Couverture de CRIS_2355

Article de revue

La Ligue des familles (1950-1975)

Pages 5 à 66

Notes

  • [1]
    Au sens du CRISP, un groupe de pression est une organisation qui vise à exercer une influence sur la décision politique de façon à obtenir des résultats, ponctuels ou permanents, favorables à l’intérêt de ses membres ou à ses propres intérêts, et conformes à ses valeurs.
  • [2]
    Ligue des familles, « Notre identité », www.laligue.be.
  • [3]
    Cf. notamment X. Mabille, Nouvelle histoire politique de la Belgique, Bruxelles, CRISP, 2011 ; E. Witte, A. Meynen, D. Luyten, Histoire politique de la Belgique, de 1830 à nos jours, Bruxelles, Samsa, 2017 ; P. Delwit, La vie politique en Belgique de 1830 à nos jours, 3e éd., Bruxelles, Presse de l’Université de Bruxelles, 2012 ; Nouvelle histoire de Belgique, 9 volumes, Bruxelles, Le Cri, 2008-2010.
  • [4]
    J. Delvaux, Les mouvements longs de la politique familiale belge, mémoire en Sciences politiques et sociales, UCL, 1987, p. 82.
  • [5]
    Ibidem.
  • [6]
    Cf. L. A. Bernardo y Garcia, Le ventre des Belges. Une histoire alimentaire des temps d’occupation et de sortie de guerre (1914-1921 et 1939-1948), Bruxelles, Archives générales du royaume, 2017.
  • [7]
    Notamment en matière de sécurité sociale (1944), de rééquipement ménager (1945), d’épargne prénuptiale (1947) et d’allocation post-natale (1948).
  • [8]
    Loi du 30 avril 1958 relative aux droits et devoirs respectifs des époux, Moniteur belge, 10 mai 1958. L’égalité totale des époux ne sera toutefois proclamée que par la loi du 14 juillet 1976 relative aux droits et devoirs respectifs des époux et aux régimes matrimoniaux (Moniteur belge, 18 septembre 1976).
  • [9]
    M. Godet, É. Sullerot, La famille, une affaire publique, Paris, La Documentation française, 2005, p. 74.
  • [10]
    J. Delvaux, Les mouvements longs de la politique familiale belge, op. cit., p. 89 et 135.
  • [11]
    Toutefois, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) demeure interdite ; ce ne sera qu’en 1990 que l’avortement sera partiellement dépénalisé (cf. infra). Par ailleurs, en vertu de l’encyclique Humanæ Vitæ du pape Paul VI (25 juillet 1968), l’Église catholique refuse catégoriquement toute méthode artificielle de régulation des naissances, dont l’usage de la pilule contraceptive.
  • [12]
    E. Gerard, P. Wynants, Histoire du mouvement ouvrier chrétien en Belgique, tome 2, Louvain, Presses universitaires de Louvain, 1994, p. 547.
  • [13]
    Ibidem, p. 548.
  • [14]
    Katholiek Documentatie- en Onderzoekcentrum [= KADOC], Algemeen Christelijk Werknemersverbond (ACW), 312, « XVde congres ACW-MOC, Brussel, 7-8 mei 1949. Verslag ».
  • [15]
    KADOC, Kristelijke Arbeiders Vrouwenbeweging (KAV), 721, Unie van Arbeidersgezinnen, Statuts, 1949.
  • [16]
    E. Gerard, P. Wynants, Histoire du mouvement ouvrier chrétien en Belgique, op. cit., p. 392.
  • [17]
    J. Neuville et al., Le mouvement ouvrier chrétien, 1921-1996 : 75 ans de luttes, Bruxelles, EVO, 1996, p. 176.
  • [18]
    P. Gobin, La fédération liégeoise des Femmes prévoyantes socialistes : étude d’un mouvement mutualiste, culturel et socialiste, de 1957 à 1982, mémoire en Histoire, ULg, 2013.
  • [19]
    Pour plus d’informations concernant la défense des familles par les FPS, cf. G. Julémont, Femmes prévoyantes socialistes : des combats d’hier aux enjeux de demain, Bruxelles, Femmes prévoyantes socialistes, 2008.
  • [20]
    L. A. Bernardo y Garcia, Le ventre des Belges, op. cit., p. 49-87.
  • [21]
    21 Le Ligueur, 14 mars 1954, p. 1.
  • [22]
    Cf. B. de Lovinfosse, Le R.P. Valère Fallon s.j. (1875-1955) : sa pensée et son action sociale (1920-1954), mémoire en Histoire, UCL, 2008.
  • [23]
    Certes, la population belge n’a pas été décimée par la Première Guerre mondiale (ainsi, elle a connu un taux de pertes moins élevé que la population française). Toutefois, le taux de natalité est en baisse : de 28,8 ‰ en 1900, il est passé à 22,2 ‰ en 1920. Dès lors, certains craignent que la baisse continue et que les naissances ne parviennent plus à compenser les décès. Sur les conséquences démographiques de la Première Guerre mondiale en Belgique, cf. T. Eggerickx, « L’impact démographique de la Première Guerre mondiale. Tendances générales et diversités spatiales », in La bataille de Charleroi, 100 ans après, Bruxelles, Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, 2014, p. 105-135.
  • [24]
    V. Fallon, La Ligue des familles nombreuses, Bruges, s.d. [1921].
  • [25]
    Fondée en 1899, la Ligue de l’éducation familiale a pour objectif de répandre, chez les parents et les futurs parents, les notions de pédagogie nécessaires à une bonne éducation des enfants au sein de la famille.
  • [26]
    En néerlandais, son nom est Bond der Talrijke Huisgezinnen jusqu’en 1927, puis Bond der Kroostrijke Gezinnen.
  • [27]
    La LFNB se constitue en association sans but lucratif (asbl) dès 1922 (cf. Moniteur belge, 2 août 1922).
  • [28]
    M. Berger, Le mouvement familial belge : histoire de la Ligue des familles nombreuses de Belgique de 1920 à 1945, mémoire en Histoire, ULB, 1999, p. 28.
  • [29]
    Dans le cas présent, le terme « assemblée générale » désigne une sorte de congrès et non l’un des organes de la structure de l’association.
  • [30]
    Ligue des familles, 50 ans de jeunesse. Mémoires et espérances du mouvement familial belge, Bruxelles, 1971, p. 2.
  • [31]
    Auparavant, cette ligue portait le nom de Ligue nationale contre l’infécondité intentionnelle (cf. V. Fallon, « Souvenir », Almanach des familles nombreuses, Anvers, LFNB, 1933).
  • [32]
    Ibidem.
  • [33]
    L. Ballet, P. Roosen, Historique de la Ligue des familles nombreuses de Belgique (ouvrage inédit), tome 1 : 1921-1931, s.l.n.d. [1956-1957].
  • [34]
    Y. Nuyens, Pressiegroepen in België: een benaderend onderzoek. Proefschrift, Louvain, Katholieke Universiteit Leuven (Verzameling van het Instituut voor politieke en sociale wetenschappen, 181), 1965, p. 193.
  • [35]
    Archives générales du Royaume [= AGR], Archives de la Ligue des familles nombreuses de Belgique [= LFNB], 19, Procès-verbal de l’assemblée générale, 16 mai 1971, p. 3. Cf. aussi AGR, LFNB, 19, Procès-verbal de l’assemblée générale, 7 mai 1971, p. 3.
  • [36]
    AGR, LFNB, 2, Statuts et règlement d’ordre intérieur, 1951, p. 32.
  • [37]
    E. De Maesschalck, Een bond voor alle gezinnen. Geschiedenis van de gezinsbeweging in Vlaanderen, s.l. [Bruxelles], Bond van Grote en van Jonge Gezinnen, 1996, p. 113.
  • [38]
    E. De Maesschalck, Een bond voor alle gezinnen, op. cit., p. 113-114 ; AGR, LFNB, 225, Lettre au président et aux administrateurs du BGJG, 17 mars 1975.
  • [39]
    D. Kulcsar, La vie familiale des femmes à travers les positions de la Ligue des familles de 1956 à 1981, mémoire en Histoire, UCL, 2000, p. 47.
  • [40]
    Ligue des familles, « Notre identité », www.laligue.be.
  • [41]
    Ligue des familles, « Rapport d’activité 2014 », p. 31, www.laligue.be.
  • [42]
    Gezinsbond, « Wie zijn wij », www.gezinsbond.be.
  • [43]
    « Ligue des familles nombreuses de Belgique », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 529, 1971, p. 4.
  • [44]
    Ibidem, p. 4.
  • [45]
    AGR, LFNB, 2, Statuts et règlement d’ordre intérieur, 1951, p. 32.
  • [46]
    Ibidem, p. 38.
  • [47]
    M. Berger, Le mouvement familial belge, op. cit., p. 53.
  • [48]
    AGR, LFNB, 2, Statuts et règlement d’ordre intérieur, 1951, p. 18.
  • [49]
    Ibidem, p. 13-14.
  • [50]
    Ibidem, p. 15-25.
  • [51]
    D. Kulcsar, La vie familiale des femmes à travers les positions de la Ligue des familles de 1956 à 1981, op. cit., p. 47-48.
  • [52]
    L. Ballet, P. Roosen, Historique de la Ligue des familles nombreuses de Belgique, op. cit., tome 2 : 1931-1946, p. 6-7.
  • [53]
    « Ligue des familles nombreuses de Belgique », op. cit., p. 4.
  • [54]
    Y. Nuyens, Pressiegroepen in België, op. cit., p. 217-218.
  • [55]
    AGR, LFNB, 225, « Contentieux Bond-Ligue : position et propositions », 7 décembre 1973, p. 1.
  • [56]
    Ce patrimoine comprend essentiellement les revenus de sous-locations d’immeubles, les revenus d’un portefeuille « titre 563 » et des intérêts bancaires.
  • [57]
    Nouveaux statuts de la LFNJF (annexes au Moniteur belge, 9 novembre 1971).
  • [58]
    Modification des statuts de la LFNB (annexes au Moniteur belge, 9 novembre 1961).
  • [59]
    Statut du BGJG (annexes au Moniteur belge, 26 octobre 1961) ; AGR, LFNB, 6, Statut et règlement d’ordre intérieur, 1971, p. 2.
  • [60]
    A. Stélandre, « Épargne et propriété : la loi d’août 1889 sur les habitations ouvrières », Les cahiers de la Fonderie, n° 6, 1989, p. 23.
  • [61]
    J. Puissant, « L’exemple belge : l’habitat privé, la maison individuelle l’emportent sur l’habitat collectif », Revue du Nord, n° 34, 2008, p. 103.
  • [62]
    Reproduit dans Bulletin trimestriel de la Ligue des familles nombreuses de Belgique, 2e année, n° 5, avril 1922, p. 3.
  • [63]
    Le fonds du logement n’est pas réellement un organe de la LFNB, puisqu’il s’agit d’une coopérative. Toutefois, il lui est très intimement lié.
  • [64]
    AGR, LFNB, 283, Dossier relatif au 75e anniversaire de la Ligue, 1996, p. 6 ; M. Vanhecke, 75 ans de lutte pour les familles… avec les familles, Bruxelles, Ligue des familles, 1996, p. 15 ; M. Berger, Le mouvement familial belge, op. cit., p. 115-116.
  • [65]
    LFNB, Fonds du logement de la Ligue des familles nombreuses de Belgique, société coopérative, 25e anniversaire, 1927-1952, Bruxelles, 1952, p. 18.
  • [66]
    Ligue des familles, 50 ans de jeunesse, op. cit., p. 17.
  • [67]
    Ibidem, p. 2 ; M. Vanhecke, 75 ans de lutte pour les familles… avec les familles, op. cit., p. 20 ; M. Berger, Le mouvement familial belge, op. cit., p. 139.
  • [68]
    Décret de la Communauté française du 8 juin 1983 accordant des prêts d’études aux familles comptant au moins trois enfants à charge, Moniteur belge, 19 juillet 1983.
  • [69]
    M. Berger, Le mouvement familial belge, op. cit., p. 142 ; B. Wauquaire, M. Wauquaire, Historique et développement de la Ligue des familles en Belgique, mémoire en Sciences politiques et sociales, UCL, 1991, p. 168.
  • [70]
    M. Vanhecke, 75 ans de lutte pour les familles… avec les familles, op cit., p. 18.
  • [71]
    M. Lecaille, Évolution d’une organisation : ouverture de la Ligue des familles nombreuses et des jeunes foyers à toutes les familles, mémoire en Sciences sociales, UCL, 1973, p. 65-67 et 69.
  • [72]
    D. Kulcsar, La vie familiale des femmes à travers les positions de la Ligue des familles de 1956 à 1981, op. cit., p. 41 ; M. Vanhecke, 75 ans de lutte pour les familles… avec les familles, op. cit., p. 41 ; M.-A. Van den Berghe, Le Ligueur, mémoire en Journalisme et communication sociale, ULB, 1981.
  • [73]
    Il existe une édition du Ligueur en allemand pour les germanophones : Zeitschrift der Bundes der Kinderreichen Familien Belgiens.
  • [74]
    M.-A. Van den Berghe, Le Ligueur, op. cit., p. 2 ; Y.-C. Hsin, Le Ligueur, porte-parole de la Ligue des familles. Le petit Ligueur, un journal réservé aux enfants qui n’exclut pas les adultes, mémoire en Communication, UCL, 1986, p. 11-12.
  • [75]
    AGR, LFNB, 294, Procès-verbal des propagandistes du comité central wallon, 26 janvier 1957. Cf. aussi AGR, LFNB, 294, Procès-verbal du comité de propagande, 5 janvier 1957, p. 2.
  • [76]
    AGR, LFNB, 234, Note concernant les perspectives de développement de la Ligue, juin 1969.
  • [77]
    « Ligue des familles nombreuses de Belgique », op. cit., p. 11.
  • [78]
    En 1957, le comité de propagande trouve l’hebdomadaire trop intellectuel et trop bourgeois et préconise de le rendre davantage accessible aux membres ruraux et ouvriers (AGR, LFNB, 294, Procès-verbal du comité de propagande, 5 janvier 1957, p. 2 : AGR, LFNB, 294, Procès-verbal des propagandistes du comité central wallon, 26 janvier 1957).
  • [79]
    Y.-C. Hsin, Le Ligueur, porte-parole de la Ligue des familles, op. cit., p. 17 ; D. Kulcsar, La vie familiale des femmes à travers les positions de la Ligue des familles de 1956 à 1981, op. cit., p. 43 ; M.-A. Van den Berghe, Le Ligueur, op. cit., p. 138.
  • [80]
    AGR, LFNB, 299, Programme d’activité 1964-1965, p. 3.
  • [81]
    AGR, LFNB, 225, Procès-verbal de la commission de négociation « Ligue-Bond », 21 mai 1974, p. 2.
  • [82]
    P.-A. Tallier, I. Sirjacobs, Inventaire des archives la Ligue des familles nombreuses de Belgique (1921-2002). Entre tradition, revendication, émancipation et consommation : aux sources de l’histoire du mouvement familial en Belgique, Bruxelles, Archives générales du royaume, 2013, p. 65.
  • [83]
    B. Wauquaire, M. Wauquaire, Historique et développement de la Ligue des familles en Belgique, op. cit., p. 160 ; M. Vanhecke, 75 ans de lutte pour les familles… avec les familles, op cit., p. 23.
  • [84]
    Ibidem, p. 26 ; « Ligue des familles nombreuses de Belgique », op. cit., p. 8.
  • [85]
    Ibidem, p. 8.
  • [86]
    M. Vanhecke, 75 ans de lutte pour les familles… avec les familles, op. cit., p. 31.
  • [87]
  • [88]
    88 Ibidem, p. 34 ; « Ligue des familles nombreuses de Belgique », op. cit., p. 7-9.
  • [89]
    Cf. par exemple AGR, LFNB, 20, « Préparation de l’assemblée générale du 29 août 1973 », p. 5-6.
  • [90]
    Le guide du militant, mai 1971, p. 1.
  • [91]
    M. Berger, Le mouvement familial belge, op. cit., p. 60-61 ; D. Kulcsar, La vie familiale des femmes à travers les positions de la Ligue des familles de 1956 à 1981, op. cit., p. 24-25 ; L. Ballet, P. Roosen, Historique de la Ligue des familles nombreuses de Belgique, op. cit., tome 1, p. 23 ; Ibidem, tome 3 : 1946-1956, p. 14 et 85. Cf. aussi AGR, LFNB, 219, 298, 300, 367, 977, 980.
  • [92]
    Comme ce sont les pères de familles qui s’affilient, ce sont eux qui sont les cibles premières des propagandistes de la LFNB, et ce au moins jusqu’à la fin des années 1950 (L. Ballet, P. Roosen, Historique de la Ligue des familles nombreuses de Belgique, op. cit., tome 1, p. 31).
  • [93]
    Y. Nuyens, Pressiegroepen in België, op. cit., p. 194.
  • [94]
    M. Berger, Le mouvement familial belge, op. cit., p. 61.
  • [95]
    L. Ballet, P. Roosen, Historique de la Ligue des familles nombreuses de Belgique, op. cit., tome 2, p. 21.
  • [96]
    AGR, LFNB, 219, Dossier concernant les statistiques des effectifs, 1951-1964.
  • [97]
    R. E. De Smet, R. Evalenko, Les élections belges : explication de la répartition géographique des suffrages, Bruxelles, Université libre de Bruxelles, 1956, p. 26.
  • [98]
    AGR, LFNB, 294, Procès-verbal du comité de propagande, 26 janvier 1957.
  • [99]
    F. Van Mechelen, Burop. Onderzoek naar de belangstellingsgerichtheid van de lezers van de Bond, Louvain, OLV, 1962 (cité dans Y. Nuyens, Pressiegroepen in België, op. cit., p. 196).
  • [100]
    AGR, LFNB, 294, Procès-verbal des propagandistes du comité central wallon, 4 janvier 1958.
  • [101]
    101 Le guide du militant, avril 1958, p. 12.
  • [102]
    AGR, LFNB, 294, Procès-verbal des propagandistes du comité central wallon, 3 mai 1958.
  • [103]
    Relais de cette préoccupation de l’Église, le PSC détient la plupart du temps les portefeuilles de la Famille et de la Prévoyance sociale au sein du gouvernement national (cf. infra).
  • [104]
    F. Van Mechelen, Burop, op. cit. (cité dans Y. Nuyens, Pressiegroepen in België, op. cit., p. 197).
  • [105]
    M. Berger, Le mouvement familial belge, op. cit., p. 63.
  • [106]
    L. Ballet, P. Roosen, Historique de la Ligue des familles nombreuses de Belgique, op. cit., tome 3, p. 4.
  • [107]
    AGR, LFNB, 234, Note concernant les perspectives de développement de la Ligue, juin 1969, p. 4.
  • [108]
    L. Ballet, P. Roosen, Historique de la Ligue des familles nombreuses de Belgique, op. cit., tome 3, p. 16.
  • [109]
    Cf., par exemple, AGR, LFNB, 308, Session de formation d’animateurs et d’animatrices, 1973-1974 ; AGR, LFNB, 307, Cours de formation du militant, 1er octobre 1955 ; AGR, LFNB, 307, Cours de formation du militant, s.d.
  • [110]
    Le guide du militant, février 1958, p. 105.
  • [111]
    Le guide du militant, janvier 1962, p. 187.
  • [112]
    AGR, LFNB, 39, Plan triennal de progrès 1971-1972, p. 8.
  • [113]
    AGR, LFNB, 367, Programme d’activité 1963-1964, p. 2.
  • [114]
    AGR, LFNB, 367, Procès-verbal du conseil d’administration, 18 septembre 1965, p. 5.
  • [115]
    AGR, LFNB, 367, Procès-verbal de l’assemblée générale, 20 avril 1969, p. 2-3 ; AGR, LFNB, 367, Procès-verbal de l’assemblée générale, 25 septembre 1967, p. 3.
  • [116]
    AGR, LFNB, 234, Note concernant les perspectives de développement de la Ligue, juin 1969.
  • [117]
    « Ligue des familles nombreuses de Belgique », op. cit., p. 6.
  • [118]
    AGR, LFNB, 40, Procès-verbal du conseil d’administration, 21 octobre 1972, p. 18.
  • [119]
    AGR, LFNB, 2, Statut et règlement d’ordre intérieur, 1951, p. 12.
  • [120]
    AGR, LFNB, 40, Procès-verbal du conseil d’administration, 21 octobre 1972, p. 18.
  • [121]
    Cf. AGR, LFNB, 425, Correspondance avec le gouvernement et les parlementaires.
  • [122]
    M. Katz, « Il était un avocat qui s’était intéressé un jour à la famille », in R. de Bodt, J.-P. Gailly, M. Zwick (dir.), Jacques Zwick : le dialogue et l’action, Cuesmes, Éditions du cerisier, 2014, p. 28.
  • [123]
    Article 2 des statuts (1959).
  • [124]
    V. Fallon, La Ligue des familles nombreuses, op. cit., p. 1.
  • [125]
    L. Ballet, P. Roosen, Historique de la Ligue des familles nombreuses de Belgique, op. cit., tome 2, p. 100.
  • [126]
    Comprendre par là : le libertinage, la sexualité hors mariage, etc.
  • [127]
    V. Fallon, La Ligue des familles nombreuses, op. cit., p. 15.
  • [128]
    A.-M. Buysse, À propos de neutralité, s.l. [Bruxelles], LFNB, 1958, p. 3.
  • [129]
    Ibidem.
  • [130]
    130 Le guide du militant, mars-avril 1958, p. 4.
  • [131]
    Le guide du militant, janvier 1956, p. 9.
  • [132]
    M. Katz, « Il était un avocat qui s’était intéressé un jour à la famille », op. cit., p. 28 ; LFNJF, Statuts, 1961.
  • [133]
    AGR, LFNB, 234, Note concernant les perspectives de développement de la Ligue, juin 1969.
  • [134]
    J. Gilles, Où va la famille ? Famille et société, Bruxelles, Ligue des familles, 1971, p. 8.
  • [135]
    AGR, LFNB, 62, Procès-verbal du conseil d’administration : Avis des administrateurs, 16 juin 1969, Réflexion des dirigeants régionaux, 11 juin 1969, Réflexion des délégués du secrétariat général, 13 juin 1969.
  • [136]
    AGR, LFNB, 62, Procès-verbal du conseil d’administration, « Malaise dans la Ligue. Essais de synthèse », 21 juin 1969.
  • [137]
    M. Vanhecke, 75 ans de lutte pour les familles… avec les familles, op. cit., p. 37-39.
  • [138]
    Loi du 18 mai 2006 modifiant certaines dispositions du Code civil en vue de permettre l’adoption par des personnes de même sexe, Moniteur belge, 20 juin 2006. À ce propos, cf. C. Herbrand, « L’adoption par les couples de même sexe », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1911-1912, 2006.
  • [139]
    Cf. notamment AGR, LFNB, 426, Lettre de Joseph Gilles à Théo Lefèvre, 22 avril 1961 ; AGR, LFNB, 426, Lettre de Joseph Gilles à Pierre Harmel, 20 juillet 1965.
  • [140]
    L. Ballet, P. Roosen, Historique de la Ligue des familles nombreuses de Belgique, op. cit., tome 1, p. 50-96 ; AGR, LFNB, 425 à 428.
  • [141]
    Ce type de demandes représente près de la moitié des lettres envoyées aux ministres.
  • [142]
    Cf. notamment AGR, LFNB, 425, Lettre au ministre Edmond Leburton, 15 juillet 1955 ; AGR, LFNB, 425, Lettres envoyées à différents députés, 15 juillet 1955. Après avoir échoué dans cette entreprise, la Ligue se tourne vers les groupes de pression ayant un relais au sein de la commission (cf., par exemple, AGR, LFNB, 425, Lettres à la CSC et à la FGTB, 5 septembre 1955 ; AGR, LFNB, 425, Lettre au président de la CSC, 14 septembre 1955).
  • [143]
    AGR, LFNB, 433, Représentation de la Ligue dans différents organismes et institutions en 1975, p. 1-2.
  • [144]
    Arrêté royal du 25 août 1947 portant sur la nomination des membres du Conseil supérieur de la famille, Moniteur belge, 15-16 septembre 1947.
  • [145]
    Arrêté royal du 12 août 1960 portant sur la nomination des membres du Conseil supérieur de la famille, Moniteur belge, 3 septembre 1960.
  • [146]
    Arrêté royal du 29 août 1967 portant sur la nomination des membres du Conseil supérieur de la famille, Moniteur belge, 5 septembre 1967.
  • [147]
    L. Ballet, P. Roosen, Historique de la Ligue des familles nombreuses de Belgique, op. cit., tome 2, p. 25-26 ; Ibidem, tome 3, p. 16.
  • [148]
    G. Wallerand, « Chronique générale », Revue néo-classique de philosophie, n° 49, 1936, p. 165.
  • [149]
    V. Fallon, « Les études familiales », Almanach des familles nombreuses, Anvers, LFNB, 1933, p. 29.
  • [150]
    M. Berger, Le mouvement familial belge, op. cit., p. 68.
  • [151]
    AGR, LFNB, 294, Procès-verbal du comité de propagande, 6 octobre 1956, p. 3.
  • [152]
    AGR, LFNB, 294, Procès-verbal du comité de propagande, 1er décembre 1956, p. 2.
  • [153]
    AGR, LFNB, 118, Procès-verbal du comité central wallon, 24 avril 1955, p. 2.
  • [154]
    AGR, LFNB, 294, Procès-verbal du comité de propagande, 6 octobre 1956, p. 2.
  • [155]
    AGR, LFNB, 367, Programme d’activité 1963-1964, p. 2.
  • [156]
    AGR, LFNB, 262, Congrès doctrinal, Bruxelles, 29-31 mai 1959.
  • [157]
    M. Berger, Le mouvement familial belge, op. cit., p. 68.
  • [158]
    L. Ballet, P. Roosen, Historique de la Ligue des familles nombreuses de Belgique, op. cit., tome 3, p. 18.
  • [159]
    AGR, LFNB, 296, Procès-verbal du comité de propagande, 9 juin 1961, p. 3.
  • [160]
    D. Kulcsar, La vie familiale des femmes à travers les positions de la Ligue des familles de 1956 à 1981, op. cit., p. 35 ; « Ligue des familles nombreuses de Belgique », op. cit., p. 11.
  • [161]
    L. Ballet, P. Roosen, Historique de la Ligue des familles nombreuses de Belgique, op. cit., tome 1, p. 16.
  • [162]
    AGR, LFNB, 294, Réunion du comité de propagande, 1er juin 1957.
  • [163]
    L. Ballet, P. Roosen, Historique de la Ligue des familles nombreuses de Belgique, op. cit., tome 1, p. 13 ; Ibidem, tome 3, p. 4 ; M. Berger, Le mouvement familial belge, op. cit., p. 69.
  • [164]
    Ibidem.
  • [165]
    AGR, LFNB, 234, Note concernant les perspectives de développement de la Ligue, juin 1969, p. 4.
  • [166]
    Y. Nuyens, Pressiegroepen in België, op. cit., p. 228.
  • [167]
    AGR, LFNB, 294, Procès-verbal du comité de propagande, 1er septembre 1956, p. 2.
  • [168]
    168 La Ligue, n° 10, 1934.
  • [169]
    169 La Ligue, n° 10, 1934.
  • [170]
    170 La Ligue, n° 11, 1934.
  • [171]
    171 Le Ligueur, 25 novembre 1955, p. 1.
  • [172]
    Après 1961, les commissions sont sous le contrôle de la LFNJF, la LFNB n’ayant plus qu’un rôle de supervision (cf. supra).
  • [173]
    AGR, LFNB, 546, Établissement des commissions en vue du congrès doctrinal de 1959.
  • [174]
    Cf., par exemple, AGR, LFNB, 34, Procès-verbal du conseil d’administration, 10 mars 1959.
  • [175]
    AGR, LFNB, 546, Liste des membres du comité national belge des organismes familiaux.
  • [176]
    AGR, LFNB, 39, Procès-verbal du conseil d’administration, 24 avril 1971 : Plan triennal de progrès 1971-1972, p. 9.
  • [177]
    Y. Nuyens, Pressiegroepen in België, op. cit., p. 239-240 ; M. Berger, Le mouvement familial belge, op. cit., p. 80.
  • [178]
    AGR, LFNB, 1321, Allocation de la mère au foyer (notes documentaires), p. 1-2 ; A. Jauniaux, Pour la mère au foyer, pour de nombreuses familles moyennes, Bruxelles, Femmes prévoyantes socialistes, 1932.
  • [179]
    Arrêté du régent du 28 mai 1948 relatif à l’octroi d’une allocation compensatoire à certaines catégories de personnes, Moniteur belge, 31 mai 1948.
  • [180]
    Arrêté du régent du 30 décembre 1949 modifiant l’arrêté du régent du 28 mai 1948 relatif à l’octroi d’une allocation compensatoire à certaines catégories de personnes, Moniteur belge, 9 janvier 1950.
  • [181]
    Les montants sont de 100 francs par mois pour un enfant à charge, de 200 francs pour deux, de 325 francs pour trois, de 475 francs pour quatre, etc. (AGR, LFNB, 612, Programme de revendication et d’action de la Ligue, 15 décembre 1954, p. 62). Par comparaison, une femme mariée au chômage perçoit à l’époque 1 250 francs par mois.
  • [182]
    Cf. notamment AGR, LFNB, 612, Programme de revendication et d’action de la Ligue, 15 décembre 1954, p. 51.
  • [183]
    Arrêté-loi du 28 décembre 1944 concernant la sécurité sociale des travailleurs, Moniteur belge, 30 décembre 1944.
  • [184]
    AGR, LFNB, 1321, Allocation de la mère au foyer (notes documentaires), p. 3.
  • [185]
    Arrêté royal du 10 avril 1957 portant modification des lois coordonnées relatives aux allocations familiales pour travailleurs salariés, Moniteur belge, 15-16 avril 1957.
  • [186]
    L. Ballet, P. Roosen, Historique de la Ligue des familles nombreuses de Belgique, op. cit., tome 3, p. 40.
  • [187]
    LFNB, Le fondement de l’allocation mère au foyer, Bruxelles, 1955.
  • [188]
    AGR, LFNB, 1321, Allocation de la mère au foyer (notes documentaires), p. 5. Ailleurs, on lit que « l’atmosphère chaude et compréhensive du foyer est principalement l’œuvre de la mère » (LFNB, Le fondement de l’allocation mère au foyer, op. cit., p. 17).
  • [189]
    AGR, LFNB, 1321, Allocation de la mère au foyer (notes documentaires), p. 6.
  • [190]
    190 Le guide du militant, janvier 1956, p. 111-129.
  • [191]
    J. Bowlby, Soins maternels et santé mentale : contribution de l’Organisation mondiale de la santé au programme des Nations Unies pour la protection des enfants sans foyer, Genève, OMS, 1951.
  • [192]
    Le Ligueur, 19 novembre 1954, p. 1.
  • [193]
    Cf. la lettre ouverte au ministre des Travaux et de la Prévoyance sociale dans Le Ligueur, 8 avril 1955, p. 2.
  • [194]
    « Ne touchez pas à nos mamans », dans la version en néerlandais.
  • [195]
    195 Le Ligueur, 4 novembre 1955, p. 3.
  • [196]
    Le Ligueur, 4 novembre 1955, p. 3.
  • [197]
    Le guide du militant, janvier 1956, p. 89.
  • [198]
    198 Le Ligueur, 25 novembre 1955, p. 1.
  • [199]
    Chambre des représentants, Annales parlementaires, n° 77, 2 mai 1956.
  • [200]
    Ibidem.
  • [201]
    AGR, LFNB, 10, Rapport d’activité du conseil d’administration soumis à l’assemblée générale du 18 mars 1956, p. 3.
  • [202]
    202 Le Soir, 21 mars 1955.
  • [203]
    203 Le Soir, 14 février 1955.
  • [204]
    Chambre des représentants, Annales parlementaires, n° 51-52, 24 février 1955. Il est à noter que quelques membres de la LFNB adressent une lettre au ministre pour lui présenter des excuses au nom du mouvement, voire pour le soutenir.
  • [205]
    « Chacun à sa place : discours du premier ministre Van Acker au congrès du POB le 20 novembre 1955 », Le Peuple, 21 novembre 1955, p. 3.
  • [206]
    AGR, LFNB, 425, Lettre de Paul Heymans à Achille Van Acker, 24 novembre 1955.
  • [207]
    Cf. par exemple, F. Heymann-Coulon, L’allocation mère au foyer : pourquoi pas l’allocation à la mère ?, Bruxelles, Ligue nationale des coopératrices belges, 1948, p. 62.
  • [208]
    AGR, LFNB, 78, Procès-verbal du comité exécutif, 18 octobre 1955, p. 2. Cf. par exemple M. Leroy-Boy, Pour la libération de la femme : pour ou contre un salaire à la ménagère ?, Bruxelles, Action sociale catholique, 1948.
  • [209]
    AGR, LFNB, 1000, Programme de politique familiale 1965-1969 ; AGR, LFNB, 11, Procès-verbal de l’assemblée générale, 14 mars 1970.
  • [210]
    AGR, LFNB, 1061, « Le statut social de la mère » (document présenté à l’assemblée générale le 22 décembre 1967), p. 12. Cf. aussi LFNB, « Le travail de la mère », 9 juin 1959, p. 3.
  • [211]
    AGR, LFNB, 426, Lettre de Joseph Gilles au Premier ministre, 10 janvier 1961, p. 1. Cf. aussi AGR, LFNB, 1051, « Programme de politique familiale », 1971.
  • [212]
    AGR, LFNB, 427, Brochure pour un ministère autonome de la famille (document envoyé aux candidats aux élections législatives du 23 mai 1965), s.d.
  • [213]
    Cf. AGR, LFNB, 425, Lettre de Joseph Gilles à Pierre Harmel, 30 mai 1958.
  • [214]
    214 Infor-Ligue, février 1972.
  • [215]
    J. De Clerck, « Le problème de l’avortement », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 645, 1974 ; B. Marquès-Pereira, « L’interruption volontaire de grossesse : un processus de politisation 1970-1981 », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 923 et 930-931, 1981 ; H. Claeys, N. Loeb-Mayer, « Les partis devant le problème de l’avortement », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 962, 1982 ; B. Marquès-Pereira, A. Squilbeck, « L’interruption volontaire de grossesse », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1127 et 1128, 1986.
  • [216]
    La Société belge pour la dépénalisation de l’avortement est créée en 1970.
  • [217]
    Loi du 3 avril 1990 relative à la dépénalisation de l’avortement, Moniteur belge, 5 avril 1990.
  • [218]
    A. Dubois, L. Ingber, « En guise de conclusion », Avortement et contraception, Bruxelles, Institut de sociologie de l’Université libre de Bruxelles, 1971.
  • [219]
    AGR, LFNB, 11, Procès-verbal de l’assemblée générale, 10 juin 1972, p. 4.
  • [220]
    La LFNB avait tout d’abord souhaité prendre une décision commune avec le CSF, mais cela s’est avéré impossible.
  • [221]
    221 Le Ligueur, 23 juin 1972, p. 1.
  • [222]
    AGR, LFNB, 11, Procès-verbal de l’assemblée générale, 10 juin 1972, p. 9.
  • [223]
    Le guide du militant, mai 1975, p. 2.
  • [224]
    Asbl créée en 1973 d’une initiative de Ghislain Vanhoutte. Elle publie un bimestriel du nom de Vox Vitae.
  • [225]
    « Tout devient clair : la Ligue des familles a pris position », Vox Vitae, novembre-décembre 1974, p. 3.
  • [226]
    Le guide du militant, mai 1975, p. 1.
  • [227]
    J. Gilles, La Ligue des familles actualise sa position en matière d’avortement, s.l., Ligue des familles, 1978.
  • [228]
    Le Ligueur, 15 septembre 1972, p. 2.

