederlandstalig-grondgebied en tot bescherming van de Vlamingen in de Brusselse agglomeratie” (Comité d’Action pour le maintien de l’intégrité du territoire néerlandophone et la protection des Flamands dans l’agglomération bruxelloise).

6La lettre d’invitation adressée aux différentes organisations dont l’adhésion était sollicitée avait été approuvée par une assemblée générale de représentants des organisations constituantes de la délégation dont il a été question plus haut. Cette lettre était signée par MM. Amter, P. Daels, W. Martens, A. Roosens et Van Overstraeten qui étaient tous à des titres divers des militants en vue du mouvement flamand, mais dont aucun n’appartenait, semble-t-il, à la Volksunie.

7Très rapidement, cet organisme s’intitula plus simplement “Vlaams Aktiekomitee voor Brussel en Taalgrens” (Comité d’Action flamand pour Bruxelles et la frontière linguistique (V.A.K.B.T.) pour devenir après la manifestation d’Anvers, dont nous parlerons plus loin, le “Vlaams Aktiekomitee” tout court. C’est d’ailleurs par ce sigle V.A.K. que nous le citerons tout au long de cette étude [3].

II – Organisation

8C’est une organisation de fait sans statuts. Le seul document qui puisse être invoqué est un procès-verbal relatant la réunion de création.

9Le siège du V.A.K. est fixé à la “Conscience Huis”, 28, rue Van Praet, lieu de réunion et siège habituel de la plupart des organisations flamandes de Bruxelles [4].

10Le V.A.K. est dirigé par une assemblée générale qui se réunit deux ou trois fois par an et qui groupe les organisations affiliées [5]. Il n’y a pas de membres individuels.

11Le Comité exécutif, dont la fréquence des réunions atteint jusqu’à trois réunions par semaine dans les périodes de fièvre précédant les grandes manifestations (les marches de Bruxelles par exemple), réunit en principe les délégués de plusieurs organisations flamandes.

12Ce Comité -était composé au début de délégués des huit groupements suivants :

  1. Davidsfonds – D.F. (M. Amter) ;
  2. Willemsfonds – W.F. (peu actif, a prétendu par après n’assister qu’en qualité d’observateur) ;
  3. Vermeylenfonds – V.F. (M. De Buck) ;
  4. Vlaams Komitee voor Brussel – V.K.B. (MM. Van Cauwelaert et Roosens) ;
  5. Vlaams Verbond voor Overheidspersoneel – V.V.O. (M. Bové) ;
  6. Vlaamse Volksbeweging – V.V.B. (MM. Daels et Verrept) ;
  7. Vlaamse Toeristenbond – V.T.B. – Vlaamse Automobilistenbond – V.A.B. (M. Van Overstraeten) ;
  8. Vlaams Jeugdkomitee – V.J.K. (M. Martens).

13Ce comité est composé actuellement :

  1. Davidsfonds – D. F. ;
  2. Vlaams Komitee voor Brussel – V.K.B. ;
  3. Vlaams Verbond voor Overheidspersoneel – V.V.O. ;
  4. Vlaamse Volksbeweging – V.V.B. ;
  5. Vereniging der Vlaamse Studenten – V.V.S. ;
  6. Katholieke Werkliedenbonden – Brussel – K.W.B. ;
  7. Verbond van Vlaamse Academiei– V.V.A.

14Il y a donc eu des modifications, se traduisant par des démissions et des adhésions ainsi que nous aurons l’occasion de le constater plus loin.

15Jusqu’au mois do septembre 1964, les votes au sein de cette assemblée furent pratiquement toujours acquis à l’unanimité.

16Le caractère représentative et démocratique de l’organisation a parfois été contesté. Voyons ce qu’en pense un observateur particulièrement attentif de la vie politique flamande, M. Van Haverbeke [6] :

17

“Des groupes de pression comme le V.A.K. et le V.V.B. ont en Flandre des fondements moins démocratiques (sous-entendu : que les partis). En général, ils sont dirigés par des personnes dévouées et actives qui ne sont pas élues selon les règles très strictes des élections secrètes et après la consultation régulière de tous les éléments de base locaux ou provinciaux, le fait que ces personnalités dirigent sans contestation prouve qu’elles ont la confiance de leurs affiliés”.

18En fait, comme nous le verrons plus loin, lorsque des contestations naissent, elles se terminent presque toujours de la même manière : ou bien l’organisation est modifiée de fond en comble ou bien elle disparaît purement et simplement.

19Au début, le V.A.K. était présidé par M. Edg. Van Cauwelaert, qui démissionna pour raisons de santé et qui fut remplacé par M. Amter, secrétaire général du Davidsfonds, tandis que le secrétaire était M. Roosens (jusqu’en novembre 1964) et le trésorier M. W. Martens, les secrétaires sont actuellement MM. Vandezande (V.V.O.) et P. Daels (V.V.B.).

20L’organisation et la composition dos comités régionaux sont très variables et se trouvent nettement influencées par les situations locales. Dans certains cas, le bureau est élu, dans d’autres pas. Le hasard joue souvent un grand rôle dans l’incorporation dans le circuit de telle ou telle notabilité.

21Le V.A.K., qui ne possède pas de secrétariat permanent disposant de personnel rémunéré, a estimé devoir constituer à un certain moment une organisation permanente mais ses efforts dans cette voie n’ont pas abouti, principalement à cause de l’opposition d’organisations membres et plus spécialement du “Mouvement Populaire Flamand”.

22En principe, le budget ordinaire est financé par les contributions forfaitaires des organisations membres, système dont le fonctionnement s’est avéré assez peu satisfaisant, tandis que les frais extraordinaires (consistant essentiellement en frais d’imprimerie ou en établissement de calicots pour les manifestations publiques) sont couverts par des collectes ou des ventes d’insignes. Notons que, selon des renseignements dignes de foi, l’organisation d’une marche sur Bruxelles coûterait environ un demi million de francs.

23Les Comités régionaux couvrent leurs propres frais et pour chaque activité importante, le V.A.K. a essayé de constituer un Comité régional avec les représentants des comités régionaux des organisations membres du V.A.K. Très souvent, pour les raisons évoquées ci-dessus, c’est le Mouvement Populaire Flamand (V.V.B.), qui prend l’initiative de l’organisation.

24Il n’y a pas parallélisme absolu entre l’attitude nationale de certaines organisations et l’attitude de certains de leurs comités régionaux ou locaux. C’est ainsi que, dans certaines régions, assez rares il est vrai, des militants P.S.C. ont fait preuve de beaucoup de zèle alors que, dans d’autres régions, ils se montraient indifférents sinon hostiles. Cette participation de militants sociaux-chrétiens, très généralisée lors de la première marche, a vu son ampleur décroître lors des manifestations suivantes.

25Le Davidsfonds, le Vlaamse Toeristenbond (V.T.B.) et le Vlaamse Automobilistenbond (V.A.B.) se montrent souvent actifs sur le plan local mais il arrive parfois qu’une des organisations prenne ses distances vis-à-vis du V.A.K., comme par exemple le Davidsfonds le fit le 12 octobre 1963.

26D’une manière générale, les militants de la Volksunie se montrent très actifs sur le plan régional.

27Les organisations de jeunesse semblent disposer d’une représentation plus que proportionnelle,

28La représentation quasi exclusive des milieux catholiques ou nationalistes flamands est flagrante. Tous les hommes qui ont joué un rôle prépondérant dans le V.A.K. depuis la création de cet organisme sont catholiques, ce qui ne signifie pas qu’ils soient P.S.C.

III – L’activité du V.A.K.

