Notes
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[1]
Ces canaux d’information sont principalement des études scientifiques, articles de spécialistes, articles de presse et, accessoirement, les sites internet des maisons d’édition.
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[2]
B. MOUCHART, La bande dessinée, Le Cavalier Bleu, Paris, 2003, p. 115.
-
[3]
La traduction littérale de « manga » est « images dérisoires » en français.
-
[4]
E. DEJASSE, « Bande dessinée, un média économiquement mutagène », in L’artiste et ses intermédiaires, Mardaga/SMartBe, Wavre/Bruxelles, 2010, p. 41.
-
[5]
G. RATIER, Bilan de l’Association des critiques et journalistes de bande dessinée (ACBD) : « Une vitalité en trompe l'œil ? », Brest, 2009.
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[6]
A. LORFEVRE, « Les mangas à maturité », La Libre Belgique, 8 juillet 2010, p. 46.
-
[7]
L’Association des critiques et journalistes de bande dessinée a été créée en janvier 1984 en France afin de promouvoir l’information sur la bande dessinée dans les médias et réunir les personnes qui traitent régulièrement de bandes dessinées en tant que critiques ou journalistes. Notons que cette association se penche sur le secteur de la bande dessinée dans l'espace francophone européen. Quant à notre étude, elle se limite aux publications de maisons d’édition ayant leur siège social en Belgique. Toute comparaison doit donc être envisagée avec prudence.
-
[8]
A. LORFEVRE, « Les mangas à maturité », op. cit., p. 46.
-
[9]
X. GUILBERT, Une analyse du marché de la bande dessinée en 2008, du9/L’autre bande dessinée, 2009, p. 3.
-
[10]
M. DI SALVIA, P. LEFEVRE, Bande dessinée et illustration en Belgique. État des lieux et situation socio-économique du secteur, SMartBe, Bruxelles, 2010.
-
[11]
Bilan public de la Commission d’aide à la bande dessinée, Bruxelles, octobre 2009, p. 2.
-
[12]
Ibidem, p. 8.
-
[13]
Les onze membres de cette commission sont : trois enseignants issus des universités de la Communauté française, un expert du secteur (romancier, auteur), deux experts issus de l’Académie royale de langue et de littérature françaises, un représentant d’une organisation représentative des usagers du secteur et quatre représentants de tendance idéologique ou philosophique.
-
[14]
La publication à compte d'éditeur est un mode de publication de livres qui consiste, pour un éditeur, à publier un livre sélectionné éventuellement par un comité de lecture. Un auteur publié à compte d'éditeur cède tout ou partie de ses droits à l'éditeur, à partir d'un contrat, pour une période déterminée et en échange d'engagements clairs (délais de publication, niveau des droits perçus sur l'œuvre, garanties commerciales, etc.). En contrepartie, l'auteur ne dépense rien pour l'édition du livre, ni pour les frais de fabrication, ni pour les frais d'impression ni pour les frais de publicité. L'auteur reçoit une rémunération appelée droit d'auteur qui est proportionnelle au nombre de livres vendus, généralement une avance sur droits forfaitaire ainsi qu’un pourcentage du prix hors taxe du livre.
-
[15]
Le terme de bande dessinée franco-belge désigne les bandes dessinées francophones publiées par des éditeurs français ou belges et plus spécifiquement l'ensemble des styles et des contextes éditoriaux communs aux bandes dessinées belge et française.
-
[16]
Cf. E. DEJASSE, « Bande dessinée, un média économiquement mutagène », op. cit.
-
[17]
La plupart des entreprises commerciales sont tenues de déposer des comptes annuels sous forme normalisée à la Banque nationale. Il s’agit principalement des entreprises dont la responsabilité des propriétaires est limitée : sociétés anonymes, sociétés privées à responsabilité limitée, sociétés coopératives à responsabilité limitée, sociétés en nom collectif, etc. Depuis le 1er janvier 2006, les asbl sont également obligées de déposer leurs comptes à la Banque nationale, mais cette obligation est limitée aux grandes et aux très grandes associations. Les petites associations, qui représentent la majorité du secteur associatif et sans doute une part importante des acteurs présents dans le secteur de l’édition, échappent donc à cette obligation. Par ailleurs, même les entreprises soumises à l’obligation de déclaration ne sont pas toutes obligées de fournir des informations détaillées. Seules les grandes entreprises (et les très grandes asbl et fondations) sont tenues de remettre un schéma complet du bilan, alors que les petites entreprises et les grandes asbl et fondations doivent remplir le schéma abrégé. Certaines informations y sont jugées facultatives, notamment le chiffre d’affaires.
-
[18]
L’Association des éditeurs flamands défend les intérêts des éditeurs de livres, publications éducatives, scientifiques et d’information. Elle organise également une série d’activités, dont le prix Plantin-Moretus.
-
[19]
D. GILLEROT, D. PLATTEAU, M. MINON, Enjeux et perspectives du secteur privé de l’édition de livres en Communauté française, Observatoire des politiques culturelles, Bruxelles, mars 2005 ; Construction d’un portrait socio-économique du secteur de l’édition belge francophone et de ses secteurs connexes de la diffusion et de la distribution, Observatoire des politiques culturelles, Bruxelles, septembre 2006.
-
[20]
La Société de Distribution du Livre Caravelle s’occupe de la diffusion et distribution sur la totalité du marché des revendeurs au détail en Belgique : librairies, diffuseurs de presse, grands magasins à succursales multiples, hypermarchés, … Pour le transport logistique à Bruxelles, la SDL Caravelle dispose de deux transporteurs ; pour le reste de la Belgique et le Luxembourg, elle fait appel à la société Distribution Books&Paper basée à Hal. La SDL Caravelle est également grossiste ; les libraires peuvent donc commander les livres d’un grand nombre d’éditeurs chez eux. Pour consulter la liste des éditeurs diffusés et distribués par la SDL Caravelle, voir le site http://www.sdlcaravelle.com.
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[21]
Le Petit Vingtième était un supplément hebdomadaire de bande dessinée au journal Le Vingtième Siècle en Belgique dont le premier numéro fut publié le 1er novembre 1928. Le rédacteur en chef du magazine était Georges Remi, connu sous le pseudonyme Hergé.
-
[22]
Studio Dance et Sisters ont leur édition originale chez Bamboo en France.
-
[23]
En Belgique, à Bruxelles et à Louvain-la-Neuve.
-
[24]
D. GILLEROT, D. PLATTEAU, M. MINON, Enjeux et perspectives du secteur privé de l’édition de livres en Communauté française, op. cit. ; Construction d’un portrait socio-économique du secteur de l’édition belge francophone et de ses secteurs connexes de la diffusion et de la distribution, op. cit.
-
[25]
Il semblerait que cette constitution soit le résultat d’une scission des activités d’édition et d’impression de la sprl Drukkerij Uitgeverij Oranje-De Eenhoorn. Cette dernière ne changera de nom qu’en septembre 2005 pour devenir Drukkerij Oranje.
-
[26]
Bart Pinceel a repris la distribution autrefois assurée par le Comptoir des Indépendants. Certains éditeurs se rendent dans les librairies spécialisées et négocient l’achat de la première commande directement chez eux. Quand ils n’ont plus de stock, ils dirigent les acheteurs vers Pinceel Stripverspreiding.
-
[27]
E. DEJASSE, « Bande dessinée, un média économiquement mutagène », op. cit., p. 2-3.
-
[28]
T. BELLEFROID, Les éditeurs de bande dessinée, Éditions Niffle, 2005, p. 66.
-
[29]
Harmonia Mundi est une entreprise française de production et de distribution de disques, spécialisée dans la musique classique et les musiques du monde. Depuis 1988, elle s’est lancée dans la diffusion et distribution de livres de catalogues d’éditeurs indépendants auprès des libraires en France et à l’étranger.
-
[30]
Correpondance avec George, 18 décembre 2009.
-
[31]
Francesco Defourny est un ancien membre du collectif liégeois Mycose qui avait gagné le prix de la bande dessinée alternative au festival d’Angoulême en 2006. Ce collectif n’existe plus.
-
[32]
La Libre Belgique, 11 décembre 2009.
-
[33]
Dilibel est une filiale du groupe Hachette Livres qui s’occupe de la diffusion des ouvrages des éditeurs du groupe Hachette mais aussi d’autres éditeurs.
-
[34]
« La grande distribution (…) s’est progressivement imposée comme un des vecteurs principaux de commercialisation [des bandes dessinées] (…) Ceci contribue vraisemblablement à dynamiser le marché et à toucher des catégories de lecteurs non habitués à se rendre dans les librairies spécialisées. Mais le mode de fonctionnement des grandes surfaces est très particulier. Par nature, le nombre de titres qui y sont référencés est limité (…) Ces points de vente sont aussi, bien évidemment, organisés davantage en fonction de produits à rotation rapide que de fonds à rotation lente. Particulièrement adaptées aux titres les plus porteurs du marché, les grandes surfaces font l’objet d’une démarche commerciale spécifique des éditeurs (ou de leurs diffuseurs) ». Cf. D. GILLEROT, D. PLATTEAU, M. MINON, « Enjeux et perspectives dans le secteur privé de l’édition de livres en Communauté française », op. cit., p. 71.
-
[35]
One-shot est le terme employé dans le secteur de l’édition pour désigner une publication dont l’histoire est complète en un seul volume.
-
[36]
Selon Floriane Philippe, aspirante FNRS à l’ULB, un major établi en Communauté française, par exemple, s’est tourné vers la bande dessinée pour adultes pour « retenir dans leurs écuries des auteurs qui auraient souhaité développer un style plus personnel dans une autre maison d’édition » (F. PHILIPPE, « La bande dessinée : un bien marginal au regard de ses éditeurs », Revue Transeo, n° 1, janvier 2009).
-
[37]
Le cas des mangas semble particulièrement intéressant vu la vogue pour ce type d’ouvrages en Europe depuis 20 ans. Les mangas constituent désormais une tendance majeure du marché de la bande dessinée. « Tous les grands éditeurs ont créé leur filiale ou leur collection dévolue [aux mangas] » (A. LORFEVRE, « Les mangas à maturité », op. cit, p. 46). On note néanmoins un effet de saturation ces dernières années avec un tassement des ventes de nouveautés ainsi qu’une fragilisation du secteur dont la rentabilité repose essentiellement sur quelques séries best-sellers. Cf. X GUILBERT, Numérologie. Une analyse du marché de la bande dessinée en 2009, du9/L’autre bande dessinée, 2010, Brest, p. 5-7.
-
[38]
Les ventes d’ouvrages sur des marchés étrangers ainsi que les cessions de droits permettent notamment aux éditeurs « à la fois d’améliorer leur visibilité sur ces marchés et de disposer d’une plus grande sécurité financière ; [l’export contribuant à] amortir plus facilement les coûts de production », in D. GILLEROT, D. PLATTEAU, M. MINON, Enjeux et perspectives du secteur privé de l’édition de livres en Communauté française, op. cit., p. 57.
-
[39]
Dans un contexte de rotation accrue des titres et de surproduction, l’objectif est « d’assurer une large présence en magasin, quitte à imprimer trop (…). Ainsi, l’importance du tirage d’un ouvrage devient désormais une force commerciale, et non plus l’expression « raisonnable » d’un véritable potentiel de vente », in X. GUILBERT, Numérologie. Une analyse du marché de la bande dessinée en 2009, op. cit., p. 4.
