Notes
-
[1]
« Déclaration du gouvernement », in Sénat, Annales, n° 2-5, 12 octobre 1999.
-
[2]
Chambre des représentants, Annales, n° 2, 14 juillet 1999.
-
[3]
Sénat, Proposition de résolution visant à supprimer progressivement les « cabinets ministériels », déposée par Y. Buysse, doc 4-1106/1, 9 janvier 2009.
-
[4]
« Copernicus. Au centre de l’avenir. La réforme de l’administration fédérale belge », Bruxelles, SPF Personnel et organisation, octobre 2002, www.fedweb.belgium.be.
-
[5]
Précisons que la Communauté française a décidé, en mai 2011, d’adopter la dénomination de « Fédération Wallonie-Bruxelles » dans sa communication interne et externe. Ce nouveau nom n’ayant cependant pas la portée juridique que lui donnerait une révision de la Constitution allant dans le même sens, nous maintiendrons, dans ce Courrier hebdomadaire, l’appellation constitutionnelle de Communauté française.
-
[6]
Les cabinets des ministres de la Communauté germanophone ne sont donc pas étudiés ici, en raison de la taille restreinte du système exécutif concerné et du faible poids qu’il représente à l’échelle belge.
-
[7]
C. Pollitt, G. Bouckaert, Public Management Reform. A Comparative Analysis: New Public Management, Governance, and the Neo-Weberian State, 2e éd., Oxford/New York, Oxford University Press, 2004.
-
[8]
C. de Visscher, « Le management public en Belgique », in Le management public en Europe. Les grandes tendances du management public en Europe : étude par pays, Limoges, Europa, 2003, www.unilim.fr.
-
[9]
N. Thijs, S. Van de Walle, « De Ducpétiaux à Copernic : 150 années de réformes administratives en Belgique », Administration publique : revue du droit public et des sciences administratives, n° 1,2005, p. 33-50.
-
[10]
Pour davantage de détails concernant ces mesures, cf. ibidem ; A. Piraux, « Bilan raisonné et mise en perspective des réformes administratives fédérales en Belgique », Pyramides. Revue du Centre d’études et de recherches en administration publique, n° 20, 2010, p. 189-211 ; A. Stenmans, La transformation de la fonction administrative en Belgique. Administration publique et société, Bruxelles, CRISP, 1999.
-
[11]
C. Pollitt, G. Bouckaert, Public Management Reform. A Comparative Analysis: New Public Management, Governance, and the Neo-Weberian State, op. cit.
-
[12]
J. Maesschalck, « When Do Scandals Have an Impact on Policy Making? A Case Study of the Police Reform Following the Dutroux Scandal in Belgium », International Public Management Journal, volume 5, n° 2, 2002, p. 169-193.
-
[13]
S. Jacob, « L’institutionnalisation de l’évaluation des politiques publiques en Belgique : entre balbutiements et incantations », Res Publica : revue de science politique, volume 46, n° 4, 2004, p. 512-534 ; A.-P. Frognier, B. Rihoux, « Opinion publique et politique en Belgique : une crise de légitimité ? », Recherches sociologiques, volume 31, n° 1, 2000, p. 147-157 ; B. Rihoux, S. Walgrave, « Disparitions d’enfants et justice : émergence de nouveaux acteurs », Courrier hebdomadaire,CRISP, n° 1590-1591, 1998.
-
[14]
Chambre des représentants, Annales, n° 2, 14 juillet 1999.
-
[15]
G. Rondeaux, Identification organisationnelle et changement : les logiques identitaires à l’épreuve du New Public Management, thèse de doctorat en Sciences économiques et de gestion, HEC-ULg, 2012.
-
[16]
C. Hood, « A Public Management for all Seasons? », Public Administration, volume 69, n° 1, 1991, p. 3-19.
-
[17]
T. Christensen, P. Lægreid (dir.), New Public Management: the Transformation of Ideas and Practice, Aldershot, Ashgate, 2001.
-
[18]
C. Pollitt, G. Bouckaert, Public Management Reform. A Comparative Analysis: New Public Management, Governance, and the Neo-Weberian State, op. cit.
-
[19]
K. Sahlin-Andersson, « National, International and Transnational Constructions of New Public Management », in T. Christensen, P. Lægreid (dir.), New Public Management: the Transformation of Ideas and Practice, op. cit., p. 43-72 ; R. Common, « The New Public Management and Policy Transfer: the Role of International Organizations », in M. Minogue, D. Hulme, C. Polidano (dir.), Beyond the New Public Management: Changing Ideas and Practice in Governance, Cheltenham/Northampton, Edward Elgar, 1998, p. 59-75.
-
[20]
C. Hood, « A Public Management for all Seasons? », op. cit.
-
[21]
T. Christensen, P. Lægreid (dir.), New Public Management: the Transformation of Ideas and Practice, op. cit.
-
[22]
M. Minogue, D. Hulme, C. Polidano (dir.), Beyond the New Public Management: Changing Ideas and Practice in Governance, op. cit.
-
[23]
A. Drumaux, « La réforme “Copernic” : du big-bang à la “culture de l’espoir” », Pyramides. Revue du Centre d’études et de recherches en administration publique, n° 20, 2010, p. 23-43.
-
[24]
G. Rondeaux, Identification organisationnelle et changement : les logiques identitaires à l’épreuve du New Public Management, op. cit. ; T. Christensen, P. Lægreid (dir.), New Public Management: the Transformation of Ideas and Practice, op. cit. ; M. Minogue, D. Hulme, C. Polidano (dir.), Beyond the New Public Management: Changing Ideas and Practice in Governance, op. cit.
-
[25]
J. De Jaegere, « Beleidscellen op federaal niveau: evaluatie van de Copernicushervorming », Jura Falconis, volume 46, n° 4, 2009-2010, p. 575-608.
-
[26]
Ils sont réglementés pour la première fois par l’arrêté royal du 15 novembre 1912 (Moniteur belge, 18-19 novembre 1912).
-
[27]
V. Crabbe, « Chronique d’histoire de l’administration : le mémoire de Louis Wodon sur la réforme administrative ou l’intérêt qu’il y a de replacer cette œuvre en son temps », Administration publique : revue du droit public et des sciences administratives, n° 4, 1986, p. 264-292.
-
[28]
C. de Visscher, La relation entre l’autorité politique et la haute administration : mise en perspective de la situation au niveau fédéral en Belgique, Bruxelles/Gand, SPF Programmation politique scientifique/ Academia Press, 2004 ; M. Suetens, S. Walgrave, « Belgian Politics Without Ministerial Cabinets? On the Possibilities and Limitations of A New Political Culture », Acta Politica, volume 36, n° 2, 2001, p. 180-205 ; A. Molitor, L’administration de la Belgique : essai, Bruxelles, CRISP, 1974 ; J.-C. Snoy et d’Oppuers, « Faut-il des cabinets ministériels ? », Revue générale belge, n° 10, 1962, p. 1-14.
-
[29]
R. Vandeputte, Ministre sans pouvoir, Bruxelles, CRISP, 1982, p. 89.
-
[30]
A. Eraly, Le pouvoir enchaîné : être ministre en Belgique, Bruxelles, Labor, 2002, p. 78.
-
[31]
Arrêté royal du 7 août 1939, Moniteur belge, 11 août 1939.
-
[32]
A. Hondeghem, « La politisation de l’administration en Belgique : vers une nouvelle culture ? », Revue française d’administration publique, n° 86, 1998, p. 259.
-
[33]
Une rétrocession est néanmoins prévue si un cabinet fédéral détache un fonctionnaire d’une entité fédérée ou si un cabinet d’une entité fédérée détache un fonctionnaire fédéral.
-
[34]
J. De Jaegere, « Beleidscellen op federaal niveau: evaluatie van de Copernicushervorming », op. cit.
-
[35]
Arrêté royal du 4 mai 1999, Moniteur belge,29 mai 1999.
-
[36]
M. Suetens, S. Walgrave, « Leven en werk van de kabinetsleden. Wie zijn de mannen achter de minister en wat doen ze? », Res Publica : revue de science politique, volume 41, n° 4, 1999, p. 499-528 ; A. Molitor, L’administration de la Belgique : essai, op. cit. ; H. van Hassel, « Belgian Ministerial Cabinets, Spoils in a Spoiled-Merit System », Res Publica : revue de science politique, volume 15, n° 2, 1973, p. 357-369.
-
[37]
A. Stenmans, La transformation de la fonction administrative en Belgique. Administration publique et société, op. cit.
-
[38]
C. de Visscher, La relation entre l’autorité politique et la haute administration : mise en perspective de la situation au niveau fédéral en Belgique, op. cit.
-
[39]
C. de Visscher, « Le coup dans l’eau de Copernic : réforme de la haute fonction publique, nouvelle gestion publique et particratie en Belgique », Politiques et management public, volume 3, n° 4, 2005, p. 33-51 ; C. Pollitt, G. Bouckaert, Public Management Reform. A Comparative Analysis: New Public Management, Governance, and the Neo-Weberian State, op. cit.
-
[40]
Par exemple : L. Van Den Bossche, Le contexte des pouvoirs publics dans une société en mutation, Bruxelles, Ministère de la Fonction publique, 1999 [document dit « Note de Bouillon »] ; Gouvernement fédéral, Vers une modernisation des administrations publiques. Rapport des groupes de travail « Structure de l’organisation » et « Gestion du personnel », Bruxelles, Ministère de la Fonction publique, 2000.
-
[41]
« Copernicus. Au centre de l’avenir. La réforme de l’administration fédérale belge », op. cit.
-
[42]
Tels que l’arrêté royal du 7 novembre 2000 portant création et composition des organes communs à chaque Service public fédéral (Moniteur belge,18 novembre 2000), l’arrêté royal du 22 décembre 2000 modifiant l’arrêté royal du 2 octobre 1937 portant le statut des agents de l’État (Moniteur belge,9 janvier 2001), l’arrêté royal du 21 octobre 2001 relatif à la désignation et à l’exercice des fonctions de management dans les services publics fédéraux et services publics fédéraux de programmation (Moniteur belge,31 octobre 2001) et l’arrêté royal du 2 août 2002 instituant un cycle d’évaluation dans les services publics fédéraux (Moniteur belge, 13 août 2002).
-
[43]
C. de Visscher, « Le coup dans l’eau de Copernic : réforme de la haute fonction publique, nouvelle gestion publique et particratie en Belgique », op. cit.
-
[44]
Arrêté royal du 19 juillet 2003 modifiant l’arrêté royal du 7 novembre 2000 portant création et composition des organes communs à chaque Service public fédéral (Moniteur belge, 25 juillet 2003) ; Arrêté royal du 15 juin 2004 modifiant l’arrêté royal du 29 octobre 2001 relatif à la désignation et à l’exercice des fonctions de management dans les services publics fédéraux (Moniteur belge,23 juillet 2004) ; Arrêté royal du 1er février 2005 instituant un régime d’évaluation des titulaires des fonctions de management dans les services publics fédéraux et modifiant l’arrêté royal du 7 novembre 2000 portant création et composition des organes communs à chaque Service public fédéral (Moniteur belge,16 février 2005).
-
[45]
G. Rondeaux, Identification organisationnelle et changement : les logiques identitaires à l’épreuve du New Public Management, op. cit., p. 81.
-
[46]
« Copernicus. Au centre de l’avenir. La réforme de l’administration fédérale belge », op. cit.,p. 9.
-
[47]
Ibidem, p. 9.
-
[48]
Moniteur belge, 18 novembre 2000.
-
[49]
« Rapport au roi », in Arrêté royal du 7 novembre 2000, Moniteur belge, 28 juillet 2001.
-
[50]
Moniteur belge, 31 octobre 2001.
-
[51]
C. Pelgrims, « Sisyfusarbeid bij de afschaffing van de kabinetten », in A. Hondeghem, R. Depré (dir.), De Copernicus hervorming in perspectief: veranderingsmanagement in de Federale Overheid, Bruges, Vanden Broele, 2005, p. 162-163.
-
[52]
Moniteur belge, 25 juillet 2003.
-
[53]
M. Brans, C. Pelgrims, D. Hoet, « Observations comparées sur les tensions entre les conseils stratégiques professionnels et le contrôle politique en Belgique et aux Pays-Bas », Revue internationale des sciences administratives, volume 72, n° 1, 2006, p. 72.
-
[54]
N. Thijs, S. Van de Walle, « De Ducpétiaux à Copernic : 150 années de réformes administratives en Belgique », op. cit., p. 34.
-
[55]
Moniteur belge, 7 mai 2008.
-
[56]
C. Pollitt, G. Bouckaert, Public Management Reform. A Comparative Analysis: New Public Management, Governance, and the Neo-Weberian State, op. cit., p. 81.
-
[57]
Moniteur belge, 22 août 2003.
-
[58]
Arrêté du gouvernement flamand du 24 juillet 2009, Moniteur belge,10 août 2009.
-
[59]
Arrêté du gouvernement flamand du 15 janvier 2010, Moniteur belge, 1er mars 2010.
-
[60]
Vlaamse Overheid, Commissie Efficiënte en Effectieve Overheid, Een slagkrachtige overheid in Vlaanderen, Bruxelles, 2009.
-
[61]
Ibidem,p. 18.
-
[62]
Vlaams Parlement, Verslag van het Rekenhof over de personeelsuitgaven van de ministeriële kabinetten en de bestuurlijke gevolgen van hun afslanking, stuk 37-P n° 1, 9 août 2011.
-
[63]
Arrêté du gouvernement de la Communauté française du 2 décembre 1996, Moniteur belge,14 décembre 1996.
-
[64]
Arrêté du gouvernement de la Communauté française du 1er décembre 2006, Moniteur belge,25 janvier 2007.
-
[65]
Le système des mandats est réglementé pour la première fois par l’arrêté du gouvernement de la Communauté française du 27 mars 2003 (Moniteur belge, 11 juillet 2003). Toutefois, il est annulé par le Conseil d’État en 2005, en raison d’un rôle trop restreint accordé au bureau de sélection de l’administration fédérale, le Selor, dans la sélection des mandataires.
-
[66]
Cf. M. Petit Jean, « Le régime des mandats dans l’administration wallonne », Courrier hebdomadaire,CRISP, n° 2166-2167, 2013, p. 11-40.
-
[67]
Arrêté du gouvernement wallon du 18 décembre 2003 portant le Code de la fonction publique wallonne, Moniteur belge,31 décembre 2003.
-
[68]
Arrêté du gouvernement wallon du 31 août 2006, Moniteur belge, 15 septembre 2006.
-
[69]
Cf. M. Petit Jean, « Le régime des mandats dans l’administration wallonne », op. cit., p. 44-49.