29Au début, le V.A.K. continue l’action entreprise par la “délégation”, c’est-à-dire que ses premiers efforts visent à obtenir la suppression du recensement linguistique et le clichage de la frontière linguistique. Cette double action est menée avec les moyens classiques : lettres aux parlementaires, aux membres flamands de la Commission Basijn [7], demandes d’adhésions individuelles aux buts proposés et non pas au mouvement proprement dit, qui, comme nous l’avons vu, ne comporte que des adhésions collectives. Par après, le V.A.K. mit sur pied quatre grandes manifestations, dont le caractère spectaculaire n’a jamais été sérieusement contesté :

  1. la journée contre le recensement linguistique : “Geen talentellingdag”, le 29 novembre 1959 ;
  2. la première marche sur Bruxelles, le 22 octobre 1961 ;
  3. la seconde marche sur Bruxelles, le 14 octobre 1962 ;
  4. la manifestation d’Anvers, qui constitue une variante de la troisième marche sur Bruxelles primitivement envisagée, le 10 novembre 1963.

30+

31+ +

321. La journée contre le recensement linguistique (“Geen Talentellingdag”) du 29 novembre 1959, appuyée par de nombreux hommes politiques, spécialement au niveau des communes, se traduisit en fait par l’organisation de 70 meetings à travers tout le pays flamand et par la diffusion très large d’une brochure expliquant pour quelles raisons le recensement linguistique devait être abandonné (“Waaro geen talentelling”). Auparavant, le V.A.K. avait déjà publié un mémorandum intitulé “Geen Talentelling” qui développait l’essentiel de l’argumentation reprise dans la brochure à large diffusion.

33A ce moment, le Vermeylenfonds, de tendance socialiste, soutenait inconditionnellement l’action du V.A.K. tandis que le Willemsfonds, de tendance libérale, ne participait pas directement à l’action. En effet, alors que le Willemsfonds demandait simplement la remise du recensement linguistique, le V.A.K. en réclamait la suppression pure et simple.

34Le V.A.K. déclare le 16 janvier 1960 que, “dans le cas où le gouvernement imposerait un recensement linguistique”, il appellerait “tout le pays à une grande manifestation à Bruxelles contre tout recensement linguistique pour le clivage de la frontière linguistique et pour le respect effectif et légal de la culture et du territoire flamand”. C’est en réalité l’annonce de la, première marche sur Bruxelles.

35Après la remise du recensement linguistique, le V.A.K. entame une campagne contre l’envoi de formulaires bilingues pour le recensement de la population. Il considère que ces formulaires pourraient constituer un “recensement linguistique déguisé”. Les bourgmestres de plus de 300 communes flamandes renvoient effectivement les questionnaires et parmi eux, on cite le bourgmestre de la ville de Malines, M. Antoine Spinoy, qui allait devenir Ministre des Affaires Economiques et de l’Energie quelque temps plus tard dans le gouvernement Lefèvre-Spaak.

362. La première Marche sur Bruxelles.

37A la veille des élections de 1961, le V.A.K. définit ses revendications dans un memorandum adressé aux différents partis politiques. Ce document permet de constater un élargissement considérable par comparaison avec le but défini lors de sa création. Les optiques restent cependant concrètes et relativement limitées.

38Les revendications contenues dans le mémorandum étaient les suivantes :

  • abolition du recensement linguistique ;
  • clichage de l’agglomération bruxelloise dans les limites des 19 communes ;
  • obligation aux communes de l’agglomération bruxelloise de pratiquer une égalité totale et réelle entre langue néerlandaise et langue française ;
  • abolition des facilités linguistiques accordées aux francophones dans les communes de la périphérie de Bruxelles et plus généralement dans tout le pays flamand ;
  • clichage de la frontière linguistique avec incorporation au pays flamand de communes des régions d’Outremeuse, Enghien et Mouscron ;
  • élimination de toute expression de francisation en Flandre ;
  • néerlandisation intégrale de la vie économique en pays flamand par la voie légale ;
  • nomination de porteurs de diplômes flamands dans les administrations publiques en Flandre et dans le rôle néerlandais dans l’administration centrale. Dans cette dernière, répartition des nominations proportionnellement à l’importance de la population des deux régions.

39La déclaration gouvernementale du 2 mai 1961, prononcée par le Premier Ministre au Parlement, ne donne apparemment pas satisfaction au V.A.K. qui réplique vivement et qui annonce une grande manifestation nationale à Bruxelles pour la fin octobre.

40Les dirigeants du V.A.K. recherchent et obtiennent très largement l’appui de divers milieux flamands.

41Les journaux catholiques flamands réagissent très favorablement.

42De même, certains parlementaires flamands et l’on constatera, le jour de la manifestation, que 57 parlementaires appartenant au P.S.C. et à la Volksunie figurent parmi les “marcheurs”. Parmi les mandataires P.S.C. Les plus en vue, on cite M. De Saeger, président de l’aile flamande du P.S.C. et bourgmestre faisant fonction de la ville de Malines, H. Van de Kerkhove, qui devait succéder plus tard à M. De Saeger à la présidence de l’aile flamande du P.S.C., M. Verroken, M. Kiebooms, etc…

43De nombreux mandataires communaux participèrent à la manifestation [8] et plus de 650 communes flamandes marquèrent leur adhésion de manière explicite.

44Les étudiants flamands, pour la plupart catholiques, participèrent nombreux à cette manifestation dans les rangs de laquelle on remarque une délégation d’étudiants socialistes de l’Université de Gand. Au cours de la semaine précédant la manifestation, des réunions de préparation furent organisées dans tout le pays flamand.

45Comme il arrive très souvent en la matière, les estimations concernant le nombre des participants varièrent beaucoup selon les milieux dont elles émanaient. Entre les chiffres extrêmes de 100.000 avancés par les organisateurs et repris par le Standaard et de 23.500 par la police bruxelloise, on peut citer les chiffres intermédiaires de 30.000 repris par le journal liégeois La Wallonie et de 50.000 repris par La Libre Belgique.

46De toute manière, dans les limites définies ci-dessus, chacun se plut à reconnaître qu’il s’agissait d’une importante manifestation.

47Et l’on ajoute, tant d’un côté que de l’autre, que si le but initial de la manifestation était assez bien défini et limité, ce but avait été singulièrement dépassé au cours du déroulement des faits. Un observateur concrétisa de la manière suivante l’opinion des Flamands : “Il ne s’agit pas uniquement des communes périphériques ou de l’adaptation des sièges de la Chambre. Il s’agit de savoir si nous continuerons de nous incliner devant ce que “Bruxelles” décide” [9].

48Si la première marche sur Bruxelles souleva un certain enthousiasme en Flandre, enthousiasme qui s’exprima principalement dans les commentaires de la presse catholique flamande, ce même évènement souleva de vivres critiques et des protestations véhémentes dans la plupart des milieux francophones, wallons et, faut-il le dire, surtout bruxellois.

49C’est ainsi que Le Peuple et Le Drapeau Rouge notent le caractère ambigu de la manifestation, crée à la fois par les slogans et par la présence dans le cortège de certains collaborateurs de la période de guerre : “Réclamer à la fois celui-ci (le fédéralisme) et les avantages pleins et entiers de la majorisation flamande dans le régime unitaire, est évidemment absurde” [10]. Par ailleurs, la presse socialiste flamande se montre très critique à l’égard de la manifestation.

50A vrai dire, le terne “fédéralisme” ne figurait pas parai les slogans officiels [11] a dais par les organisateurs de la manifestation nais tous les observateurs et la plupart des journaux rapportent que ce slogan fut articulé par une partie très importante des “marcheurs” et que, par ailleurs, un nombre non négligeable de manifestants arboraient un insigne de couleur jaune portant l’inscription “fédéralisme”.

51La présence au sein du cortège d’un certain nombre de personnes ayant collaboré avec l’ennemi, lors des occupations du pays, fut par ailleurs interprétée comme un élément de preuve que le mouvement flamand actuel était la continuation pure et simple du mouvement activiste et collaborateur du temps de guerre.