-
[40]
On ne note « pas d’inflation notable du nombre de productions des éditeurs [alternatifs] qui tendent plutôt à conserver, bon an mal an, le même rythme (…) Ainsi, les petits éditeurs privilégient le « travail du livre » et maintiennent un nombre de sorties adapté à la (petite) taille de leurs structures », in X. GUILBERT, « Une analyse du marché de la bande dessinée en 2008 », op. cit., p. 7.
-
[41]
Il s’agit d’un problème qui semble généralisé pour tous les petits éditeurs de bandes dessinées. E. Dejasse l’explique pour la partie sud du pays : « En terme de distribution, s’il existe des sociétés qui s’occupent pour l’essentiel d’indépendants (…), leurs moyens sont insuffisants pour rivaliser avec la" machinerie lourde " qui distribue les " majors ". D’autre part, si l’on considère qu’il faut une mise en place de 6.000 exemplaires pour qu’un ouvrage soit présent dans la quasi-totalité des points de vente francophones, les " indépendants " ne peuvent pas nécessairement prendre le risque de tirer autant d’exemplaires (…) ». Cf. E. DEJASSE, « Bande dessinée, un média économiquement mutagène », op. cit., p. 45.
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[42]
Le seuil de rentabilité est entendu ici comme le point d’équilibre qui permet à l’éditeur de rentrer dans ses frais, sur base du nombre d’exemplaires vendus et en tenant compte d’éventuels subsides.
-
[43]
De manière générale, on note que les petits et microéditeurs interviewés ne sont pas rémunérés pour leur travail d’édition. Ils exercent généralement une autre activité professionnelle sur le côté leur garantissant un revenu. Ce constat est valable aussi bien en Communauté française qu’en Communauté flamande. De même, comme on le verra par la suite, ces éditeurs ne sont pas toujours en mesure de rétribuer le travail fourni par les auteurs et illustrateurs.
-
[44]
Le contexte de rotation rapide dans les rayons des libraires et le coût élevé du stockage font qu’un livre reste en moyenne trois mois en librairie et quinze jours à peine sur la table des nouveautés, d’où la difficulté sans cesse croissante pour un livre de rencontrer son public. Cf. E. DEJASSE, « Bande dessinée, un média économiquement mutagène », op. cit.
-
[45]
« En période de crise, les classiques sont rassurants et se vendent mieux, les éditeurs sécurisent ainsi les marges, le fonds éditorial étant rhabillé en nouveautés. Mais si cela leur coûte souvent moins cher que la création, les éditeurs mettent un point d’honneur à revaloriser leur patrimoine, avec tout le respect qui lui est dû, en multipliant les nouvelles éditions qualitatives, souvent augmentées d’un dossier, qui ont nécessité un travail de restauration (…) Cette tendance apporte une véritable légitimité en terme d’image » (G. RATIER, Bilan de l’Association des critiques et journalistes de bande dessinée (ACBD) : « Une vitalité qui trompe l’œil ? », op. cit., p. 7).
-
[46]
« Des entretiens que j’ai pu avoir avec plusieurs dessinateurs ou scénaristes, il apparaît très clairement que se faire accepter dans une « major » n’est pas chose aisée si on est débutant et que l’on ne dispose pas d’un réseau minimum. Le nombre de projets acceptés uniquement suite à l’envoi d’un dossier est infinitésimal (sans doute moins de 2%). La plupart du temps, l’auteur bénéficie déjà d’une petite renommée en ayant publié ailleurs à moins qu’il n’ait été introduit dans la maison par un autre créateur, souvent son scénariste » (E. DEJASSE, op. cit., « Bande dessinée, un média économiquement mutagène », p. 45-46)
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[47]
À l’instar des petits éditeurs « alternatifs », les majors semblent malgré tout assouplir leurs critères de publication en termes notamment de format et de pagination en s’écartant des standards en vigueur (E. DEJASSE, « Bande dessinée, un média économiquement mutagène », op. cit., p. 43).
-
[48]
Plusieurs maisons d’édition en Flandre mentionnent qu’elles utilisent les contrats-type de la Vlaamse Auteursvereniging (Association des auteurs flamands). Il s’agit de l’association de défense des intérêts communs des et pour les auteurs flamands. Elle représente aussi bien les auteurs de prose, de poésie, de théâtre, de scénarios, de littérature jeunesse, de non-fiction littéraire et de bande dessinée que les illustrateurs et traducteurs littéraires. L’association soutient les auteurs flamands individuellement et défend leurs intérêts collectifs. Pour de plus amples informations, consulter le site Internet http://www.auteursvereniging.be.
-
[49]
« Chez certains (très) petits éditeurs, on observe néanmoins que les auteurs s’impliquent souvent dans la distribution et la promotion du livre pour en assurer une plus grande diffusion » (SCAM, « Observations générales sur les contrats d’édition proposés par les éditeurs », 2005, p. 1).
-
[50]
Notons qu’il existe encore d’autres sources de rémunération pour les auteurs et illustrateurs provenant des coéditions sur lesquelles ils perçoivent un pourcentage du prix vendu au client sur l’ensemble du tirage ; des royalties, c’est-à-dire une part sur les ventes de droits à des éditeurs étrangers ; mais aussi, des « ventes spéciales », par exemple à des écoles ou à des clubs, où ils touchent un pourcentage sur le chiffre d’affaires obtenu pour cette vente.
-
[51]
En littérature pour la jeunesse, il semblerait que les droits d’auteurs soient généralement répartis à deux-tiers pour l’illustrateur et un tiers pour l’auteur. En effet, le temps de travail de l’illustrateur serait plus important que celui de l’auteur. En outre, les rentrées financières du premier reposeraient largement sur son travail d’illustration contrairement à un auteur de texte qui aurait davantage la possibilité d’exercer un autre métier sur le côté.
-
[52]
Selon un major francophone de ce secteur, un auteur toucherait entre 400 euros et 450 euros la page, tout compris : dessin, coloriage, scénario, etc.
-
[53]
Du côté francophone, un éditeur de taille moyenne en littérature pour la jeunesse explique même avoir instauré un système de mensualités (d’environ 2 500 euros par mois) avec l’un de ses illustrateurs phares pour lui permettre de travailler à son aise.
-
[54]
SCAM, « Observations générales sur les contrats d’édition proposés par les éditeurs », op. cit., p. 6.
-
[55]
Selon G. Ratier, en 2009, les groupes Média Participations (Dupuis, Dargaud, Studio Boule et Bill, Ballon Média) et Glénat (Glénat Bénélux, …) enregistrent une baisse de leurs ventes de presque 10% par rapport à 2008 ! Le groupe Flammarion (Casterman, …) enregistre, quant à lui, une légère progression de 3,3 % (G. RATIER, Bilan de l’Association des critiques et journalistes de bande dessinée (ACBD) : « Une vitalité en trompe l’œil ? », op. cit., p. 2).
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[56]
« Avec l’évolution des technologies, la bande dessinée et le livre de jeunesse sont concurrencés par d’autres formes de loisirs comme la télévision, internet ou les jeux vidéo. Ceci pourrait être un des facteurs explicatifs de l’érosion des ventes de livres » (Le marché du livre de langue française en Belgique. Données 2008, Étude réalisée pour le service « Promotion des Lettres » du Ministère de la Communauté française, p. 7).
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[57]
G. RATIER, Bilan de l’Association des critiques et journalistes de bande dessinée (ACBD) : « Une vitalité en trompe l’œil ? », op. cit., 2009, p. 3.
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[58]
D’après le bilan de l’ACBD sur le secteur de la bande dessinée francophone en Europe, « les titres qui marchent le mieux [actuellement] sont ceux qui sont développés sur plusieurs médias » (G. RATIER, Bilan de l’Association des critiques et journalistes de bande dessinée (ACBD) : « Une vitalité en trompe l’œil ? », op. cit., p. 4.
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[59]
G. RATIER, Bilan de l’Association des critiques et journalistes de bande dessinée (ACBD) : « Une vitalité en trompe l’œil ? », op. cit., p. 11. Notons que certaines microstructures recourent à l’autodiffusion et à l’autodistribution de leurs publications, parfois plutôt à défaut de moyens que nécessairement par choix.
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[60]
Pour de plus amples informations, cf. A. VINCENT, M. WUNDERLE, Les industries culturelles, CRISP, 2009, dossier 72.
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[61]
Pour en savoir plus, cf. P. LEFEVRE, « La fin du papier. Vers les bandes dessinées et les albums illustrés numériques ? », in M. DI SALVIA, P. LEFEVRE, Bande dessinée et illustration en Belgique. États des lieux et situation socio-économique du secteur, SMartBe, Bruxelles, 2010.
-
[62]
C’est le cas notamment des groupes d’édition Media Participations et Editis qui ont lancé la plateforme Izneo fin mars 2010, laquelle regroupe douze éditeurs et propose le plus large catalogue de BD numériques avec plus de 600 titres accessibles à la lecture en ligne lors de sa création. Pour plus d’informations, voir le site internet de la plateforme : http://www.izneo.com. Cette plateforme est la quatrième en France, après Numilog (Hachette), Eden Livre (Gallimard, La Martinière, Flammarion) et celle de l’Harmattan. Cf. A. VINCENT, M. WUNDERLE, Les industries culturelles, op. cit., p. 114. L’éditeur alternatif en bande dessinée L’Employé du Moi a, quant à lui, créé une plateforme de diffusion de bande dessinée en ligne dénommée « Grandpapier ».
INTRODUCTION
1 Le présent Courrier hebdomadaire est consacré aux maisons d’édition de bande dessinée et de littérature pour la jeunesse ayant leur siège en Belgique. Nous dresserons un état des lieux du paysage éditorial belge dans ces secteurs en décrivant les maisons d’édition sur la base des données économiques disponibles dans les sources statistiques officielles ainsi qu’en complément, dans d’autres canaux d’information [1]. L’analyse portera ensuite sur les politiques éditoriales mises en œuvre par ces maisons d’édition ainsi que sur leurs modes de fonctionnement. Cette analyse sera basée sur des entretiens réalisés auprès d’un échantillon d’éditeurs de bande dessinée et de littérature pour la jeunesse. Ces deux grandes parties seront précédées d’un bref aperçu des aides publiques à l’édition dans les deux secteurs.
2 Une maison d’édition (ou un éditeur – nous utiliserons indistinctement les deux termes) est une entreprise de production de documents imprimés à destination d’un public. L’activité d’édition comporte le choix de l’œuvre d’un auteur en vue de son exploitation, le plus souvent commerciale.
3 La maison d’édition (ou l’éditeur) peut prendre la forme d’une société commerciale (qui poursuit un objectif de rentabilité), d’une association sans but lucratif ou d’une association de fait. L’activité d’édition peut aussi être exercée par une personne physique sous statut d’indépendant, voire de salarié.
4 La maison d’édition adopte parfois une appellation commerciale, qui se rapporte par exemple à un fonds de commerce exploité et qui désigne la totalité ou une partie de son activité dans ses rapports avec la clientèle et non sa production ou ses services. L’appellation commerciale peut donc être distincte de la dénomination sociale (nom officiel de la société qui figure dans l’extrait de son acte constitutif aux Annexes du Moniteur belge).