-
[70]
Arrêté du gouvernement de la Communauté française du 29 juillet 1999, Moniteur belge, 24 août 1999 ; Arrêté du gouvernement wallon du 26 mai 2000, Moniteur belge, 15 juin 2000 ; Arrêté du gouvernement de la Communauté française, 6 mars 2003, Moniteur belge, 28 mars 2003 ; Arrêté du gouvernement de la Communauté française du 26 juillet 2004, Moniteur belge, 11 octobre 2004 ; Arrêté du gouvernement wallon du 27 juillet 2004, Moniteur belge, 18 août 2004 ; Arrêté du gouvernement de la Communauté française du 17 juillet 2009, Moniteur belge, 7 août 2009 ; Arrêté du gouvernement wallon du 17 juillet 2009, Moniteur belge, 5 août 2009 ; Arrêté du gouvernement wallon du 24 juillet 2014, Moniteur belge, 20 août 2014 ; Arrêté du gouvernement de la Communauté française du 25 juillet 2014, Moniteur belge, 29 septembre 2014.
-
[71]
Arrêté du gouvernement wallon du 24 juillet 2014, Moniteur belge, 20 août 2014 ; Arrêté du gouvernement de la Communauté française du 25 juillet 2014, Moniteur belge, 29 septembre 2014.
-
[72]
Arrêté du gouvernement de la Communauté française du 10 juin 2005, Moniteur belge, 1er août 2005.
-
[73]
Moniteur belge, 29 août 1996.
-
[74]
Ces comités exécutifs sont créés dans une note au gouvernement wallon dans le cadre de la constitution du SPW. Leur existence est reprise dans le protocole de collaboration entre le gouvernement Demotte II et le SPW.
-
[75]
Yvan Ylieff (PS, 1999-2000), Willy Taminiaux (PS, 2000-2001), Rudy Demotte (PS, 2001-2003), Christian Dupont (PS, 2003-2004), Claude Eerdekens (PS, 2004-2007), Michel Daerden (PS, 2007-2009) et Jean-Marc Nollet (Écolo, 2009-2014).
-
[76]
Jean-Marie Severin (PRL, 1999-2000), Charles Michel (PRL, 2000-2004), Philippe Courard (PS, 2004-2009) et Jean-Marc Nollet (Écolo, 2009-2014).
-
[77]
En Communauté française, la Fonction publique est tour à tour associée à la Jeunesse et à l’Enseignement de promotion sociale ; à la Culture, au Budget, à la Jeunesse et aux Sports ; à la Culture, à la Jeunesse et aux Sports ; aux Sports ; au Budget, aux Finances et aux Sports ; à l’Enfance et à la Recherche. En Région wallonne, elle l’est successivement aux Affaires intérieures et au Développement durable.
-
[78]
Arrêté du gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale du 19 juillet 1999, Moniteur belge, 2 septembre 1999 ; Arrêté du gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale du 19 juillet 2004, Moniteur belge, 20 août 2004 ; Arrêté du gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale du 20 juillet 2014, Moniteur belge, 10 septembre 2014.
Introduction
1« L’an 2000 arrive à point nommé pour notre pays. En effet, nous avons besoin d’un nouveau départ. Ces dernières années, les citoyens ont été confrontés à un appareil en crise. Des scandales successifs ont miné la crédibilité de la politique. » Tels sont les mots prononcés par Guy Verhofstadt (VLD), en 1999, lorsqu’il accède au poste de Premier ministre [1]. La coalition formant le gouvernement fédéral nouvellement installé (VLD/PS/Fédération PRL FDF MCC/SP/Écolo/Agalev) ambitionne alors de faire de l’État fédéral belge un « État modèle » [2]. Selon elle, cela nécessite de mener une réforme globale des pouvoirs publics et de l’administration au niveau fédéral, réforme qui prendra le nom de Plan Copernic. Notamment, l’administration doit désormais s’impliquer davantage dans la préparation des choix politiques et devenir un partenaire privilégié de l’autorité politique [3].
2 Parmi les mesures envisagées pour atteindre le rapprochement politico-administratif souhaité, figure une réforme de l’entourage des ministres, c’est-à-dire des cabinets ministériels. Ceux-ci sont censés connaître une profonde transformation, au niveau à la fois de leur composition, de leur fonctionnement et de leurs attributions. La volonté affichée est de supprimer des cabinets tels qu’ils ont existé jusqu’alors [4]. Bientôt, il apparaît toutefois que le contenu des changements effectivement mis en œuvre s’éloigne sensiblement des ambitions initialement exprimées. Certes, les cabinets ministériels ont formellement disparu, ayant été remplacés par de nouvelles structures. Mais dans les faits, ils ont subsisté, presque à l’identique, à travers celles-ci. Sous le gouvernement Verhofstadt II (VLD/PS/MR/SP.A–Spirit), en effet, la réforme a été largement vidée de sa substance.
3Le présent Courrier hebdomadaire analysera tout d’abord les éléments ayant été à l’origine de la volonté de réformer les cabinets ministériels fédéraux : le contexte politique et budgétaire du pays, l’influence du New Public Management et les critiques dont, depuis près d’un siècle, étaient l’objet les entourages des ministres. Ensuite, il présentera les modifications qui ont été décidées en Conseil des ministres et qui ont été concrétisées par divers arrêtés royaux en 2000-2001, ainsi que la mise en œuvre effective qu’a connue cette réforme. Dans ce cadre, une attention particulière sera réservée aux résistances opposées par les divers acteurs concernés (ministres des gouvernements Verhofstadt I et II, membres des entourages ministériels et partis politiques de la majorité), qui expliquent le peu d’effets réels qu’a eus, in fine, la refonte des cabinets ministériels fédéraux. Enfin, nous nous intéresserons aux entreprises similaires qui, à peu près à la même époque, ont été menées par diverses entités fédérées du pays : la Communauté flamande, la Communauté française [5], la Région wallonne et la Région de Bruxelles-Capitale [6]. Une comparaison sera établie, pour chacune d’entre elles, avec le cas de figure fédéral.
4Une partie de nos matériaux a été récoltée par le moyen d’entretiens semi-directifs réalisés auprès de membres de cabinets ministériels et de hauts fonctionnaires ayant été impliqués dans les différentes phases des réformes présentées.
1. Les origines de la réforme des cabinets ministériels fédéraux
5La transformation de l’entourage des ministres fédéraux s’inscrit dans un projet gouvernemental global de modernisation des pouvoirs publics et de l’administration au niveau fédéral. Les éléments qui expliquent la mise à l’agenda de la réforme des cabinets ministériels fédéraux se confondent donc, pour partie, avec les facteurs qui sont à l’origine de la volonté de moderniser les structures et le fonctionnement du niveau de pouvoir fédéral dans son ensemble.
6Ce chapitre présente tout d’abord les éléments propres au contexte politique et budgétaire qui expliquent la volonté de réformer l’appareil étatique. Ensuite, il expose dans quelle mesure cette volonté a rencontré les idées véhiculées par un courant de réformes en management public : le New Public Management. Enfin, afin d’éclairer la mise à l’agenda de la transformation des cabinets ministériels au sein de la réforme globale de l’appareil d’État, il met en évidence les nombreuses critiques qui s’étaient fait entendre à l’égard des cabinets ministériels fédéraux depuis la création de ceux-ci, au début du XXe siècle.
1.1. Le contexte politique et budgétaire belge
7L’émergence de la priorité de réformer l’appareil d’État s’explique par différents éléments propres au contexte budgétaire et politique de la Belgique de la fin des années 1990.
8À la fin des années 1980 et au début des années 1990, la Belgique est caractérisée par une lourde dette publique. Celle-ci doit impérativement diminuer si le pays veut atteindre les critères de convergence de Maastricht et entrer dans l’Union monétaire européenne. Dès lors, des réformes budgétaires sont entreprises [7]. Elles s’accompagnent d’initiatives concernant le secteur public, telles que la radioscopie des services publics administratifs fédéraux. Cet audit des services et produits de chaque ministère prend place en 1991 ; il est rapidement perçu comme un moyen de diminuer la taille du secteur public et son effectif [8].
9Quelques mois plus tard, les élections législatives du 21 mai 1991 sont marquées par la montée des partis d’extrême droite. Ces résultats sont interprétés comme un signal de la détérioration de la confiance du citoyen envers ses responsables politiques [9]. Pour restaurer cette confiance, diverses initiatives portant sur les services publics sont alors lancées, comme la Charte de l’utilisateur des services publics en 1993, la loi du 22 juillet 1993 portant certaines mesures en matière de fonction publique, la création d’un nouveau Ministère de la Fonction publique en 1995 et la mise en place d’un nouveau système d’évaluation des fonctionnaires en 1997 [10]. À la fin des années 1990, suite à la politique d’austérité budgétaire menée, le gouvernement se trouve dans une position budgétaire plus favorable, qui lui offre une opportunité de procéder à des réformes [11].
10Parallèlement à ces mesures, la vie politique belge est émaillée de nombreux scandales, tels que l’affaire Agusta-Dassault en 1995 ou l’affaire Dutroux en 1996. Celles-ci affaiblissent la confiance des citoyens envers les pouvoirs publics. Il règne alors un climat généralisé de méfiance citoyenne envers les responsables politiques, judiciaires et administratifs, méfiance qui atteint son point d’orgue en octobre 1996, lors de la marche blanche qui suit l’affaire Dutroux [12]. Face à cette mobilisation citoyenne sans précédent, d’aucuns n’hésitent pas à parler de crise de légitimité de l’État [13]. En 1999, la relation entre la population et ses autorités est encore ébranlée par la crise alimentaire de la dioxine, qui constitue l’une des causes du rejet des partis sociaux-chrétiens dans l’opposition lors des élections législatives du 13 juin 1999. Ces partis ayant été au pouvoir durant plus de 30 ans, leur éviction du gouvernement est perçue comme une preuve supplémentaire de la distance qui sépare alors le citoyen de ses institutions.
11 En juillet 1999, est formé le gouvernement Verhofstadt I (VLD/PS/Fédération PRL FDF MCC/SP/Écolo/Agalev), dit gouvernement arc-en-ciel. La réforme des pouvoirs publics et la création d’un « État modèle » constituent les premières des priorités énoncées dans la déclaration gouvernementale [14]. C’est ainsi que le niveau de pouvoir fédéral initie une réforme radicale de ses structures et de son fonctionnement, baptisée Plan Copernic. Cette dénomination provient de la révolution que la réforme est censée induire et du fait que, désormais, l’État sera censé être au service du citoyen et non l’inverse [15]. De par son ampleur et les budgets alloués, cette réforme se veut une réponse à la mesure des dysfonctionnements constatés et, ce faisant, ambitionne de restaurer la légitimité des pouvoirs publics.
1.2. L’influence du New Public Management
12Le contexte politique et budgétaire belge des années 1990 n’est pas l’unique élément déclencheur de la réforme globale des pouvoirs publics fédéraux et de la transformation des entourages ministériels qui prend place en son sein. Il convient de considérer également la vague globale de modernisation qui s’est étendue à la plupart des États membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) depuis la fin des années 1970. Ce courant de réformes en management public, dénommé le New Public Management (NPM) [16], affiche l’ambition de renouveler les modes opératoires des administrations, ainsi que leurs structures et leurs rapports avec les gouvernements.
13 On assiste alors à une vague globale de réformes à travers les pays [17]. Bien qu’elles connaissent des trajectoires nationales différentes, les réformes présentent des convergences importantes au niveau de leurs influences, de leurs objectifs et des outils de modernisation mobilisés [18]. Cette convergence s’explique en partie par le fait que les pays précurseurs – tels que le Royaume-Uni, les États-Unis, l’Australie et la Nouvelle-Zélande – ont largement inspiré les gouvernements étrangers, et ce, notamment, via l’importation et l’exportation des idées et des pratiques réformistes par des organismes internationaux et supranationaux, tels que l’OCDE, la Banque mondiale, le Fonds monétaire international (FMI) ou encore l’Union européenne (UE) [19].
14Les changements initiés par le NPM sont nombreux. Ils s’appuient sur différentes doctrines [20]. Celles-ci portent notamment sur un management professionnel qui est « libre de manager », un établissement de standards explicites et de mesures de la performance, un accent porté sur le contrôle des résultats, un accent porté sur davantage de rigueur et de parcimonie dans l’utilisation des ressources, ou encore un accent porté sur les méthodes de management du secteur privé. En filigrane de ces différentes doctrines, une nouvelle perception du citoyen apparaît. Celui-ci peut être considéré désormais comme un client, un usager ou un consommateur des services publics [21]. La satisfaction de ses besoins doit primer sur les besoins de l’administration, ce qui induit une recherche constante de qualité dans la délivrance des services [22].
15 Ces changements ne sont pas tous mis en œuvre de la même façon dans les pays participant au mouvement global de réformes. Certains pays privilégient l’une ou l’autre option, en fonction des éléments du contexte politico-administratif à l’origine des réformes entreprises.
16 En Belgique, les idées véhiculées par le NPM trouvent un écho auprès du gouvernement fédéral Verhofstadt I. De fait, un des objectifs principaux de la réforme menée par celui-ci est de délivrer un meilleur service au citoyen, objectif qui est d’ailleurs repris dans sa dénomination puisque l’État devra désormais tourner autour du citoyen, considéré comme un client des services publics [23]. Cette ambition rencontre donc l’orientation client englobée dans le NPM [24]. Par ailleurs, le Plan Copernic affiche la volonté d’impliquer davantage l’administration dans la préparation des choix politiques et d’effectuer un rapprochement entre l’autorité politique et son administration. Cette volonté trouve également un écho dans les idées du NPM, qui plaident pour davantage de professionnalisme et de poids pour les managers publics [25].
17 La mise à l’agenda de la réforme Copernic peut dès lors être vue comme le résultat de la rencontre entre la volonté politique de restaurer la légitimité des pouvoirs publics et les idées véhiculées par le courant du NPM, les concepteurs de la réforme fédérale belge puisant leur inspiration dans les doctrines du courant de modernisation en management public.
1.3. Les critiques émises à l’égard des cabinets ministériels fédéraux
18 Si le contexte politique et budgétaire belge ainsi que l’inspiration du NPM peuvent être considérés comme des éléments déclencheurs de la réforme fédérale dans son ensemble, ils n’expliquent pas, à eux seuls, l’émergence de la volonté de diminuer drastiquement voire de supprimer les cabinets ministériels. Ces deux éléments sont renforcés par les critiques importantes dont les entourages ministériels font l’objet depuis plusieurs décennies.