52Les journaux wallons virent principalement dans la marche sur Bruxelles une attaque contre les Wallons : “La minorisation de notre peuple reste leur objectif numéro 1” et, “dès le début de la manifestation, il apparut clairement que les buts invoqués jusque là pour expliquer la “marche” ne constituaient qu’un programme de façade. En fait, il s’agissait bel et bien de prôner la flamandisation inconditionnelle de Bruxelles et de son agglomération. Les cris des manifestants ne laissèrent d’ailleurs subsister aucun doute à ce sujet : “Bruxelles flamand … Les Wallons chez eux” [12].

53Effectivement, alors que le slogan officiel annoncé par les organisateurs de la. manifestation était “Bruxelles bilingue”, tous les journaux francophones rapportèrent que le slogan effectivement articulé fut “Bruxelles flamand”.

54Parmi les protestations les plus caractéristiques, il convient de citer celle de Bloc de la Liberté linguistique et celle de front pour la Défense de Bruxelles.

55Dans une lettre envoyée aux bourgmestres de l’agglomération bruxelloise, les dirigeants du Bloc de la Liberté linguistique s’exprimèrent de la manière suivante ; “Il ne vient à aucun francophone l’idée d’aller manifester de la sorte à Gand, à Anvers, à Hasselt ou dans d’autres localités où existe une importante minorité de gens ne parlant pas le néerlandais”.

56Le front pour la Défense de Bruxelles, composé du Bloc pour la Liberté Linguistique, du M.P.W, de Bruxelles, de la Ligue Wallonne de l’agglomération bruxelloise, de la Ligue Wallonne de St-Gilles-Bruxelles, de la Ligue Wallonne de Woluwe-St-Lambert, de l’Association Wallonne des Services Publics, du Cercle “Les Wallons du Bassin du Centre”, de “Rénovation Wallonne”, du Parti de l’unité wallonne, de “Wallonie Libre” et de l’Avant-garde Wallonne, organisa le surlendemain do la marche, à la Salle de la Madeleine, un grand meeting de protestation et de réparation au cours duquel plusieurs orateurs marquèrent leur désapprobation vis-à-vis des évènements ; M. Laloux, ancien échevin P.S.C. d’une commune de l’agglomération bruxelloise, M. Missaire, un des dirigeants de l’association groupant les fonctionnaires wallones, M. Pauly, éditeur de Bruxelles-Français, M. Raymond Latin du M.P.W. et l’Abbé de Froidmont.

573. La deuxième Marche sur Bruxelles.

58Entre la première et la seconde Marche sur Bruxelles, le V.A.K. s’attache à analyser et à critiquer d’une manière très précise les projets de lois linguistiques, surtout en ce qui concerne l’agglomération bruxelloise et il menaça d’organiser une seconde Marche sur Bruxelles si l’intégrité flamande des communes périphériques n’est pas garantie et si l’abolition de “facilités” de tout ordre n’est pas acquise. C’est à ce moment que naquit le slogan “Geen faciliteiten”, c’est-à-dire “pas de facilités” (aux francophones).

59On remarquera par ailleurs que si le V.A.K. s’est opposé au transfert de certaines communes de la frontière linguistique à la Wallonie, il n’a cependant jamais axé son action sur ces points, à l’exception de quelques manifestations sans grande envergure et en tout état de cause sans comparaison aucune ni avec les marches sur Bruxelles, ni avec la manifestation d’Anvers.

60Le 10 janvier, dans une lettre au ministre Gilson, le V.A.K. s’exprime de la manière suivante : “L’Assemblée générale du V.A.K.B.T, a décidé le 6 janvier 1962 d’appeler les Flamands de toute tendance politique ou philosophique à une nouvelle manifestation grandiose dans les rues de Bruxelles si les projets ne s’avèrent pas en accord avec ses points de vue” [13].

61La décision définitive d’organiser la seconde marche est prise en février 1962 et les conseils communaux sont invités à appuyer cette manifestation. Le Standaard publie des listes d’environ 500 communes qui auraient réagi favorablement [14].

62Par contre, La Libre Belgique entama directement une violente campagne contre la participation des parlementaires du P.S.C. à cette manifestation et cette campagne reprise et soutenue par toute la presse catholique francophone sembla porter certains fruits. Les parlementaires P.S.C flamands restèrent longtemps hésitants et s’ils renoncèrent finalement à y participer officiellement, c’est non sans entourer leur décision de certaines réserves.

63La manifestation étant organisée par les groupements culturels, les partis politiques n’ont donc pas à y participer en tant que tel écrira un journaliste flamand [15] sans ajout er cependant qu’une telle motivation eut fort bien pu être évoquée pour la première marche sur Bruxelles à laquelle participèrent, comme nous l’avons vu plus haut, un bon nombre de parlementaires P.S.C. flamands.

64Tout en décidant de ne pas y participer en tant que tel, le Comité National des Katholieke Werkliedenbonden (K.W.B.) souhaite que la manifestation du 14· octobre soit un succès pour la cause flamande et l’unité du pays [16].

65Avant le vote sur le clichage de la frontière linguistique, le P.S.C. flamand décide de ne pas participer à la seconde marche sur Bruxelles, afin de ne pas compromettre les négociations, mais il se réserve cependant la possibilité de changer d’avis si la situation politique évoluait à son désavantage. Après le vote, le “Comité de contact” [17] adresse une lettre à tous les parlementaires P.S.C. – flamands les invitant à ne pas s’associer à la marche sur Bruxelles “dont les objectifs sont d’ailleurs différents de ceux du parti” [18]. Néanmoins, trois parlementaires P.S.C. : MM. Verbaanderd de Bruxelles, Van den Daele de Gand et Van Damme de Bruges, participeront à la manifestation aux côtes des parlementaires de la Volksunie.

66La seconde marche sur Bruxelles fut préparée notamment par l’organisation d’une assemblée générale le 26 mai, d’une journée des cadres le 2 juin et d’une “journée de vigilance flamande” au début de juillet.

67A la journée de cadres, M. E. Janssens du Liberaal Vlaams Verbond – L.V.V. – avait annoncé la participation des parlementaires flamands du P.L.P. à cette marche et cette information avait été reprise par plusieurs journaux [19]. De son côté, Het Volksbelang, organe du Liberaal Vlaams Verbond, défend la liberté pour les libéraux de participer à la marche et proteste contre l’attitude anti-flamande de certains milieux libéraux, wallons et bruxellois mais aussi contre l’allégation selon laquelle le L.V.V. aura.it demandé à ses membres d’y participer [20].

68La direction du P.L.P. conseille à ses parlementaires de ne pas participer à la manifestation, la Fédération nationale des jeunesses libérales condamne la marche tandis que le Oud Ledenbond – L.V.S.V. – (Liberaal Vlaams Studentenverbond) laisse la liberté à ses membres, tout en restant membre du V.A.K. [21].

69Le Willensfonds ne s’associe pas à l’organisation de la manifestation à laquelle il ne participera donc pas.

70Le monde socialiste se montre globalement hostile à la manifestation et le Bureau du P.S.B. décide le 3 septembre qu’il n’y a pas lieu à rencontrer une délégation du V.A.K., qui lui avait demandé un entretien. Il n’y a que l’Association dos étudiants socialistes de l’Université de land (S.V.S.B. – Gent), qui participera activement à la marche dans le cadre de la V.V.S., tandis que le Vermeylenfonds s’abstient. Selon M. Amter, le président du V.A.K., l’attitude du Vermeylenfonds est dictée par des raisons tactiques et le Vermeylenfonds reste membre du V.A.K. et se rallie aux objectifs énoncés [22].