5 Au gré des fusions et acquisitions, certains éditeurs ont constitué un groupe d’entreprises ou sont devenus des filiales de groupes d’entreprises. Rappelons que le groupe d’entreprises est un ensemble d’entreprises placées sous l’autorité d’un même centre de décision – qualifié de « tête de groupe » – entretenant des liens directs et indirects principalement financiers (participation au capital ou contrôle), mais aussi organisationnels (dirigeants, stratégies, etc.), économiques (mise en commun des ressources) ou commerciaux (ventes et achats de biens ou de services). Dans notre description des maisons d’édition, nous nous attacherons à montrer, s’il y a lieu, les liens qui existent entre elles et les sociétés qui les contrôlent, ainsi que les liens qui existent entre elles et les sociétés qu’elles contrôlent (filiales).
6 Dans l’édition, outre la production de l’imprimé, on distingue habituellement la diffusion qui comprend des activités de promotion, de démarchage et de prise de commandes, de la distribution qui assure la logistique et la répartition physique des produits. Ces activités sont de plus en plus assurées par des entreprises spécialisées, elles-mêmes souvent intégrées dans des groupes d’entreprises aux côtés de maisons d’édition (intégration verticale). Le segment intermédiaire de la distribution a pris plus d’importance au cours des dernières années. Il est caractérisé notamment par la présence d’un nombre très limité d’acteurs, mais de grande taille (la logistique nécessite des moyens importants), alors que la commercialisation finale est le fait d’un nombre limité de chaînes et d’un nombre de plus en plus réduit de petites librairies indépendantes. Les groupes d’entreprises, qui sont souvent les propriétaires des distributeurs, considèrent ces filiales, dans lesquelles la prise de risque est comparativement faible, comme des sources de profits.
7 Ce Courrier hebdomadaire s’intéresse plus particulièrement aux maisons d’édition publiant des bandes dessinées et des livres pour la jeunesse. Ceci n’inclut pas l’édition scolaire.
8 La bande dessinée est un mode de narration qui utilise une succession d’images organisées en vue de raconter une histoire et présentées de façons diverses (en planche, en illustré, en petit format, en album, etc.), incluant sous forme de « bulles » ou « ballons » les réflexions, les sentiments ou les pensées des protagonistes. La bande dessinée prend parfois la forme d’un roman graphique, généralement une bande dessinée pour adultes racontant une histoire plus complexe se situant entre le roman et la bande dessinée. Ce terme n’est cependant pas utilisé uniformément par toutes les maisons d'édition [2].
9 Nous aborderons deux formes spécifiques de bande dessinée, le fanzine et le manga. Le fanzine (contraction des termes fanatic et magazine) est une publication de fabrication artisanale, sans dépôt légal, au tirage très faible et à la durée de vie relativement courte. L’auteur (on parle alors parfois de « personalzine ») ou les auteurs de ces publications en assurent toutes les étapes de la chaîne du livre : la création, l’édition, la diffusion, la distribution et la vente. Quant au manga [3], il s’agit d’une bande dessinée japonaise, mais aussi, désormais, coréenne ou chinoise, apparue il y a une vingtaine d’années, dont les origines remonteraient au XIIe siècle et où les personnages sont le centre de l’intrigue.
10 Le livre pour la jeunesse est entendu ici comme un livre, généralement illustré, spécialement écrit pour les enfants ou les adolescents. Il est néanmoins susceptible d’intéresser les adultes sur le plan artistique, pour son aspect créatif, pour communiquer avec l’enfant, etc.
11 L’ensemble des publications d’une maison d’édition est appelé le fonds d’édition. Les éditeurs divisent généralement leurs fonds d’édition en collections. Celles-ci constituent des regroupements d’ouvrages qui sont réunis sous un titre de collection et dont l’apparence est similaire, et ce, dans le but d’organiser le fonds d’édition.
12 Certains éditeurs s’appuient en outre sur la notoriété d’une publication pour vendre des produits dérivés. Il s’agit de produits issus d’une œuvre (tels des figurines, gadgets, t-shirts, jouets, films, séries télévisées, jeux vidéo, etc.) qui en permettent une exploitation commerciale et marketing plus large.
13 Enfin, l’auteur d’une publication – c’est-à-dire le créateur, l’inventeur, celui qui a produit l’œuvre – possède généralement une série de droits, un ensemble de prérogatives exclusives sur ses œuvres. En établissant un contrat avec l’éditeur, l’auteur lui cède le droit de fabriquer ou de faire fabriquer en nombre des exemplaires de l’œuvre. Il perçoit généralement une rémunération en droits d’auteur proportionnelle aux recettes provenant de la vente. Il dispose également de droits d’adaptation et d’exploitation de son ouvrage sur d’autres supports (tels que le numérique, l’audiovisuel, etc.) qu’il peut céder à l’éditeur s’il le souhaite. Du côté des éditeurs, certains veulent s’assurer l’exclusivité de la production future d’un auteur et lui demandent un droit de préférence.
14 Pour comprendre la structuration et les mécanismes sous-tendant les choix éditoriaux des maisons d’édition, il importe de connaître les principaux traits des secteurs de la littérature pour la jeunesse et de la bande dessinée. Tout d’abord, le monde de l’édition offre un paysage polarisé entre deux extrêmes : l’édition industrielle et l’édition que l’on pourrait qualifier d’indépendante. La première résulte du mouvement de globalisation et du rachat par quelques grands groupes nationaux ou étrangers de quantité de maisons d’édition. En effet, les stratégies de rentabilisation des acteurs privés les astreignent à s’adresser au plus grand nombre en raison de leurs contraintes financières et publicitaires, ce qui entraîne une professionnalisation des fonctions et une certaine uniformisation des contenus. L’édition indépendante, quant à elle, regroupe une série de maisons d’édition de taille plus modeste, principalement en littérature pour la jeunesse, les éditeurs dits « alternatifs » en bande dessinée –
15 apparus à la fin des années 1980, début 1990 en réaction à ce mouvement de globalisation et « en rupture avec les formules déjà éprouvées » [4] – et des microstructures aux logiques bien différentes de celles des grandes maisons d’édition. Ensuite, l’apparition de nouveaux supports, médias et technologies représente un défi majeur pour les éditeurs. Ici encore, on retrouve un clivage entre les grandes et les plus petites structures. Les grandes maisons d’édition disposent de davantage de moyens pour s’adapter, exploiter de nouvelles niches commerciales, développer leurs activités vers les marchés étrangers et dérivés (cinéma, télévision, jeux vidéo, etc.), remettre en valeur leurs fonds en les présentant sous de nouvelles formes (intégrales, nouvelles éditions, etc.) et donc investir dans les premières applications en direction des nouveaux supports technologiques [5]. Les petites structures, fragilisées par ces stratégies de diversification, de concentration et d’internationalisation, semblent difficilement résister à la concurrence des maisons d’autant plus si celles-ci font partie de grands groupes d’entreprises.
16 Par ailleurs, depuis une vingtaine d’années, la bande dessinée est exposée à un phénomène particulier, celui des mangas. Beaucoup de grands éditeurs ont créé leur filiale ou leur collection dévolue aux « images dérisoires » [6]. Les mangas constituent en quelque sorte l’expression emblématique des transformations du secteur de la BD (notamment l’internationalisation et l’exploitation multisupports) qu’ils contribuent à accentuer et à accélérer. Selon les chiffres de l’Association des critiques et journalistes de bande dessinée (ACBD) [7], ils contribuent en outre à soutenir la croissance du secteur ces dernières années et représentent 41 % des nouveautés parues sur le marché francophone européen de la bande dessinée en 2009 (à l’instar des albums de bande dessinée franco-belge qui affiche le même pourcentage). On note cependant depuis peu un certain ralentissement des ventes de mangas. « Avec leur petit format, leur coût relativement faible, leur visibilité renforcée par de nombreux produits dérivés (dessins animés, figurines, produits divers, etc.), les mangas touchent désormais tous les publics, tous les âges – même si les moins de vingt ans sont les plus accros –, les deux sexes et, même, un public hors des sentiers battus de la bande dessinée [8] ».
17 Enfin, les marchés de la bande dessinée et de la littérature pour la jeunesse semblent confrontés actuellement à un problème de surproduction et, par conséquent, de rotation accrue des titres dans les points de vente. En effet, face à l’érosion des ventes, les grands groupes investissent tous les segments considérés « porteurs », que ce soit le manga ou les publications d’auteur. Ils entrent dans une véritable « course à la production (…) et augmentent leur présence dans le réseau de distribution afin d’en maximiser l’exposition [9] ». Les structures moins importantes sont à nouveau affaiblies par cette tendance.
18 Le présent Courrier hebdomadaire synthétise les résultats d'une étude réalisée par le Crisp et le Bureau d'études de SMartBe, à l'initiative de SMartBe, association professionnelle des métiers de la création. Un travail complémentaire présentant un état des lieux du secteur de la bande dessinée et de la littérature pour la jeunesse a été entrepris par un groupe d’experts au sein de SMartBe : la spécificité de ce travail est de s’intéresser aux conditions socioéconomiques des auteurs de bande dessinée et des illustrateurs sur base des résultats d’une enquête à grande échelle menée auprès de ces intervenants [10].
1. L’AIDE PUBLIQUE À L’ÉDITION
19 Les éditeurs belges de bande dessinée disposent de quatre sources principales de financement public pour leur travail d’édition : la Commission d’aide à la bande dessinée de création et le Service de la promotion des lettres de la Communauté française, le Centre national du livre (CNL) en France et le Vlaams Fonds voor de Letteren (VFL) en Communauté flamande.
20 Tout d’abord, la Commission d’aide à la bande dessinée de création a été créée en 2002 par la Communauté française pour l’aide à la bande dessinée de création, « trop peu commerciale pour assurer seule son devenir, mais fondamentale, car témoignant de nouvelles recherches graphiques et étant porteuse d’avenir [11] ». Composée de professionnels et d’experts de la bande dessinée, elle émet des avis motivés à destination du ministre de la Culture pour approbation et libération des fonds vers les bénéficiaires. Elle permet l’octroi de bourses à de jeunes auteurs francophones, dessinateurs ou scénaristes, l’aide à l’édition de bandes dessinées de création, l’aide à la traduction d’œuvres significatives et importantes de la création belge francophone en bande dessinée, l’aide à la réédition d’œuvres patrimoniales de la bande dessinée, le soutien à la mise sur pied ou à la réalisation d’un ou de plusieurs festivals par an consacrés à la mise en valeur de la recherche ou de la création en bande dessinée. En ce qui concerne le soutien aux éditeurs, la Commission est attentive à la « recherche, la prise de risque, à la découverte, via la traduction, d’auteurs créatifs issus d’autres pays, d’autres continents. Elle apprécie aussi les efforts que constituent les recueils de production d’auteurs, qui présentent un état actuel de l’art et constituent d’utiles références [12] ».