19 En effet, à peu près depuis la naissance de la réglementation relative aux cabinets ministériels, à la veille de la Première Guerre mondiale [26], nombreux sont ceux qui remettent en cause l’existence de tels organes au sein de l’exécutif. Dès 1915, leur suppression a été proposée [27]. Ensuite, académiques et praticiens ont dénoncé, entre autres, leur ampleur, leur composition et certaines de leurs fonctions, qu’ils ont accusées d’entraîner nombre de difficultés et de problèmes au sein de l’administration [28].
1.3.1. La composition et l’ampleur des cabinets
20 Depuis leur création, les cabinets se composent traditionnellement de collaborateurs de fond (chefs de cabinet, conseillers, attachés) et de personnel d’exécution (traducteurs, secrétaires, chauffeurs et réceptionnistes). L’effectif total de chacun des cabinets se situe entre 50 et 80 collaborateurs. Cette ampleur est fréquemment dénoncée. « Certains cabinets sont gonflés démesurément (…). Au lieu de donner l’exemple de la parcimonie, ce que [les ministres] devraient faire en tant que détenteurs de l’autorité de l’État, leur conduite va en sens contraire. » [29]
21 Tous les membres des cabinets sont choisis par le ministre. Cependant, il n’est pas rare que des collaborateurs soient suggérés voire imposés par le parti politique auquel appartient celui-ci. Dans certains cas, les membres choisis proviennent directement des différents organes du parti. Les cabinets se composent également très fréquemment des proches du ministre, qui suivent celui-ci quel que soit le poste qu’il occupe. De plus, il arrive que l’un ou l’autre membre soit recommandé par une relation politique.
22 Le critère de sélection primordial est la loyauté des collaborateurs vis-à-vis du ministre ou du parti. Bien entendu, ce critère n’est pas incompatible avec la compétence et celle-ci est fréquemment prise en compte. Néanmoins, elle n’est pas toujours primordiale et est souvent diluée dans la multitude des critères de recrutement : « Les ministres se trouvent souvent dans l’incapacité de privilégier la compétence dans tous leurs recrutements. » [30] La fonction de membre de cabinet est liée au mandat du ministre et celui-ci détient un pouvoir discrétionnaire pour se séparer de ses collaborateurs. Ceux-ci sont nommés et démis par arrêté ministériel.
23Tous les membres des cabinets ministériels sont issus du secteur privé ou du secteur public au sens large. Lorsqu’ils proviennent de l’administration publique, les membres de cabinet sont dits détachés : ils sont toujours fonctionnaires, sont payés par leur service d’origine et « participent à l’avancement dans leur service et y reprennent leur place à la fin de leur mission » [31].
24Cette pratique du détachement ne va pas sans poser divers problèmes. Primo, le détachement peut causer nombre de difficultés relationnelles entre le cabinet et l’administration. Si l’un des objectifs initiaux de cette pratique est de faire du fonctionnaire détaché un relais de choix entre le cabinet et l’administration, elle met à mal, dans la pratique, les relations de subordination qui peuvent exister au sein de l’administration, puisque les fonctionnaires détachés occupent au sein du cabinet une position de pouvoir par rapport à leurs supérieurs hiérarchiques dans l’administration. Secundo, la pratique du détachement crée une discontinuité au sein des services administratifs, puisque le fonctionnaire détaché doit être remplacé par un fonctionnaire faisant fonction, qui satisfait peut-être moins aux critères du poste concerné. Ce remplacement peut également être compensé par des répartitions de tâches au sein de l’administration et par une réorganisation. L’administration se voit ainsi privée de ses meilleurs éléments, et les interactions entre administration et cabinet peuvent en être affectées. In fine, il arrive que des cabinets soient davantage renforcés pour pallier le manque laissé par le fonctionnaire détaché. « L’administration n’ayant plus la capacité de soutenir le ministre dans sa politique, le ministre est conduit à renforcer son cabinet. » [32] Tertio, le détachement est une pratique coûteuse pour l’administration. Le fonctionnaire détaché est toujours payé par son administration d’origine, sans qu’aucune rétrocession ne soit effectuée par le cabinet qui l’emploie, même si ce dernier n’a aucun lien avec le service d’origine [33]. En effet, dans la pratique, il arrive fréquemment qu’un fonctionnaire soit détaché pour travailler auprès d’un ministre détenteur d’un portefeuille différent de son service. Il est également possible, si ses budgets le permettent, que ce service engage un contractuel pour combler le départ du fonctionnaire détaché, ce qui représente une dépense supplémentaire.
25 Mentionnons encore une pratique qui prend place à la fin de chaque législature et qui a des conséquences lourdes sur le système politico-administratif. Durant cette période, les ministres ont souvent pour habitude de placer certains de leurs collaborateurs dans l’administration en remerciement du travail accompli. Les fonctionnaires détachés se voient alors parachutés à des postes à responsabilité supérieure, accélérant ainsi leur carrière, tandis que les autres membres de cabinet peuvent être recrutés en tant que contractuels. Une administration est ainsi colorée politiquement et inspire donc méfiance au ministre suivant, qui est tenté de renforcer son cabinet [34].
1.3.2. Les fonctions exercées par les cabinets
26La réglementation fixe comme suit les attributions des cabinets ministériels : « les affaires susceptibles d’influencer la politique générale du gouvernement ou les travaux parlementaires ; les recherches et les études propres à faciliter le travail personnel du ministre, la présentation des dossiers de l’administration, le secrétariat du ministre ; le traitement de son courrier personnel, les demandes d’audience, la revue de la presse » [35]. Cette description de fonction est à la fois extrêmement vague et restreinte par rapport aux tâches qui incombent de facto aux membres de cabinet. Ce sentiment est partagé par nombre d’auteurs, qui ont donné une liste beaucoup plus précise des nombreuses attributions des cabinets ministériels [36].
27Les membres de cabinet jouent avant toute chose un rôle de soutien vis-à-vis de leur ministre. Cet appui se décline de la façon suivante.
28 Dans l’élaboration des politiques publiques, les membres de cabinet apportent à leur ministre une aide primordiale à la décision. En effet, même s’il revient normalement à l’administration d’analyser les dossiers sous l’angle de leur faisabilité technique, administrative, juridique et budgétaire, il est d’usage que le cabinet complète ce travail ou s’y substitue. De plus, les syndicats, les fédérations d’entreprises, les ligues et autres groupes de pression sont des interlocuteurs fréquents des cabinets. Leurs membres rencontrent donc les groupes d’intérêts, dont la consultation participe au processus d’élaboration des politiques. Par ailleurs, le cabinet apporte un conseil proprement politique en s’attachant à des critères tels que l’impact de telle ou telle mesure sur l’image du ministre et du parti, son acceptabilité par les instances du parti, les rapports de force au cœur de la coalition gouvernementale, les réactions potentielles de l’opposition. En outre, le cabinet réalise des synthèses critiques des dossiers qui permettent au ministre de participer aux réunions du gouvernement.
29Par ailleurs, les membres des cabinets ministériels participent intensément à la négociation politique. En effet, avant le passage de tout dossier en Conseil des ministres, les membres des cabinets des vice-Premiers ministres ainsi que ceux du ministre compétent pour la matière visée discutent et négocient afin d’absorber un maximum de conflictualité. Ces négociations prennent place lors de réunions appelées « intercabinets » rassemblant donc les experts des différents cabinets de la coalition. Lors de ces réunions, il s’agit aussi parfois de négocier l’empreinte d’un ministre donné sur telle ou telle décision. Ce dernier point peut alors engendrer des dérives. D’une part, il arrive que des textes soumis lors de ces intercabinets se retrouvent dénaturés, chacune des parties présentes souhaitant négocier le texte ligne par ligne sans prendre en compte la cohérence générale de celui-ci. D’autre part, quel que soit le contenu, des accords peuvent être passés. Le soutien de tel cabinet oblige un renvoi d’ascenseur ou, inversement, le blocage de tel dossier induit un blocage futur de la part de la partie demanderesse. Bref, les membres de cabinet interviennent de façon importante dans le processus d’élaboration des politiques publiques.
30Dans l’exécution des politiques publiques, les membres de cabinet jouent également un rôle de premier plan. En effet, le cabinet sert de relais entre le ministre et son administration. Les dossiers qui « remontent » de l’administration sont contrôlés par le cabinet avant d’être soumis au ministre. Inversement, c’est le cabinet qui transmet à l’administration les instructions du ministre et assure le suivi de celles-ci. C’est ainsi que le cabinet s’immisce dans l’exécution des politiques publiques, allant même jusqu’à modifier une analyse réalisée par l’administration et entraînant donc une décision ministérielle différente de celle conseillée par la hiérarchie administrative.
31 Cette immixtion dans les matières de l’administration s’étend aussi à la gestion des services administratifs dont le ministre a la responsabilité. Pour toute décision ministérielle relative à la gestion de ces services administratifs, le cabinet joue un rôle qui ne se limite pas à celui de courroie de transmission mais qui consiste également à conseiller le ministre sur la décision à prendre. De plus, il n’est pas rare de voir les membres de cabinet se réserver notamment le droit de répartir le travail au sein des ministères. Ce faisant, ils contactent directement les conseillers ou attachés auxquels ils souhaitent confier telle ou telle tâche, court-circuitant la ligne hiérarchique des départements et affectant ainsi la communication administrative. L’immixtion des membres de cabinet dans les matières de l’administration ainsi que le court-circuitage de la ligne hiérarchique administrative entraînent potentiellement un sentiment d’irresponsabilité dans le chef des hauts fonctionnaires [37]. Les dirigeants administratifs sont tentés de ne plus se prononcer sur un dossier ou, plus simplement, de porter une vigilance moindre au contrôle de leur service, étant donné qu’une réévaluation de leur travail est de toute façon effectuée en amont par les cabinets.
32Il en découle, une nouvelle fois, un cercle vicieux, puisque la collaboration intensive des ministres avec leur cabinet peut pousser certains fonctionnaires, exclus du processus décisionnel des politiques publiques et contrôlés par les membres de ce cabinet, à adopter des stratégies d’inertie. Et, de ces stratégies administratives, découlent alors la méfiance des responsables politiques à l’égard des hauts fonctionnaires. Il en résulte un besoin accru, pour un ministre, de se reposer sur son cabinet ministériel pour contrôler les fonctionnaires, voire pour se substituer à eux. Le manque d’implication des hauts fonctionnaires dans leurs tâches s’en trouve dès lors encore potentiellement renforcé.
33 Ces multiples critiques à l’égard des cabinets ministériels sont prises en compte dans le projet de modernisation de l’appareil d’État fédéral.
2. La réforme des cabinets ministériels fédéraux dans le cadre du Plan Copernic
34Le présent chapitre est consacré au Plan Copernic et à la transformation d’envergure des entourages ministériels qui est envisagée dans ce cadre. Tout d’abord, le processus d’élaboration du Plan Copernic et ses grands axes de changement sont analysés. Ensuite, l’ambition plus spécifique au cœur de cette réforme de transformer radicalement les cabinets des ministres fédéraux est détaillée. Sa traduction dans la réglementation ainsi que sa mise en œuvre sont alors exposées. Enfin, divers éléments de réponses sont donnés, afin d’expliquer la raison pour laquelle certains décalages existent entre les ambitions initiales de la réforme et l’organisation actuelle de l’entourage des ministres.
2.1. L’élaboration du Plan Copernic
35Le processus de réforme est initié par une phase d’étude et de réflexion, suivie de près par une phase décisionnelle [38]. Ce processus est mené par le Premier ministre, Guy Verhofstadt (VLD), et par le ministre de la Fonction publique et de la Modernisation de l’administration, Luc Van den Bossche (SP). Ce dernier, de par son expérience ministérielle au sein du gouvernement flamand, plus proche de la mentalité anglo-saxonne, est largement influencé par le courant du New Public Management [39]. Des consultants privés – issus de trois entreprises : Andersen Consulting, Price Waterhouse Coopers et KPMG – sont appelés pour concevoir le projet. Lors de la phase d’étude, de nombreux documents politiques sont produits [40]. Cette phase s’achève par l’approbation de la note « Fondements de la modernisation de l’administration fédérale » en Conseil des ministres, le 28 avril 2000.
36 Tel qu’il est conçu, Le Plan Copernic poursuit un double objectif de meilleur service au citoyen et de meilleur cadre de travail des fonctionnaires [41]. Pour ce faire, il s’articule autour de quatre axes, qui peuvent être décrits brièvement comme suit.
37 Primo, une nouvelle structure organisationnelle. Celle-ci se base sur une refonte des ministères, appelés désormais services publics fédéraux (SPF), chacun s’occupant d’un ensemble homogène de matières et dépendant d’un seul ministre. Dix d’entre eux, dits SPF verticaux, délivrent des services à destination des citoyens. Quatre autres, dits SPF horizontaux, offrent leurs compétences aux SPF verticaux ; il s’agit de la Chancellerie et services généraux, du SPF Budget et Contrôle de gestion, du SPF Personnel et Organisation ainsi que du SPF Technologie de l’information et de la communication. La nouvelle structure de l’administration se caractérise donc par une organisation matricielle. Cette organisation se retrouve également dans les SPF, puisque ceux-ci se composent de différentes directions générales verticales soutenues par des services d’encadrement horizontaux en charge de l’application des matières propres aux SPF horizontaux (à l’exception de la Chancellerie et services généraux). Cette réorganisation ministérielle s’accompagne de la création de nouveaux organes censés remplacés les cabinets ministériels.
38Secundo, une nouvelle culture de management. Celle-ci se concrétise par l’introduction d’un régime de mandats pour les postes de fonctionnaires dirigeants, dénommés top managers. Cela signifie que, désormais, les dirigeants des administrations sont désignés temporairement dans leur fonction. Le système se caractérise entre autres par un processus de sélection spécifique ouvert aux candidats issus tant du secteur public que du secteur privé, par un processus de planification et par un système d’évaluation. Le système prévoit également l’octroi d’une marge de manœuvre suffisante dans la gestion des services des mandataires. L’introduction du régime de mandats s’accompagne, en outre, d’une hausse significative de la rémunération des hauts fonctionnaires afin de pouvoir concurrencer les offres du secteur privé.
39Tertio, une nouvelle vision des ressources humaines. Elle se fonde sur une plus grande attention au développement des compétences et aux perspectives de carrière du personnel. Les compétences individuelles des agents sont placées au centre de leur recrutement, de leur formation, de leur évaluation, de leur progression dans la carrière et de leur rémunération. La création du SPF Personnel et Organisation soutient cette nouvelle orientation vers les compétences. L’organisation développe une stratégie et des normes nouvelles de gestion des ressources humaines.
40Quarto, une nouvelle méthode de travail. Ce quatrième axe se base sur la mise en place de Business Process Reengenering (BPR) et sur le développement de l’administration électronique. Les démarches BPR consistent à analyser la façon dont les ressources peuvent être utilisées pour améliorer les services.