Introduction

1La Belgique se caractérise par une pilarisation fort marquée, apparue dès le XIXe siècle et particulièrement prégnante jusque dans le dernier quart du XXe siècle. Les différents acteurs de la société (partis politiques, syndicats, mutuelles, mouvements de jeunesse, etc.) se regroupent en piliers sur une base idéologique : le pilier chrétien, le pilier socialiste et le pilier libéral. Cela est vrai également des groupes de pression  [1], qui sont peu ou prou liés à l’un ou l’autre des piliers. Il existe toutefois des exceptions, certains d’entre eux souhaitant défendre les intérêts d’un groupe transversal et se voulant donc pluralistes. Tel est le cas de la Ligue des familles nombreuses de Belgique (LFNB), fondée en 1921 pour garantir les intérêts des familles de quatre enfants et plus, indépendamment des convictions philosophiques ou politiques de ces familles. Ce mouvement a compté jusqu’à 450 000 familles membres au début des années 1970.

2 Dès sa création, la LFNB a eu pour ambition d’unir toutes les familles nombreuses afin de défendre leurs intérêts moraux et matériels. Presque cent ans plus tard, cette philosophie fait toujours partie de l’identité du mouvement  [2]. Pourtant, la Ligue a souvent été considérée comme une association proche du pilier chrétien et ne représentant dès lors pas les intérêts de l’ensemble des familles. Le présent Courrier hebdomadaire a notamment pour objectif d’éclairer ce rapport, parfois conflictuel, entre volonté de pluralisme et proximité avec le pilier chrétien qui a traversé ce mouvement dans les années 1950-1975.

3 Le choix de la tranche chronologique considérée n’est pas le fruit d’un hasard. Celle-ci est marquée par des périodes de crise au sein de la société belge (la question royale et la deuxième guerre scolaire, notamment) qui opposent les différents piliers, mais également par des bouleversements au sein de la LFNB. Tout d’abord, c’est une période d’ouverture pour la Ligue. Celle-ci s’élargit aux familles de trois enfants en 1950, aux jeunes foyers en 1955-1956 et, enfin, à toutes les familles (c’est-à-dire quel que soit le nombre d’enfants qu’elles comptent) en 1971. Ensuite, à l’instar de maintes autres associations, la LFNB doit faire face à des tensions entre ses ailes francophone et flamande, qui conduisent à la création de deux nouvelles asbl en 1961 : la Ligue des familles nombreuses et des jeunes foyers (LFNJF, qui devient en 1971 la Ligue des familles - LF) et le Bond van Grote en Jonge Gezinnen (BGJG, aujourd’hui Gezinsbond). Enfin, l’évolution de la société et du modèle familial entraîne la Ligue dans une crise identitaire à la fin des années 1960, qui correspond au début d’un certain déclin du mouvement, au moins en termes de nombre de membres et de pouvoir de pression.

4 L’analyse se concentre essentiellement sur la LFNB (asbl nationale) pour les années antérieures à 1961 et sur la LFNJF puis LF (asbl francophone) pour celles postérieures à cette époque. À dater de 1961, en effet, l’asbl nationale a perdu de son poids dans le mouvement, d’une part, et les deux ailes communautaires de la Ligue n’ont plus connu la même évolution, d’autre part. Le premier chapitre procède à une brève mise en contexte générale, retraçant les grandes lignes de l’évolution de la famille, de la politique familiale et des mouvements familiaux après la Seconde Guerre mondiale. Le deuxième chapitre présente la Ligue sous ses différents aspects : son histoire, ses structures, ses ressources, ses services, ses valeurs, etc. Le troisième chapitre est consacré aux moyens mis en place par le mouvement pour faire pression sur les décideurs politiques. Enfin, le quatrième et dernier chapitre étudie trois dossiers emblématiques de l’action de la Ligue : la réinstauration d’une allocation pour les mères au foyer, la création d’un Ministère autonome de la Famille et la question de la dépénalisation de l’avortement. Il montre tout à la fois la façon dont le mouvement a agi en tant que groupe de pression et les difficultés auxquelles il a alors été confronté pour incarner le pluralisme dont il se revendique.

1. Quelques éléments de contexte

5 Outre le contexte politique de l’époque, bien connu par ailleurs et fait notamment de l’évolution des piliers et des clivages caractéristiques de la société belge  [3], il convient de revenir – très brièvement – sur quelques éléments relatifs à la famille, à la politique familiale et aux mouvements familiaux.

1.1. Famille et politique familiale

6Entre 1945 et 1960, les taux de nuptialité et de natalité s’accroissent considérablement en Belgique  [4]. Le pays compte alors encore moult familles nombreuses. La vie familiale est régulée par une morale publique largement acceptée de tous, et dont les autorités civiles et religieuses fixent, chacune pour ce qui la concerne et moyennant des différences entre les milieux, le cadre général  [5]. Il est certes possible de vivre en rupture avec le modèle dominant (divorce, homosexualité, etc.), mais s’ensuit alors une sensible marginalisation.

7 Au sortir de la Seconde Guerre mondiale, la Belgique doit se reconstruire et redresser son économie. La politique de relance passe notamment par la consommation et les investissements  [6]. L’État développe un programme de transferts sociaux et d’aides financières, dont les familles sont entre autres les bénéficiaires. Un nouveau système de protection sociale, désigné sous le vocable général de « sécurité sociale », est instauré. Il est basé sur deux principes : l’universalité (il a pour vocation de concerner l’ensemble des travailleurs) et l’unité (il procède, autant que faire se peut, à une uniformisation des prestations familiales). Plus largement, la période de la Libération voit se déployer un grand nombre de mesures d’ordre familial  [7], qui témoignent de la difficile situation matérielle des ménages après la guerre et du souci de préserver les familles. Par ailleurs, en 1958, la loi abolit la notion de puissance maritale dans le couple, et consacre la protection de la famille et la pleine capacité de la femme mariée  [8].

8Les années 1960 sont le théâtre de profonds changements. Il s’agit d’une période de sensible prospérité économique, durant laquelle la société et ses valeurs évoluent sensiblement. La Belgique atteint le plein emploi en 1962 (même s’il existe de grosses disparités entre les régions et les secteurs d’activités). Le pouvoir d’achat augmente et engendre une société de consommation et de loisirs. L’intervention de l’État s’accroît, tandis que la famille commence à perdre son rôle social et les revendications deviennent de plus en plus individuelles. Progressivement, les « grandes institutions sociales du passé, comme le mariage ou le modèle de la famille traditionnelle »  [9], sont contestées par une part croissante de la population, essentiellement dans les jeunes générations ; ce mouvement se marque essentiellement à partir de mai 1968. Par ailleurs, les premiers centres de planning familial voient le jour. Nés à l’initiative d’associations catholiques, laïques ou pluralistes (telle la Ligue des familles), leur but est de répondre aux nouveaux besoins des couples et des familles.

9 Des modifications législatives accompagnent également ces changements sociétaux voire y participent. Les premières favorisent l’accès des femmes au marché de l’emploi et promeuvent l’égalité hommes-femmes. Étant plus indépendantes, les femmes sont moins cantonnées dans un rôle de mères au foyer et certaines d’entre elles continuent à exercer une profession même après plusieurs maternités. À partir de 1973, la publicité pour la contraception est autorisée (à la condition qu’elle ne poursuive pas un but lucratif). Quant à la politique d’allocations familiales, elle continue à se développer sur la voie tracée à la Libération, en respectant les principes d’universalité (extension) et d’unité (uniformisation) des allocations familiales  [10].

10 Avec l’émancipation des femmes, le contrôle des naissances  [11] et une nouvelle conception de l’enfant, la cellule familiale change. La taille des ménages diminue, l’enfant devient le centre de la famille, et les attentes affectives sont exacerbées au sein des familles.

1.2. Panorama des mouvements familiaux

11 Au sortir de la guerre, la LFNB n’est pas la seule association à se préoccuper du sort des familles. De nombreux groupes de pression et associations ont également un programme de politique familiale, dont la Confédération des syndicats chrétiens (CSC), la Fédération générale du travail de Belgique (FGTB), la Ligue ouvrière féminine chrétienne (LOFC), les Femmes prévoyantes socialistes (FPS), le Boerenbond, etc. Toutefois, seuls la LFNB, l’Action familiale et le Mouvement populaire des familles (MPF) sont exclusivement centrés sur les problématiques familiales.

12Créée en 1935 par le chanoine Jacques Leclercq, l’Action familiale renaît après la Seconde Guerre mondiale à l’initiative de Joseph Gilles (qui deviendra par ailleurs secrétaire général du groupement wallon de la LNFB en 1955 avant de devenir secrétaire général de la LFNJF en 1962). Avec le MPF, elle est à l’origine de la création du Conseil supérieur de la famille (CSF, cf. infra) en 1947. Ensuite, sa trace se perd. Elle semble s’être rapidement dissoute ou, du moins, avoir perdu tout pouvoir et représentation.

13Fondé en 1944, le Mouvement populaire des familles s’inspire de la Ligue ouvrière chrétienne (LOC), qui existait déjà avant la guerre (essentiellement en Flandre). Au sein du Mouvement ouvrier chrétien (MOC), qui fédère et coordonne des associations autonomes chrétiennes, le MPF a pour but de prolonger le mouvement jociste (c’est-à-dire de la Jeunesse ouvrière chrétienne - JOC) parmi les travailleurs adultes, en ne se basant plus seulement sur les individus mais sur la famille. Conformément à la charte adoptée lors du premier conseil général  [12], son objectif est de christianiser ou rechristianiser les familles des travailleurs (membres de l’une ou l’autre association du MOC ou non) et d’élaborer un plan de politique familiale. Le MPF se structure rapidement et crée différents services d’entraide, tels que des communautés d’achats, des maisons de repos et de vacances ou encore son propre service d’aide familiale. Le succès est rapide  [13].

14 Sur le plan politique, le MPF prend position sur différentes questions. Avec l’Action familiale, Vie féminine et les Équipes populaires (EP), il revendique la création d’un organe consultatif pour les questions familiales. Il obtient gain de cause avec la création du CSF en 1947. Avec la LFNB, il réclame l’instauration d’une allocation pour les mères au foyer et la création d’un Ministère de la Famille (cf. infra).

15 En 1949, une nouvelle orientation est donnée au MPF : ses dirigeants souhaitent que le mouvement devienne pluraliste, c’est-à-dire qu’il s’ouvre à l’ensemble des familles (au-delà donc du seul pilier chrétien). Ce changement radical provoque des tensions avec le MOC, qui ressent cette volonté comme une menace pour « l’unité des forces ouvrières chrétiennes organisées »  [14]. De plus, des organisations syndicales et féminines chrétiennes craignent que le MPF ne prenne trop d’importance et ne leur fasse dès lors concurrence. Les membres masculins du MPF sont encouragés à s’inscrire aux EP et les membres féminins à la LOFC. Petit à petit, dès 1950, les différents services du MPF sont fermés et ses dirigeants réintègrent pleinement le MOC.

16Après la disparition du MPF, d’autres organisations chrétiennes prennent le relais de son action familiale, comme la LOFC et son homologue flamande les Katholieke Arbeidersvrouwenegilden (KAV), ou comme les Katholieke Werkliedenbonden (KWB). En 1949, la KAV et le KWB s’associent dans l’Unie van Arbeidersgezinnen  [15], qui perdure jusqu’en 1962. Ensuite, une commission de coordination assure une continuité de la collaboration  [16]. Plus largement, la famille est un des thèmes prioritaires du MOC et de ses organisations affiliées. Cependant, le pilier chrétien ne tarde pas à se rendre compte que, face à la LFNB, il fait pâle figure dans ce domaine. En effet, aux yeux de l’opinion publique, la LFNB semble avoir le monopole de la défense des intérêts familiaux  [17].

17Du côté des organisations socialistes, la FGTB pèse surtout sur l’orientation de la politique familiale en matière d’allocations familiales. Pour leur part, les FPS, qui ont pour but premier d’inciter les ouvrières à rejoindre le mouvement socialiste  [18], étoffent progressivement leurs actions de défense des femmes et de la famille, en militant pour le droit à la santé, à l’éducation, à la formation et au travail  [19].

18 Enfin, les organisations libérales et patronales sont moins présentes dans le domaine de la famille, même si elles envoient à l’occasion des représentants dans des organes comme le CSF ou l’Union internationale des organismes familiaux (UIOF, cf. infra).

2. La Ligue des familles : histoire, organisation et fonctionnement

19Afin de mieux comprendre l’action de la Ligue entre 1950 et 1975, il est nécessaire de revenir sur son évolution et sur ses principales caractéristiques en matière notamment de structures, de ressources, de services offerts aux adhérents et de composition.

2.1. Historique

20À partir de la fin du XIXe siècle, l’État belge adopte diverses mesures destinées à restreindre puis à interdire le travail des enfants. Les familles qui comptaient jusqu’alors sur le salaire de leur progéniture pour subvenir à leurs besoins connaissent dès lors d’importants problèmes financiers, surtout celles comportant un grand nombre d’enfants. Pendant la Première Guerre mondiale, la situation empire encore du fait de l’occupation allemande (pénurie de nourriture, etc.)  [20]. Les familles nombreuses sont alors parmi celles qui subissent le plus les conséquences de la guerre.

21 Pendant la guerre, le général Louis Lemercier, futur fondateur de la LFNB (qu’il présidera entre 1935 et 1947), prend part à l’aide apportée aux orphelins de guerre. Constatant que les familles les plus touchées par la détresse sont souvent des familles nombreuses, il conçoit le projet de les fédérer, et ce en dehors de toute considération de classe ou d’opinion  [21]. Après de nombreuses discussions avec l’aumônier de son régiment, le père jésuite Valère Fallon (qui sera l’un des principaux rédacteurs du Ligueur)  [22], ainsi qu’avec le sénateur socialiste Vincent Volckaert, un premier programme et les statuts d’une association de défense des familles nombreuses sont rédigés. Ces documents s’inspirent notamment de la Ligue française pour le relèvement de la moralité publique (LFRMP), créée en 1883 pour répondre à une baisse importante de la natalité en France. L. Lemercier et V. Fallon sont ouvertement natalistes  [23] : selon leur conception, si la famille prospère, la nation prospère. Or, ils estiment que les familles nombreuses sont en « danger » ; à leurs yeux, il convient donc de les soutenir  [24].

22 En 1920, L. Lemercier, V. Fallon et V. Volckaert profitent des journées familiales organisées à Ostende par la Ligue de l’éducation familiale  [25] pour présenter le programme d’une « Ligue nationale de défense des familles nombreuses ». Leur idée récolte un franc enthousiaste et la Ligue des familles nombreuses de Belgique (LFNB) voit officiellement le jour l’année suivante  [26].

23 Rapidement, la LFNB se structure  [27] et enregistre ses premières affiliations (3 000 la première année). Grâce à sa stature intellectuelle et à ses actions en faveur de l’instauration d’allocations familiales, V. Fallon devient l’un des principaux pères de la doctrine du mouvement  [28]. Le ministre d’État catholique Michel Levie est choisi comme président. Pour assurer une représentation de toutes les familles politiques, les vice-présidents désignés proviennent des trois grands partis belges : le député libéral Albert Mechelynck, le député catholique Frans Van Cauwelaert et le sénateur socialiste V. Volckaert. Le comité directeur élabore des statuts, qui sont soumis aux principales sections locales déjà créées. Le 8 mai 1921, la première assemblée générale  [29] a lieu à Bruxelles et les statuts sont adoptés  [30].

24À la même époque, une autre association anti-malthusienne, la Ligue nationale contre la dépopulation  [31], annonce la reprise de son activité. Craignant une dispersion des efforts, la LFNB entame des discussions avec les dirigeants de cette association. Ceux-ci décident alors d’intégrer la LFNB, considérant que son programme est « plus large et l’orientation plus pratique  [32] ». En effet, la LFNB se bat pour la défense des droits des familles nombreuses, tout en se plaçant dans une optique nataliste.

25Durant les dix premières années d’existence du mouvement, l’État entreprend différentes actions en faveur des familles, notamment par le moyen d’aides financières directes et d’une protection accrue des femmes et des enfants. Les allocations familiales, qui constituent l’une des revendications principales de la LFNB, sont généralisées pour les travailleurs salariés en 1930. Dans le cadre de ce dossier emblématique, la LFNB a mené une propagande très active auprès de ses membres, afin qu’ils insistent dans leurs cercles sur l’importance des allocations familiales. Le mouvement considère que son action en faveur des allocations familiales a amené à des résultats rapides et généralisés « qui n’auraient sans doute pas été possibles sans l’appui actif et enthousiaste de la Ligue »  [33]. La LFNB est également très active dans d’autres domaines, tant en mettant la pression sur les dirigeants politiques qu’en créant ses propres organes d’aide : le fonds des études et le fonds du logement. Le nombre de membres ne cesse d’augmenter durant cette décennie, pour atteindre le chiffre de 150 000.

26 Entre le début des années 1930 et la fin de la Seconde Guerre mondiale, la LFNB voit le nombre de ses membres continuer à s’accroître, quoique bien plus lentement que par le passé. Néanmoins, le mouvement grandit, se développe et poursuit sa structuration. Les liens entre les sections locales se renforcent et l’action s’améliore, grâce notamment à la création d’organes d’études. Le nombre de conquêtes va croissant : élargissement des allocations familiales aux non-salariés, soutien de l’État au fonds du logement, obtention d’une réduction tarifaire dans les transports en commun, etc. La LFNB crée par ailleurs un fonds des veuves et orphelins.

27 Dans l’après-guerre, le poids du mouvement se renforce encore grâce à ses structures, ses résultats et ses campagnes de propagande et, surtout, en raison de son ouverture aux familles de trois enfants (en 1950) et aux jeunes foyers (en 1955 pour l’aile néerlandophone et en 1956 pour l’aile francophone). Ces nouvelles orientations expliquent l’augmentation des effectifs. En 1965, la LFNB représente quelque 2,5 millions de personnes, c’est-à-dire plus du quart de la population du pays  [34]. Durant cette période, la LFNB met sur pied des clubs de consommateurs et milite en faveur de la création d’un Ministère de la Famille.