21 Deuxièmement, le Service de la promotion des lettres de la Communauté française – qui fait partie du Service général des lettres et du livre – soutient la création, l'édition et la diffusion de la littérature française de Belgique. Ces aides peuvent prendre la forme de subventions octroyées aux éditeurs littéraires dans le cadre de contrats-programmes (conventions pour la publication de collections littéraires, soit patrimoniales, soit de création contemporaine), de prêts sans intérêt (via le Fonds d’aide à l’édition) accordés à des éditeurs belges de langue française publiant dans toutes les catégories d'ouvrages, d’aides à l’édition de poésie et de théâtre, d’expertises proposées aux éditeurs pour un projet éditorial ou d’aides aux acteurs de la chaîne du livre. La plupart des actions entreprises dans le cadre de la politique des lettres sont d'abord soumises pour avis à la Commission des lettres, composée de onze spécialistes venus d'horizons différents [13] et qui jouent un rôle important dans la politique des livres pour la jeunesse en mettant à disposition des expositions thématiques sur les auteurs belges, ces dernières circulant notamment dans les bibliothèques et centres culturels.
22 Ensuite, les maisons d’édition francophones peuvent bénéficier de l’aide d’un organisme français, la Commission bande dessinée du Centre national du livre (CNL), créée en 1984. Composée de douze membres spécialistes de la bande dessinée (dessinateurs, cinéastes, scénaristes, journalistes, libraires, directeurs artistiques), elle donne son avis au président du CNL sur l’attribution de subventions, prêts ou bourses aux auteurs, traducteurs et éditeurs d’expression française dont le caractère professionnel est déjà attesté par des publications à compte d’éditeur [14]. La mission du CNL est de contribuer au maintien et au développement de l’édition d’ouvrages de qualité de vente lente en langue française.
23 Enfin, le Vlaams Fonds voor de Letteren (VFL) soutient les auteurs et éditeurs de bande dessinée en Communauté flamande. Il s’agit d’une institution publique flamande fondée le 30 mars 1999 et active depuis le 1er janvier 2000 dans le soutien des lettres néerlandaises et la traduction d’ouvrages littéraires dans le sens le plus large du terme. Le VFL octroie des subsides aux auteurs littéraires et illustrateurs (bourses de travail, bourses de stimulation et bourses de voyage), aux traducteurs littéraires (bourses de projets de traduction littéraire, subsides pour traducteurs littéraires débutants), aux biographes (bourses de projets pour biographies littéraires et culturelles), aux librairies (soutien aux librairies et librairies spécialisées en BD, disposant d’un label de qualité), aux éditeurs (subsides de production pour les éditeurs d’ouvrages littéraires), aux ouvrages littéraires (subsides pour l’édition et la publication d’ouvrages littéraires) , aux revues littéraires, aux projets digitaux (e-littérature), aux organismes actifs dans le champ littéraire (subsides pour des manifestations littéraires, des organisations littéraires ou pour des associations d’auteurs) et enfin aux bandes dessinées (bourses de travail pour auteurs de bande dessinée, mentorat pour auteurs débutants, bourses de voyage, subsides pour des revues de bande dessinée, subsides pour la production de bandes dessinées pour les éditeurs, subsides pour des manifestations et des organisations en rapport avec la bande dessinée). Le Vlaams Fonds voor de Letteren fournit également de la documentation et des informations, organise et finance des projets, des plateformes de travail et autres initiatives.
2. LES MAISONS D’ÉDITION
24 Notre recherche a identifié 56 maisons d’édition de bande dessinée et de livres pour la jeunesse. Environ deux tiers d’entre elles sont des sociétés commerciales (33), d’autres sont des associations sans but lucratif (11), d’autres enfin des initiatives prises par des personnes physiques ou des associations de fait (12).
25 En bande dessinée comme en littérature pour la jeunesse, les fondateurs des maisons d’édition francophones d’une certaine envergure semblent émaner en grande partie du monde de l’imprimerie, de la librairie, voire de l’édition même. C’est également le cas de plusieurs éditeurs jeunesse de taille moyenne en Flandre. Certaines de ces structures éditoriales étaient à l’origine des entreprises familiales ou ont été créées par un individu. On constate néanmoins que la plupart des grandes maisons d’éditions, mais aussi quelques éditeurs de taille moyenne (principalement en Flandre) appartiennent à de grands groupes de médias nationaux ou internationaux.
26 On observe également que la majorité des éditeurs de moyenne ou grande taille sont des structures relativement anciennes (de cinquante-cinq à plus de cent ans), parfois considérées comme « maisons d’édition historiques » émanant du courant de la « bande dessinée franco-belge [15] ». Les éditeurs de moindre taille ont démarré leurs activités il y a maximum une trentaine d’années. Quelques éditeurs sont implantés à la fois en Belgique et en France (du côté des éditeurs francophones) ou aux Pays-Bas (du côté des éditeurs néerlandophones).
27 En Communauté française, les éditeurs « alternatifs » et les éditeurs de fanzines sont pour la plupart des collectifs d’auteurs de deux à sept personnes [16]. À la sortie de leurs études, ils ont créé leur propre structure non seulement pour publier leurs travaux personnels, mais aussi pour défendre une conception de la bande dessinée qui tente de renouveler le genre en se démarquant des tendances dominantes. Plusieurs petits éditeurs de bande dessinée semblent avoir démarré leurs activités il y a dix à vingt ans sous forme d’un fanzine avant d’entamer réellement l’édition de bandes dessinées. Les microéditeurs de bande dessinée ont opté, quant à eux, pour un mode de production plus léger (brochure photocopiée à tirage limité), qui permet un rythme de publication assez soutenu (à raison d’un numéro par mois ou par trimestre). La microédition en littérature pour la jeunesse semble de plus en plus fréquente et est généralement l’œuvre d’un illustrateur individuel qui se lance dans l’édition de ses propres projets. Ces microstructures sont assez récentes, avec trois à dix ans d’existence.
28 Nous présentons ci-après les maisons d’édition ayant leur siège social en Belgique selon une catégorisation par chiffre d’affaires :
- majors : chiffre d’affaires supérieur à 25 000 000 euros ;
- semi-majors : chiffre d’affaires compris entre 10 000 000 euros et 25 000 000 euros ;
- éditeurs de moyenne envergure : chiffre d’affaires compris entre 4 000 000 euros et 10 000 000 euros ;
- éditeurs de petite envergure : pour un chiffre d’affaires inférieur à 4 000 000 euros ;
- « microéditions » pour les publications de fabrication artisanale.
30 Quand le chiffre d’affaires n’est pas disponible [17], nous tranchons sur la base des critères qui nous semblent les plus pertinents : l’emploi (un éditeur employant au maximum cinq personnes étant considéré comme éditeur de petite envergure), les classements des maisons d’édition effectués par la Vlaamse Uitgevers Vereniging [18] (VUV) et par l’étude de l’Observatoire des politiques culturelles [19], ainsi que les informations recueillies lors des interviews effectuées dans le cadre de cette étude. Nous procédons autant que possible en fonction des informations disponibles en suivant un schéma identique : présentation de la maison d’édition, actionnariat et participations, appartenance à un groupe d’entreprises, activités principales, données financières et emploi, éventuelles subventions, diffusion et distribution.
2.1. LES MAJORS
31 Six maisons d’édition de taille major ont été dénombrées. Leur chiffre d’affaires pour 2009 se situe entre 44,5 millions d’euros pour la plus importante d’entre elles (Dargaud-Lombard) et 26,1 millions d’euros pour la plus petite de cette catégorie (Zuidnederlandse Uitgeverij).
32 Trois ont leur siège en Région flamande (Uitgeverij Lannoo, WPG Uitgevers België et Zuidnederlandse Uitgeverij). Les trois autres ont leur siège en Communauté française : une en Région wallonne (les Éditions Dupuis), les deux autres à Bruxelles (Dargaud-Lombard et les Éditions Casterman).
33 Les trois majors francophones sont des éditeurs de bande dessinée. Tous les trois font partie de groupes d’édition internationaux, deux français et un italien. Du côté flamand, il s’agit d’éditeurs de livres pour la jeunesse, un seul d’entre eux éditant aussi des bandes dessinées (WPG Uitgevers België). Deux de ces maisons d’édition sont des affaires de famille flamandes ; la troisième appartient à un groupe néerlandais.
34 Elles sont présentées ci-après par ordre décroissant de chiffre d’affaires (chiffres 2009).
Dargaud-Lombard
35 En 1946, Raymond Leblanc fonde à Bruxelles les Éditions du Lombard, une maison d’édition de bande dessinée qui publie l’hebdomadaire Tintin, qui sera diffusé en France deux ans plus tard par l’éditeur Georges Dargaud. Les Éditions du Lombard se lancent dans l’édition d’albums de bande dessinée dont les premiers héros sont Blake et Mortimer (J.P. Jacobs) et Corentin (P. Cuvelier). En 1954, Raymond Leblanc crée Publiart, une agence de publicité spécialisée dans la communication utilisant les héros de bandes dessinées, puis en 1961, les studios Belvision, qui réalisent des longs métrages animés (Astérix le Gaulois, Astérix et Cléopâtre, Daisy Town, etc.) et des films de Tintin.
36 En 1986, les Éditions du Lombard sont cédées à la société française Dargaud, une filiale du groupe français Média Participations. En janvier 1998, les Éditions du Lombard absorbent la société anonyme Dargaud Benelux (créée en 1975 pour assurer la diffusion commerciale en Belgique, aux Pays-Bas et au Grand-Duché de Luxembourg des albums de bande dessinée publiés par la société française Dargaud) et les Éditions Blake et Mortimer. Elle change alors sa dénomination en EDL-B&M. Trois ans plus tard, EDL-B&M absorbe MDS Benelux, société de diffusion et distribution de bandes dessinées, et devient Dargaud-Lombard. Après le décès d’E.P. Jacobs, les Éditions Blake et Mortimer (Studio E.P. Jacobs) sont rachetées par Dargaud, qui a relancé la création de nouveaux albums et le développement de la marque. Les Éditions Lucky Comics, créées par Lucky Productions et Dargaud, sont dédiées à l'exploitation des droits attachés à la série Lucky Luke et aux personnages dérivés comme Rantanplan, les Dalton et Kid Lucky. Enfin, en mai 2008, la société anonyme Dargaud-Lombard absorbe la société anonyme Boule et Bill International.
37 Dargaud-Lombard est une filiale à 100 % de la société française Dargaud, elle-même filiale à 98,52 % de Media Participations. Créé en 1985 par Rémy Montagne, attaché à la défense des valeurs catholiques traditionnalistes, le groupe Média Participations s’est développé principalement dans le domaine de la bande dessinée avec le rachat en 1986 de l’éditeur belge Le Lombard, en 1988 de l’éditeur français Dargaud et en 2004 de l’éditeur belge Dupuis (dont les origines remontent à 1898). Le groupe soutient sa croissance grâce à la création éditoriale interne dans la bande dessinée, la presse magazine, les livres pour enfants, pour la jeunesse et de loisirs, grâce à l’acquisition de fonds éditoriaux et de catalogues et à des activités complémentaires. Le groupe maîtrise sa diffusion et sa distribution en France, en Belgique et en Suisse. Il promeut les créations de ses auteurs, journalistes et éditeurs aussi bien par les supports traditionnels que par les nouveaux médias. La société de tête du groupe, Média Participations, compte parmi ses actionnaires le groupe français Axa. L’ensemble des filiales du groupe (à l’exception de la société française Soffia MP) dépend de Média Participations Paris (filiale du groupe à 73,9 %, en association avec les groupes français Michelin et belge Unibra).