41La phase décisionnelle, qui suit la phase d’étude et de réflexion, donne naissance à nombre de changements législatifs sous forme d’arrêtés royaux [42]. Ceux-ci doivent concrétiser, dans la réglementation, les différents axes de changement de la réforme. Cette phase décisionnelle débute rapidement. En effet, les premiers arrêtés voient le jour dès le mois de novembre 2000.
42 La mise en œuvre de la réforme et de ses différents axes démarre dès l’automne 2001, au moment où les SPF sont mis en place [43]. Cette première phase opérationnelle est suspendue suite aux élections législatives du 18 mai 2003 et à l’arrivée d’un nouvel exécutif fédéral : le gouvernement Verhofstadt II (VLD/PS/MR/SP.A–Spirit). La Fonction publique échoit à Marie Arena (PS) puis, après la démission de celle-ci, à Christian Dupont (PS). Ceux-ci apportent quelques modifications aux quatre axes de changement de la réforme fédérale, portant principalement sur l’organisation et sur la composition des nouveaux organes créés en vue de remplacer les cabinets ministériels, sur l’internalisation de la sélection des hauts fonctionnaires (réalisée auparavant par des structures privées), sur la diminution de la rémunération de ceux-ci, sur la valorisation du parcours formatif dans l’évolution de carrière de l’ensemble des agents au détriment du critère évaluatif et sur l’internalisation des Business Process Reengenering (confiés jusqu’alors à des consultants externes). Ces changements donnent lieu à une seconde phase décisionnelle, qui se traduit par des modifications de la réglementation [44].
43 Une nouvelle phase opérationnelle commence en 2003, marquée par un léger retour en arrière quant à l’orientation managériale des changements initiés par le Plan Copernic. En effet, l’expertise du secteur public semble revalorisée au détriment du recours à certaines pratiques propres au secteur privé. Toutefois, les grands axes de la réforme persistent : certes, des mesures sont prises « pour contrecarrer l’influence du managérialisme public dans l’administration fédérale », mais « sans pour autant remettre ses fondements en cause » [45].
2.2. Les principes de la réforme des cabinets ministériels fédéraux
44Lors de l’élaboration du Plan Copernic, diverses critiques à l’égard des cabinets sont entendues. Un constat est dressé par les concepteurs de la réforme : « les cabinets [ont] tendance à contrôler de très près le fonctionnement des ministères et à prendre une part active dans l’élaboration de la politique, ce que les fonctionnaires des différents services de l’administration interprèt[ent] souvent comme un désaveu de leur travail » [46]. La mesure à adopter paraît dès lors simple : remplacer les cabinets par de nouveaux organes politico-administratifs, afin d’impliquer les dirigeants de l’administration dans les processus décisionnels des politiques publiques.
45Comme mentionné supra, cette mesure prend place dans le premier axe de la réforme, qui plaide pour une nouvelle structure organisationnelle de l’administration fédérale. Non seulement une organisation matricielle doit s’instaurer entre les ministères (dorénavant dénommés « SPF ») et au sein de ceux-ci, mais les entourages ministériels doivent être radicalement transformés. Ceux-ci doivent être remplacés par de nouveaux organes de soutien aux ministres, prenant place dans les SPF : les conseils stratégiques, les cellules stratégiques et les secrétariats personnels des ministres.
46Le conseil stratégique doit servir de relais entre les responsables politiques et l’administration au sein de chaque SPF. Ainsi, il se compose du ministre compétent, du président du SPF – soit la figure hiérarchique la plus élevée du SPF, anciennement dénommé le secrétaire général du ministère –, des directeurs généraux de ce SPF et du responsable de la cellule stratégique, ainsi que, selon les besoins, d’experts externes dans des matières spécifiques. Cet organe doit jouer un rôle primordial dans l’élaboration des politiques publiques ; en effet, c’est lui qui dessine la stratégie propre à chaque département du SPF. Il est présidé par le ministre.
47La cellule stratégique réunit experts et fonctionnaires. Elle est censée « prépare[r] le travail politique, analyse[r] et évalue[r] les initiatives en cours et trace[r] les pistes à suivre » [47]. Si, initialement, cette cellule devait faire partie intégrante du SPF sans lien direct avec le ministre, la note approuvée par le Conseil des ministres du 28 avril 2000 l’en a isolée et lui a confié un rôle de coordination relevant à la fois du conseil stratégique et du comité de direction. Ce dernier organe rassemble les fonctionnaires dirigeants de chaque ministère, soit le président du SPF (qui le préside) et ses directeurs généraux et d’encadrement. Le directeur de la cellule stratégique y prend également part. Cet organe est en charge de la gestion du SPF et de la coordination des services en son sein. Ce faisant, il est à la manœuvre de la conception du budget ainsi que de l’élaboration de la planification du recrutement.
48Le secrétariat personnel du ministre est maintenu directement sous l’autorité du ministre, en dehors des services administratifs.
49 À travers la création de ces différents organes, les ambitions du Plan Copernic sont très claires : l’entourage des ministres doit être radicalement transformé afin d’impliquer davantage les fonctionnaires dans les processus décisionnels des politiques publiques, de leur préparation à leur évaluation. Afin de rendre possible cette implication accrue, la réforme des cabinets est initialement accompagnée de l’obligation nouvelle de placer un et un seul ministre à la tête d’un SPF unique et de ne plus répartir diverses compétences appartenant à une même administration entre plusieurs ministres. En effet, la tutelle de différents ministres sur un même ministère était une pratique courante avant l’introduction du Plan Copernic. Or, elle engendrait une nécessaire coordination entre les différents ministères, ce qui rendait indispensable le travail des membres de cabinet. La mesure consiste dès lors en un regroupement de compétences politiques, afin que les SPF et leurs départements ne dépendent plus de différents ministres. Ce faisant, les fonctionnaires participant au conseil stratégique et à la cellule stratégique sont placés sous l’autorité d’un seul membre du gouvernement, ce qui doit contribuer à renforcer la confiance d’un ministre à l’égard de son administration.
2.3. La mise en œuvre de la réforme des cabinets ministériels fédéraux
50L’arrêté royal du 7 novembre 2000 concrétise la transformation des cabinets ministériels et réglemente les organes précédemment cités [48]. Il y est clairement établi que, au sein de chaque SPF, un conseil stratégique, une cellule stratégique et un comité de direction doivent prendre place. La composition et les attributions de ces organes correspondent aux ambitions présentées ci-dessus.
51Cet arrêté est ensuite complété par l’arrêté royal du 19 juillet 2001, qui précise la composition des cellules stratégiques. Celles-ci sont initialement composées d’experts internes ou externes à l’administration, qui sont sélectionnés sur la base d’une procédure menée par le Selor. Celui-ci vérifie les compétences des candidats pour laisser la décision finale de sélection au ministre : « le but de cette sélection est seulement d’écarter les personnes non compétentes et de laisser au ministre un large choix » [49]. Les membres de la cellule stratégique rapportent directement au président du comité de direction du SPF.
52L’obligation de placer un et un seul ministre à la tête d’un SPF unique ne fait pas l’objet d’une réglementation spécifique. Cependant, cette mesure est sous-entendue par l’arrêté royal du 29 octobre 2001, relatif au système des mandats, qui ne fait pas mention de la possibilité pour un haut fonctionnaire de dépendre de plusieurs ministres [50]. La rationalisation de la relation entre un ministre et son SPF est donc bien présente dans la réglementation.
53La mise en œuvre des arrêtés du 7 novembre 2000 et du 19 juillet 2001 est des plus limitées sous le gouvernement Verhofstadt I. Seuls le Premier ministre et le ministre de la Fonction publique mettent en œuvre les différents organes stratégiques [51]. Les autres membres du gouvernement profitent de dispositions transitoires prises en vue d’assurer la continuité de la législature pour n’opérer que des modifications superficielles de leurs entourages respectifs.
54Sous le gouvernement Verhofstadt II, l’arrêté royal du 19 juillet 2003 apporte des modifications à la réglementation relative à la cellule stratégique [52]. Celle-ci est géographiquement rapprochée du ministre, à qui ses membres rapportent désormais. Initialement la cellule stratégique devait pourtant prendre place au sein du SPF et être placée sous l’autorité du président du comité de direction. Un autre changement de taille concerne les procédures de sélection des membres de ces cellules. Elles sont abandonnées au profit d’un choix total de composition laissé au ministre. Dès lors, « le recrutement du personnel des cellules stratégiques devient similaire au recrutement des cabinets ministériels » [53]. Cet arrêté signe également la fin de l’ambition de placer un seul ministre à la tête d’un SPF, puisqu’il est désormais possible que plusieurs ministres ou secrétaires d’État soient compétents au sein d’un même SPF. Ce changement entraîne la possibilité pour un ministre de créer plusieurs cellules stratégiques responsables pour chacune des matières réparties dans les différents SPF. Certains chercheurs estiment dès lors que, « du projet initial de suppression des cabinets, il ne subsist[e] rien » [54].
55L’arrêté royal du 27 avril 2008 pose un pas de plus vers ce constat, puisqu’il confirme que l’intégration des cellules dans l’administration n’est pas nécessaire et induit des problèmes pratiques en raison de la tutelle de plusieurs ministres au sein d’un même SPF [55]. En outre, il confirme que les conseils stratégiques ne se sont pas révélés indispensables ; dès lors, il laisse à chaque ministre la liberté d’en organiser ou non.
56En pratique, suite à l’application des plus limitées des arrêtés des années 2000 et 2001, et suite aux modifications de ceux-ci à partir du mois de juillet 2003, l’entourage des ministres se compose désormais de plusieurs cellules stratégiques en charge des différentes compétences des ministres réparties dans plusieurs SPF, ainsi que de leur secrétariat personnel. Ces différents organes sont des organes politiques qui dépendent uniquement des ministres. Ce faisant, ils peuvent être assimilés aux cabinets ministériels d’antan. Le comité de direction, quant à lui, est bien maintenu dans la législation. Il prend place au sein de l’administration et réunit le président du SPF, les directeurs généraux et d’encadrement ainsi que les différents directeurs des cellules stratégiques, permettant le contrôle des entourages ministériels sur la gestion des services administratifs.
57Au vu de ces évolutions législatives, il importe de souligner que les dispositifs réglementaires se sont éloignés des ambitions initiales du Plan Copernic. Pour expliquer ce constat, diverses raisons peuvent être avancées. Selon nous, elles trouvent leur source dans les résistances des acteurs qui étaient censés mettre en œuvre la réforme des cabinets ministériels dans le gouvernement Verhofstadt I et qui ont ensuite pris part à la modification des arrêtés la concernant dans le gouvernement Verhofstadt II.
2.4. Les résistances des acteurs
58Les acteurs qui résistent à la réforme des cabinets et qui pèsent sur sa concrétisation dans les textes et dans la pratique sont les ministres formant les gouvernements Verhofstadt I et II, ainsi que leurs membres de cabinet. De fait, ce sont eux qui, dans un premier temps, sont censés mettre en œuvre les arrêtés royaux relatifs aux entourages ministériels, puis qui, à partir du mois de juillet 2003, prennent part aux négociations menant à la modification substantielle de ces arrêtés royaux, à la réassimilation des cellules stratégiques en cabinets ministériels et à l’abandon des conseils stratégiques. Il faut également noter la résistance des partis politiques de la majorité à l’égard de la réforme. Cette résistance s’exerce à travers le rôle joué par les vice-Premiers ministres au sein des deux gouverne-ments successifs.
2.4.1. Les membres des gouvernements Verhofstadt I et II
59Les résistances des ministres s’expliquent par la perte que représente pour eux la transformation de leur entourage. De fait, les cabinets ministériels, dans leur ancienne mouture, font montre d’une loyauté sans faille à l’égard de leur ministre ; c’est d’ailleurs entre autres sur la base de cette loyauté que le ministre recrute ses collaborateurs (cf. supra). À tout moment, le ministre peut se séparer de l’un d’entre eux si celui-ci ne fait pas preuve d’engagement et de loyauté. Cette loyauté à l’égard des ministres est encore renforcée par le fait que ces derniers peuvent, à l’issue de la législature, placer à des postes de choix certains de leurs collaborateurs au sein des ministères en remerciement du travail accompli (cf. supra).
60Cette loyauté est essentielle pour le ministre, et ce pour plusieurs raisons (cf. supra). Primo, les cabinets préparent et négocient, au nom de leur ministre, le consensus pour toute politique publique afin que les différents partenaires de coalition se mettent d’accord. Secundo, les cabinets rendent possible un contrôle étroit des divers services de l’administration et de leurs actions. Leurs membres peuvent en effet suivre tout dossier administratif et s’ingérer dans la gestion des services. Étant donné la responsabilité des ministres devant le Parlement de tout ce qui pourrait advenir dans les ministères placés sous leur tutelle, cette supervision des membres de cabinet sur le travail et le fonctionnement de l’administration est essentielle pour les ministres. En effet, cette responsabilité politique peut engendrer la remise en cause des ministres et peut parfois entraîner la perte du poste ministériel en cas de dysfonctionnement au sein des services. Tertio, les cabinets, via leur cellule de communication, permettent la valorisation des actions de leur ministre auprès de l’opinion publique et contribuent dès lors à sa réélection.
61Par ailleurs, les cabinets ministériels apparaissent également indispensables en raison des liens étroits qu’ils entretiennent avec le parti politique auquel appartient le ministre. En effet, il est important pour tout ministre de conserver l’appui de son parti et de respecter la ligne politique de celui-ci dans l’élaboration des mesures. De par leurs contacts permanents avec le parti, les membres de cabinet peuvent veiller au respect de cette ligne ainsi qu’au soutien des instances du parti envers le ministre.
62Les cabinets jouent donc un rôle majeur dans l’action menée par les ministres. Leur remplacement par des cellules composées principalement de fonctionnaires n’est pas accepté par les responsables politiques, les ministres ne bénéficiant pas d’un dévouement et d’une loyauté de la part des dirigeants de l’administration comparable à ceux des membres de cabinet. Cette différence peut s’expliquer par le fait que le ministre ne peut pas décider à tout moment de se séparer d’un haut fonctionnaire. En outre, le ministre n’est pas assuré que les hauts fonctionnaires de son département entretiennent des liens étroits avec son parti politique. Mais au-delà de ces éléments, il faut souligner, une nouvelle fois, la méfiance des ministres à l’égard de l’administration au moment du lancement du Plan Copernic. Pour rappel, cette méfiance est due aux nominations politiques au sein de l’administration qui prennent place en fin de législature mais également au sentiment d’irresponsabilité de certains hauts fonctionnaires, inspiré par l’immixtion des cabinets dans les matières de l’administration. Celle-ci pousse les ministres à se reposer entièrement sur leur cabinet pour contrôler tout dossier qui remonterait de l’administration et pour élaborer toute politique.
