Notes
-
[1]
Il existe également des agences de notation sociale et environnementale, qui notent les entreprises selon des critères issus de la notion de développement durable. Né à la fin des années 1990 et actuellement en pleine expansion, ce secteur comprend une trentaine de structures (Avanzi, BMJ Ratings, EthiFinance, Oekom, Vigeo, etc.).
-
[2]
Cf. N. GAILLARD, Les agences de notation, Paris, La Découverte (Repères), Paris, 2010, p. 7-11 et les sites Internet des agences Standard & Poor’s (www.standardandpoors.com), Moody’s (www.moodys.com) et Fitch Ratings (www.fitchratings.com).
-
[3]
« Allein gegen die großen drei », Die Zeit, 13 mars 2012.
-
[4]
Le groupe américain a accru de 10 % son capital dans Fitch Ratings début 2012.
-
[5]
Une liste des principales agences de notation répertoriées à ce jour au plan mondial est disponible sur le site Internet www.defaultrisk.com.
-
[6]
Des informations plus complètes sur Dagong figurent dans N. GAILLARD, A Century of Sovereign Ratings, New York, Springer, 2011.
-
[7]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée. Rapport d’information fait au nom de la mission commune d’information sur le fonctionnement, la méthodologie et la crédibilité des agences de notation, par F. Espagnec et A. de Montesquiou, Rapport n° 598, 18 juin 2012, p. 208.
-
[8]
La liste de ces dix agences NRSRO est consultable sur le site Internet www.nrsro.com.
-
[9]
N. GAILLARD, Les agences de notation, op. cit., p. 9-11.
-
[10]
Volkswagen, Daimler, Siemens, Bayer, Eon, RWE, Continental, Lufthansa, Deutsche Post, Henkel, Linde et Bertelsmann.
-
[11]
Règlement (CE) n° 1060/2009 du Parlement européen et du Conseil du 16 septembre 2009 sur les agences de notation de crédit, Journal officiel de l’Union européenne, L 302/29, 17 novembre 2009.
-
[12]
Les frais d’enregistrement varient entre 2 000 et 125 000 euros en fonction du nombre de salariés de l’agence et des caractéristiques de son activité (Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 201).
-
[13]
Ibidem, p. 209.
-
[14]
Parlement européen, Compte rendu de la Commission économique et monétaire, réunion du 24 janvier 2012, p. 2.
-
[15]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 209.
-
[16]
Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a en effet déclaré au Parlement européen, le 6 juillet 2011, après que Moody’s a dégradé la note des obligations portugaises : « Il semble étrange qu’il n’existe pas une seule agence de notation issue d’Europe. Cela laisse supposer qu’il pourrait y avoir un biais sur les marchés quand il s’agit d’évaluer des problèmes spécifiques à l’Europe » (« It seems strange that there is not a single rating agency coming from Europe. It shows there may be some bias in the markets when it comes to the evaluation of the specific issues of Europe »). Cf. « L’UE s’en prend aux agences de notation suite à la dégradation de la note portugaise », www.euractiv.com, 7 juillet 2012.
-
[17]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 208.
-
[18]
« Agences de notation. Le vrai, le faux et les demi-vérités », Trends-Tendance, 2 février 2012.
-
[19]
Ce cabinet de conseil est notamment actif dans les secteurs financiers.
-
[20]
Roland Berger Strategy Consultants, communiqué de presse, 13 octobre 2011.
-
[21]
« Une nouvelle agence de notation sur le Vieux Continent », Le Vif, 11 mai 2012.
-
[22]
La fondation Bertelsmann soutient de son côté un projet de création d’une agence de notation internationale spécialisée dans la notation de la dette des États et des organisations internationales (Banque mondiale, etc.).
-
[23]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 221.
-
[24]
N. GAILLARD, Les agences de notation, op. cit., p. 39.
-
[25]
L’United States Government Accountability Office a comptabilisé sept alternatives possibles à l’actuel modèle économique des agences (cf. United States Government Accountability Office, Report to Congressional Committees, GAO-12-240 : Credit Ratings Agencies. Alternative Compensation Models for Nationally Recognized Statistical Rating Organizations, janvier 2012).
-
[26]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 150.
-
[27]
P. CAILLETEAU, « Si elles n’existaient pas, faudrait-il inventer les agences de notation ? », Variances. La revue des anciens de l’ENSAE, n° 32, décembre 2007, p. 19.
-
[28]
Article 3 du règlement (CE) n° 1060/2009 du Parlement européen et du Conseil du 16 septembre 2009 sur les agences de notation de crédit, Journal officiel de l’Union européenne, L 302/9, 17 novembre 2009.
-
[29]
Le risque de défaut est le risque de ne pas pouvoir honorer ses engagements financiers aux échéances prévues.
-
[30]
Le risque de crédit représente le niveau d’incertitude de voir l’émetteur du titre de dette honorer ses obligations envers les investisseurs.
-
[31]
Une obligation est un titre négociable émis par un État, une collectivité publique, une entreprise privée ou publique. Il s’agit d’une créance pour laquelle le détenteur de l’obligation perçoit un revenu sous la forme d’un taux d’intérêt qui peut être fixe ou variable.
-
[32]
Article 10 du règlement (CE) no 1060/2009 du Parlement européen et du Conseil du 16 septembre 2009 sur les agences de notation de crédit, Journal officiel de l’Union européenne, L 302/13, 17 novembre 2009.
-
[33]
Cette prime de risque intervient via les taux d’intérêt.
-
[34]
« La notation, indispensable sésame sur les marchés obligataires ? », L’Écho, 29 mars 2012.
-
[35]
En cela, l’activité de notation se différencie de celle de scoring, qui ne repose que sur une analyse quantitative et est notamment pratiquée par les grandes institutions financières.
-
[36]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 113.
-
[37]
« États-Unis : pourquoi les agences de notation ne sont pas d’accord », Le Point, 16 août 2011, www.lepoint.fr.
-
[38]
Les critères de notation souveraine sont abordés de façon plus approfondie dans N. GAILLARD, A Century of Sovereign Ratings, op. cit.
-
[39]
« Quelle est la part quantitative de la notation souveraine de S&P ? », Flash économie. Recherche économique, n° 586, 28 juillet 2011, cib.natixis.com.
-
[40]
Le Sénat français rappelle dans son rapport que les modèles internes développés par les établissements de crédit pour évaluer leurs risques sont quant à eux soumis à validation par l’Europe. Précisons que cette contrainte est d’application car les banques doivent répondre à certaines règles prudentielles visant à garantir un certain niveau de capital.
-
[41]
Ces critères ont été affinés à travers le règlement délégué (UE) n° 447/2012 de la Commission du 21 mars 2012 complétant le règlement (CE) n° 1060/2009 du Parlement européen et du Conseil par des normes techniques de réglementation aux fins de l’évaluation de la conformité des méthodes de notation de crédit, Journal officiel de l’Union européenne, L 140, 30 mai 2012. Selon ce règlement, les agences doivent notamment préciser le poids de chaque facteur qualitatif ou quantitatif utilisé dans le cadre de leurs méthodes de notation.
-
[42]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 117.
-
[43]
Décidée le 15 novembre 2011, cette mesure, ainsi que d’autres, est actuellement examinée par le Parlement européen.
-
[44]
Chambre des représentants, Examen des circonstances qui ont contraint au démantèlement de la Dexia SA. Rapport fait au nom de la commission spéciale chargée d’examiner les circonstances qui ont contraint au démantèlement de la Dexia SA par C. Vienne, G. Rutten et K. Waterschoot, DOC 53 1862/002, 23 mars 2012, p. 314-315.
-
[45]
Le nom de l’analyste en chef est lui connu.
-
[46]
« De l’analyste au comité de notation, le travail des agences de A à Z », Le Monde, 15 janvier 2012.
-
[47]
United States Senate, Permanent Subcommittee on Investigations. Committee on Homeland Security and Governmental Affairs, Wall Street and the financial crisis : Anatomy of a Financial Collapse, 13 avril 2011, p. 304 et s.
-
[48]
Residential mortgage-backed security : titrisation de crédits hypothécaires résidentiels (produits structurés).
-
[49]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 127.
-
[50]
Chambre des représentants, Examen des circonstances qui ont contraint au démantèlement de la Dexia SA, op. cit., p. 300.
-
[51]
M. BARDOS, Les grandes agences de notation internationales : leur rôle annoncé dans la crise, vers quelle régulation ? », juillet 2009 (Les Cahiers Lasaire, n° 38).
-
[52]
Subprime désigne une catégorie d’emprunts plus risqués pour le prêteur, mais au rendement plus attractif, que la catégorie prime.
-
[53]
« Merkel sermonne les agences de notation », Libération, 5 juillet 2011.
-
[54]
« Agences de notation : la solution se trouverait dans les banques », L’Écho, 29 mars 2012.
-
[55]
N. GAILLARD, Les agences de notation, op. cit., p. 50-52.
-
[56]
L’historique de la notation souveraine est abordé de manière plus approfondie dans N. GAILLARD, A Century of Sovereign Ratings, op. cit.
-
[57]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 40 et s.
-
[58]
En décembre 2011, l’émission de bons d’État belges a été un vrai succès, puisqu’elle a permis de récolter pas moins de 5,7 milliards d’euros. Une réussite qui s’explique par une position alors peu confortable de la Belgique sur les marchés obligataires, un taux d’intérêt intéressant pour les particuliers et un message « citoyen » adressé aux épargnants belges par le Premier ministre en personne, Yves Leterme. Six mois plus tard, les taux pour les particuliers sont retombés autour des 2 % (contre 4 % en décembre 2011) et l’effet séduction n’est plus au rendez-vous.
-
[59]
« Qui paye les agences de notation ? », La Croix, 20 octobre 2011, www.lacroix.com.
-
[60]
« Dans la cuisine de Standard and Poor’s », Le Nouvel Observateur, 1er décembre 2011.
-
[61]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 50.
-
[62]
« Rating et agences tous risques », La Libre Belgique, 2 janvier 2012.
-
[63]
La France sera au final bel et bien dégradée le 13 janvier 2012.
-
[64]
Interview du 27 octobre 2011 réalisée conjointement par TF1 et France2.
-
[65]
Interview du 25 novembre 2011, sur la RTBF radio.
-
[66]
Le rendement obligataire à 10 ans de la Belgique flirte fin novembre avec les 6 % alors qu’il n’était que de 4,35 % le 22 octobre 2011.
-
[67]
« Peut-on échapper aux agences de notation ? », Télémoustique, 25 janvier 2012, p. 22-23.
-
[68]
« Agences de notation. Le vrai, le faux et les demi-vérités », Trends-Tendance, 2 février 2012.
-
[69]
Ibidem.
-
[70]
Autriche, Chypre, Espagne, France, Italie, Malte, Portugal, Slovaquie, Slovénie.
-
[71]
Espagne, Italie, Malte, Portugal, Slovaquie, Slovénie.
-
[72]
De 1996 à 2003, Georges Ugueux a été Executive Vice President International du New York Stock Exchange.
-
[73]
« Moody’s menace 131 institutions », Le Soir, 17 février 2012.
-
[74]
G. UGEUX « Agences de notation : la grande hypocrisie des gouvernements », Démystifier la finance, finance.blog.lemonde.fr, 10 juillet 2011.
-
[75]
Déclaration publiée sur le site Internet www.euractiv.com le 16 janvier 2012.
-
[76]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 100 et s.
-
[77]
M. BARDOS, Les grandes agences de notation internationales, op. cit., p. 9.
-
[78]
Banque des règlements internationaux, Convergence internationale de la mesure et des normes de fonds propres, juin 2006, www.bis.org.
-
[79]
Arrêté royal du 3 juin 2007 portant les règles et modalités visant à transposer la directive concernant les marchés d’instruments financiers [directive 2004/39/CE], Moniteur belge, 18 juin 2007.
-
[80]
Point 2.9 de l’avis du Comité économique et social européen sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil modifiant le règlement (CE) n° 1060/2009 du 16 septembre 2009 sur les agences de notation de crédit, COM(2011) 747 final – 2011/0361 (COD), Journal officiel de l’Union européenne, C 181/70, 21 juin 2012.
-
[81]
Cf. le site Internet www.ec.europa.eu.
-
[82]
Conférence de presse donnée à Bruxelles le 20 juillet 2011.
-
[83]
N. GAILLARD, Remettre la notation financière à sa juste place, Paris, Institut Montaigne, 2012, p. 34.
-
[84]
Analyse statistique du risque de crédit basée sur une série d’informations financières fournies par une entreprise à une banque dans le cadre de l’obtention d’un crédit.
-
[85]
N. GAILLARD, Remettre la notation financière à sa juste place, op. cit., p. 40-41.
-
[86]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 80.
-
[87]
Avis du Comité économique et social européen sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil modifiant le règlement (CE) n° 1060/2009 du 16 septembre 2009 sur les agences de notation de crédit, COM(2011) 747 final – 2011/0361 (COD), Journal officiel de l’Union européenne, C 181, 21 juin 2012.
-
[88]
« La finance s’est droguée au triple A », Trends-Tendances, 17 mai 2012.
-
[89]
« Merkel veut le pacte budgétaire rapidement pour rassurer les investisseurs », La Libre Belgique, 14 janvier 2012.
-
[90]
« La finance s’est droguée au triple A », Trends-Tendances, 17 mai 2012.
-
[91]
Toutes les citations de ce paragraphe sont extraites de « En France, du catastrophisme à la résignation », Le Monde, 19 décembre 2011.
-
[92]
Sur Europe 1, le 18 décembre 2011.
-
[93]
« La France perd son AAA, l’Allemagne le garde », Le Figaro, 13 janvier 2012.
-
[94]
« Fillon, après la dégradation, la confrontation », Libération, 14 janvier 2012.
-
[95]
Lorsque la France s’est retrouvée sous surveillance négative, le 5 décembre 2011, l’écart de rendement entre les obligations françaises et allemandes à 10 ans s’est accru de manière considérable, passant de 0,92 à 1,33 % en trois jours.
-
[96]
Ces deux épisodes sont relatés dans S. GOVAERT, « Les négociations communautaires et la formation du gouvernement Di Rupo (juin 2010-décembre 2011) », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2144- 2145, 2012.
-
[97]
P. CAILLETEAU, « Si elles n’existaient pas, faudrait-il inventer les agences de notation ? », op. cit., p. 16.
-
[98]
Interview accordée au quotidien italien La Stampa, juillet 2011.
-
[99]
Chambre des représentants, Examen des circonstances qui ont contraint au démantèlement de la Dexia SA, op. cit., p. 173.
-
[100]
Ibidem, p. 294-315.
-
[101]
Après la crise des subprimes, les agences ne veulent plus être accusées de ne pas réagir assez tôt.
-
[102]
Ibidem, p. 308-309.
-
[103]
United States Securities and Exchange Commission, Office of Compliance Inspections and Examinations, Division of Trading and Markets, Office of Economic Analysis, Summary Report of Issues Identified in the Commission Staff’s Examinations of Select Credit Rating Agencies, juillet 2008, p. 12.
-
[104]
United States Senate. Permanent Subcommittee on Investigations. Committee on Homeland Security and Governmental Affairs, Wall Street and the financial crisis, op. cit., p. 309.
-
[105]
N. GAILLARD, « Agences de notation : responsabilité, régulation ou laissez-faire ? », in M. AUDIT, dir., Insolvabilité des États et dettes souveraines, Paris, LGDJ-Lextenso (Droit des affaires), 2011, p. 165-173.
-
[106]
Financial Crisis Inquiry Commission, The Financial Crisis Inquiry Report, Final report of the National Commission on the Causes of the Financial and Economic Crisis in the United States, janvier 2011, p. 132.
-
[107]
N. GAILLARD, Remettre la notation financière à sa juste place, op. cit., p. 17.
-
[108]
N. GAILLARD, « Agences de notation : responsabilité, régulation ou laissez-faire ? », op. cit., p. 165-173.
-
[109]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 104.
-
[110]
« Les agences de notation sont dans une zone de non-droit », L’Écho, 11 février 2012.
-
[111]
Ce système de décote est appelé notching (cf. E. LÉONARD, « Les agences de notation financière : des structures essentielles au fonctionnement des marchés financiers », Variances. La revue des anciens de l’ENSAE, n° 32, décembre 2007, p. 24).
-
[112]
Dans son audition devant le Sénat français, Marc Ladreit de Lacharrière (Fitch Ratings) a fait valoir que contrairement à Standard & Poor’s et Moody’s, son agence ne s’était pas précipitée sans réfléchir sur le marché juteux des produits structurés et avait au contraire réduit la voilure de moitié entre 2000 et 2006 (Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 140).
-
[113]
Audition de la Commission bancaire du Sénat américain consacrée à la crise des subprimes, 26 septembre 2009.
-
[114]
P. ARTUS, J.-P. BETBÈZE, C. DE BOISSIEU, G. CAPELLE-BLANCARD et al., La crise des « subprimes », Paris, La documentation française, 2008 (Les rapports du Conseil d’analyse économique, 78), p. 124.
-
[115]
Règlement (CE) n° 1060/2009 du Parlement européen et du Conseil du 16 septembre 2009 sur les agences de notation de crédit, Journal officiel de l’Union européenne, 17 novembre 2009, L 302/3.
-
[116]
Annexe I du règlement (CE) n° 1060/2009 du Parlement européen et du Conseil du 16 septembre 2009 sur les agences de notation de crédit, Journal officiel de l’Union européenne, 17 novembre 2009, L 302/25.
-
[117]
N. GAILLARD, « Agences de notation : responsabilité, régulation ou laissez-faire ? », op. cit., p. 165-173.
-
[118]
P. ARTUS, J.-P. BETBÈZE, C. DE BOISSIEU, G. CAPELLE-BLANCARD et al., La crise des « subprimes », op. cit., p. 123.
-
[119]
« Credit ratings are, and must be construed solely as, statements of opinion and not statements of fact or recommendations to purchase, sell or hold any securities » (site Internet www.moodys.com).
-
[120]
Site Internet www.standardandpoors.com.
-
[121]
Site Internet www.moodys.com.
-
[122]
« La finance s’est droguée au triple A », Trends-Tendances, 17 mai 2012.
-
[123]
Responsabilité dans le cadre d’une relation contractuelle.
-
[124]
Responsabilité délictuelle.
-
[125]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 166.
-
[126]
Les treize villes australiennes avaient investi 15 millions de dollars australiens (10,7 millions d’euros) en 2006 dans des produits dérivés de titres de dette (CDO) auxquels Standard & Poor’s avait attribué un « AAA » (Le Figaro, 4 octobre 2011). Lors d’une plaidoirie en mars 2012, l’avocat de Standard & Poor’s a rappelé que les notes ne constituaient qu’un « avis consultatif » et a insisté sur le fait que les collectivités en question auraient dû lire l’ensemble de l’information financière contenue dans les documents qui leur avaient été fournis, ce que certaines d’entre elles n’auraient pas fait (Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 161). Une plainte similaire a précédemment été déboutée dans l’Ohio.
-
[127]
Affaire Abu Dhabi Commercial Bank contre Moody’s et Morgan Stanley.
-
[128]
P-H. CONAC, « Une responsabilité juridique inopérante ? », Cahiers de l’évaluation, n° 5 : Notation = évaluation ?, vol. 2, février 2011, p. 73-79.
-
[129]
Commission européenne, La Commission veut des notations de crédit de meilleure qualité, communiqué de presse, IP/111/1355, 15 novembre 2011, www.europa.eu.
-
[130]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 171.
-
[131]
« Les agences de notation sont dans une zone de non-droit », L’Écho, 11 février 2012.
-
[132]
N. GAILLARD, Remettre la notation financière à sa juste place, op. cit., p. 47.
-
[133]
United States Securities and Exchange Commission, Report on the Role and Function of Credit Rating Agencies in the Operation of the Securities Markets, janvier 2003, p. 9-15.
-
[134]
Technical Committee of the International Organization of Securities Commissions, Code of Conduct Fundamentals for Credit Rating Agencies, décembre 2004.
-
[135]
En anglais, International Organization of Securities Commissions (IOSCO). Cet organisme regroupe les régulateurs des principales bourses dans le monde.
-
[136]
Postérieurement à la signature, en septembre 2006, du Credit Rating Agency Reform Act, la SEC a adopté une série de règles destinées à mettre en œuvre cette loi, dont les dernières ont été publiées en juin 2007, et qui révisent les dispositions du Securities Exchange Act de 1934.
-
[137]
Cf. le site Internet www.sec.gov.
-
[138]
A.M. Best Company, Inc. ; DBRS Ltd. ; Egan-Jones Rating Company ; Fitch, Inc. ; Japan Credit Rating Agency, Ltd. ; Kroll Bond Rating Agency, Inc. ; Moody’s Investors Service, Inc. ; Rating and Investment Information, Inc. ; Realpoint LLC ; Standard & Poor’s Ratings Services.
-
[139]
I. TCHOTOURIAN, La réponse de la Securities and Exchange Commission au risque de marché : l’encadrement de la notation (Université de Montréal, Centre de droit des affaires et du commerce international, Travaux et publications), 2009, https://papyrus.bib.montreal.ca.
-
[140]
Du nom des deux députés américains qui ont inspiré cette loi : Chris Dodd et Barney Frank.
-
[141]
Autorité des marchés financiers, Rapport 2009 de l’AMF sur les agences de notation, Paris, 9 juillet 2010.
-
[142]
La CBFA a été remplacée, avec la loi du 2 juillet 2010 et l’adoption du modèle de contrôle twin peaks, par l’Autorité des services et marchés financiers (FSMA). Certaines activités ont également été attribuées à la Banque nationale de Belgique (BNB).
-
[143]
Règlement (CE) n° 1060/2009 du Parlement européen et du Conseil du 16 septembre 2009 sur les agences de notation de crédit, Journal officiel de l’Union européenne, L 302, 17 novembre 2009.
-
[144]
L’AEMF n’en est toutefois pas moins juridiquement responsable de l’enregistrement et de la surveillance des agences de notation.
-
[145]
Celles-ci apparaissent sous le nom de leurs différents bureaux européens et n’ont été enregistrées que le 31 octobre 2011 après pas moins de quatorze mois de procédure. La liste des agences accréditées par l’AEMF est disponible sur le site Internet www.esma.europa.eu.
-
[146]
Annexe II du règlement (UE) n° 513/2011 du Parlement européen et du Conseil du 11 mai 2011 modifiant le règlement (CE) n°1060/2009 sur les agences de notation de crédit, Journal officiel de l’Union européenne, L 145, 31 mai 2011.
-
[147]
Les analystes ne peuvent pas se voir confier des fonctions commerciales (négociation tarifaire avec les clients).
-
[148]
Règlement délégué (UE) n° 449/2012 de la Commission du 21 mars 2012 complétant le règlement (CE) n° 1060/2009 du Parlement européen et du Conseil par des normes techniques de réglementation concernant les informations à fournir par les agences de notation de crédit en vue de leur enregistrement et de leur certification, Journal officiel de l’Union européenne, L 140, 30 mai 2012.
-
[149]
Fitch Ratings aurait ainsi été contrainte, pour obtenir sa licence, de nommer en dernière minute un administrateur indépendant disposant d’une bonne connaissance de la titrisation.
-
[150]
Règlement délégué (UE) n° 447/2012 de la Commission du 21 mars 2012 complétant le règlement (CE) n° 1060/2009 du Parlement européen et du Conseil par des normes techniques de réglementation aux fins de l’évaluation de la conformité des méthodes de notation de crédit, Journal officiel de l’Union européenne, L 140, 30 mai 2012.
-
[151]
Le montant maximal de l’amende ne peut excéder 20 % du chiffre d’affaires d’une agence pour l’année antérieure.