38 La société française Dargaud possède deux filiales dont le siège est établi à Bruxelles, Dargaud-Lombard (et sa filiale Studio Boule&Bill, également à Bruxelles, que nous examinerons ci-après dans les éditeurs de petite envergure), et Studio E. P Jacobs, et une filiale indirecte, Belvision (producteur historique d’animation).
39 Dargaud-Lombard publie de la bande dessinée d’humour, d’action, d’émotion, de suspens, fantastique, etc., en français pour tout public. Cette société anonyme développe de manière autonome sa politique éditoriale, son catalogue et sa stratégie de communication. Ses principales collections sont : Aventure (séries parues auparavant dans le Journal de Tintin : Bob Morane, Thorgal, Ric Hochet, Michel Vaillant, Vasco , etc.), Signé (one-shots d’auteurs jugés prestigieux : Van Hamme, Dany, Hermann, Derib, Cosey, etc.), Troisième Vague (histoires d’espionnage, de suspens, pour les 15 à 35 ans : Alpha, IRS, VLAD, etc.), Troisième Degré (collection dédiée à l’humour : Mister President, Odilon Verjus, etc.), Portail (collection créée en 2006 et proposant des récits de science-fiction d'une nouvelle génération) et Polyptyque (collection aux genres variés dont la particularité est d'annoncer, dès le premier tome, le nombre de tomes prévus à la conclusion de l'histoire entamée).
40 Depuis le 1er janvier 2010, Dargaud-Lombard ne publie plus que la partie francophone du fonds Kana (édition de BD japonaises ou mangas, qui représentent un tiers des ventes de BD du groupe), la partie néerlandophone ayant été rachetée par Ballon (cf. infra).
41 Les différents produits et personnages de Dargaud-Lombard sont exploités en produits dérivés (gadgets, séries télévisées, films, dessins animés, figurines, jeux vidéo, etc.) par des filiales spécialisées du groupe (Dargaud Media, Ellipsanime Productions, Storimages, Belvision, Dreamwall, VF Films Production, Citel Video, Kana Home Video, Anuman Interactive, etc.).
42 Dargaud-Lombard occupait 42 personnes en 2009 ; son chiffre d’affaires était de 44 552 251 euros, en recul de 14,85 % par rapport à 2008 et son bénéfice s’élevait à 2 507 737 euros (5 460 387 euros en 2008). Le chiffre d’affaires de Studio E. P Jacobs est constitué des droits d’auteur générés par la vente des albums et la vente de droits dérivés de la série Blake et Mortimer, série éditée par Dargaud-Lombard. Il s’élevait à 644 548 euros pour l’année 2009 (594 280 euros en 2008) et le bénéfice était de 105 829 euros (83 717 euros en 2008).
43 Le groupe Média Participations a une structure commerciale indépendante, avec deux équipes en interne pour la vente des livres d’une part et des bandes dessinées d’autre part sur les marchés français, belge et suisse, ainsi que trois centres de distribution pour les ouvrages du groupe en France (sauf Dupuis), en Suisse et en Belgique.
44 Depuis le 1er janvier 2010, la diffusion pour tous les marchés francophones est assurée par Mediadiff, une nouvelle structure résultant de la fusion des équipes de DDL Diffusion et Diffea. Quant à la distribution, elle est assurée par MDS Benelux, Dupuis Logistics Services (DLS) et la Société de Distribution du Livre Caravelle [20]. Sur les marchés néerlandophones, DLS s’occupe de la distribution et Ballon Media de la diffusion.
Uitgeverij Lannoo
45 La maison d’édition et imprimerie Lannoo est créée en 1909 par Joris Lannoo à Tielt. En 1959, l’entreprise familiale prend le statut de société anonyme et en 1992, l’entreprise est scindée en deux sociétés anonymes juridiquement indépendantes, Uitgeverij Lannoo (maison d’édition) et Drukkerij Lannoo (imprimerie). La famille Lannoo reste actionnaire de Uitgeverij Lannoo, directement et par l’intermédiaire de la société Plantin & Moretus (64 %).
46 Uitgeverij Lannoo publie, en néerlandais, des livres tout public dans des domaines divers (histoire, actualité, cuisine, famille et éducation, biographie, santé, psychologie, décoration d’intérieur, art, architecture, photographie, management, informatique, poésie, littérature, voyage, spiritualité, sciences, jardinage, etc.). Dans le domaine des livres pour la jeunesse, elle publie des livres cartonnés pour les tout-petits, des livres illustrés pour les enfants un peu plus grands, des livres pour les « premiers lecteurs », des livres audio avec CD, des livres de non-fiction, des romans, etc. (Vos en Haas, Verjaardag met taart, Feest in de boom, Bloeddroom, etc.),
47 Au fil du temps, la maison d’édition se restructure et diversifie ses activités. Le nouveau département Studio Lannoo est chargé du graphisme des livres et produits de papeterie et des produits de merchandising (issus du département Lannoo Graphics). Durant les années 1990, Uitgeverij Lannoo fonde à Bruxelles les Éditions Racine qui éditent des livres d’art et de la littérature en langue française, ainsi que la maison d’édition Touring Lannoo, en partenariat avec Touring Club, qui publie des ouvrages liés au tourisme en néerlandais et en français pour les membres du Touring Club.
48 Uitgeverij Lannoo est également présent aux Pays-Bas, au travers d’une filiale, Uitgeverij Terra, devenue Terra Lanno BV, importante maison d’édition néerlandaise acquise en 1999. Terra Lannoo BV est chargée de la distribution des publications d’Uitgeverij Lannoo, Michelin et Betaplus aux Pays-Bas.
49 En 2002, le groupe Lannoo absorbe ASdu International NV, société spécialisée dans les manuels informatiques et de management et crée, un an plus tard, un département pour l’édition de livres scientifiques à caractère académique et professionnel à Heverlee, Lannoo Campus. Durant les années 2000, le groupe renforce sa position en Europe ; il ouvre une agence Lannoo Graphics en Angleterre et en France et signe un accord de partenariat avec Michelin pour la vente et la distribution dans le Benelux des ouvrages touristiques des Éditions Touring Lannoo et la publication d’une version néerlandaise des Guides Verts. Enfin, fin janvier 2010, Uitgeverij Lannoo signe avec PCM Uitgevers le rachat du fonds Meulenhoff et des maisons d’édition De Boekerij (fiction populaire), De Unieboek (Twlilight, etc.), Het Spectrum (non-fiction). Le groupe renforce ainsi sa position sur le marché hollandais, édite à nouveau de la fiction et double ses activités.
50 Uitgeverij Lannoo a introduit sept demandes de subsides auprès du Vlaams Fonds voor de Letteren pour la publication de livres pour la jeunesse en 2009 ; deux projets ont été retenus (pour 4 500 euros) : Mannetje Koek schrijft een boek et Tommie en de torenhoge.
51 En 2009, la société Uitgeverij Lannoo employait 112 personnes et a enregistré un chiffre d’affaires de 43 373747 euros (en augmentation de 5,34 % par rapport à 2008) dont 31 000 000 euros dans le département Studio Lannoo et 10 300 000 euros dans le département Lannoo Graphics. La société a réalisé un bénéfice de 1 036 909 euros, alors qu’il s’élevait à 1 318 669 euros en 2008.
52 Le stockage et la distribution des produits de Lannoo Uitgeverij et de plusieurs de ses filiales sont assurés par le centre de distribution Distrimedia, filiale d’Uitgeverij Lanoo fondée fin 1994.
Les Éditions Dupuis
53 La création de la maison Dupuis remonte à 1898, à l’époque une imprimerie à Charleroi. Les activités d’édition débutent en 1922. Un journal destiné à la jeunesse, le magazine Spirou, est créé en 1938. C’est dans ce magazine que paraîtront plus tard Gaston Lagaffe, Lucky Luke, Tif et Tondu, Les Schtroumpfs, Boule et Bill, Gil Jourdan, Buck Danny, etc. Le premier album de bande dessinée, Bibor et Tribar de Rob-Vel est publié en 1940.
54 En octobre 1984, les Éditions Dupuis sont achetées aux membres de la famille Dupuis-Matthews par les groupes français Hachette et belge Groupe Bruxelles Lambert. Deux années plus tard, le Groupe Bruxelles Lambert et Hachette fondent la société anonyme Caredit, renommée Éditions Dupuis un mois après sa création, au terme d’une restructuration de l’ensemble des activités du sous-groupe Dupuis autour d’une société holding, Groupe Jean Dupuis.
55 En 2004, la société Éditions Dupuis devient filiale à 100 % du groupe français Média Participations. Son siège est établi à Marcinelle. Elle dispose elle-même d’une filiale, Dupuis Logistics Services, et d’une filiale commune avec la RTBF, Dreamwall, également à Marcinelle. Les Éditions Dupuis ont par ailleurs une participation de 20 % dans la société Ballon Media (semi-major que nous présenterons ultérieurement), en association avec la famille Moortgat via la société 4D et l’administrateur délégué de la société, Alexis Dragonetti.
56 Les Éditions Dupuis publient de la bande dessinée tout public, en français, basée sur l’humour avec une tradition d’aventures humoristiques et de gags. Son catalogue comprend plusieurs collections : une collection d’ouvrages tout public (Gaston, Les Schtroumpfs, Boule et Bill, Spirou, Cédric, Les Tuniques bleues, etc.), Aire Libre (bandes dessinées romancées pour adultes et adolescents comme Fanchon, Lova, etc.), les Intégrales Dupuis (réédition de plusieurs titres déjà parus accompagnés d’un dossier historique ou graphique) et Pucerons (bande dessinée sans texte pour les enfants à partir de deux ans et demi : Hugo, Lulu, Petit poilu, etc.). Les Éditions Dupuis intègrent les métiers de l’édition, de l’animation et des droits dérivés en vue d’assurer l’exploitation de leurs univers. Ces dernières années, une activité de vente directe aux consommateurs, avec diverses formules de clubs s’adressant aux enfants (en Belgique, en France, en Suisse, aux Pays-Bas et en Allemagne), a été développée. Enfin, depuis 2009, une cellule Corporate propose aux entreprises la création de livres et d’objets sur mesure.
57 En 2009, les Éditions Dupuis occupaient 77 personnes, en recul de 25 % par rapport à 2008. Le chiffre d’affaires était de 40 223 559 euros, en recul de 19 % par rapport à 2008 et l’entreprise enregistrait une perte de 438 695 euros, contre un bénéfice de 964 986 euros en 2008.
58 La diffusion de leurs publications vers les marchés francophones est assurée par Mediadiff et la distribution par MDS Benelux, Dupuis Logistics Services (DLS) et la SDL Caravelle. Sur les marchés néerlandophones, DLS est chargé de la distribution, et Ballon Media de la diffusion.
