Notes
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[1]
voir Courrier Hebdomadaire n°s 49, 53 et 57.
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[2]
nous les désignons plus loin par "Comités de Sécurité" ou C.S.H.".
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[3]
En 1958, certains pourcentages dépassaient 100, il y en eut même un atteignant 282,07 % ! Le phénomène se retrouve en 1962.
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[4]
Pour ce tableau et los suivants, on remarquera que toutes les mesures sont en %.
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[5]
Courrier Hebdomadaire n° 53, pp. 4 et 5.
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[6]
Rappelons que près de 20 % n’ont pas voté.
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[7]
compte non tenu des gens de maison.
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[8]
Il est cependant important de souligner que, pour les chiffres de 1950, il s’agit des voix et non des chiffres électoraux, ce qui rend la série imparfaitement homogène.
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[9]
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[10]
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[11]
Le Comité central comprend 5 liègeois, 3 borains, 4 représentants de la région de Charleroi, un de l’arrondissement de Huy-Waremme, ainsi qu’un militant flamand.
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[12]
Pour les propositions d’alliance électorale, voir Le Drapeau Rouge du 12 décembre 1963. Quant à l’idée d’une fusion organique, le vice-président du Parti, René Beelen, l’exprimait ainsi, dans Le Drapeau Rouge du 26 novembre 1963 : "Les masses finiront par imposer une formation permanente, qui rassemblera les affiliés des syndicats, des coopératives, des mutualités du Parti Socialiste et du Parti Communiste. C’est cette formation permanente, démocratiquement structurée, qui, entre les élections, dégagera d’un débat de tendances … la véritable expression politique de la classe ouvrière … Quant à nous, notre volonté est de faire de l’Action Commune socialiste, qui ne rassemble aujourd’hui que des "sommets", une véritable association de masses ….".
1Nous avons déjà, antérieurement, fourni à nos lecteurs certaines analyses des élections syndicales de 1958 [1]. Le présent numéro du Courrier tente une analyse globale des élections de 1963.
2Dans la mesure du possible, nous avons établi certaines comparaisons avec les élections antérieures. Il est bien évident que les données sont surtout indicatives de tendances générales. Il est en effet impossible d’établir des comparaisons absolues puisque la base des élections s’est modifiée dans le temps (nombre de travailleurs requis pour qu’il y ait élections, collèges électoraux variables….).
3Las comparaisons, pour les Comités de sécurité, n’ont été possibles qu’avec 1958, seule élections antérieure. Pour les Conseils d’entreprise, nous les avons tentées avec 1950, 54 et 58, mais pour la première élection, nous avons dû prendre le nombre de voix et non le chiffre électoral.
1ère Partie. Etude globale des élections
Chapitre 1er. Comités de sécurité, d’hygiène et d’embellissements des lieux de travail [2]
1 – La représentativité des résultats
4Dans nos commentaires des élections de 1958, nous nous étions demandés si celles-ci concernaient un pourcentage important de travailleurs. Le tableau I essaie de répondre à la même question pour les élections de 1963. De plus, il permet une comparaison entre la représentativité des deux consultations.
Représentativité des élections aux Comités de Sécurité(1),(2)
Représentativité des élections aux Comités de Sécurité(1),(2)
(1) Chiffres do 1961.(2) Pour la notion de "syndicables" et son calcul, nous renvoyons aux numéros suivants du Courrier Hebdomadaire : 10, 18, 30, 39, 75 et 181.
5Le tableau est double parce que la question de l’inclusion des gens de maison dans le chiffre des syndicables peut être discutée (grand nombre de femmes à journée, par exemple, dans les établissements importants).
6Rappelons, par ailleurs, que les indications sont valables lorsqu’il s’agit des occupés et des inscrits ; elle sont moins sûres pour les votants et les bulletins valables. Ceci, en raison du jeu des Collèges électoraux communs, qui peut donner des chiffres légèrement forcés pour les deux derniers postes.
7Le personnel occupé dans les entreprises intéressées a légèrement augmenté. Ceci s’explique très partiellement par le fait qu’en 1958, les comités devaient être instaurés dans les entreprises "occupant en moyenne" 50 travailleurs. L’explication la plus fondée est évidemment l’augmentation de l’emploi (On remarquera que le pourcentage des occupés a moins augmenté de 1958 à 1963 lorsqu’on tient compte des gens de maison, ce qui est normal).