-
[152]
« Nous inspectons les grandes agences de notation », Les Échos, 2 novembre 2011, www.lesechos.fr.
-
[153]
Commission européenne, La Commission veut des notations de crédit de meilleure qualité, communiqué de presse, IP/111/1355, 15 novembre 2011, www.europa.eu.
-
[154]
Parlement européen, Commission européenne des affaires économiques et monétaires, Réforme des agences de notation : réglementer la notation des dettes souveraines, communiqué de presse, 19 juin 2012.
-
[155]
En écho à l’annonce de la dégradation de la note attribuée à la Grèce, tombée à peu de choses près au même moment que l’annonce du plan de soutien à ce pays.
-
[156]
« Gianni Pittella : Les notations souveraines doivent être émises par la BCE ou la Cour des comptes », www.euractiv.com, 7 décembre 2011.
-
[157]
Avis du Comité économique et social européen sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil modifiant le règlement (CE) n° 1060/2009 du 16 septembre 2009 sur les agences de notation de crédit, COM(2011) 747 final – 2011/0361 (COD), Journal officiel de l’Union européenne, C 181, 21 juin 2012.
-
[158]
« Les parlementaires européens renoncent à rendre obligatoire la rotation des agences de notation », La Tribune, 19 juin 2012.
-
[159]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 210.
-
[160]
Parlement européen, Commission européenne des affaires économiques et monétaires, Réforme des agences de notation : réglementer la notation des dettes souveraines, communiqué de presse, 19 juin 2012.
-
[161]
« Agences de notation : la solution se trouverait dans les banques », L’Écho, 29 mars 2012.
-
[162]
« Les législateurs européens mettent l’UE en garde contre l’interdiction des notations souveraines », www.euractiv.com, 1er mars 2012.
INTRODUCTION
1 Les agences de notation financière [1] sont des entités privées qui se donnent pour objet d’évaluer la solvabilité des États, des entreprises, des collectivités publiques et des institutions bancaires et d’assurances à travers un système de notes.
2 Inconnues du grand public il y a dix ans encore, ces institutions – et en particulier les trois plus importantes d’entre elles, les anglo-saxonnes Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch Ratings – défrayent aujourd’hui régulièrement la chronique. Suite aux récentes crises financières, dont celle des subprimes aux États-Unis et celle de la dette dans l’Union européenne, une partie de la population les pense responsables de nombre des maux qui frappent aujourd’hui l’économie mondiale. Cette opinion négative s’appuie pour partie sur les propos de certains responsables politiques.
3 Le premier chapitre du présent Courrier hebdomadaire présentera une vue d’ensemble des agences de notation. Tout d’abord, il dressera le panorama actuel du secteur de la notation, en mettant notamment en perspective la position dominante qu’y occupent les trois grandes institutions anglo-saxonnes. Cette situation s’explique en grande partie par l’expertise de plus d’un siècle dont peuvent se prévaloir Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch Ratings, ainsi que par deux facteurs rendant difficile à d’éventuels nouveaux entrants l’accès au marché de la notation : le développement de la complexité qui caractérise les marchés financiers aujourd’hui et la réglementation de plus en plus sévère à l’égard des agences. À l’heure actuelle, un nouveau projet de réglementation européen est à l’examen et vise notamment à assurer une concurrence accrue, gage selon certains observateurs d’une amélioration de la qualité des notations émises. Ensuite, ce chapitre étudiera la manière dont sont financées les agences de notation, en se penchant notamment sur les origines et les justifications du système actuel.
4 Le deuxième chapitre s’intéressera aux diverses activités des agences, en s’arrêtant tout particulièrement sur le processus de notation et la question de la méthodologie employée par les agences. Une place spécifique sera également réservée aux deux activités qui ont placé les agences au-devant de la scène médiatique : la notation des produits structurés et la notation souveraine, c’est-à-dire la notation des États.
5 Le troisième chapitre posera la question de l’influence réelle des agences de notation. Il commencera par analyser la manière dont ces institutions ont peu à peu pris de l’importance, au point d’être devenues incontournables, et évoquera les mesures actuellement en cours d’élaboration visant à renverser cette tendance – un chemin qui s’annonce encore fort long, le recours aux notations s’étant profondément inscrit dans la culture d’investissement qui prévaut aujourd’hui. Ce chapitre montrera également que les agences affirment n’avoir aucune ambition d’influence sur les décisions politiques et tiennent à préciser que leurs activités se limitent à une évaluation de risque. Il passera en revue les principales critiques auxquelles font face les agences (en particulier, celle d’être à la fois juges et parties dans certaines circonstances), ainsi que les diverses réponses apportées jusqu’ici par les institutions incriminées.
6 Quant au quatrième chapitre, il sera consacré aux règles auxquelles sont soumises les agences de notation. Contrairement à une idée parfois reçue, l’activité des agences ne se déroule pas hors de tout cadre normatif. Au contraire, les États-Unis et, plus récemment, l’Union européenne tentent d’encadrer les agences de notation grâce à un arsenal législatif de plus en plus contraignant. Pour autant, les règles sans cesse plus nombreuses imposées aux agences se heurtent encore et toujours à des problèmes d’application pratique.
7 Notons que la situation présentée est celle arrêtée à la fin du mois de septembre 2012.
1. LE SECTEUR DE LA NOTATION : UNE VUE D’ENSEMBLE
8 Avant d’aborder les divers aspects de leur activité de notation, ainsi que la question de leur influence au sein de la sphère financière et économique, il importe de comprendre le contexte qui entoure les agences de notation : origines et histoire, configuration actuelle et projets pour l’avenir, mode de financement, etc. Ces entités privées ont pour principal objet d’évaluer, selon une méthodologie qui reste leur secret de fabrication, la capacité de remboursement d’émetteurs de dette (entreprises, institutions bancaires et d’assurances, collectivités publiques et États). Trois agences dominent le secteur depuis plus d’un siècle : Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch Ratings. C’est de leur réputation qu’elles tirent essentiellement leur situation d’oligopole.
1.1. LES AGENCES DE NOTATION AUJOURD’HUI
9 On dénombre actuellement quelque 130 agences de notation à travers le monde. Les plus importantes, et pour ainsi dire les seules dont le nom soit connu du grand public, sont les anglo-saxonnes Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch Ratings.
10 Après un bref historique de la notation financière [2], qui naît aux États-Unis dans la seconde moitié du XIXe siècle, nous dresserons le panorama actuel des agences de notation.
1.1.1. Bref historique
11 Les origines de la notation financière remontent à 1868, lorsque Henry Varnum Poor publie pour la première fois le Manual of the railroads of the United States. Cette publication annuelle propose des informations économiques et financières aux investisseurs désireux de confier leur épargne aux grandes sociétés de chemin de fer américaines, alors en plein essor. De son côté, John Moody publie en 1900 le Manual of industrial and miscellaneous securities, dans lequel il classe les sociétés en fonction de leur santé financière ; dès 1909, il propose un système de notation sous forme de lettres (de Aaa à C) pour évaluer lui aussi la qualité des investissements liés aux entreprises de chemin de fer.
12 La crise de 1907 est responsable de nombreuses faillites et jette le trouble dans l’esprit des investisseurs. Les notations de Moody’s Investors Service (Moody’s), agence officiellement fondée en 1914, ont pour vocation de rassurer ces derniers en luttant contre l’asymétrie d’information entre émetteurs d’obligations et investisseurs. Dès 1910, certains services aux collectivités sont déjà soumis à la notation de Moody’s (les distributeurs d’énergie, la compagnie du téléphone), qui s’attaquera ensuite, en 1918, à la notation des États. Au début des années 1920, Poor’s Publishing, la société de Henry Poor, émet elle aussi ses premières notes souveraines, avant que les deux agences ne soient rejointes dans ce segment d’activité par Standard Statistics (fondée en 1906 par Luther Lee Black) et par Fitch (fondée en 1913 par John Knowles Fitch sous le nom de Fitch Publishing Company).
13 Poor’s et Standard Statistics fusionnent en 1941 pour former Standard & Poor’s, dont le groupe américain McGraw-Hill, spécialisé dans la publication d’indices boursiers et de livres scolaires et qui édite notamment l’hebdomadaire Business Week, fera l’acquisition en 1966. Une dizaine d’années auparavant, en 1957, Standard & Poor’s a lancé le S&P 500 Stock Index, composé de 500 titres cotés à la bourse de New York.
1.1.2. Panorama actuel
Les trois principales agences mondiales
14 En termes de parts de marché, Standard & Poor’s constitue le premier acteur de la notation au plan mondial (43 %) et emploie quelque 1 400 analystes.
15 De son côté, Moody’s est cotée en bourse depuis 2000 et détenue, à hauteur de 13 %, par le fonds d’investissement Berkshire Hathaway, propriété du milliardaire Warren Buffet. Moody’s se situe en deuxième position sur la place internationale de la notation avec 35 % de parts de marché et 1 300 analystes.
16 Il est intéressant de constater que plusieurs actionnaires sont à la fois présents dans le capital de Standard & Poor’s (en tant que filiale à 100 % de McGraw-Hill) et dans celui de Moody’s. Daniel Kolter, responsable de Moody’s Allemagne, tempère toutefois les problèmes pouvant potentiellement naître d’une telle situation : « Ce n’est pas parce qu’un investisseur est engagé en même temps chez Moody’s et chez McGraw-Hill qu’il y a conspiration. » [3]
Standard & Poor’s (filiale à 100 % McGraw-Hill) | Moody’s | |
Northern Trust Corp. Capital Group Companies Vanguard Group Inc. State Street Corporation T. Rowe Price Associates Fidelity Investments Black Rock Inc. Bank of New York Massachusetts Financial Services |
1,75 % 16,15 % 4,44 % 4,41 % 3,90 % 1,27 % 4,59 % 1,23 % 0,21 % |
1,32 % 21,98 % 3,97 % 3,91 % 3,98 % 8,15 % 6,89 % 2,25 % 0,62 % |
Total | 37,95 % | 53,07 % |
17 Après un long passage à vide, Fitch Ratings a quant à elle été rachetée en 1997 par la holding française Fimalac, avant de fusionner l’année suivante avec la société britannique IBCA, spécialiste en notation des banques et assureurs. Aujourd’hui, Fitch Ratings est contrôlée par Fimalac, présidée par Marc Ladreit de Lacharrière, à hauteur de 50 %, et par le groupe Hearst (groupe de médias américain), à hauteur de 50 % [4]. Elle se profile comme la troisième plus grande agence de notation transnationale, derrière Standard & Poor’s et Moody’s, avec 18 % de parts de marché et 1 140 analystes.
18 Les sièges sociaux de Standard & Poor’s, de Moody’s et de Fitch Ratings se situent aux États-Unis. Toutefois, le management de cette dernière se situe en partie aux États-Unis et en partie au Royaume-Uni. C’est pourquoi l’on parle couramment, malgré un actionnaire français pendant longtemps majoritaire dans Fitch Ratings, des trois grandes agences « anglo-saxonnes ».
19 Il est communément admis que ces trois principales agences de notation transnationales se partagent environ 95 % des revenus générés par la notation financière. En 2010, leur chiffre d’affaires était de 2,9 milliards de dollars pour Standard & Poor’s, de 2 milliards pour Moody’s Corporation et de 732,5 millions pour Fitch Ratings.
Autres agences
20 Parmi les petites agences se partageant les 5 % de marché restants [5], citons la canadienne Domination Bond Rating Service (DBRS), l’américaine A.M. Best (spécialisée dans la notation des compagnies d’assurance) et les japonaises Japan Credit Rating Agency (JCR) et Rating and Investment Information (R&I), qui se sont spécialisées dans certaines niches géographiques ou sectorielles.
21 Pour exister au plan international, une accréditation auprès de la Securities and Exchange Commission (SEC), l’autorité américaine de réglementation et de contrôle des marchés financiers, semble incontournable, ce qui n’est pas une simple formalité, comme a pu récemment le constater l’agence chinoise Dagong [6]. Après son échec, en 2010, à obtenir le précieux sésame accordé par le gendarme financier américain, Dagong peine aujourd’hui à concurrencer CCXI et China Lianhe Credit Rating, les agences liées respectivement à Moody’s et à Standard & Poor’s sur le marché chinois. Dagong s’est pourtant fait un nom auprès des spécialistes, grâce à sa volonté de se démarquer des trois grandes en notant plus sévèrement les grands pays développés et plus généreusement les pays émergents tels que le Brésil, la Chine, l’Inde, la Russie et l’Afrique du Sud [7].
1.2. UN SECTEUR CARACTÉRISÉ PAR UNE FAIBLE CONCURRENCE
22 Au fil du temps, les trois grandes agences sont parvenues à se créer l’oligopole qui est aujourd’hui le leur dans le secteur de la notation. Le manque de concurrence que sous-entend cet oligopole fait l’objet de critiques nourries.
1.2.1. Les raisons de l’oligopole formé par Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch Ratings
23 Si Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch Ratings dominent aujourd’hui le secteur de la notation, c’est notamment parce que ces agences ont toutes les trois un siècle d’expertise, voire plus, à faire valoir. Le poids de la réputation est ici indéniable. Pour asseoir le sérieux de leurs notations, elles revendiquent des décennies de récolte et de suivi de données financières, et ce au niveau transnational. Elles disposent également des capitaux et des moyens humains nécessaires pour évaluer plusieurs dizaines de milliers de titres. Cette situation oligopolistique est donc d’une certaine manière intrinsèque au secteur : même s’il avait le choix entre un grand nombre d’agences de notation différentes, l’émetteur aurait tout intérêt à solliciter celles qui ont la meilleure réputation.
24 D’autres facteurs ont également joué. En 1975, la Securities and Exchange Commission instaure l’obligation pour les agences de notation d’obtenir une accréditation (cf. infra), sur la base de critères informels qui s’avéreront relativement favorables aux trois grandes. Ces dernières sont d’ailleurs les seules, à l’origine, à obtenir cet agrément. Aujourd’hui, dix agences de notation sont reconnues par la SEC et ont reçu le titre de Nationally Recognized Statistical Rating Organizations (NRSRO) [8]. Parmi ces dix agences, on retrouve les trois grandes, dont la sphère d’activité est transnationale, et sept autres agences situées dans des niches régionales ou sectorielles (aux États-Unis, au Japon et au Canada).
25 La mise en place d’une telle accréditation a rendu le secteur de la notation encore moins accessible à d’éventuels nouveaux entrants et a, de facto, renforcé la position dominante des trois grandes. Avec le temps et les critiques accumulées envers les agences, les obligations réglementaires quant à leur enregistrement auprès de la SEC ou de l’Autorité européenne des marchés financiers (AEMF) ou, en termes de transparence méthodologique, de rotation des analystes, de traitement des dossiers, de contrôle interne, etc. se sont également fortement accrues. Très logiquement, ces contraintes de plus en plus lourdes, même si leur légitimité n’est pas mise en doute, sont plus aisément respectées par de grandes structures déjà implantées sur le marché de la notation que par de nouvelles entreprises disposant de moyens plus restreints.
26 De plus, si de nouveaux acteurs de la notation ont pu espérer se faire une place dans les années 1970 et 1980, Standard & Poor’s, Fitch Ratings et Moody’s ont racheté la plupart de ces petites agences (plus d’une trentaine) dans les années 1990 et 2000. Outre ces fusions et acquisitions, les trois agences ont multiplié les partenariats avec des agences de rating œuvrant au niveau local [9].
27 Mais ce qui a indéniablement assis la suprématie de Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch Ratings, c’est la référence qui leur est faite dans des réglementations officielles (cf. infra).
1.2.2. Conséquences et critiques de l’oligopole
28 La conséquence logique de cette position dominante des trois grandes agences de notation est la perception d’une certaine rente de situation. En avril 2012, douze des plus grandes entreprises allemandes [10] ont reproché publiquement à Standard & Poor’s, dans une lettre commune, d’abuser de sa position en voulant doubler ses tarifs. Selon plusieurs témoignages recueillis par le Sénat français, dans un rapport d’information datant de juin 2012, la capacité de négociation d’un émetteur face aux agences est d’autant plus forte que la note attribuée à cet émetteur est élevée. Une entreprise bénéficiant d’une très bonne note peut plus facilement mettre un terme à la relation commerciale qu’elle entretient avec l’agence, sans pour autant nourrir auprès des investisseurs des suspicions sur sa santé économique et financière. Mais de manière générale, en ce qui concerne les tarifs pratiqués, le rapport de force est actuellement à la faveur des agences. Celles-ci ne sont pour l’heure tenues de publier que la « nature générale de leur régime de rémunération » [11]. En contrepartie, les seuls frais imposés actuellement en Europe aux agences de notation sont ceux dont elles doivent s’acquitter pour leur enregistrement et leur surveillance par l’AEMF [12].
29 Une plus grande ouverture à la concurrence sur le marché de la notation générerait sans aucun doute des effets positifs, telle une réduction des tarifs pratiqués par les agences. Elle permettrait également, dans une certaine mesure, de contribuer à l’amélioration de la qualité de la notation, car malgré les erreurs commises ces dernières années (cf. infra), le manque d’alternative crédible au trio de tête actuel empêche les émetteurs de s’en détourner au titre de sanction. Pourquoi, dès lors, les grandes agences investiraient-elles davantage dans le sérieux de leur notation ? De nouvelles agences apporteraient également un regard neuf sur les méthodologies qui sous-tendent le processus de notation.
30 Par contre, augmenter la concurrence peut également mener à une inflation des notes. De plus, « si l’arrivée de quelques grandes agences sur le marché est possible, il est, en revanche, peu probable que le marché de la notation puisse fonctionner avec une myriade d’acteurs », précise le Sénat français [13]. Les nouveaux entrants devront en effet remplir la lourde obligation d’acquérir une taille critique (capital, personnel, etc.) s’ils espèrent concurrencer les trois grandes. « Il a fallu à Fitch vingt ans et un milliard de dollars pour concurrencer Moody’s et Standard & Poor’s au niveau mondial », explique Susan Launi, Managing Director and Senior European Counsel chez Fitch Ratings [14]. Ensuite, « si les investisseurs apprécient d’avoir plusieurs points de vue, il n’est pas certain qu’ils souhaitent étudier les analyses d’une pléthore d’agences pour un même produit », peut-on encore lire dans le rapport du Sénat français [15].
31 Ouvrir le marché de la notation à plus de concurrence, ce serait peut-être aussi permettre à une agence européenne de rivaliser avec les trois grandes, et faire ainsi taire les rumeurs de parti-pris anti-européen. Cette théorie du complot des trois grandes agences à l’égard de l’Europe est notamment nourrie par le fait que leur analyse financière privilégie les normes comptables américaines, ce qui a tendance à favoriser les entreprises outre-Atlantique. Peut-on pour autant parler de « complot » ? Certains dirigeants ne s’en sont pas privés, estimant que les trois grandes s’acharnaient sur les États européens au profit des États-Unis.
32 À cette évocation, le Français Marc Ladreit de Lacharrière, à la tête de Fitch Ratings, voit rouge : « Je suis le président de FitchGroup ainsi que le président du comité stratégique. Je suis résident à Paris. Le Chief Financial Officier est français, lui aussi basé à Paris. Le CEO est anglais et basé à Londres ainsi que la division sovereign et son directeur. Les normes d’appréciation des États se font à partir de Londres. Quand les États de la zone euro sont notés, ce n’est pas par des Américains. Est-il normal que José Manuel Barroso, président de la Commission européenne, ose dire que “les agences de notation sont américaines” et les accuser d’avoir “un parti pris contre l’Europe” [16] ? Quel est le but d’une telle désinformation ? » [17]
33 À contre-courant de cette théorie du complot des agences contre l’Europe, signalons aussi que Standard & Poor’s a subi les conséquences de sa décision de dégrader les États-Unis : une enquête ouverte par la SEC et la perte de plusieurs gros clients tels que la ville de Los Angeles [18]. Aucune marche arrière n’a été entreprise par Standard & Poor’s. Mi-septembre 2012, Moody’s menace à son tour de dégrader les États-Unis si le Congrès ne s’accorde pas en 2013 sur des mesures permettant de stabiliser puis réduire la dette américaine.
1.3. LE PROJET D’AGENCE EUROPÉENNE
34 Plusieurs instances économiques et mandataires politiques, dont la chancelière allemande Angela Merkel, aimeraient opposer un contrepoids européen aux trois grandes agences anglo-saxonnes de notation.
35 Cette agence européenne pourrait s’appuyer sur des fonds publics et assurer par exemple la notation souveraine qui fait tellement débat. Mais comment garantir la crédibilité d’une agence financée par des États qu’elle serait ensuite chargée de noter ? Cette agence européenne pourrait prendre la forme d’une fondation, ce qui lui assurerait davantage d’indépendance qu’une institution publique. Pour accroître encore cette indépendance, d’autres options sont avancées. Ainsi, certains préconisent l’abandon du modèle émetteur-payeur au profit de l’ancien modèle de financement des agences, celui d’investisseur-payeur, qu’ils jugent moins porteur de conflits d’intérêt (cf. infra). Si tel devait être le cas, l’économiste Norbert Gaillard, consultant indépendant et spécialiste de la notation souveraine, suggère que le financement de cette agence européenne s’opère alors sur base d’une taxe européenne.
36 Quelle que soit la solution adoptée, il reste cependant peu probable que la Securities and Exchange Commission et les investisseurs internationaux accordent le crédit nécessaire à une telle agence « publique ». Par ailleurs, un consensus politique pour une agence publique européenne n’existe pas à ce jour, sans compter le coût qu’impliquerait pour les finances publiques européennes la mise en place d’une telle agence. Certains pays, dont l’Allemagne, ont exprimé leur préférence pour le développement d’une initiative privée. Le 15 novembre 2011, le commissaire européen Michel Barnier a déclaré : « Je ne veux pas d’une agence publique qui respecte les règles et à côté, les autres agences qui travaillent comme avant. »
37 La question ne cesse toutefois de revenir régulièrement sur le devant de la scène. Dans un communiqué de presse du 19 juin 2012, les députés européens proposent ainsi un nouvel angle d’attaque : « Les députés ont décidé de faire le premier pas vers la mise sur pied d’une capacité interne de notation publique au niveau européen. La tâche de créer une évaluation de solvabilité indépendante européenne sera confiée aux institutions européennes existantes. Elles devront fournir aux investisseurs toutes les données et notations pertinentes rendues publiques concernant la dette souveraine et les indicateurs macro-économiques clés. » Le texte final du nouveau règlement européen, attendu pour fin 2012 ou début 2013, devrait vraisemblablement apporter les détails pratiques de la mise en place d’une telle disposition.
38 Au rang des initiatives privées visant à établir une agence européenne, le projet le plus avancé est sans nul doute celui du cabinet de conseil en stratégie allemand Roland Berger Strategy Consultants [19]. Peu de temps après que, lors du premier plan de sauvetage de la Grèce en juillet 2011, le parlement allemand a émis le souhait de voir émerger une agence de notation européenne, Roland Berger a annoncé qu’il travaillait au développement d’une telle agence : l’European Rating Agency (ERA). Après quelques mois de travail loin des feux des médias, ce projet a été présenté plus en détail au mois de mai 2012. Le capital de cette fondation privée sans but lucratif devrait être récolté auprès d’un consortium de grandes institutions bancaires européennes, un conseil académique d’universités européennes devant quant à lui veiller sur l’indépendance et la transparence de ses activités [20]. 300 millions d’euros sont jugés nécessaires pour mener à bien ce projet, les frais de fonctionnement de l’agence devant ensuite être assurés par un placement judicieux du capital de départ. Selon Bruno Colmant, consultant chez Roland Berger, l’ERA devrait compter sur « un effectif d’une trentaine de personnes, recrutées essentiellement dans les milieux académiques et viser une part de marché de 20 à 25 % » [21]. En mai 2012, le cabinet peut compter sur 130 millions d’euros d’engagements de la part d’une dizaine d’investisseurs potentiels – des investisseurs européens pour l’instant, même si le cabinet se dit ouvert aux propositions venant d’autres continents.