28 L’engouement perdure jusqu’au début des années 1970, époque où la LFNB enregistre son nombre de membres maximal, à savoir environ 450 000 familles. Ensuite, les effectifs baissent progressivement, essentiellement du côté francophone. Le mouvement attribue cette chute à divers facteurs : le fait que le montant de la cotisation a été augmenté de moitié en 1969, l’ouverture progressive du mouvement à l’ensemble des foyers « classiques » – c’est-à-dire comportant deux parents de sexes opposés avec au moins un enfant – à partir de 1971 (cf. infra) et, surtout, le contexte de société d’abondance et d’augmentation du bien-être matériel des familles (qui ne voient dès lors plus l’intérêt de revendications collectives telles que celles que porte la Ligue)  [35].

29 Les fondateurs de la LFNB étant pour la plupart de langue française, le mouvement est, à ses débuts, essentiellement francophone. Dans les années 1930, la LFNB est accusée de ne pas intégrer suffisamment de Flamands aux postes de direction (qui sont majoritairement occupés par des francophones) et, dès lors, de n’entreprendre aucune action spécifique pour les familles flamandes par manque de connaissance des problèmes propres à celles-ci, voire de mener une politique familiale anti-flamande. Suite aux réclamations des familles flamandes, la LFNB multiplie, dès 1935, le nombre de dirigeants néerlandophones et crée une commission chargée d’étudier les problèmes linguistiques. Bientôt, ladite commission préconise la division du comité central en deux comités centraux, l’un wallon et l’autre flamand, s’occupant des problèmes spécifiques à chaque communauté. Cette réforme est réalisée en 1937. Par ailleurs, les réunions des congrès deviennent bilingues et des journées d’étude sont organisées séparément par chacun des deux comités centraux.

30L’année 1950 marque le retour des tensions communautaires. L’élément déclencheur survient lorsque les comptes du Ligueur, l’organe de presse du mouvement, tombent dans le rouge. La décision est alors prise de résorber la dette avec l’argent commun, or celui-ci provient essentiellement des familles flamandes (puisqu’elles forment les deux tiers du mouvement, cf. infra). En outre, la question des sections locales bruxelloises pose problème. Elles relèvent en effet du groupement wallon lorsque la majorité de leurs membres sont abonnés au bulletin francophone ; dans le cas inverse, elles relèvent du groupement flamand  [36]. Mais dans les faits, la « région » bruxelloise est alors presque considérée comme unilingue francophone par la LFNB, au grand déplaisir des dirigeants flamands de celle-ci  [37]. Enfin, tous les départements centraux du mouvement sont unilingues francophones et les réunions se déroulent en français. De même, les documents produits (rapports de réunions, publications, etc.) sont rédigés en français et ne sont traduits en néerlandais que pour une partie d’entre eux.

31Lorsque Frans Van Mechelen devient président de la LFNB en 1960, sa priorité est de résoudre les tensions linguistiques. C’est alors qu’il est procédé à la division du mouvement. En 1961, deux nouvelles asbl sont créées : la Ligue des familles nombreuses et des jeunes foyers (LFNJF) et le Bond van Grote en Jonge Gezinnen (BGJG). Toutes deux restent cependant chapeautées par la LFNB, qui continue à exister.

32En 1973, une commission est mise en place pour améliorer la collaboration entre les deux asbl communautaires, qui ont de moins en moins de contacts entre elles et prennent des directions différentes. En outre, l’asbl nationale peine de plus en plus à faire entendre sa voix. En 1975, alors que les trois asbl (LFNB, LF et BGJG) sont engagées dans une négociation visant à réformer leurs relations, F. Van Mechelen déclare dans la presse, sans en avoir au préalable averti ni la LFNB ni la LF, la rupture unilatérale entre les deux ailes communautaires du mouvement et en rejette l’entière responsabilité sur la LF  [38]. Cette annonce brutale et non concertée raidit à nouveau les relations entre les deux asbl communautaires. Quant à la LFNB, elle n’existe plus réellement à partir de ce moment. Elle végète via un comité de concertation qui permet à la LF et au BGJG de garder malgré tout certains liens. Finalement, la LFNB disparaîtra totalement en 1996  [39].

33 En 1971, la LFNJF s’ouvre à l’ensemble des familles « classiques », quel que soit le nombre de leurs enfants. Pour marquer ce changement, elle change son nom en Ligue des familles (LF).

34À partir de 1980, la LF procède à une réorganisation de ses structures et revoit ses priorités. L’ouverture à toutes les familles et à tous les membres de la famille est approfondie. La LF se tourne également vers les familles issues de l’immigration et celles vivant dans un pays éloigné. Elle évolue en même temps que la société, cherchant et développant des solutions pour les nouveaux problèmes auxquels les familles doivent faire face.

35 De nos jours, la LF se définit toujours comme pluraliste : « Toutes les diversités d’opinions, de rôles et de statuts, de milieux sociaux et de conditions, d’âges de la vie, de convictions philosophiques et de nationalités sont appelées à collaborer pour affirmer, dans la justice et la solidarité, le caractère irremplaçable de la famille pour les personnes, la culture et la société »  [40]. L’association regroupe environ 40 000 familles  [41] et continue de défendre les intérêts familiaux en essayant d’influer sur les décisions politiques, mais également en mettant en place des services directs aux membres : baby-sitting, fonds des garanties locatives, club d’échanges linguistiques, délivrance des cartes de réduction pour les transports en commun (SNCB et TEC), etc.

36 Pour sa part, le BGJG – officiellement renommé Gezinsbond depuis le 23 février 2002 – compte aujourd’hui quelque 275 000 familles membres  [42].

2.2. Structures

37 La Ligue s’est développée très rapidement, se dotant d’une structure de plus en plus complexe au fil du temps.

2.2.1. Avant 1961

38Dès sa création, la LFNB se dote d’une structure pyramidale. À l’origine, elle compte quatre échelons : les familles, les sections locales, les sections régionales, l’administration centrale. Elle passe à cinq échelons en 1937, lorsque les conflits linguistiques entraînent la création d’un comité central wallon et d’un comité central flamand (cf. supra). La structure du mouvement « témoigne d’un souci de démocratie interne »  [43]. À la base, ce sont les familles qui se regroupent en sections locales (une ou plusieurs par commune), administrées par les comités locaux ; ces sections locales sont elles-mêmes groupées en sections régionales (correspondant chacune à un arrondissement administratif), administrées par les comités régionaux  [44].

39 Les sections locales sont composées de militants bénévoles, qui se spécialisent dans une matière (fiscalité, logement, études, etc.). Une fois par mois, ils se réunissent avec les délégués du secrétariat général, qui les forment et leur fournissent des informations sur la politique du mouvement, ses actions, etc. Une fois par an, les militants locaux élisent un délégué, qui représente leur section au sein du comité régional.

40 Les sections régionales peuvent se réunir en groupements. Les plus importants d’entre eux sont le groupement wallon et le groupement flamand  [45], qui sont dirigés par le comité central wallon pour l’un et par le comité central flamand pour l’autre  [46]. Ce sont les sections régionales qui proposent les représentants qui siègent dans les comités centraux (à raison d’un représentant pour 2 000 membres).

41 Outre les représentants régionaux, les comités centraux wallon et flamand sont composés de membres proposés par la section locale de Bruxelles et de membres cooptés (dont le nombre ne peut dépasser un quart des membres élus et membres à vie)  [47]. Ces comités centraux ont pour mission de diriger et de seconder les sections régionales. Ils donnent également leur avis à propos des questions qui touchent la LFNB et des œuvres créées. Enfin, ils prennent des décisions en rapport avec les questions d’intérêt familial qui se posent pour leur groupement (créer une œuvre, lancer une commission, etc.)  [48].

42 Deux autres comités existent : le comité central congolais, qui seconde et dirige les sections régionales congolaises (s’adressant aux Belges établis au Congo), et, le chapeautant, le comité métropolitain, qui représente le groupement congolais en Belgique. Le comité métropolitain est composé de quinze membres (onze désignés par le comité central congolais et quatre désignés par le conseil d’administration de la LFNB)  [49]. Il va de soi que ces deux comités disparaîtront au début des années 1960, suite à l’indépendance du Congo.

43 Enfin, au niveau national, l’asbl Ligue des familles nombreuses de Belgique comprend cinq organes : l’assemblée générale, le conseil d’administration, le collège des commissaires, le comité exécutif et le secrétariat général  [50].

44 L’assemblée générale entend le rapport du conseil d’administration et du comité exécutif et dresse le bilan de l’année. Elle se réunit une fois par an au minimum, mais des rencontres peuvent également avoir lieu sur demande du conseil d’administration. L’assemblée générale est majoritairement composée des membres des organes directeurs, même si tous les membres peuvent y participer. C’est le président de la LFNB qui convoque et préside l’assemblée générale, à titre honorifique. Il représente également le mouvement à l’extérieur.

45 Le conseil d’administration assure l’unité d’action du mouvement, élabore les mesures qui sont proposées à l’assemblée générale et veille à l’exécution des mesures d’ordre général prises tant à l’assemblée générale que dans les comités centraux. Le conseil d’administration est composé de membres des comités centraux wallon et flamand et du comité métropolitain (à raison d’un membre effectif et d’un membre suppléant pour huit membres effectifs dans les comités centraux wallon et flamand, et un membre effectif et un membre suppléant pour le comité métropolitain), de membres cooptés et de membres à vie. Le bureau du conseil d’administration est composé du président de la LFNB (qui convoque et préside les séances du conseil d’administration), du secrétaire général (qui supplée le président en cas d’urgence ou d’absence) et du trésorier général (qui est chargé de la haute surveillance de la gestion financière). Tous trois sont élus par le conseil d’administration.

46 Le collège des commissaires dispose d’un droit illimité de surveillance et de contrôle sur toutes les opérations de l’asbl, notamment en matière de comptabilité, et peut se faire aider d’un expert. Il compte neuf membres, à raison d’un par province.

47 Le comité exécutif s’occupe de l’exécution des décisions prises par le conseil d’administration.

48 Le secrétariat général coordonne l’ensemble des départements (études et recherches ; informations et éditions ; animations et services décentralisés ; animations et services centralisés ; ressources et gestion financière ; administration générale), assure la réalisation des programmes et des projets, et alimente le débat autour des questions sociales et politiques  [51]. Il s’agit donc de l’organe administratif de référence. Le secrétaire général est en quelque sorte le directeur de la LFNB. Il est la personne qui a le plus de pouvoir au sein de celle-ci.

Graphique 1. Organigramme de la LFNB (1937-1961)

Graphique 1. Organigramme de la LFNB (1937-1961)

2.2.2. Après 1961

49En 1961, suite aux conflits entre les ailes francophone et flamande, les deux groupements sont constitués en asbl : la LFNJF et le BGJG. Ces deux nouvelles associations poursuivent une seule politique familiale toujours déterminée – en théorie, du moins – par la LFNB, mais chacune possède sa propre structure et a une organisation autonome  [52]. Dorénavant, les présidents de la LFNJF et du BGJG président alternativement la LFNB par période de deux ans.

50 La LFNJF et le BGJG comptent chacun cinq organes  [53]. Primo, l’assemblée générale, qui décide des grandes orientations de la LFNJF ou du BGJG tout en laissant à la LFNB la charge de déterminer et de diriger la politique familiale (représentation au sein d’organismes publics et privés, doctrine). Elle est composée de membres élus par les comités régionaux. Secundo, le conseil d’administration, qui a tous les pouvoirs à l’exception de ceux qui sont spécifiquement réservés à l’assemblée générale. Il est composé de membres élus par l’assemblée générale et provenant de chaque province (Brabant, Hainaut, Liège, Luxembourg et Namur pour la LFNJF ; Anvers, Brabant, Flandre occidentale, Flandre orientale et Limbourg pour le BGJG). Tertio, le collège des commissaires, qui a pour mission de vérifier les comptes de l’asbl et d’en faire rapport au conseil d’administration et à l’assemblée générale. Quarto, le comité exécutif, qui s’occupe de l’exécution des décisions prises par le conseil d’administration. Quinto, le secrétariat général, qui coordonne l’ensemble des services : études, recherches et conseils juridiques (service des études, bibliothèque), informations et éditions (Le Ligueur ou De Bond, et autres publications), ressources et gestion financière (comptabilité, service achat), administration générale (gestion des ressources humaines), animation et services centralisés (service juridique, service social, service vacances, etc.) et comité de propagande (cf. infra).

51 Pour sa part, la LFNB a perdu l’un de ses organes : désormais, il n’y a plus de secrétariat général au niveau national. De plus, les autres organes de la LFNB disposent de beaucoup moins de pouvoir qu’auparavant. Ils impulsent les grandes lignes de conduite du mouvement et dictent le programme de la LFNJF et du BGJG en matière de politique familiale, mais les moyens mis en œuvre sont laissés au libre choix des nouvelles asbl francophone et flamande. En outre, sur un simple accord du conseil d’administration, celles-ci peuvent mettre en place des services (comme le baby-sitting, par exemple).

52 Existent également des commissions, qui peuvent être installées par chacune des trois asbl (avant 1961, seule la LFNB en disposait). Il s’agit d’organes d’études internes, chargés de fournir de la documentation et des renseignements relatifs aux questions importantes concernant la mise en œuvre de la politique familiale de la LFNB. Il importe en effet que les asbl disposent d’arguments étayés leur permettant d’assurer au mieux la défense des intérêts des familles. Ces commissions examinent principalement les projets et propositions de loi et l’application des mesures politiques prises concernant les familles.

Graphique 2. Organigramme de la LFNB (après 1961)

Graphique 2. Organigramme de la LFNB (après 1961)

Graphique 2. Organigramme de la LFNB (après 1961)

53 Dans les faits, le fonctionnement du mouvement est moins démocratique qu’il n’y paraît sur le papier. Ainsi, la composition des organes directeurs est marquée par une importante stabilité : les figures dirigeantes occupent leur fonction pendant des années, voire des décennies. Une tendance oligarchique se manifeste donc  [54]. En outre, les membres cooptés, certes utiles pour assurer le pluralisme voulu par le mouvement (cf. infra), ont un poids important dans les organes de décision.

54 Au fil du temps, la LFNB éprouve de plus en plus de difficultés à déterminer la politique familiale commune. Elle devient progressivement « une chambre d’entérinement qui enregistre l’accord ou le désaccord » de la LF et du BGJG, « dont les positions sont au préalable arrêtées »  [55]. À partir de 1975, la LFNB n’est plus guère qu’une coquille vide (cf. supra) et les deux asbl sont donc de facto pleinement indépendantes.

2.3. Ressources

55Avant 1961, les ressources de la LFNB proviennent des cotisations versées par les membres, de dons et de legs, des produits des publications et de la gestion du patrimoine  [56]. Les membres associés (conjoints et enfants des membres actifs) ne doivent pas cotiser ; il n’y a donc qu’une cotisation par famille. Les fonds reçus sous la forme de cotisations doivent être utilisés exclusivement pour couvrir les frais d’administration, de réunions, de recrutement des membres, de recherches, de propagande et de démarche visant au succès des revendications du mouvement. Dès lors, les œuvres économico-sociales (fonds du logement et fonds des études) créées par celui-ci doivent se constituer elles-mêmes un capital propre et être gérées de façon autonome, le rôle de la LFNB se limitant à les contrôler  [57].

56 Après la réforme de 1961, la situation reste équivalente, sauf en ce qui concerne les cotisations. En effet, les familles sont d’abord membres d’une des deux asbl communautaires, qui perçoivent donc les cotisations. La LFNJF et le BGJG versent tous deux à la LFNB une part de la cotisation de chacun de leurs membres (dont le montant ne peut pas dépasser 25 francs belges par membre)  [58]. Les ressources des asbl francophone et flamande proviennent des cotisations (qui sont déterminées selon les besoins et votées par l’assemblée générale pour chaque année), du produit de leurs activités économico-sociales et des dons ou legs. Le montant des cotisations demandées aux membres est de maximum 500 francs pour la LFNJF (puis de 1 000 francs à partir de 1971) et de 1 000 francs pour le BGJG  [59].

2.4. Services aux familles

57Si la LFNB et la LFNJF se battent pour obtenir des mesures améliorant le quotidien des familles, elles créent également des services directs pour leurs membres (des « œuvres »), parmi lesquels certains sont autonomes comme le fonds du logement, le fonds des études ou les centres pluralistes familiaux. À côté de ceux-ci existent également des services d’informations (service des études, service de renseignements juridiques et sociaux, service de renseignements en matière d’orientation scolaire et professionnelle, etc.), qui permettent de bénéficier de conseils de spécialistes dans de nombreux domaines.

58 Le détail des services procuré ci-dessous n’est pas exhaustif, il se limite aux services aux familles les plus importants des deux asbl.

2.4.1. Fonds du logement

59Dès sa fondation, la LFNB se penche sur le problème des taudis et des petits logements. En effet, les familles nombreuses sont les plus touchées par le phénomène, d’autant que la Première Guerre mondiale a interrompu les premiers efforts publics en matière de logement (prêts ou réductions fiscales)  [60]. En 1919, l’État a créé la Société nationale des habitations à bon marché (SNHBM). Son but est d’agréer des projets, d’attribuer des crédits à faible taux d’intérêt et de provoquer la création de sociétés de logement régionales et locales  [61]. Cependant, rien n’est mis spécifiquement en place à destination des familles nombreuses, dont la situation est souvent catastrophique (comme tend à le démontrer un rapport de la LFNB présenté lors du congrès du 30 octobre 1921)  [62].

60 Le fonds du logement de la LFNB  [63] est lancé en 1927 grâce à une somme de 1 400 000 francs belges récoltée par le mouvement au moyen d’une tombola. Ce fonds a pour objectif d’accorder des prêts aux familles nombreuses pour l’achat ou la construction d’une habitation  [64]. Il est associé à la SNHBM afin d’éviter de gaspiller ses moyens dans de multiples petits prêts inefficaces ; le comité directeur demande cependant qu’une priorité soit accordée aux familles nombreuses  [65]. Le fonds du logement applique des taux dégressifs en fonction du nombre d’enfants à charge, principe qui sera repris par l’État en 1949.

61 Pour atteindre ses objectifs, le fonds a besoin de disposer de sommes d’argent considérables. Durant ses premières années d’existence et jusqu’en 1931, il bénéficie d’un subside annuel de trois millions de francs belges versés par l’État. La crise économique conduit toutefois à la suppression de cette aide financière. Par la suite, l’État intervient différemment, en garantissant les prêts contractés par le fonds (les emprunts auxquels celui-ci procède se comptant par dizaines et étant, par exemple, de 15 millions de francs belges en 1931 et de 200 millions en 1969) et en nommant un commissaire du gouvernement chargé de veiller à leur gestion.

62 Le fonds du logement ne cesse de se développer. Entre 1949 et 1970, il octroie 34 138 prêts pour un total de plus de 8 milliards de francs belges  [66]. Il s’agit là d’une somme considérable pour un organisme d’aide privé.

63 Suite à la régionalisation de la compétence du logement, le fonds sera scindé et les actions se diversifieront en fonction des Régions.

2.4.2. Fonds des études

64Dès sa création, la LFNB fait de la réduction du prix des études pour les familles nombreuses une priorité. Elle milite d’abord pour que celles-ci aient la priorité dans l’octroi des bourses. En 1922, après avoir analysé le coût des études pour les familles nombreuses, V. Fallon lance l’idée d’un fonds d’avance. Celui-ci est créé en 1924, sous le nom de fonds des études de la LFNB  [67]. L’idée de base est d’accorder des prêts aux familles nombreuses bourgeoises, car même ces dernières éprouvent souvent des difficultés à financer les études de chacun de leurs enfants. Or ces familles visent pour leur progéniture des professions nécessitant d’avoir mené d’onéreuses études supérieures, au contraire des familles ouvrières, dont les enfants cessent leur scolarité à 14 ans et ne dépassent donc pas le stade de l’enseignement dont le coût est pris en charge par l’État. De plus, à la fin de leurs études, les petits bourgeois exercent une profession rentable qui leur permet de rembourser le prêt. Suite à l’augmentation du nombre d’enfants entamant des études supérieures, la LFNB décide, dès 1945, d’accorder, en plus des prêts d’études ordinaires, un prêt compensatoire du manque à gagner pour les enfants issus d’un milieu modeste.

65 La première année, le fonds des études accorde 10 bourses d’études, contre 858 en 1939 et près de 2 000 en 1970. Comme le fonds du logement, il reçoit des subsides de l’État à ses débuts. En 1932, ce subside est diminué, pour être finalement supprimé en 1934. Néanmoins, les prêts bénéficient désormais de la garantie de l’État. Lors de la communautarisation de la compétence, la Communauté française cessera tout financement pour se concentrer sur son propre fonds, au désespoir de la LF qui considérait offrir plus de souplesse dans l’octroi des bourses. Le fonds des études sera finalement repris par la Communauté française, qui remboursera les emprunts contractés par la LF  [68].

2.4.3. Carte de réduction pour les transports en commun

66 Obtenir qu’une réduction soit accordée aux familles nombreuses dans les transports en commun est l’un des premiers combats de la LFNB  [69]. Avant la Seconde Guerre mondiale, le mouvement remporte de premiers succès, comme la réduction de 50 % pour les enfants de familles nombreuses jusqu’à leurs 21 ans et une validité de deux ans de la carte de réduction. Après la Libération, elle crée un service de cartes de réduction des chemins de fer. Outre qu’il allège le travail de la Société nationale des chemins de fer belges (SNCB), ce service a surtout pour but de faciliter les démarches des familles nombreuses (qui peuvent obtenir leurs cartes auprès du délégué local). Le service connaît un grand succès car, jusqu’alors, beaucoup de familles ignoraient qu’elles avaient droit à une réduction. C’est par les délégués de la Ligue qu’elles en sont informées et qu’elles peuvent en profiter.

67 Au début des années 1980, la LF obtiendra également des tarifs réduits auprès de la Société régionale wallonne du transport (SRWT, active sous le nom commercial TEC) et de la Société des transports intercommunaux de Bruxelles (STIB)  [70].

2.4.4. Timbres ristournes

68De tous les services qu’organise la LFNB pour les familles, le plus attractif est celui des timbres ristournes  [71]. Dès leur création, les sections locales demandent à ce que des ristournes soient accordées aux familles nombreuses dans les magasins de détail et chez les grossistes. Un tel système est bientôt mis en place par le mouvement. Les commerçants qui acceptent d’y entrer s’engagent à pratiquer des réductions au profit des membres de la LFNB. En échange, celle-ci s’engage à limiter le nombre de commerçants « agréés » et à en publier la liste. De cette manière, les familles nombreuses réduisent quelque peu leurs dépenses tandis que les commerçants s’attirent une clientèle intéressante. L’arrangement est donc favorable aux deux parties. Quant à la LNFB, elle augmente sa visibilité et son impact et, plus largement, garantit sa pérennité en accroissant considérablement son attractivité et donc les effectifs de ses membres (il est avéré que nombre de familles s’affilient pour avoir droit à ce service).

69 En 1947, un nouveau système est mis en place. Les commerçants s’approvisionnent en timbres ristournes auprès de la LFNB. Ces timbres ristournes sont ensuite remis aux acheteurs en fonction du montant de la réduction accordée et sont collés dans un carnet ad hoc. Lorsque le carnet est plein, le membre l’envoie à la LFNB et reçoit alors le remboursement correspondant. Ce système est mis à mal lorsque la LFNJF s’ouvre à toutes les familles et qu’il est décidé, après débat, d’accorder les ristournes à l’ensemble d’entre elles. Cette nouvelle modalité provoque le mécontentement des commerçants, qui se voient dès lors obligés d’accorder des réductions à une part considérable de leur clientèle.

2.4.5. Le Ligueur

70Le Ligueur est l’hebdomadaire du mouvement. Destiné aux seuls membres (il n’est pas disponible en librairie), il naît en 1952 de la fusion de La Ligue, un bulletin mensuel distribué aux familles membres, et du Ligueur, un bulletin de militants créé en 1948  [72]. Le Ligueur a pour but l’éducation permanente et contient des informations relatives au mouvement (dont il est ainsi le principal écho). En outre, considéré par le mouvement comme un service à part entière mis à la disposition des familles, Le Ligueur procure des renseignements utiles aux parents et des articles de fond traitant de problèmes d’actualité. En 1961, Le Ligueur passe aux mains de la LFNJF  [73] (tandis que le BGJG édite son équivalent néerlandophone, De Bond).

71 Le Ligueur des premières années est fort différent du modèle que l’on connaît actuellement. De 1952 à 1974, il est considéré dans certains milieux comme étant un journal de concierge  [74]. Cela découle, d’une part, du fait qu’il est essentiellement conçu comme le bulletin du mouvement et, d’autre part, parce que ses articles sont souvent orientés et moralisateurs. À cette époque, Le Ligueur a en effet pour rédacteur en chef une personnalité qui le marque fortement de son empreinte : Jacques Biebuyck. Celui-ci est critiqué par les dirigeants de la LFNB et par les responsables de la propagande du mouvement parce qu’il a tendance à s’écarter de la ligne établie et qu’il donne un aspect fort chrétien à l’hebdomadaire, au moment même où le mouvement tente de renforcer son pluralisme (en 1957, une note interne estime ainsi que l’hebdomadaire est « trop clérical »  [75]). Il n’en reste pas moins que J. Biebuyck contribue à faire du Ligueur un journal sérieux, avec l’aide d’une rédaction presque entièrement composée de professionnels.

72 En juin 1969, une note interne pointe la nécessité de modifier le fond et la forme de l’hebdomadaire  [76], afin de le mettre en phase avec l’approfondissement du pluralisme voulu par le mouvement (cf. infra). Il s’agit notamment de mettre fin à l’optique traditionnelle de la famille qui dicte la rédaction de nombreux articles. Cinq ans plus tard, en 1974, Marc Delepeleire succède à J. Biebuyck. Il transforme alors Le Ligueur en un véritable magazine familial, en mettant en valeur des articles qui touchent un public plus varié et en créant une politique rédactionnelle correspondant davantage à l’évolution du mouvement.

73 En 1971, Le Ligueur est tiré à 150 000 exemplaires  [77], ce qui correspond logiquement au nombre approximatif de familles membres de la LFNJF. Son lectorat est majoritairement wallon (la proportion étant d’environ 75 % de Wallons et 25 % de Bruxellois entre 1960 et 1969, et de 91 % de Wallons et 9 % de Bruxellois en 1974) et se compose essentiellement de cadres moyens  [78], âgés de moins de 55 ans et ayant des enfants à charge  [79].

74 Le Ligueur constitue l’un des principaux vecteurs dont use la Ligue pour recruter de nouveaux membres. Dans les années 1960, la LFNJF conseille ainsi aux sections locales de distribuer l’hebdomadaire gratuitement pendant quatre semaines aux familles susceptibles de s’affilier  [80]. L’importance du Ligueur dans la communication et l’image de la Ligue est telle que cette dernière en perd parfois en visibilité. De nombreuses familles pensent en effet qu’elles s’abonnent au Ligueur et que cela leur permet de bénéficier d’autres services. Elles ne se rendent donc pas compte que le mécanisme est autre, à savoir qu’elles s’affilient à la Ligue et que, ce faisant, elles bénéficient de nombreux services, dont Le Ligueur.