Les Éditions Casterman
59 La fondation de la maison Casterman remonte à 1776, au départ d’une activité de librairie-reliure à Tournai, étendue à l’édition et à l’imprimerie. Au XIXe siècle, Casterman développe un catalogue largement dédié aux publications religieuses ou édifiantes et aux ouvrages à destination de la jeunesse. En 1856, la maison d’édition crée une filiale à Paris. Devenue société anonyme en 1907, Casterman prend le relais des Éditions du Petit Vingtième [21] en 1934 et publie en albums des aventures de Tintin avec le quatrième épisode de la série, les Cigares du pharaon. Casterman produit peu de nouveaux titres par an et s’appuie presque totalement sur la production d’Hergé, avec qui la société a un contrat d’exclusivité pour l’édition en albums. À partir de 1975, d’autres auteurs et dessinateurs font leur entrée chez Casterman. La création de la revue (À Suivre) en 1978 permet à cet éditeur de se renouveler et de se tourner davantage vers la France. Cela correspond à un changement de cap de Casterman qui décide alors de se lancer dans la bande dessinée pour adultes en proposant les premiers albums de Corto Maltese réalisés par Hugo Pratt.
60 En 1999, la société est scindée en deux : Casterman Édition et Casterman Imprimerie. Le département édition est cédé à l’éditeur français Flammarion, lui-même racheté en 2000 par le groupe italien de presse et d’édition Rizzoli, devenu RCS Media Group en 2003. Quant à Casterman Imprimerie, déclarée en faillite en juin 2002, elle est reprise par le groupe Evadix et rebaptisée Casterman Printing.
61 La sa Éditions Casterman, dont le siège a quitté Tournai pour Bruxelles en février 2001, est aujourd’hui une filiale à 99,94 % de la société française Flammarion. Elle se consacre à la publication en français et en néerlandais de bandes dessinées (albums Tintin, Tardi, Hugo Pratt, Geluck, Schuiten et Peeters, label Sakka dédié au manga) et de livres à destination des jeunes jusqu’à 18 ans (Martine, Ernest et Célestine, Cherub, Direlire, etc.). Sa politique de production est limitée et volontairement sélective avec moins de 100 nouveautés par an.
62 Le chiffre d’affaires pour l’année 2009 s’élève à 38 378 884 euros, contre 35 654 792 euros en 2008, soit une progression de 7,64 %. L’exercice se clôture par un bénéfice de 638 498 euros, contre 527 182 euros en 2008, soit une progression de 21,12 %. La société employait 41 personnes fin 2009.
63 Les albums des Éditions Casterman sont diffusés par Flammarion et distribués par Union Distribution et la SDL Caravelle. Ils sont imprimés chez Casterman Printing appartenant au groupe Evadix depuis décembre 2002.
WPG Uitgeverij België
64 La sa WPG Uitgevers België (anciennement Standaard Uitgeverij) a été achetée en janvier 2010 par le groupe néerlandais WPG, après un passage à la société néerlandaise De Persgroep. Standaard Uitgeverij était issue de la restructuration de la société anonyme De Standaard en faillite en 1976 et dont les activités de presse, de librairie et d’édition étaient scindées. Standaard Uitgeverij importait et distribuait en Flandre les ouvrages de plusieurs maisons d’éditions néerlandaises. En 1998, Standaard Uitgeverij avait absorbé les Éditions Manteau, qui publiait notamment de la littérature pour la jeunesse. En 2001, Standaard Uitgeverij revendait ses activités éducatives à la sa Groupe De Boeck. En 2003, elle créait le fonds littéraire Meulenhoff/Manteau, repris par Lannoo en janvier 2010.
65 La sa WPG Uitgevers België publie des bandes dessinées (Suske en Wiske, De Rode Ridder, Kiekeboe, etc.) et des livres pour la jeunesse (Het Laatste Millenium, etc.).
66 Basée à Anvers, Standaard Uitgeverij employait 83 équivalents temps-plein en 2009. Son chiffre d’affaires était de 31 009 803 euros et son bénéfice de 2 319 817 euros pour cette même année (contre respectivement 32 633 755 euros et 2 934 869 euros en 2008). Elle assurait elle-même sa diffusion, tandis que sa distribution était confiée à la société néerlandaise Centraal Boekhuis Vlaanderen, très active en Flandre (distribution aux librairies telles que Standaard Boekhandel, FNAC, Club et Colibro). Après son rachat par WPG Uitgevers, les contrats de diffusion et de distribution ont été réorganisés.
Zuidnederlandse Uitgeverij
67 Zuidnederlandse Uitgeverij est une société anonyme créée en 1951 par la famille d’imprimeurs Govaerts. En 1956, l’affaire est reprise par Joris Schaltin, responsable des publications éducatives chez Standaard Uitgeverij, qui lui donne son nom actuel.
68 Basée à Aartselaar, cette maison d’édition familiale publie, en néerlandais, des livres pour la jeunesse (Allereerste verhalen, Ik lees al goed, Juweelelfjes, Vicky is verliefd !, etc.), de tourisme, de jardinage, de cuisine, des livres sur la maison et les hobbies, etc. Elle publie également des livres pour la jeunesse en français sous le label Chantecler (Corentin, Broum broum au travail !, Il était une fois, etc.).
69 Son actionnaire principal (99,74 %) est la société anonyme Guna’s (famille Schaltin) et elle détient 99,99 % de la librairie Standaard Boekhandel, 100 % de la maison d’édition néerlandaise Centrale Uitgeverij, 99,93 % de la maison d’édition française Chantecler, 25,5 % de la librairie en ligne Azur (le solde appartenant à la sa Standaard Boekhandel) et 30 % de la société néelandaise Boekenvoordeel Holding BV.
70 En 2008, la société, employant 65 personnes, a réalisé un chiffre d’affaires de 26 129 112 euros (26 015 977 euros en 2008) et un bénéfice de 20 611 608 euros (10 287 457 euros en 2008).
71 Les livres de Zuidnederlandse Uitgeverij sont auto-diffusés et auto-distribués. La distribution aux Pays-Bas des produits de la filiale française Chantecler est assurée par Centrale Uitgeverij à Harderwijk.
2.2. LES SEMI-MAJORS
72 À côté de ces six majors, on retrouve deux semi-majors, dont le chiffre d’affaires de 2009 est respectivement de 14 millions d’euros (Éditions Hemma) et de 10,8 millions d’euros (Ballon Media). Ce sont deux éditeurs de livres pour enfants établis en région flamande. Les Éditions Hemma font partie d’un grand groupe espagnol par l’intermédiaire d’une filiale française de celui-ci. Ballon Media a un actionnariat majoritairement flamand.
Les Éditions Hemma
73 La société anonyme Éditions Hemma est une filiale de la société française Librairie Fernand Nathan - Fernand Nathan & Cie, à Paris, elle-même filiale de l’éditeur français Editis racheté par le groupe d’édition espagnol Planeta en avril 2008. Le groupe Planeta, basé à Barcelone, se présente comme le premier éditeur espagnol et d’Amérique latine et le deuxième éditeur français. Il dispose en Belgique de la société de distribution d’Editis, Interforum Benelux, basée à Louvain-la-Neuve, qui est chargée du stockage, de la commercialisation et de la logistique d’approvisionnement des ouvrages, entre autres, des Éditions Hemma en Belgique et au Luxembourg.
74 Les Éditions Hemma publient des ouvrages pour les enfants jusqu’à 12 ans, en français et en néerlandais, sous deux marques : Langue au Chat et Hemma. La première, née en 2004, contient des livres d’éveil illustrés, conçus en diverses matières, et destinés aux enfants jusque 6 ans. La deuxième marque, Hemma, est divisée en trois segments selon les tranches d’âge. Dans le premier segment, on retrouve des livres d’éveil, de coloriage, de jeux et d’activités, des albums, des livres musicaux électroniques et quelques livres de poche pour les enfants jusqu’à 8 ans, destinés à la grande distribution et aux librairies. Le deuxième segment est plutôt destiné à la publication d’albums pour les librairies et les magasins de jouets. Enfin, le dernier segment contient des ouvrages destinés aux 8-12 ans, dont les licences de Disney comme Hannah Montana, High School Musical ou Jonas Brothers.
75 Les Éditions Hemma développent leur activité éditoriale notamment en achetant des droits de coproduction sur le marché international. Elles sont l’éditeur en français et en néerlandais de Camille, une collection traduite aujourd’hui en 28 langues, et de livres avec les personnages vedettes de la télévision et du cinéma (Littlest Petshop, My little Pony, Barbie, Charlotte aux Fraises, Dora, Cars, Up, Toy Story, etc.). Le catalogue d’Hemma est constitué pour moitié de produits dérivés : jouets, films, séries télévisées, jeux vidéo, etc.
76 En 2009, 25 équivalents temps plein travaillaient dans la société qui a réalisé un chiffre d’affaires de 14 082 874 euros, en augmentation de 8,40 % par rapport à l’année 2008, avec une augmentation du chiffre d’affaires direct en langue néerlandaise, assuré depuis janvier 2009 par l’intermédiaire de grossistes tant en Belgique qu’aux Pays-Bas, et un bénéfice de 1 687522 euros, compte tenu d’un abandon de créances de 1 900 000 euros de la part de son actionnaire Librairie Fernand Nathan.
77 La diffusion et la distribution sont assurées par Interforum Benelux.
Ballon Media
78 Ballon Media est une société anonyme née de la fusion, le 1er avril 2008, des maisons d’édition Le Ballon (livres pour enfants) et Ballon Books (bandes dessinées).
79 Elle appartient à 80 % à la sprl 4D. Cette société a elle-même pour actionnaires à hauteur de 25 % la société anonyme Belgotoons, filiale à 100 % de la sprl Neologie, détenue par Alexis Dragonetti. Le solde du capital de 4D appartient à Michel Moortgat (actionnaire des brasseries Duvel Moortgat). Les Éditions Dupuis conservent 20 % de Ballon Media.
80 La société est divisée en trois départements : Ballon Kids, Ballon Comics et Ballon Distribution. Ballon Kids publie des livres à destination des enfants jusqu’à 9 ans en néerlandais et en français (ouvrages mêlant l’imagerie d’éveil, des activités de collage, de coloriage, des exercices et des ouvrages à vocation plus documentaire). Ces livres sont traduits en 54 langues et vendus dans plus de 80 pays. Ballon Comics édite des bandes dessinées en néerlandais dont le personnage phare est Jommeke, des BD d’auteurs flamands, K3 (un produit de Studio 100), Sabbatini, et les licences desSimpsons, Studio Dance, Sisters [22], etc. Depuis fin 2009, Ballon Comics est devenu l’éditeur de Musti et, depuis le 1er janvier 2010, l’éditeur pour le marché néerlandophone du fonds Kana exploité par Dargaud-Lombard. Enfin, Ballon Distribution commercialise et distribue en Flandre et aux Pays-Bas des produits de Ballon Media. Il est également le distributeur exclusif des traductions des bandes dessinées de Dargaud, Dupuis, Lombard pour lesquelles il assure le suivi rédactionnel et éditorial. Il distribue en outre Kana, Graton, Blake et Mortimer, Marsu Productions, etc.
81 Ballon Media envisage l’exploitation audiovisuelle de Jommeke, mais une expansion vers des marchés étrangers, notamment vers le marché asiatique.