63Au vu de ces arguments, il est aisé de comprendre pourquoi la réglementation des cellules stratégiques connaît nombre de modifications afin que, in fine, cet organe soit complètement réassimilé à un cabinet ministériel. La même logique explique les résistances vis-à-vis du deuxième organe participant au remplacement des cabinets ministériels, le conseil stratégique, dont l’organisation est laissée à l’appréciation des ministres dans la réglementation et qui ne se concrétise pas dans les faits.
2.4.2. Les membres de cabinet
64L’abandon progressif des mesures instaurant la suppression des cabinets ministériels n’est pas uniquement dû aux résistances des ministres, mais également à celles des membres des cabinets ministériels. Ces résistances se comprennent aisément, les mesures imposées par le Plan Copernic signifiant purement et simplement la fin de leurs fonctions. Dès lors, les membres de cabinet négocient, en 2000 et en 2001, des mesures transitoires leur permettant de maintenir leur poste. Pour cela, ils invoquent le péril de la continuité de la législature. Ces mesures transitoires leur permettent de se maintenir en l’état durant tout le temps du gouvernement Verhofstadt I. Ensuite, sous le gouvernement Verhofstadt II, les membres des cabinets ministériels œuvrent à « détricoter » petit à petit les arrêtés portant sur la disparition de leurs fonctions, c’est-à-dire ceux instaurant un conseil et des cellules stratégiques. Leur rôle prépondérant de préparation de toute mesure devant être approuvée au Conseil des ministres (dont, en particulier, leur participation active aux intercabinets) permet aux membres de cabinet de peser lourdement sur la réglementation les concernant, pour finalement la dénaturer.
2.4.3. Les partis politiques de la majorité
65Quant à elles, les résistances des partis politiques de la majorité expliquent l’abandon de l’ambition de placer un et un seul ministre à la tête d’un SPF unique. Jusqu’alors, en effet, la tutelle de différents ministres (issus de partis politiques différents) sur un même ministère assurait aux partis de la majorité une influence dans différentes matières, ainsi qu’un contrôle sur les autres partis de la coalition au pouvoir. Dès lors, l’obligation de placer un SPF sous la tutelle d’un seul membre du gouvernement et de ne plus répartir diverses compétences appartenant à un même SPF entre plusieurs ministres réduirait cette influence partisane. Cela engendre la résistance des partis politiques vis-à-vis de cette mesure et explique in fine l’abandon de celle-ci. Cette résistance s’exerce au travers des vice-Premiers ministres qui, au cours du processus décisionnel gouvernemental, jouent un rôle prépondérant.
66Plus généralement, la dénaturation de la réforme des cabinets ministériels dans la réglementation s’explique par l’attribution du portefeuille de la Fonction publique au PS. Parmi les membres du gouvernement, les socialistes francophones s’avèrent en effet être les plus opposés au Plan Copernic, et ce dès le lancement de la réforme. Les liens étroits entretenus entre le PS et les syndicats, ainsi que le fait que le Plan Copernic ambitionne de modifier certaines conditions de travail pour l’ensemble des fonctionnaires, expliquent en partie cette opposition. En outre, celle-ci semble également trouver son origine dans la volonté limitée du PS de soutenir une réforme censée bouleverser un système auquel ce parti appartient sans interruption depuis plus de dix ans, à l’inverse des partis libéraux et écologistes. Les ministres PS de la Fonction publique ont dès lors été soutenus par leur parti pour proposer des modifications de la réforme, en ce compris des modifications relatives aux mesures portant sur les entourages ministériels.
67Ces modifications sont plus facilement approuvées au sein du gouvernement Verhofstadt II en raison de l’absence de l’initiateur de la réforme, F. Van den Bossche. Dans le gouvernement Verhofstadt I, celui-ci avait joué un rôle prépondérant dans l’élaboration des ambitions du Plan Copernic et, de par sa position privilégiée (il bénéficiait tout à la fois du succès avec lequel il avait réformé l’administration flamande et du soutien du Premier ministre), était parvenu à les faire accepter.
2.5. Conclusion
68En définitive, la réforme des entourages ministériels fédéraux ne donne pas les résultats escomptés. Le Plan Copernic avait envisagé le remplacement des cabinets par des structures administratives censées faciliter la collaboration et la coordination politico-administrative. Mais dans les faits, ils n’ont pas disparu. Ce constat s’explique par les résistances qui ont émergé dans le chef des acteurs concernés par la réforme, c’est-à-dire principalement les ministres et leurs membres de cabinet qui craignaient, pour les uns, de devoir se priver d’un entourage loyal et proche de leur parti, et, pour les autres, de perdre tout simplement leur emploi et leur fonction au sein du système exécutif. Dans un premier temps, ces acteurs n’ont pas mis en œuvre la réforme, usant des mesures transitoires qu’ils avaient eux-mêmes négociées. Dans un second temps, profitant notamment d’un changement de tutelle du portefeuille de la Fonction publique, ils ont fait en sorte que la réglementation soit modifiée dans un sens qui la vidait de sa substance.
3. La réforme des cabinets ministériels régionaux et communautaires
69Tout comme au niveau fédéral, l’entourage des ministres est organisé en cabinets dans les exécutifs flamand, wallon et de la Communauté française (depuis 1980), ainsi que dans l’exécutif bruxellois (depuis 1989). La composition des cabinets dans les entités fédérées est similaire à celle des cabinets fédéraux. Il en est de même pour les fonctions que remplissent leurs membres auprès des ministres. Quant à leur ampleur, ils sont à peu près équivalents en termes de taille aux cabinets fédéraux, bien qu’il existe des cabinets régionaux ou communautaires pouvant atteindre plus de 100 collaborateurs.
70Le présent chapitre étudie les réformes qui ont pris place au sein des entités fédérées, en analysant dans quelle mesure les changements proposés peuvent être comparés à ceux entrepris par le Plan Copernic et en évaluant dans quelle mesure les transformations ambitionnées ont eu un réel impact dans la pratique des entités fédérées : Communauté flamande, Région wallonne et Communauté française (ces deux entités étant traitées conjointement, eu égard à la grande similitude des mesures qui ont été envisagées en leur sein), et Région de Bruxelles-Capitale.
3.1. La Communauté flamande
71Les crises politiques des années 1990 et la mise en place, en 1999, d’un nouveau gouvernement – en l’occurrence, le gouvernement Dewael (VLD/SP/Agalev/VU) – ont été, à l’instar de ce qui s’est produit au niveau fédéral, à la base d’une réforme globale de l’appareil étatique flamand, dénommée Beter Bestuurlijk Beleid (BBB, Vers une meilleure gestion administrative). Le 19 février 2000, celle-ci est approuvée lors du conclave du gouvernement flamand. Elle impose une restructuration radicale du Service public flamand, qui entraîne une transformation des cabinets ministériels. Par ailleurs, à l’instar du Plan Copernic, la réforme flamande introduit un système des mandats pour ses hauts fonctionnaires.
3.1.1. La réforme Beter Bestuurlijk Beleid
72Avant tout, il importe de présenter la restructuration du service public flamand prônée par la réforme BBB. Ce n’est qu’une fois cette réorganisation comprise que le lecteur pourra mesurer le changement ambitionné concernant l’entourage des ministres flamands.
73Cette réorganisation se fonde sur une décentralisation importante des services administratifs, basée sur une division des tâches. Le ministère unique de la Communauté flamande, organisé « matriciellement », autour duquel gravitaient jusqu’alors de nombreux organismes d’intérêt public (vlaamse openbare instellingen, VOI), laisse place à treize domaines politiques homogènes. Ceux-ci sont composés d’un département en charge de l’élaboration des politiques et d’agences autonomisées internes et externes, responsables des tâches liées à l’exécution des politiques. Les agences externes n’appartiennent pas aux ministères à proprement parler : elles sont dirigées par un conseil d’administration et possèdent leur propre personnalité juridique. Cette décentralisation administrative, considérée comme une « trajectoire organisationnelle classique du New Public Management » [56], est qualifiée d’interne et d’externe puisqu’elle engendre la création de nouveaux organes autonomes mais qu’une partie de ceux-ci se maintient dans les structures existantes, à savoir dans les ministères.
74Telle que présentée, la réorganisation prévoit donc que, désormais, le soutien fourni aux ministres dans l’élaboration des politiques publiques, tâche revenant jusqu’alors aux cabinets ministériels, sera du ressort des fonctionnaires au sein du département de chaque domaine et que l’exécution des politiques sera confiée à des agences internes ou externes autonomisées, ce qui constituera un rempart contre l’immixtion des cabinets dans les matières de l’administration. En outre, il est prévu qu’un nouvel organe politico-administratif sera créé dans chacun des treize domaines politiques homogènes, à savoir le conseil de gestion. Ce dernier sera notamment responsable de la coordination des services administratifs et de la supervision de l’ensemble du processus décisionnel des politiques publiques, de leur élaboration à leur évaluation. Cet organe, tel qu’il est ambitionné, reprendra dès lors également une partie de la charge des cabinets ministériels. Pour que cette nouvelle répartition des tâches soit rendue possible, une diminution importante de l’effectif des cabinets est annoncée. Par ailleurs, à l’instar du Plan Copernic, la réforme BBB prévoit l’obligation de placer un seul ministre à la tête d’un domaine politique homogène et ce, afin que les cabinets ministériels ne soient plus indispensables dans leur rôle de coordination des différents services administratifs.
75La décentralisation de l’administration flamande est réglementée par le décret-cadre de la réforme BBB du 18 juillet 2003 [57], qui prévoit la création d’agences autonomisées internes dans un domaine politique, pour autant que le volume des tâches d’exécution soit suffisant et que les prestations soient mesurables. Ces agences sont dites autonomisées, car elles bénéficient d’une autonomie opérationnelle. Celle-ci concerne la détermination et la modification des structures de l’agence, l’organisation de processus opérationnels en vue de la réalisation des objectifs convenus, l’exécution de la gestion du personnel et l’utilisation des moyens disponibles. Le conseil de gestion est également réglementé par le décret-cadre du 18 juillet 2003. Rassemblant le ministre compétent, assisté de son chef de cabinet, et les hauts fonctionnaires du domaine politique concerné, il est un lieu de concertation entre le niveau politique et le niveau administratif. L’obligation de placer un et un seul ministre à la tête d’un seul domaine politique homogène est également présente dans le décret-cadre du 18 juillet 2003, mais de façon indirecte. En effet, la possibilité d’avoir plusieurs ministres à la tête d’un même domaine politique homogène n’est mentionnée nulle part.
76Au sein de la réglementation relative à la réorganisation du Service public flamand, la diminution drastique du nombre de membres de cabinet n’est pas évoquée. Il faut attendre l’arrêté du gouvernement flamand du 24 juillet 2009 pour que cette réduction des cabinets soit remise à l’ordre du jour [58]. Cet arrêté fait suite à l’accord du gouvernement flamand Peeters II (CD&V/SP.A/N-VA), conclu en 2009, dans lequel il est mentionné que la réduction des cabinets doit permettre à l’administration flamande de soutenir davantage les ministres flamands dans l’élaboration et dans la mise en œuvre des politiques publiques. Cet arrêté prévoit que le cabinet d’un ministre flamand ne peut se composer de plus de 26 membres, ce nombre étant porté à 41 pour le cabinet du ministre-président et pour ceux des vice-ministres-présidents. En outre, 9 membres supplémentaires peuvent êtres répartis entre les différents ministres du gouvernement en fonction de leurs compétences [59]. Par ailleurs, l’arrêté précise que les tâches d’appui technique au sein des cabinets (nettoyage, accueil, restauration, expédition, technologies de l’information et de la communication, économat, transport, etc.) peuvent être confiées aux membres du personnel de l’administration flamande.
77En pratique, la nouvelle structure de l’administration flamande (composée de domaines politiques, de départements et d’agences) est mise en place au cours de l’année 2006. Elle est effectivement accompagnée d’une répartition des tâches entre les départements et les agences. Cependant, l’expertise détenue par les organismes d’intérêt public se retrouve davantage dans les agences, ce qui laisse les départements dans l’incapacité d’apporter leur aide aux ministres pour l’élaboration de certaines politiques. Cette incapacité se voit renforcée par le fait que la coordination et la collaboration du département et des agences sont difficiles dans bien des cas. Une absence de clarification des rôles de chacun semble être à la base de cette difficulté. Il faut également noter que, si les agences internes disposent d’une autonomie réelle en matière de gestion des ressources humaines, elles ne bénéficient pas d’une autonomie financière nécessairement accrue par rapport à la situation qui prévalait avant la réforme. Les conseils de gestion, dont la mise en place dépend de la volonté du (des) ministre(s) compétent(s), ne voient pas le jour dans la plupart des domaines politiques ; une des principales causes de cet état de fait semble être le manque d’intérêt des ministres à rencontrer les hauts fonctionnaires au sein d’un organe. Quant à la rationalisation de la relation entre un ministre et son domaine politique, elle n’est guère plus de mise ; ainsi, lors de la formation du gouvernement flamand Leterme (CD&V/VLD/SP.A/Spirit/N-VA) en 2004, plusieurs ministres se retrouvent, comme par le passé, à la tête d’un même domaine politique homogène.
78Conformément à la réglementation, la réduction de l’effectif des cabinets ne prend pas place avant la fin de l’année 2009. Avant cela, tel que l’indique la Commissie Efficiënte en Effectieve Overheid (CEEO, Commission pour une autorité efficiente et efficace), le nombre de membres de cabinet n’est pas réduit [60]. Bien au contraire, il semble qu’il augmente entre décembre 2002 et septembre 2006. En outre, la CEEO pointe encore en 2009 les pratiques inchangées des cabinets : « Les cabinets interviennent souvent dans des dossiers purement exécutifs (…), ce qui crée un chevauchement de tâches inutile et inévitable. En outre, ce chevauchement hypothèque les relations de travail entre le sommet de l’administration, le ministre et son cabinet. » [61]
79Suite à l’entrée en vigueur de l’arrêté du 24 juillet 1999, à la fin de l’année 2009, la réduction de l’entourage des ministres flamands est initiée. De fait, une baisse de plus de 35 % de l’effectif total des cabinets est constatée entre l’année 2008 et l’année 2011 [62]. Toutefois la Cour des comptes nuance cette réduction en raison, d’une part, de la possibilité pour les ministres de bénéficier, pour toute une série de fonctions techniques et logistiques, de l’appui de l’administration (appui non comptabilisé dans les effectifs des cabinets) et, d’autre part, du fait que le nombre de membres de cabinet impliqués dans l’ensemble du processus des politiques publiques, dits conseillers, est resté quasiment inchangé. Dès lors, seul le personnel de soutien technique a significativement diminué au sein des cabinets, ce qui ne permet pas de limiter l’emprise des cabinets dans l’élaboration et dans la mise en œuvre des politiques publiques, ambition qui était pourtant à l’origine de la mesure.