8Cependant, le nombre des inscrits a diminué de 1958 à 1963 (près de 1 % du nombre des syndicables). La constatation est d’autant plus curieuse que les conditions d’électorat ont été élargies pour les étrangers (simple possession du permis de travail en 1963, - deux ans en 1958) et pour les jeunes (âge abaissé de 18 à 16 ans). Dans toutes les provinces, le rapport est inférieur en 1963 ; c’est ce que montre le tableau II. La baisse du rapport des inscrits au personnel occupé est partiellement sensible pour les jeunes travailleurs. Ici, on ne voit guère comme explication que l’effet de l’allongement de la scolarité et le plein emploi qui a ramené au travail les chômeurs âgés et augmenté l’emploi féminin ; la cause de la baisse globale doit probablement être cherchée dans la mobilité des travailleurs (plus forte en période de plein emploi), permettant aux clauses d’occupation dans l’entreprise (trois mois) et dans la branche d’activité (un an) de jouer contre l’inscription.
Rapports des inscrits au personnel occupé par province (Comités de sécurité)
Rapports des inscrits au personnel occupé par province (Comités de sécurité)
9On ne sait trop s’il faut prendre les bulletins valables ou les votants comme critère de la représentativité ; l’imprécision des données est probablement le fait des deux rubriques. De toute façon, qu’on prenne l’une ou l’autre en comparant 1963 à 1958, on constate une légère régression de la représentativité alors que le chiffre des occupés a augmenté. Bien que nous l’ayons déjà signalé antérieurement, lors de notre analyse des élections de 1958 et rappelé ci-dessus encore, soulignons que les données du tableau III (votants par rapport aux inscrits, bulletins valables par rapport aux votants) doivent être interprétées avec beaucoup de précaution à cause de l’influence des collèges communs [3]. Cela est clair pour le résultat que nous avons encadré à la 7ème colonne du tableau III mais il est évident que les autres sont faussés dans le même sens.
10Bref, si l’échantillon reste bon, il ne s’est pas amélioré.
Représentativité des élections aux Comités de sécurité
Représentativité des élections aux Comités de sécurité
Note. En 1958, pour les ouvriers, certains pourcentages dépassaient 100. Pour les employés, on trouvait même un pourcentage atteignant 282,07 %.2 – La confiance globale recueillie par les organisations syndicales
11Les tableaux IV et V sont assez parlant pour indiquer par eux-mêmes le sens de l’évolution des résultats des élections. Pour estimer la confiance recueillie, il faut bien se contenter du tableau IV qui, forcément, ne donne les chiffres électoraux que d’une partie des entreprises (celles où on a voté).
Confiance recueillie par les organisations syndicales (chiffres électoraux) (Comités de sécurité)
Confiance recueillie par les organisations syndicales (chiffres électoraux) (Comités de sécurité)
Sièges obtenus par les organisations syndicales (Comités de sécurité)
Sièges obtenus par les organisations syndicales (Comités de sécurité)
12Pour apprécier le tableau V, il faut également tenir compte du fait que les conseils ont été mis en place dans un certain nombre d’entreprises sans qu’il y ait élection. Si des élections avaient eu lieu dans ces entreprises (19,40 %), il en serait résulté une dévolution de voix sans que l’on puisse dire si elle aurait favorisé l’un ou l’autre syndicat (bien qu’il y ait une présomption sérieuse en faveur de la C.S.C., puisqu’elle atteint près de 50 % des sièges et seulement 44,21 % comme chiffre électoral).
13Quoi qu’il en soit, le tableau IV indique que si la F.G.T.B. se maintient encore au-dessus des 50 %, elle a cependant marqué un recul de 4 %. Ces derniers ne profitent pas entièrement à la C. S.C. par suite de l’avance de la C.G.S.L.B.
14Le mouvement accuse une corrélation positive avec celui des effectifs syndicaux. Sans tenir compte de la C.G.S.L.B., en effet, la F.G.T.B. passe de 50,98 à 47,24 % des effectifs, tandis que la C.S.C. passe de 49,01 à 52,75 %.
15Evidemment, le nombre de mesures est insuffisant pour tirer des conclusions de cette corrélation.
3 – Confiance et influence
16Nous croyons pouvoir reprendre la nuance que nous avions introduite en 1958 dans l’interprétation que nous avions tentée :
17Influence peut s’entendre dans le sens d’action exercée sur le milieu et il est incontestable qu’à ce moment, on devrait étudier la répartition des sièges, un plus grand nombre d’élus pouvant, en principe, exercer une influence plus étendue.