39 Le lancement de l’ERA est prévu pour 2012, étant entendu que les deux années suivantes seront cruciales pour la jeune agence, tant pour rassembler les fonds supplémentaires nécessaires que pour convaincre. Les premières notations ne devraient être publiées qu’en 2013. Comme les trois grandes, l’agence européenne couvrirait à la fois la notation « corporate » (entreprises et instruments financiers) et la notation souveraine [22]. Elle envisagerait d’établir des bureaux à Paris, Londres et Francfort. L’ambition de Roland Berger est de proposer une notation plus transparente : les modèles mathématiques utilisés, la pondération des différents critères intervenant dans la notation, de même que les éléments qualitatifs qui caractérisent chaque notation seront accessibles sur Internet. Afin de gagner sa place auprès des trois grandes, la jeune agence européenne compte proposer des tarifs plus attractifs que ses concurrentes [23]. Pour éviter les conflits d’intérêt avec le cabinet de conseil stratégique allemand, Markus Krall, actuellement Senior Partner chez Roland Berger, quittera celui-ci pour mener à son terme le projet. Une fois l’agence européenne créée, le cabinet de conseil stratégique continuera durant quelques mois à lui apporter une aide logistique avant de s’effacer.
40 Quoi qu’il advienne, pour espérer rivaliser avec les trois grandes agences anglo-saxonnes et ainsi pouvoir exister sur le plan international, une nouvelle agence devra atteindre une taille substantielle. Pour augmenter les chances de réussite d’une telle initiative, l’économiste Norbert Gaillard préconise même de « contraindre les investisseurs, via une réglementation européenne, à utiliser au moins partiellement les notations émises par cette nouvelle agence ».
1.4. LE MODE DE FINANCEMENT
41 Durant plusieurs décennies, les notations ont été financées par les investisseurs qui cherchaient à s’informer sur la qualité des actifs financiers qu’ils voulaient acquérir. Entre différents placements possibles, ces investisseurs souhaitaient savoir lesquels étaient les moins risqués ou les plus lucratifs. Ils rémunéraient les agences de notation pour cette information en achetant les analyses et les notes émises par les agences concernant des entreprises ou des organismes publics.
42 Ce système de financement subit toutefois un changement majeur dans les années 1970. À partir de cette époque, les agences facturent leurs services, non plus aux investisseurs, mais aux émetteurs des titres de dette. Un triple mouvement contribue à ce changement notable.
43 Tout d’abord, il y a le développement, à cette époque, de la photocopie. De plus en plus d’investisseurs utilisant des photocopies « illicites » de manuels publiés par les agences, ces dernières voient leurs marges bénéficiaires entamées. Un déséquilibre s’instaure en outre en défaveur des investisseurs qui paient des notes, alors que celles-ci sont désormais rendues publiques et donc disponibles gratuitement par des voies illicites.
44 Ensuite, une crise économique sévit partout dans le monde et particulièrement aux États-Unis, berceau de la notation. De nombreuses entreprises cherchent à rassurer et à attirer de nouveaux investisseurs, et l’obtention d’un bon rating peut les y aider. Elles deviennent alors clientes des agences de notation et commencent à payer celles-ci pour l’émission de ratings. Le changement est d’importance. Selon Norbert Gaillard, la plupart des notations émises avant 1970 étaient non sollicitées : « Elles étaient émises sans le consentement des émetteurs. Les diagnostics des agences étaient alors fondés sur les informations obtenues de divers organismes tels que les institutions internationales, le département au Commerce américain, les ambassades américaines… » [24] Cette donne change radicalement avec la crise économique des années 1970. Les entreprises et certains États, dans l’espoir de trouver des capitaux à moindre frais, collaborent dorénavant avec les agences et leur donnent accès aux documents qui leur sont utiles. Les notations corporate sont désormais sollicitées, de même qu’une partie des notations souveraines.
45 Enfin, les années 1970 marquent l’essor de la monnaie scripturale, c’est-à-dire la dématérialisation de l’argent tel que connu jusque-là. Pour se financer, les entreprises recourent de manière accrue aux marchés de capitaux, qui eux-mêmes se mondialisent et se complexifient avec le temps. Pour convaincre les investisseurs, les agences de notation internationales jouent le rôle d’évaluateurs externes « impartiaux ».
46 De leur côté, les agences justifient la modification de leur mode de financement par le fait que les entreprises et les États profitent des retombées financières d’une bonne notation et qu’il est juste qu’ils s’acquittent des frais d’analyse qui y sont associés. Elles expliquent également que la complexification du système financier dans la deuxième moitié du XXe siècle induit des coûts d’analyse croissants pour les agences, que les investisseurs seuls ne sont pas prêts à supporter.
47 Dans le camp des détracteurs, ce nouveau système de financement soulève surtout la question de possibles conflits d’intérêt. Les agences se retrouvent en effet juge et partie. Comment s’assurer, par exemple, qu’elles ne favorisent pas leurs clients en leur attribuant une bonne note ? Cette question est particulièrement pertinente pour ce qui relève de la titrisation (cf. supra). Cependant, si plusieurs modèles alternatifs de financement ont été évoqués par les économistes spécialistes de la question [25], aucun ne solutionne totalement le problème des conflits d’intérêt, sans compter que la mise en place d’un nouveau système de rémunération des agences entraînerait d’une manière ou d’une autre des coûts importants.
48 Un retour au modèle « investisseur-payeur » soulèverait par exemple lui aussi des questions : comme l’explique le Sénat français dans son rapport d’information, « un paiement par l’investisseur pourrait aussi créer un biais. Par exemple, si un émetteur de bonne qualité cherche à placer des obligations, « la bonne affaire » pour l’investisseur pourrait être d’obtenir de l’agence de notation la note la plus basse envisageable (car elle conduit à des taux d’intérêts élevés) » [26]. Pierre Cailleteau, ancien Chief International Economist de Moody’s (il dirigeait jusqu’en mai 2010 le département « risque souverain » de l’agence à Londres), explique en outre que s’il fallait revenir en arrière, c’est-à-dire vers un système de notation financé par les investisseurs, il y aurait alors privatisation de la notation. « Cette sortie du domaine public de la notation impliquerait la disparition de dizaines de milliers de notes. Les lumières des phares s’éteindraient, mais certains auraient leur GPS. » [27]
2. LES ACTIVITÉS DES AGENCES DE NOTATION
49 Même si les agences fournissent divers services, la notation reste bien entendu leur activité de prédilection. Par un code de quelques lettres, chiffres et sigles (AAA, A+, baa3, etc.), elles synthétisent tout le travail d’analyse qu’elles ont effectué, afin de rendre comparable la qualité d’un actif par rapport à un autre.
2.1. LES BASES DE LA NOTATION
50 Si les agences de notation se retrouvent quotidiennement sur le devant de la scène, c’est essentiellement pour leur activité de notation. L’Union européenne définit la notation de crédit comme « un avis, émis par application d’un système de classification bien défini et bien établi prévoyant différentes catégories de notation, concernant la qualité de crédit d’une entité, d’une dette ou obligation financière, d’un titre de créance, d’actions privilégiées ou autres instruments financiers » [28]. Une entreprise, une banque ou une institution publique peut ainsi solliciter de la part d’une agence, contre rémunération, une notation de crédit (rating).
51 Selon une grille de notation propre à chaque agence, cette notation traduira le degré de solvabilité de l’entité notée. Globalement, il existe deux catégories de notations : « investissement » lorsque le risque de défaut [29] est inexistant ou faible de la part de l’entité notée, et « spéculative » lorsqu’apparaît un risque de crédit plus ou moins important [30]. Cette information est cruciale pour les investisseurs, car ceux-ci ne souhaitent pas placer leur argent aveuglément. Mais cette notation influence également, via le taux d’intérêt pratiqué par les organismes prêteurs, le coût de financement des instances notées. Une bonne note facilite en effet le recours au crédit.
Agences | Signification des notes | ||
Standard & Poor’s | Moody’s | Fitch Ratings | |
Catégorie « investissement » | |||
AAA | Aaa | AAA | Valeurs de premier ordre |
AA+ AA AA- |
Aa1 Aa2 Aa3 |
AA+ AA AA- | Qualité haute |
A+ A A |
A1 A2 A3 |
A+ A A- | Qualité moyenne |
BBB+ BBB BBB- |
Baa1 Baa2 Baa3 |
BBB+ BBB BBB- | Qualité moyenne inférieure |
Catégorie spéculative | |||
BB+ BB BB- |
Ba1 Ba2 Ba3 |
BB+ BB BB– | Éléments spéculatifs |
B+ B B |
B1 B2 B3 |
B+ B B- | Hautement spéculatif |
CCC+ CCC CCC- |
Caa1 Caa2 Caa3 |
CCC+ CCC CCC- | Risques élevés |
CC | Ca | CC | Ultra spéculatif |
C | C | C | Faibles perspectives |
SD et D | / | RD et D | En défaut |
52 À l’origine, les notations des agences visaient les obligations [31] émises par des entreprises, des banques ou, très vite, des collectivités publiques et des États. Ces notations ont ensuite visé les émetteurs de titres eux-mêmes. Dans la plupart des cas, les notations sont aujourd’hui sollicitées par des émetteurs. Mais les agences publient parfois également des notes non sollicitées, surtout concernant des États. Depuis 2009, l’Union européenne impose que les notes non sollicitées soient identifiées comme telles [32]. À titre d’exemple, la notation de l’État belge par Standard & Poor’s est non sollicitée. L’Autorité des services et marchés financiers en Belgique (FSMA) précise qu’en ce qui concerne notre pays, seules les notes de Fitch Ratings sont sollicitées.
53 Lorsque les émetteurs de titres sollicitent des notations, ils partent du principe que l’avantage que leur offrira une bonne note sur le marché du crédit sera supérieur à ce qu’ils rémunéreront les agences pour cette note. Pour une entreprise qui cherche à se financer, le marché obligataire peut en effet représenter une alternative intéressante au secteur bancaire. Or, cet accès au marché obligataire est facilité par l’obtention d’une notation, la plupart des investisseurs s’appuyant aujourd’hui sur ce système pour établir leur politique d’investissement. Sans notation, l’émetteur d’une obligation payera souvent une prime de risque [33] par rapport à une obligation de qualité équivalente pouvant se prévaloir d’une notation. Comme l’explique Yu Zhang, Directeur Debt Capital Markets chez BNP Paribas Fortis, cette prime de risque est « une compensation payée aux investisseurs pour les attirer vers un crédit qu’ils devront évaluer sans l’assistance des agences » [34]. Il cite l’exemple du brasseur hollandais Heineken : jusqu’à l’annonce de sa notation en mars 2012, il a toujours dû payer, sur ses obligations, une prime par rapport à AB Inbev, alors que les deux groupes étaient relativement similaires.
54 La notation présente également un autre avantage pour les émetteurs de titres, à savoir que les agences sont en contact étroit avec eux. En effet, même si le but d’un émetteur est de convaincre les investisseurs potentiels, il ne peut en aucun cas faire figurer dans son prospectus d’émission des éléments confidentiels liés à la stratégie de son entreprise. Passer par la notation permet de résoudre ce problème : l’émetteur peut faire valoir ces éléments stratégiques auprès de l’agence afin de brigueur une meilleure note, tout en évitant que ces données confidentielles ne se retrouvent connues de tous.
2.2. UN SECRET BIEN GARDÉ
55 Chaque agence a sa propre méthode pour établir une notation. Ce « secret de fabrication » est jalousement gardé ; seuls les aspects méthodologiques les plus généraux sont rendus publics. La notation fait intervenir des critères quantitatifs et qualitatifs [35]. Ainsi, la notation « corporate », qui vise les entreprises ou les banques et assurances, repose sur des critères tels que le flux de trésorerie ou le taux d’endettement, mais aussi sur le profil du secteur d’activité, le degré de concurrence qui caractérise ce secteur ou la stratégie de management adoptée par l’entreprise notée. De même, la notation souveraine, liée aux États, repose sur des indicateurs tels que le ratio dette/recettes budgétaires, l’inflation ou l’évolution du produit intérieur brut (PIB) par habitant, mais aussi sur d’autres tels que la stabilité institutionnelle et politique du pays concerné ou sa compétitivité par rapport aux partenaires commerciaux.
56 Si de nombreux observateurs estiment que les critères de notation des agences ne jouissent pas de toute la transparence nécessaire, les agences multiplient quant à elles depuis quelques années leurs efforts de communication pour démontrer le contraire. Les trois grandes agences transnationales (Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch Ratings) ont ainsi procédé ces dernières années à une refonte de leurs sites Internet, consistant notamment en un enrichissement notable du contenu proposé, même si certaines rubriques ne sont consultables qu’après enregistrement. Cette transparence accrue par rapport à la méthodologie et aux modifications de méthodologie leur est imposée par l’Union européenne depuis 2009 et par les États-Unis depuis 2010 (cf. infra), mais l’initiative des agences d’enrichir le contenu de leurs sites Internet s’avère antérieure à la contrainte réglementaire. Toutefois, comme le relève le Sénat français dans le rapport d’information qu’il a consacré aux agences en juin 2012, « la publication de milliers de pages au nom de la transparence engendre en contrepartie de la complexité et de la confusion » [36]. Cette profusion de données rend inexploitable l’information fournie pour une majorité d’investisseurs potentiels et même pour certains professionnels de la sphère financière. La tentation de s’en remettre à la seule notation, sans se soucier des procédures floues et complexes qui ont conduit les analystes à déterminer celle-ci, reste donc très forte.
57 Les échelles de notation au sein d’une même agence sont uniformisées de telle manière qu’une entreprise ayant reçu une note donnée sera associée au même risque de défaut qu’un État ayant obtenu la même notation. Comparer le travail des agences reste par contre très difficile, étant donné que celles-ci conservent à ce jour des échelles et des méthodes de notation différentes. Comme l’explique l’économiste Norbert Gaillard, « Standard & Poor’s se montre “plus sévère” dès qu’elle juge excessif l’endettement d’un pays, tandis que ses deux concurrentes Fitch et Moody’s prennent davantage en compte la puissance économique des États » [37]. L’agence Standard & Poor’s a rendu publics ses critères de notation souveraine [38]. Ils se déclinent ainsi :
Pondération des critères de Standard & Poor’s pour la notation souveraine
Finances publiques Facteurs institutionnels (politique, économie, gouvernance) Monnaie et marchés financiers Macro-économie (croissance, économie, etc.) Position extérieure (balance des paiements, avoirs extérieurs, etc.) |
25 % 33 % 20 % 11 % 11 % |
Pondération des critères de Standard & Poor’s pour la notation souveraine
58 La banque française Natixis, qui s’est penchée sur ces critères de notation souveraine [39], estime que chez Standard & Poor’s, l’analyse quantitative vaut pour 82 % de la notation accordée à un État. Le poids de l’analyse qualitative dans la notation souveraine n’est donc pas négligeable. Les éléments quantitatifs ne sont qu’un aspect de la notation. Le reste relève de la « boîte noire ».
59 Chaque agence élabore sa propre méthodologie, sans qu’existe le moindre droit de regard externe. Les agences ont fait de cet élément un argument commercial, en le présentant comme le gage de la qualité de leur notation. À l’inverse, elles estiment que si leur méthodologie était remise en cause, elles se verraient immédiatement sanctionnées par le marché, qui se détournerait de leurs services. La Securities and Exchange Commission (SEC, le gendarme financier américain), l’Autorité européenne des marchés financiers (AEMF) et la Commission européenne refusent, jusqu’à présent, de s’immiscer de quelque manière que ce soit dans la méthodologie des agences [40]. Le règlement européen du 16 septembre 2009 dispose que « les méthodes de notation doivent être rigoureuses, systématiques, sans discontinuité » ; c’est sur ces critères généraux que l’AEMF doit contrôler depuis le milieu de l’année 2011 la méthodologie des agences de notation [41]. Une modification du règlement européen de 2009, actuellement en discussion au Parlement européen, se propose d’aller plus loin et d’imposer la publication de toute erreur constatée dans une méthodologie ou son application. Il serait également exigé des agences des explications « claires et aisément compréhensibles » pour comprendre le processus ayant conduit à la notation [42].
2.3. DES MOYENS JUGÉS INSUFFISANTS
60 Avant d’établir leur rapport de notation, les analystes employés par les agences récoltent les informations nécessaires sur le risque de crédit de l’émetteur de titres considéré et rencontrent, dans le cas d’une notation sollicitée, les dirigeants de l’entreprise ou de l’État concerné. La notation, ou sa révision, est discutée et votée au sein d’un comité de notation composé de plusieurs analystes. Une note peut être révisée à la hausse (upgrade) ou à la baisse (downgrade) en fonction de l’évolution de la solvabilité escomptée de l’émetteur. Les agences émettent également des perspectives de notation (outlook) qui peuvent être positives, stables ou négatives et reflètent la manière dont l’agence appréhende l’avenir de l’émetteur. En moyenne, les agences procèdent à une nouvelle évaluation chaque année, mais elles peuvent également décider de précipiter les choses. Une crise politique, la dégradation de la situation financière d’un émetteur ou des opérations telles qu’une fusion ou une acquisition sont des événements qui induisent généralement une mise sous surveillance d’une notation ou de son évolution. Précisons enfin qu’avant publication d’une note, l’émetteur a le droit de contester celle-ci, ce qui entraîne alors des analyses complémentaires. La possibilité de faire appel est notamment primordiale dans le cadre de notes non sollicitées. Le délai théorique accordé à l’émetteur est toutefois relativement court : 12 heures en Europe (mais il devrait prochainement passer à 24 heures) [43]. Par ailleurs, ce droit d’appel n’est reconnu par l’analyste principal que « si la preuve est faite que de nouvelles informations indisponibles lors du vote initial peuvent être fournies et qu’elles peuvent avoir une influence déterminante sur l’orientation de la décision prise par le comité. (…) Cette condition est principalement introduite afin d’éviter les recours systématiques visant à retarder l’annonce de la note de crédit » [44].
61 Pour préserver leurs collaborateurs des critiques, les agences de notation conservent le secret sur la composition des comités d’experts ayant procédé à la révision d’une notation [45]. Les procès-verbaux des réunions de ces comités ne sont d’ailleurs pas publics. « Il y a si peu de ressources humaines dans ces agences que, dans la pratique, ces comités regroupent toujours un peu les mêmes personnes, plus ou moins expertes », atteste dans Le Monde un ancien chef de service de Standard & Poor’s. « C’est pour se protéger des critiques que les agences refusent d’en révéler la composition. » [46]
62 La question du personnel occupé par les trois grandes agences de notation – nombre d’analystes par dossier, qualification et formation de ces mêmes analystes – est posée. Lors de leur enregistrement auprès de l’AEMF, en 2011, les trois grandes agences de notation ont dû fournir des données concernant le personnel employé par leurs soins.
Rapport notations/analyste pour les trois grandes agences de notation
Standard & Poor’s | Moody’s | Fitch | |
Entreprises Institutions financières Souverains et assimilés Produits structurés |
11,4 8,4 10,2 2,0 |
13,8 15,2 10,9 3,3 |
6,79 9,39 6,00 10,10 |
Rapport notations/analyste pour les trois grandes agences de notation
63 Le problème, soulevé notamment par le Sénat français lors de la rédaction de son rapport d’information, est que « chaque agence a sa propre méthode de calcul, liée à un recensement manifestement spécifique, et opaque, du nombre de dossiers traités et du nombre d’analystes ». Ces chiffres ne sont donc ni vraiment comparables, ni vraiment vérifiables. Anouar Hassoune, ancien analyste chez Standard & Poor’s et Moody’s, a d’ailleurs indiqué lors de son audition devant le Sénat français que selon lui, l’ordre de grandeur à retenir était de 50 notations de crédit par analyste. De même, le Sénat américain, dans un rapport publié en avril 2011, parle de ressources humaines non appropriées et de « high speed ratings » (notations à grande vitesse) : « Malgré un nombre de notations augmentant chaque année de manière conséquente et les revenus qui en découlent, ni Moody’s, ni Standard & Poor’s n’ont embauché un personnel suffisant ou consacré des ressources suffisantes pour veiller à ce que le processus de notation initial et le processus de surveillance qui s’y rapporte produisent des notations fiables. » [47] La notation des produits structurés (cf. infra), en particulier, a explosé entre 2000 et 2007, sans que les moyens humains ne suivent – avec les conséquences que l’on connaît. Nombreux sont les témoignages récoltés par le Sénat américain qui en attestent. À titre d’exemple, chez Moody’s, en 2007, seuls vingt-six analystes sont chargés de la surveillance des notations de pas moins de 13 000 CDO (collateralized debt obligation ou obligations adossées à des actifs, des produits structurés de grande complexité). Les plaintes du personnel s’accumulent, les analystes étant sous pression constante. Frank Raiter, anciennement à la tête du département RMBS [48] chez Standard & Poor’s, décrit ainsi la situation : « Le management voulait accroître les profits et les revenus tandis que les analystes exigeaient plus de personnel, d’accès aux données et de support informatique, ce qui immanquablement devait mener à des dépenses supplémentaires et donc à moins de profit. »
64 Signalons encore qu’aucun des deux cadres réglementaires d’application pour les agences de notation (le règlement européen de 2009 et la loi Dodd-Frank de 2010 aux États-Unis) n’aborde précisément la question de la formation des analystes. L’Union européenne édicte à ce propos des règles assez générales, à savoir que les agences doivent disposer d’un nombre suffisant d’analystes compétents et formés de manière à pouvoir correctement évaluer les produits qui leur sont soumis. Aucune exigence spécifique n’est en outre formellement exigée des analystes chargés des produits structurés, pourtant plus complexes. La formation continue est assurée en interne. Mais pour que celle-ci porte ses fruits, encore faut-il que les analystes restent suffisamment de temps en fonction. Or selon les données fournies à l’AEMF par les trois principales agences de notation actives en Europe [49], 51 % des analystes chez Standard & Poor’s Europe, 66 % chez Moody’s Europe et 72 % chez Fitch Europe avaient moins de cinq ans d’ancienneté en 2009-2010. Ce pourcentage grimpe à 78 % chez Moody’s Europe pour la notation souveraine et à 81 % chez Fitch Europe pour la notation des produits structurés, une branche d’activité où pourtant l’expérience a sans aucun doute un rôle important à jouer. Sans compter la rotation de l’emploi (turnover) au sein même des agences. Malgré la complexité de la situation de Dexia après 2008, pas moins de cinq analystes principaux se sont succédé chez Moody’s sur une durée de trois ans pour suivre cette institution bancaire [50].
2.4. L’ÉVALUATION DE PRODUITS STRUCTURÉS
65 Parmi les titres de dette évalués par les agences, les produits structurés sont un cas à part en raison de la complexité qui les caractérise. La titrisation est née en 1960 aux États-Unis avant de se développer en Europe dans les années 2000. Elle permet aux banques de se financer sur une base plus large que les seuls dépôts des clients. Grâce à cette technique financière, des banques vendent des prêts bancaires (prêts immobiliers, prêts à la consommation, etc.) à une entité intermédiaire appelée véhicule de titrisation. Celui-ci se finance en émettant sur le marché des titres négociables adossés aux actifs qu’il a achetés. Ces titres (obligations, billets de trésorerie, etc.) sont ensuite regroupés en fonction du risque et du rendement associés pour former des « produits structurés ». L’intérêt de la titrisation est donc de transformer des créances illiquides – prêts hypothécaires, prêts automobiles, prêts étudiants, prêts à la consommation, encours de cartes de crédit, créances commerciales, etc. – en titres liquides, négociables directement sur les marchés. Chacun de ces produits structurés est découpé en trois « tranches », en fonction de la qualité des crédits émis : « senior », « mezzanine » et « junior » (par ordre décroissant de qualité). Chaque tranche peut être soumise individuellement à la notation, mais la finalité est bien entendu que des actifs de qualité supérieure côtoient des actifs de moins bonne qualité pour que le produit global ait des chances d’attirer des investisseurs.