71A la dernière minute, une série de slogans à portée socio-économique furent ajoutés afin de permettre le ralliement des étudiants socialistes de l’Université de Gand et les étudiants socialistes flamands publièrent un communiqué après la marche [23]. Par contre, les étudiants libéraux flamands n’approuvant pas ces nouveaux slogans s’abstinrent de participer à la manifestation.

72L’autorisation de la seconde marche sur Bruxelles fut l’objet de toute une procédure. Cette autorisation avait été sollicitée dès le mois d’août par les organisations et la date proposée était le 21 octobre. Cette date fut ensuite avancée d’une semaine pour permettre le déroulement sans heurts de la manifestation traditionnelle des Croix de l’Yser qui se situait précisément le 21 octobre. Le Bourgmestre de Bruxelles, M. Cooremans, hésita à marquer son accord à la demande de manifester le 14 : il souhaitait d’abord recueillir le point de vue des Ministres Lefèvre et Gilson. le V.A.K. annonça alors qu’il manifesterait de toute façon, la plupart des journaux, même ceux qui se montrent traditionnellement opposés à ces démonstrations, se prononcèrent en faveur de l’autorisation. Ce fut notamment le cas de La Libre Belgique.

73A un certain moment, le bourgmestre de Bruxelles aurait eu l’intention d’interdire la manifestation [24]. Il eut ensuite deux entrevues avec le Ministre de l’intérieur qui lui écrivit finalement une lettre dans laquelle il s’exprimait comme suit ; “les risques d’incidents entre manifestants et contremanifestants sont inévitablement plus grands dans l’hypothèse d’une interdiction”. M. Cooremans accorde finalement l’autorisation, d’assez mauvais gré si l’on s’en réfère à une lettre publiée dans le Soir[25] et dans laquelle on retrouve le passage suivant : “Pour remplir parfaitement son rôle, elle (la capitale) doit être sereine, donc ne pas être associée en fait et d’ailleurs contre la volonté profonde de ses habitants, à des agitations collectives”.

74En fait, le problème de l’autorisation avait été rendu plus difficile encore, parce que certains groupements avaient annoncé une contre-manifestation. C’était notamment le cas du Front de Défense de Bruxelles [26]. Par après cependant, cet organisme ainsi que le Comité d’Action Wallonne annoncèrent s’en tenir à une action de désapprobation à l’égard de la marche sur Bruxelles, action qui consisterait à distribuer des “boutonnières” portant les mentions ; “Liberté”, “Bruxelles-Libre”, “Autodétermination”. De son côté, le Comité d’Action Nationale pour l’Unité du Pays et la Liberté Linguistique déposa le jour de la manifestation une couronne do fleurs au Monument aux morts à Anvers. Le ruban tricolore était surchargé de l’inscription : “Er zijn nog Belgen” (Il y a encore des Belges).

75Les commentaires de presse qui suivirent la seconde marche sur Bruxelles furent assez similaires à ceux qui avaient suivi la première manifestation, dans un sens et dans l’autre.

76Il en fut de même en ce qui concerne l’évaluation du nombre des manifestants. Le chiffre de 200.000 fut avancé par les organisateurs, mais vivement contesté et par les autorités policières et par les journalistes francophones.

774. La manifestation d’Anvers.

78Dès le samedi 2 mars 1963 » l’Assemblée Générale du V.A.K. décide – si la chose s’avère nécessaire – d’organiser une troisième marche sur Brucelles, notamment si le compromis linguistique en voie d’élaboration s’avérait inacceptable pour les Flamands.

79Le Comité Exécutif du V.A.K. est chargé de suivre l’évolution des affaires.

80Le vendredi 7 juin, à l’occasion d’une conférence de presse, le V.A.K. évoque la possibilité d’une nouvelle marche sur Bruxelles et le samedi 6 juillet, la direction générale du Mouvement Populaire Flamand – V.V.B. – décide d’organiser à l’automne à Anvers une manifestation en faveur des réformes de structure.

81Après la seconde marche sur Bruxelles, le V.A.K. avait mené une action sur trois plans :

  • essai de convaincre les parlementaires P.S.C. de la justesse de son point de vue par des entretiens, des lettres, des télégrammes, etc… Dans ce cadre là, il n’est pas sans intérêt de donner connaissance du texte du télégramme envoyé le 5 juillet 1963 au Comité National du P.S.C. et au Comité de Contact (à propos de la fameuse réunion de Val Duchesse au cours de laquelle le feu vert devait être accordé pour le vote des lois linguistiques) : “Proposition du conclave politique inacceptable. Organiser opposition jusqu’au bout aux facilités et à l’annexion camouflée. Attendons du P.S.C. flamand rejet total. (Signé) AMTER.” ;
  • sensibiliser l’opinion publique par des motions, des conférences de presse et des manifestations dans les communes périphériques ;
  • demander l’appui des bourgmestres flamands qui répondent en assez grand nombre à l’appel qui leur est lancé [27].

82La signature des accords de Val Duchesse devait provoquer de très profonds remous au sein du mouvement flamand en général et du V.A.K. en particulier et entraîner finalement une confusion dont les effets sont toujours perceptibles aujourd’hui.

83Deux possibilités se présentent de relancer l’action :

  • Continuer selon le système employé jusque-là, c’est-à-dire entamer une action sur un point précis, par exemple l’adaptation du nombre des sièges parlementaires aux chiffres de la population qui se posait à ce moment-là. Le défenseur le plus en vue de ce point de vue était le Professeur R. Derine d’Anvers.
  • Relancer l’action pour un objectif plus large, à long terme, c’est-à-dire le fédéralisme et les réformes de structures ; ce point de vue était défendu par Me A. Roosens, le secrétaire du Y.A.K. Ce dernier point de vue implique une orientation assez différente de celle poursuivie jusqu’alors.

84Un programme provisoire basé sur le dernier point de vue est discuté, tant au sein du V.A.K. qu’au sein des organisations membres.

85A partir de ce moment, les évènements se précipitent :

  • Le lundi 8 juillet, le V.A.K. annonce une troisième marche pour le 27 octobre, dans la perspective de profondes réformes politiques de structure.
  • A une réunion du Mouvement Populaire Flamand, V.V.B., tenue à Anvers, le professeur R. Derine déconseille une marche en faveur du fédéralisme, ce qui pourrait entraîner une division parmi les partisans du mouvement flamand, qui ne sont pas tous ralliés au fédéralisme. M. Derine donne sa version des faits dans un long article du Standaard le 4 octobre ; il considère que la décision a été prise dans un moment de colère et sans consultation préalable des organisations membres. Dans une réponse à cet article, M. W. Martens notera que la direction du V.V.B. (dont M. Derine est membre) avait déjà pris antérieurement position en faveur d’une manifestation pour le fédéralisme et que le V.V.B. s’était prononcé pour une fusion des deux initiatives.
  • Le samedi 31 août, la Direction générale du Mouvement Populaire Flamand discute le programme. Le professeur Derine continue à s’opposer à ce programme et à l’organisation d’une troisième marche sur Bruxelles, le vote donne cependant l’unanimité (moins une voix) en faveur de la marche et du programme.
  • Le samedi 7 septembre, le Conseil général de la V.V.B. se prononce en faveur du programme malgré -une nouvelle plaidoirie de M. Derine.
  • Le dimanche 8 septembre, se tient le Congrès du Davidsfonds, le fait que MM. Roosens et Coppieters [28] s’y prononcent en faveur du fédéralisme est interprété par la presse comme une prise de position du Davidsfonds, le droit de prendre une telle position lui est dénié par un certain nombre de journaux tandis que d’autres en contestent l’opportunité.
  • Le 10 septembre, Het Belang van Limburg, De Standaard, Het Volk, De Nieuwe Gids et De Gazet van Antwerpen entament une action simultanée contre M. Amter qui en sa double qualité de président du V.A.K. et de dirigeant du Davidsfonds se trouve au centre des discussions en cours. Il est clair que la presse catholique flamande n’est pas prête à soutenir une nouvelle manifestation, exception faite d’un périodique comme Het Pennoen dans la rédaction duquel on retrouve deux animateurs du V.A.K., MM. Verrept et Roosens.
  • Le 9 septembre, on avait enregistré une autre réaction dans les milieux de la presse flamande : mécontents de l’attitude des directeurs de journaux, une vingtaine de journalistes et de collaborateurs occasionnels d’organes de presse flamands s’étaient réunis et avaient décidé le lancement d’un périodique de style satirique : Vogelvrij[29] dont cinq numéros paraîtront et qui sera favorable à la manifestation projetée.
  • Devant la réaction des journaux catholiques flamands, Mgr. A. Jans- sen, président du Davidsfonds, tente une mise au point aux termes de laquelle M. Coppieters a parlé en son nom personnel, et le Davidsfonds n’est nullement lié par ses déclarations. La direction générale du Davidsfonds précisera encore une fois son point de vue après sa réunion du 29 septembre où il demande à M. Amter d’intervenir auprès du V.A.K. pour que la manifestation soit différée et qu’elle n’ait aucun caractère fédéraliste. Le V.A.K. semble interpréter la déclaration comme un accord, ce qui incite le Davidsfonds à expliquer sa déclaration le 12 octobre. Son attitude finale peut se résumer comme suit : le Davidsfonds reste membre du V.A.K. parce qu’il est toujours considéré comme le moyen d’action le plus efficace pour exercer une action de pression flamande, mais en ce qui concerne la manifestation d’Anvers, le Davidsfonds reconnaît à ses membres la liberté de l’approuver et d’y participer ou non.