18Mais, couramment, on parle de l’influence d’une organisation syndicale en évoquant précisément la confiance que les travailleurs lui accordent (C’est souvent par opposition à "effectifs" que cet élément est avancé). Il importe alors de pousser l’étude des résultats électoraux plus loin que nous ne l’avons fait dans les deux parties précédentes. On ne peut oublier, en effet, que de nombreuses entreprises n’ont pas connu de compétitions électorales. Dans un certain nombre même, il n’y a pas eu d’élection : une seule liste ayant été présentée, aucun vote n’est intervenu (de telle sorte que l’ordre de présentation n’a même pas été modifié).
19En réalité donc, l’influence d’une organisation syndicale étant fonction de la confiance que les travailleurs lui accordent et du nombre de délégués dont elle dispose, c’est de la combinaison des tableaux IV et V qu’il faut déduire cette influence. Ceci crée une zone d’indétermination invincible. Nous ne revenons pas sur cette question que nous avons abordée antérieurement [5].
20Il immorte cependant de souligner que la F.G.T.B., pour les sièges, ne se maintient plus aux 50 % tandis que la C.S.C. les atteint pratiquement (49,85 %). Sans grand risque de se tromper, on peut en conclure que la F.G.T.B. aurait difficilement maintenu les 50 % des voix (chiffres électoraux) si les suffrages avaient été exprimés dans toutes les entreprises [6].
21Pour les élections aux comités de sécurité, on peut donc parler d’un renversement de majorité.
Chapitre 2. Conseils d’entreprise
1 – La représentativité des résultats
22La représentativité des élections aux conseils d’entreprise est évidemment moins importante que celle aux comités de sécurité, puisqu’elles ne concernent pas les entreprises de moins de 150 travailleurs tandis que les secondes couvrent jusqu’aux entreprises de 50 travailleurs.
23Le nombre des inscrits atteint, en 1962, près de 30 % des syndicables [7] ; ce qui est un bon échantillon mais sans oublier que le vote n’a pas eu lieu dans tous les secteurs et que les petites entreprises sont exclues.
24On ne s’étonnera pas de constater, au tableau VI, une diminution du nombre de votants ; il faut probablement l’attribuer à l’augmentation du nombre des collèges séparés. Le tableau VII le confirme puisqu’on y voit tomber le nombre des votants "employés" par rapport au nombre des inscrits.
Représentativité des élections aux Conseils d’entreprise(1),(2)
Représentativité des élections aux Conseils d’entreprise(1),(2)
(1) chiffres de 1961.(2) estimation.
Représentativité des élections aux Conseils d’entreprise
Représentativité des élections aux Conseils d’entreprise
25Les réserves signalées au chapitre I à propos des votants et des bulletins valables sont à faire ici.
2 – La confiance globale recueillie par les organisations syndicales
26L’évolution se lit mieux dans les tableaux VIII et IX relatifs à la confiance recueillie et aux sièges obtenus aux élections pour les conseils d’entreprise que dans les résultats pour les comités de sécurité.
Confiance recueillie par les organisations syndicales (conseils d’entreprise)
Confiance recueillie par les organisations syndicales (conseils d’entreprise)
Sièges obtenus par les organisations syndicales (Conseils d’entreprise)
Sièges obtenus par les organisations syndicales (Conseils d’entreprise)
27Certes, les élections aux conseils sont moins représentatives (entreprises de 150 travailleurs au lieu de 50 comme minimum), mais nous avons par contre les résultats de quatre élections en 12 ans [8]. On peut donc tenter de voir le rapport existant entre la variation des affiliations syndicales et celle de la confiance.
28On verra de suite, à simple vue des indices que nous avons établis ci-dessous, que le coefficient de dépendance [9] est positif quant à son sens ; son intensité est très forte surtout pour la C.S.C. (+ 0,93 pour la F.G.T.B., 1 pour la C.S.C.).
29Il est plus intéressant de rechercher le coefficient de corrélation [10] qui permet une approche plus précise :
30La corrélation est donc plus forte à la C.S.C. qu’à la F.G.T.B. Le coefficient de la F.G.T.B. est influencé par la situation de 1958 où l’on voit l’indice des effectifs augmenter et celui des chiffres électoraux subir une légère récession.
31Revenant au tableau VIII, et ne tenant plus compte cette fois de 1950 pour garder une série homogène, on remarquera que la F.G.T.B. descend moins bas pour les Conseils d’entreprise (51,12 %) que pour les Comités de sécurité (50,47 %). Depuis 1954, la descente est constante, mais le fait que le vote n’a lieu que dans les entreprises comptant au moins 150 travailleurs (et non 50 comme pour les comités) semble indiquer que le vote dans les petites entreprises défavorise la F.G.T.B. Il faut cependant souligner que cette dernière vite très nettement majoritaire pour les votes ouvriers, contrairement à ce qui se passe pour les employés et les jeunes où la C.S.C. devient majoritaire.