75 En 1974, un conflit survient entre la LF et le BGJG au sujet des communes de la périphérie bruxelloise. La LF souhaite que le régime linguistique des membres (et par conséquent leur affiliation à la LF ou au BGJG) soit établi en fonction du choix de langue qu’ils poseraient et non sur la base de leur lieu de résidence. Pour sa part, le BGJG veut que toute personne habitant en Flandre soit réputée néerlandophone et donc affiliée d’office au BGJG (avec envoi du Ligueur aux membres d’expression francophone qui le désireraient). Au final, la LFNB tranche en faveur de la première proposition et rejette le « droit du sol » défendu par le BGJG  [81].

76 Il est à noter que, pour leur part, les militants et les dirigeants disposent de leur publication spécifique, respectivement Le guide du militant et Infor-Ligue [82].

2.4.6. Vacances familiales

77 Les vacances annuelles représentant une dépense importante, voire inenvisageable, pour les familles nombreuses, la LFNB organise un service « vacances familiales » à partir des années 1950  [83]. Des vacances en hôtel sont proposées et les parents peuvent vaquer à leurs occupations pendant que leurs enfants sont pris en charge par des moniteurs. En 1964, des vacances en camping sont organisées et, en 1965, des séjours en appartement. La Ligue conclut des accords avec des hôtels, campings et appartements. Elle garantit un certain taux d’occupation et, en échange, ses membres bénéficient de réductions sur les prix. Petit à petit, se crée ainsi un véritable réseau pour des vacances familiales à coûts réduits, en Belgique et à l’étranger.

2.4.7. Clubs de consommateurs

78 Créés en 1961 dans le but de défendre les consommateurs en les informant et en éveillant leur sens critique, les clubs de consommateurs de la LFNB se chargent notamment d’envoyer des plaintes collectives au Ministère des Affaires économiques  [84]. Dans certains cas, les porteurs de l’initiative obtiennent gain de cause. Ainsi en est-il dans l’affaire dite des surgélateurs. Des firmes proposaient des surgélateurs en location avec la possibilité de les acquérir en fin de contrat en payant le solde et à la condition d’acheter chaque mois une certaine quantité de produits surgelés de leur marque. Une plainte collective a été déposée car beaucoup de consommateurs estimaient les prix des produits trop élevés et leur quantité trop importante. Au final, les firmes ont été contraintes de reprendre leurs produits.

79 Dans la même optique d’aider les consommateurs à se défendre, la LFNJF publie la revue Nous acheteurs (qui paraît six fois par an). Le BGJG publie une revue équivalente intitulée Zo koopt u het best [85].

2.4.8. Centres pluralistes familiaux

80 À partir de 1969, des centres pluralistes familiaux (CPF) sont créés de concert par la LFNJF, par le Centre d’éducation à la famille et à l’amour (CEFA), côté catholique, et par La Famille heureuse, côté laïque. L’initiative voit le jour lorsque se dessine un changement de mœurs en lien avec l’essor des mouvements féministes et l’apparition de la pilule contraceptive. Effectuant une mission d’éducation permanente, les CPF ont pour objectif de procurer des outils permettant d’aborder la vie d’adulte  [86]. Les CPF permettent également d’avoir accès à des consultations médicales ou à des consultations avec des psychologues ou conseillers conjugaux. Le pluralisme est inscrit dans les statuts, de sorte que chaque centre soit géré de manière équilibrée et que chacun y soit accueilli dans le respect de ses convictions philosophiques.

81 Même si le lien de parenté est réel, le mouvement des CPF reste distinct de la LFNJF, qui a soin de rappeler que ce qui engage l’un n’entraîne pas la responsabilité de l’autre  [87].

2.4.9. Garde d’enfants

82Le service de baby-sitting naît en 1974  [88]. À l’origine, il est organisé à l’initiative des sections locales, qui se contentent de mettre en relation les baby-sitters et les parents. La question des responsabilités en cas d’accident étant vite posée, la LF s’affilie à une compagnie d’assurances afin de couvrir tout problème. Désormais, aucune section locale ne peut plus organiser de baby-sitting sans adhérer à cette compagnie d’assurances et des conditions sont édictées : conditions d’âge et de sérieux, organisation du retour des baby-sitters aux heures tardives, tarifs, etc.

2.5. Composition

83 « Chacun à sa place » semble être le credo de la Ligue. Membres, militants et dirigeants ont tous un rôle spécifique à jouer en fonction de leur place dans l’organigramme du mouvement.

2.5.1. Membres

84 L’évolution des effectifs constitue un sujet de préoccupation central pour les dirigeants du mouvement. Plus celui-ci représente de familles, plus il a de poids et donc de légitimité pour tenter d’influencer les décisions politiques  [89] : « Pour faire triompher l’idéal familial qu’elle défend, la Ligue doit peser de tout le poids que lui confèrent les familles qui lui font confiance. Elle est un groupe de pression dont la force est directement proportionnelle au nombre de ses membres »  [90].

85 Les chiffres qui suivent constituent des estimations, obtenues en recoupant diverses sources d’informations (parfois contradictoires)  [91].

86 Pendant les dix premières années de vie de la LFNB, la croissance est exponentielle. Le nombre de ses membres (c’est-à-dire des chefs de famille affiliés  [92]) passe de 3 000 à 150 000. Ensuite, ce nombre stagne jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Cependant, durant cette quinzaine d’années, la LFNB solidifie ses structures et prépare un programme de propagande, qu’elle lance dès la fin de la guerre. L’entreprise porte ses fruits puisque, dès 1948, la croissance reprend de plus belle, et ce jusqu’au début des années 1970. Le mouvement atteint alors son maximum avec quelque 450 000 membres (environ 150 000 côté francophone et 300 000 côté néerlandophone). Suit alors une nouvelle stagnation des effectifs, et bientôt un recul. Celui-ci est surtout marqué pour la LFNJ, qui ne compte déjà plus que 116 000 membres en 1979. Pour sa part, le BGJG ne connaîtra de baisse significative que bien plus tard, à partir de 1989.

Graphique 3. Estimation de l’évolution du nombre de membres de la LFNB (1921-1971) et de son aile francophone (1946-1998)

Graphique 3. Estimation de l’évolution du nombre de membres de la LFNB (1921-1971) et de son aile francophone (1946-1998)

Graphique 3. Estimation de l’évolution du nombre de membres de la LFNB (1921-1971) et de son aile francophone (1946-1998)

87 Les francophones représentent environ un tiers des membres et les néerlandophones les deux autres tiers. Cela tient à deux facteurs. D’une part, la Flandre est plus peuplée que la Wallonie et compte davantage de familles nombreuses. D’autre part, la LFNB est mieux implantée au nord du pays  [93]. Ainsi, en 1964, le BGJG représente 65 % des familles nombreuses flamandes, contre 50 % des familles nombreuses francophones pour la LFNJF.

88 La ventilation par sections régionales est également riche en enseignements. En 1939, alors que, au niveau national, 39,5 % des familles nombreuses sont affiliées à la LFNB  [94], de fortes disparités se marquent sur le plan provincial : Limbourg, 69,0 % ; Anvers, 49,3 % ; Flandre occidentale, 48,1 % ; Luxembourg, 46,2 % ; Namur, 46,0 % ; Flandre orientale, 43,7 % ; Brabant, 40,1 % ; Liège, 35,6 % ; Hainaut, 32,3 %  [95]. En 1952, les régionales de Dinant, de Namur, de Verviers et de Virton affilient chacune entre 30 et 35 % des familles susceptibles de s’affilier ; celles de Bruxelles et de Tournai affilient entre 20 % et 25 % ; et celles de Charleroi, de La Louvière, de Liège et de Mons sont en deçà des 20 % d’affiliation. La régionale de Charleroi est bonne dernière en Wallonie, avec 11,5 % de familles affiliées  [96].

89 Il existe une corrélation entre le taux d’affiliation et deux autres réalités (elles-mêmes largement interdépendantes). D’une part, avec le degré d’industrialisation : les régions les plus industrialisées sont celles qui présentent les pourcentages les moins élevés de familles affiliées. D’autre part, avec l’importance du taux d’implantation du Parti catholique puis Parti social-chrétien : les régions dans lesquelles ce parti obtient les pourcentages de voix les plus élevés aux élections sont celles qui présentent les taux d’affiliation à la LFNB les plus hauts. Ainsi, lors des élections législatives du 4 juin 1950, le PSC obtient en Wallonie ses meilleurs scores dans les cantons de Dinant, de Namur, de Verviers et de Virton (ce qui correspond donc aux quatre régionales de la LFNB présentant les taux d’affiliation les plus élevés), et ses moins bons scores dans les cantons de Charleroi, de Liège et de Mons  [97].

90 Différents indices viennent en appui de l’hypothèse selon laquelle la LFNB recrute ses membres essentiellement dans le pilier chrétien. Ainsi, le comité de propagande du comité central wallon dit éprouver des difficultés à recruter dans les milieux ouvriers proches du Parti socialiste  [98]. De même, une enquête d’époque montre que, en 1962, les membres du BGJG sont 85 % à voter pour le CVP (contre seulement 10 % pour le BSP et 5 % pour le PVV) et 90 % à être également membres d’au moins une organisation d’obédience chrétienne comme le Boerenbond, l’Algemeen Christelijk Werkersverbond (ACW) ou le Kristelijke Arbeidsvrouwenbeweging (KAV)  [99].

91 Concernant l’aile francophone, les procès-verbaux de réunions du comité de propagande du comité central wallon offrent des éléments intéressants quant à l’identité idéologique des membres du mouvement. En 1958, les propagandistes estiment que les comités locaux sont trop orientés à droite ; ils décident alors de développer l’ouverture à gauche  [100]. La même année, après la publication dans Le guide du militant d’un article relatif aux positions de la LFNB en matière de neutralité  [101], les propagandistes relatent des réactions de membres qui « s’alarment de la “paganisation” du mouvement familial ». Ils s’inquiètent également de la difficulté de sortir des « ghettos idéologiques »  [102]. Ils considèrent alors à nouveau qu’une ouverture à gauche est nécessaire, tout en indiquant que celle-ci doit être conçue de manière lucide et mesurée pour éviter qu’elle n’entraîne une fermeture à droite, où se situe la masse des familles membres et des militants.

92 L’explication de cette proximité des membres de la LFNB avec le pilier chrétien tient dans le fait que, à cette époque, une large part des familles nombreuses est catholique. En effet, l’Église accorde une place de choix à la famille et encourage ses fidèles à avoir une nombreuse progéniture  [103].

93 En 1962, les membres du BGJG se répartissent comme suit sur le plan de l’activité professionnelle : ouvrier, 40,4 % ; employé, 14,0 % ; agriculteur, 13,8 % ; petit bourgeois, 11,7 % ; profession libérale, 4,8 % ; enseignant, 2,9 % ; industriel, 1,6 % ; pensionné, 8,0 % ; autre, 2,6 %  [104]. La répartition entre indépendants et salariés est respectivement d’un tiers et deux tiers. Ces résultats correspondent à la répartition professionnelle dans la société flamande ; ils signifient donc que le BGJG recrute ses membres dans toutes les couches de la population du nord du pays  [105]. Il n’existe pas de statistique semblable pour le comité central wallon ou la LFNJF.

2.5.2. Militants

94Les militants sont des adhérents qui s’investissent bénévolement dans la Ligue pour accomplir différentes tâches. Après avoir été longtemps cantonnés à des fonctions essentiellement administratives (cotisations, timbres ristournes, cartes de chemin de fer, etc.), les militants voient leur rôle évoluer en 1956. La LFNB attend désormais d’eux qu’ils soient également, et même surtout, « des animateurs familiaux, vivant, partageant, représentant les préoccupations des familles et le travail de la Ligue »  [106]. Leurs responsabilités sont dès lors multiples : informer les adhérents, entrer en contact avec les familles (suite à des sollicitations, sur renseignement d’autres personnes, lors de réunions de parents dans les écoles, etc.), créer des liens entre les familles, convaincre de futurs adhérents, transmettre les demandes de familles aux responsables du mouvement, identifier les familles qui peuvent avoir besoin d’un service et adapter ce service en fonction d’elles, recruter des militants, etc. En 1969, les responsables de la propagande insistent à nouveau sur le fait que les militants doivent être des animateurs (et si possible être jeunes) et traiter des problèmes contemporains auxquels sont confrontées les familles : drogue, érotisme, violence à la télévision, etc.  [107]

95 Les militants sont liés aux sections locales, mais ils reçoivent des instructions de la part du comité de propagande. Pour réaliser au mieux leur mission, il leur est essentiel de connaître le travail du mouvement et les réponses qu’il donne aux questions familiales. Or, compte tenu du développement des activités de la Ligue, l’autoformation ne suffit plus à acquérir les connaissances requises  [108]. Le comité de propagande organise dès lors des sessions d’information destinées aux militants, à tout le moins dès 1955. Du côté francophone, une à deux formations de ce type se tiennent chaque année. Souvent organisées le week-end, elles prennent la forme de conférences. En fin de session, les militants ainsi formés reçoivent des résumés des interventions, reprenant les informations dispensées durant la formation. Cela leur permet de devenir conférenciers dans leur section locale et de former ainsi, à leur tour, d’autres militants.

96 Les points abordés durant ces formations sont divers et variés  [109]. Une place importante est réservée à la définition du mouvement, à sa genèse et à ses missions. La formation à la propagande n’est jamais absente. Les militants y apprennent à expliquer que la LFNB a été la première et reste la seule association à réaliser un large rassemblement des familles et qu’elle exerce une pression directe sur l’État. Ils sont également entraînés à présenter les différents services qu’elle offre. Le comité de propagande s’étant rendu compte que les militants perdent souvent pied lorsqu’ils se trouvent en face de personnes qui contestent les positions du mouvement, les formations visent aussi à les préparer à toutes les questions auxquelles ils pourraient être confrontés.

97 À partir de 1954, les militants disposent d’un outil supplémentaire pour leur formation et leur information : Le guide du militant. Cette publication hebdomadaire est distribuée gratuitement aux membres du conseil d’administration et aux présidents et secrétaires régionaux et locaux. Pour leur part, les militants peuvent le recevoir moyennant un abonnement de 20 francs par an  [110]. Les articles publiés y sont classés par thème : « Action familiale », « Recrutement et propagande », « Organisation et administration » (renommé ensuite « La vie du mouvement »), « Au service des familles », « La vie des organes centraux », « La Ligue au Congo », « Documentation » et « Divers ». De nombreux articles donnent des exemples très précis d’actions à réaliser dans son entourage (par exemple : « Si vous devenez beau-père (…), un réflexe à acquérir : offrez une carte de membre comme cadeau »  [111]), de discours à tenir et même de phrases d’accroche et de blagues que les militants peuvent répéter aux chefs de famille qu’ils contactent. Il semble cependant que le guide est très peu lu par les militants. S’apercevant de ce manque d’intérêt, le comité de propagande décide d’ailleurs en 1958 de le transformer en un mensuel de plus petit format. En 1971, il est question de le supprimer car il est peu lu et coûte cher. Il est finalement décidé de changer à nouveau son format  [112].

98Outre les sessions de formation et le guide, les militants reçoivent de temps à autre une lettre du secrétariat général à laquelle est joint un argumentaire. Celui-ci explique le message à transmettre aux membres et futurs membres lorsque sont prises des mesures pouvant avoir un impact sur les adhésions (comme une augmentation de la cotisation)  [113].

99Lorsque le nombre de membres diminue, le premier réflexe des organes de direction est de s’interroger sur les capacités des militants : deviennent-ils trop vieux, trop bourgeois, trop peu motivés ?  [114] À plusieurs reprises, la LFNJF prend des mesures visant à remplacer les militants moins motivés, à mettre en place un suivi des plus jeunes par les anciens, à assurer une proximité idéologique entre les militants et les familles, etc.  [115]

100Malgré toutes ces initiatives, en 1969, un rapport interne de la LNFB tire la sonnette d’alarme au sujet de certaines carences des militants : « Au niveau interne, l’intendance ne suit pas… La plupart de nos militants en sont au stade : perception des cotisations, remboursement des timbres ristournes et délivrance des cartes de réduction sur les transports en commun. Et c’est un stade que beaucoup ne dépasseront jamais, il faut en être conscient. Les problèmes de consommation, d’action éducative, d’assurance [responsabilité civile] familiale dépassent et déroutent la masse des militants ; dès lors, ils s’en désintéressent. Et ce d’autant plus que des “spécialistes” s’occupent de certaines de ces questions : clubs de consommateurs, équipes de jeunes foyers. Les comités régionaux gèrent – souvent assez mal – les petites entreprises que sont les régionales. Leurs soucis sont administratifs et financiers. En règle générale, ils se soucient assez peu de découvrir et de former des militants locaux : le [délégué du secrétariat général] est là pour cela, il est “payé” pour cela. Les comités renvoient passivement les messages de la Ligue : on demande “quelqu’un du centre” pour parler de politique familiale, de consommation, de problèmes culturels (TV, semaine de 5 jours à l’école) à une réunion, on échange quelques idées et c’est fini. Le centre pense… Les [délégués du secrétariat général] agissent… Les comités régionaux ou les bureaux régionaux siègent et administrent. Il faut dire que nous avons – nécessairement – alourdi l’administration. D’où l’équation : administration amplifiée, animation anémiée »  [116].

2.5.3. Dirigeants

101Les fondateurs de la LFNB désiraient que le mouvement soit constitué sur une base pluraliste. Toutefois, une amorce de tournant vers la droite (c’est-à-dire vers les milieux conservateurs chrétiens) a été rapidement opérée. Jusqu’en 1955, la plupart des dirigeants de la LFNB sont issus de la bourgeoisie catholique. Au niveau local et régional, les dirigeants proviennent de milieux plus modestes mais sont également de tendance catholique. À partir de 1955, la LFNB entreprend de s’ouvrir à d’autres opinions philosophiques, en faisant entrer de nouveaux dirigeants et en choisissant des militants parmi toutes les tendances politiques et philosophiques  [117].

102 Parmi les membres dirigeants de la LFNB, les femmes sont fort peu représentées. Au sein du conseil d’administration, le pourcentage moyen de femmes est de 2,2 % jusqu’au début des années 1960 (soit une à deux femmes parmi une quarantaine d’administrateurs). Ensuite, jusqu’en 1972, la proportion tourne autour de 12 %. C’est à cette date que le principe de parité est adopté pour les membres cooptés, afin de « symboliser le pluralisme des situations »  [118]. L’année suivante, la proportion de femmes au conseil d’administration atteint les 25 %.

103 La Ligue ne pose aucune condition d’âge, si ce n’est celle d’avoir atteint la majorité légale, pour accéder aux instances dirigeantes  [119]. Dans les faits, et même s’il n’existe aucune statistique officielle à ce sujet, il appert que la majorité des dirigeants sont relativement âgés. La moyenne d’âge du conseil d’administration et des autres organes dirigeants de la LF diminue toutefois après 1972, lorsqu’il est décidé, afin d’accueillir au mieux « les catégories familiales encore mal déléguées dans [la] composition des membres élus », que le conseil d’administration doit être composé d’un tiers de membres représentant les jeunes foyers  [120].

104 La composition des organes dirigeants est faite d’une grande stabilité. Il n’est pas rare d’y voir les mêmes visages pendant des dizaines d’années. Ainsi, Paul Heymans est président de la LFNB de 1950 à 1959, Hubert Frère est président du groupement wallon en 1960 et président de la LFNJF (et donc également président de la LFNB par intermittence) entre 1961 et 1970, Jacques Zwick est présent dans les organes de la LFNB et la LFNJF entre 1955 et 1989, Frans Van Mechelen est président du BGJG durant 40 ans (de sa création à 2000).

105 Quelques personnalités notables, ayant exercé une influence particulièrement marquée sur le mouvement, se doivent d’être signalées ici.

106 Paul Heymans est un intellectuel catholique qui a été ministre des Affaires économiques, des Classes moyennes et de l’Agriculture dans le gouvernement Spaak I de 1938 à 1939. En tant qu’ancien ministre, il utilise ses relations pour permettre au mouvement d’atteindre ses objectifs  [121] ; sa présence renforce également l’image de la Ligue comme association d’obédience chrétienne.

107 Frans Van Mechelen est professeur à l’Université catholique de Louvain (UCL), député de Turnhout et ministre de la Culture néerlandaise dans les gouvernements Eyskens IV et V de 1968 à 1972. C’est sous sa présidence qu’est prise la décision de créer deux nouvelles asbl sur une base linguistique. La figure de F. Van Mechelen est fort controversée au sein du mouvement. Très apprécié au sein du BGJG (qu’il préside durant quatre décennies), il est perçu par la LF comme un flamingant à l’origine de la division du mouvement.

108 Pendant la Seconde Guerre mondiale, Joseph Gilles a été attaché au cabinet du ministre de la Santé et chargé de développer la politique familiale. Après le conflit, il remet sur pied l’Action familiale (cf. supra), avant de rejoindre la LFNB en tant que directeur du service des études en 1949 puis de devenir secrétaire général du comité central wallon en 1955. Il milite également au sein de Rénovation wallonne (mouvement fédéraliste wallon catholique), qu’il quitte cependant en 1962 lorsqu’il devient secrétaire général de la LFNJF. Il occupe ce poste jusqu’en 1978 et devient ensuite administrateur délégué jusqu’en 1980.

109 Jacques Zwick devient secrétaire adjoint de la LFNB en 1955, puis de la LFNJF en 1961. Il remplace J. Gilles comme secrétaire général à partir de 1978. Issu du monde socialiste, il est un temps chef de cabinet d’une ministre socialiste. Il milite dans les milieux culturels et est notamment président de la Commission consultative des centres culturels de la Communauté française. Il est à l’origine de la fondation du prix Bernard Versele de la LF (prix de littérature jeunesse créé en 1979). Fervent partisan du pluralisme, il donne à la LFNJF, dans les années 1950, l’impulsion nécessaire pour relancer cette orientation qui s’était estompée au fil du temps  [122].

2.6. Pluralisme

110Créée en 1921 afin d’« unir toutes les familles nombreuses pour la défense de leurs droits et de leurs intérêts moraux et matériels »  [123], la LFNB base son action sur le fait que la famille est la première institution sociale : « Quand la famille prospère, la nation prospère ; quand la famille périclite, la nation périclite ; quand la famille meurt, il ne reste plus qu’à écrire sur son tombeau : finis Patria »  [124].

111À ses débuts, le mouvement s’érige contre les idées malthusiennes et prône une politique nataliste. Par là, il s’agit pour lui de contribuer à la multiplication des familles nombreuses afin de lutter contre la dénatalité. Pour cela, la LFNB œuvre à rapprocher les familles nombreuses entre elles et à créer, au sein de ce groupe, « un élan de solidarité qui n’existait pas encore en Belgique »  [125]. Les ressorts de ses actions sont la valorisation et l’aide. D’une part, la LFNB tient à réhabiliter les familles nombreuses aux yeux de l’opinion publique, en montrant comment et combien elles rendent service à la société. D’autre part et surtout, elle estime que, en échange des services rendus, les familles nombreuses doivent obtenir des réductions sur les lourdes charges qu’implique le fait d’avoir plusieurs enfants. Ainsi, V. Fallon écrit que la famille doit être protégée par trois types de remèdes : primo, « ceux qui visent à protéger les familles contre les ennemis déclarés (immoralité  [126], pratiques néo-malthusiennes, avortement et mortalité infantile) » ; secundo, « ceux qui visent à assurer aux familles des ressources proportionnées à leurs charges et aux avantages qu’elles procurent à la société » ; tertio, « ceux qui visent à faire prévaloir dans toute la législation et dans toute l’organisation sociale ce principe essentiel que la famille est l’institution sociale par excellence (…) et que la famille (…) doit être entourée d’honneur et de respect »  [127].

112 Dès lors, les fondateurs de la LFNB considèrent qu’ils œuvrent pour la Belgique entière et pas seulement pour les familles moyennes et nombreuses. Il est donc évident pour eux que le mouvement soit ouvert à tous, sans distinction d’opinions philosophiques ou politiques ou de conditions sociales. Toutefois, ce pluralisme est bien vite mis à mal par le fait que les dirigeants et des membres appartiennent majoritairement au pilier chrétien (cf. supra) et donnent au mouvement une orientation idéologique proche de ce pilier. Cette situation empêche la LFNB d’atteindre l’entièreté de son public cible.

113 Jusque dans les années 1950, la LFNB peut être qualifiée de catholique (conservatrice) et de patriotique. Après le décès de ses fondateurs (L. Lemercier en 1954 et V. Fallon en 1955), le mouvement est marqué par ce que d’aucuns appellent des « errements idéologiques »  [128]. Néanmoins, si elle se définit alors comme neutre à l’égard des partis politiques, elle ne l’est pas à l’égard de la politique familiale. Dans ce domaine, ses positions sont claires et elle se dit prête à s’opposer à n’importe quel parti pour les défendre  [129].

114Les années 1950 sont marquées par de fortes tensions idéologiques. La LFNB, desservie par sa proximité avec la ligne du PSC en matière de politique familiale, perd son statut d’organisation non politisée aux yeux du PSB, et ce malgré sa stricte neutralité dans le cadre de la deuxième guerre scolaire (cf. infra). Entre 1954 et 1958, époque du gouvernement socialiste-libéral Van Acker IV, les tensions entre le LFNB et le PSB limitent le pouvoir de pression de la Ligue et entraînent une nécessaire clarification de ses positions.

115Afin de défendre sa neutralité, la LFNB communique à de nombreuses reprises sur celle-ci. Elle rappelle que « neutralité » ne signifie pas « passivité » ou « absence de prise de position ». Elle ajoute qu’elle réunit autour de l’intérêt familial toutes les familles indépendamment de leur milieu d’origine, des idéologies et des croyances auxquelles elles adhèrent, etc. Elle souligne également qu’elle sera toujours aux côtés des mouvements soutenant les familles et qu’elle s’opposera à ceux qui iraient dans un sens inverse  [130].

116D’une certaine façon, l’ouverture aux jeunes foyers, en 1955-1956, constitue, entre autres, une réponse à ce reproche. Le secrétaire adjoint, J. Zwick, souligne en 1955 que les idées de la LFNB sont reçues avec méfiance car le mouvement est soupçonné de défendre une doctrine familiale partielle et orientée idéologiquement  [131]. En s’élargissant aux jeunes foyers, la LFNB augmente sa base représentative et renforce sa neutralité et sa légitimité, tout en évitant la dispersion des efforts via la création de mouvements familiaux politiquement engagés. Cependant, la LNFB reste essentiellement tournée vers la famille nombreuse. En effet, l’ouverture aux jeunes foyers a également pour but d’inciter ceux-ci à devenir des familles nombreuses et d’éviter ainsi qu’ils ne se retrouvent dans le giron des associations néo-malthusiennes. Cette orientation se traduit d’ailleurs dans les statuts du mouvement, qui stipulent que les deux tiers des membres du conseil d’administration doivent être parent ou tuteur d’une famille d’au moins trois enfants. Dès lors, la LFNB défend toujours une doctrine orientée et conserve des affinités avec le pilier chrétien.

117 Même si la LFNB ne le reconnaît pas, les fondements de son idéologie familiale sont très largement d’inspiration chrétienne. Conscients de cette situation, certains dirigeants l’estiment problématique dans le chef d’un mouvement qui prétend œuvrer pour l’ensemble des familles.