66 Dans de nombreux pays, la notation fait partie des conditions préalables à l’émission de ces produits financiers complexes. Plus encore que pour d’autres transactions, elle est indispensable pour rassurer les potentiels investisseurs.
67 Un fait interpellant est toutefois à relever : moyennant rémunération, les agences de notation participaient jusqu’il y a peu à la création des produits structurés, ainsi qu’à leur évaluation [51]. Ceci soulève la question de possibles conflits d’intérêt, sur laquelle nous reviendrons. Par ailleurs, la crise des subprimes de 2007, due à une forme de produit structuré liée à des prêts hypothécaires risqués aux États-Unis [52], et sa propagation au marché bancaire ont fortement entamé la confiance des investisseurs vis-à-vis de l’ensemble du marché des produits structurés. Aujourd’hui, l’Union européenne interdit strictement aux agences de fournir le moindre conseil sur l’élaboration de produits structurés qu’elles seraient chargées de noter. Après un pic d’activité en 2007, le secteur de la titrisation s’est contracté, du moins en Europe, mais il est loin d’avoir cessé d’exister. Les agences de notation sont quant à elles montrées du doigt pour n’avoir pas anticipé la crise.
2.5. UNE ACTIVITÉ EMBLÉMATIQUE ET AU CŒUR DE L’ACTUALITÉ : LA NOTATION DES ÉTATS
68 Aujourd’hui, dans un contexte de crise de la dette touchant plusieurs pays européens (en premier lieu la Grèce, mais aussi l’Espagne, l’Italie ou le Portugal), la notation des États fait de plus en plus débat. De nombreux acteurs et observateurs politiques accusent les trois grandes agences, par l’attribution de leurs notations, d’aggraver la crise (et notamment de précipiter la chute des États en difficulté), de suivre aveuglément les marchés ou de tenter d’influencer directement les politiques menées au plan national ou européen.
69 Fin avril 2010, la dégradation des notes de la Grèce, du Portugal et de l’Espagne et ses répercussions désastreuses sur les marchés financiers provoquent ainsi la colère de la Commission européenne, du Fonds monétaire international (FMI) et de plusieurs personnalités politiques. Depuis, chaque nouvelle menace de dégradation provoque l’indignation de hauts responsables européens. Le 3 mai 2010 par exemple, évoquant la dégradation de la note de la Grèce, la ministre française de l’Économie et future directrice générale du FMI, Christine Lagarde, déclare sur les ondes d’Europe 1 : « On ne dégrade pas un pays quinze minutes avant la clôture des marchés, pour précipiter des achats ou des ventes. » Le spécialiste des marchés financiers Marc Fiorentino traite quant à lui les agences de notation de « pompiers pyromanes ». Quant à la chancelière allemande, Angela Merkel, elle déclare en juillet 2011 : « Concernant le sauvetage de la Grèce, il est important que nous, la Commission européenne, le Fonds monétaire international et la Banque centrale européenne, ne nous laissions pas priver de notre liberté de jugement par les agences de notation. » [53]
2.5.1. Origines, développement et fonctionnement
70 Née en 1918, soit neuf ans après la notation corporate, la notation souveraine retrouve un second souffle à partir des années 1970, après cinq décennies de quasi-léthargie. Le fait que de plus en plus d’obligations publiques étrangères se retrouvent aux mains des banques américaines pousse en effet les grandes agences à se tourner vers la notation des États. C’est le gouvernement australien qui semble le premier à requérir une notation, en 1975, dans l’espoir d’accéder à l’emprunt à un moindre coût [54]. En 1986, Moody’s décide de noter des États dont les obligations ne sont pas émises en dollars ; en 2002, Standard & Poor’s et Fitch se lancent dans la notation de pays africains [55]. Actuellement, 115 pays sont notés par les agences de notation [56].
71 Les États ont fortement contribué au développement des marchés obligataires [57]. Après le secteur financier (54 %), les États représentent en 2012 le second acteur du marché obligataire dans la zone euro (37 %). En trente ans, les marchés obligataires sont devenus la source première de financement des États. Or, vis-à-vis des prêteurs, tous ces États de la zone euro se retrouvent bien entendu en concurrence, d’autant qu’ils émettent leurs obligations dans la même monnaie. En outre, hormis une intervention de la Banque centrale européenne ou le recours direct à l’épargne nationale par le biais d’emprunts d’États [58], les pays européens n’ont que peu d’alternative de financement. Il n’est dès lors pas étonnant que les agences de notation donnent l’impression de maîtriser la pluie et le beau temps dans la zone euro, d’autant que le marché obligataire est aujourd’hui plus que jamais mondialisé, ce qui rend incontournable le recours aux trois grandes agences transnationales.
72 Le mode de facturation des notations aux États reste très opaque, « avec des parts fixes et des parts variables, en fonction des niveaux de dette et de la complexité des produits proposés. Cela peut aller de quelques dizaines de milliers d’euros ou dollars par an à plusieurs centaines de milliers. Sans que cela soit officiel, il est vraisemblable d’ailleurs que les grands pays, comme les États-Unis, la France ou l’Allemagne, etc. ne payent pas ou très peu les agences, puisqu’ils sont de toute façon incontournables pour les investisseurs », explique Norbert Gaillard [59]. Du côté des pays émergents, qui souhaitent attirer les investisseurs, on imagine par contre moins de réticence à solliciter et payer une notation, dans l’espoir que celle-ci leur soit favorable. « Ce n’est pas une activité très lucrative, affirme Yann Le Pallec (Standard & Poor’s). Mais nous avons besoin de noter les États pour analyser les banques et le secteur public. Cela s’apparente plutôt à de la recherche fondamentale. » [60] Même si la notation souveraine est souvent non sollicitée, sans relations contractuelles, noter les États est nécessaire pour les agences, pour une question de renommée sans doute, mais également comme étalon des emprunteurs des pays concernés (entreprises, institutions bancaires) qui, eux, payent pour être notés.
73 Il est intéressant de constater que pour éviter d’être « notés malgré eux », certains pays, comme la France ou la Belgique, font en sorte que la notation se fasse avec l’implication plus ou moins directe de l’État concerné. Ce n’est pas le cas de l’Allemagne, qui refuse officiellement tout contact avec les agences [61].
2.5.2. Des « superpuissances » par nature ?
74 Les critiques concernant l’influence grandissante des agences sur la sphère politique ne sont pas nouvelles. En février 1996 déjà, le chroniqueur du New York Times, Thomas Friedman, déclarait, non sans une pointe de provocation : « Il y a deux superpuissances dans le monde aujourd’hui : les États-Unis et Moody’s. Les États-Unis peuvent vous détruire en vous envoyant des bombes. Moody’s le peut également en dégradant la note de vos obligations. Et croyez-moi, il n’est pas toujours facile de savoir lequel des deux a le plus de pouvoir. » Selon lui, le pouvoir des agences de notation lié à leur activité de notation des États serait donc substantiel.
75 Loin de partager ce point de vue, Yves Cavalier, journaliste à La Libre Belgique, envisage autrement la question en janvier 2012. Selon lui, les agences de notation n’ont pas de pouvoir par nature. C’est le contexte économique récent qui leur a donné de l’importance dans les politiques nationales et européenne. Il écrit : « Ce qui a bouleversé la donne, c’est que pour la première fois dans le monde occidental, on a évoqué le risque de faillite d’un État. (…) C’est sur la base de ce seul constat que finalement les agences ont acquis une importance nouvelle. On avait coutume de considérer que le rating d’un État relevait de la formalité plus que de la réalité. Mais depuis 2011, les faiblesses des uns et des autres ont été mises en exergue avec la redéfinition d’une hiérarchie qui allait du meilleur emprunteur au plus exécrable. » [62]
76 Également à contre-courant des critiques envers le présumé diktat des agences de notation, Nicolas Sarkozy, alors président de la République française, explique quant à lui, au lendemain du sommet européen accouchant du plan de sauvetage de la Grèce, à la fin du mois d’octobre 2011, que le problème de la France, menacée de perdre son triple A [63], n’est pas les agences de notation, mais bien la dette, car c’est elle qui donne du pouvoir aux agences [64]. Il semble ainsi rendre aux agences leur rôle de « thermomètre » que nous évoquerons plus loin. Dans le cas de la dégradation, le 25 novembre 2011, de la note de la Belgique par Standard & Poor’s, de AA+ à AA, l’économiste Paul De Grauwe (KUL) [65] estime même que la notation n’a fait que suivre les marchés [66]. Standard & Poor’s a de son côté justifié sa décision en trois points : un secteur financier belge fragilisé, un climat économique européen très difficile et la longue absence d’un gouvernement belge.
77 S’il arrive donc aux agences de s’aligner sur les marchés, qu’en est-il de l’hypothèse inverse ? Avec un peu de recul, l’économiste Éric De Keuleneer (Solvay Brussels School of Economics, ULB) déclare : « Il faut savoir que les marchés financiers attribuent in fine fort peu d’importance à ces agences, et ne font souvent qu’entériner des décisions qu’ils ont déjà prises. En résumé, en ce qui concerne les États, ces agences ne servent à rien. Leur influence est juste une aberration du système (…). Ceci étant, les agences ont néanmoins raison sur certains points. Notamment quand elles critiquent les États qui laissent filer leur déficit. La pérennité d’un État passe par l’équilibre de son budget. Pour y arriver, il faut parfois prendre des mesures très impopulaires. C’est, indirectement, aussi une des raisons de la puissance apparente de ces agences. Les hommes politiques les invoquent quand cela les arrange, les rendant responsables des décisions les plus difficiles à prendre. » [67] Pour sa part, Carol Sirou, présidente de Standard & Poor’s France, explique qu’il est tout à fait normal que l’appréciation des agences de notation et des marchés divergent parfois : « La notation mesure uniquement un risque de non-remboursement à l’échéance des dettes, tandis que l’appréciation des marchés tient compte d’autres paramètres tels que la liquidité des titres, leur volatilité ou les anticipations des investisseurs. » [68]
78 Peut-on en déduire pour autant que les décisions des agences sont sans conséquence sur les marchés ? Pour répondre correctement à la question, il convient de signaler que les agences ne dégradent pas la note d’un pays du jour au lendemain. Elles lancent des avertissements en modifiant la « perspective » (positive, négative ou neutre) liée à leur notation. Si cette perspective est abaissée de stable à négative, il faut s’attendre à une dégradation prochaine de la notation. Avant d’enlever aux États-Unis leur triple A, le 5 août 2011, Standard & Poor’s avait ainsi mis le pays sous perspective négative dès le mois d’avril. Quant à la France, dégradée le 13 janvier 2012, la menace de l’agence était déjà tombée en décembre 2011. Cet élément de la méthode de communication des agences est essentiel à souligner, car les annonces de modification de perspective ont parfois plus d’effet que les dégradations effectives elles-mêmes (puisque ces dernières sont attendues de longue date). En effet, les menaces permettent aux marchés de s’adapter et d’anticiper l’évolution possible des notations. Ainsi, dans le cas de la France, l’annonce de décembre 2011 a eu un effet immédiat, comme l’explique Carol Sirou : « Cette fois-là, les taux français avaient bondi, alors que les taux allemands se détendaient. L’écart de rendement entre les obligations françaises et allemandes à 10 ans était passé de 0,92 à 1,33 % en trois jours, ce qui n’est pas anodin ! » [69]. Par contre, en janvier 2012, l’abaissement effectif de la note de la France ne s’est pas traduit par une hausse des taux. Un phénomène similaire s’était produit pour les États-Unis quelques mois plus tôt.
2.5.3. Des critiques multiples
79 Quant on ne les accuse pas de précipiter la chute des États en difficulté ou de suivre aveuglément les marchés, les grandes agences de notation sont suspectées de se livrer entre elles à certaines surenchères afin d’occuper le haut de l’affiche. À la mi-janvier 2012, Standard & Poor’s dégrade pas moins de neuf pays [70] de la zone euro et met un terme au triple A de la France. Un mois plus tard environ, Moody’s abaisse elle aussi la note de six pays européens [71] et annonce, dans la foulée, la possible dégradation de pas moins de 114 institutions financières européennes. Certes, cette « menace » est conforme à l’un des dogmes des agences de notation : une banque ne peut se prévaloir d’une notation plus élevée que le pays auquel elle est associée. Toutefois, estime Georges Ugeux, PDG de Galileo Global Advisor (petite banque d’affaires internationale présente à New York) [72], « on a l’impression que Moody’s avait perdu la main après l’annonce par son concurrent Standard & Poor’s de la dégradation d’une série de pays, et que Moody’s recherche le sensationnalisme pour revenir sur le devant de la scène. De telles actions globales affaiblissent la crédibilité des agences. Il est impossible que Moody’s ait pu analyser individuellement en si peu de temps le cas de 114 institutions. Ce n’est matériellement pas possible. Il faut donc prendre cette annonce comme un jugement global sur le secteur » [73].
80 Trop rapides, trop lentes, suiveuses, dictatrices, inutiles, etc. : quand il s’agit de notation souveraine, on ne sait plus très bien dans quel sens prendre la critique à l’égard des agences. Mais force est de constater que celles-ci sont le réceptacle d’une animosité certaine.
81 Sur son blog financier, repris par le journal Le Monde, Georges Ugeux estime que pour convaincre les États de participer au processus de notation, les agences ont exercé une forme de chantage, en faisant valoir auprès des États qu’il était dans leur intérêt de coopérer plutôt que de se voir imposer une notation. Pour Georges Ugeux, les banques d’affaires auraient soutenu le discours des agences, expliquant aux États que sans notation, le coût de leurs emprunts serait supérieur. Il précise encore que malgré leurs nombreuses faiblesses, attaquer les agences de notation relève de l’hypocrisie de la part des dirigeants européens : « Il suffit pour s’en convaincre de les voir s’attribuer le mérite des notations positives et le blâme sur les agences de rating des notations négatives. » [74]
2.5.4. Un impact aggravant sur la crise de la zone euro ?
82 Dans le cadre de la crise de la zone euro, les agences de notation se voient depuis plusieurs mois accorder une audience sans précédent. D’aucuns prêtent à leurs annonces et à leurs notations un rôle de facteur aggravant de la crise.
83 De nombreux analystes et acteurs politiques font remarquer que le premier des facteurs déclencheurs et aggravants de la crise sont les déficits publics qui caractérisent aujourd’hui certains pays européens et les nombreuses hésitations qui accompagnent les discussions européennes pour sortir de l’impasse – deux éléments qui ne sont en rien imputables aux agences. Ainsi, le leader des libéraux au Parlement européen, Guy Verhofstadt, a déclaré en janvier 2012 : « Je ne suis pas fan des agences de notation, mais il semble évident qu’elles ne font que mettre en avant le manque de courage politique et de leadership nécessaire pour trouver une solution. Elles ne devraient pas être accusées pour leur analyse sévère et critique des échecs des décideurs politiques. Les décideurs européens devraient plutôt lire cette analyse et mettre en œuvre les recommandations qu’elle propose. » [75]
84 Le cas de la Grèce fait cependant débat [76]. Même si la Grèce a dissimulé jusqu’en 2009 le poids réel de son endettement, les agences n’ont pas su anticiper les conséquences de l’augmentation de la dette publique du pays, de sa perte de compétitivité et des faiblesses de son système fiscal, et donc in fine, le risque de défaut du pays. Fitch Ratings, Moody’s et Standard & Poor’s ont surnoté les pays du sud de l’Europe dans les années 2000 parce qu’elles pensaient que leur appartenance à la zone euro réduisait le risque de défaut de paiement qui leur était associé. Cette période d’attentisme des agences a laissé place en 2009 à plusieurs dégradations de la note grecque dans un laps de temps de quelques mois à peine, ce qui a accru de manière importante les difficultés de la Grèce à se financer sur le marché obligataire, alors même que son gouvernement imposait à la population des efforts contraignants d’assainissement budgétaire.
2.6. ACTIVITÉS ANNEXES
85 En marge de la notation des titres de dette, les agences de notation exercent également des activités annexes telles que le conseil aux entreprises et la vente d’informations statistiques, d’études et de fichiers.
2.6.1. Conseil aux entreprises
86 Les agences peuvent également assumer le rôle de conseiller. Une entreprise peut en effet se faire conseiller auprès d’une agence sur l’impact que ses décisions pourraient avoir sur l’évolution de sa notation. De par les conflits d’intérêt qu’elle risque de susciter, les régulateurs cherchent à encadrer cette activité de conseil, surtout en Europe.
2.6.2. Vente d’informations statistiques, d’études et de fichiers
87 Enfin, les agences peuvent compter sur une source de financement supplémentaire, provenant de la vente d’informations statistiques, d’études et de fichiers. Comme l’explique Mireille Bardos, consultante, ex-responsable de l’Observatoire des entreprises de la Banque de France, « pour mener à bien leur activité, les agences doivent approfondir constamment leur réflexion et avoir recours à des travaux de recherche pointus : études sur le contexte économique, modèles mathématiques pour construire leurs produits financiers et en évaluer le risque, statistiques de défaut sur des cohortes d’émetteurs, constitution de bases de données. Cette information se diffuse via un système de souscription particulièrement onéreuse » [77].
3. LES AGENCES DE NOTATION : QUEL POUVOIR ?
88 Depuis le commencement de la crise de la dette en Europe, chaque nouvelle possible dégradation annoncée par une agence de notation est accueillie par des cris de protestation, tant dans la presse et dans la société civile que dans les déclarations de mandataires politiques. Si certains estiment que l’endettement européen justifie ces révisions de notes, d’autres n’hésitent en effet pas à qualifier de « diktats » les avis financiers émis par les agences de notation.
89 Il convient donc de tenter de percevoir, au-delà des idées reçues nées des craintes et des fantasmes collectifs, quel est le réel pouvoir des agences de notation. Cet exercice permet notamment de se rendre compte que, si ces institutions sont incontestablement incontournables – ce qu’elles resteront probablement longtemps encore, en dépit de certains projets, étant profondément ancrées dans la culture des investisseurs –, elles affirment n’avoir aucune volonté d’influer sur les décisions politiques. En réponse aux nombreuses critiques qui leur sont adressées, elles rappellent notamment que leur ambition se cantonne à fournir des opinions, que les investisseurs et les marchés sont ensuite libres de partager ou non. Elles soulignent également le fait qu’il n’est pas rare que leurs notes soient instrumentalisées par certains responsables politiques, qui les détournent de leur réelle signification pour influencer les processus décisionnels et, en particulier, pour justifier des mesures impopulaires auprès de leurs électeurs.
3.1. DES INSTANCES INCONTOURNABLES
90 La mondialisation des marchés des capitaux a rendu inéluctable le recours aux notations des agences. Il est en effet difficile pour un investisseur potentiel d’évaluer, sur simple lecture du prospectus d’émission d’une obligation, toutes les subtilités qui entourent celle-ci (environnement économique, secteur d’activité, enjeux liés à la concurrence, fiscalité et législation en vigueur dans le pays d’émission, etc.), a fortiori lorsque l’émetteur se trouve dans un pays lointain. Les agences jouent donc le rôle de tiers indépendants afin de rassurer les investisseurs sur la qualité des actifs qu’ils souhaitent acquérir. La notation permet une comparaison au plan international.
91 Un autre facteur majeur du caractère actuellement incontournable des agences est la référence qui est faite à leurs notations dans des réglementations officielles.
92 Dans les années 1930 déjà, suite à la crise, il a été clairement demandé aux banques américaines de se séparer des titres « spéculatifs » et de ne conserver que ceux pouvant appartenir à la catégorie « investissement ». Et c’est aux agences de notation que la Securities and Exchange Commission (SEC), tout juste créée (1934), a confié le soin d’évaluer la qualité des titres en question.
93 Au plan mondial, ce sont les accords de Bâle II [78] sur la réforme des normes prudentielles, entrés en vigueur fin 2006, qui offrent leur heure de gloire aux agences de notation et participent à une déresponsabilisation progressive des investisseurs qui se voient « forcés » de recourir aux notations. Le Comité de Bâle est une organisation internationale qui regroupe les représentants des régulateurs bancaires et des banques centrales de vingt-sept pays, dont les principaux pays industrialisés, et qui compte comme principale mission de définir les règles prudentielles à imposer aux institutions bancaires. Les accords de Bâle II ont pour vocation de mieux appréhender les risques de crédit des banques, via une révision des exigences en fonds propres.
94 Le ratio Cooke, dans les accords de Bâle I, imposait aux banques de détenir au moins 8 % de fonds propres comparativement au crédit financé. Mais ce ratio ne tenait pas compte de la qualité de l’emprunteur, et une série de banques ont alors privilégié certains placements plus risqués et en théorie plus rémunérateurs. Les accords de Bâle II imposent aux banques un autre ratio, le ratio Mc Donough, qui prend en compte le risque de défaut des emprunteurs et implique une évaluation de ce risque par les agences de notation, de manière directe ou indirecte (c’est-à-dire lorsque la banque évalue elle-même ce risque, mais s’en réfère aux notations des agences à titre de comparaison).
95 La transposition en droit belge de la directive européenne sur les marchés d’instruments financiers offre un autre exemple de la référence faite aux agences dans la réglementation. Ce texte de 2007 précise en effet qu’« un instrument du marché monétaire est considéré comme de haute qualité si toutes les agences de notation compétentes l’ayant évalué lui ont décerné leur meilleure note. Un instrument qui n’a pas été noté par une agence compétente ne peut pas être considéré comme de haute qualité » [79]. Même les banques centrales se réfèrent aux notations dans le cadre de leur politique monétaire, l’usage de ces notations n’étant cependant en rien automatique.
3.2. UNE ALTERNATIVE POSSIBLE SE DESSINE
96 De nombreux économistes et spécialistes de la question estiment qu’il faut aujourd’hui se « désintoxiquer » (sic) des agences de notation et faire en sorte que leurs notes ne représentent plus qu’un avis parmi d’autres. Ceci passe, dans un premier temps, par un retrait progressif des références aux notations des agences dans les réglementations financières. Ce travail est désormais amorcé.
97 Au niveau international, le Conseil de stabilité financière (CSF) a publié, en octobre 2010, une série de principes visant à réduire l’importance accordée par les autorités et les établissements financiers aux notations établies par les agences. Dans ce cadre, il a préconisé de supprimer les références à ces notations dans la législation, ou de les remplacer par d’autres mesures lorsqu’il en existe, et d’exiger des investisseurs qu’ils procèdent à leurs propres évaluations. Ces principes ont été entérinés par le sommet du G20 à Séoul en novembre 2010 [80].
98 Sous l’impulsion de ce même G20, et suite à la crise des subprimes, les accords de Bâle III ont été publiés en septembre 2010. Ils visent à renforcer à nouveau les fonds propres et les garanties de liquidités des banques. La Commission européenne a été la première à adopter, le 20 juillet 2011, un texte visant la transposition de ces accords [81]. À cette occasion, Michel Barnier, commissaire européen chargé du Marché intérieur, a déclaré : « Nous sommes trop dépendants vis-à-vis des notations, et je souhaite supprimer autant que possible la référence aux notations dans les règles prudentielles. C’est une question essentielle de stabilité financière. Nous proposons aujourd’hui de renforcer l’exigence faite aux banques de mener elles-mêmes leurs propres analyses de risque, sans se reposer mécaniquement sur celles des agences. » [82]
99 En juillet 2010, a également été adoptée aux États-Unis la loi Dodd-Frank (cf. infra). Celle-ci préconise le retrait des références aux notations dans les réglementations financières. La référence à la notion d’investment grade est ainsi directement remplacée par l’expression « conforme aux standards de solvabilité » dans certaines lois-phares [83].