82 La maison d’édition occupait 27 personnes en 2009, son chiffre d’affaires s’élevait à 10 808 919 euros (11 131 656 euros en 2008) et son bénéfice à 23 671 euros (38 278 euros en 2008).
83 Les livres pour la jeunesse francophone de Ballon Media sont diffusés et distribués par DDL Diffusion.
2.3. LES ÉDITEURS DE MOYENNE ENVERGURE
84 Viennent ensuite les dix éditeurs de moyenne envergure, dont cinq sont des sociétés anonymes et cinq des sprl. Le chiffre d’affaires de cette catégorie de notre classement d’éditeurs est, pour rappel, compris entre 4 et 10 millions d’euros. Nous n’avons pu les classer selon le chiffre d’affaires, car nous ne disposons pas toujours de cette donnée. Nous présentons d’abord les sociétés anonymes, par ordre d’importance du chiffre d’affaires connu, ensuite les sprl, par ordre d’importance du bénéfice déclaré.
85 Huit de ces éditeurs sont établis en Région flamande. Leurs propriétaires sont des familles ou des sociétés flamandes (à l’exception d’une société anonyme flamande dont l’actionnariat est à 50 % flamand et 50 % néerlandais). Deux éditeurs de cette catégorie sont francophones (établis respectivement à Bruxelles et à Namur). Tous sont des éditeurs de livres pour la jeunesse, à l’exception de l’un des deux éditeurs francophones, qui est actif dans la bande dessinée.
Linkeroever Uitgevers
86 La fondation de la maison d’édition anversoise Linkeroever Uitgevers remonte à 1983. Elle est aujourd’hui une société anonyme détenue à 50 % par la sa Concentra Media, filiale du groupe Concentra (Het Belang van Limburg, Het Gazet van Antwerpen, Metro, Radio Nostalgie, vandaag.be, etc.) et à 50 % par la maison d’édition néerlandaise NDC/VBK De Uitgevers BV.
87 Linkeroever Uitgevers édite des livres pour la jeunesse (De wereld van Sofie, etc.) dans la collection Houtekiet. Elle publie par ailleurs des romans, thrillers, livres médicaux, historiques, économiques, philosophiques et scientifiques. Linkeroever Uitgevers publie un mensuel culinaire en français et en néerlandais (Ambiance).
88 En 2009, la société employait 11 personnes et a enregistré un chiffre d’affaires de 4 678 481 euros, contre 1 097 787 euros en 2008, et une perte de 705 905 euros, contre 72 026 euros en 2008.
89 C’est Veen Bosch & Keuning qui s’occupe de la diffusion et Centraal Boekhuis Vlaanderen de la distribution.
Les Éditions Glénat Bénélux
90 Les Éditions Glénat Bénélux sont une société anonyme filiale de la société de droit français Éditions Glénat , créée en 1985 à Bruxelles. Le deuxième actionnaire minoritaire des Éditions Glénat Bénélux est la société anonyme La Caravelle, Société d’Éditions, elle-même unique actionnaire des librairies Slumberland. Quant aux Éditions Glénat, elles sont fondées en 1972 par Jacques Glénat. La société de tête du groupe est la sa Glénat Entreprises en développement, actionnaire direct des Éditions Glénat, d’une part, et de Glénat Production, d’autre part. Les Éditions Glénat sont principalement actives dans la bande dessinée et, depuis 1991, dans le manga. Elle publient également les magazines L’Écho des savanes, L’Alpe, Étoile magazine. Dans les années 1990, elle rachète à Hatier la maison d’édition Vents d’Ouest et l’éditeur Libris fin 2006. Quelques succès éditoriaux (Tchô Mégazine, Dragon Ball, Titeuf, etc.) font des Éditions Glénat un des plus grands éditeurs indépendants de bande dessinée en France et en Europe, avec un taux de croissance annuel moyen de près de 15 %, un chiffre d’affaires de 75 millions d’euros et 200 salariés en 2008. Glénat a en outre joué un rôle important dans l’introduction du manga en France, qui représente 35 % de son activité. Plus particulièrement dans le domaine des livres destinés aux enfants, Glénat a développé la collection P’tit Glénat. Depuis les années 2000, Glénat consolide et diversifie ses activités, notamment autour des métiers de l’image.
91 La société Éditions Glénat Bénélux gère l’ensemble des activités du groupe dans la zone Benelux : édition en langue française et néerlandaise (8 % du chiffre d’affaires), diffusion des ouvrages en français du groupe (67 % du chiffre d’affaires) et gestion des librairies spécialisées en BD [23] (25 % du chiffre d’affaires). D’un point de vue éditorial, elle recherche et suit les auteurs belges pour le catalogue Glénat et gère la communication (salons, médias, etc.) auprès du public belge, luxembourgeois et néerlandais. Les Éditions Glénat Bénélux représente 13 % de parts de marché dans la librairie de BD en Belgique. Le déploiement de l’activité éditoriale néerlandaise (notamment le manga) et sa diffusion aux Pays-Bas font désormais partie des axes d’évolution prioritaires du groupe Glénat dans cette zone.
92 Les Éditions Glénat Bénélux occupaient quatre équivalents temps plein fin 2009. Son chiffre d’affaires pour 2008 s’élevait à 3 897285 euros, en faible diminution par rapport à 2008, et la société a enregistré une perte de 657 595 euros (contre une perte de 61 076 euros en 2008).
93 La diffusion est assurée par la société française Glénat Diffusion et par la SDL Caravelle. La distribution est assurée par la SDL Caravelle.
Uitgeverij Ludion Éditions
94 WPG Uitgevers Belgie est fondée en 1993 à Anvers par la société néerlandaire WPG Uitgevers et Weekbladpers Vlaanderen BV pour le marketing, la vente et la distribution des produits du groupe sur le marché flamand. Uitgeverij Zwijsen.be importe des livres de Zwijsen Educatief aux Pays-Bas, mais publie également de plus en plus d’ouvrages propres. En 1993, Uitgeverij Zwijsen.be est le nom d’une maison d’édition absorbée en 1993, mais dont WPG conserve l’appellation pour ses activités d’édition. Suite au rachat début 2009 de Standaard Uitgeverij par le groupe néerlandais WPG, l’ancienne filiale de ce groupe, WPG Uitgevers België, a repris la dénomination d’origine et devient ainsi Uitgeverij Zwijsen België. Cette société a une filiale qui édite des livres pour enfants, Uitgeverij Ludion Éditions, à Anvers.
95 Le chiffre d’affaires de Uitgeverij Ludion Éditions pour l’année 2009 s’élevait à 2 447 534 euros ; la société avait enregistré une perte de 140 590 en 2009, contre 670 910 euros en 2008. En 2009 elle employait six équivalents temps plein.
Uitgeverij Altoria Averbode
96 Uitgeverij Altiora Averbode est une société anonyme créée fin 1993 et qui a pour objet le développement de fonds éditoriaux en produits éducatifs, littérature pour la jeunesse et livres religieux et philosophiques pour le groupe Averbode. Elle est une filiale à 99,99 % de l’asbl Abdij der Norbertijnen van Averbode.
97 Le groupe Averbode occupe une position de leader dans l’édition milieu éducatif en Belgique, aussi bien en français qu’en néerlandais. Il compte plusieurs sociétés qui ont chacune une mission spécifique. Cego Publishers NV est une filiale commune d’Uitgeverij Altiora Averbode et du Centrum voor Ervaringsgericht Onderwijs de la KULeuven. Cette société anonyme créée début 2008 développe notamment du matériel éducatif et du matériel audiovisuel. Uitgeverij Averbode NV est spécialisée dans la production et la distribution de revues pour enfants et adolescents (Dopido, Dokadi, Lees Knuffel, Naomi). Lascaux NV se concentre sur les développements informatiques et multimédias. La sa Éditions Érasme et sa filiale la sa D2H sont éditrices en Communauté française de manuels et d’ouvrages pédagogiques et éducatifs pour tous les niveaux d’enseignement. Enfin, les Éditions Averbode sarl, les Éditions Sedrap sas et Uitgeverij Averbode BV sont les filiales en France et aux Pays-Bas.
98 Durant l’exercice 2009, les Éditions Altiora Averbode ont essuyé une perte de 45 817 euros (11 256 euros en 2008) et occupaient 10 personnes.
99 La diffusion en Belgique des Éditions Altiora Averbode et de Cego Publishers est assurée par Denis et la distribution par Libridis.
Davidsfonds Uitgeverij
100 La maison d’édition Davidsfonds Uitgeverij est une société anonyme fondée dans les années 1980 à Louvain par l’asbl Davidsfonds, un réseau culturel lié au pilier chrétien flamand. L’asbl Davidsfonds détient 99,5 % des titres de la sa Davidsfonds Uitgeverij. Elle met l’accent sur l’histoire, l’art, la langue et la lecture. L’asbl et la maison d’édition Davidsfonds détiennent respectivement 80 % et 10 % du centre de distribution Distriboek à Holsbeek.
101 Davidsfonds Uitgeverij a pour objectif de promouvoir le néerlandais comme langue littéraire et publie dans cette langue des livres pour la jeunesse (Bij de Indianen, De Heks van Axel, Voel jij wat ik voel ?...), des romans et thrillers pour adolescents ainsi que des livres pour adultes (romans, thrillers, livres d’art et d’histoire, d’actualité, de spiritualité, sur la santé, la nature, les voyages, etc.).
102 Uitgeverij Davidsfonds a enregistré une perte de 49 580 euros pour l’année 2009 (et une perte de 53 295 euros en 2008) et employait 18 personnes.
103 En 2009, elle a bénéficié de 1 600 euros de subside du Vlaams Fonds voor de Letteren pour la publication de Vliegen tot de Hemel.
104 Ses ouvrages sont autodiffusés et autodistribués.
Baeckens Books
105 Jozef Baeckens crée la maison d’édition Baeckens Books sous la forme d’une sprl à Malines en 2004. La sprl Baeckens Books a une filiale aux Pays-Bas, la maison d’édition Baeckens Books Nederland. Cette dernière gère plusieurs collections : Uitgeverij Bakermat, Zirkoon Uitgevers, Uitgeverij Randazzo en Banier, Uitgeverij Fantoom, Uitgeverij Sjaloom, Uitgeverij Usborne, Uitgeverij Pica et Uitgeverij BIB.
106 Uitgeverij Bakermat, la seule collection à caractère belge, comprend des livres d’images en néerlandais pour les petits et tout-petits enfants (Geronimo Stilton, Ulysses Moore, Lily Quench, Cherub, etc.). Elle s’associe parfois en coproduction avec d’autres éditeurs.
107 En 2009, Baeckens Books a enregistré un bénéfice de 267 950 euros (contre 53 510 euros en 2008) et employait 17 personnes.
Abimo
108 La sprl Abimo a été fondée en 1998. Son siège social se trouve à Saint-Nicolas. Son capital est détenu, d’une part, par le fondateur Koenraad David (0,3 %), d’autre part, par la société anomyme Abimo, appartenant à Koenraad David et à son épouse (99,7 %).
109 Abimo publie des livres éducatifs, d’images, de jeunesse (Alien, Frituur Paradiso, etc.), des cartes de vœux, mais également des ouvrages éducatifs commandés par des tiers (Abimo travaille en collaboration notamment avec Child Focus, VIVA-SVV, Vlam, Nice).