118 Ainsi, J. Zwick prône l’ouverture au sein de la LFNB et de la LFNJF. En 1961, le moyen choisi pour assurer un plus grand pluralisme consiste notamment à coopter un quart des membres à chaque niveau (sections locales, sections régionales et conseil d’administration)  [132].

119 Cette transition ne plaît cependant pas à tous. Si certains estiment qu’un réel pluralisme est nécessaire, d’autres sont opposés au changement voire s’interrogent sur l’existence même d’une doctrine au sein de la LFNB. En juin 1969, une note interne pointe le malaise que ressentent un certain nombre de membres face aux évolutions de la LFNB  [133]. Selon ce document, le problème se pose à quatre niveaux : « Malaise des familles nombreuses traditionnelles devant une Ligue des familles qui n’exalte plus aveuglément les familles nombreuses. Malaise des familles catholiques devant une Ligue pluraliste qui semble mettre sur le même pied “la vérité” et “l’erreur”, par exemple en matière de planning familial. Malaise des familles “belges” devant une Ligue divisée et des excès du Bond que l’on reproche à la Ligue de ne pas éviter. Malaise des familles “classes moyennes” devant une action consommation qui – malgré les précautions prises – apparaît parfois comme agressive à l’égard des commerçants ». Le document, qui estime par ailleurs que les organes de presse de tendance catholique La Libre Belgique et Vers l’Avenir ont contribué à la formation de ce malaise, conclut : « La brave Ligue des familles nombreuses, bien-pensante et patriotique, est devenue un inquiétant mouvement revendicatif, syndical (elle l’a toujours été mais le terme de syndicat familial est entré dans notre vocabulaire (…)), qui défend les enfants uniques (…), qui attaque les commerçants (…), qui est fédéraliste (elle a eu Van Mechelen comme président “national”) et qui donne la parole à des athées (…). On nous a changé notre Ligue. C’est vrai. Une révolution s’est faite et devait se faire : peut-être ne l’avons-nous pas assez expliquée, justifiée ». Les auteurs de cette note estiment donc que les problèmes rencontrés par la LFNB et la LFNJF ne sont pas la conséquence du pluralisme, mais d’une transition incomplète et d’un manque de communication en interne.

120 En effet, durant les années 1960, le modèle familial s’est modifié, sous l’impulsion du mouvement de Mai 68 notamment. Les femmes s’émancipent, le nombre de divorces augmente, etc. La Ligue est consciente de cette évolution et tente avec prudence de déceler les avancées souhaitables tout en évitant un trop grand décalage avec ses membres « traditionalistes »  [134]. La note interne de juin 1969 met en exergue ce décalage entre les traditionalistes et les modernes, partisans de modèles familiaux très éloignés les uns des autres.

121 Ce malaise provoque une profonde remise en question, qui débouche sur une réforme majeure de la LFNJF. À la manœuvre, le conseil d’administration souhaite à la fois mettre le mouvement en phase avec l’évolution de la société et le renforcer. Cette réforme passe donc par un approfondissement du caractère pluraliste de la Ligue. Le changement de dénomination opéré en 1971, qui supprimera l’équivoque créée par la locution « jeunes foyers », y contribuera partiellement.

122 La LFNJF espère aussi accroître le pluralisme en développant la participation et l’intérêt des membres (modifier la structure pour inciter la participation aux assemblées générales, confier un rôle d’animateur aux militants, rapprocher Le Ligueur de la « masse », etc.)  [135].

123Toutefois, la réforme la plus importante mise en place par le conseil d’administration de la LNFJF consiste à donner la priorité aux activités internes de la Ligue, au détriment des actions extérieures. En effet, face aux différents rapports qui insistent sur la passivité de plus en plus importante de la société, il appert que ce sont surtout les avantages internes au mouvement (timbres ristournes, services baby-sitting, etc.) qui attirent les familles, plutôt que les actions publiques. De plus, ces dernières, souvent clivantes, portent en elles des germes de division des familles et du mouvement. C’est pourquoi le conseil d’administration de la LFNJF prend la décision de privilégier les actions publiques populaires plutôt que d’autres, certes peut-être plus utiles sur le long terme mais nettement moins populaires. L’unité et la force du mouvement sont privilégiées par rapport à son efficacité  [136].

124En 1971, la LFNJF change de dénomination et devient la LF. Mais qu’entend-elle alors par le terme « famille » ? Il n’est guère aisé de trouver des documents explicitant cette notion. Une note rédigée par J. Zwick en 1976 donne néanmoins un début d’explication : la famille dont la LF s’occupe est constituée par un couple avec un ou des enfant(s) né(s) de son amour. Sa définition s’étend également à tous ceux qui luttent pour ce modèle de famille indépendamment des accidents de la vie (divorcés, mères célibataires, veufs). La LF ne juge ni ne condamne pas les autres formes de vie, mais elle considère que ces dernières ne concernent pas son action.

125 La LF connaîtra encore des modifications en 1985 et en 1996, devenant la Ligue de toutes les familles plutôt que de toute la famille  [137]. Enfin, c’est en 2006 qu’elle s’ouvrira aux familles homoparentales, c’est-à-dire lorsque sera promulguée une loi permettant l’adoption par des personnes de même sexe  [138].

3. La Ligue des familles, un groupe de pression

126 Pour agir en tant que groupe de pression, la Ligue mise essentiellement sur deux axes : sa légitimité (par son expertise, sa représentativité et le nombre de ses membres) et sa présence dans des organes consultatifs. Contrairement à d’autres associations, elle table très peu sur de grands rassemblements de masse ou sur de vastes campagnes d’information pour soutenir ou contester une mesure politique. La stratégie qu’elle met en place se déploie donc en deux étapes : acquérir d’abord le statut d’association incontournable en matière de questions familiales, puis se placer au plus près des centres de prise de décision.

127 Pour étudier les moyens de pression mis en œuvre par la LFNB et la LFNJF (ceux-ci étant globalement identiques, moyennant quelques spécificités), nous opérons une distinction entre pression directe et pression indirecte. Dans le premier cas, il existe une relation immédiate entre le groupe de pression et les décideurs politiques visés. Dans le second cas, cette relation immédiate n’existe pas.

3.1. Moyens de pression directe

128 La Ligue tente de faire directement pression sur divers responsables politiques (présidents de parti, ministres, parlementaires). Elle œuvre également à être représentée dans les organes consultatifs touchant à la famille.

3.1.1. Relations avec les responsables politiques

129 Dès sa création, la LFNB veille à soigner ses rapports avec le monde politique. Lorsqu’elle désigne ses président et vice-présidents, elle est très attentive à ce que chacun des trois principaux partis soit représenté (cf. supra). Par la suite, ses relations avec les milieux politiques passent essentiellement par la cooptation (certains membres cooptés des instances dirigeantes du mouvement sont choisis au sein des appareils des partis) et par l’affiliation individuelle (des mandataires politiques deviennent membres de la Ligue, susceptibles ainsi de défendre les intérêts représentés par celle-ci dans l’arène politique). Il s’avère toutefois que les cooptés à titre de mandataires politiques sont peu présents aux réunions de l’association, en raison de leur emploi du temps chargé et, pour certains, d’un manque d’intérêt pour les questions débattues (celles-ci étant parfois sans lien avec leurs responsabilités politiques).

130 Les relations entre la Ligue et les partis sont particulièrement intenses en période électorale. C’est alors que les intérêts des formations politiques et ceux des groupes de pression se rejoignent le plus. Les premiers tentent de recueillir le soutien le plus large possible dans les urnes, tandis que les seconds les assurent de ce soutien en échange d’une oreille attentive. Par la suite, après qu’un gouvernement est formé ou lorsqu’il est sur le point de l’être, la Ligue contacte quelques-uns de ses membres ou futurs membres présumés dans le but d’influencer leur programme à venir. En règle générale, il s’agit du Premier ministre  [139], du ministre ayant la Famille dans ses attributions et, surtout, du ministre en charge de la Prévoyance sociale (détenteur du portefeuille des allocations familiales). En cours de législature, le mouvement approche également de nombreux autres ministres (Classes moyennes, Finances, Instruction publique, etc.) et des parlementaires, en fonction de l’actualité politique ou de ses propres priorités en matière familiale (logement, enseignement, impôt, service militaire, etc.)  [140].

131 La Ligue veille à être entendue du monde politique lorsque les réformes politiques annoncées ou en cours ont trait, de façon étroite (allocations familiales, etc.) ou plus lointaine (réforme de la fiscalité, etc.), à la famille. Elle procède pour cela par correspondance et, dans une moindre mesure, par entrevues. Par courrier, elle contacte des présidents de parti, des membres du gouvernement et des parlementaires pour leur communiquer son programme, pour leur fournir de la documentation, pour leur soumettre des arguments supplémentaires en faveur ou en défaveur de la mesure envisagée, pour solliciter des audiences et entretiens  [141], pour tenter d’obtenir qu’un de ses responsables fasse partie des personnes auditionnées par une commission parlementaire, etc.

132 D’autres prises de contact ont pour but d’inviter les responsables politiques à assister voire à prendre part aux événements organisés par le mouvement (conférence, congrès, assemblée générale, etc.). Ainsi, certains membres ou anciens membres du gouvernement, de la Chambre des représentants et du Sénat sont amenés à prendre la parole durant ces événements. Le graphique 4 renseigne l’appartenance politique des personnalités politiques ayant prononcé une allocution lors des congrès de la Ligue entre 1924 et 1955. On voit que la majorité d’entre eux appartient au monde chrétien. Cela est particulièrement vrai entre 1949 et 1955. Seul fait exception le ministre de la Famille Edmond Leburton (PS). En cette période de tensions entre cléricaux et anticléricaux, la proximité de la LFNB avec le pilier chrétien entraîne apparemment une forme de boycott par les représentants des partis laïques.

Graphique 4. Appartenance politique des orateurs aux congrès de la LFNB (1924-1955)

Graphique 4. Appartenance politique des orateurs aux congrès de la LFNB (1924-1955)

Graphique 4. Appartenance politique des orateurs aux congrès de la LFNB (1924-1955)

Sources : L. Ballet, P. Roosen, Historique de la Ligue des familles nombreuses de Belgique (ouvrage inédit), 3 tomes, s.l.n.d. [1956-1957].

133 Enfin, certains dirigeants de la Ligue, par leur parcours militant ou professionnel, sont introduits dans les milieux politiques (par exemple, P. Heymans et F. Van Mechelen sont d’anciens ministres, cf. supra). Ils peuvent donc jouer de ces relations privilégiées pour soutenir le mouvement. Certains parlementaires sont par ailleurs affiliés à la Ligue. Leur présence dans une commission chargée d’étudier un projet de loi ou une proposition de loi relative à la famille constitue donc un enjeu pour le mouvement (qui, pour l’obtenir, déploie parfois de grands efforts)  [142].

3.1.2. Présence au sein d’organes consultatifs

134 Afin d’exercer une influence sur les instances politiques, la LFNB tente d’intégrer divers organes consultatifs. Parvenant à se faire reconnaître comme une organisation représentative, elle siège ainsi dans plusieurs organismes officiels : le Conseil supérieur de la famille (CSF), la Caisse de compensation des allocations familiales (actuel Office national d’allocations familiales pour travailleurs salariés - ONAFTS), l’Institut national d’assurances sociales pour travailleurs indépendants (INASTI), le Conseil supérieur du troisième âge (créé en 1969), le Conseil supérieur d’éducation populaire (actuel Conseil supérieur d’éducation permanente), etc.  [143]

135 Sa présence au sein du CSF est à relever tout particulièrement. Attaché au Ministère de la Santé publique et de la Famille, cet organe consultatif est créé par un arrêté du Régent du 16 juillet 1947 afin de procurer au ministre des suggestions sur les questions concernant la famille, ou de donner son avis sur des questions soumises par les membres du gouvernement ou de sa propre initiative. En 1947, pas moins de cinq membres de la LFNB siègent au CSF ; le président général, le vice-président, le secrétaire général et les présidents des comités centraux wallon et flamand  [144]. Cela fait d’elle l’association la mieux représentée dans cette instance, suivie de loin par l’Action familiale, la Fédération des industries belges (FIB), KWB, les FPS et le MPF, qui ne comptent chacun que deux représentants. En 1960, la LFNB conserve cette position, avec désormais sept membres  [145]. Après la création des deux asbl communautaires, chacune d’entre elles nomme quatre représentants  [146] ; en 1979, la LFNJF compte à elle seule cinq membres au sein du CSF.

136 Très représentée au sein du CDF, donc, la LFNB pèse sur les débats (notamment ceux ayant trait aux bourses d’études ou à la création d’un Ministère de la Famille autonome). Cependant, le CSF n’en demeure pas moins un organe consultatif, qui n’a dès lors aucun pouvoir réel sur les décisions finales.

3.2. Moyens de pression indirecte

137 Afin de faire pression sur les décideurs politiques de manière plus indirecte, la Ligue multiplie les initiatives : elle diversifie les canaux de communication (publications propres, présence dans les médias, émissions radio ou télé), elle organise des rassemblements collectifs (congrès, assemblées générales, manifestations), elle tisse et entretient des liens avec d’autres groupes de défense des intérêts familiaux.

138 Après la Seconde Guerre mondiale, la propagande – tant en interne (attirer le plus d’adhérents possible et les informer afin qu’ils se sentent proches du mouvement et de ses revendications) que vis-à-vis de l’extérieur (organiser et centraliser l’action sur l’opinion publique et diffuser au maximum les idées du mouvement) – est confiée à deux comités spécifiques : un par communauté linguistique. Côté francophone, le comité de propagande relève d’abord du comité central wallon puis, à partir de 1961, de la LFNJF  [147].

3.2.1. Communication

Publications propres

139 Dès sa création, la LFNB mise sur l’édition pour appuyer son action. D’une part, en éditant elle-même de nombreux bulletins et autres publications destinés à ses membres (afin d’assurer la communication interne et l’envoi d’informations à chaque famille affiliée), ainsi que des tracts et brochures. D’autre part, en créant, en 1928, un fonds des publications, destiné à encourager la réalisation de travaux sur lesquels elle pourra s’appuyer pour défendre ses causes ou préparer des réformes qu’elle juge utiles. Chaque année, ce fonds distribue des prix (le prix Gollier et le prix Michel Levie, du nom des principaux donateurs)  [148].

140La publication la plus importante du mouvement est l’édition hebdomadaire du Ligueur (cf. supra). Outre celui-ci, la Ligue édite chaque année un numéro spécial de propagande (de portée générale ou à destination spécifique de jeunes foyers). Ce numéro spécial est distribué gratuitement aux familles susceptibles de s’affilier afin de tenter d’accroître simultanément le nombre de membres et le poids de la Ligue. Existent également, pour usage interne, Le guide du militant et Infor-Ligue (cf. supra).

141 La Ligue publie de très nombreux ouvrages, dont des études relatives aux questions familiales et destinées au grand public. De cette manière, elle souhaite démontrer son niveau d’expertise et augmenter son crédit et sa légitimité à représenter les familles  [149]. Enfin, la Ligue édite force brochures, qui informent sur le mouvement en général (services offerts, combats menés, procédures d’affiliation, etc.), sur un service particulier (fonds du logement, clubs de consommateurs, vacances familiales, etc.) ou sur une question particulière (allocation pour les mères au foyer, Ministère de la Famille, etc.). Ces brochures sont destinées à être distribuées par les militants aux familles membres ou non membres.

142 Enfin, la Ligue imprime des affiches, dont elle se sert essentiellement pour attirer des affiliés et pour annoncer ses congrès, mais également, dans une moindre mesure (les brochures et tracts étant préférés pour ce faire), pour avertir l’opinion publique de ses revendications, prises de position et actions. Ce moyen de communication se développe surtout après la Seconde Guerre mondiale, par l’action du comité de propagande. Jusqu’alors, les affiches étaient peu et mal utilisées en raison d’un manque d’expertise dans ce domaine (il s’agissait souvent de longs textes)  [150]. Dans les années 1950, le comité de propagande du comité central wallon œuvre à rattraper son retard : « L’affiche devra être parlante ; elle pourra comporter des textes mais devra accrocher, se faire lire grâce à un slogan, un graphique, une image qui frappe, étonne, amuse, interloque, en un mot qui retienne l’attention. L’affiche demeurera optimiste ; les prophètes de malheur ne sont pas écoutés et n’attirent pas la sympathie. Plusieurs projets seront demandés. Le tract développera le thème de l’affiche »  [151].

143 Des affiches de grand format sont placardées dans les grandes villes du pays, tandis que des affiches d’un plus petit format sont reproduites à destination des autres localités  [152]. Le comité de propagande charge les sections régionales d’élaborer un plan d’affichage, afin d’identifier les endroits où le passage est fréquent et préconise le placement de plusieurs affiches pour que l’effet soit « massif et spectaculaire »  [153]. Les militants sont invités à placer des affiches sur leurs fenêtres ou et à coller des affichettes sur les vitres de leurs voitures.

Recours aux médias

144La Ligue table sur le recours aux médias de communication (presse écrite, radiodiffusion, télévision) pour donner de la visibilité à ses actions.

145En début d’exercice, des membres du comité de propagande sont choisis pour établir des contacts avec certains journaux (chacun se voyant attribuer un organe de presse en particulier). C’est essentiellement la presse régionale qui est visée, la presse nationale étant plus difficilement accessible  [154] ; néanmoins, Le Soir et La Libre Belgique publient régulièrement des comptes rendus des congrès nationaux du mouvement dans leurs colonnes. La Ligue procède par l’envoi de communiqués de presse contenant son programme de l’année, sa position par rapport à des sujets de politique familiale, les résultats de ses congrès, etc.  [155] Pour son congrès doctrinal des 30 et 31 mai 1959, elle contacte une vingtaine de journaux : L’Avenir du Luxembourg, Le Bon Choix, La Cité, Le Courrier de l’Escaut, Le Courrier du soir, La Dernière Heure, Dimanche, Le Drapeau rouge, La Gauche, La Gazette de Liège, Le Jour, Le Journal du canton de Ciney, Le Journal de Huy, Le Journal de Mons et Borinage, La Lanterne, La Libre Belgique, La Métropole, La Meuse, Le Peuple, Le Populaire, La Semaine d’Averbode et Vers l’Avenir [156]. Si les manifestations du mouvement sont renseignées dans pratiquement tous les journaux sans distinction de tendance politique, les comptes rendus de prises de position trouvent par contre « moins leur place dans les journaux de gauche du fait des valeurs sur lesquelles se base la Ligue »  [157].

146 Loin de ne viser que la presse écrite, le comité de propagande transmet également ses avis et revendications aux différentes radios (essentiellement provinciales) dans l’espoir d’un écho. Dans les années 1950, la LFNB dispose en outre de 15 minutes d’antenne par mois dans l’émission « Kinderweeld » diffusée sur la longueur d’ondes de l’Institut national de radiodiffusion (INR). Cette émission est faite d’actualités familiales, d’annonces relatives au programme et aux activités de la Ligue, et de reportages sur des familles ou des institutions s’occupant de questions familiales  [158]. Plus tard, l’émission Formule J invite également des représentants du mouvement. En 1961, Radio Namur, Radio Hainaut et Radio Liège diffusent des émissions réalisées en collaboration avec la LFNJF (débats, reportages sur la vie de familles nombreuses, etc.)  [159].

147 Si la radio est relativement accessible à la Ligue, la télévision l’est beaucoup moins. Néanmoins, par le biais de son club de consommateurs créé en 1961, la LFNJF a une séquence, intitulée « Nous acheteurs », dans l’émission Le magazine des consommateurs de la Radiodiffusion-Télévision belge (RTB)  [160].

3.2.2. Rassemblements collectifs

Congrès et assemblées générales

148Le premier président de la LFNB, M. Levie, déclare qu’en Belgique, les seuls moyens de toucher l’opinion publique sont les manifestations et les meetings  [161]. À sa création, la LFNB compte trop peu de membres pour espérer avoir un impact en organisant des manifestations. Dans un premier temps, elle se limite dès lors à des meetings, sous la forme de congrès et d’assemblées générales.

149 Les congrès permettent de mobiliser les militants et de porter à la connaissance du grand public les objectifs poursuivis par la Ligue. Ils se tiennent généralement en province et exceptionnellement à Bruxelles. À partir de 1929, ils se déroulent au printemps, tandis que les assemblées générales, parfois aussi appelées congrès d’automne, se tiennent en automne. Pour attirer le public, des affiches sont collées aux fenêtres des commerçants de la ville retenue et des localités voisines, des banderoles sont accrochées aux autocars qui se rendent au congrès, une interview des organisateurs est donnée dans la presse locale et régionale, etc.  [162]

150 Le schéma des congrès varie peu  [163]. Durant la matinée, plusieurs orateurs traitent d’une question familiale ou d’un problème d’actualité, et la réunion se clôt par un débat. Ensuite, lorsque le congrès se passe en province, l’assemblée se déplace en cortège à travers la ville (avec les drapeaux des sections régionales) jusqu’à l’hôtel de ville, où se déroule une réception suivie d’un repas pendant lequel des personnalités prennent la parole. À partir de 1935, la séance du midi n’est plus commune aux francophones et aux néerlandophones, chacun des deux groupes se réunissant séparément pour cette partie du programme.

151 Après l’interruption causée par la Seconde Guerre mondiale, la pratique des congrès reprend. Deux changements d’importance interviennent alors. D’une part, les comités centraux wallon et flamand organisent dorénavant leurs congrès propres, dénommés respectivement « journées familiales » et « landdagen » (un congrès national, organisé à Bruxelles, continue cependant à avoir lieu). D’autre part, la finalité des congrès change. Désormais, ceux-ci s’apparentent davantage à des journées d’étude et de réflexion sur le mouvement qu’à des journées de propagande  [164]. Toutefois, cette mutation est sensiblement moins marquée pour les congrès communautaires que pour les congrès nationaux.

152 Lors des congrès, le mouvement fait le point sur la politique familiale ainsi que sur ses propres actions, et présente le programme d’action de l’année à venir. De manière à s’assurer que les milieux politiques aient connaissance des résultats de ses congrès, la Ligue mise sur des comptes rendus dans la presse et sur les mandataires politiques qu’elle a invités et qui ont été présents (cf. supra).

153 Pour leur part, les assemblées générales sont organisées conformément aux statuts. La première d’entre elles se déroule donc en 1921. Elles visent le même objectif que les congrès, à savoir porter à la connaissance du public les objectifs poursuivis par le mouvement. Pour attirer un maximum de membres lors des assemblées générales, la Ligue organise des tombolas ou propose aux affiliés d’obtenir le remboursement de leurs timbres ristournes sur place  [165].

Manifestations publiques

154 Après une quinzaine d’années d’existence, la LFNB estime avoir atteint un nombre suffisant de membres pour pouvoir organiser utilement des manifestations, de façon à lui permettre de toucher l’opinion publique de manière plus visible et marquante qu’avec les congrès et assemblées générales. Il s’agit pour elle de rassembler des personnes soutenant les causes qu’elle défend pour défiler et montrer la force du mouvement. Ces actions se veulent « spectaculaires en vue d’attirer l’attention de l’opinion publique mais également celle des autorités pour atteindre les objectifs de son programme »  [166].

155 Toutefois, la LFNB utilise peu ce moyen de pression au niveau national, préférant des manifestations locales de moindre ampleur  [167]. Seules deux manifestations d’une réelle envergure sont organisées durant la période envisagée ici : celle du 4 novembre 1934 et celle du 20 novembre 1955. Toutes deux ont pour cadre les rues bruxelloises.

156 La manifestation de 1934 constitue une démonstration de force. Son seul motif est de montrer au public, à la presse et aux autorités que la LFNB « est une force organisée »  [168]. Pour ce faire, le mouvement décide que seuls les hommes participeront au cortège, jugeant préférable de ne pas admettre d’éléments féminins : « Nous voulons marquer la puissance de la Ligue, or, pour provoquer une impression de force, il est évident qu’une démonstration exclusivement masculine aura plus d’effet sur la foule des spectateurs – même si elle comporte plusieurs milliers d’éléments en moins »  [169]. Le 4 novembre 1934, 6 000 mères se joignent néanmoins aux 40 000 pères de familles nombreuses  [170].

157 Pour sa part, la manifestation de 1955 a un objet précis, celui d’inciter le gouvernement à réinstaurer un supplément d’allocation pour les mères au foyer (cf. infra) : 10 000 personnes y prennent part  [171].

3.2.3. Relations avec d’autres groupes de pression

158 Pour soutenir ses actions, la Ligue entretient des relations avec d’autres groupes de pression. Ceux-ci ne sont pas spécialement des organisations familiales, mais tous défendent les intérêts de la famille.

159 Certaines de ces relations sont institutionnalisées. Structurées, coordonnées et fréquentes, elles trouvent place au sein même des organes du mouvement. Elles peuvent prendre deux formes : la cooptation ou la création d’une commission destinée à examiner une problématique familiale donnée. Grâce à la cooptation, des figures d’autres organisations sont intégrées aux organes dirigeants de la Ligue, permettant une meilleure représentativité au sein de celle-ci. De même, pour constituer leurs commissions, la LFNB puis la LFNJF  [172] font appel à des personnes provenant de différentes organisations ; cela leur permet de revendiquer une plus grande légitimité en représentant les intérêts du groupe le plus large possible.

160 En 1959, par exemple, huit commissions sont instituées : « Accueil de l’enfant et éducation familiale préscolaire », « Démocratisation de l’enseignement », « Ressources familiales », « Travail de la mère », « Allocations familiales des non-salariés », « Fiscalité », « Aspects économiques et allocations familiales », « Consommation »  [173]. Des représentants d’organismes très divers siègent dans une ou plusieurs d’entre elles : Office national de sécurité sociale (ONSS), Caisse mutuelle nationale des allocations familiales, Conseil supérieur de l’enseignement technique, Fédération des étudiants de Belgique (FEB), Fédération des industries belges (FIB), Institut d’étude économique et sociale des classes moyennes (IESCM), Fédération nationale des classes moyennes, Fédération nationale des classes moyennes chrétiennes, Vlaams Economische Verbond (VEV), FGTB, Union professionnelle agricole (UPA), Alliance agricole belge (AAB), Boerenbond, Boerenfront, Mutuelle des Syndicats réunis, MOC, Conseil national des femmes belges (CNFB), Caisse générale d’épargne et de retraite (CGER), Association belge des banques et des sociétés de bourses (ABB), Organisation mondiale pour l’Éducation préscolaire (OMEP), etc. Le plus souvent, lorsque le conseil d’administration décide de mettre en place une commission, un de ses membres propose que des représentants d’associations soient présents afin que la commission soit la plus compétente et représentative possible  [174].

161 La LFNB et la LFNJF font également partie d’organismes faîtiers comme l’Union internationale des organismes familiaux (UIOF) et son aile belge, le Comité national belge des organismes familiaux (CNBOF). Au sein de ce dernier, la LFNB côtoie par exemple, en 1954, le CSF, la LOFC, l’Association des caisses d’allocations familiales (ACAF), l’Action familiale populaire (AFP), l’Association de service familial, le Comité national d’éducation familiale, l’Association catholique des familles, le centre familial de la Jeunesse indépendante chrétienne féminine (JICF), la Fédération des femmes catholiques belges, l’Unie der Arbeidersgezinnen, le Boerinnenbond et Familieleven  [175]. La Ligue tente aussi de se rapprocher d’organismes comme l’Office national de l’enfance (ONE), afin qu’ils informent les familles de ses actions  [176].