100 Cette première phase de « désintoxication » semble donc en bonne voie. Reste à trouver une alternative crédible au système actuel. Dans le prolongement de la déclaration faite par Michel Barnier, certains économistes, dont Norbert Gaillard, estiment que « la seule alternative crédible à la notation passe par le développement de systèmes de scorings [84] au sein des grands établissements de crédit et compagnies d’assurance. Les régulateurs nationaux seraient chargés de vérifier que ces scorings ne sont pas des extrapolations des notations financières, mais reposent bien sur des modèles robustes indépendants, pouvant incorporer non seulement le risque de crédit, mais également les autres types de risque (liquidité, change, contrepartie, etc.). (…) C’est en “ré-internalisant” l’analyse du risque que l’on parviendra à se “désintoxiquer” de la notation financière, à multiplier les opinions sur les marchés et à “re-responsabiliser” les régulateurs et les investisseurs » [85].
101 Pour que la mutation s’opère, le chemin reste cependant encore long. Le recours aux notations des agences est un moyen d’analyse simple, rapide et peu coûteux, de sorte que, outre le fait que les réglementations financières y faisant référence foisonnent, la notation est également aujourd’hui profondément ancrée dans la culture d’investissement [86]. Dans un avis rendu en mars 2012 [87], le Comité économique et social européen (CESE) exprime des doutes quant à la concrétisation de l’injonction faite aux institutions financières de réaliser par elles-mêmes leurs propres analyses et notations de crédit : « Actuellement, on n’attache d’importance pour l’essentiel qu’aux notations des agences établies (…). Dans le même temps, le CESE doute des capacités des plus petites institutions financières à créer des départements d’analyse qui effectueraient ces notations. »
3.3. QUELLE PLACE SUR L’ÉCHIQUIER POLITIQUE ?
102 Il y a quelques années encore, le grand public n’entendait jamais parler des notations souveraines. Aujourd’hui, elles rythment le discours des dirigeants politiques. Mais quelle est la réelle volonté des agences d’influencer les décisions politiques, et dans quelle mesure leurs notations sont-elles instrumentées par les gouvernements ?
3.3.1. Une absence revendiquée de volonté d’influence
103 Dans un entretien accordé au Trends-Tendances, Carol Sirou, présidente de Standard & Poor’s France, défend les agences de vouloir jouer un quelconque rôle sur l’échiquier politique : « La notation souveraine est devenue tellement médiatique que certains voudraient qu’on devienne des commentateurs de la vie politique ! Mais ce n’est pas notre métier. Il y a des gens très compétents pour cela. (…) Notre rôle n’est pas de donner des indications de politiques publiques. Notre métier, c’est d’apprécier la capacité d’un emprunteur à rembourser sa dette dans le futur. Qu’il y arrive d’une manière ou d’une autre, ce n’est pas notre affaire. (…) Je peux vous assurer que la plus mauvaise publicité qu’on puisse se faire, c’est la notation souveraine. Cela crée une telle émotion, voire la cristallisation d’un certain nombre de comportements, que ce n’est pas une approche tactique. La dette souveraine, c’est près de 40% de l’encours mondial de dette obligataire. (…) Or, le business de la notation souveraine doit représenter moins de 10 % de notre chiffre d’affaires. » [88]
104 Pourquoi les agences de notation sont-elles perçues comme voulant jouer un rôle politique, alors qu’elles affirment qu’il n’en est rien ? Sans doute en partie parce qu’elles sont soumises à l’obligation légale de motiver leurs décisions de notation. Or dans certains cas, la frontière est très étroite entre une justification de note et l’expression d’une opinion politique.
105 Le 13 janvier 2012, la France et l’Autriche perdent leur triple A, tandis que sept autres pays membres de la zone euro se voient dégradés par Standard & Poor’s. Dans un communiqué, l’agence justifie sa décision par le fait que la réponse apportée par les dirigeants européens à la crise financière occulte d’après elle une partie du problème en ne retenant comme source de celui-ci que les difficultés budgétaires en périphérie de la zone euro. « Selon nous, les problèmes financiers de la zone euro résultent tout autant des déséquilibres externes et des différences de compétitivité entre le cœur de la zone euro et sa « périphérie ». Par conséquent, nous pensons qu’un processus de réforme fondé sur la seule austérité budgétaire risque de ne pas fonctionner, dans la mesure où la demande intérieure chute avec les inquiétudes des consommateurs quant à la sécurité de l’emploi et des revenus disponibles, ce qui entraîne une diminution des recettes fiscales nationales. » Nous avons ici un bel exemple de la raison pour laquelle les agences de notation sont aujourd’hui souvent perçues comme des acteurs politiques.
106 Soulignons bien que rien n’oblige les décideurs politiques à se plier aux vues des agences de notation. Pour preuve, la chancelière allemande, Angela Merkel, première partisane de la rigueur budgétaire en Europe, réagit à la dégradation des notes des neuf pays de janvier 2012, en faisant totalement fi de l’argumentation de Standard & Poor’s que nous venons d’évoquer : « Nous sommes désormais sous pression pour mettre en œuvre rapidement et de façon décidée le pacte budgétaire (...) et il ne s’agit pas d’essayer de l’adoucir partout où l’on peut, mais de donner des garanties de finances solides pour l’avenir », déclare-t-elle au congrès de son parti, le CDU, à Kiel [89]. La parole des agences n’est donc pas d’évangile.
3.3.2. Une instrumentalisation des notations par certains dirigeants politiques
107 Jean-Michel Six, responsable des études économiques pour l’Europe chez Standard & Poor’s depuis 2005, constate que « dans des périodes difficiles, comme celles que nous connaissons depuis 2007, d’autres utilisateurs tels que les politiques font usage de nos notes. Notamment lorsqu’elles leur sont favorables. Ce qui n’est pas au départ leur destination. Il y a donc parfois une certaine instrumentalisation de nos notes. » [90]
108 Ainsi, il est intéressant de constater à quel point Nicolas Sarkozy et François Hollande ont fait de la conservation du triple A de la France un enjeu incontournable de la course à l’élection présidentielle française de 2012. Dans la majorité du président sortant N. Sarkozy (UMP), le discours a bien entendu dû s’adapter au gré des circonstances.
109 En juin 2011, N. Sarkozy déclare : « Je n’ai pas été élu pour que la France connaisse un jour les problèmes de la Grèce, de l’Irlande ou du Portugal. » Et Franck Louvrier, conseiller à l’Élysée, d’enfoncer le clou : « Avec les socialistes, on aurait perdu notre note AAA. » En septembre 2011, le ton prend des accents de défi. « Nous avons un objectif et une obligation : conserver le AAA », explique N. Sarkozy, rejoint par son ministre de l’Économie, François Barouin : « Nous serons là pour conserver ce triple A. C’est une condition nécessaire pour protéger notre modèle social. » Lorsque des menaces de dégradation sont lancées par Standard & Poor’s en décembre 2011, le discours au sein de la majorité encore en place effectue un sérieux virage, prenant ses distances avec l’importance à accorder aux notations et notamment à la sauvegarde du triple A : « Les marchés et les agences de notation ont leur logique. Ils sont dans l’immédiat, dans l’instantané. Mais ce qui importe, ce n’est pas leur jugement d’un jour, c’est la trajectoire politiquement structurée et budgétairement rigoureuse que l’Europe, que la France, ont décidé d’adopter. » [91] Commentant ce « revirement », l’ex-ministre de la Défense et des Affaires étrangères (elle a remis sa démission en février 2011), Michèle Alliot-Marie (UMP), parle « d’erreur de communication » [92]. Toujours est-il que dans l’intervalle, N. Sarkozy a réussi à rendre indispensables, au nom du maintien du triple AAA, la réforme des retraites ou le non-remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite. En ces temps d’austérité, les agences de notation, tant décriées, ont donc apporté au gouvernement français un mobile aisé pour exiger de la part des Français une série d’efforts, dont deux plans de rigueur.
110 Dans l’opposition également, le triple A devient un élément de communication incontournable lors de la campagne présidentielle. Une fois la France dégradée, le 13 janvier 2012, le Parti socialiste n’a plus qu’à s’engouffrer dans la brèche. La première secrétaire du parti, Martine Aubry, déclare ainsi le jour même de l’annonce de Standard & Poor’s : « Monsieur Sarkozy restera le président de la dégradation de la France. Ce sont les Français qui vont payer le prix. » [93] « Nicolas Sarkozy avait fait de la conservation du triple A un objectif de sa politique et même une obligation pour son gouvernement. C’est ainsi qu’avaient été justifiés pas moins de deux plans de rigueur en quatre mois. Cette bataille, et je le regrette, a été perdue », indique quant à lui le candidat François Hollande [94]. Dans les médias, la dégradation de la France provoque une véritable tempête. Dans nombre d’organes de presse, elle sonne comme la défaite de Nicolas Sarkozy dans sa course à l’Élysée. L’analyse est sans doute exagérée. Mais cet épisode démontre à quel point certains dirigeants politiques peuvent instrumentaliser la notation afin de servir leurs intérêts, au risque de voir parfois la stratégie se retourner contre eux. Il montre aussi combien le discours du monde politique et des médias peut parfois être éloigné de la réalité des marchés. En effet, contrairement à ce qui avait été annoncé, le marché obligataire a complètement ignoré la dégradation des neufs pays européens. Il avait en effet déjà anticipé cette dégradation et s’était adapté [95]. Par ailleurs, c’était oublier les deux autres agences de notation. En l’occurrence, la France conserve à ce jour son triple A auprès de Moody’s et de Fitch.
111 En Belgique également, les décideurs politiques, lors des négociations menées entre juin 2010 et décembre 2011 pour la formation du gouvernement fédéral, ont considéré les menaces ou sanctions des agences de notation comme une contrainte externe certes, mais également comme un adjuvant extérieur permettant de faire avancer certains débats ou même de débloquer l’une ou l’autre situation.
112 Le 14 décembre 2010 déjà, Standard & Poor’s presse les négociateurs d’offrir rapidement un gouvernement à la Belgique, sous menace d’une dégradation dans les six mois. Le pays est à ce moment noté AA+ par l’agence américaine, juste en dessous du triple A. Le 25 novembre 2011, alors que les négociateurs échouent depuis plusieurs semaines à s’accorder autour de la confection du budget, et après un claquement de porte temporaire mais très médiatique du formateur Elio Di Rupo, Standard & Poor’s met ses menaces à exécution et dégrade la Belgique de AA+ à AA. Tous les négociateurs s’accordent alors sur l’urgence d’aboutir rapidement à un budget pour rétablir la confiance des marchés au plus vite. Le 26 novembre, soit le lendemain de l’annonce de Standard & Poor’s, ils adoptent la cinquième épure budgétaire du formateur, avant la réouverture des places boursières le lundi 28 [96]. Dans les jours qui suivent, les partis écologistes (qui ne sont pas associés à la formation du gouvernement) reprochent aux négociateurs de mener, au sujet de l’adoption du budget, une communication visant à rassurer les agences et les marchés et passant sous silence vis-à-vis de la population un certain nombre de mesures prises, dont l’abandon de mesures fiscales « vertes ». Georges Gilkinet, député fédéral Écolo, parle alors de « gouvernement Standard & Poor’s ».
3.4. CRITIQUES ET DÉFENSE
113 En marge de la question de leur influence réelle sur la sphère politique, les agences de notation font l’objet, depuis une bonne dizaine d’années, de controverses et de critiques.
114 Pour Pierre Cailleteau (Moody’s), les agences de notation s’exposent de par leur fonction à la critique. Leurs notations sont publiques et deviennent donc une cible facile pour des analyses rétrospectives. « De même, il est dans la nature des choses que les “bons” ratings soient aussi peu commentés que les trains qui arrivent à l’heure. » [97]
3.4.1. Des manques d’anticipation
115 La première critique qui est adressée aux trois grandes agences transnationales est qu’elles n’ont pas réellement anticipé un certain nombre d’événements majeurs, tels que la crise asiatique de 1997, les scandales financiers début 2000 (Enron, Worldcom et Parmalat), la crise des subprimes en 2007 et la crise actuelle de la dette en Europe et aux États-Unis.
116 Dans le cas d’Enron, pour le secteur énergétique, et de Parmalat, pour le secteur agroalimentaire, les agences évoquent pour leur défense les comptes truqués des deux entreprises. Avant leurs faillites respectives, Enron se classait sixième au rang mondial énergétique et Parmalat assurait à elle seule 1 % du PIB italien. Concernant Enron, les agences ont attendu le 28 novembre 2001, soit quatre jours avant la faillite, pour placer l’entreprise en catégorie « spéculative ». Le scénario est similaire pour Parmalat. Comme elles l’ont alors précisé, les agences ne sont pas des auditeurs, elles n’en ont pas les moyens humains. Elles sont contraintes de baser leurs analyses sur les données contenues dans les comptes certifiés que les entreprises leur remettent, or dans le cas présent ces données étaient frauduleuses.
117 Quelques jours avant sa banqueroute, à l’automne 2008, la banque d’affaires américaine Lehman Brothers figurait encore dans la catégorie « investissement » des trois grandes agences de notation. Celles-ci n’ont pas cru à l’émergence de la faillite du géant bancaire, tout simplement parce qu’elles s’attendaient à ce que l’État américain porte secours à la banque, comme il l’avait fait pour d’autres institutions financières. Cet exemple montre une autre limite des agences, qui provient du fait qu’elles tiennent compte dans leur notation d’éléments autres que quantitatifs. Certains semblent attendre des agences qu’elles lisent dans une boule de cristal, ce qu’elles ne font clairement pas.
3.4.2. Le phénomène d’auto-réalisation
118 Il est également souvent reproché aux agences d’avoir tendance à surréagir et d’ainsi précipiter les difficultés de certains émetteurs en révisant à la baisse la qualité de leur crédit sur la base de jugements estimés hâtifs par les émetteurs concernés.
119 Pour Jean-René Fourtou, devenu PDG du groupe Vivendi Universal en remplacement de Jean-Marie Messier, les agences de notation financières ont contribué à détériorer la situation de son entreprise, plongée durant l’été 2002 dans une spirale dépressive qui l’a menée aux portes de la faillite. Déjà confrontée à un problème de dette colossale, Vivendi, après la dégradation de sa note par Standard & Poor’s et surtout Moody’s, a été soumise à une grave crise de liquidités, ne pouvant plus recourir que difficilement au marché du crédit.
120 C’est ce que certains observateurs nomment le phénomène d’auto-réalisation ou self-fulfilling prophecy. Au lieu de prévenir le risque d’insolvabilité, la dégradation parfois tardive et sévère d’une notation concrétise le risque de défaut en rendant le marché du crédit moins accessible à ceux qui reçoivent une mauvaise note. Plus récemment, en juillet 2011, après que Moody’s a dégradé la note du Portugal de quatre crans, Pier Carlo Padoan, secrétaire général adjoint et chef économiste de l’OCDE, s’en est pris aux trois grandes agences et à leurs tendances procycliques : « Elles produisent des prophéties qui s’auto-réalisent. Ce n’est pas vrai qu’elles transmettent des informations : elles expriment des jugements, entraînant une accélération de tendances déjà à l’œuvre. C’est comme pousser quelqu’un qui est au bord d’un ravin. Elles aggravent la crise. » [98]
121 Citons également les cas de figure où, après une longue période durant laquelle elles sont restées sans réaction, les agences multiplient les dégradations dans un court laps de temps. La Grèce est exemplative des conséquences d’un tel revirement tardif et soudain. Le pays a ainsi « bénéficié » d’une période de relatif attentisme de la part des agences avant de subir des dégradations rapprochées et importantes de sa notation. Le rapport d’information du Sénat français publié en juin 2012 indique qu’après avoir laissé la note grecque inchangée de 2003 à 2009, Moody’s l’a dégradée de neuf crans en l’espace de seulement quinze mois, accroissant bien entendu les difficultés de recours au crédit d’un État déjà aux prises avec les plans successifs d’assainissement budgétaire.
122 En Belgique, le rapport de la commission Dexia estime lui aussi les agences responsables, par leurs révisions de notation et l’auto-réalisation qu’elles impliquent, d’avoir asphyxié la banque belgo-française : « Les jours suivants la mise sous surveillance de la note à court terme par Standard & Poor’s, le 23 mai 2011, Dexia a perdu 6 milliards d’euros de liquidités. » [99] « Les dégradations et/ou mises sous surveillance des notes de Dexia au cours de l’année 2011 par les deux plus grandes agences de notation de crédit, à savoir Moody’s et Standard & Poor’s, ont été déterminantes dans l’accès aux liquidités sur le marché interbancaire pour le groupe (…). Le fait de jouir d’une notation élevée était vital pour Dexia à cause du business model sous-jacent à l’essor du groupe. Cette dépendance était plus forte que pour n’importe quel autre grand groupe bancaire européen étant donné le relatif manque de financement stable de Dexia par rapport à sa taille de bilan. » [100]
123 Il semble également, comme pour le cas de la Grèce, que Dexia ait « bénéficié » d’un certain attentisme de la part des agences, avant que celles-ci ne se montrent soudainement très sévères : « L’agence s’est rendue compte que la situation financière de Dexia, que le risque de liquidité persistant et l’exposition à la dette souveraine rendaient particulièrement vulnérable à une dégradation de la situation, avait été indûment et trop longtemps préservée des foudres de Moody’s au cours des années précédentes, y compris lors de l’avis favorable rendu en février 2010. Dans les circonstances de 2011 [101], il convenait de se montrer relativement plus dur envers les faibles pour montrer aux investisseurs institutionnels que Moody’s anticipait les problèmes plutôt que de les subir, et Dexia présentait un profil adéquat pour une telle démonstration. D’après cette piste évoquée par le management, il y aurait donc eu une volonté délibérée d’aboutir à la conclusion que le groupe devait être dégradé, et seule la pugnacité dont Dexia a fait preuve dans son combat contre les projets de décision, en mars et juin 2011, ont permis de retarder l’échéance, sans toutefois l’éviter. » [102]
124 La critique d’auto-réalisation a cependant son pendant. De nombreux observateurs estiment en effet que les agences de notation ne font que jouer leur rôle de « thermomètre ». « Quand on est malade, on n’accuse pas le thermomètre, on se soigne. Or les pays occidentaux sont malades d’avoir trop dépensé, d’être trop endettés », explique par exemple sur son blog Yves Thréard, journaliste et éditorialiste au Figaro.
3.4.3. L’exemple des subprimes
125 Force est toutefois de reconnaître que le thermomètre a montré de sérieuses défaillances en ce qui concerne la notation des produits subprimes.
126 Plusieurs mises en garde ont été lancées par les analystes des trois grandes agences. « Le titre serait structuré par une vache qu’on lui donnerait sa note », expliquait ainsi en 2007 un analyste dans un courriel interne rendu public un an plus tard par la Securities and Exchange Commission (SEC, agence officielle fédérale des États-Unis) [103]. Les avertissements des analystes portaient notamment, nous apprend la lecture d’un rapport émis par le Sénat américain, sur le manque de moyens humains destinés à la notation des produits structurés et aux éventuelles dégradations à opérer. Ils n’ont pas été suivis. Fin 2006, Peter D’Erchia a ainsi prévenu son management au sein de Standard & Poor’s. Pour toute réponse, ce responsable du groupe de suivi des produits structurés a reçu une évaluation négative en 2007, avant d’être écarté de son poste en 2008 pour une nouvelle position ne demandant plus la supervision d’un groupe d’analystes [104].
127 Avant que la crise n’éclate, le segment « produits structurés » s’avérait particulièrement lucratif pour les agences, atteignant presque 50% de l’ensemble de leurs profits [105]. Les honoraires pour la notation d’un CDO s’élevaient alors à entre 250 000 et 500 000 dollars et pour la plupart de ces CDO, deux notations d’agences différentes étaient requises [106]. « De tels enjeux financiers pour une classe d’actifs en plein boom ont inévitablement affecté l’objectivité et la qualité des ratings attribués », constate Norbert Gaillard [107]. Les agences ont fait preuve de complaisance auprès des institutions financières qui émettaient ces produits structurés, quitte à les surnoter, de manière à gagner des parts de marché. On parle alors de ratings shopping. Standard & Poor’s aurait ainsi délibérément utilisé une méthodologie dépassée afin de pouvoir expliquer ex post la surnotation de produits structurés [108]. Indépendamment de cette culture commerciale douteuse pour un secteur voulant asseoir sa crédibilité sur son indépendance, les agences n’ont pas su faire face à la complexité des produits concernés. Leur méthodologie s’est en outre heurtée à un manque crucial de données statistiques sur les crédits les plus risqués, camouflés à travers les différentes couches de crédits des produits structurés.
128 Dès juillet 2007, le système s’est emballé et les agences de notation ont dû procéder à un changement de politique, en révisant à la hâte la note de milliers de produits structurés (RMBS et CDO). « Au total, plus de 90 % des RMBS émis en 2006 et 2007 qui avaient reçu la note AAA ont été dégradés dans la catégorie spéculative, parfois moins d’un an après leur émission », peut-on lire dans le rapport d’information publié par le Sénat français [109]. Compte tenu des règles prudentielles en vigueur, les investisseurs institutionnels (banques, fonds de pension, assurances) se sont alors vu contraints de céder rapidement ces titres qui n’appartenaient plus à la catégorie « investissement ». La crise financière de 2008 était amorcée. Pour autant, il serait réducteur de désigner les agences de notation comme seules coupables de la crise, en occultant les responsabilités d’autres acteurs tels que les banques, qui ont elles aussi profité du système, ou les investisseurs, qui ont parfois manqué de discernement en faisant une confiance aveugle dans les notes qui leur étaient livrées.
3.4.4. Deux exemples récents
129 Deux événements plus récents sont encore venus compléter les « faits d’armes » reprochés aux agences de notation. C’est Standard & Poor’s qui est ici, à deux reprises, montrée du doigt.
130 Le 5 août 2011 tout d’abord, elle a décidé de dégrader la note de l’État fédéral américain de AAA à AA+. La décision était dans l’air, justifiée notamment par l’endettement important des États-Unis et dans un contexte de blocages budgétaires importants entre la Maison-Blanche et le Congrès. Moins attendue par contre était l’erreur d’appréciation de 2 000 milliards de dollars commise selon le Trésor américain par l’agence de notation en ce qui concernait l’évaluation de la dette publique américaine. Dans son analyse, Standard & Poor’s évaluait à 93 % du PIB cette dette à l’horizon 2021, tandis que le Trésor américain avançait le chiffre de 85 % du PIB. Après avoir tenté de se défendre, Standard & Poor’s a concédé que les hypothèses retenues par le Trésor américain étaient plus fiables que celles qu’elle avait elle-même adoptées. Suite à cela, Deven Sharma, président de Standard & Poor’s depuis 2007, a été remplacé par le directeur opérationnel de Citibank, Douglas Peterson, le 12 septembre 2011, mais l’agence de notation n’est pas revenue pour autant sur sa décision de dégrader les États-Unis, considérant que le problème d’endettement du pays à moyen terme restait entier.