80En 2011, un rapport de la Cour des comptes met en évidence un changement constaté dans la collaboration entre l’administration et les membres de cabinet. D’après cette étude, les hauts fonctionnaires au sein des départements de l’administration jouent un rôle plus important dans l’élaboration et dans la préparation des politiques, en collaborant davantage avec les cabinets, ces derniers gardant cependant la main en la matière. Selon la Cour des comptes, c’est la réforme BBB qui est à l’origine de cette évolution. Mais dans le même temps, la fragmentation et le cloisonnement de l’administration suite à la création d’agences et de départements au sein de celle-ci ainsi que la tutelle de plusieurs ministres sur un même domaine politique compliquent cette collaboration et constituent un frein à l’implication des fonctionnaires dans l’élaboration des politiques publiques.
81Bref, les résultats des mesures introduites en Communauté flamande en vue de transformer les cabinets des ministres flamands apparaissent contrastés. In fine, les entourages ministériels sont restés quasi inchangés, mais ils collaborent davantage avec l’administration.
3.1.2. Comparaison avec la réforme fédérale
82Tout comme ce qui a été constaté lors de l’analyse de la modernisation de l’appareil d’État fédéral, il appert que la réforme BBB n’a guère réussi à imposer de nouvelles façons de travailler aux ministres flamands. Ceux-ci ne se sont pas passés du soutien des membres de leur cabinet pour élaborer les politiques publiques et pour contrôler le travail réalisé par l’administration.
83Ces résultats mitigés trouvent une explication dans les résistances des acteurs qui ont pris part à la réglementation de la réforme et à sa mise en œuvre. Celles-ci sont, en bien des points, comparables à celles relevées au niveau fédéral à l’encontre des transformations proposées par le Plan Copernic. En effet, pour les ministres, la crainte de devoir se séparer d’un entourage loyal et entretenant des liens étroits avec leur parti politique, et capable de négocier en leur nom, de contrôler l’administration, de s’assurer du respect de la ligne de leur parti dans le travail gouvernemental et de faciliter la valorisation de leurs actions auprès des médias et de l’opinion publique a été des plus dissuasives quant à l’adoption réglementaire d’une réduction des conseillers composant les cabinets ministériels. En outre, la méfiance des ministres flamands à l’égard de l’administration en raison d’une politisation de celle-ci – à laquelle ils avaient, à l’instar des ministres fédéraux, eux-mêmes contribué – explique qu’ils ont laissé à leur propre appréciation l’organisation des conseils de gestion au sein de leurs domaines politiques homogènes. Quant aux résistances des cabinets à l’égard de leur propre réduction ou celles des partis vis-à-vis de leur perte d’influence sur différents services administratifs, elles sont également parfaitement comparables à celles qui ont entraîné des modifications substantielles à la réforme des cabinets ministériels fédéraux.
84Toutefois, cette comparaison doit être nuancée. En effet, la réforme BBB a engendré une réorganisation de taille des services, qui a notamment conduit les fonctionnaires à jouir d’une plus grande autonomie en termes de gestion des ressources humaines, ce qui a permis de limiter quelque peu le champ d’intrusion des cabinets dans la gestion des services administratifs. En outre, l’implication nouvelle des hauts fonctionnaires des départements dans la préparation des politiques et leur collaboration plus intensive avec les cabinets ministériels doit être soulignée. Cette implication a été initiée par la réforme BBB, qui a amené à la reconnaissance du rôle des fonctionnaires dans l’élaboration des politiques publiques. Il s’agit là d’un pas posé vers une diminution du monopole des cabinets dans cette fonction, que la réforme fédérale n’a pas franchi.
85Cet aboutissement de la décentralisation des services publics flamands s’explique par le consensus politico-administratif qui a existé autour de cette question. En effet, tant les ministres que les hauts fonctionnaires ont trouvé un intérêt dans cette décentralisation. Pour comprendre ce consensus, il importe de détailler le contexte organisationnel de l’administration flamande qui prévalait avant l’introduction de la réforme BBB. Il explique en grande partie la volonté politique de transformer radicalement le paysage administratif flamand.
86 En effet, un certain chaos organisationnel régnait jusqu’alors en Communauté flamande. Celui-ci était dû aux organismes d’intérêt public, très nombreux en Flandre, dont le rôle tant vis-à-vis du gouvernement que vis-à-vis du Ministère flamand unique n’était pas défini. Des chevauchements de compétences existaient entre ces organismes et le Ministère. De plus, dans de nombreux cas, leur direction échappait aux ministres, qui devaient néanmoins en assumer la responsabilité devant le Parlement flamand. Ces problèmes organisationnels ont été dénoncés à plusieurs reprises par le Parlement flamand entre 1995 et 1999. Dès lors, en 1999, le gouvernement Dewael a voulu réorganiser les structures de l’exécutif et réaffirmer la primauté du politique sur l’ensemble des composantes de ce dernier. Cette volonté politique s’est traduite par le soutien apporté par plusieurs ministres à la décentralisation de l’administration.
87Toutefois, cette réforme n’est pas uniquement due à une volonté politique, comme cela a été le cas pour le Plan Copernic. En effet, elle résulte également d’une volonté de la part des hauts fonctionnaires qui, dès 1993, se sont organisés et ont formé un réseau important : le réseau Management in de Openbare Vlaamse Instellingen(MOVI). Ce réseau, via des contacts avec le Parlement ou avec le gouvernement, a participé et a pesé sur le processus décisionnel des politiques publiques, et spécifiquement sur les mesures relatives aux fonctionnaires et à l’organisation de leurs services. C’est ainsi que les idées du New Public Management ont été véhiculées et ont inspiré les hauts fonctionnaires, qui ont proposé des changements aux responsables politiques. En 1999, l’administration a ainsi pris l’initiative de remettre une contribution aux négociateurs lors de la constitution du gouvernement Dewael, contribution qui a inspiré l’accord gouvernemental et, par la suite, la réforme BBB.
88 La réglementation et la mise en œuvre de la décentralisation des services administratifs flamands résultent donc de la rencontre d’une volonté politique et d’une volonté administrative. Contrairement à l’élaboration de la réforme fédérale, la conception de la réforme BBB n’est pas à imputer aux seuls responsables politiques, mais également aux hauts fonctionnaires qui y ont pris part. Cette implication des hauts fonctionnaires explique sans aucun doute la mise en œuvre effective de la décentralisation des services administratifs, qui a donné naissance aux départements (qui sont formellement en charge de l’élaboration des politiques publiques) et aux agences (dont les dirigeants bénéficient d’une large autonomie de gestion).
3.2. La Communauté française et la Région wallonne
89 À l’inverse du niveau de pouvoir fédéral et de la Communauté flamande, la Communauté française et la Région wallonne n’ont pas vu leur système exécutif radicalement modernisé suite à une réforme d’envergure. Ces deux entités ont connu des changements plus limités, qui ont pris place successivement dans leurs administrations respectives.
3.2.1. L’absence de modernisation globale des systèmes exécutifs
90En 1996, la Communauté française entreprend de fusionner ses deux ministères, afin de créer une seule entité dénommée le Ministère de la Communauté française [63]. Une volonté de coordination plus fluide des services et de création d’une culture administrative unique sont au cœur de cette fusion. En 2006, un système de mandats pour les hauts fonctionnaires est adopté [64] après une tentative initiée en 2003 et avortée en 2005 [65].
91Quant à elle, la Région wallonne modernise ses services administratifs en plusieurs étapes [66]. La première, concrétisée en 2003, introduit un nouveau code de la fonction publique wallonne [67], instaurant notamment un système de mandats pour les fonctionnaires dirigeants. Ce système connaît une modification de taille en 2006 [68]. L’étape suivante de la modernisation de l’administration wallonne est adoptée le 1er août 2008. Elle introduit des changements importants au niveau de l’organisation et de la structure de l’administration wallonne, qui fusionne ses deux ministères constitutifs pour former le Service public de Wallonie (SPW).
92Enfin, une dernière étape de modernisation commune à l’administration de la Communauté française et à celle de la Région wallonne peut être mentionnée [69]. Il s’agit de la création de l’École d’administration publique, fondée le 10 novembre 2011 par un accord de coopération entre les deux entités. Cette institution a notamment pour mission d’organiser la formation des futurs mandataires et donc des futurs dirigeants des deux administrations, en vue de l’obtention d’un certificat de management public délivré par les universités francophones du pays.
93Il importe de souligner que, tant en Communauté française qu’en Région wallonne, aucune mesure censée transformer l’entourage des ministres n’est envisagée : ni le remplacement des cabinets ministériels ni leur diminution drastique. Au contraire, l’ampleur des cabinets ministériels et leurs nombreuses attributions au sein des deux entités sont confirmées dans divers arrêtés [70], qui ne leur apportent que peu de modifications. Les cabinets des ministres de la Communauté française et de la Région wallonne y sont en charge « [des] affaires susceptibles d’influencer la politique générale du gouvernement ou les travaux parlementaires, [des] recherches et études propres à faciliter le travail personnel des ministres, [de] la présentation des dossiers de l’administration, éventuellement [du] secrétariat du ministre, [de] la réception et [de] l’ouverture de son courrier personnel, [de] sa correspondance particulière, [des] demandes d’audience, [de] la revue de presse » [71]. À l’instar de la réglementation relative aux cabinets ministériels fédéraux, le caractère extrêmement vague de cette description ne limite en rien les fonctions exercées par les entourages ministériels. Par ailleurs, le nombre maximal de collaborateurs composant un cabinet est également arrêté dans les réglementations mentionnées ci-dessus. Selon le statut des ministres, il va de 41 à 68 collaborateurs à temps plein. Toutefois, ce nombre peut être dépassé lorsque des ministres sont à la fois membres du gouvernement de la Communauté française et du gouvernement wallon, puisque ceux-ci sont dès lors entourés de deux cabinets pour lesquels il est uniquement précisé que le nombre maximal imposé par cabinet doit être réduit de 5 équivalents temps plein.
3.2.2. Des changements n’ayant qu’un impact léger sur les cabinets ministériels
94Si les cabinets ministériels ne font pas l’objet de réformes au sein de la Communauté française et de la Région wallonne, quelques mesures adoptées lors des différentes étapes de la modernisation de l’administration de ces deux entités fédérées n’en ont pas moins un impact sur les entourages ministériels. Celles-ci portent plus particulièrement sur l’élargissement des fonctions remplies par les hauts fonctionnaires, censées empiéter dorénavant sur les attributions des cabinets.
95Dans l’administration de la Communauté française, une mesure est introduite par arrêté du gouvernement en date du 10 juin 2005 afin d’accroître la participation des fonctionnaires dirigeants dans l’ensemble du processus décisionnel des politiques publiques, de leur élaboration à leur exécution [72]. Cela est censé modifier quelque peu le rôle des cabinets qui, jusqu’alors, monopolisaient l’élaboration des politiques et s’immisçaient dans leur exécution. Cette mesure consiste en une précision apportée aux prérogatives du conseil de direction. Cet organe, qui rassemble tous les hauts fonctionnaires du Ministère et qui est présent depuis le statut du 22 juillet 1996 [73], est désormais autorisé à rendre des avis et à formuler des propositions au gouvernement afin d’alimenter l’élaboration, la mise en application et l’évaluation des politiques publiques. En pratique, il semble cependant que le conseil de direction se limite à un lieu de communication et de concertation administrative, sans peser sur le processus des politiques publiques. Cet organe n’adresse pas de propositions au gouvernement et ne limite en rien les fonctions exercées par les cabinets ministériels au sein des processus décisionnels relatifs aux politiques publiques.
96Pour sa part, la Région wallonne envisage en 2008 de créer des comités exécutifs qui regrouperont, dans chaque direction générale, le directeur général, les inspecteurs généraux, le(s) ministre(s) compétent(s) en la matière et le(s) chef(s) de cabinet [74]. Cette mesure a pour ambition de développer un dialogue et une concertation politico-administrative visant à assurer la qualité et la mise en œuvre des politiques publiques. Ce faisant, elle pourrait limiter le monopole des cabinets en matière d’élaboration des politiques publiques et les obligerait à prendre en compte les propositions de l’administration. Toutefois, les comités exécutifs n’apparaissent ni dans le code wallon de la fonction publique adopté en 2003, ni dans ses modifications ultérieures. Leurs attributions ne sont dès lors pas définies réglementairement. En pratique cependant, certains comités exécutifs prennent place à partir de 2009. Les ministres n’y prennent généralement pas part. La plupart du temps, ces organes se limitent dès lors à être un lieu d’information pour les hauts fonctionnaires, qui y prennent connaissance des décisions gouvernementales concernant leur matière. De ce fait, ces organes ne limitent en rien les attributions des cabinets ministériels ; à travers l’organisation des comités exécutifs, ces derniers renforcent même le rôle d’écran qu’ils forment entre les hauts fonctionnaires et le(s) ministre(s).
3.2.3. Comparaison avec la réforme fédérale
97Les changements introduits par la Communauté française et par la Région wallonne n’ont pas imposé de transformation aux entourages ministériels de ces deux entités fédérées. Le maintien de l’ampleur et des attributions des cabinets est à imputer, d’une part, à une absence de mesure envisageant la modification des entourages ministériels et, d’autre part, à l’échec de certaines mesures, qui n’ont pas réussi à accroître la participation des hauts fonctionnaires au sein des processus décisionnels des politiques publiques, sur lesquels les membres de cabinet ont gardé la mainmise.
98Si, en pratique, les cabinets se sont maintenus et ont conforté leur position centrale auprès des ministres de la Communauté française et de la Région wallonne, une différence de taille doit être relevée avec le niveau fédéral et avec le niveau flamand. En effet, à l’inverse du Plan Copernic et de la réforme BBB, les changements introduits n’ont pas eu pour ambition de remplacer ou de diminuer drastiquement les cabinets ministériels, et ce tout simplement parce que tant l’organisation que le fonctionnement des systèmes exécutifs des deux entités fédérées n’ont pas été remis en cause.
99Pour comprendre cette importante différence, il convient de mettre en exergue différents éléments du contexte politico-administratif spécifique à la Communauté française et à la Région wallonne, quelque peu différent du contexte fédéral et du contexte flamand.