86Le Davidsfonds et le Mouvement Populaire Flamand ne furent d’ailleurs pas les seuls à réagir. L’autres organisations membres ont en effet réagi suite à la nouvelle orientation prise par le V.A.K.

  • Le Vermeylenfonds démissionne le 28 août. Selon les déclarations de ses dirigeants, il ne peut admettre les nouveaux slogans fédéralistes. Selon les dirigeants du V.A.K., le Vermeylenfonds n’était plus représenté, au sein du V.A.K., depuis longtemps et l’option fédéra.liste doit davantage être considérée comme un prétexte.
  • Le Willemsfonds déclare qu’il n’a-jamais été membre du V.A.K. mais uniquement observateur et qu’il cesse de l’être.
  • Le V.V.V. donne sa démission le 25 septembre.
  • Le Oudledenbond – L.V.S.V. – se retire du V.A.K.
  • Le V.E.V. fait observer qu’il n’a jamais été membre.
  • Le V.T.B.-V.A.B. n’appuie pas la manifestation sans cependant démissionner.
  • Dans le V.K.B., une tendance est favorable à la démission, le président s’en tient cependant à une lettre où il dit que le V.K.B. n’approuve pas le nouveau tournant du V.A.K.

87Le V.A.K. continue cependant la préparation de la marche pendant la réunion de l’Assemblée générale du 12 septembre. Le programme provisoire est approuvé. Il est à noter cependant que le mot “fédéralisme” n’y est pas employé, sans doute dans un but de suprême conciliation.

88Le V.A.K. annonce cependant dans une conférence de presse que le slogan général de la marche sur Bruxelles sera : “Pour une Belgique fédérale dans une Europe fédérale”. Dès le lendemain, le V.A.K. transforme la marche sur Bruxelles en une manifestation à Anvers.

89Les raisons indiquées motivant ce changement sont :

  • le fait que l’autorisation du bourgmestre de Bruxelles est problématique si l’on s’en réfère à l’expérience relative à la seconde marche ;
  • la perspective nouvelle qui pourrait être soulignée en changeant de cadre ;
  • l’importance de la manifestation, qui exige que l’on exclue toute possibilité d’incidents graves. A cet égard, la ville d’Anvers est traditionnellement très sûre pour le mouvement flamand.

90La manifestation est préparée par une journée de cadres, qui se tint le 21 septembre au Palais des Congrès, où s’expriment encore une fois de plus l’opposition entre le groupe Derine, composé de huit anversois, et la majorité.

91L’attitude de la presse catholique flamande reste toujours critique, sans cependant apparaître comme étant entièrement négative. Les critiques qu’elle émet concernent davantage l’opportunité de la démonstration de la manifestation elle-même et le contenu socio-politique que ses organisateurs envisagent de lui donner.

92Le 4 octobre 1963, le V.A.K. communique les slogans provisoires de la manifestation, qui sont destinés à marquer avec force l’accent mis sur les raisons économiques et sociales profondes des revendications fondamentales du mouvement flamand et la réalisation du fédéralisme.

93Il n’est pas sans intérêt de constater les réactions de la presse et des manifestants à l’égard des nouveaux slogans socio-économiques qui font de la manifestation d’Anvers une manifestation d’un genre assez différent des deux précédentes marches sur Bruxelles.

94Les journaux y prêtent en général peu d’attention : le Standaard note qu’il y a une partie du programme du Comité d’action, qui ne traite pas de reformes politiques, mais de réformes économiques. Cette partie du programme n’a pas été remarquée jusqu’à présent. Elle a néanmoins son importance et se prononce pour la nationalisation de certaines branches économiques, pour la cogestion des travailleurs, pour le contrôle des holdings, etc….”. Le journal flamand ajoute que “l’on se trouve en présence de principes sur lesquels – c’est le moins que l’on puisse dire–, il n’y a pas d’unanimité en Flandre. Abstraction faite de la question préalable du droit pour le Comité d’action de proposer des solutions propres pour de tels problèmes économiques, il est un fait que des personnes et des organisations qui sont irréprochables du point de vue flamand, s’opposent fermement à de telles réformes de structures économiques.”

95Par contre, M. Vanhaverbeke, dans De Nieuwe Gids, approuve les préoccupations socio-économiques du V.A.K. et considère que le Standaard part d’une conception périmée du mouvement flamand en les rejetant. L’hebdomadaire satirique PAN verra dans ces prises de positions antagonistes une tentative de diviser le mouvement flamand.

96La Wallonie réagit favorablement au nouveau tournant tout en restant fort sceptique et la réaction de La Gauche est nettement positive.

97Les manifestants se montrent également divisés : La réaction des jeunes, des étudiants, est particulièrement favorable. Par contre, celle de ?. V. Portier, représentant du A.N.Z. (Algemeen Nederlands Zangverbond), mais aussi observateur du V.E.V. (Vlaams Economisch Verbond) est négative. Cependant, la grande majorité des manifestants semble peu sensible au changement (ils remarquent plutôt celui vers le fédéralisme). Au cours de l’enquête faite après la manifestation à Anvers (enquête qui avait comme objet l’organisation de la manifestation), rien ne perce de ce problème, le public de la manifestation aussi ne semble pas avoir été influencé à la suite de ces prises de position.

98A propos de la manifestation d’Anvers elle-même, le nombre·de participants varie évidemment selon la -source de l’information : selon la police 32.000, la gendarmerie : 25.000, La Libre Belgique : 30.000, La Cité : 40 à 50.000. On signale un minimum d’incidents et, en tous cas, beaucoup moins que lors de la seconde marche sur Bruxelles. La participation des parlementaires se réduit strictement à ceux de la Volksunie ; par contre, on signale la participation d’une petite délégation wallonne sous la direction de M. H. Cousty du Travailleur et de la section M.P.W. de Fontaine-l’Evêque. Dans la délégation estudiantine représentée par le V.V.S. (Vereniging der Vlaamse Studenten), on signale la présence de groupes d’étudiants socialistes de Bruxelles, Anvers et du groupe d’étudiants progressistes BRUG de Louvain.

99Après la manifestation, presque tous les journaux, en ce compris les journaux catholiques flamands, constatent la réussite au niveau de la participation.