3 – Confiance et influence
32Pour les sièges (Tableau IX), la F.G.T.B. reste favorisée (48,88 %) par rapport aux Comités (46,47 %). La C.S.C., qui dépasse la F.G.T.B. en sièges pour les Comités (49,85 % contre 46,47 %) ne l’a pas rejointe pour les conseils (47,96 % contre 48,88 %).
33C’est aussi chez les employés et les jeunes que la C.S.C. marque sa supériorité dans l’obtention des sièges (57,36 % pour les employés, 58,04 % pour les jeunes).
ELECTIONS SYNDICALES
ELECTIONS SYNDICALES
ELECTIONS SYNDICALES
ELECTIONS SYNDICALES
ELECTIONS SYNDICALES
ELECTIONS SYNDICALES
ELECTIONS SYNDICALES
ELECTIONS SYNDICALES
ELECTIONS SYNDICALES
ELECTIONS SYNDICALES
ELECTIONS SYNDICALES
ELECTIONS SYNDICALES
NOUVEAUX DEVELOPPEMENTS DANS LA CRISE DU COMMUNISME BELGE ET CREATION D’UN "PARTI COMMUNISTE WALLON"
34Dans son Courrier Hebdomadaire 206 du 5 juillet 1963, le C.R.I.S.P. rendait compte de la constitution d’une Fédération bruxelloise du P.C.B., dissidente par rapport à la direction officielle du Parti Communiste. Il s’agissait là d’une conséquence et d’une étape de la crise du communisme belge, divisé en un courant "orthodoxe", "Krouchtchevien" ou "révisionniste" et un courant "chinois" ou "marxiste-léniniste", et de l’exclusion, lors du dernier Congrès du Parti (Anvers, 13, 14 et 15 avril 1963) de quatre militants bruxellois en vue, dont M. Jacques Grippa, ancien membre du Comité Central.
35Comme on pouvait le prévoir, les efforts des communistes dissidents se sont orientés vers la province, leur implantation à Bruxelles étant solide. C’est en direction de Liège, du Borinage et de la région de Charleroi qu’ils orientèrent leur travail de propagande. Dans ce dernier centre, le ralliement d’un des fondateurs du Parti Communiste (en 1921), l’ancien député et bourgmestre de Roux, Henri Glineur, facilita la tâche des "marxistes-léninistes". Appuyant leur action de propagande sur la diffusion d’un organe bi-mensuel (hebdomadaire à partir du 1er janvier 1964), dont le premier numéro a paru en octobre dernier, ainsi que sur celle de nombreux tracts et affiches, ils semblent avoir réussi à mettre sur pied des sections qui leur sont entièrement acquises à Charleroi et à Liège, de telle sorte que la réunion d’un "Congrès fédéral extraordinaire" y serait imminente. Pareil évènement pourrait également se produire à brève échéance dans le Borinage.
36C’est dans ces conditions que s’est tenue le 22 décembre 1963 une "Conférence nationale", organisée par la Fédération bruxelloise du P.C.B. (tendance "marxiste-léniniste") et qui groupait à peu près 200 "cadres" dont une soixantaine venant de la province wallonne et une douzaine d’origine flamande. Les principales décisions qui y ont été prises sont les suivantes :
1 – La fédéralisation des structures du Parti
37qui sera composé d’un "Parti Communiste Wallon", d’un "Parti Communiste Flamand" et d’une "Fédération bruxelloise" que viendra coiffer et centraliser une organisation nationale. Il faut cependant remarquer que l’extrême faiblesse de la représentation flamande, au sein de la nouvelle formation, reporte à plus tard la création effective du Parti flamand. A cet égard, il convient d’observer une nouvelle approche du problème flamand par les communistes dissidents. C’est ainsi que, dans son rapport, M. Jacques Grippa, 1er secrétaire de la Fédération bruxelloise, a reproché à la direction officielle du P.C.B., non seulement d’entraver l’action dynamique du M.P.W., mais également de s’opposer aux revendications du peuple flamand. Ce faisant, elle ne ferait que perpétuer, selon M J. Grippa, l’attitude traditionnelle de la social -démocratie belge, qui aurait toujours manifesté son incompréhension, voire de l’hostilité, à l’égard du mouvement flamand.