100Tout d’abord, il n’y a pas eu de volonté politique visant à une réforme d’envergure de l’ensemble des systèmes exécutifs de la Communauté française et de la Région wallonne. Cette situation diffère de celle qui a prévalu au niveau fédéral, où le ministre de la Fonction publique, soutenu par le Premier ministre, a imposé le Plan Copernic aux autres membres du gouvernement. Cette absence de soutien politique à la modernisation de l’appareil étatique s’explique en partie par le manque de continuité dans la tutelle de la Fonction publique au sein des gouvernements de la Communauté française et de la Région wallonne. En effet, pas moins de sept ministres différents ont été successivement en charge de la Fonction publique entre 1999 et 2014 en Communauté française [75], et quatre en Région wallonne [76]. En outre, tant en Communauté française qu’en Région wallonne, eu égard à la taille plus réduite de l’exécutif par rapport à celle du gouvernement fédéral, les ministres regroupent dans leur portefeuille ministériel plusieurs compétences, qui varient au fil des législatures et des ministres en place [77]. L’association de compétences très diverses dans un même portefeuille ministériel permet de supposer que le ministre compétent entre autres pour la Fonction publique ne peut consacrer qu’une attention limitée à ce domaine. De plus, la discontinuité dans la tutelle de la Fonction publique ne favorise nullement l’initiative en la matière et l’engagement d’un ministre dans un projet de modernisation d’envergure.
101Ensuite, la Fonction publique a échu à un ministre socialiste en Communauté française et en Région wallonne, respectivement entre 1999 et 2009 et entre 2004 et 2009. Or, on se rappellera que les ministres socialistes francophones des gouvernements fédéraux Verhofstadt I et II se sont opposés au Plan Copernic, et ce dès le lancement de la réforme (cf. supra). Les différents éléments explicatifs de cette attitude que nous avons relevés au niveau fédéral sont également valables en Communauté française et en Région wallonne ; ils offrent un éclairage sur l’absence de volonté et de soutien politique derrière une réforme d’envergure qui aurait pu envisager la réforme des entourages ministériels. Dès lors, les ministres successifs de la Fonction publique en Communauté française et en Région wallonne ont préféré opter pour des mesures ponctuelles.
102Enfin, les services administratifs de la Communauté française et de la Région wallonne sont de création récente, comparés à l’administration fédérale. Lors de leur installation en 1980, les cabinets ministériels de la Communauté française et de la Région wallonne, méfiants à l’égard de ces administrations inexpérimentées, ont renforcé leurs effectifs par rapport aux cabinets fédéraux, de sorte qu’il n’était pas rare de compter plus de 100 collaborateurs auprès d’un ministre communautaire ou régional. Des cabinets pléthoriques ont dès lors été en mesure de se substituer complètement à l’administration dans de nombreuses matières, laissant nombre de fonctionnaires démotivés et non informés. Ce renforcement du cercle vicieux, également présent au niveau fédéral (cf. supra), a eu un impact sur la modernisation de l’administration envisagée en Communauté française et en Région wallonne. Celle-ci a été, en quelque sorte, adaptée à la situation politico-administrative des deux entités fédérées, au sein desquelles la suppression des cabinets était inenvisageable étant donné leur rôle dans la réalisation de l’action publique et l’incapacité supposée de l’administration à les remplacer.
3.3. La Région de Bruxelles-Capitale
103À l’instar de la Communauté française et de la Région wallonne, la Région de Bruxelles-Capitale n’a pas entrepris de réforme globale de son fonctionnement et de ses structures visant à moderniser son appareil étatique. En 2004 toutefois, dans l’accord du gouvernement Picqué III (PS/VLD/CDH/Écolo/SP.A/CD&V), la modernisation de l’administration est apparue comme une priorité. Elle y a été associée à l’attribution de mandats pour les futurs titulaires des fonctions de management. Le rôle essentiel des fonctionnaires dirigeants dans la préparation et la mise en œuvre des politiques a également été souligné. Cependant, nulle mention n’a été faite de la limitation des attributions des cabinets pour permettre aux dirigeants administratifs de jouer ce rôle. En outre, à l’inverse des autres niveaux de pouvoir envisagés, aucun organe n’a été créé pour rendre possible la participation des fonctionnaires au processus décisionnel des politiques publiques.
3.3.1. L’absence de réforme des cabinets ministériels
104Si aucune réforme portant sur les entourages ministériels ne prend place en Région de Bruxelles-Capitale, il importe cependant de mentionner la réglementation en la matière. Celle-ci précise la composition et le fonctionnement des cabinets des membres du gouvernement bruxellois [78]. Au sein de celui-ci, les attributions des cabinets, invariables, sont déterminées de façon identique aux autres entités. Elles concernent « les affaires susceptibles d’influencer la politique générale du gouvernement ou les travaux du [Parlement] de la Région de Bruxelles-Capitale ; les recherches et les études propres à faciliter le travail personnel du membre du gouvernement ; la présentation des dossiers de l’administration, éventuellement le secrétariat du gouvernement, la réception et l’ouverture de son courrier personnel, sa correspondance particulière, les demandes d’audience, la revue de presse ». Quant à elle, la composition des cabinets est plus réduite qu’au sein des autres entités. Toutefois, elle est en évolution. En effet, si, en 1999, l’effectif total d’un cabinet ministériel bruxellois ne pouvait dépasser 46 membres (nombre porté à 60 pour le cabinet du ministre-président), en 2014, ce seuil est passé à 63 membres (82 pour le cabinet du ministre-président). Dès lors, dans la réglementation, il n’existe aucune volonté de réduire le rôle prépondérant que jouent les entourages ministériels sur l’ensemble du système exécutif.
3.3.2. Comparaison avec la réforme fédérale
105La remise en cause de l’ampleur et des fonctions exercées par les cabinets est encore moins présente en Région de Bruxelles-Capitale qu’aux autres niveaux de pouvoir étudiés. Contrairement aux niveaux fédéral et flamand, aucun remplacement ou diminution des cabinets n’a été envisagé. En outre, la Région de Bruxelles-Capitale n’a même pas considéré la création d’organes visant à impliquer davantage les hauts fonctionnaires dans les processus décisionnels des politiques publiques, afin d’encourager les membres des cabinets à collaborer davantage avec l’administration.
106 Pour expliquer ce constat, les spécificités du contexte politico-administratif bruxellois doivent être évoquées. S’il est, dans une large mesure, comparable à ceux prenant place dans les autres entités, ce contexte est marqué par un élément de taille qui constitue un enjeu politique supplémentaire dont il convient tenir compte : l’enjeu communautaire. Brièvement décrit, celui-ci porte sur l’affirmation et sur l’institutionnalisation du caractère bilingue de la Région de Bruxelles-Capitale. Il fait l’objet de débats politiques intenses et a une grande influence sur l’organisation de l’administration bruxelloise. Ainsi, les recrutements sont soumis à un cadre linguistique qui détermine la répartition des fonctionnaires francophones et néerlandophones. Le calcul de ce cadre est largement contesté et a été annulé à plusieurs reprises, entraînant le gel de tout recrutement statutaire et de toute promotion. Ce contexte communautaire explique en partie l’absence de volonté de la part des mandataires politiques régionaux d’entreprendre une réforme d’envergure de l’administration bruxelloise, dont l’attention est davantage portée sur des questions de clé communautaire dans la répartition des postes.
107 Un second élément pouvant être mobilisé pour expliquer l’absence de réformes des cabinets bruxellois porte sur la taille très réduite de l’administration bruxelloise. En effet, le Ministère de la Région de Bruxelles-Capitale compte à peine plus que 1 700 agents (statutaires et contractuels confondus). Pour autant, le gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale est composé de huit membres (cinq ministres et trois secrétaires d’État), issus d’environ cinq à six partis distincts, qui doivent s’accorder et atteindre le consensus pour toute action gouvernementale. En outre, vu le nombre élevé de ministres et de partis en son sein, les différentes compétences du gouvernement bruxellois se trouvent divisées et partagées entre les différents membres de l’exécutif. Ce partage entraîne de nombreux chevauchements au sein des divisions administratives. Dès lors, tout traitement de dossier, qu’il porte sur l’exécution des politiques ou sur la gestion de services, concerne plusieurs ministres. Il en résulte un recours intensif des ministres aux cabinets ministériels, qui négocient intensément pour atteindre le consensus entre les différents partenaires de la coalition.
Conclusion
108Ce Courrier hebdomadaire s’est penché sur les réformes qui ont pris place en Belgique afin de transformer les entourages ministériels.
109Depuis près d’un siècle, les cabinets ministériels sont décriés en raison de leur ampleur, de leurs attributions et des dysfonctionnements qu’ils entraînent au sein de l’administration. Ces critiques ont été entendues, au niveau fédéral, au début des années 2000, lorsque le gouvernement Verhofstadt I a eu comme priorité de restaurer la confiance des citoyens envers les pouvoirs publics. Inspiré par le New Public Management, courant de modernisation en management public, le gouvernement Verhofstadt I a adopté une réforme d’envergure des structures et du fonctionnement de l’administration fédérale : le Plan Copernic. La transformation des cabinets ministériels y a occupé une place de choix.
110Les ambitions de cette réforme des entourages ministériels étaient importantes. Désormais, le soutien aux ministres fédéraux dans l’ensemble de leurs actions gouvernementales devait être exercé par l’administration. Les cabinets devaient donc disparaître et laisser la place à des organes d’appui à la politique du ministre, composés essentiellement de fonctionnaires et d’experts ayant passé des épreuves administratives. Toutefois, face à ce projet d’envergure, de nombreuses résistances ont émergé. La principale d’entre elles a émané des ministres qui, méfiants vis-à-vis de l’administration, ne se sont pas résolus pas à se séparer d’un entourage loyal, en mesure de prendre part aux négociations politiques, proche de leur parti et dévoué à leur réélection. Quant à eux, les membres des cabinets se sont tout naturellement opposés à la disparition de leurs fonctions. Les ministres et leur cabinet n’ont donc pas mis en œuvre les mesures prises en vue de réformer les cabinets et, quand l’occasion s’est présentée, ils ont négocié progressivement la transformation des organes adoptés en vue de leur réassimilation aux cabinets d’antan. Dès lors, au niveau fédéral, les mesures adoptées en vue de réformer les cabinets ministériels n’ont eu que peu d’impacts. De cette réforme, ne subsiste aujourd’hui qu’un changement d’appellation des cabinets ministériels, soit les cellules stratégiques, qui ont maintenu leurs attributions au sein de l’action gouvernementale et dont la composition est restée inchangée.
111 La volonté de transformer l’entourage des ministres est également apparue en Communauté flamande qui, à l’occasion de la réforme Beter Bestuurlijk Beleid, a réorganisé l’ensemble de son système exécutif. Désormais une administration décentralisée a pris place et, si celle-ci n’a pas remplacé les cabinets ministériels dans leur rôle de soutien aux ministres dans l’ensemble du processus décisionnel des politiques publiques, elle y a pris une part de plus en plus active en collaborant toujours plus avec les cabinets ministériels dans l’élaboration de toute politique. Le soutien politique au changement ainsi que la participation des hauts fonctionnaires à l’élaboration de la modernisation de l’organisation et du fonctionnement de l’appareil étatique flamand explique ce changement. Aujourd’hui, si les cabinets ministériels n’ont donc pas été transformés en son sein, ceux-ci travaillent quelque peu différemment et réduisent de ce fait certains des dysfonctionnements qu’ils entraînaient jusqu’alors au sein de l’administration.
112Par contre, les autres entités fédérées n’ont pas connu de telles évolutions. Ni la Communauté française, ni la Région wallonne, ni la Région de Bruxelles-Capitale n’ont envisagé de réformes globales des structures et du fonctionnement de leur système exécutif. Nulle remise en cause des cabinets n’y a été ambitionnée. L’ampleur des entourages ministériels a même connu un léger accroissement ces dernières années. Quant à leurs attributions, elles sont restées inchangées. Les spécificités des systèmes politico-administratifs de ces trois entités expliquent cette perpétuation des pratiques anciennes.
Notes
-
[1]
« Déclaration du gouvernement », in Sénat, Annales, n° 2-5, 12 octobre 1999.
-
[2]
Chambre des représentants, Annales, n° 2, 14 juillet 1999.
-
[3]
Sénat, Proposition de résolution visant à supprimer progressivement les « cabinets ministériels », déposée par Y. Buysse, doc 4-1106/1, 9 janvier 2009.
-
[4]
« Copernicus. Au centre de l’avenir. La réforme de l’administration fédérale belge », Bruxelles, SPF Personnel et organisation, octobre 2002, www.fedweb.belgium.be.
-
[5]
Précisons que la Communauté française a décidé, en mai 2011, d’adopter la dénomination de « Fédération Wallonie-Bruxelles » dans sa communication interne et externe. Ce nouveau nom n’ayant cependant pas la portée juridique que lui donnerait une révision de la Constitution allant dans le même sens, nous maintiendrons, dans ce Courrier hebdomadaire, l’appellation constitutionnelle de Communauté française.
-
[6]
Les cabinets des ministres de la Communauté germanophone ne sont donc pas étudiés ici, en raison de la taille restreinte du système exécutif concerné et du faible poids qu’il représente à l’échelle belge.
-
[7]
C. Pollitt, G. Bouckaert, Public Management Reform. A Comparative Analysis: New Public Management, Governance, and the Neo-Weberian State, 2e éd., Oxford/New York, Oxford University Press, 2004.
-
[8]
C. de Visscher, « Le management public en Belgique », in Le management public en Europe. Les grandes tendances du management public en Europe : étude par pays, Limoges, Europa, 2003, www.unilim.fr.
-
[9]
N. Thijs, S. Van de Walle, « De Ducpétiaux à Copernic : 150 années de réformes administratives en Belgique », Administration publique : revue du droit public et des sciences administratives, n° 1,2005, p. 33-50.
-
[10]
Pour davantage de détails concernant ces mesures, cf. ibidem ; A. Piraux, « Bilan raisonné et mise en perspective des réformes administratives fédérales en Belgique », Pyramides. Revue du Centre d’études et de recherches en administration publique, n° 20, 2010, p. 189-211 ; A. Stenmans, La transformation de la fonction administrative en Belgique. Administration publique et société, Bruxelles, CRISP, 1999.
-
[11]
C. Pollitt, G. Bouckaert, Public Management Reform. A Comparative Analysis: New Public Management, Governance, and the Neo-Weberian State, op. cit.
-
[12]
J. Maesschalck, « When Do Scandals Have an Impact on Policy Making? A Case Study of the Police Reform Following the Dutroux Scandal in Belgium », International Public Management Journal, volume 5, n° 2, 2002, p. 169-193.