131 Le 10 novembre 2011, plusieurs clients de Standard & Poor’s ont été informés que la France venait d’être dégradée, perdant ainsi son précieux triple A. Cette annonce, démentie moins de deux heures après par l’agence de notation, a été faite dans un contexte pré-électoral chargé, où la défense du triple A français était devenu un enjeu symbolique dans la course à la présidence. Standard & Poor’s a assuré qu’il s’agissait d’une erreur informatique : la dégradation ne concernait pas la France mais son système bancaire. La conséquence sur les marchés n’en a pas moins été immédiate. En fin de séance, l’écart entre les taux à dix ans français et allemand (le spread) était le plus important enregistré depuis 1990. Si ce jour-là ou ceux qui ont suivi, la France avait dû se financer via une émission obligataire, l’erreur de Standard & Poor’s aurait donc pu se révéler très onéreuses pour l’État français. L’Autorité européenne des marchés financiers mène actuellement l’enquête sur cet incident. De son côté, la France n’a pas entamé de poursuites. « Y a-t-il eu faute ? », se demande Édith Weemaels, avocate chez NautaDutilh. « On peut dire que oui, puisqu’il y a eu un manque de diligence et d’attention. Mais quel est le dommage ? Quelle est la part de la réaction des marchés dans la perte de valeur qui aurait eu lieu conséquemment ? C’est très difficile à évaluer. C’est un problème qu’on rencontre dans toutes les matières financières. Sur les marchés, il n’y a jamais une cause unique à un événement, il est le résultat d’un panel d’événements. » [110] Le 13 janvier 2012, la France a finalement bel et bien été dégradée par Standard & Poor’s. Entre-temps, les marchés ont eu le temps d’anticiper et d’absorber l’information.
3.5. DE POTENTIELS CONFLITS D’INTÉRÊT
132 Depuis les années 1970, les agences de notation facturent leurs services aux émetteurs de titres qu’elles notent. C’est le modèle de l’émetteur-payeur. Cela soulève la question de possibles conflits d’intérêt. Les agences se retrouvent en effet juges et parties, et certains mettent en doute leur objectivité, partant du principe que la tentation doit être grande pour elles de surnoter leurs clients.
133 Certes, les agences défendent le sérieux de leurs analyses en rappelant que seule leur réputation leur assure la confiance du marché et qu’il ne serait pas dans leur intérêt d’attribuer des notes par complaisance. Mais toujours est-il que Standard & Poor’s et Moody’s appliquent, par prudence, une décote aux notations que Fitch Ratings attribue aux produits structurés. Elles considèrent que cette dernière, bénéficiant d’une réputation moindre qu’elles, pourrait avoir tendance à surnoter les émissions pour attirer de nouveaux clients et accroître ses parts de marché [111].
134 Surtout, force est de constater qu’il est des cas de figure où les conflits d’intérêt potentiels sont relativement évidents. Avec l’émergence de la titrisation dans les années 1990, les institutions financières chargées de constituer et de distribuer des produits structurés se sont tournées vers les agences de notation dans un rôle de conseil. Ces agences sont également devenues responsables, dans un second temps, d’établir une notation pour ces mêmes produits. Pour rappel, à la veille de la crise des subprimes, l’activité concentrée autour des produits structurés constituait en moyenne 50 % du chiffre d’affaires des trois grandes agences [112]. « Un studio de cinéma qui paie les critiques et se sert ensuite de leurs éloges à des fins publicitaires », c’est en ces termes que le sénateur américain Jim Bunning décrit les relations entre les banques et les agences de notation dans le cadre de la crise des subprimes [113].
135 Plusieurs économistes, s’appuyant sur un rapport de la SEC publié en juillet 2008, indiquent également que certaines agences, sans que cela soit devenu la règle, ont pu faire prendre en charge par les mêmes professionnels à la fois la notation et des activités de conseil [114]. Cela est aujourd’hui interdit, du moins en Europe, pour l’élaboration des produits structurés. Le règlement européen du 16 septembre 2009 indique en effet qu’« afin de prévenir les conflits d’intérêts potentiels, il convient que les agences de notation de crédit axent leur activité professionnelle sur l’émission de notations. Elles ne devraient pas être autorisées à exercer une activité de consultant ou à offrir des services de conseil. En particulier, elles ne devraient pas formuler de propositions ou de recommandations concernant la conception des instruments financiers structurés. Elles devraient toutefois être autorisées à fournir des services accessoires, lorsque cela ne crée pas de conflit d’intérêts potentiel avec l’émission de notations de crédit » [115]. De même, dans les annexes de ce même règlement, il est stipulé qu’« une agence de notation de crédit ne fournit pas de services de consultant ou de conseil à une entité notée ou à un tiers lié en ce qui concerne leur structure sociale ou juridique, leurs actifs, leur passif ou leurs activités » [116]. Dans la pratique cependant, puisque cela ne constitue pas à proprement parler une activité de conseil, rien n’empêche une agence de notation d’informer son client de quelle note il obtiendrait à la suite de telle ou telle opération.
136 Pour atténuer le problème des conflits d’intérêt, certains économistes évoquent la possibilité de mettre en place un intermédiaire, comme par exemple l’AEMF, entre les émetteurs et les agences. Les émetteurs paieraient le service de notation à cet intermédiaire, qui choisirait à quelle agence confier l’analyse de notation. Les honoraires seraient ainsi versés préalablement et indépendamment de l’attribution de la note [117]. Il est toutefois fort probable que cette alternative au mode de financement actuel entraînerait une hausse du coût de la notation, en raison de l’intervention d’un acteur supplémentaire dans le processus de notation [118]. De leur côté, les régulateurs ont eux aussi tenté plus ou moins fermement de limiter ces conflits d’intérêt, tout en essayant de ne pas limiter outre mesure la liberté de management interne des agences (cf. infra).
3.6. LES NOTATIONS, DE SIMPLES OPINIONS
137 Les agences aiment à rappeler que les notations qu’elles émettent ne sont que des opinions, que les investisseurs et les marchés ont la liberté de suivre ou non. Moody’s prévient ainsi sur son site Internet que « les notations de crédit sont, non pas des déclarations de fait ou des recommandations d’acheter, de vendre ou de détenir des titres, mais des déclarations d’opinion, et elles doivent être considérées comme telles » [119]. Ce terme d’« opinion » est important, car le premier amendement de la Constitution américaine protège la liberté d’expression.
3.6.1. De simples évaluations de risque
138 En septembre 2007, Vickie Tillman, alors vice-présidente exécutive de Standard & Poor’s, a expliqué devant le comité bancaire du Sénat américain, suite à la crise des subprimes, que « les notations ne sont pas une garantie de performance, mais une évaluation du risque de défaillance des titres notés ».
139 Les agences ont également déclaré à plusieurs reprises que si elles étaient parfaitement prescientes, elles ne proposeraient que deux types de notation : « fera défaut » ou « ne fera pas défaut ». La ligne de communication adoptée sur leurs sites Internet vise également à les dédouaner de toute responsabilité quant à l’utilisation de leurs notes. On y lit ainsi : « Dans la mesure où il existera toujours des événements imprévisibles, la notation de crédit ne peut être une science exacte. (…) Standard & Poor’s considère qu’une obligation notée AA possède une meilleure qualité de crédit qu’une obligation notée BBB. Pour autant, la notation AA ne garantit aucunement l’absence de défaut mais représente, seulement, sur le fondement de notre opinion, une moindre probabilité de défaut qu’une notation BBB. » [120] Ou encore : « Le jugement de Moody’s quant à l’opportunité pour une banque d’investir ou non dans une obligation n’est pas contenu dans les notations de Moody’s. » [121]
140 Autrement dit, les agences émettent une opinion à l’intention des investisseurs et elles ne sont en rien responsables si leurs notes influencent ensuite les marchés. « L’ensemble de l’industrie financière s’est très largement droguée au triple A, longtemps considéré comme sans risque. Ce que les agences n’ont jamais dit. Le risque zéro n’existe pas », explique Carol Sirou, présidente de Standard & Poor’s France [122].
3.6.2. Vers une responsabilité juridique
141 Les « opinions » émises par les agences n’ont pas été sans conséquence. Or, jusqu’il y a peu, amener une agence de notation devant la justice semblait mission impossible. Protégées par le premier amendement de la Constitution américaine, leur responsabilité ne pouvait être évoquée que si un émetteur parvenait à prouver qu’elles avaient fourni des analyses erronées de manière malveillante [123] ou si un investisseur établissait une fraude de la part de l’agence (publication d’une opinion dans le but de tromper les investisseurs) [124]. Plus largement, les investisseurs ne peuvent pas, contrairement aux émetteurs, attaquer les agences sur la base de relations contractuelles. Ils doivent dès lors prouver qu’ils ont subi un préjudice, que l’agence a commis des erreurs lors de l’élaboration de sa notation, et qu’il existe un lien entre la faute commise par l’agence et le préjudice subi par l’investisseur. Le Sénat français donne une belle illustration des difficultés qu’un investisseur peut rencontrer : « Si une agence omet d’organiser la rotation de ses analystes, en violation du règlement européen de 2009, elle commet une faute que le régulateur peut sanctionner. Mais, encore faut-il prouver que cette faute a influencé la notation précise d’un émetteur. Enfin, l’investisseur devra prouver que cette notation (erronée) a guidé ses décisions et lui a causé un préjudice. » [125] Très peu d’affaires ont ainsi été menées en justice.
142 Toutefois, des brèches commencent à se creuser dans cet édifice juridique. Début octobre 2011 s’est ainsi ouvert un procès opposant treize villes australiennes à Standard & Poor’s. Elles réclament à l’agence des millions de dollars, car elles estiment avoir été trompées par les excellentes notes attribuées à des produits financiers s’étant révélés de très mauvaise qualité [126]. C’est la première fois qu’une agence est amenée à défendre sa notation proprement dite devant un tribunal. Jusqu’alors, chaque fois qu’une agence avait été attaquée en justice, seule la pertinence d’invoquer ou non sa responsabilité avait été évoquée.
143 Aux États-Unis, une décision de justice de septembre 2009 [127] a estimé que le premier amendement ne peut être évoqué lorsque les plaignants sont un petit groupe d’investisseurs, car l’opinion délivrée par les agences vise alors un groupe restreint et non le public en général [128]. Par ailleurs, avec l’adoption du Dodd-Frank Act, en juillet 2010, les États-Unis ont reconnu aux agences de notation le statut d’expert et les ont soumises à des dispositions plus strictes en matière de responsabilité civile. La loi Dodd-Frank estime notamment que la responsabilité des agences est engagée dès lors que leur note figure dans le prospectus d’une émission obligataire. Toutefois, les agences n’ont pas tardé à trouver une parade à cette prise de position légale, craignant bien entendu une inflation du nombre d’actions intentées à leur égard. Elles ont tout simplement refusé que leurs notes continuent à être publiées dans les prospectus. Or, sans mention officielle de la précieuse notation sur le prospectus d’émission, les émetteurs ont craint de voir le marché du crédit leur fermer des portes. Ils s’en sont plaints auprès de la SEC et une marche arrière a été opérée sur ce point du Dodd-Frank Act, les agences remportant donc ce bras de fer d’influence. La volonté du Congrès américain n’en demeure pas moins de traiter davantage les agences de notation comme des entités commerciales et, à ce titre, de les empêcher de recourir systématiquement au premier amendement.
144 En Europe, la responsabilité civile des agences dépend de la législation nationale en vigueur, ce qui pousse parfois les agences à choisir une législation plutôt qu’une autre pour le régime contractuel qu’elles imposent à leurs clients. La question de la responsabilité civile est en effet cruciale pour les agences car elles considèrent qu’un système juridique trop « répressif » pourrait fortement entraver leur business. Le Royaume-Uni privilégie par exemple le principe selon lequel l’acheteur doit être vigilant, ce qui n’est pas sans plaire aux agences. Le 15 novembre 2011, la Commission européenne a toutefois émis une série de nouvelles propositions concernant les agences. Elle a indiqué à cette occasion qu’« une agence de notation doit être tenue pour responsable si elle enfreint, intentionnellement ou par négligence grave, le règlement sur les agences de notation, en causant un préjudice à un investisseur qui s’est fondé sur la note fournie à la suite d’une telle infraction. Ces investisseurs devraient intenter une action en responsabilité civile auprès des tribunaux nationaux. La charge de la preuve incomberait à l’agence de notation » [129]. Il est en effet difficile pour le plaignant de démontrer une faute dans le chef d’une agence sans pouvoir accéder à des données confidentielles relative au fonctionnement interne de celle-ci. « Bien évidemment, les agences ne sauraient être présumées fautives, sans quoi leur responsabilité risquerait d’être engagée à tort et à travers. L’investisseur ou l’émetteur devrait d’abord présenter des éléments suffisamment solides pour établir que l’agence a peut-être commis une faute. Il reviendrait alors à cette dernière de prouver que ce n’est pas le cas. » [130]
145 Ces nouvelles dispositions font partie d’un projet de règlement européen actuellement à l’examen et devant compléter le règlement de 2009. Les opposants à une mesure visant à accroître la responsabilité imposée aux agences estiment qu’une telle décision engendrerait un coup qui serait immanquablement répercuté auprès des émetteurs et pousserait les agences à adopter une attitude attentiste.
146 Il est à noter que, quand bien même la responsabilité juridique des agences serait reconnue, un problème pratique persisterait dans la collecte des indices. Comme l’explique Édith Weemaels, avocate chez NautaDutilh, « dès le moment où vous avez une notation et un rapport de notation, vous ne savez toujours pas quelles informations l’émetteur a remises à l’agence de notation puisque c’est confidentiel. Vous ne savez pas si la méthode de notation a été la bonne, comment les calculs ont été faits, combien de temps l’analyste a réellement passé sur sa notation… Ça fait beaucoup d’inconnues » [131]. Devant ces difficultés manifestes à mettre en cause la responsabilité juridique des agences, Norbert Gaillard propose une autre voie : l’obligation de publier le plus largement possible, via par exemple la presse économique, aux frais de l’agence, les infractions qui seraient relevées par l’AEMF [132].
3.6.3. Enquêtes menées par des autorités publiques
147 Outre les actions en justice, les agences font également l’objet depuis peu d’une série d’enquêtes. Selon la presse américaine, le New York Times en tête, le Département de la Justice américaine aurait ainsi ouvert une enquête concernant les notes attribuées par Standard & Poor’s et Moody’s à des actifs adossés à des prêts immobiliers responsables de la crise financière de 2008.
148 Comme précédemment évoqué, l’Autorité européenne des marchés financiers mène également une enquête sur l’annonce erronée de la dégradation de la France en novembre 2011.
4. LES RÈGLES S’APPLIQUANT AUX AGENCES DE NOTATION
149 Jusqu’il y a peu, les grandes agences de notation prônaient avec force les vertus de l’auto-régulation, garante de leur indépendance et, selon elles, de la qualité des notes qu’elles attribuent. Mais sous le poids des critiques toujours plus nombreuses, elles ont dû peu à peu renoncer à cette auto-régulation pure et simple. Même si le processus d’encadrement de l’activité des agences a été entamé tardivement et timidement, il semble s’être accéléré ces dernières années. Depuis quelques temps déjà, l’idée d’une réglementation plus contraignante appliquée aux agences de notation fait son chemin de part et d’autre de l’Atlantique.
4.1. LES RÉGLEMENTATIONS AUX ÉTATS-UNIS
150 Jusque tard dans le XXe siècle, les agences de notation n’ont été soumises à aucune obligation réglementaire aux États-Unis (et, partant, dans le monde). La première contrainte leur a été fixée par la SEC en 1975, et la première loi américaine les concernant date de 2006.
4.1.1. Réglementation de la SEC : le statut NRSRO (1975)
151 En 1975, la Securities and Exchange Commission (SEC), autorité américaine de réglementation et de contrôle des marchés financiers, leur impose d’obtenir le statut de Nationally Recognized Statistical Rating Organizations (NRSRO). Cette accréditation est accordée au cas par cas et ne repose à l’origine sur aucun critère strict. Pourtant, seules les notations des agences ayant obtenu cette accréditation peuvent être utilisées à des fins prudentielles aux États-Unis. Pour acquérir le statut NRSRO, les agences doivent démontrer à la SEC qu’elles disposent des ressources financières adéquates et d’un personnel de qualité pour mener à bien leur activité et que leurs notations inspirent la confiance aux principaux investisseurs publics du pays. En 1975, seules les trois grandes reçoivent le titre de NRSRO.
152 Les conditions d’attribution de ce label seront toutefois jugées trop peu explicites et une série de critères d’attribution seront proposés en 1997 par la SEC, sans aboutir toutefois à une réglementation officielle [133]. Celle-ci ne verra le jour qu’en 2006, avec l’adoption par le Congrès américain du Credit Rating Agency Reform Act (cf. infra).
4.1.2. Réglementation de l’OICV : le code de bonne conduite (2004)
153 Entre-temps, et suite aux scandales financiers d’Enron, Worldcom et Parmalat, un code de bonne conduite [134] est adressé aux agences de notation en décembre 2004, dans le cadre de l’Organisation internationale des commissions de valeurs (l’OICV) [135]. Même si ce code de bonne conduite n’est pas contraignant, il sonne sans aucun doute le début de la fin de l’auto-régulation pure et simple prônée par les agences de notation.
154 Les grands principes de ce code de bonne conduite sont répartis en quatre axes : qualité et intégrité du processus de notation ; indépendance des agences et nécessité d’éviter les conflits d’intérêt ; responsabilités des agences vis-à-vis des émetteurs comme des investisseurs ; confidentialité de l’information. Le code stipule par exemple que les agences de notation doivent disposer de ressources humaines suffisantes, qui peuvent se prévaloir de l’expérience et de l’expertise requises pour garantir la qualité des notations qu’elles émettent. Figurent aussi parmi les principes édictés par le code de bonne conduite les points suivants : informer les autorités financières sur les conflits d’intérêt existants, séparer l’activité de notation de toute autre activité ou encore stipuler si une notation a été établie avec la participation, ou non, de l’émetteur.
155 Ce code a été révisé à plusieurs reprises depuis lors.
4.1.3. Réglementation du Congrès : le Credit Rating Agency Reform Act (2006)
156 C’est le 26 septembre 2006, avec l’adoption par le Congrès américain de la loi dite Credit Rating Agency Reform Act [136], qu’interviennent pour la première fois une définition et des conditions d’obtention officielles du titre NRSRO [137]. Selon cette loi, celui-ci est délivré à des agences de notation actives depuis au moins trois années consécutives avant leur demande d’agrément, dont la qualité des notations est reconnue par les grands investisseurs institutionnels des États-Unis et qui sont enregistrées auprès de la SEC. Pour procéder à cet enregistrement, la SEC réclame aux agences certaines informations sur leur structure organisationnelle et sur l’utilisation faite des données confidentielles. Les bénéficiaires du titre doivent également communiquer désormais à la SEC des informations concernant leurs procédures et méthodologies ainsi que des données statistiques relatives à la robustesse des notations (taux de défaut, historiques de dégradations de notes, etc.). Tout conflit d’intérêt susceptible d’exister au sein d’une agence doit également être communiqué à la SEC. Le 27 septembre 2007, celle-ci a formellement reconnu sept agences en tant que NRSRO. Elles sont aujourd’hui au nombre de dix [138].
4.1.4. Modifications du cadre législatif par la SEC (2009)
157 Peu de temps après l’adoption du Credit Rating Agency Reform Act, qui permet à la SEC d’exiger des agences un certain nombre d’informations sur leur activité, la crise des subprimes et ses répercussions sur la sphère économique mondiale relancent le débat autour de l’encadrement accru des agences de notation. C’est dans ce contexte difficile que la SEC adopte, début 2009, de nouvelles mesures réformant le cadre législatif en place. L’objectif est clair : renforcer à la fois la responsabilité des agences, la transparence des informations et la concurrence dans l’industrie de la notation [139].
158 Par là, la SEC entend notamment introduire davantage de transparence dans la notation des produits structurés. Souvent par le passé en effet, les investisseurs n’ont pas fait preuve de suffisamment de vigilance et se sont fiés à des notations qui ont l’avantage de rester simples pour évaluer ces produits pourtant extrêmement complexes. Selon les nouvelles règles édictées par la SEC, les agences habilitées NRSRO doivent désormais publier un rapport sur les spécificités du risque lié aux produits structurés et sur les procédures et méthodologies de notation qui s’y rapportent. Une alternative leur est toutefois offerte : celle d’utiliser un symbole propre à la notation de ces produits structurés, les différenciant des autres types de notation.
159 Grâce à plusieurs mesures, la SEC s’attaque également au problème des conflits d’intérêt. Elle interdit ainsi aux agences NRSRO de noter une société ayant précédemment bénéficié de recommandations de leur part dans le cadre d’une activité de conseil. Il est également dorénavant interdit aux analystes impliqués dans le processus de notation de prendre part aux débats concernant les honoraires à verser par l’émetteur.
160 Tout ceci n’empêche toutefois que des critiques subsistent à l’égard des agences de notation : manque de concurrence entre agences, absence de contrôles, opacité entourant les critères de notation, etc.
4.1.5. Réglementation du Congrès : le Dodd-Frank Act (2010)
161 La crise économique et financière qui sévit en 2008 pousse le Congrès américain à lancer le plus important chantier de réforme du système financier aux États-Unis depuis les années 1930. La loi Dodd-Frank (Dodd-Frank Wall Street Reform and Consumer Protection Act) [140], signée le 21 juillet 2010 par le président Barack Obama, est l’aboutissement de ces travaux. Il s’agit d’un véritable mastodonte législatif, dont toutes les dispositions n’ont pas encore été mises en œuvre à l’heure d’écrire ce Courrier hebdomadaire (septembre 2012). Les principaux axes de cette loi concernent la création de nouvelles instances de réglementation et le renforcement des pouvoirs accordés aux instances existantes, notamment la SEC, la limitation de l’investissement des banques dans des fonds de pension ou du capital à risque, et la protection renforcée des consommateurs et des actionnaires.
162 Les agences de notation sont également visées. La loi prévoit ainsi la création d’un département au sein de la SEC, l’Office of Credit Ratings, chargé de superviser leur activité. Ce bureau existe depuis juin 2012. L’obligation d’informer la SEC sur les méthodologies en vigueur au sein des agences de notation est une nouvelle fois renforcée, bien que la complexité et l’opacité desdites méthodes restent un frein au contrôle. La loi Dodd-Frank impose également une restriction de la référence aux agences de notation dans toute une série de dispositions légales. Enfin, le Dodd-Frank Act a confié à la SEC la mission de rédiger dans les deux ans un rapport concernant la notation des produits structurés. Une autre étude, portant sur d’éventuels mécanismes d’indemnisation de la part des agences de notation, doit également être réalisée.
4.1.6. Réglementations internes des agences de notation
163 Compte tenu des évolutions réglementaires, les agences de notation adoptent, dans la seconde moitié des années 2000, une série de mesures destinées notamment à mieux faire face aux conflits d’intérêt [141]. Ainsi, en 2008, Fitch Ratings regroupe dans une nouvelle division, Fitch Solutions, des services annexes à la notation tels que la diffusion de la recherche et l’offre d’outils d’évaluation, de formation ou encore de conseil. La même année, Moody’s adopte la même attitude en créant Moody’s Analytics. Dans le même temps, Moody’s et Standard & Poor’s interdisent à leurs analystes de prendre part aux négociations commerciales des agences (c’est-à-dire aux négociations concernant la tarification des services proposés par les agences). Fait notable, Standard & Poor’s met en place en 2009 une rotation périodique de ses analystes. À l’exception de ceux travaillant sur les produits structurés, ces analystes ne peuvent exercer leurs fonctions pour un même émetteur pendant plus de cinq années consécutives. L’objectif est de diminuer les soupçons de connivence entre analystes et émetteurs.