162 Enfin, certaines relations sont liées à des activités spécifiques de la Ligue ou à des circonstances particulières  [177]. Ces relations conjoncturelles naissent par exemple au cours d’une campagne électorale ou à l’occasion d’un projet ou proposition de loi qui déplaît à plusieurs associations. Les congrès et les assemblées générales constituent également des occasions de renforcer les liens avec d’autres organisations en les y invitant.

4. La Ligue en action : trois exemples

163 Ce chapitre analyse le comportement de la Ligue dans le cadre de trois dossiers emblématiques de son histoire. Ces moments forts et déterminants sont la réinstauration (un tel mécanisme ayant existé entre 1948 et 1955) d’une allocation pour les mères au foyer, la création d’un Ministère autonome de la Famille et la question de la dépénalisation de l’avortement. Tous trois sont représentatifs de l’évolution de la Ligue entre 1950 et 1975. Celle-ci se caractérise par l’éloignement progressif et volontaire du pilier chrétien, par la marche résolue vers un pluralisme effectif (et non plus seulement théorique) et par la renonciation au statut de groupe de pression.

4.1. L’allocation pour les mères au foyer

164 L’allocation pour les mères au foyer constitue l’une des principales revendications de la LFNB dans les années 1950 et 1960. C’est même l’un des seuls dossiers dans le cadre desquels elle organise une manifestation de grande ampleur.

4.1.1. Contexte

165 Lorsqu’elle voit le jour, l’idée d’instaurer une « allocation mère au foyer » (AMF) ne constitue pas une tentative de maintenir les mères de famille dans leur foyer. Il s’agit plutôt de les rémunérer pour les tâches ménagères dont elles s’acquittent et de leur donner la possibilité de choisir librement entre le fait de travailler à l’extérieur et celui de demeurer chez elles pour s’occuper de leurs enfants et gérer leur ménage. Cette proposition devient de plus en plus populaire après la Seconde Guerre mondiale. En sus, elle est soutenue par diverses associations appartenant aux trois piliers de la société belge (LFNB, FPS, syndicats chrétiens, etc.)  [178].

166 En 1948, le ministre du Travail et de la Prévoyance sociale, le socialiste Léon-Éli Troclet, institue par arrêté royal  [179] une AMF dans le cadre des allocations compensatoires. En 1949, son successeur, le social-chrétien Oscar Behogne, instaure cette AMF sous sa forme définitive  [180]. Il s’agit alors d’une allocation accordée à la femme qui est l’épouse d’un travailleur salarié et à la condition qu’elle se consacre entièrement à ses tâches ménagères et qu’elle s’occupe au moins d’un enfant. En 1951, le montant de l’AMF est de 100 francs belges par mois s’il y a un enfant à charge, de 150 francs s’il y en a deux, de 200 francs s’il y en a trois, etc.

167 En 1954, grâce à un surplus budgétaire, l’AMF est majorée pour un an  [181]. Il s’agit là d’un complément exceptionnel non négligeable de plus de 30 %. Dès l’année suivante, ce complément est supprimé et l’AMF est réduite à son taux de 1953. Néanmoins, le 29 juillet 1955, suite à des mouvements sociaux et à une campagne menée par la LFNB  [182], le gouvernement Van Acker IV (réunissant sociaux-chrétiens et libéraux) accepte de mettre en place un nouveau supplément d’allocation pour une durée de trois mois (d’août à octobre 1955). Son financement doit être rendu possible par une augmentation de 0,5 % de la cotisation patronale à la sécurité sociale. Cependant, pour accorder cette majoration, il est nécessaire d’opérer une modification de l’arrêté-loi du 28 décembre 1944 sur la sécurité sociale  [183]. Les Chambres étant alors en congé, le gouvernement s’engage donc à déposer un projet de loi dans ce sens dès l’ouverture de la nouvelle session parlementaire.

168 Dès le même mois, le projet de loi annoncé est soumis à une commission qui, présidée par le ministre du Travail, est chargée de préparer un projet de réforme des allocations familiales (commission dont la création découle de l’accord du 29 juillet 1955 et dont la LFNB ne peut faire partie en raison de l’opposition de la FGTB)  [184]. Progressivement, la question de départ se modifie. Le débat ne porte plus sur l’opportunité d’instaurer des compléments à l’AMF, mais sur celle de maintenir l’AMF elle-même. En définitive, l’AMF est supprimée par un arrêté royal du 10 avril 1957  [185], tandis que l’argent qui lui était destiné est utilisé pour majorer les allocations familiales  [186].

4.1.2. Position de la Ligue

169En 1955, la LFNB développe quatre arguments principaux en faveur de l’AMF  [187]. Primo, elle considère que la présence au foyer de la mère est indispensable pour le bon développement de sa progéniture. Elle ajoute que la chose est vérifiée non seulement pour les nourrissons (la mère étant la seule personne qui ressent instinctivement leurs besoins et qui peut donc leur fournir les soins adéquats), mais aussi pour les enfants jusqu’à 7 ou 8 ans (ceux-ci pouvant, dans le cas contraire, présenter des retards mentaux et physiques). Elle considère par ailleurs que les enfants ont aussi besoin de la présence de leur mère au cours de cette période d’instabilité que constitue l’adolescence. Secundo, la famille a un rôle éducatif inégalable et, dans ce cadre, la mère est irremplaçable. Dès lors, selon la LFNB, ceux qui estiment que c’est à l’État d’assurer l’éducation des enfants et préconisent d’encourager le travail de la femme doivent être conscients que la présence de mineurs dans les rues, dans les centres de redressement et dans les prisons risque d’augmenter. Tertio, le travail de la mère met en péril l’atmosphère familiale indispensable pour préparer les enfants à leur vie familiale future : « Comment une telle préparation pourrait-elle être efficace sans l’exemple d’incomparable dévouement, d’énergie, d’économie et de sagesse que la mère de famille donne à chaque instant aux siens ? La mère est l’axe du ménage, le cœur de la famille »  [188]. Quarto, la Ligue considère que le fait d’être mère et de s’occuper des enfants fait partie de l’être de la femme, qui dispose de l’instinct d’aimer et d’aider. Dès lors, le fait de devoir abandonner leurs enfants pour un travail lucratif « fait horreur »  [189] aux mères et ce n’est généralement que pour des raisons de pression économique que certaines d’entre elles doivent s’y résoudre. Bref, une femme qui délaisse ses enfants pour aller travailler est une mauvaise mère car elle perturbe l’atmosphère familiale et entrave le bon développement physique, psychologique et éducatif de ses enfants, ce qui est en contradiction avec son instinct maternel. Avalisé par le conseil d’administration, cet argumentaire est publié en 1956 dans Le guide du militant pour appuyer les missions de propagande  [190].

170 Pour développer ses arguments, la LFNB se base entre autres sur une étude menée par un expert en santé mentale de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), John Bowlby  [191]. Celui-ci décrit les femmes comme des mères entièrement dévouées à leurs enfants « nuits et jours, sept jours par semaine et 365 jours par an » et considère que ce dévouement aide les enfants à se développer. Il affirme dès lors que, rien ne pouvant remplacer l’amour d’une mère, il est préférable pour le bon développement d’un enfant de vivre dans un « mauvais foyer » plutôt que dans une bonne institution. Dès lors, conclut-il, l’absence de la mère qui travaille peut avoir un impact très négatif sur sa progéniture.

171 La LFNB n’entend pas obliger les mères à rester à la maison. Elle désire que les mères aient le libre choix de travailler ou non (même si, comme déjà signalé, la LFNB condamne clairement le travail des mères et que son discours n’est pas dénué d’une certaine culpabilisation envers celles qui posent un autre choix). Dans ce cadre, elle voit dans l’AMF une solution pour permettre aux foyers ayant des revenus modestes de ne pas être amenés à contraindre la mère à travailler à l’extérieur en raison des problèmes financiers du ménage. Dans de nombreux cas, l’AMF constitue même à ses yeux la seule option possible. Pour la LFNB, une simple augmentation des allocations familiales ne peut remplacer le rôle que joue une AMF car cette augmentation est insuffisante pour mettre fin au dilemme entre travail à l’extérieur et travail ménager. La LNFB souhaite la mise en place d’un mécanisme qui atténue réellement les différences de niveau de vie entre les familles bénéficiant de deux salaires et celles où la mère reste à demeure.

4.1.3. Actions de la Ligue

172 À la fin du mois d’octobre 1955, la LFNB décide d’organiser une manifestation à Bruxelles pour lutter contre le projet naissant de suppression de l’AMF (ainsi que pour réclamer l’augmentation de toutes les allocations familiales). De la sorte, le mouvement souhaite faire pression sur la commission chargée d’étudier la réforme des allocations familiales. Le Ligueur sert de relais pour mobiliser les membres et les avertir de la tenue de la manifestation.

173 Dès l’année 1954, le nombre d’articles du Ligueur traitant de l’AMF augmente considérablement (au point que l’on compte un article une semaine sur deux à partir de la mi-août 1955 et même un chaque semaine à partir du 20 octobre). Ces articles prennent des formes très diverses : rapport d’entretien avec un ministre  [192], relation de faits, avis d’autres organisations sur la question, lettre ouverte au gouvernement  [193], témoignage de mères ou de chefs de famille, calcul de budget, résultats de sondages, argument tiré de la littérature scientifique, etc. La plupart de ces articles sont publiés en première ou deuxième page de l’hebdomadaire, ce qui témoigne de l’importance qui leur est accordée. Un numéro spécial du Ligueur consacré à l’AMF est même édité le 6 mai 1955.

174 Pour attirer un maximum de personnes à la manifestation, la LFNB lance une campagne d’affichage dans tout le pays. L’affiche représente une femme d’une cinquantaine d’années. Placée face au public, elle interpelle celui-ci par son regard angoissé. Le texte figurant en dessous du portrait accroche par son style direct : « Ne touchez pas aux mamans  [194]. Maintien de l’allocation mère au foyer. Participez aux manifestations de la Ligue des familles nombreuses »  [195]. Cette affiche est placardée à Bruxelles et dans toutes les grandes villes du pays (certaines impressions ont une dimension de 2 x 2,5 mètres). En outre, l’affiche est reproduite dans Le Ligueur du 4 novembre 1955 avec cette consigne : « Découpez le bas de cette page et apposez partout cette affiche et d’abord à votre fenêtre (…). Nous sommes près de 330 000 chefs de famille affiliés à la Ligue, faites que cela se voie »  [196].

175 Le sommet de la campagne pour l’AMF a lieu à Bruxelles le dimanche 20 novembre 1955, jour de la manifestation de la LFNB. Elle réunit quelque 10 000 militants, qui défilent avec environ 300 drapeaux  [197]. Cinq personnes prennent la parole, dont une mère de famille. Tous les discours sont publiés dans Le Ligueur qui paraît la semaine suivante  [198]. En outre, invitée à assister à l’événement, la presse en fait écho dans ses colonnes (La Libre Belgique, Le Soir, La Cité, La Dernière Heure, De Standaard, Het Lastste Nieuws et De Nieuwe Gids).

4.1.4. Entre volonté de pluralisme et proximité avec l’idéologie chrétienne

176À cette époque, les relations qu’entretient la LFNB avec le chef du gouvernement ainsi qu’avec le ministre du Travail et de la Prévoyance sociale, L.-É. Troclet, sont difficiles. Les deux ministres socialistes accusent la LFNB de faire de la politique et d’être trop politisée  [199]. Plus largement, le gouvernement socialiste-libéral considère que la LFNB soutient les sociaux-chrétiens, L.-É. Troclet la qualifiant même d’« institution crypto PSC »  [200].

177 Il convient de rappeler que l’époque est celle de la deuxième « guerre scolaire ». La LFNB voit dans la question scolaire un sujet qui touche ses membres de très près mais, sachant le débat très sensible et très clivé, elle estime préférable de se cantonner à une position consistant à « souligner les droits et intérêts des familles ». Dans un premier temps, cette attitude porte ses fruits. Au début de son mandat de Premier ministre en 1954, le socialiste Achille Van Acker demande d’ailleurs au mouvement de lui fournir une note exposant son point de vue. Néanmoins, au fil de l’évolution de la question scolaire, la proximité de la LFNB avec le pilier chrétien (incarnée entre autres par le fait que son président général est un ancien ministre catholique) suscite une méfiance croissante parmi les socialistes et les libéraux, dont les relations avec les sociaux-chrétiens sont alors des plus tendues.

178 Avec consternation, la LFNB est forcée de constater qu’aucun point de son programme n’est pris en compte par le gouvernement Van Acker IV, qu’elle ne reçoit plus de réponses aux lettres qu’elle adresse aux ministres, que ses dirigeants ne sont plus reçus en audience par ceux-ci, que le nombre de ses représentants dans le conseil d’administration de la Caisse de compensation des allocations familiales a été réduit de deux à un par le gouvernement (après le décès de V. Fallon, qui était l’un des deux mandataires), qu’elle n’est pas parvenue à obtenir un représentant au sein de la commission chargée d’étudier la réforme des allocations familiales, etc.

179 Les tensions entre le gouvernement et la LFNB sont palpables et se répercutent sur la question de l’AMF. Après avoir, suite aux demandes de la LFNB, promis de trouver les fonds nécessaires pour maintenir le complément à l’AMF, le ministre du Travail et de la Prévoyance sociale, L.-É. Troclet, attaque publiquement le principe même de l’AMF en le qualifiant de « formule socialement vicieuse »  [201]. De son côté, le ministre de la Santé publique et de la Famille, Edmond Leburton (socialiste lui aussi), considère que le mode de distribution de l’AMF est injuste car une femme bourgeoise restant au foyer peut l’obtenir, alors que tel n’est pas le cas d’une épouse d’ouvrier obligée de travailler pour subvenir aux besoins du foyer  [202]. Lors d’un congrès de la LFNB à Bruxelles en février 1955, E. Leburton prend la parole ; lorsqu’il aborde le sujet de l’AMF, il est hué par l’assistance  [203]. Certains membres de la LFNB y voient une « manifestation du PSC » (ce qui est aussi la lecture du ministre)  [204] et considèrent que le mouvement familial n’est plus neutre. La tension est à son comble lorsque la LFNB organise sa manifestation du 20 novembre 1955. Au même moment, à l’occasion d’un congrès du PSB, le Premier ministre déclare que la LFNB doit rester à sa place et ne pas faire de politique  [205]. Son discours est publié dans le journal Le Peuple du lendemain. Quelques jours plus tard, les dirigeants de la LFNB répondent en envoyant un courrier à A. Van Acker, dans lequel ils lui demandent d’accorder une audience au président général du mouvement  [206]. Ce courrier restera sans réponse.

180 Mais le gouvernement socialiste-libéral est loin d’être le seul obstacle auquel se heurte la LFNB. En effet, de nombreux groupes de pression sont en faveur d’une suppression de l’AMF, à commencer par des cercles féministes : les FPS, la LOFC, le CNFB, la Ligue des coopératrices belges (LCB)  [207], etc. Même au sein du pilier chrétien, les positions sont partagées sur la question de l’AMF  [208].

181Les détracteurs de l’AMF font valoir différents arguments, dont voici un aperçu. Primo, cette allocation n’est juste ni dans sa redistribution ni dans son titre car une mère peut en bénéficier tout en mettant ses enfants en pensionnat et en faisant effectuer son ménage par d’autres, alors qu’une femme qui exerce une activité lucrative chez elle tout en gardant ses enfants en sera privée. Secundo, l’AMF accentue les inégalités. Les mères des familles les plus défavorisées sont souvent obligées de travailler, et ce sont donc notamment les mères des familles aisées ou celles qui exercent un travail non déclaré qui perçoivent l’AMF. Tertio, l’AMF ne permet pas aux femmes de poser un libre choix entre travailler à l’extérieur et s’occuper de leur maison puisqu’elle est accompagnée d’une totale interdiction du travail rémunéré. Quarto, les femmes qui travaillent en dehors du foyer doivent aussi effectuer leurs tâches ménagères. Il est donc injuste qu’elles n’aient pas, elles aussi, une rémunération pour cela. Quinto, l’AMF n’incite pas du tout les femmes à avoir un travail à temps partiel (puisqu’une mère ayant un tel emploi trouvera plus d’intérêt à arrêter totalement de travailler ou à travailler à temps plein), alors qu’il s’agit là de la formule perçue comme idéale pour les mères de famille. Sexto, l’AMF n’incite pas les maris à s’impliquer dans les tâches ménagères, puisqu’elle sous-entend que les mères au foyer sont « payées pour cela ». Septimo, le travail pouvant être une source d’épanouissement et d’autonomie pour les femmes, celles-ci ne doivent pas en être détournées. Pour toutes ces raisons, ces associations estiment qu’une augmentation des allocations familiales est préférable (d’autant que cela permet aux femmes qui travaillent de compenser les frais de garde d’enfants qu’engendre leur situation).

182La vision de la famille qui sous-tend les positions de la LNFB est donc fort loin d’être partagée par tous au sein de la société belge. Alors que la LNFB voit d’abord le bien-être des enfants (effaçant les individualités devant le foyer et mettant tout entier celui-ci au service des enfants), d’autres associations mettent en avant celui des mères (en ajoutant que celui-ci est pleinement profitable à leurs enfants).

183 Sur cette question, la LNFB ne peut par conséquent prétendre à représenter l’ensemble des familles. Sans doute cet échec est-il le fruit d’un manque de pluralisme interne, notamment en son sommet. Ses dirigeants étant essentiellement d’obédience chrétienne, ce sont les conceptions, les positions et l’image du mouvement tout entier qui s’en ressentent. Certes, la LNFB appelle régulièrement au pluralisme dans ses débats et dans son recrutement. Mais à sa tête, ce pluralisme n’est guère de mise, ce qui nuit fortement à sa crédibilité, à sa légitimité et à sa capacité d’influer sur les décisions politiques.

184 Conscients de cette situation problématique, certains dirigeants de la LFNB entendent alors œuvrer à ce que le mouvement tende le plus possible vers un pluralisme réel et suive l’évolution des mœurs. Ils impulsent alors une dynamique qui donnera des résultats bien réels mais qui, inévitablement, mettra du temps à produire ceux-ci. La question de l’AMF est symptomatique de cette évolution. En effet, la LFNB réclame la réinstauration d’une AMF tout au long des années 1960 et même encore au début des années 1970  [209]. Toutefois, elle apporte d’importantes nuances à sa vision des choses  [210]. Désormais, elle estime que cette allocation doit être réservée aux familles ayant de petits revenus, aux mères ayant des enfants en bas âge (moins de 7 ans) et n’exerçant pas d’autres activités. Surtout, elle ne considère plus les femmes qu’à travers leur seul rôle de mamans, accepte l’idée qu’une mère exerce une activité professionnelle, et préconise le travail à mi-temps et l’aide des pères.

4.2. Le Ministère de la Famille

185Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, la LFNB réclame la création d’un ministère autonome de la Famille. Cette demande constitue un point récurrent de son programme en matière de politique familiale. Le choix d’appuyer la création d’un ministère de la Famille n’est pas anodin, car il est significatif d’une volonté de mettre en avant le groupe « famille » plutôt que les individus. La LFNB n’obtient que brièvement gain de cause, entre 1965 et 1972, avec la mise en place d’un Ministère de la Famille et du Logement.

4.2.1. Contexte

186 En 1946, le gouvernement Van Acker III crée un Ministère de la Santé publique et de la Famille. La compétence de la santé publique avait déjà eu une place importante dans plusieurs ministères avant la Seconde Guerre mondiale, mais elle avait alors le plus souvent fait partie des attributions du ministre de l’Intérieur. La famille, par contre, n’avait jamais été considérée jusqu’alors comme une compétence globale, mais plutôt comme une catégorie de citoyens étant l’objet des actions de différents ministères.

187Pour ceux qui espéraient l’institution d’un département ministériel en charge de la Famille, la création du Ministère de la Santé publique et de la Famille s’avère bientôt être un échec. Le département de la Santé publique est en effet très imposant et bien rodé, au contraire de celui de la Famille. Ce dernier est alors d’importance clairement secondaire au sein du Ministère. En outre, il part de zéro et doit construire sa structure et élaborer ses instruments administratifs. Les ministres successifs en charge de la Santé publique et de la Famille sont le communiste Albert Marteaux (gouvernements Van Acker III et Huysmans), les sociaux-chrétiens Alphonse Verbist et François-Xavier van der Straten-Waillet (gouvernements Spaak II et III), le libéral Adolphe Van Glabbeke (gouvernement Eyskens I), le social-chrétien Alfred De Taeye (gouvernements Duvieusart, Pholien et Van Houtte), le socialiste Edmond Leburton (gouvernement Van Acker IV), et les sociaux-chrétiens Robert Houben, Paul Meyers et Joseph Custers (gouvernements Eyskens II et III, Lefevre).

188 En 1965, le gouvernement Harmel met en place un Ministère de la Famille et du Logement. Le lien entre le département de la Famille et celui du Logement contribue à donner une certaine consistance administrative au premier. Les ministres successifs de la Famille et du Logement sont la sociale-chrétienne Marguerite De Riemaecker-Legot (gouvernements Harmel et Vanden Boeynants I) – première femme ministre en Belgique – et le socialiste Gustave Breyne (gouvernement Eyskens IV).

189 En 1972, le gouvernement Eyskens V rétablit le Ministère de la Santé publique et de la Famille. Le ministre en charge de ces deux compétences est le social-chrétien Léon Servais. L’année suivante, le gouvernement Leburton I ne compte plus de ministre en charge de la Famille, mais seulement un secrétaire d’État adjoint au ministre de la Santé publique (à savoir la sociale-chrétienne Maria Verlackt-Gevaert). Quelques mois plus tard, le social-chrétien Jos De Saeger devient ministre de la Santé publique, de l’Environnement et de la Famille dans le gouvernement Leburton II ; il est ensuite ministre de la Santé publique et de la Famille dans les gouvernements Tindemans I à III en 1974-1977. Par après, la Famille disparaît des titulatures des ministres nationaux : il n’existe plus qu’un simple département de la Famille, qui prend place au sein du Ministère de la Santé publique.

4.2.2. Position de la Ligue

190 En 1946, la LFNB se montre enthousiaste à l’annonce de la création d’un département de la Famille au sein du Ministère de la Santé publique. Toutefois, elle considère bien vite que la Famille y est délaissée par rapport à la Santé publique. En outre et surtout, elle pointe une énorme erreur dans le fait que les allocations familiales, qui représentent l’un des principaux postes en matière de politique familiale, ne sont pas gérées par le Ministère de la Santé publique et de la Famille mais par celui de la Prévoyance sociale et du Travail. Ce faisant, elles échappent au ministre en charge de la Famille, qui est privé de son principal levier d’action potentiel. Par conséquent, la LFNB milite auprès des différents partis politiques en faveur de la création d’un Ministère de la Famille autonome, considérant que la politique familiale ne peut être véritablement cohérente, simple et progressiste que si elle dépend d’une telle structure  [211]. En effet, il existe certes des politiques familiales, mais, en l’absence d’un ministère autonome, celles-ci sont menées sans vue d’ensemble et sans coordination. Quant aux institutions publiques ayant trait à la famille comme le CSF, le Comité interministériel de la famille, les organismes d’allocations familiales, l’Institut national du logement, etc., la LFNB estime qu’ils ne forment qu’une première armature. Ils sont donc insuffisants pour donner l’impulsion nécessaire à une politique familiale et démographique, comme le ferait un ministère.

191 La LFNB ne préconise pas la mise en place d’un ministère qui regrouperait toutes les compétences qui ont trait, de près ou de loin, à la famille, car cette option paraît difficilement concevable. Son projet consiste en la création d’un Ministère de la Famille regroupant les grands secteurs administratifs qui gèrent les intérêts exclusivement ou principalement familiaux, mais pas ceux qui sont en charge des questions économiques, sociales, fiscales, etc. plus vastes. Les secteurs dont la LFNB revendique l’intégration dans le Ministère de la Famille sont les suivants : les allocations familiales, le logement, les services d’aide familiale et d’aide aux seniors, les centres de consultation matrimoniale, les conférences d’éducation familiale, les services sociaux collectifs, les comités de protection de la jeunesse, les services sociaux de quartier. Selon la LFNB, le ministère doit aussi disposer d’un service d’études pour analyser les projets concernant les familles qui émanent d’autres ministères.

4.2.3. Actions de la Ligue

192C’est essentiellement durant la campagne électorale qui précède le scrutin législatif du 23 mai 1965 que la LFNB concentre ses actions. Elle porte là un sujet qui lui tient à cœur et pour lequel elle a mûri ses positions et rôdé son argumentaire durant plus de vingt ans.

193 La LFNB publie une brochure, essentiellement informative, appuyant son idée de créer un Ministère autonome de la Famille  [212]. Trois arguments y sont développés : « Il n’y en a pas et c’est une lacune », « Tout le monde est d’accord » et « C’est un progrès ». Cette brochure, accompagnée d’une lettre nominative, est adressée à chaque candidat aux élections. Sur la dernière page figure en gros plan la photographie d’une jeune maman souriante avec son bébé, accompagnée de la légende suivante : « Ils vous remercieront ».

194 La lettre d’accompagnement rappelle au candidat l’importance de la famille dans la société. Elle lui signale aussi que le parti sur la liste duquel il se présente a pris position sur le sujet et, en cas d’envoi à la Ligue d’une réponse dans laquelle il se déclare favorable au projet, lui promet la publication de celle-ci dans Le Ligueur et De Bond. Le courrier insiste notamment sur le fait que les deux hebdomadaires sont publiés à 430 000 exemplaires et touchent environ un million d’électeurs. Il s’agit pour la LFNB de montrer l’étendue de son pouvoir d’influence et de proposer de le mettre au service de ceux qui soutiendraient sa cause. Dans la plupart des cas, cette lettre est signée soit par les président et vice-président, soit par le secrétaire général du comité central wallon (qui est alors J. Gilles et qui, pour l’occasion, fait jouer les relations qu’il a au sein du PSC).

195 À l’approche des élections législatives du 1er juin 1958, J. Gilles avait déjà tenté d’influencer ses réseaux au sein du PSC. Son idée était alors que le PSC conserve le Ministère de la Santé publique et de la Famille et négocie avec son ou ses futur(s) partenaire(s) de coalition le transfert des allocations familiales vers ce ministère  [213]. À cette époque, il est évident qu’il souhaitait que la Famille puisse échoir à un ministre PSC, mais l’on ne peut savoir dans quelle mesure cette ligne était partagée par les autres dirigeants de la LNFB.