100La Wallonie considère qu’il y a des conclusions positives à tirer de la manifestation, que les Flamands “se sont efforcés encore très malhabile ment d’ailleurs de calquer leur programme immédiat sur celui que les fédéralistes wallons se sont assignés depuis plusieurs années”, mais ajoute le journal La Wallonie, “La Wallonie, si elle a des griefs à articuler contre le centralisme bruxellois, n’a aucune raison d’en vouloir aux bruxellois, victimes eux aussi de l’impérialisme flamand.” [30]

IV – Conclusions

101Les activités du V.A.K. s’avèrent beaucoup moins nombreuses depuis la manifestation d’Anvers. Au sein du comité, divers problèmes semblent s’être posés qui n’ont pas été résolus par la participation nombreuse à la manifestation :

102Dans certains journaux “flamingants”, on enregistre une réaction après coup aux slogans socio-économiques.

103Certains dirigeants évoluent vers une autre conception de l’action politique, qui se traduit par la création du “Vlaams Democratisch Front”, où se retrouvent plusieurs personnalités les plus en vue du V.A.K. et notamment les deux chevilles ouvrières que furent MM. A. Roosens et Staf Verrept (qui ont entretemps démissionné du V.A.K.), tandis que M. Martens figurerait sur la liste P.S.C. à Gand.

104Au moment de la manifestation d’Anvers, on avait parlé d’une fusion de la V.V.B. et du V.A.K. On envisage à ce moment la création de deux assemblées : un Conseil des délégués (Raad van afgevaardigden) et un Conseil des associations (Raad van verenigingen). Deux interprétations se font jour : selon l’une, le Conseil des délégués est formé par l’actuel conseil de la V.V.B. et prend les décisions concernant l’action ; selon la seconde, il s’agit d’un nouvel organe et les décisions relatives à l’action sont prises par les deux conseils. La fusion se heurte également à l’impossibilité d’un accord sur le choix du président et les deux organisations restent finalement indépendantes. Elles procèdent cependant à une répartition des tâches entre elles ; la V.V.B. s’occupant de la revision de la Constitution, le V.A.K. de réformes de structures politiques et économiques fondamentales. La V.V.B. demeure une organisation à affiliations individuelles. Le V.A.K. s’assigne aussi pour objectif la coordination, notamment sur le plan régional, entre les comités des organisations affiliées (déclaration du 20 janvier 1964).

105Il semble bien qu’à l’heure actuelle, le V.A.K. se trouve devant l’option que nous avions laissé entrevoir au début de cette étude et que dans un avenir proche, ses dirigeants actuels doivent choisir entre la continuation de l’action dans des formes renouvelées ou bien la dissolution pure et simple de cette association de fait qui, répétons-le, n’est pas dotée de statuts.

106Les difficultés au sein de la Volksunie, auxquelles la presse a fait largement écho au cours de ces dernières semaines, ont une répercussion certaine sur le fonctionnement ou le non-fonctionnement du V.A.K. A plusieurs reprises, des observateurs attentifs avaient en effet cru constater que la Volksunie annonçait certaines initiatives du V.A.K. avant même que les dirigeants de cette organisation ne les rendent publiques (notamment en ce qui concerne les dates définitives des marches sur Bruxelles), ce qui ne permet pas d’écarter l’hypothèse d’une certaine connexité (peut-être limitée dans le temps ou limitée à des personnes) entre le V.A.K. et la Volksunie. Des situations nouvelles ont toutefois vu le jour depuis la création du “Vlaams Democratisch Front”. Elles seront étudiées dans un prochain Courrier Hebdomadaire.


Annexe 1 – Tableau des sigles utilisés

A.N.ZAlgemeen Nederlands Zangverbond.
(Union Générale pour le Chant néerlandais).
K.W.B.Katholieke Werkliedenbonden.
(Ligues catholiques des travailleurs).
L.V.S.V.Liberaal Vlaams Studentenverbond.
(Association des étudiants libéraux flamands).
L.V.V.Liberaal Vlaams Verbond.
(Association libérale flamande).
S.V.S.B.Socialistische Vlaamse Studentenbeweging.
(Mouvement des étudiants socialistes flamands).
V.A.B.Vlaamse Automobilistenbond.
(Association flamande des automobilistes).
V.E.V.Vlaams Economisch Verbond.
(Association économique flamande).
V.J.K.Vlaams Jeugdkomitee.
(Comité de jeunesse flamand).
V.K.B.Vlaams Komite voor Brussel.
(Comité flamand pour Bruxelles).
V.T.B.Vlaamse Toeristenbond.
(Association flamande de touristes).
V.V.A.Verbond der Vlaamse Academici.
(Association des diplômés flamands).
V.V.B.Vlaamse Volksbeweging.
(Mouvement Populaire Flamand).
V.V.O.Vlaams Verbond voor Overheidspersoneel.
(Association flamande du personnel des administrations publiques).
V.V.S.Vereniging der Vlaamse Studenten.
(Mouvement des étudiants flamands).

Annexe 2 – Organisations affiliées au V.A.K. au moment de la manifestation à Anvers

107

  • Algemeen Nederlands Zangverbond.
  • Antwerpse Gouwverbond.
  • Bond der Limburgers.
  • Bond der Oost-Vlamingen.
  • Bond der Vlaamse reserveofficieren.
  • Davidsfonds.
  • Erasmusgenootschap.
  • Ijzerbedevaartkomitee.
  • Katholieke Vlaamse Hogeschooluitbreiding.
  • Katholieke Vlaamse Volkskunstfederatie.
  • Katholieke Werkliedenbonden – arrondissement Brussel.
  • Koninklijke bond der West-Viamingen.
  • Komitee van de Frans-Vlaamse kultuurdag.
  • Langhor-Veltmans Komitee.
  • Nieuw Verbond der vlaamse Oudstrijders.
  • Verbond der Vlaamse Academici.
  • Verbond van het Vlaams Overheidspersoneel.
  • Vlaams geneesherenverbond.
  • Vlaams Komitee voor Brussel.
  • Vlaams Kruis.
  • Vlaamse Volksbeweging.
  • Vlaams Komitee Randgemeenten [31].
  • V.V.S.
  • Vlaams Vakverbond.