164 Accusées d’avoir dégradé trop tard la note des produits structurés incorporant des prêts hypothécaires douteux aux États-Unis, les trois grandes agences indiquent avoir renforcé, dès 2007, les effectifs chargés de la surveillance des notations et avoir développé de nouveaux modèles et outils sur le segment des produits structurés. Début 2010, les trois grandes annoncent également leur intention de se conformer aux exigences réglementaires en ajoutant aux notes de produits de financement structurés un symbole (« SF » ou « sf » selon les agences) qui les distingue des notes attribuées à d’autres types de produits. Auparavant en effet, un triple A attribué à un produit structuré équivalait en termes de risques, du point de vue de l’investisseur, à un triple A accordé à une obligation d’État. La complexité inhérente aux produits structurés ne permet pourtant pas cette équivalence.
4.2. LES RÉGLEMENTATIONS DANS L’UNION EUROPÉENNE
165 En Europe, jusqu’au début du XXIe siècle, la supervision financière se fait essentiellement au niveau national, sans grande concertation entre États membres. En Belgique par exemple, c’est la Commission bancaire, financière et des assurances (CBFA) [142] qui constitue alors l’autorité de régulation des marchés financiers et des assurances. Trois comités européens sont compétents en matière de supervision des services financiers, mais ils n’ont alors qu’un rôle consultatif et ne peuvent formuler que des orientations non contraignantes.
166 En octobre 2008, au début de la crise, le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, réunit un groupe d’experts présidé par Jacques de Larosière (ancien président du FMI et ancien gouverneur de la Banque de France) et chargé d’émettre des recommandations pour améliorer la supervision financière en Europe.
4.2.1. Règlement européen du 16 septembre 2009
167 Au cours des Conseils européens des 20 juin et 16 octobre 2008, il est décidé de procéder à l’élaboration d’une proposition législative pour renforcer les règles qui s’appliquent aux agences de notation et à leur surveillance au niveau communautaire. Sur cette base, et grâce aux travaux du groupe d’experts présidé par J. de Larosière, l’Union européenne adopte le 16 septembre 2009 un règlementmettant en place un nouveau cadre européen de supervision des agences de notation [143]. En vigueur à partir de décembre 2010, il sera amendé en mai 2011.
168 La supervision des agences de notation est confiée à l’Autorité européenne des marchés financiers (AEMF), qui remplace le Comité des régulateurs européens (CESR). Cette institution est l’une des trois nouvelles autorités de supervision européennes instaurées dans le cadre du Système européen de surveillance financière (avec l’Autorité bancaire européenne et l’Autorité européenne des assurances et des pensions professionnelles).
169 Depuis le 1er juillet 2011, date de son entrée en fonction, l’AEMF certifie et supervise les agences de notation pour l’Europe, en collaboration avec les instances de supervision des États membres [144]. La mission de l’AEMF est triple : enregistrer les agences, mener des investigations au sein de celles-ci et centraliser les informations qu’elles doivent lui fournir. Au 30 juillet 2012, une trentaine d’agences ont reçu une accréditation de l’AEMF, dont Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch Ratings [145]. Une procédure allégée d’enregistrement est prévue pour les agences de moins de cinquante salariés. Parmi les agences enregistrées par l’AEMF, seules les trois grandes sont reconnues comme « organismes externes d’évaluation de crédit » (OEEC) – organismes compétents pour évaluer les actifs sur la base des règles définies pour la régulation bancaire –, mais ce point est actuellement discuté dans le cadre du nouveau règlement européen sur les agences de notation (cf. infra).
170 Selon le rapport publié en juin 2012 par le Sénat français, on comptait à la fin de l’année 2011, au sein de l’AEMF, douze équivalents temps plein (en plus du chef d’unité et de son assistante) pour superviser les agences de notation européennes. L’objectif est d’atteindre vingt équivalents temps plein, ce qui est également l’effectif prévu par la loi Dodd-Frank pour l’Office of Credit Ratings. Le budget annuel consacré à la supervision des agences s’élève pour l’AEMF à 3 millions d’euros en 2011. Les frais liés à leur surveillance sont supportés par les agences, du moins par les grandes afin de ne pas imposer aux plus petites une nouvelle barrière à l’entrée sur le marché.
171 L’accréditation de l’AEMF est soumise au respect d’une série de règles [146] : les intérêts commerciaux de l’agence ne peuvent faire obstacle à la garantie d’indépendance de ses analyses [147] ; l’expérience et la qualification de ses analystes doivent être reconnues ; ses analystes ne peuvent pas noter une entité dans laquelle ils détiennent une participation ; l’agence doit divulguer tout conflit d’intérêt existant et disposer des procédures organisationnelles lui permettant de prévenir, détecter, éliminer ou gérer ce type de conflits ; l’agence ne peut fournir des services de consultant ou de conseil à une entité notée ; l’agence doit informer l’entité notée au moins douze heures avant publication de la notation ; l’agence doit utiliser pour la notation des produits structurés un symbole supplémentaire qui les distingue des autres entités, instruments financiers ou obligations ; l’agence doit identifier comme telles les notations non sollicitées, etc.
4.2.2. Règlements délégués de la Commission européenne du 21 mars 2012
172 Un règlement délégué adopté par la Commission européenne le 21 mars 2012 [148] énumère l’ensemble des données que les agences doivent fournir à l’AEMF en vue de leur enregistrement et de leur certification. Pour éviter les conflits d’intérêt découlant des activités et des intérêts économiques des propriétaires d’une agence, celle-ci doit par exemple renseigner l’AEMF sur la structure de propriété de son entreprise-mère, ainsi que sur la composition, le fonctionnement et l’indépendance de ses instances dirigeantes. Ces dirigeants sont également tenus de fournir leur curriculum vitae, un extrait récent de leur casier judiciaire et une déclaration sur l’honneur concernant leur honorabilité [149]. L’agence doit aussi fournir des informations sur la rotation des analystes de notation en chef, des analystes de notation et des personnes chargées d’approuver les notations de crédit, sur le régime de rémunération pratiqué en son sein, sur le système de formation de son personnel, sur les méthodes de notation et sur les procédures qu’elle applique pour identifier, gérer et divulguer les conflits d’intérêt. Une des difficultés auxquelles est cependant confronté le régulateur concerne l’abondance de documents fournis par les agences au nom de la transparence et qui engendre au final complexité et confusion.
173 Selon un autre règlement délégué, adopté lui aussi le 21 mars 2012 [150], toute agence de notation doit, à tout moment, être en mesure de démontrer à l’AEMF que les méthodes de notation de crédit qu’elle utilise sont conformes aux exigences du règlement du 16 septembre 2009. L’article 8 de celui-ci « impose aux agences de notation d’utiliser des méthodes de notation rigoureuses, systématiques, sans discontinuités et validées sur la base de données historiques, y compris des contrôles a posteriori ». Il est ainsi prévu qu’après enregistrement, l’AEMF évalue chaque fois qu’elle le juge nécessaire, dans le cadre de sa surveillance continue, si les agences de notation persistent à se conformer à ces dispositions.
4.2.3. Rapports de l’Autorité européenne des marchés financiers
174 Le règlement européen de 2009 prévoit que l’AEMF conduise une enquête auprès de chaque agence avant le 1er juillet 2014.
175 Steven Maijoor, président de l’AEMF, commentait en novembre 2011 : « Je m’attends à ce que nous ayons conduit des inspections sur place pour toutes les grandes agences de notation d’ici à la fin de l’année. À partir de ce travail, nous comptons publier notre premier rapport aux alentours du 1er avril prochain. (…) Si nous trouvons des infractions mineures, nous pouvons donner des instructions à l’agence de notation concernée. Si l’infraction est plus sérieuse, nous pouvons demander à l’agence d’arrêter la notation d’une entité pour quelque temps, prononcer une amende, pouvant aller jusqu’à 750 000 euros [151], voire, dans le pire des cas, retirer la licence. (…) Je pense que la réglementation actuelle représente déjà une avancée spectaculaire par rapport à la situation de dérégulation complète que nous avions avant la crise. (…) Je suis convaincu que ces nouvelles exigences réglementaires contribueront à améliorer le niveau du secteur et celui de ses notations. Cela prend toujours un peu de temps avant qu’une industrie ne change. » [152]
176 Le premier rapport de l’AEMF sur le sujet a été publié le 22 mars 2012. Dans celui-ci, l’agence explique qu’elle a donné la priorité aux investigations concernant les trois plus grandes agences enregistrées, à savoir Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch Ratings. Ces contrôles, effectués sur place, donnent lieu à quelques observations.
177 L’AEMF déplore ainsi que certaines parties du processus interne de notation, comme le travail effectué au sein du comité de notation (discussions et votes), ne soient pas l’objet d’un compte rendu systématique. Elle estime également que les membres de ce comité de notation devraient bénéficier d’un laps de temps plus long pour étudier les documents qui sont portés à leur connaissance pour exprimer leur vote lors de la notation. Compte tenu de la complexité croissante qui caractérise les marchés financiers, l’AEMF préconise également, même si elle estime que les agences ont déjà fait des efforts dans ce sens, d’accroître le personnel des agences et son expertise. Enfin, l’AEMF enjoint les agences de clarifier leur méthodologie et de regrouper tous les critères pertinents dans un seul document exposant la méthodologie générale. À ce stade, l’AEMF n’a pas encore déterminé si ces observations font figure de violations au règlement européen de 2009. Aucune sanction n’a encore été prononcée.
4.2.4. Vers un nouveau règlement européen
Les propositions de la Commission européenne
178 Le 15 novembre 2011, quelques jours après l’« erreur » de Standard & Poor’s, dégradant la note de la France avant de se rétracter, la Commission européenne a édicté une série de mesures nouvelles qui sont actuellement débattues au Parlement européen et au Conseil. C’est un nouveau tour de vis que Michel Barnier, commissaire européen chargé du Marché intérieur, souhaite imposer aux agences. Les grands axes de cette nouvelle proposition de réglementation sont les suivants [153] :
- afin d’empêcher les établissements financiers de se fier exclusivement et aveuglément aux notations de crédit pour leurs investissements, une obligation générale serait imposée aux investisseurs d’effectuer leurs propres évaluations de crédit ;
- les agences de notation devraient transmettre leurs notations à l’AEMF, laquelle veillerait à mettre gratuitement à la disposition des investisseurs toutes les notations disponibles pour un instrument de créance donné, sous la forme d’un indice européen de notation (EURIX). L’objectif de la Commission est ici de mettre en valeur le travail des petites agences ;
-
les États membres seraient notés plus fréquemment (tous les six mois au lieu
de douze). Pour éviter toute désorganisation des marchés, les notations
souveraines ne seraient publiées qu’après la clôture des marchés de l’Union
européenne, et au moins une heure avant leur ouverture. Michel Barnier
a également annoncé que les gouvernements concernés seraient avertis 24 heures avant publication de la note afin qu’ils puissent réagir le cas échéant ; - les émetteurs auraient l’obligation de changer tous les trois ans l’agence qui les note. Cette mesure aurait pour objectif de favoriser la concurrence sur le marché de la notation ;
- deux notations provenant de deux agences différentes seraient requises pour les instruments financiers structurés complexes ;
- la responsabilité civile des agences de notation devrait, comme indiqué supra, pouvoir être évoquée : « La Commission propose, en cas d’infraction intentionnelle, ou par négligence grave, aux obligations qui découlent du règlement sur les agences de notation, d’ouvrir la possibilité de former un recours en responsabilité civile en cas de préjudice causé par cette infraction au cas où l’infraction en question a influencé la notation de crédit à laquelle un investisseur se serait fié. » Les règles du droit civil applicables seraient celles du pays dans lequel l’investisseur résidait au moment du préjudice [154].
180 Une autre proposition importante vise à suspendre temporairement la notation des États ayant requis une aide financière de la part du FMI ou de l’Europe [155]. Le projet n’a pas été abandonné, mais a toutefois été jugé trop peu abouti et a été remis à plus tard. Le vice-président du Parlement européen, l’eurodéputé italien de centre-gauche Gianni Pittella, semble convaincu par le principe. Il estime que certaines notations souveraines s’appuient davantage sur des considérations politiques que sur des analyses techniques et souhaiterait voir confier ces notations à la Cour des comptes européenne ou à la Banque centrale européenne [156]. D’autres estiment qu’une interdiction de noter les États profitant d’une aide renforcerait la défiance des investisseurs à leur égard.
181 L’idée d’empêcher les grandes agences de notation de reprendre des concurrents de taille plus modeste a quant à elle été purement abandonnée ; le projet a été jugé incompatible avec les règles européennes sur la concurrence.
Un processus en cours
182 Le projet devant engendrer un nouveau règlement européen, succédant à celui de 2009, est actuellement à l’examen et ne devrait aboutir à un texte final qu’à la fin de l’année 2012, voire au début de 2013. Ce texte a cependant déjà été soumis au Comité économique et social européen (CESE), qui a rendu son avis le 29 mars 2012 [157].
183 Dans son avis, le CESE estime que « la proposition de la Commission modifie et complète de manière appropriée le règlement de 2009 (…). Le Comité relève toutefois que, dans certaines parties du règlement, les aspects concrets font défaut ». Le CESE estime également « qu’il convient de soutenir dans toute la mesure du possible le cadre européen que pose la proposition de règlement à l’examen, par des négociations au niveau des États du G20 sur l’application d’une réglementation semblable sur le territoire de ces États également, afin de garantir la cohérence de ces règles à l’échelle mondiale ».
184 Le CESE préconise enfin, afin « de créer un nombre suffisant de nouveaux débouchés », de raccourcir la période de rotation des agences, fixée à trois ans, qui devrait être imposée aux investisseurs par le nouveau règlement européen. C’est toutefois le contraire qui est advenu. Fin juin 2012, les parlementaires européens de la Commission des affaires économiques et financières, chargée de se prononcer avant que le texte ne soit débattu au niveau des États membres, ont en effet renoncé au principe de rotation des agences, sauf pour les produits structurés (pour lesquels une rotation est envisagée tous les cinq ans). Comme il n’existe pas actuellement d’alternative crédible aux trois grandes, nombre de parlementaires, d’entreprises et de banques ont critiqué la mesure proposée par la Commission européenne, estimant que l’instauration d’un système de rotation obligatoire conduirait les agences à simplement « attendre leur tour », et non à améliorer la qualité de leurs analyses en vue de convaincre les émetteurs [158]. Quant à eux, les investisseurs ont dit redouter que la discontinuité dans le processus de notation, induite par la rotation, ne conduise à des notes plus instables, ce qui remettrait en cause leur stratégie d’investissement [159].
185 Les députés européens de la Commission des affaires économiques et monétaires ont également amendé le texte original de la Commission européenne, afin « d’exiger que chaque agence prépare et publie un calendrier annuel de dates pour la publication des notations des dettes souveraines, afin de donner aux États le temps de s’y préparer ». En vue de réduire l’ampleur des conflits d’intérêts, les députés européens proposent aussi qu’une agence ne soit plus autorisée à émettre des notations pour les entités qui détiennent plus de 2 % de son capital ou de ses droits de vote. En outre, aucun détenteur de plus de 5 % du capital ou des droits de vote d’une agence ne pourrait détenir des actions dans une autre agence de notation. Selon le texte amendé, l’Union européenne ne pourrait plus non plus faire référence aux notations de crédit à des fins réglementaires, et les institutions financières réglementées ne seraient pas autorisées à vendre, de manière automatique, leurs actifs en cas d’abaissement de la notation [160].
4.2.5. Mise en perspective
186 L’arsenal législatif européen s’est donc fortement étoffé ces dernières années. Xavier Dieux, professeur de droit à l’ULB, parle même d’une « tendance à l’hyperrégulation des agences de notation. D’une auto-régulation à une réglementation supra-étatique contraignante, les agences de notation sont sans doute devenues les acteurs du monde financier les plus strictement contrôlés ». Il prend pour exemple la responsabilité civile des agences, qu’il sera possible d’invoquer en cas de faute grave, ou encore les 73 infractions possibles et sanctionnables par l’AEMF listées dans les annexes du règlement européen de 2009. Dans les deux cas, Xavier Dieux souligne qu’apparaissent des problèmes d’interprétation [161].
187 Il est également important de rappeler que cette logique de contrôle s’oppose à la nature même de ces agences de notation, qui restent des entités privées et commerciales. Le règlement européen de 2009, notamment en son article 23, ne permet pas à l’AEMF, à la Commission, ni à aucune autorité publique d’un État membre d’interférer avec le contenu des notations de crédit ou avec les méthodes appliquées.
CONCLUSION
188 Depuis une dizaine d’années, les critiques pleuvent à l’égard des agences de notation, et en particulier à l’égard des trois plus grandes d’entre elles au plan international : Standard & Poor’s, Moody’s et Fitch Ratings. La notation souveraine, visant les États, déclenche en particulier l’émotion. Dans la presse, les décisions prises par les mandataires politiques semblent suspendues aux menaces de dégradation des notes souveraines par les trois principales agences. Dans l’imaginaire collectif, il n’en faut pas plus pour que ces entités privées soient souvent perçues comme exerçant une véritable dictature sur les politiques nationales et européennes (voire comme le bras droit des États-Unis en Europe). « Promptes à jouer la surenchère », « attentistes », « dictatrices », « inutiles », etc., les qualificatifs qui leur sont donnés ne manquent pas et s’adaptent au gré des situations. Certains médias leur attribuent des « superpouvoirs », quand d’autres les traitent de pyromanes.
189 Les scandales financiers du début des années 2000 (Enron, Worldcom, Parmalat) et la crise des subprimes de 2007 ont particulièrement mis en lumière les limites et les faiblesses des agences de notation. Dans les deux cas, les agences étaient tributaires d’informations externes qu’elles ne maîtrisaient pas : les renseignements sur lesquels elles avaient dû s’appuyer étaient entachés de fraude ou trop complexes pour être réduits à une simple notation. Dans le cas des subprimes, les moyens humains et l’expertise nécessaire pour faire face à la complexité croissante qui caractérise la sphère financière n’ont pas suivi, sacrifiés au profit d’une logique commerciale des plus discutables compte tenu des conséquences. D’autant que les agences étaient amenées à conseiller les institutions financières sur des produits qu’elles allaient ensuite noter, ce qui n’allait pas sans poser la question de potentiels conflits d’intérêt.
190 La composante qualitative de la notation, destinée à mettre en perspective les données purement quantitatives que les agences récoltent auprès des émetteurs, oppose encore un peu plus la notation à la notion de « science exacte ». Les agences de notation elles-mêmes ne remettent pas en cause cette réalité. Leur tâche se borne, indiquent-elles clairement, à émettre une opinion par rapport à un risque de défaut et leurs notations, insistent-elles, ne sont pas à l’abri d’éléments exceptionnels. Elles tiennent par ailleurs à préciser que leurs notations, loin d’être destinées à influencer les marchés, ont pour seul but de rassurer les investisseurs, victimes d’une asymétrie d’information par rapport aux obligations qu’ils souhaitent acquérir.
191 Aussi imparfaite qu’elle puisse être, la notation est devenue un instrument incontournable, suite notamment à la référence qui a été faite au recours à ces notes dès 1930 dans les réglementations officielles : elle a accordé un pouvoir indéniable aux trois grandes agences de notation de crédit et a participé à une déresponsabilisation progressive des investisseurs qui se sont vus « forcés » de recourir à ces notations. Les accords de Bâle II, en 2006, sur la réforme des normes prudentielles imposées aux institutions bancaires, ont sonné l’heure de gloire des agences. Aujourd’hui, suite au discours de nombreux acteurs économiques et politiques, comme le commissaire européen chargé du Marché intérieur, Michel Barnier, la tendance est à la suppression progressive des références aux notations dans les réglementations européennes ou internationales.
192 Comme l’explique David Lawton, responsable des marchés pour l’Autorité des services financiers britanniques : « Le défi en termes de politique publique est de travailler à la réduction de la dépendance mécanique vis-à-vis des notations. (…) Il est peu probable que nous aboutissions à une situation où elles ne jouent aucun rôle, mais elles ne doivent représenter qu’un indicateur parmi d’autres en matière de solvabilité. » [162] Le problème reste toutefois que le recours aux notations – qui constitue un moyen d’analyse simple, rapide et peu coûteux – n’est plus uniquement dicté par des obligations réglementaires amenées à disparaître : il répond aujourd’hui à une culture d’investissement bien ancrée. Quelle alternative offrir alors aux notations élaborées par les agences ? Pour plusieurs économistes, la seule alternative crédible consiste à développer les services d’analyse au sein des grands établissements de crédit et compagnies d’assurance. Cette approche est aujourd’hui fortement encouragée par l’Europe.
193 L’ouverture du marché de la notation à davantage de concurrence pourrait également réduire la dépendance des investisseurs aux trois grandes agences, provoquerait une diminution des tarifs de notation et pourrait, dans une certaine mesure du moins, participer à une amélioration de la qualité des notes émises. Dans son nouveau règlement sur les agences de notation de crédit, attendu pour la fin de l’année 2012 au plus tôt, l’Union européenne souhaite aller dans cette direction, en prenant par exemple soin de limiter les barrières à l’entrée, déjà nombreuses, pour de nouvelles agences, ou en proposant un indice européen de notation. Le chemin est toutefois encore long pour qu’une nouvelle agence internationale viennent concurrencer les trois grandes, qui peuvent se prévaloir de plus d’un siècle d’expérience. Rappelons que pour parvenir à talonner Standard & Poor’s et Moody’s, il a fallu à Fitch Ratings pas moins de vingt années d’efforts. Actuellement, le projet le plus avancé pour venir concurrencer les trois grandes reste celui d’une agence européenne mise sur les rails par le cabinet de conseil en stratégie Roland Berger.
194 Parallèlement, les États-Unis, mais surtout l’Europe ces dernières années, tentent de limiter les travers observés chez les agences en enrichissant l’arsenal réglementaire dont elles font l’objet. Les règles sont de plus en plus contraignantes, mais leur mise en pratique se heurte parfois encore à un état de fait relativement simple : les agences sont des entités commerciales privées, et ni les États-Unis ni l’Europe ne peuvent intervenir sur le management interne des agences ou sur le choix des méthodologies qu’elles mettent en place.
Notes
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[1]
Il existe également des agences de notation sociale et environnementale, qui notent les entreprises selon des critères issus de la notion de développement durable. Né à la fin des années 1990 et actuellement en pleine expansion, ce secteur comprend une trentaine de structures (Avanzi, BMJ Ratings, EthiFinance, Oekom, Vigeo, etc.).
-
[2]
Cf. N. GAILLARD, Les agences de notation, Paris, La Découverte (Repères), Paris, 2010, p. 7-11 et les sites Internet des agences Standard & Poor’s (www.standardandpoors.com), Moody’s (www.moodys.com) et Fitch Ratings (www.fitchratings.com).
-
[3]
« Allein gegen die großen drei », Die Zeit, 13 mars 2012.
-
[4]
Le groupe américain a accru de 10 % son capital dans Fitch Ratings début 2012.
-
[5]
Une liste des principales agences de notation répertoriées à ce jour au plan mondial est disponible sur le site Internet www.defaultrisk.com.
-
[6]
Des informations plus complètes sur Dagong figurent dans N. GAILLARD, A Century of Sovereign Ratings, New York, Springer, 2011.
-
[7]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée. Rapport d’information fait au nom de la mission commune d’information sur le fonctionnement, la méthodologie et la crédibilité des agences de notation, par F. Espagnec et A. de Montesquiou, Rapport n° 598, 18 juin 2012, p. 208.
-
[8]
La liste de ces dix agences NRSRO est consultable sur le site Internet www.nrsro.com.
-
[9]
N. GAILLARD, Les agences de notation, op. cit., p. 9-11.
-
[10]
Volkswagen, Daimler, Siemens, Bayer, Eon, RWE, Continental, Lufthansa, Deutsche Post, Henkel, Linde et Bertelsmann.