2 – Vers la constitution d’un second Parti Communiste sur le plan national
38Lors de leur "Congrès extraordinaire", en juin dernier, les "marxistes-léninistes" bruxellois paraissaient s’attendre à ce que des mouvements, parallèles au leur, se développeraient dans diverses Fédérations de province ; qu’ils aboutiraient à la réunion de "Congrès extraordinaires" et, partant, de Fédérations rivales de celles existantes - comme c’est le cas à Bruxelles depuis plusieurs mois -, après quoi un Congrès national pourrait être tenu. Cette procédure n’a pu être suivie. Les communistes "marxistes-léninistes" ont préféré brûler les étapes et sauter par dessus la phase "Congrès fédéral extraordinaire". Leur Conférence nationale a élu un Comité central groupant 24 membres et chargé de préparer un Congrès national qui se tiendrait au printemps prochain. Ce Comité Central, qui a à son tour, désigné un Bureau politique, devra en outre procéder à l’élaboration de nouveaux statuts et de nouvelles "thèses" [11].
39Bien que certains de ses membres souhaitent que la nouvelle formation emprunte une étiquette nouvelle qui la distingue nettement du Parti Communiste "orthodoxe" et majoritaire ("Parti Communistes révolutionnaire", par exemple), les "marxistes-léninistes" conservent, pour l’instant du moins, le label traditionnel de Parti Communiste de Belgique. Ils prétendent en effet être les seuls dépositaires et représentants de la doctrine communiste, accusant la direction officielle de "néo-réformisme". L’idée avancée par plusieurs dirigeants communistes belges et visant à la constitution, en 1964, de listes électorales communes de gauche (sur le plan syndical et politique) et, davantage encore, la proposition visant à une fusion organique avec des organisations socialistes [12] paraissent être, aux yeux des "marxistes-léninistes", une preuve nouvelle du rapprochement idéologique et même tactique entre socialistes de tendance réformiste et communistes "krouchtcheviens".
3 – Le programme revendicatif immédiat
40Le programme revendicatif immédiat, mis au point par la Conférence nationale du 22 décembre, porte sur le domaine social et politique. Au point de vue social, il réclame, entre autres, la semaine des 40 heures (payée à 48 heures) et les trois semaines de congé (dès 1964 et avec double pécule), ainsi qu’une augmentation de 10 % des salaires. Sur le plan politique, le programme mentionne, à côté du fédéralisme, la réduction de 10 milliards de dépenses militaires et le retrait des "Projets Servais" et des "lois anti-grève". Ce programme ne comprend pas, à proprement parler, de volet économique, les "marxistes-léninistes" ayant tendance à ramener les "réformes de structure" à des mesures de caractère néo-capitaliste.
Notes
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[1]
voir Courrier Hebdomadaire n°s 49, 53 et 57.
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[2]
nous les désignons plus loin par "Comités de Sécurité" ou C.S.H.".
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[3]
En 1958, certains pourcentages dépassaient 100, il y en eut même un atteignant 282,07 % ! Le phénomène se retrouve en 1962.
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[4]
Pour ce tableau et los suivants, on remarquera que toutes les mesures sont en %.
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[5]
Courrier Hebdomadaire n° 53, pp. 4 et 5.
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[6]
Rappelons que près de 20 % n’ont pas voté.
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[7]
compte non tenu des gens de maison.
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[8]
Il est cependant important de souligner que, pour les chiffres de 1950, il s’agit des voix et non des chiffres électoraux, ce qui rend la série imparfaitement homogène.
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[11]
Le Comité central comprend 5 liègeois, 3 borains, 4 représentants de la région de Charleroi, un de l’arrondissement de Huy-Waremme, ainsi qu’un militant flamand.
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[12]
Pour les propositions d’alliance électorale, voir Le Drapeau Rouge du 12 décembre 1963. Quant à l’idée d’une fusion organique, le vice-président du Parti, René Beelen, l’exprimait ainsi, dans Le Drapeau Rouge du 26 novembre 1963 : "Les masses finiront par imposer une formation permanente, qui rassemblera les affiliés des syndicats, des coopératives, des mutualités du Parti Socialiste et du Parti Communiste. C’est cette formation permanente, démocratiquement structurée, qui, entre les élections, dégagera d’un débat de tendances … la véritable expression politique de la classe ouvrière … Quant à nous, notre volonté est de faire de l’Action Commune socialiste, qui ne rassemble aujourd’hui que des "sommets", une véritable association de masses ….".