196 Après la suppression du Ministère de la Famille et du Logement en 1972, la LFNB est quelque peu dépitée, même si la surprise n’est pas totale (cette option ayant régulièrement été envisagée dans les cénacles politiques, la pérennité de l’existence de ce Ministère était dès lors toujours apparue incertaine). Le mouvement adresse alors une brochure à tous les membres de l’assemblée générale et des comités régionaux  [214]. Reprenant l’historique de la question ainsi que les revendications de la LFNB, cette publication a pour but de permettre aux militants d’informer les membres, les mandataires politiques, les responsables syndicaux et la presse locale. À la pression directe et centralisée de 1965, la LFNB préfère donc désormais une pression plus indirecte et plus diffuse. Surtout, le mode de communication choisi est fort peu susceptible de parvenir à mobiliser les membres, d’autant que les familles, ayant vu leur niveau de vie augmenter, sont nettement moins nombreuses à ressentir l’intérêt d’un ministère propre.

197 Cette revendication tombe alors progressivement dans l’oubli.

4.3. La dépénalisation de l’avortement

198 La question de la dépénalisation de l’avortement montre toute la difficulté que peut éprouver le mouvement à définir le « pluralisme » et à mettre concrètement en œuvre cet idéal.

4.3.1. Contexte

199Tout comme le Code pénal napoléonien de 1810 avant lui, le Code pénal belge de 1867 place l’avortement dans la catégorie des délits : les femmes qui avortent et les personnes qui les aident à interrompre leur grossesse sont passibles d’une amende et d’une peine d’emprisonnement. Le mouvement de contestation de l’organisation de la société qui s’exprime en mai 1968 favorise la première véritable remise en cause sur la place publique de la criminalisation de l’avortement. Le droit à l’interruption volontaire de grossesse est alors revendiqué comme un droit des femmes à disposer librement de leur corps. La décennie qui suit voit les mandataires politiques belges s’emparer du problème  [215].

200À partir de 1970, la question de la dépénalisation de l’avortement est ouvertement posée dans les milieux laïques, libres-penseurs et socialistes  [216]. Elle fait alors l’objet de nombreux débats et force les différentes tendances idéologiques à se positionner. Plusieurs problèmes sont identifiés. D’une part, il existe manifestement un sensible décalage entre la loi et la situation de fait. En effet, un nombre très faible de condamnations est recensé, alors que celui estimé des avortements est bien plus important. De plus, la jurisprudence admet parfois les avortements pour des raisons thérapeutiques. D’autre part, il existe une discrimination sociale entre les femmes d’un niveau socio-économique supérieur, qui trouvent une solution à l’étranger dans de bonnes conditions médicales et sans risque de poursuite, et les autres, qui restent en Belgique et avortent clandestinement, parfois dans de très mauvaises conditions d’hygiène.

201 Les prises de position des partis politiques, de l’Église et du monde associatif se multiplient. Elles s’échelonnent entre la protection des droits du fœtus (et donc l’interdiction de l’avortement) et l’idée selon laquelle, l’embryon n’étant durant les trois premiers mois de grossesse qu’un tissu faisant partie de la femme, celle-ci doit être libre de décider de le garder ou pas. Plusieurs propositions et un projet de loi sont déposés à l’époque, mais aucun d’entre eux n’aboutit. Le point culminant de la prise de conscience du problème se situe en 1973, avec l’arrestation du gynécologue Willy Peers pour avoir procédé à l’avortement d’une jeune femme présentant un handicap mental. Cette affaire brise les tabous et accroît le caractère passionnel des débats. À sa suite, un accord politique concernant la modification des dispositions pénales en matière d’interruption volontaire de grossesse est rejeté par les partis sociaux-chrétiens et socialistes. Le débat éthique, qui marque un clivage net entre laïcs et croyants, met en danger l’existence de gouvernements de coalition. Dès lors, aucune décision ne peut être prise.

202 Ce blocage politique est cependant peu au goût d’une partie de la société civile, qui prend des initiatives sur le terrain pour aider les femmes en situation de détresse. Les centres de plannings familiaux, tout comme des centres extrahospitaliers, se développent et certains hôpitaux élargissent les conditions dans lesquelles ils acceptent de pratiquer des interruptions volontaires de grossesse. Quant à elle, la loi relative à la dépénalisation de l’avortement ne sera adoptée qu’en 1990  [217].

4.3.2. Position de la Ligue

203La question de l’avortement touchant évidemment de près les familles, la LFNB est amenée à se prononcer. Après avoir participé à des recherches universitaires  [218], confronté les points de vue et analysé les différents arguments, les conseils d’administration de la LF et du BGJG font part de leurs conclusions lors de leur assemblée générale commune du 10 juin 1972  [219].

204 Les positions de la LF et du BGJG sont assez similaires  [220], à savoir que les deux asbl désirent qu’une modification soit apportée à la législation dans le sens d’un assouplissement fortement limité. En la matière, la LF va cependant plus loin que le BGJG. La LF se prononce en faveur d’une dépénalisation en cas de viol, d’inceste, de probabilité de handicap, ou de débilité grave ou de jeune âge de la mère. Pour sa part, le BGJG estime que l’avortement ne doit être autorisé que pour des raisons médicales graves. Les deux asbl s’accordent sur le fait que des raisons d’ordre économique, socio-économique ou socio-morale sont inacceptables.

205 Après avoir procédé à une confrontation des opinions puis à un vote, la LFNB se prononce en faveur d’un changement de législation mais rejette la proposition de loi déposée par le sénateur socialiste Willy Callewaert en 1971. Elle estime que l’avortement doit être motivé par des raisons médicales, et qu’il appartient au corps médical de se prononcer sur chaque cas. À l’inverse, elle rejette l’avortement pour des raisons autres que médicales. Cette décision repose sur les contradictions et hésitations qui existent, les points de vue scientifique, éthique et philosophique différant autour de la question de savoir à partir de quel moment le fœtus est une personne humaine. La LFNB considère que, tant qu’il existera des doutes à ce sujet, il doit être interdit de porter atteinte à un possible être humain  [221]. Pour le reste, la LFNB prône la mise en avant des moyens de prévention tels que la contraception, les centres de consultations prématrimoniales, matrimoniales et familiales, et l’éducation des jeunes à l’amour.

206 Derrière cet accord collectif, se cachent moult débats et désaccords. En effet, l’assemblée générale de la LNFB est mal à l’aise. Ainsi, dans un premier temps, elle envisage d’inscrire dans le communiqué de presse qui suivra la réunion qu’elle ne se prononce sur la question de l’avortement que parce que son avis lui a été demandé. Dans un second temps, elle se ravise et décide d’indiquer que, en tant que mouvement familial, elle ne pouvait plus garder le silence sur une question « aussi actuelle ». Par ailleurs, au sein de l’assemblée générale, certains membres sont opposés aux conclusions présentées par la LF et le BGJG. Ils refusent que la législation soit modifiée (arguant qu’« un meurtre est un meurtre et ce n’est pas parce qu’il y a des cas d’acquittement qu’il faut modifier la loi ») et entendent que cet avis de la minorité figure lui aussi dans les communications du mouvement. En revanche, aucun membre ne vote en faveur d’une dépénalisation totale de l’avortement ; seul un membre s’abstient  [222].

207 In fine, l’assemblée générale de la LFNB veille donc à ne pas rendre un avis trop tranché, que ce soit en faveur d’une thèse ou d’une autre. Elle craint en effet que, en se prononçant soit en faveur de la libéralisation soit pour le maintien de la législation alors en vigueur, elle se mette en délicatesse avec l’une ou l’autre frange des membres du mouvement.

208 Cette absence d’attitude claire et ferme est perçue par les lecteurs du Ligueur qui, peu après la publication de divers articles exposant aux membres la position du mouvement, écrivent au journal pour obtenir plus de renseignements sur celle-ci. Certains reprochent à la LFNB de « se cacher derrière sa neutralité et de ne pas avoir le courage de prendre une vraie position »  [223]. La LFNB se défend en indiquant qu’elle se veut pluraliste (mais non neutre) et qu’elle défend les intérêts de toutes les familles sans être porteuse d’une idéologie.

209 Trois ans plus tard, en 1975, la LFNB décide de clarifier sa position, non seulement suite aux réactions suscitées par l’avis remis par l’assemblée générale en 1972, notamment de la part de membres, mais également suite à un désaccord avec l’association Pro Vita  [224]. À plusieurs reprises (juin 1972, septembre 1972 et février 1973), cette association anti-avortement s’était vu refuser d’insérer une publicité « Pour la vie » dans Le Ligueur. En réaction, elle avait plusieurs fois attaqué la LFNB, déclarant notamment dans sa publication Vox Vitae en 1974 : « Il n’y a plus d’illusion à avoir en ce qu’il concerne l’orientation de la Ligue envers l’avortement »  [225]. Elle avait ensuite lancé une campagne contre la LFNB, en demandant à ses membres de se désaffilier de celle-ci.

210 La LFNB clarifia sa position via Le guide du militant [226]. Elle commence par y souligner la différence qui existe entre le fait de légaliser et celui de légitimer. Dépénaliser l’avortement ne reviendrait pas à rendre pour autant cette pratique moralement licite ni à la justifier. En l’occurrence, la LFNB se prononce en défaveur d’une libéralisation totale de l’avortement, qui reviendrait selon elle à banaliser un acte grave. À ses yeux, l’avortement ne peut être autorisé que dans certains cas précis : raisons médicales graves, viol, inceste, débilité mentale grave ou très jeune âge (moins de 14 ans) de la mère, risque de handicap sévère du bébé. Concernant ce dernier cas, la LFNB souligne qu’elle ne conteste pas la valeur de la vie du bébé mais considère que, eu égard aux multiples contraintes qu’implique le fait de s’occuper d’un enfant sévèrement handicapé, les parents doivent pouvoir se voir proposer une alternative. Dans ce cas comme dans tous les autres, la décision doit être prise après consultation du corps médical.

211 Plus largement la LFNB insiste sur le fait qu’avorter constitue un acte médical, qui ne peut donc être réalisé que par du personnel médical et seulement dans des institutions hospitalières à but non lucratif (afin d’éviter les avortements clandestins et la commercialisation de l’acte). Pour ces mêmes raisons, la LFNB réclame par ailleurs le maintien de l’interdiction de la publicité des produits abortifs.

212 La LNFB estime que, dans les cas où la décision est motivée par la détresse et le désespoir, la répression n’est pas opportune et est même nuisible. Toutefois, le mouvement est partagé quant au bien-fondé d’une suppression totale des poursuites envers la mère. Si certains membres du conseil d’administration prônent l’abolition des sanctions, d’autres souhaitent que la sanction soit conservée mais que les peines qui y sont associées soient atténuées, voire supprimées.

213 La LFNB insiste sur le fait qu’il convient de considérer l’avortement dans son contexte. Cet acte constituant toujours un échec, il convient de renforcer les mesures d’accueil et de prévention (contraception, formation affective et sexuelle), de favoriser l’accès au logement et d’augmenter les ressources aux familles, etc., afin d’éviter au maximum le recours à l’avortement. Il importe donc de mettre sur pied une politique générale en la matière et de promouvoir la parenté responsable.

214 Elle ajoute encore que, si plusieurs conceptions morales coexistent (et non seulement la morale chrétienne), il est inadmissible qu’une morale impose ses conceptions.

215 En conclusion, la LFNB martèle une dernière fois sa position : « Parce qu’elle se veut humaine, la Ligue dit : ni interdiction absolue, ni libéralisation totale ».

216 Ainsi, la LNFB clarifie sa position. Fondamentalement, celle-ci n’a pas varié depuis 1972. Mais désormais, elle est davantage développée, expliquée, justifiée, argumentée, étayée, illustrée. Le texte est manifestement soigné, afin d’éviter tout quiproquo ou d’ouvrir les portes à la critique.

217 Il est à noter que la position de la LF évoluera en 1978, lorsqu’une nouvelle proposition de loi sera analysée par le conseil d’administration  [227]. Ce sera la dernière fois que la Ligue se prononcera sur la question de l’avortement. Elle gardera sa ligne selon laquelle « libéraliser n’est pas légitimer » et étoffera la liste des moyens de prévention qu’elle préconise. En revanche, ses idées quant aux raisons admissibles pouvant amener à l’avortement seront beaucoup plus libérales que trois ans auparavant (l’avortement doit être autorisé lorsqu’il y a refus profond de la femme enceinte et la décision doit dépendre de la femme et du gynécologue ; l’exception d’interdiction ne doit pas être limitative, il ne peut y avoir de liste de cas car le choix dépend de chaque femme et de sa situation ; les facteurs économiques et sociaux doivent également être pris en considération). Après la publication de cet avis, les accusations de Pro Vita reprendront, et la LFNB décidera alors de ne plus évoquer la question de l’avortement tant que les débats parlementaires ne seraient pas clos.

4.3.3. Actions de la Ligue

218 La LFNB n’entreprend aucune action dans le dossier de l’avortement, ni en faveur de la légalisation partielle qu’elle prône ni en faveur des politiques de préventions qu’elle préconise. Cette attitude est dictée par l’absence de consensus au sein des instances du mouvement.

219 En effet, cet exemple montre clairement les limites auxquelles est confrontée la LNFB dans sa volonté de pluralisme. Même si elle tente de définir positivement celui-ci comme « [le fait de] prendre en compte autant nos convictions que celle des autres et non renoncer à ce à quoi on croit »  [228], il n’en reste pas moins que, sur les questions qui divisent fortement la population, la position du mouvement est des plus inconfortables. Le fait de ne pas se prononcer est perçu comme une erreur voire comme une faute. émettre un avis trop consensuel l’expose aux critiques de faiblesse et de manque de clarté. Opter pour une ligne tranchée ne peut que lui attirer les foudres d’une partie de ses membres et remettre en cause sa représentativité. Dès lors, la LFNB ne parvient pas à jouer un rôle de groupe de pression. Elle se cantonne au fait d’être un organe consultatif et de rendre des avis très mesurés, mais elle n’entreprend rien de concret et ne tient d’ailleurs aucun discours susceptible d’appeler à la mobilisation.

Conclusion

220 Dès l’origine, la LFNB a été confrontée à une contradiction interne, source de tensions au sein du mouvement et de problèmes quant à son image et sa crédibilité. En effet, si elle se réclame d’une perspective pluraliste, dans les faits la Ligue est plutôt proche du pilier chrétien. Cela se vérifie par la valeur première qu’elle défend (la famille, et surtout la famille nombreuse), par les caractéristiques sociologiques de la majorité de ses dirigeants, militants et membres, par les réseaux de ses responsables, par les idéologies sur lesquelles elle base – plus ou moins consciemment – ses revendications et son programme. Par ailleurs, si elle n’entretient certes aucun lien formel avec le monde chrétien, la LFNB est en relation avec diverses composantes de celui-ci et elle sait s’en servir avec opportunisme pour relayer ses idées à destination des organes du pouvoir.

221 Les décennies 1950 et 1960 sont celles du changement. Une partie du mouvement souhaite que la Ligue évolue avec la société et que sa conception de la famille s’adapte aux nouvelles tendances du temps. Il s’agit, d’une part, d’ouvrir le mouvement – aux familles de trois enfants d’abord, aux jeunes foyers ensuite, à l’ensemble des familles enfin – et, d’autre part, d’incarner davantage dans les faits le pluralisme dont se réclame l’association.

222 Le contexte de l’époque rend, il est vrai, nécessaires ces mutations pour assurer la pérennité du mouvement. Si, avant la Seconde Guerre mondiale, la LFNB était parvenue à s’arroger pratiquement le monopole de la défense des familles, tel n’est plus cas après la libération. Diverses nouvelles initiatives, institutions et organisations voient le jour sur son terrain d’action (tels le CFS, l’UIOF, etc.). La voix de la LFNB n’est plus la seule à se faire entendre, d’autant que la portée du discours de l’Église catholique – dont, indirectement, son propre discours constitue partiellement un relais – s’affaiblit elle aussi. Il convient donc pour la Ligue de se réformer (c’est-à-dire de procéder à un véritable tournant) pour être et rester, comme elle le souhaite, une association de masse. De même, si la relative proximité avec le monde chrétien a parfois pu constituer un atout pour le mouvement, il se transforme en réelle faiblesse lorsque le PSC est écarté du pouvoir (en 1945-1947 et, surtout, en 1954-1958). Associée à la mouvance chrétienne, la Ligue pâtit de l’exacerbation de la lutte entre les piliers et ne peut trouver de courroie de transmission de ses idées auprès des ministres socialistes et libéraux. Bien plus, elle est confrontée à une certaine hostilité de la part de ceux-ci (dans les rangs socialistes à tout le moins).

223 Sans surprise, d’importantes résistances internes se manifestent face aux velléités de changement. Mais elles sont insuffisantes pour contrer l’évolution, qui s’impose progressivement, en vagues successives. La transition débute au milieu des années 1950 à l’initiative du secrétaire général adjoint Jacques Zwick. Elle est volontairement lente car les dirigeants veulent éviter de heurter, autant que faire se peut, les membres et cadres attachés à l’ancien état des choses. Ils ne peuvent toutefois éviter l’installation d’un malaise, qu’ils décident de résoudre par une nouvelle opération d’approfondissement résolu du pluralisme (1969) et d’ouverture (1971).

224 Avec la décennie 1970, s’ouvre une période en demi-teintes. Les services que le mouvement offre aux familles connaissent croissance, expansion et développement. En revanche, le mouvement renonce de facto à être un groupe de pression. En effet, c’est au prix d’un abandon de sa capacité à adopter des positions fortes et à mobiliser ses membres que la Ligue est parvenue à se détacher de la mouvance chrétienne et à devenir réellement ce qu’elle avait toujours revendiqué être : un mouvement pluraliste. Sa ligne est désormais dictée par la recherche du compromis, parfois sous la forme du plus petit dénominateur commun entre les différentes opinions en présence. Par ailleurs, la LNFB nationale appartient désormais au passé. Elle fait définitivement place aux deux structures communautaires nées en son sein.

225 Enfin, à l’orée des années 1970, débute une chute persistante du nombre de membres. Le contexte du temps, fait notamment d’une amélioration de la qualité de vie des familles et donc d’une perte d’intérêt pour les revendications collectives, explique en partie cette situation, outre le fait que les membres attachés aux anciennes valeurs ont déserté l’association. Peut-être aussi l’ambition du mouvement de représenter le plus grand nombre de familles possible a-t-elle aussi fini par se retourner contre lui. À force de vouloir concilier tous les points de vue afin de n’écarter ou de ne rebuter personne, la Ligue a renoncé à porter un message clair et combatif, ce qui a amené une partie de ses membres effectifs ou potentiels à se détourner d’elle, la privant dès lors d’un caractère représentatif des familles.