Annexe 3

I – Slogans de la Première Marche sur Bruxelles

108

  • Tegen verfransing en broodroof.
    (Contre la francisation et le vol de pain).
  • Neen voor het centralisme.
    (Non au centralisme).
  • Geen broodroof in Brussel.
    (Pas de vol de pain à Bruxelles).
  • Geen broodroof langs de taalgrens.
    (Pas de vol de pain le long de la frontière linguistique).
  • Geen broodroof in de randgemeenten.
    (Pas de vol de pain dans les communes périphériques).
  • In Oost-Vlaanderen op 100 bazen, 84 franssprekenden.
    (En Flandre Orientale, 84 francophones sur 100 patrons).
  • Geen Franse bazen in Vlaamse fabrieken.
    (Pas de patrons francophones dans les usines flamandes).
  • Geen franse scholen in Vlaanderon.
    (Pas d’écoles françaises en Flandre).
  • Soldaten : 67 % Vlamingen, 33 % Walen.
    (Soldats : 67 % de Flamands, 33 % de Wallons).
  • Officieren : 35 % Vlamingen, 65 % Walen.
    (Officiers : 35 % de Flamands, 65 % de Wallons).
  • Generaals : Vlamingen : nul.
    (Généraux : Flamands : zéro).
  • Vlaamse Officieren voor Vlaamse Soldaten.
    (Des officiers flamands pour les soldats flamands).
  • Tegen werkloosheid en lage lonen in Vlaanderen.
    (Contre le chômage et les bas salaires en Flandre).
  • Op 100 werklozen, 70 Vlamingen.
    (Sur 100 chômeurs, 70 Flamands).
  • Weg met de mobiliteit.
    (A bas la mobilité de la main-d’œuvre).
  • In 1960, 7,2 miljard voor Brussel en Wallonie ; 62 %, 4,3 miljard voor Vlaanderen : 38 %).
    (En 1960, 7,2 milliards pour Bruxelles et la Wallonie : 62 %, 4,3 milliards pour la Flandre : 38 %).
  • Staal te Zelzate.
    (Acier à Zelzate).
  • E.3 Weg : de bulldozers moeten rollen.
    (Route E.3 : que les bulldozers roulent).
  • Eerst de Kempen, dan de Borinage.
    (D’abord la Campine, puis le Borinage).
  • Nevenbedrijven in Limburg.
    (Des industries dérivées au Limbourg).
  • Werk en Welvaart in eigen streek.
    (Travail et bien-être dans notre propre région).
  • Vastlegging van de taalgrens en van Brussel.
    (Fixation de la frontière linguistique et de Bruxelles).
  • Gelijke kansen voor de Vlamingen in Brussel.
    (Chances égales pour les Flamands à Bruxelles).
  • Randgemeenten blijven Vlaams.
    (Les communes de la périphérie restent flamandes).
  • Tweeteligheid te Brussel.
    (Bilinguisme à Bruxelles).
  • 1 Vlaming = 1 Waal.
    (1 Flamand = 1 Wallon).
  • Vlaamse school = school van de toekomst.
    (L’école flamande est l’école de l’avenir).
  • Eerbied voor de vlaamse cultuur.
    (Respect pour la culture flamande).
  • Eerbied voor het vlaams grondgebied.
    (Respect pour le territoire flamand).
  • Eerbied voor de vlaamse mens.
    (Respect pour l’homme flamand).

II – Slogans de la Deuxième Marche sur Bruxelles

109Deel I :

  • Wat vlaamse eendracht verwezenlijkte.
    (Ce que la concorde flamande réalisait).
  • Afschaffing talentelling.
    (Abrogation du recensement linguistique).
  • Sidmar.
  • Vlaamse macht.
    (Pouvoir flamand)

110Deel II :

  • De Vlaamse Gemeenten zi.jn een macht.
    (Les communes flamandes constituent une force).
  • Vlaamse gemeenten ; hefboom van het volksverzet.
    (Les communes flamandes : levier de la résistance du peuple).
  • Vlaamse gemeenten ; waakt en verenigt U.
    (Communes flamandes, veillez et unissez-vous).

111Deel III :

  • Taalbelang is stoffelijk belang.
    (Les intérêts linguistiques sont des intérêts matériels).
  • Onmiddelijke afkondiging van de taalgrensafbakening.
    (Promulgation immédiate de la fixation de la frontière linguistique).
  • Taalmuur is geldmuur.
    (Le mur linguistique est un mur d’argent).
  • Geen faciliteiten : handen af van de randgemeenten.
    (Pas de facilités, bas les rains des communes périphériques).
  • Geen kastescholen.
    (Pas d’écoles de caste).
  • Geen kastpreken.
    (Pas de sermons de caste).
  • Brussel rijksgebied.
    (Bruxelles, territoire de l’Etat).
  • Vlaamse dokters voor vlaamse zieken te Brussel.
    (Des médecins flamands pour des malades flamands à Bruxelles).
  • Geen kastevoorrechten te Leuven terwille van de Universiteit.
    (Pas de privilèges de caste à Louvain à cause de l’Université).
  • Stop verfransing Mol.
    (Stop à la francisation de Mol).
  • Gelijke kansen voor de Vlamingen.
    (Chances égales pour les flamands).
  • Vlaamse officieren voor Vlaamse Soldaten.
    (Des officiers flamands pour des soldats flamands).

112Deel IV :

  • Vlaamse toekomst = betere toekomst.
    (L’avenir flamand = un avenir meilleur).
  • E.3 – Weg : Nu daden.
    (Route E.3 : des actes maintenant)
  • Rijksgelden hoger onderwijs :
    Nederlandstalige universiteiten : 734 miljoen F.
    Franstalige universiteiten ; 1.013 miljoen F.
    (Deniers de l’Etat pour l’enseignement supérieur :
    Universités néerlandophones : 734 millions de F.
    Universités francophones : 1.013 millions de F.).
  • Rijkssubsidies Wetenschappelijk onderzoek :
    Vlamingen : 19,7 miljoen ; Walen : 53,5 miljoen.
    (Subventions de l’Etat pour la Recherche scientifique : Flamands : 19,7 millions ; Wallons : 53,5 millions.).
  • Meer hoger onderwijs in Vlaanderen.
    (Plus d’enseignement supérieur en Flandre).
  • Weg met de mobiliteit door werk in eigen streek.
    (A bas la mobilité par le travail dans notre propre région).
  • Taal van de arbeiders = Taal van de Fabriek.
    (Langue du travailleur = langue de l’usine).
  • Een voorbeeld onder de velen : beheerraad van de Bank van de Société Générale : 9 Brusselaars, 5 Walen, 3 “Vlamingen”.
    (Un exemple parmi plusieurs : Conseil d’administration de la Société Générale : 9 Bruxellois, 5 Wallons, 3 “flamands”.)
  • Aandacht voor Zeebrugge.
    (De l’attention pour Zeebrugge).
  • In Vlaanderen mag iedereen beleggen, maar de Vlaming zal zijn woord medezeggen.
    (En Flandre, tout le monde peut investir, mais le Flamand aura son mot à dire).
  • E. 3 – Weg : 12.000 voertuigen per dag.
    Route de Wallonie = 1.500 voertuigen per dag.
    (Route E.3 : 12.000 voitures par jour.
    Route de Wallonie = 1.500 voitures par jour.)
  • Vlaamse arbeiders en bedienden eist uw zeg …. Uw makkers van Olen wezen de weg. /le droit de vous exprimer/
    (Ouvriers et employés flamands exigez/…. Les camarades d’Olen vous ont montré la voie).
  • Kempen noodgebied – toekomstgebied.
    (La Campine région de besoin – région d’avenir).

113Deel V :

  • Wij willen een nieuw België in een nieuw Europa.
    (Nous voulons une nouvelle Belgique dans une Europe nouvelle).
  • Vereniging der Vlaamse Studenten.
    (Association des étudiants flamands).
  • Brussels Studentengenootschap : Vlaams en vrijzinnig.
    (Association des étudiants bruxellois : flamands et libres-penseurs.)
  • Volledige en snelle ontdubbeling van de V.U.B.
    (Dédoublement rapide et complet de l’U.L.B.).
  • Waalse arbeiders wij marcheren niet tegen U.
    (Ouvriers wallons, nous ne marchons pas contre vous).
  • Voor nieuwe demokratische sociale en ekonomische Strukturen.
    (Pour des nouvelles structures économiques et sociales).
  • Afschaffing Franstalige afdeling Rijkshandelshogeschool Antwerpen.
    (Abolition de la section francophone de la R.H.H.S. à Anvers).
  • Vlaamse arbeiderskinderen naar de universiteit.
    (Des enfants d’ouvriers flamands à l’Université).
  • Geen mijnsluitingen in Limburg.
    (Pas de fermetures de mines au Limbourg).
  • 500.000 Vlamingen niet vertegenwoordigd.
    (500.000 Flamands ne sont pas représentés).
  • Een eis van rechtvaardigheid en démocratie ; zetelaanpassing.
    (Une exigence juste et démocratique : l’adaptation des sièges).
  • De Voer dankt Vlaanderen.
    (Les Fourons remercient la Flandre).
  • Brussel is gans België niet.
    (Bruxelles n’est pas toute la Belgique).
  • Brussel is ook onze hoofdstad.
    (Bruxelles est aussi notre capitale).
  • Vlaams Brabant los van Brussel.
    (Le Brabant flamand affranchi de Bruxelles).
  • De Regering moet woord houden : kulturele zelfstandigheid.
    (Le Gouvernement doit tenir parole : autonomie culturelle).
  • Meesterschap in eigen huis.
    (Maître dans notre propre maison).
  • Vlaming zijn om Europeër te worden.
    (Etre Flamand pour devenir Européen).