-
[13]
S. Jacob, « L’institutionnalisation de l’évaluation des politiques publiques en Belgique : entre balbutiements et incantations », Res Publica : revue de science politique, volume 46, n° 4, 2004, p. 512-534 ; A.-P. Frognier, B. Rihoux, « Opinion publique et politique en Belgique : une crise de légitimité ? », Recherches sociologiques, volume 31, n° 1, 2000, p. 147-157 ; B. Rihoux, S. Walgrave, « Disparitions d’enfants et justice : émergence de nouveaux acteurs », Courrier hebdomadaire,CRISP, n° 1590-1591, 1998.
-
[14]
Chambre des représentants, Annales, n° 2, 14 juillet 1999.
-
[15]
G. Rondeaux, Identification organisationnelle et changement : les logiques identitaires à l’épreuve du New Public Management, thèse de doctorat en Sciences économiques et de gestion, HEC-ULg, 2012.
-
[16]
C. Hood, « A Public Management for all Seasons? », Public Administration, volume 69, n° 1, 1991, p. 3-19.
-
[17]
T. Christensen, P. Lægreid (dir.), New Public Management: the Transformation of Ideas and Practice, Aldershot, Ashgate, 2001.
-
[18]
C. Pollitt, G. Bouckaert, Public Management Reform. A Comparative Analysis: New Public Management, Governance, and the Neo-Weberian State, op. cit.
-
[19]
K. Sahlin-Andersson, « National, International and Transnational Constructions of New Public Management », in T. Christensen, P. Lægreid (dir.), New Public Management: the Transformation of Ideas and Practice, op. cit., p. 43-72 ; R. Common, « The New Public Management and Policy Transfer: the Role of International Organizations », in M. Minogue, D. Hulme, C. Polidano (dir.), Beyond the New Public Management: Changing Ideas and Practice in Governance, Cheltenham/Northampton, Edward Elgar, 1998, p. 59-75.
-
[20]
C. Hood, « A Public Management for all Seasons? », op. cit.
-
[21]
T. Christensen, P. Lægreid (dir.), New Public Management: the Transformation of Ideas and Practice, op. cit.
-
[22]
M. Minogue, D. Hulme, C. Polidano (dir.), Beyond the New Public Management: Changing Ideas and Practice in Governance, op. cit.
-
[23]
A. Drumaux, « La réforme “Copernic” : du big-bang à la “culture de l’espoir” », Pyramides. Revue du Centre d’études et de recherches en administration publique, n° 20, 2010, p. 23-43.
-
[24]
G. Rondeaux, Identification organisationnelle et changement : les logiques identitaires à l’épreuve du New Public Management, op. cit. ; T. Christensen, P. Lægreid (dir.), New Public Management: the Transformation of Ideas and Practice, op. cit. ; M. Minogue, D. Hulme, C. Polidano (dir.), Beyond the New Public Management: Changing Ideas and Practice in Governance, op. cit.
-
[25]
J. De Jaegere, « Beleidscellen op federaal niveau: evaluatie van de Copernicushervorming », Jura Falconis, volume 46, n° 4, 2009-2010, p. 575-608.
-
[26]
Ils sont réglementés pour la première fois par l’arrêté royal du 15 novembre 1912 (Moniteur belge, 18-19 novembre 1912).
-
[27]
V. Crabbe, « Chronique d’histoire de l’administration : le mémoire de Louis Wodon sur la réforme administrative ou l’intérêt qu’il y a de replacer cette œuvre en son temps », Administration publique : revue du droit public et des sciences administratives, n° 4, 1986, p. 264-292.
-
[28]
C. de Visscher, La relation entre l’autorité politique et la haute administration : mise en perspective de la situation au niveau fédéral en Belgique, Bruxelles/Gand, SPF Programmation politique scientifique/ Academia Press, 2004 ; M. Suetens, S. Walgrave, « Belgian Politics Without Ministerial Cabinets? On the Possibilities and Limitations of A New Political Culture », Acta Politica, volume 36, n° 2, 2001, p. 180-205 ; A. Molitor, L’administration de la Belgique : essai, Bruxelles, CRISP, 1974 ; J.-C. Snoy et d’Oppuers, « Faut-il des cabinets ministériels ? », Revue générale belge, n° 10, 1962, p. 1-14.
-
[29]
R. Vandeputte, Ministre sans pouvoir, Bruxelles, CRISP, 1982, p. 89.
-
[30]
A. Eraly, Le pouvoir enchaîné : être ministre en Belgique, Bruxelles, Labor, 2002, p. 78.
-
[31]
Arrêté royal du 7 août 1939, Moniteur belge, 11 août 1939.
-
[32]
A. Hondeghem, « La politisation de l’administration en Belgique : vers une nouvelle culture ? », Revue française d’administration publique, n° 86, 1998, p. 259.
-
[33]
Une rétrocession est néanmoins prévue si un cabinet fédéral détache un fonctionnaire d’une entité fédérée ou si un cabinet d’une entité fédérée détache un fonctionnaire fédéral.
-
[34]
J. De Jaegere, « Beleidscellen op federaal niveau: evaluatie van de Copernicushervorming », op. cit.
-
[35]
Arrêté royal du 4 mai 1999, Moniteur belge,29 mai 1999.
-
[36]
M. Suetens, S. Walgrave, « Leven en werk van de kabinetsleden. Wie zijn de mannen achter de minister en wat doen ze? », Res Publica : revue de science politique, volume 41, n° 4, 1999, p. 499-528 ; A. Molitor, L’administration de la Belgique : essai, op. cit. ; H. van Hassel, « Belgian Ministerial Cabinets, Spoils in a Spoiled-Merit System », Res Publica : revue de science politique, volume 15, n° 2, 1973, p. 357-369.
-
[37]
A. Stenmans, La transformation de la fonction administrative en Belgique. Administration publique et société, op. cit.
-
[38]
C. de Visscher, La relation entre l’autorité politique et la haute administration : mise en perspective de la situation au niveau fédéral en Belgique, op. cit.
-
[39]
C. de Visscher, « Le coup dans l’eau de Copernic : réforme de la haute fonction publique, nouvelle gestion publique et particratie en Belgique », Politiques et management public, volume 3, n° 4, 2005, p. 33-51 ; C. Pollitt, G. Bouckaert, Public Management Reform. A Comparative Analysis: New Public Management, Governance, and the Neo-Weberian State, op. cit.
-
[40]
Par exemple : L. Van Den Bossche, Le contexte des pouvoirs publics dans une société en mutation, Bruxelles, Ministère de la Fonction publique, 1999 [document dit « Note de Bouillon »] ; Gouvernement fédéral, Vers une modernisation des administrations publiques. Rapport des groupes de travail « Structure de l’organisation » et « Gestion du personnel », Bruxelles, Ministère de la Fonction publique, 2000.
-
[41]
« Copernicus. Au centre de l’avenir. La réforme de l’administration fédérale belge », op. cit.
-
[42]
Tels que l’arrêté royal du 7 novembre 2000 portant création et composition des organes communs à chaque Service public fédéral (Moniteur belge,18 novembre 2000), l’arrêté royal du 22 décembre 2000 modifiant l’arrêté royal du 2 octobre 1937 portant le statut des agents de l’État (Moniteur belge,9 janvier 2001), l’arrêté royal du 21 octobre 2001 relatif à la désignation et à l’exercice des fonctions de management dans les services publics fédéraux et services publics fédéraux de programmation (Moniteur belge,31 octobre 2001) et l’arrêté royal du 2 août 2002 instituant un cycle d’évaluation dans les services publics fédéraux (Moniteur belge, 13 août 2002).
-
[43]
C. de Visscher, « Le coup dans l’eau de Copernic : réforme de la haute fonction publique, nouvelle gestion publique et particratie en Belgique », op. cit.
-
[44]
Arrêté royal du 19 juillet 2003 modifiant l’arrêté royal du 7 novembre 2000 portant création et composition des organes communs à chaque Service public fédéral (Moniteur belge, 25 juillet 2003) ; Arrêté royal du 15 juin 2004 modifiant l’arrêté royal du 29 octobre 2001 relatif à la désignation et à l’exercice des fonctions de management dans les services publics fédéraux (Moniteur belge,23 juillet 2004) ; Arrêté royal du 1er février 2005 instituant un régime d’évaluation des titulaires des fonctions de management dans les services publics fédéraux et modifiant l’arrêté royal du 7 novembre 2000 portant création et composition des organes communs à chaque Service public fédéral (Moniteur belge,16 février 2005).
-
[45]
G. Rondeaux, Identification organisationnelle et changement : les logiques identitaires à l’épreuve du New Public Management, op. cit., p. 81.
-
[46]
« Copernicus. Au centre de l’avenir. La réforme de l’administration fédérale belge », op. cit.,p. 9.
-
[47]
Ibidem, p. 9.
-
[48]
Moniteur belge, 18 novembre 2000.
-
[49]
« Rapport au roi », in Arrêté royal du 7 novembre 2000, Moniteur belge, 28 juillet 2001.
-
[50]
Moniteur belge, 31 octobre 2001.
-
[51]
C. Pelgrims, « Sisyfusarbeid bij de afschaffing van de kabinetten », in A. Hondeghem, R. Depré (dir.), De Copernicus hervorming in perspectief: veranderingsmanagement in de Federale Overheid, Bruges, Vanden Broele, 2005, p. 162-163.
-
[52]
Moniteur belge, 25 juillet 2003.
-
[53]
M. Brans, C. Pelgrims, D. Hoet, « Observations comparées sur les tensions entre les conseils stratégiques professionnels et le contrôle politique en Belgique et aux Pays-Bas », Revue internationale des sciences administratives, volume 72, n° 1, 2006, p. 72.
-
[54]
N. Thijs, S. Van de Walle, « De Ducpétiaux à Copernic : 150 années de réformes administratives en Belgique », op. cit., p. 34.
-
[55]
Moniteur belge, 7 mai 2008.
-
[56]
C. Pollitt, G. Bouckaert, Public Management Reform. A Comparative Analysis: New Public Management, Governance, and the Neo-Weberian State, op. cit., p. 81.
-
[57]
Moniteur belge, 22 août 2003.
-
[58]
Arrêté du gouvernement flamand du 24 juillet 2009, Moniteur belge,10 août 2009.
-
[59]
Arrêté du gouvernement flamand du 15 janvier 2010, Moniteur belge, 1er mars 2010.
-
[60]
Vlaamse Overheid, Commissie Efficiënte en Effectieve Overheid, Een slagkrachtige overheid in Vlaanderen, Bruxelles, 2009.
-
[61]
Ibidem,p. 18.
-
[62]
Vlaams Parlement, Verslag van het Rekenhof over de personeelsuitgaven van de ministeriële kabinetten en de bestuurlijke gevolgen van hun afslanking, stuk 37-P n° 1, 9 août 2011.
-
[63]
Arrêté du gouvernement de la Communauté française du 2 décembre 1996, Moniteur belge,14 décembre 1996.
-
[64]
Arrêté du gouvernement de la Communauté française du 1er décembre 2006, Moniteur belge,25 janvier 2007.
-
[65]
Le système des mandats est réglementé pour la première fois par l’arrêté du gouvernement de la Communauté française du 27 mars 2003 (Moniteur belge, 11 juillet 2003). Toutefois, il est annulé par le Conseil d’État en 2005, en raison d’un rôle trop restreint accordé au bureau de sélection de l’administration fédérale, le Selor, dans la sélection des mandataires.
-
[66]
Cf. M. Petit Jean, « Le régime des mandats dans l’administration wallonne », Courrier hebdomadaire,CRISP, n° 2166-2167, 2013, p. 11-40.
-
[67]
Arrêté du gouvernement wallon du 18 décembre 2003 portant le Code de la fonction publique wallonne, Moniteur belge,31 décembre 2003.
-
[68]
Arrêté du gouvernement wallon du 31 août 2006, Moniteur belge, 15 septembre 2006.
-
[69]
Cf. M. Petit Jean, « Le régime des mandats dans l’administration wallonne », op. cit., p. 44-49.
-
[70]
Arrêté du gouvernement de la Communauté française du 29 juillet 1999, Moniteur belge, 24 août 1999 ; Arrêté du gouvernement wallon du 26 mai 2000, Moniteur belge, 15 juin 2000 ; Arrêté du gouvernement de la Communauté française, 6 mars 2003, Moniteur belge, 28 mars 2003 ; Arrêté du gouvernement de la Communauté française du 26 juillet 2004, Moniteur belge, 11 octobre 2004 ; Arrêté du gouvernement wallon du 27 juillet 2004, Moniteur belge, 18 août 2004 ; Arrêté du gouvernement de la Communauté française du 17 juillet 2009, Moniteur belge, 7 août 2009 ; Arrêté du gouvernement wallon du 17 juillet 2009, Moniteur belge, 5 août 2009 ; Arrêté du gouvernement wallon du 24 juillet 2014, Moniteur belge, 20 août 2014 ; Arrêté du gouvernement de la Communauté française du 25 juillet 2014, Moniteur belge, 29 septembre 2014.
-
[71]
Arrêté du gouvernement wallon du 24 juillet 2014, Moniteur belge, 20 août 2014 ; Arrêté du gouvernement de la Communauté française du 25 juillet 2014, Moniteur belge, 29 septembre 2014.
-
[72]
Arrêté du gouvernement de la Communauté française du 10 juin 2005, Moniteur belge, 1er août 2005.
-
[73]
Moniteur belge, 29 août 1996.
-
[74]
Ces comités exécutifs sont créés dans une note au gouvernement wallon dans le cadre de la constitution du SPW. Leur existence est reprise dans le protocole de collaboration entre le gouvernement Demotte II et le SPW.
-
[75]
Yvan Ylieff (PS, 1999-2000), Willy Taminiaux (PS, 2000-2001), Rudy Demotte (PS, 2001-2003), Christian Dupont (PS, 2003-2004), Claude Eerdekens (PS, 2004-2007), Michel Daerden (PS, 2007-2009) et Jean-Marc Nollet (Écolo, 2009-2014).
-
[76]
Jean-Marie Severin (PRL, 1999-2000), Charles Michel (PRL, 2000-2004), Philippe Courard (PS, 2004-2009) et Jean-Marc Nollet (Écolo, 2009-2014).
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[77]
En Communauté française, la Fonction publique est tour à tour associée à la Jeunesse et à l’Enseignement de promotion sociale ; à la Culture, au Budget, à la Jeunesse et aux Sports ; à la Culture, à la Jeunesse et aux Sports ; aux Sports ; au Budget, aux Finances et aux Sports ; à l’Enfance et à la Recherche. En Région wallonne, elle l’est successivement aux Affaires intérieures et au Développement durable.
-
[78]
Arrêté du gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale du 19 juillet 1999, Moniteur belge, 2 septembre 1999 ; Arrêté du gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale du 19 juillet 2004, Moniteur belge, 20 août 2004 ; Arrêté du gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale du 20 juillet 2014, Moniteur belge, 10 septembre 2014.