Notes

  • [1]
    Au sens du CRISP, un groupe de pression est une organisation qui vise à exercer une influence sur la décision politique de façon à obtenir des résultats, ponctuels ou permanents, favorables à l’intérêt de ses membres ou à ses propres intérêts, et conformes à ses valeurs.
  • [2]
    Ligue des familles, « Notre identité », www.laligue.be.
  • [3]
    Cf. notamment X. Mabille, Nouvelle histoire politique de la Belgique, Bruxelles, CRISP, 2011 ; E. Witte, A. Meynen, D. Luyten, Histoire politique de la Belgique, de 1830 à nos jours, Bruxelles, Samsa, 2017 ; P. Delwit, La vie politique en Belgique de 1830 à nos jours, 3e éd., Bruxelles, Presse de l’Université de Bruxelles, 2012 ; Nouvelle histoire de Belgique, 9 volumes, Bruxelles, Le Cri, 2008-2010.
  • [4]
    J. Delvaux, Les mouvements longs de la politique familiale belge, mémoire en Sciences politiques et sociales, UCL, 1987, p. 82.
  • [5]
    Ibidem.
  • [6]
    Cf. L. A. Bernardo y Garcia, Le ventre des Belges. Une histoire alimentaire des temps d’occupation et de sortie de guerre (1914-1921 et 1939-1948), Bruxelles, Archives générales du royaume, 2017.
  • [7]
    Notamment en matière de sécurité sociale (1944), de rééquipement ménager (1945), d’épargne prénuptiale (1947) et d’allocation post-natale (1948).
  • [8]
    Loi du 30 avril 1958 relative aux droits et devoirs respectifs des époux, Moniteur belge, 10 mai 1958. L’égalité totale des époux ne sera toutefois proclamée que par la loi du 14 juillet 1976 relative aux droits et devoirs respectifs des époux et aux régimes matrimoniaux (Moniteur belge, 18 septembre 1976).
  • [9]
    M. Godet, É. Sullerot, La famille, une affaire publique, Paris, La Documentation française, 2005, p. 74.
  • [10]
    J. Delvaux, Les mouvements longs de la politique familiale belge, op. cit., p. 89 et 135.
  • [11]
    Toutefois, l’interruption volontaire de grossesse (IVG) demeure interdite ; ce ne sera qu’en 1990 que l’avortement sera partiellement dépénalisé (cf. infra). Par ailleurs, en vertu de l’encyclique Humanæ Vitæ du pape Paul VI (25 juillet 1968), l’Église catholique refuse catégoriquement toute méthode artificielle de régulation des naissances, dont l’usage de la pilule contraceptive.
  • [12]
    E. Gerard, P. Wynants, Histoire du mouvement ouvrier chrétien en Belgique, tome 2, Louvain, Presses universitaires de Louvain, 1994, p. 547.
  • [13]
    Ibidem, p. 548.
  • [14]
    Katholiek Documentatie- en Onderzoekcentrum [= KADOC], Algemeen Christelijk Werknemersverbond (ACW), 312, « XVde congres ACW-MOC, Brussel, 7-8 mei 1949. Verslag ».
  • [15]
    KADOC, Kristelijke Arbeiders Vrouwenbeweging (KAV), 721, Unie van Arbeidersgezinnen, Statuts, 1949.
  • [16]
    E. Gerard, P. Wynants, Histoire du mouvement ouvrier chrétien en Belgique, op. cit., p. 392.
  • [17]
    J. Neuville et al., Le mouvement ouvrier chrétien, 1921-1996 : 75 ans de luttes, Bruxelles, EVO, 1996, p. 176.
  • [18]
    P. Gobin, La fédération liégeoise des Femmes prévoyantes socialistes : étude d’un mouvement mutualiste, culturel et socialiste, de 1957 à 1982, mémoire en Histoire, ULg, 2013.
  • [19]
    Pour plus d’informations concernant la défense des familles par les FPS, cf. G. Julémont, Femmes prévoyantes socialistes : des combats d’hier aux enjeux de demain, Bruxelles, Femmes prévoyantes socialistes, 2008.
  • [20]
    L. A. Bernardo y Garcia, Le ventre des Belges, op. cit., p. 49-87.
  • [21]
    21 Le Ligueur, 14 mars 1954, p. 1.
  • [22]
    Cf. B. de Lovinfosse, Le R.P. Valère Fallon s.j. (1875-1955) : sa pensée et son action sociale (1920-1954), mémoire en Histoire, UCL, 2008.
  • [23]
    Certes, la population belge n’a pas été décimée par la Première Guerre mondiale (ainsi, elle a connu un taux de pertes moins élevé que la population française). Toutefois, le taux de natalité est en baisse : de 28,8 ‰ en 1900, il est passé à 22,2 ‰ en 1920. Dès lors, certains craignent que la baisse continue et que les naissances ne parviennent plus à compenser les décès. Sur les conséquences démographiques de la Première Guerre mondiale en Belgique, cf. T. Eggerickx, « L’impact démographique de la Première Guerre mondiale. Tendances générales et diversités spatiales », in La bataille de Charleroi, 100 ans après, Bruxelles, Académie royale des sciences, des lettres et des beaux-arts de Belgique, 2014, p. 105-135.
  • [24]
    V. Fallon, La Ligue des familles nombreuses, Bruges, s.d. [1921].
  • [25]
    Fondée en 1899, la Ligue de l’éducation familiale a pour objectif de répandre, chez les parents et les futurs parents, les notions de pédagogie nécessaires à une bonne éducation des enfants au sein de la famille.
  • [26]
    En néerlandais, son nom est Bond der Talrijke Huisgezinnen jusqu’en 1927, puis Bond der Kroostrijke Gezinnen.
  • [27]
    La LFNB se constitue en association sans but lucratif (asbl) dès 1922 (cf. Moniteur belge, 2 août 1922).
  • [28]
    M. Berger, Le mouvement familial belge : histoire de la Ligue des familles nombreuses de Belgique de 1920 à 1945, mémoire en Histoire, ULB, 1999, p. 28.
  • [29]
    Dans le cas présent, le terme « assemblée générale » désigne une sorte de congrès et non l’un des organes de la structure de l’association.
  • [30]
    Ligue des familles, 50 ans de jeunesse. Mémoires et espérances du mouvement familial belge, Bruxelles, 1971, p. 2.
  • [31]
    Auparavant, cette ligue portait le nom de Ligue nationale contre l’infécondité intentionnelle (cf. V. Fallon, « Souvenir », Almanach des familles nombreuses, Anvers, LFNB, 1933).
  • [32]
    Ibidem.
  • [33]
    L. Ballet, P. Roosen, Historique de la Ligue des familles nombreuses de Belgique (ouvrage inédit), tome 1 : 1921-1931, s.l.n.d. [1956-1957].
  • [34]
    Y. Nuyens, Pressiegroepen in België: een benaderend onderzoek. Proefschrift, Louvain, Katholieke Universiteit Leuven (Verzameling van het Instituut voor politieke en sociale wetenschappen, 181), 1965, p. 193.
  • [35]
    Archives générales du Royaume [= AGR], Archives de la Ligue des familles nombreuses de Belgique [= LFNB], 19, Procès-verbal de l’assemblée générale, 16 mai 1971, p. 3. Cf. aussi AGR, LFNB, 19, Procès-verbal de l’assemblée générale, 7 mai 1971, p. 3.
  • [36]
    AGR, LFNB, 2, Statuts et règlement d’ordre intérieur, 1951, p. 32.
  • [37]
    E. De Maesschalck, Een bond voor alle gezinnen. Geschiedenis van de gezinsbeweging in Vlaanderen, s.l. [Bruxelles], Bond van Grote en van Jonge Gezinnen, 1996, p. 113.
  • [38]
    E. De Maesschalck, Een bond voor alle gezinnen, op. cit., p. 113-114 ; AGR, LFNB, 225, Lettre au président et aux administrateurs du BGJG, 17 mars 1975.
  • [39]
    D. Kulcsar, La vie familiale des femmes à travers les positions de la Ligue des familles de 1956 à 1981, mémoire en Histoire, UCL, 2000, p. 47.
  • [40]
    Ligue des familles, « Notre identité », www.laligue.be.
  • [41]
    Ligue des familles, « Rapport d’activité 2014 », p. 31, www.laligue.be.
  • [42]
    Gezinsbond, « Wie zijn wij », www.gezinsbond.be.
  • [43]
    « Ligue des familles nombreuses de Belgique », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 529, 1971, p. 4.
  • [44]
    Ibidem, p. 4.
  • [45]
    AGR, LFNB, 2, Statuts et règlement d’ordre intérieur, 1951, p. 32.
  • [46]
    Ibidem, p. 38.
  • [47]
    M. Berger, Le mouvement familial belge, op. cit., p. 53.
  • [48]
    AGR, LFNB, 2, Statuts et règlement d’ordre intérieur, 1951, p. 18.
  • [49]
    Ibidem, p. 13-14.
  • [50]
    Ibidem, p. 15-25.
  • [51]
    D. Kulcsar, La vie familiale des femmes à travers les positions de la Ligue des familles de 1956 à 1981, op. cit., p. 47-48.
  • [52]
    L. Ballet, P. Roosen, Historique de la Ligue des familles nombreuses de Belgique, op. cit., tome 2 : 1931-1946, p. 6-7.
  • [53]
    « Ligue des familles nombreuses de Belgique », op. cit., p. 4.
  • [54]
    Y. Nuyens, Pressiegroepen in België, op. cit., p. 217-218.
  • [55]
    AGR, LFNB, 225, « Contentieux Bond-Ligue : position et propositions », 7 décembre 1973, p. 1.
  • [56]
    Ce patrimoine comprend essentiellement les revenus de sous-locations d’immeubles, les revenus d’un portefeuille « titre 563 » et des intérêts bancaires.
  • [57]
    Nouveaux statuts de la LFNJF (annexes au Moniteur belge, 9 novembre 1971).
  • [58]
    Modification des statuts de la LFNB (annexes au Moniteur belge, 9 novembre 1961).
  • [59]
    Statut du BGJG (annexes au Moniteur belge, 26 octobre 1961) ; AGR, LFNB, 6, Statut et règlement d’ordre intérieur, 1971, p. 2.
  • [60]
    A. Stélandre, « Épargne et propriété : la loi d’août 1889 sur les habitations ouvrières », Les cahiers de la Fonderie, n° 6, 1989, p. 23.
  • [61]
    J. Puissant, « L’exemple belge : l’habitat privé, la maison individuelle l’emportent sur l’habitat collectif », Revue du Nord, n° 34, 2008, p. 103.
  • [62]
    Reproduit dans Bulletin trimestriel de la Ligue des familles nombreuses de Belgique, 2e année, n° 5, avril 1922, p. 3.
  • [63]
    Le fonds du logement n’est pas réellement un organe de la LFNB, puisqu’il s’agit d’une coopérative. Toutefois, il lui est très intimement lié.
  • [64]
    AGR, LFNB, 283, Dossier relatif au 75e anniversaire de la Ligue, 1996, p. 6 ; M. Vanhecke, 75 ans de lutte pour les familles… avec les familles, Bruxelles, Ligue des familles, 1996, p. 15 ; M. Berger, Le mouvement familial belge, op. cit., p. 115-116.
  • [65]
    LFNB, Fonds du logement de la Ligue des familles nombreuses de Belgique, société coopérative, 25e anniversaire, 1927-1952, Bruxelles, 1952, p. 18.
  • [66]
    Ligue des familles, 50 ans de jeunesse, op. cit., p. 17.
  • [67]
    Ibidem, p. 2 ; M. Vanhecke, 75 ans de lutte pour les familles… avec les familles, op. cit., p. 20 ; M. Berger, Le mouvement familial belge, op. cit., p. 139.
  • [68]
    Décret de la Communauté française du 8 juin 1983 accordant des prêts d’études aux familles comptant au moins trois enfants à charge, Moniteur belge, 19 juillet 1983.
  • [69]
    M. Berger, Le mouvement familial belge, op. cit., p. 142 ; B. Wauquaire, M. Wauquaire, Historique et développement de la Ligue des familles en Belgique, mémoire en Sciences politiques et sociales, UCL, 1991, p. 168.
  • [70]
    M. Vanhecke, 75 ans de lutte pour les familles… avec les familles, op cit., p. 18.
  • [71]
    M. Lecaille, Évolution d’une organisation : ouverture de la Ligue des familles nombreuses et des jeunes foyers à toutes les familles, mémoire en Sciences sociales, UCL, 1973, p. 65-67 et 69.
  • [72]
    D. Kulcsar, La vie familiale des femmes à travers les positions de la Ligue des familles de 1956 à 1981, op. cit., p. 41 ; M. Vanhecke, 75 ans de lutte pour les familles… avec les familles, op. cit., p. 41 ; M.-A. Van den Berghe, Le Ligueur, mémoire en Journalisme et communication sociale, ULB, 1981.
  • [73]
    Il existe une édition du Ligueur en allemand pour les germanophones : Zeitschrift der Bundes der Kinderreichen Familien Belgiens.
  • [74]
    M.-A. Van den Berghe, Le Ligueur, op. cit., p. 2 ; Y.-C. Hsin, Le Ligueur, porte-parole de la Ligue des familles. Le petit Ligueur, un journal réservé aux enfants qui n’exclut pas les adultes, mémoire en Communication, UCL, 1986, p. 11-12.
  • [75]
    AGR, LFNB, 294, Procès-verbal des propagandistes du comité central wallon, 26 janvier 1957. Cf. aussi AGR, LFNB, 294, Procès-verbal du comité de propagande, 5 janvier 1957, p. 2.
  • [76]
    AGR, LFNB, 234, Note concernant les perspectives de développement de la Ligue, juin 1969.
  • [77]
    « Ligue des familles nombreuses de Belgique », op. cit., p. 11.
  • [78]
    En 1957, le comité de propagande trouve l’hebdomadaire trop intellectuel et trop bourgeois et préconise de le rendre davantage accessible aux membres ruraux et ouvriers (AGR, LFNB, 294, Procès-verbal du comité de propagande, 5 janvier 1957, p. 2 : AGR, LFNB, 294, Procès-verbal des propagandistes du comité central wallon, 26 janvier 1957).
  • [79]
    Y.-C. Hsin, Le Ligueur, porte-parole de la Ligue des familles, op. cit., p. 17 ; D. Kulcsar, La vie familiale des femmes à travers les positions de la Ligue des familles de 1956 à 1981, op. cit., p. 43 ; M.-A. Van den Berghe, Le Ligueur, op. cit., p. 138.
  • [80]
    AGR, LFNB, 299, Programme d’activité 1964-1965, p. 3.
  • [81]
    AGR, LFNB, 225, Procès-verbal de la commission de négociation « Ligue-Bond », 21 mai 1974, p. 2.
  • [82]
    P.-A. Tallier, I. Sirjacobs, Inventaire des archives la Ligue des familles nombreuses de Belgique (1921-2002). Entre tradition, revendication, émancipation et consommation : aux sources de l’histoire du mouvement familial en Belgique, Bruxelles, Archives générales du royaume, 2013, p. 65.
  • [83]
    B. Wauquaire, M. Wauquaire, Historique et développement de la Ligue des familles en Belgique, op. cit., p. 160 ; M. Vanhecke, 75 ans de lutte pour les familles… avec les familles, op cit., p. 23.
  • [84]
    Ibidem, p. 26 ; « Ligue des familles nombreuses de Belgique », op. cit., p. 8.
  • [85]
    Ibidem, p. 8.
  • [86]
    M. Vanhecke, 75 ans de lutte pour les familles… avec les familles, op. cit., p. 31.
  • [87]
  • [88]
    88 Ibidem, p. 34 ; « Ligue des familles nombreuses de Belgique », op. cit., p. 7-9.
  • [89]
    Cf. par exemple AGR, LFNB, 20, « Préparation de l’assemblée générale du 29 août 1973 », p. 5-6.
  • [90]
    Le guide du militant, mai 1971, p. 1.
  • [91]
    M. Berger, Le mouvement familial belge, op. cit., p. 60-61 ; D. Kulcsar, La vie familiale des femmes à travers les positions de la Ligue des familles de 1956 à 1981, op. cit., p. 24-25 ; L. Ballet, P. Roosen, Historique de la Ligue des familles nombreuses de Belgique, op. cit., tome 1, p. 23 ; Ibidem, tome 3 : 1946-1956, p. 14 et 85. Cf. aussi AGR, LFNB, 219, 298, 300, 367, 977, 980.
  • [92]
    Comme ce sont les pères de familles qui s’affilient, ce sont eux qui sont les cibles premières des propagandistes de la LFNB, et ce au moins jusqu’à la fin des années 1950 (L. Ballet, P. Roosen, Historique de la Ligue des familles nombreuses de Belgique, op. cit., tome 1, p. 31).
  • [93]
    Y. Nuyens, Pressiegroepen in België, op. cit., p. 194.
  • [94]
    M. Berger, Le mouvement familial belge, op. cit., p. 61.
  • [95]
    L. Ballet, P. Roosen, Historique de la Ligue des familles nombreuses de Belgique, op. cit., tome 2, p. 21.
  • [96]
    AGR, LFNB, 219, Dossier concernant les statistiques des effectifs, 1951-1964.
  • [97]
    R. E. De Smet, R. Evalenko, Les élections belges : explication de la répartition géographique des suffrages, Bruxelles, Université libre de Bruxelles, 1956, p. 26.
  • [98]
    AGR, LFNB, 294, Procès-verbal du comité de propagande, 26 janvier 1957.
  • [99]
    F. Van Mechelen, Burop. Onderzoek naar de belangstellingsgerichtheid van de lezers van de Bond, Louvain, OLV, 1962 (cité dans Y. Nuyens, Pressiegroepen in België, op. cit., p. 196).
  • [100]
    AGR, LFNB, 294, Procès-verbal des propagandistes du comité central wallon, 4 janvier 1958.
  • [101]
    101 Le guide du militant, avril 1958, p. 12.
  • [102]
    AGR, LFNB, 294, Procès-verbal des propagandistes du comité central wallon, 3 mai 1958.
  • [103]
    Relais de cette préoccupation de l’Église, le PSC détient la plupart du temps les portefeuilles de la Famille et de la Prévoyance sociale au sein du gouvernement national (cf. infra).
  • [104]
    F. Van Mechelen, Burop, op. cit. (cité dans Y. Nuyens, Pressiegroepen in België, op. cit., p. 197).
  • [105]
    M. Berger, Le mouvement familial belge, op. cit., p. 63.
  • [106]
    L. Ballet, P. Roosen, Historique de la Ligue des familles nombreuses de Belgique, op. cit., tome 3, p. 4.
  • [107]
    AGR, LFNB, 234, Note concernant les perspectives de développement de la Ligue, juin 1969, p. 4.
  • [108]
    L. Ballet, P. Roosen, Historique de la Ligue des familles nombreuses de Belgique, op. cit., tome 3, p. 16.
  • [109]
    Cf., par exemple, AGR, LFNB, 308, Session de formation d’animateurs et d’animatrices, 1973-1974 ; AGR, LFNB, 307, Cours de formation du militant, 1er octobre 1955 ; AGR, LFNB, 307, Cours de formation du militant, s.d.
  • [110]
    Le guide du militant, février 1958, p. 105.
  • [111]
    Le guide du militant, janvier 1962, p. 187.
  • [112]
    AGR, LFNB, 39, Plan triennal de progrès 1971-1972, p. 8.
  • [113]
    AGR, LFNB, 367, Programme d’activité 1963-1964, p. 2.
  • [114]
    AGR, LFNB, 367, Procès-verbal du conseil d’administration, 18 septembre 1965, p. 5.
  • [115]
    AGR, LFNB, 367, Procès-verbal de l’assemblée générale, 20 avril 1969, p. 2-3 ; AGR, LFNB, 367, Procès-verbal de l’assemblée générale, 25 septembre 1967, p. 3.
  • [116]
    AGR, LFNB, 234, Note concernant les perspectives de développement de la Ligue, juin 1969.
  • [117]
    « Ligue des familles nombreuses de Belgique », op. cit., p. 6.
  • [118]
    AGR, LFNB, 40, Procès-verbal du conseil d’administration, 21 octobre 1972, p. 18.
  • [119]
    AGR, LFNB, 2, Statut et règlement d’ordre intérieur, 1951, p. 12.
  • [120]
    AGR, LFNB, 40, Procès-verbal du conseil d’administration, 21 octobre 1972, p. 18.
  • [121]
    Cf. AGR, LFNB, 425, Correspondance avec le gouvernement et les parlementaires.
  • [122]
    M. Katz, « Il était un avocat qui s’était intéressé un jour à la famille », in R. de Bodt, J.-P. Gailly, M. Zwick (dir.), Jacques Zwick : le dialogue et l’action, Cuesmes, Éditions du cerisier, 2014, p. 28.
  • [123]
    Article 2 des statuts (1959).
  • [124]
    V. Fallon, La Ligue des familles nombreuses, op. cit., p. 1.
  • [125]
    L. Ballet, P. Roosen, Historique de la Ligue des familles nombreuses de Belgique, op. cit., tome 2, p. 100.
  • [126]
    Comprendre par là : le libertinage, la sexualité hors mariage, etc.
  • [127]
    V. Fallon, La Ligue des familles nombreuses, op. cit., p. 15.
  • [128]
    A.-M. Buysse, À propos de neutralité, s.l. [Bruxelles], LFNB, 1958, p. 3.
  • [129]
    Ibidem.
  • [130]
    130 Le guide du militant, mars-avril 1958, p. 4.
  • [131]
    Le guide du militant, janvier 1956, p. 9.
  • [132]
    M. Katz, « Il était un avocat qui s’était intéressé un jour à la famille », op. cit., p. 28 ; LFNJF, Statuts, 1961.
  • [133]
    AGR, LFNB, 234, Note concernant les perspectives de développement de la Ligue, juin 1969.
  • [134]
    J. Gilles, Où va la famille ? Famille et société, Bruxelles, Ligue des familles, 1971, p. 8.
  • [135]
    AGR, LFNB, 62, Procès-verbal du conseil d’administration : Avis des administrateurs, 16 juin 1969, Réflexion des dirigeants régionaux, 11 juin 1969, Réflexion des délégués du secrétariat général, 13 juin 1969.
  • [136]
    AGR, LFNB, 62, Procès-verbal du conseil d’administration, « Malaise dans la Ligue. Essais de synthèse », 21 juin 1969.
  • [137]
    M. Vanhecke, 75 ans de lutte pour les familles… avec les familles, op. cit., p. 37-39.
  • [138]
    Loi du 18 mai 2006 modifiant certaines dispositions du Code civil en vue de permettre l’adoption par des personnes de même sexe, Moniteur belge, 20 juin 2006. À ce propos, cf. C. Herbrand, « L’adoption par les couples de même sexe », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1911-1912, 2006.
  • [139]
    Cf. notamment AGR, LFNB, 426, Lettre de Joseph Gilles à Théo Lefèvre, 22 avril 1961 ; AGR, LFNB, 426, Lettre de Joseph Gilles à Pierre Harmel, 20 juillet 1965.
  • [140]
    L. Ballet, P. Roosen, Historique de la Ligue des familles nombreuses de Belgique, op. cit., tome 1, p. 50-96 ; AGR, LFNB, 425 à 428.
  • [141]
    Ce type de demandes représente près de la moitié des lettres envoyées aux ministres.
  • [142]
    Cf. notamment AGR, LFNB, 425, Lettre au ministre Edmond Leburton, 15 juillet 1955 ; AGR, LFNB, 425, Lettres envoyées à différents députés, 15 juillet 1955. Après avoir échoué dans cette entreprise, la Ligue se tourne vers les groupes de pression ayant un relais au sein de la commission (cf., par exemple, AGR, LFNB, 425, Lettres à la CSC et à la FGTB, 5 septembre 1955 ; AGR, LFNB, 425, Lettre au président de la CSC, 14 septembre 1955).
  • [143]
    AGR, LFNB, 433, Représentation de la Ligue dans différents organismes et institutions en 1975, p. 1-2.
  • [144]
    Arrêté royal du 25 août 1947 portant sur la nomination des membres du Conseil supérieur de la famille, Moniteur belge, 15-16 septembre 1947.
  • [145]
    Arrêté royal du 12 août 1960 portant sur la nomination des membres du Conseil supérieur de la famille, Moniteur belge, 3 septembre 1960.
  • [146]
    Arrêté royal du 29 août 1967 portant sur la nomination des membres du Conseil supérieur de la famille, Moniteur belge, 5 septembre 1967.
  • [147]
    L. Ballet, P. Roosen, Historique de la Ligue des familles nombreuses de Belgique, op. cit., tome 2, p. 25-26 ; Ibidem, tome 3, p. 16.
  • [148]
    G. Wallerand, « Chronique générale », Revue néo-classique de philosophie, n° 49, 1936, p. 165.
  • [149]
    V. Fallon, « Les études familiales », Almanach des familles nombreuses, Anvers, LFNB, 1933, p. 29.
  • [150]
    M. Berger, Le mouvement familial belge, op. cit., p. 68.
  • [151]
    AGR, LFNB, 294, Procès-verbal du comité de propagande, 6 octobre 1956, p. 3.
  • [152]
    AGR, LFNB, 294, Procès-verbal du comité de propagande, 1er décembre 1956, p. 2.
  • [153]
    AGR, LFNB, 118, Procès-verbal du comité central wallon, 24 avril 1955, p. 2.
  • [154]
    AGR, LFNB, 294, Procès-verbal du comité de propagande, 6 octobre 1956, p. 2.
  • [155]
    AGR, LFNB, 367, Programme d’activité 1963-1964, p. 2.
  • [156]
    AGR, LFNB, 262, Congrès doctrinal, Bruxelles, 29-31 mai 1959.
  • [157]
    M. Berger, Le mouvement familial belge, op. cit., p. 68.
  • [158]
    L. Ballet, P. Roosen, Historique de la Ligue des familles nombreuses de Belgique, op. cit., tome 3, p. 18.
  • [159]
    AGR, LFNB, 296, Procès-verbal du comité de propagande, 9 juin 1961, p. 3.
  • [160]
    D. Kulcsar, La vie familiale des femmes à travers les positions de la Ligue des familles de 1956 à 1981, op. cit., p. 35 ; « Ligue des familles nombreuses de Belgique », op. cit., p. 11.
  • [161]
    L. Ballet, P. Roosen, Historique de la Ligue des familles nombreuses de Belgique, op. cit., tome 1, p. 16.
  • [162]
    AGR, LFNB, 294, Réunion du comité de propagande, 1er juin 1957.
  • [163]
    L. Ballet, P. Roosen, Historique de la Ligue des familles nombreuses de Belgique, op. cit., tome 1, p. 13 ; Ibidem, tome 3, p. 4 ; M. Berger, Le mouvement familial belge, op. cit., p. 69.
  • [164]
    Ibidem.
  • [165]
    AGR, LFNB, 234, Note concernant les perspectives de développement de la Ligue, juin 1969, p. 4.
  • [166]
    Y. Nuyens, Pressiegroepen in België, op. cit., p. 228.
  • [167]
    AGR, LFNB, 294, Procès-verbal du comité de propagande, 1er septembre 1956, p. 2.
  • [168]
    168 La Ligue, n° 10, 1934.
  • [169]
    169 La Ligue, n° 10, 1934.
  • [170]
    170 La Ligue, n° 11, 1934.
  • [171]
    171 Le Ligueur, 25 novembre 1955, p. 1.
  • [172]
    Après 1961, les commissions sont sous le contrôle de la LFNJF, la LFNB n’ayant plus qu’un rôle de supervision (cf. supra).
  • [173]
    AGR, LFNB, 546, Établissement des commissions en vue du congrès doctrinal de 1959.
  • [174]
    Cf., par exemple, AGR, LFNB, 34, Procès-verbal du conseil d’administration, 10 mars 1959.
  • [175]
    AGR, LFNB, 546, Liste des membres du comité national belge des organismes familiaux.
  • [176]
    AGR, LFNB, 39, Procès-verbal du conseil d’administration, 24 avril 1971 : Plan triennal de progrès 1971-1972, p. 9.
  • [177]
    Y. Nuyens, Pressiegroepen in België, op. cit., p. 239-240 ; M. Berger, Le mouvement familial belge, op. cit., p. 80.
  • [178]
    AGR, LFNB, 1321, Allocation de la mère au foyer (notes documentaires), p. 1-2 ; A. Jauniaux, Pour la mère au foyer, pour de nombreuses familles moyennes, Bruxelles, Femmes prévoyantes socialistes, 1932.
  • [179]
    Arrêté du régent du 28 mai 1948 relatif à l’octroi d’une allocation compensatoire à certaines catégories de personnes, Moniteur belge, 31 mai 1948.
  • [180]
    Arrêté du régent du 30 décembre 1949 modifiant l’arrêté du régent du 28 mai 1948 relatif à l’octroi d’une allocation compensatoire à certaines catégories de personnes, Moniteur belge, 9 janvier 1950.
  • [181]
    Les montants sont de 100 francs par mois pour un enfant à charge, de 200 francs pour deux, de 325 francs pour trois, de 475 francs pour quatre, etc. (AGR, LFNB, 612, Programme de revendication et d’action de la Ligue, 15 décembre 1954, p. 62). Par comparaison, une femme mariée au chômage perçoit à l’époque 1 250 francs par mois.
  • [182]
    Cf. notamment AGR, LFNB, 612, Programme de revendication et d’action de la Ligue, 15 décembre 1954, p. 51.
  • [183]
    Arrêté-loi du 28 décembre 1944 concernant la sécurité sociale des travailleurs, Moniteur belge, 30 décembre 1944.
  • [184]
    AGR, LFNB, 1321, Allocation de la mère au foyer (notes documentaires), p. 3.
  • [185]
    Arrêté royal du 10 avril 1957 portant modification des lois coordonnées relatives aux allocations familiales pour travailleurs salariés, Moniteur belge, 15-16 avril 1957.
  • [186]
    L. Ballet, P. Roosen, Historique de la Ligue des familles nombreuses de Belgique, op. cit., tome 3, p. 40.
  • [187]
    LFNB, Le fondement de l’allocation mère au foyer, Bruxelles, 1955.
  • [188]
    AGR, LFNB, 1321, Allocation de la mère au foyer (notes documentaires), p. 5. Ailleurs, on lit que « l’atmosphère chaude et compréhensive du foyer est principalement l’œuvre de la mère » (LFNB, Le fondement de l’allocation mère au foyer, op. cit., p. 17).
  • [189]
    AGR, LFNB, 1321, Allocation de la mère au foyer (notes documentaires), p. 6.
  • [190]
    190 Le guide du militant, janvier 1956, p. 111-129.
  • [191]
    J. Bowlby, Soins maternels et santé mentale : contribution de l’Organisation mondiale de la santé au programme des Nations Unies pour la protection des enfants sans foyer, Genève, OMS, 1951.
  • [192]
    Le Ligueur, 19 novembre 1954, p. 1.
  • [193]
    Cf. la lettre ouverte au ministre des Travaux et de la Prévoyance sociale dans Le Ligueur, 8 avril 1955, p. 2.
  • [194]
    « Ne touchez pas à nos mamans », dans la version en néerlandais.
  • [195]
    195 Le Ligueur, 4 novembre 1955, p. 3.
  • [196]
    Le Ligueur, 4 novembre 1955, p. 3.
  • [197]
    Le guide du militant, janvier 1956, p. 89.
  • [198]
    198 Le Ligueur, 25 novembre 1955, p. 1.
  • [199]
    Chambre des représentants, Annales parlementaires, n° 77, 2 mai 1956.
  • [200]
    Ibidem.
  • [201]
    AGR, LFNB, 10, Rapport d’activité du conseil d’administration soumis à l’assemblée générale du 18 mars 1956, p. 3.
  • [202]
    202 Le Soir, 21 mars 1955.
  • [203]
    203 Le Soir, 14 février 1955.
  • [204]
    Chambre des représentants, Annales parlementaires, n° 51-52, 24 février 1955. Il est à noter que quelques membres de la LFNB adressent une lettre au ministre pour lui présenter des excuses au nom du mouvement, voire pour le soutenir.
  • [205]
    « Chacun à sa place : discours du premier ministre Van Acker au congrès du POB le 20 novembre 1955 », Le Peuple, 21 novembre 1955, p. 3.
  • [206]
    AGR, LFNB, 425, Lettre de Paul Heymans à Achille Van Acker, 24 novembre 1955.
  • [207]
    Cf. par exemple, F. Heymann-Coulon, L’allocation mère au foyer : pourquoi pas l’allocation à la mère ?, Bruxelles, Ligue nationale des coopératrices belges, 1948, p. 62.
  • [208]
    AGR, LFNB, 78, Procès-verbal du comité exécutif, 18 octobre 1955, p. 2. Cf. par exemple M. Leroy-Boy, Pour la libération de la femme : pour ou contre un salaire à la ménagère ?, Bruxelles, Action sociale catholique, 1948.
  • [209]
    AGR, LFNB, 1000, Programme de politique familiale 1965-1969 ; AGR, LFNB, 11, Procès-verbal de l’assemblée générale, 14 mars 1970.
  • [210]
    AGR, LFNB, 1061, « Le statut social de la mère » (document présenté à l’assemblée générale le 22 décembre 1967), p. 12. Cf. aussi LFNB, « Le travail de la mère », 9 juin 1959, p. 3.
  • [211]
    AGR, LFNB, 426, Lettre de Joseph Gilles au Premier ministre, 10 janvier 1961, p. 1. Cf. aussi AGR, LFNB, 1051, « Programme de politique familiale », 1971.
  • [212]
    AGR, LFNB, 427, Brochure pour un ministère autonome de la famille (document envoyé aux candidats aux élections législatives du 23 mai 1965), s.d.
  • [213]
    Cf. AGR, LFNB, 425, Lettre de Joseph Gilles à Pierre Harmel, 30 mai 1958.
  • [214]
    214 Infor-Ligue, février 1972.
  • [215]
    J. De Clerck, « Le problème de l’avortement », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 645, 1974 ; B. Marquès-Pereira, « L’interruption volontaire de grossesse : un processus de politisation 1970-1981 », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 923 et 930-931, 1981 ; H. Claeys, N. Loeb-Mayer, « Les partis devant le problème de l’avortement », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 962, 1982 ; B. Marquès-Pereira, A. Squilbeck, « L’interruption volontaire de grossesse », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1127 et 1128, 1986.
  • [216]
    La Société belge pour la dépénalisation de l’avortement est créée en 1970.
  • [217]
    Loi du 3 avril 1990 relative à la dépénalisation de l’avortement, Moniteur belge, 5 avril 1990.
  • [218]
    A. Dubois, L. Ingber, « En guise de conclusion », Avortement et contraception, Bruxelles, Institut de sociologie de l’Université libre de Bruxelles, 1971.
  • [219]
    AGR, LFNB, 11, Procès-verbal de l’assemblée générale, 10 juin 1972, p. 4.
  • [220]
    La LFNB avait tout d’abord souhaité prendre une décision commune avec le CSF, mais cela s’est avéré impossible.
  • [221]
    221 Le Ligueur, 23 juin 1972, p. 1.
  • [222]
    AGR, LFNB, 11, Procès-verbal de l’assemblée générale, 10 juin 1972, p. 9.
  • [223]
    Le guide du militant, mai 1975, p. 2.
  • [224]
    Asbl créée en 1973 d’une initiative de Ghislain Vanhoutte. Elle publie un bimestriel du nom de Vox Vitae.
  • [225]
    « Tout devient clair : la Ligue des familles a pris position », Vox Vitae, novembre-décembre 1974, p. 3.
  • [226]
    Le guide du militant, mai 1975, p. 1.
  • [227]
    J. Gilles, La Ligue des familles actualise sa position en matière d’avortement, s.l., Ligue des familles, 1978.
  • [228]
    Le Ligueur, 15 septembre 1972, p. 2.
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