III – Slogans de la Manifestation d’Anvers

114Voor Grondige Politieke en Ekonomische Struktuurhervormingen.

115(Pour des réformes de profondes structures politiques et économiques).

116I.

  • Waar blijft de lang beloofde kulturele autonomie ?
    (Où reste l’autonomie culturelle promise depuis longtemps ?).
  • Decentralizatie van de rijksadministratie.
    (Décentralisation de l’administration de l’état).
  • Eigen Vlaamse beslissingsmacht op sociaal-ekonomisch gebied.
    (Pouvoir de décision flamand autonome sur le plan social-économique).
  • Voor een Vlaamse gezinspolitiek in Vlaanderen.
    (Pour une politique familiale flamande en Flandre).
  • Geen kastegerecht.
    (Pas de justice de caste).
  • Weg met de Brusselse voogdij.
    (A bas la tutelle bruxelloise).
  • Brussel Rijksgobied.
    (Bruxelles, territoire d’Etat).
  • Autonomie waar mogelijk – een stevig centraal gezag waar nodig.
    (Autonomie possible – une autorité centrale stricte si nécessaire).
  • Samenwerking tussen gelovigen en vrijzinnigen = vlaamse zege.
    (Collaboration entre croyants et libre-penseurs = victoire flamande).
  • Splitsing van de centrale administratie.
    (Dédoublement de l’administration centrale).
  • Voor een federaal België in een federaal Europa.
    (Pour une Belgique fédérale dans une Europe fédérale).
  • Voor ekonomische demokratie,
    (Pour la démocratie économique).
  • Walen : Union pour le fédéralisme et les réformes de structures.
    (Union pour le fédéralisme et les reformes de structures) (en français)

117II.

  • De Vlaamse arbeider eist modezeggenschap in zijn onderneming.
    (L’ouvrier flamand exige la cogestion dans son entreprise).
  • Vervlaamsing van hot bedrijfsleven door medezeggenschap in de onderneming.
    (Elamandisation de la vie industrielle par la cogestion dans l’entreprise).
  • Taalmuur = Geldmuur.
    (Mur linguistique = mur d’argent).
  • Kontrole op de holdings.
    (Contrôle des holdings).
  • Werk in eigen streck voor 150.000 Vlaamse pendelarbeiders.
    (Du travail dans leur propre région pour 150.000 ouvriers flamands navetteurs).
  • Hetzelfde loon voor een Vlaming als voor een Waal.
    (Même salaire pour un Flamand que pour un Wallon.).
  • Democratisering van het Onderwijs.
    (Démocratisation de l’enseignement).

118III.

  • Zetelaanpassing voor de verkiezingen en zonder toegeningen.
    (Adaptation des sièges avocat les élections et sans concessions).
  • Geen paritaire senaat in een unitaire staat.
    (Pas de Sénat paritaire dans un Etat unitaire).
  • Geen grendel-grondwet.
    (Pas de Constitution-verrou).
  • Afschaffing faciliteiten.
    (Abolition des facilités).
  • Halt aan de Brusselse grondspekulanten.
    (Stop aux spéculateurs fonciers bruxellois).
  • Voor een volwaardig politiek en gerechtelijk arrondissement Halle-Vilvorde.
    (Pour un arrondissement complet politique et judiciaire à Halle-Vilvorde).
  • Wanneer taalkaders in het leger ?
    (Pour quand les cadres linguistiques dans l’armée ?).

119IV.

  • E.3 Komedie ? – Hoe lang nog ?
    (E.3 Comédie ? – Combien de temps encore ?).
  • De tunnel of Drug voor weg en spoor moet er door.
    (Le tunnel ou le pont pour la route et le chemin de fer doit passer).
  • Hertoginnedal … Mol.
    (Val Duchesse … Mol).
  • Behoud van de luchthaven te Deurne ?
    (Maintien de l’aéroport de Deurne).
  • Een vlaamse universiteit te Antwerpen.
    (Une université flamande à Anvers).
  • Een hof van Beroep te Antwerpen.
    (Une cour d’appel à Anvers).
  • Limburg los van Luik.
    (Le Limhourg affranchi de Liège).
  • Nijverheid in de Kempen.
    (De l’industrie dans la Campine).


Date de mise en ligne : 24/12/2014

https://doi.org/10.3917/cris.278.0001

Notes

  • [1]
    Voir C.H. N° 130 du 24-11-1961.
  • [2]
    Voir C.H. N°131 du 1-12-1961.
  • [3]
    On trouvera en annexe 1 un tableau des sigles utilisés dans le présent Courrier Hebdomadaire.
  • [4]
    Voir C.H. N° 52 du 12-2-1960 : Groupes de pression à Bruxelles.
  • [5]
    Voir annexe 2.
  • [6]
    De Nieuwe Gids, 15 août 1963.
  • [7]
    Cette Commission dans laquelle siégeaient notamment des représentants des quatre universités et qui était présidée par M. Basijn, ancien ministre, avait comme mission principale de rechercher les modalités d’un éventuel recensement linguistique sur des bases scientifiques. Cette Commission ne termina jamais ses travaux et déposa un procès-verbal de carence.
  • [8]
    Standaard, 23 octobre 1961.
  • [9]
    Standaard, 17 octobre 1961.
  • [10]
    Le Peuple, 23 octobre 1961.
  • [11]
    Voir les slogans en annexe.
  • [12]
    La Wallonie, 23 octobre 1961.
  • [13]
    De Standaard, 12 janvier 1962.
  • [14]
    De Standaard, 22 septembre 1962.
  • [15]
    De Standaard, 15 septembre 1962.
  • [16]
    De Standaard, 9 octobre 1962.
  • [17]
    “Comité des 8”, composé de MM. De Saeger, De Gryse, Kiebooms, Verrohen, De Boodt, Sledsens, Van Cauwelaert, Van de Kerckhove, soit 4 députés et 4 sénateurs.
  • [18]
    La Libre Belgique, 13 et 14 octobre 1962.
  • [19]
    Voir La Libre Belgique et La Cité du 4 juin 1962.
  • [20]
    Volksbelang, 85ème année – n°s 30, 31, 34.
  • [21]
    Volksbelang, 29 septembre 1962.
  • [22]
    La Libre Belgique, 9 octobre 1962.
  • [23]
    De Standaard, 17 octobre 1962.
  • [24]
    La Libre Belgique, 15 juin 1962.
  • [25]
    Le Soir, 13 octobre 1962.
  • [26]
    Le Peuple, 22 septembre 1962.
  • [27]
    Le Standaard (8 juillet 1963) estime qu’ils sont plus de 700 à avoir répondu positivement.
  • [28]
    M. Coppieters adhérera à la Volksunie en juillet 1964.
  • [29]
    Voir C.H. N° 222 du 6 décembre 1963, pp. 22-23.
  • [30]
    La Wallonie, 14 novembre 1963.
  • [31]
    Créé s à l’exemple du V.A.K., la coordination se faisant sous la présidence de M. A. Roosens.

Domaines

Sciences Humaines et Sociales

Sciences, techniques et médecine

Droit et Administration

bb.footer.alt.logo.cairn

Cairn.info, plateforme de référence pour les publications scientifiques francophones, vise à favoriser la découverte d’une recherche de qualité tout en cultivant l’indépendance et la diversité des acteurs de l’écosystème du savoir.

Retrouvez Cairn.info sur

Avec le soutien de

18.97.14.81

Accès institutions

Rechercher

Toutes les institutions