-
[11]
Règlement (CE) n° 1060/2009 du Parlement européen et du Conseil du 16 septembre 2009 sur les agences de notation de crédit, Journal officiel de l’Union européenne, L 302/29, 17 novembre 2009.
-
[12]
Les frais d’enregistrement varient entre 2 000 et 125 000 euros en fonction du nombre de salariés de l’agence et des caractéristiques de son activité (Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 201).
-
[13]
Ibidem, p. 209.
-
[14]
Parlement européen, Compte rendu de la Commission économique et monétaire, réunion du 24 janvier 2012, p. 2.
-
[15]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 209.
-
[16]
Le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, a en effet déclaré au Parlement européen, le 6 juillet 2011, après que Moody’s a dégradé la note des obligations portugaises : « Il semble étrange qu’il n’existe pas une seule agence de notation issue d’Europe. Cela laisse supposer qu’il pourrait y avoir un biais sur les marchés quand il s’agit d’évaluer des problèmes spécifiques à l’Europe » (« It seems strange that there is not a single rating agency coming from Europe. It shows there may be some bias in the markets when it comes to the evaluation of the specific issues of Europe »). Cf. « L’UE s’en prend aux agences de notation suite à la dégradation de la note portugaise », www.euractiv.com, 7 juillet 2012.
-
[17]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 208.
-
[18]
« Agences de notation. Le vrai, le faux et les demi-vérités », Trends-Tendance, 2 février 2012.
-
[19]
Ce cabinet de conseil est notamment actif dans les secteurs financiers.
-
[20]
Roland Berger Strategy Consultants, communiqué de presse, 13 octobre 2011.
-
[21]
« Une nouvelle agence de notation sur le Vieux Continent », Le Vif, 11 mai 2012.
-
[22]
La fondation Bertelsmann soutient de son côté un projet de création d’une agence de notation internationale spécialisée dans la notation de la dette des États et des organisations internationales (Banque mondiale, etc.).
-
[23]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 221.
-
[24]
N. GAILLARD, Les agences de notation, op. cit., p. 39.
-
[25]
L’United States Government Accountability Office a comptabilisé sept alternatives possibles à l’actuel modèle économique des agences (cf. United States Government Accountability Office, Report to Congressional Committees, GAO-12-240 : Credit Ratings Agencies. Alternative Compensation Models for Nationally Recognized Statistical Rating Organizations, janvier 2012).
-
[26]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 150.
-
[27]
P. CAILLETEAU, « Si elles n’existaient pas, faudrait-il inventer les agences de notation ? », Variances. La revue des anciens de l’ENSAE, n° 32, décembre 2007, p. 19.
-
[28]
Article 3 du règlement (CE) n° 1060/2009 du Parlement européen et du Conseil du 16 septembre 2009 sur les agences de notation de crédit, Journal officiel de l’Union européenne, L 302/9, 17 novembre 2009.
-
[29]
Le risque de défaut est le risque de ne pas pouvoir honorer ses engagements financiers aux échéances prévues.
-
[30]
Le risque de crédit représente le niveau d’incertitude de voir l’émetteur du titre de dette honorer ses obligations envers les investisseurs.
-
[31]
Une obligation est un titre négociable émis par un État, une collectivité publique, une entreprise privée ou publique. Il s’agit d’une créance pour laquelle le détenteur de l’obligation perçoit un revenu sous la forme d’un taux d’intérêt qui peut être fixe ou variable.
-
[32]
Article 10 du règlement (CE) no 1060/2009 du Parlement européen et du Conseil du 16 septembre 2009 sur les agences de notation de crédit, Journal officiel de l’Union européenne, L 302/13, 17 novembre 2009.
-
[33]
Cette prime de risque intervient via les taux d’intérêt.
-
[34]
« La notation, indispensable sésame sur les marchés obligataires ? », L’Écho, 29 mars 2012.
-
[35]
En cela, l’activité de notation se différencie de celle de scoring, qui ne repose que sur une analyse quantitative et est notamment pratiquée par les grandes institutions financières.
-
[36]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 113.
-
[37]
« États-Unis : pourquoi les agences de notation ne sont pas d’accord », Le Point, 16 août 2011, www.lepoint.fr.
-
[38]
Les critères de notation souveraine sont abordés de façon plus approfondie dans N. GAILLARD, A Century of Sovereign Ratings, op. cit.
-
[39]
« Quelle est la part quantitative de la notation souveraine de S&P ? », Flash économie. Recherche économique, n° 586, 28 juillet 2011, cib.natixis.com.
-
[40]
Le Sénat français rappelle dans son rapport que les modèles internes développés par les établissements de crédit pour évaluer leurs risques sont quant à eux soumis à validation par l’Europe. Précisons que cette contrainte est d’application car les banques doivent répondre à certaines règles prudentielles visant à garantir un certain niveau de capital.
-
[41]
Ces critères ont été affinés à travers le règlement délégué (UE) n° 447/2012 de la Commission du 21 mars 2012 complétant le règlement (CE) n° 1060/2009 du Parlement européen et du Conseil par des normes techniques de réglementation aux fins de l’évaluation de la conformité des méthodes de notation de crédit, Journal officiel de l’Union européenne, L 140, 30 mai 2012. Selon ce règlement, les agences doivent notamment préciser le poids de chaque facteur qualitatif ou quantitatif utilisé dans le cadre de leurs méthodes de notation.
-
[42]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 117.
-
[43]
Décidée le 15 novembre 2011, cette mesure, ainsi que d’autres, est actuellement examinée par le Parlement européen.
-
[44]
Chambre des représentants, Examen des circonstances qui ont contraint au démantèlement de la Dexia SA. Rapport fait au nom de la commission spéciale chargée d’examiner les circonstances qui ont contraint au démantèlement de la Dexia SA par C. Vienne, G. Rutten et K. Waterschoot, DOC 53 1862/002, 23 mars 2012, p. 314-315.
-
[45]
Le nom de l’analyste en chef est lui connu.
-
[46]
« De l’analyste au comité de notation, le travail des agences de A à Z », Le Monde, 15 janvier 2012.
-
[47]
United States Senate, Permanent Subcommittee on Investigations. Committee on Homeland Security and Governmental Affairs, Wall Street and the financial crisis : Anatomy of a Financial Collapse, 13 avril 2011, p. 304 et s.
-
[48]
Residential mortgage-backed security : titrisation de crédits hypothécaires résidentiels (produits structurés).
-
[49]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 127.
-
[50]
Chambre des représentants, Examen des circonstances qui ont contraint au démantèlement de la Dexia SA, op. cit., p. 300.
-
[51]
M. BARDOS, Les grandes agences de notation internationales : leur rôle annoncé dans la crise, vers quelle régulation ? », juillet 2009 (Les Cahiers Lasaire, n° 38).
-
[52]
Subprime désigne une catégorie d’emprunts plus risqués pour le prêteur, mais au rendement plus attractif, que la catégorie prime.
-
[53]
« Merkel sermonne les agences de notation », Libération, 5 juillet 2011.
-
[54]
« Agences de notation : la solution se trouverait dans les banques », L’Écho, 29 mars 2012.
-
[55]
N. GAILLARD, Les agences de notation, op. cit., p. 50-52.
-
[56]
L’historique de la notation souveraine est abordé de manière plus approfondie dans N. GAILLARD, A Century of Sovereign Ratings, op. cit.
-
[57]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 40 et s.
-
[58]
En décembre 2011, l’émission de bons d’État belges a été un vrai succès, puisqu’elle a permis de récolter pas moins de 5,7 milliards d’euros. Une réussite qui s’explique par une position alors peu confortable de la Belgique sur les marchés obligataires, un taux d’intérêt intéressant pour les particuliers et un message « citoyen » adressé aux épargnants belges par le Premier ministre en personne, Yves Leterme. Six mois plus tard, les taux pour les particuliers sont retombés autour des 2 % (contre 4 % en décembre 2011) et l’effet séduction n’est plus au rendez-vous.
-
[59]
« Qui paye les agences de notation ? », La Croix, 20 octobre 2011, www.lacroix.com.
-
[60]
« Dans la cuisine de Standard and Poor’s », Le Nouvel Observateur, 1er décembre 2011.
-
[61]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 50.
-
[62]
« Rating et agences tous risques », La Libre Belgique, 2 janvier 2012.
-
[63]
La France sera au final bel et bien dégradée le 13 janvier 2012.
-
[64]
Interview du 27 octobre 2011 réalisée conjointement par TF1 et France2.
-
[65]
Interview du 25 novembre 2011, sur la RTBF radio.
-
[66]
Le rendement obligataire à 10 ans de la Belgique flirte fin novembre avec les 6 % alors qu’il n’était que de 4,35 % le 22 octobre 2011.
-
[67]
« Peut-on échapper aux agences de notation ? », Télémoustique, 25 janvier 2012, p. 22-23.
-
[68]
« Agences de notation. Le vrai, le faux et les demi-vérités », Trends-Tendance, 2 février 2012.
-
[69]
Ibidem.
-
[70]
Autriche, Chypre, Espagne, France, Italie, Malte, Portugal, Slovaquie, Slovénie.
-
[71]
Espagne, Italie, Malte, Portugal, Slovaquie, Slovénie.
-
[72]
De 1996 à 2003, Georges Ugueux a été Executive Vice President International du New York Stock Exchange.
-
[73]
« Moody’s menace 131 institutions », Le Soir, 17 février 2012.
-
[74]
G. UGEUX « Agences de notation : la grande hypocrisie des gouvernements », Démystifier la finance, finance.blog.lemonde.fr, 10 juillet 2011.
-
[75]
Déclaration publiée sur le site Internet www.euractiv.com le 16 janvier 2012.
-
[76]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 100 et s.
-
[77]
M. BARDOS, Les grandes agences de notation internationales, op. cit., p. 9.
-
[78]
Banque des règlements internationaux, Convergence internationale de la mesure et des normes de fonds propres, juin 2006, www.bis.org.
-
[79]
Arrêté royal du 3 juin 2007 portant les règles et modalités visant à transposer la directive concernant les marchés d’instruments financiers [directive 2004/39/CE], Moniteur belge, 18 juin 2007.
-
[80]
Point 2.9 de l’avis du Comité économique et social européen sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil modifiant le règlement (CE) n° 1060/2009 du 16 septembre 2009 sur les agences de notation de crédit, COM(2011) 747 final – 2011/0361 (COD), Journal officiel de l’Union européenne, C 181/70, 21 juin 2012.
-
[81]
Cf. le site Internet www.ec.europa.eu.
-
[82]
Conférence de presse donnée à Bruxelles le 20 juillet 2011.
-
[83]
N. GAILLARD, Remettre la notation financière à sa juste place, Paris, Institut Montaigne, 2012, p. 34.
-
[84]
Analyse statistique du risque de crédit basée sur une série d’informations financières fournies par une entreprise à une banque dans le cadre de l’obtention d’un crédit.
-
[85]
N. GAILLARD, Remettre la notation financière à sa juste place, op. cit., p. 40-41.
-
[86]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 80.
-
[87]
Avis du Comité économique et social européen sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil modifiant le règlement (CE) n° 1060/2009 du 16 septembre 2009 sur les agences de notation de crédit, COM(2011) 747 final – 2011/0361 (COD), Journal officiel de l’Union européenne, C 181, 21 juin 2012.
-
[88]
« La finance s’est droguée au triple A », Trends-Tendances, 17 mai 2012.
-
[89]
« Merkel veut le pacte budgétaire rapidement pour rassurer les investisseurs », La Libre Belgique, 14 janvier 2012.
-
[90]
« La finance s’est droguée au triple A », Trends-Tendances, 17 mai 2012.
-
[91]
Toutes les citations de ce paragraphe sont extraites de « En France, du catastrophisme à la résignation », Le Monde, 19 décembre 2011.
-
[92]
Sur Europe 1, le 18 décembre 2011.
-
[93]
« La France perd son AAA, l’Allemagne le garde », Le Figaro, 13 janvier 2012.
-
[94]
« Fillon, après la dégradation, la confrontation », Libération, 14 janvier 2012.
-
[95]
Lorsque la France s’est retrouvée sous surveillance négative, le 5 décembre 2011, l’écart de rendement entre les obligations françaises et allemandes à 10 ans s’est accru de manière considérable, passant de 0,92 à 1,33 % en trois jours.
-
[96]
Ces deux épisodes sont relatés dans S. GOVAERT, « Les négociations communautaires et la formation du gouvernement Di Rupo (juin 2010-décembre 2011) », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 2144- 2145, 2012.
-
[97]
P. CAILLETEAU, « Si elles n’existaient pas, faudrait-il inventer les agences de notation ? », op. cit., p. 16.
-
[98]
Interview accordée au quotidien italien La Stampa, juillet 2011.
-
[99]
Chambre des représentants, Examen des circonstances qui ont contraint au démantèlement de la Dexia SA, op. cit., p. 173.
-
[100]
Ibidem, p. 294-315.
-
[101]
Après la crise des subprimes, les agences ne veulent plus être accusées de ne pas réagir assez tôt.
-
[102]
Ibidem, p. 308-309.
-
[103]
United States Securities and Exchange Commission, Office of Compliance Inspections and Examinations, Division of Trading and Markets, Office of Economic Analysis, Summary Report of Issues Identified in the Commission Staff’s Examinations of Select Credit Rating Agencies, juillet 2008, p. 12.
-
[104]
United States Senate. Permanent Subcommittee on Investigations. Committee on Homeland Security and Governmental Affairs, Wall Street and the financial crisis, op. cit., p. 309.
-
[105]
N. GAILLARD, « Agences de notation : responsabilité, régulation ou laissez-faire ? », in M. AUDIT, dir., Insolvabilité des États et dettes souveraines, Paris, LGDJ-Lextenso (Droit des affaires), 2011, p. 165-173.
-
[106]
Financial Crisis Inquiry Commission, The Financial Crisis Inquiry Report, Final report of the National Commission on the Causes of the Financial and Economic Crisis in the United States, janvier 2011, p. 132.
-
[107]
N. GAILLARD, Remettre la notation financière à sa juste place, op. cit., p. 17.
-
[108]
N. GAILLARD, « Agences de notation : responsabilité, régulation ou laissez-faire ? », op. cit., p. 165-173.
-
[109]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 104.
-
[110]
« Les agences de notation sont dans une zone de non-droit », L’Écho, 11 février 2012.
-
[111]
Ce système de décote est appelé notching (cf. E. LÉONARD, « Les agences de notation financière : des structures essentielles au fonctionnement des marchés financiers », Variances. La revue des anciens de l’ENSAE, n° 32, décembre 2007, p. 24).
-
[112]
Dans son audition devant le Sénat français, Marc Ladreit de Lacharrière (Fitch Ratings) a fait valoir que contrairement à Standard & Poor’s et Moody’s, son agence ne s’était pas précipitée sans réfléchir sur le marché juteux des produits structurés et avait au contraire réduit la voilure de moitié entre 2000 et 2006 (Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 140).
-
[113]
Audition de la Commission bancaire du Sénat américain consacrée à la crise des subprimes, 26 septembre 2009.
-
[114]
P. ARTUS, J.-P. BETBÈZE, C. DE BOISSIEU, G. CAPELLE-BLANCARD et al., La crise des « subprimes », Paris, La documentation française, 2008 (Les rapports du Conseil d’analyse économique, 78), p. 124.
-
[115]
Règlement (CE) n° 1060/2009 du Parlement européen et du Conseil du 16 septembre 2009 sur les agences de notation de crédit, Journal officiel de l’Union européenne, 17 novembre 2009, L 302/3.
-
[116]
Annexe I du règlement (CE) n° 1060/2009 du Parlement européen et du Conseil du 16 septembre 2009 sur les agences de notation de crédit, Journal officiel de l’Union européenne, 17 novembre 2009, L 302/25.
-
[117]
N. GAILLARD, « Agences de notation : responsabilité, régulation ou laissez-faire ? », op. cit., p. 165-173.
-
[118]
P. ARTUS, J.-P. BETBÈZE, C. DE BOISSIEU, G. CAPELLE-BLANCARD et al., La crise des « subprimes », op. cit., p. 123.
-
[119]
« Credit ratings are, and must be construed solely as, statements of opinion and not statements of fact or recommendations to purchase, sell or hold any securities » (site Internet www.moodys.com).
-
[120]
Site Internet www.standardandpoors.com.
-
[121]
Site Internet www.moodys.com.
-
[122]
« La finance s’est droguée au triple A », Trends-Tendances, 17 mai 2012.
-
[123]
Responsabilité dans le cadre d’une relation contractuelle.
-
[124]
Responsabilité délictuelle.
-
[125]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 166.
-
[126]
Les treize villes australiennes avaient investi 15 millions de dollars australiens (10,7 millions d’euros) en 2006 dans des produits dérivés de titres de dette (CDO) auxquels Standard & Poor’s avait attribué un « AAA » (Le Figaro, 4 octobre 2011). Lors d’une plaidoirie en mars 2012, l’avocat de Standard & Poor’s a rappelé que les notes ne constituaient qu’un « avis consultatif » et a insisté sur le fait que les collectivités en question auraient dû lire l’ensemble de l’information financière contenue dans les documents qui leur avaient été fournis, ce que certaines d’entre elles n’auraient pas fait (Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 161). Une plainte similaire a précédemment été déboutée dans l’Ohio.
-
[127]
Affaire Abu Dhabi Commercial Bank contre Moody’s et Morgan Stanley.
-
[128]
P-H. CONAC, « Une responsabilité juridique inopérante ? », Cahiers de l’évaluation, n° 5 : Notation = évaluation ?, vol. 2, février 2011, p. 73-79.
-
[129]
Commission européenne, La Commission veut des notations de crédit de meilleure qualité, communiqué de presse, IP/111/1355, 15 novembre 2011, www.europa.eu.
-
[130]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 171.
-
[131]
« Les agences de notation sont dans une zone de non-droit », L’Écho, 11 février 2012.
-
[132]
N. GAILLARD, Remettre la notation financière à sa juste place, op. cit., p. 47.
-
[133]
United States Securities and Exchange Commission, Report on the Role and Function of Credit Rating Agencies in the Operation of the Securities Markets, janvier 2003, p. 9-15.
-
[134]
Technical Committee of the International Organization of Securities Commissions, Code of Conduct Fundamentals for Credit Rating Agencies, décembre 2004.
-
[135]
En anglais, International Organization of Securities Commissions (IOSCO). Cet organisme regroupe les régulateurs des principales bourses dans le monde.
-
[136]
Postérieurement à la signature, en septembre 2006, du Credit Rating Agency Reform Act, la SEC a adopté une série de règles destinées à mettre en œuvre cette loi, dont les dernières ont été publiées en juin 2007, et qui révisent les dispositions du Securities Exchange Act de 1934.
-
[137]
Cf. le site Internet www.sec.gov.
-
[138]
A.M. Best Company, Inc. ; DBRS Ltd. ; Egan-Jones Rating Company ; Fitch, Inc. ; Japan Credit Rating Agency, Ltd. ; Kroll Bond Rating Agency, Inc. ; Moody’s Investors Service, Inc. ; Rating and Investment Information, Inc. ; Realpoint LLC ; Standard & Poor’s Ratings Services.
-
[139]
I. TCHOTOURIAN, La réponse de la Securities and Exchange Commission au risque de marché : l’encadrement de la notation (Université de Montréal, Centre de droit des affaires et du commerce international, Travaux et publications), 2009, https://papyrus.bib.montreal.ca.
-
[140]
Du nom des deux députés américains qui ont inspiré cette loi : Chris Dodd et Barney Frank.
-
[141]
Autorité des marchés financiers, Rapport 2009 de l’AMF sur les agences de notation, Paris, 9 juillet 2010.
-
[142]
La CBFA a été remplacée, avec la loi du 2 juillet 2010 et l’adoption du modèle de contrôle twin peaks, par l’Autorité des services et marchés financiers (FSMA). Certaines activités ont également été attribuées à la Banque nationale de Belgique (BNB).
-
[143]
Règlement (CE) n° 1060/2009 du Parlement européen et du Conseil du 16 septembre 2009 sur les agences de notation de crédit, Journal officiel de l’Union européenne, L 302, 17 novembre 2009.
-
[144]
L’AEMF n’en est toutefois pas moins juridiquement responsable de l’enregistrement et de la surveillance des agences de notation.
-
[145]
Celles-ci apparaissent sous le nom de leurs différents bureaux européens et n’ont été enregistrées que le 31 octobre 2011 après pas moins de quatorze mois de procédure. La liste des agences accréditées par l’AEMF est disponible sur le site Internet www.esma.europa.eu.
-
[146]
Annexe II du règlement (UE) n° 513/2011 du Parlement européen et du Conseil du 11 mai 2011 modifiant le règlement (CE) n°1060/2009 sur les agences de notation de crédit, Journal officiel de l’Union européenne, L 145, 31 mai 2011.
-
[147]
Les analystes ne peuvent pas se voir confier des fonctions commerciales (négociation tarifaire avec les clients).
-
[148]
Règlement délégué (UE) n° 449/2012 de la Commission du 21 mars 2012 complétant le règlement (CE) n° 1060/2009 du Parlement européen et du Conseil par des normes techniques de réglementation concernant les informations à fournir par les agences de notation de crédit en vue de leur enregistrement et de leur certification, Journal officiel de l’Union européenne, L 140, 30 mai 2012.
-
[149]
Fitch Ratings aurait ainsi été contrainte, pour obtenir sa licence, de nommer en dernière minute un administrateur indépendant disposant d’une bonne connaissance de la titrisation.
-
[150]
Règlement délégué (UE) n° 447/2012 de la Commission du 21 mars 2012 complétant le règlement (CE) n° 1060/2009 du Parlement européen et du Conseil par des normes techniques de réglementation aux fins de l’évaluation de la conformité des méthodes de notation de crédit, Journal officiel de l’Union européenne, L 140, 30 mai 2012.
-
[151]
Le montant maximal de l’amende ne peut excéder 20 % du chiffre d’affaires d’une agence pour l’année antérieure.
-
[152]
« Nous inspectons les grandes agences de notation », Les Échos, 2 novembre 2011, www.lesechos.fr.
-
[153]
Commission européenne, La Commission veut des notations de crédit de meilleure qualité, communiqué de presse, IP/111/1355, 15 novembre 2011, www.europa.eu.
-
[154]
Parlement européen, Commission européenne des affaires économiques et monétaires, Réforme des agences de notation : réglementer la notation des dettes souveraines, communiqué de presse, 19 juin 2012.
-
[155]
En écho à l’annonce de la dégradation de la note attribuée à la Grèce, tombée à peu de choses près au même moment que l’annonce du plan de soutien à ce pays.
-
[156]
« Gianni Pittella : Les notations souveraines doivent être émises par la BCE ou la Cour des comptes », www.euractiv.com, 7 décembre 2011.
-
[157]
Avis du Comité économique et social européen sur la proposition de règlement du Parlement européen et du Conseil modifiant le règlement (CE) n° 1060/2009 du 16 septembre 2009 sur les agences de notation de crédit, COM(2011) 747 final – 2011/0361 (COD), Journal officiel de l’Union européenne, C 181, 21 juin 2012.
-
[158]
« Les parlementaires européens renoncent à rendre obligatoire la rotation des agences de notation », La Tribune, 19 juin 2012.
-
[159]
Sénat [France], Agences de notation : pour une profession réglementée, op. cit., p. 210.
-
[160]
Parlement européen, Commission européenne des affaires économiques et monétaires, Réforme des agences de notation : réglementer la notation des dettes souveraines, communiqué de presse, 19 juin 2012.
-
[161]
« Agences de notation : la solution se trouverait dans les banques », L’Écho, 29 mars 2012.
-
[162]
« Les législateurs européens mettent l’UE en garde contre l’interdiction des notations souveraines », www.euractiv.com, 1er mars 2012.