110 En 2009, le bénéfice s’élevait à 220 527 euros contre 203 726 euros en 2008, et l’entreprise employait 7 personnes.
111 Enfin, les produits d’Abimo sont autodiffusés et autodistribués .
Mijade
112 La sprl Mijade, constituée en 1981 par Michel Demeulenaere à Namur, a étendu en 1994 ses activités de librairie spécialisée en bande dessinée et livres pour la jeunesse à l’édition de livres pour la jeunesse.
113 Mijade édite des albums illustrés pour enfants et des romans pour adolescents et jeunes adultes. La collection Petit train s’adresse aux enfants de moins de trois ans (Alice et Aldo, Bébé Léon, Bonjour, Saint Nicolas, etc.). Le fonds Albums contient des fictions illustrées destinées aux enfants de deux à huit ans (1,2,3, L’île aux lapins, Ça aurait pu être pire, etc.). La moitié de ce fonds est constituée de créations et l’autre moitié de traductions et de reprises. Depuis 2007, Mijade, qui a repris les départements de littérature jeunesse de Memor et Zone J-Espace Nord Jeunesse, propose la collection Zone J pour les jeunes de 9 à 15 ans (L’amour à boire, Camarades, Comme une bombe, etc.) et la collection Mijade roman pour les jeunes à partir de 15 ans (16-1=14, Ado blues, Chez Céleste, etc.). Depuis 1998, les Éditions Mijade sont associées avec des éditeurs étrangers pour coéditer leurs créations notamment en Allemagne, aux Pays-Bas, aux États-Unis, en Scandinavie, en Corée et au Japon.
114 Mijade a réalisé un bénéfice de 151 786 euros pour l’année 2009, alors qu’il était de 182 868 euros l’année précédente. Elle compte quatre collaborateurs. Bien que nous ne disposions pas de son chiffre d’affaires, nous avons classé Mijade parmi les éditeurs de moyenne envergure sur la base des données de l’étude de l’Observatoire des politiques culturelles [24].
115 Ses albums sont diffusés par Sofedis et distribués par Sodis, qui appartient au groupe Gallimard, et la SDL Caravelle.
Uitgeverij De Eenhoorn
116 En juillet 1990, Bart et Dirk Desmyter et la sprl Drukkerij Uitgeverij Oranje-De Eenhoorn à Wielsbeke créent la sprl Uitgeverij De Eenhoorn [25].
117 Cette maison d’édition publie des revues pour enfants de 3 à 14 ans (Koe-Koek, Kadoze, Kadee, Kikje, Knuffel, Klap et Kits) et des livres en néerlandais (livres en carton pour les enfants jusqu’à 3 ans, livres d’images pour les 3 à 8 ans, livres pour les jeunes lecteurs, romans pour les 8 à 16 ans et recueils de poésie pour les enfants, adolescents et adultes). Tous les ouvrages de l’auteur Geert De Kockere sont publiés dans la collection Medaillon (Koe en Kalf, Man, Koning Kerel, etc.). Enfin, depuis 2000, Uitgeverij De Eenhoorn vend les droits sur ses livres à l’étranger ; certains ouvrages ont ainsi été publiés en Corée du Sud, en France, en Espagne et au Brésil, en coproduction ou non.
118 Au cours de l’année 2008, Uitgeverij De Eenhoorn a comptabilisé un bénéfice de 65 130 euros contre une perte de 46 198 euros l’année précédente et elle comptait 5 employés.
119 Elle a obtenu 4 400 euros de subsides du Vlaams Fonds voor de Letteren en livres pour la jeunesse pour deux ouvrages : Door de lens et Meneer Grijs.
120 Uitgeverij De Eenhoorn s’occupe de la diffusion ; Drukkerij Oranje, de l’impression et la distribution est sous-traitée.
Clavis
121 Au début des années 1980, Philippe Werck crée la sprl Clavis, une maison d’édition basée à Hasselt.
122 Clavis est détenue à 99,97 % par la société holding Clavis Media, elle-même détenue à 65,7 % par Philippe Werck, à 33,33 % par la sa Limburgse Reconversiemaatschappij (LRM) et à 0,97 % par Ritva Werck-Lukkarinen. En décembre 2003, Clavis et Clavis Media fondent la sprl Poespas, active dans le commerce de gros et de détail, l’import et export de livres et périodiques, d’imprimés et de timbres, la publication de livres et de périodiques, l’achat et la vente de droits d’auteur. Clavis Media détient en outre 99,68 % de la maison d’édition sa Facet (cf. infra), toutes deux basées à la même adresse, une filiale aux Pays-Bas, Avain BV, et une filiale aux États-Unis, Clavis Publishing Inc.
123 Clavis publie des livres en néerlandais pour les enfants et les adolescents jusqu’à 18 ans (Kiekeboe, Zaza, Filter, Dromen van de maan, etc.). Le fonds Clavis est divisé en plusieurs catégories : Peuterboeken (livres pour les enfants jusqu’à 3 ans), Kleuterboeken (livres pour les 3 à 6 ans), Voorlezen (livres à partir de 5 ans), Leren Lezen (livres pour apprendre à lire à partir de 6 ans), Cadeau (livres-jeux éducatifs, livres de coloriage, puzzles, etc.), Leesboeken (livres d’aventure, sur le sport, uniquement pour les filles, pour les plus de 16 ans, etc.), Informatief (divers livres informatifs), Luisterboeken (livres à écouter avec DVD), etc.
124 Pour l’année 2009, Clavis a enregistré un bénéfice de 41 441 euros (en 2008 : 140 569 euros) et employait 16 personnes.
125 Les ouvrages de Clavis sont diffusés par Clavis Diffusion et distribués par Libridis.
2.4. LES ÉDITEURS DE PETITE ENVERGURE
126 Suivent vingt-neuf éditeurs qui, selon notre classement, apparaissent comme de plus petite envergure (chiffre d’affaires inférieur à 4 millions d’euros et/ou l’emploi de maximum 5 personnes). Vu la taille de ces entreprises, les données sur leur structure de propriété n’ont pu être rassemblées de façon complète pour chacune d’entre elles. Nous les présentons par ordre alphabétique.
Adhemar
127 La sprl Adhemar est constituée le 7 juillet 1998 pour la vente et l’achat de bandes dessinées neuves et de seconde main, l’édition de bande dessinée et d’albums de luxe, l’organisation de bourses de bandes dessinées, la vente et l’achat de dessins originaux, d’albums de luxe, la diffusion d’ouvrages d’autres maisons d’édition. Adhemar est donc d’une part une librairie spécialisée en bandes dessinées située dans le centre historique de Gand et d’autre part une maison d’édition de bandes dessinées. Elle a notamment publié De Verkeerde Man, Diamanten in Kwadraat, De Blauwe Toekan.
128 La société a enregistré un bénéfice de 19 570 euros pour l’année 2009 (il était de 12 354 euros en 2008).
129 Cette maison d’édition prend en charge sa diffusion et sa distribution.
Alice Éditions
130 La sprl Alice Éditions est fondée en 1995 à Auderghem par les familles de Patoul et Francart-Morel de Westgaver. Elle est divisée en deux départements : Alice Éditions, qui publie des collections de réflexion, des collections consacrées au patrimoine culturel, à l’art de vivre et aux loisirs, et Alice Jeunesse, qui publie des livres pour la jeunesse (Miguel c’est moi, La petite voix venue de loin, Où es-tu parti ?, Trop petit trop grand, etc.).
131 Elle comptait un employé en 2009 et avait enregistré un bénéfice de 9 916 euros en 2009 contre 46 614 euros en 2008.
132 En Belgique, la diffusion et la distribution sont assurées par la Société de Distribution du Livre Caravelle.
Arcadia
133 Créée en 1997 par quatre passionnés de bande dessinée, l’asbl Arcadia, basée à Putte-Beerzel, entend distribuer et diffuser la bande dessinée en tant qu’objet culturel. Elle édite des albums et des dossiers, organise des expositions, des revues de presse, des séances d’information dans les écoles et autres associations ainsi que des bourses. Son premier album, De vijf spiegels, ainsi que les suivants (Diableros, De onthoofde minnaars, Zakkenloper en Blasius, etc.) sont publiés en néerlandais et ont été traduits en français.
134 Le conseil d’administration d’Arcadia est composé de cinq bénévoles aux compétences complémentaires : graphisme, traduction, webdesign, relations publiques, vente, etc.
135 La diffusion et distribution en Belgique sont assurées par La Société de Distribution du Livre Caravelle.
Asteline
136 Asteline est une maison d’édition sans statut juridique propre fondée en 2008 par Joachim Regout, ancien rédacteur chez Casterman et ancien directeur de collection chez Glénat et Caravelle. Joachim Regout exerce son activité via l’asbl SMartBe.
137 Asteline édite des livres pour la jeunesse dans la collection P’tite Tête (Dragons oubliés de Belgique, La bottine, Saphir jardinier des saisons, Western Bolognèse, etc.), écrits par des auteurs belges, qui mettent l’accent sur l’éthique et l’écologie. La maison d’édition a le projet de publier des bandes dessinées.
138 Ses ouvrages sont autodiffusés et autodistribués.
Autrement Dit
139 Autrement Dit est une maison d’édition sans statut juridique propre créée en 1999 à Namur par le romaniste Jean Lieffrig.
140 Elle est spécialisée dans les audiolivres, livres-CD, livres-cassettes, enregistrements MP3 et bruitages pour le théâtre. Autrement Dit, à présent à Mons, se consacre à l’enregistrement de chefs-d’œuvre de la littérature française et étrangère par des voix connues avec accompagnement musical. Une partie de son catalogue est dédiée à la jeunesse : enregistrements des Fables de La Fontaine, Histoire de Babar, Pierre et le loup, Poil de Carotte, etc.
141 Autrement Dit envoie ses produits sur demande aux bibliothèques francophones et aux particuliers. Certaines bibliothèques spécialisées disposent de son catalogue en stock.
Bonte
142 Peter Bonte est un indépendant qui tient une librairie de livres de seconde main à Bruges, ainsi qu’une petite maison d’édition dans laquelle il publie des bandes dessinées « oubliées » en néerlandais, en très petit nombre d’exemplaires et en version de luxe. Il s’agit d’histoires non encore publiées en album ou de rééditions de séries anciennes.
143 La diffusion et distribution sont assurées par Pinceel Stripverspreiding [26] et par De Stripspeciaal-zaak dans les librairies spécialisées.
Brabant Strip
144 Brabant Strip est une asbl constituée en 1996 et basée à Londerzeel qui travaille avec une quinzaine de collaborateurs.
145 Elle publie dix fois par an un magazine, le Brabant Strip Magazine, qui est envoyé à ses membres. Son but est d’échanger de l’information sur des bandes dessinées anciennes, nouvelles, rares, sur des éditions spéciales, des manifestations autour de la bande dessinée, etc. Elle édite des bandes dessinées « oubliées », en néerlandais, en tirage limité (collection Fénix, Rolfke en Rulfke, Pits en Kaliber, etc.).
146 Cette maison d’édition se charge de sa propre diffusion et distribution.
Bries
147 Bries, à Borgerhout (Anvers) est à l’origine une bibliothèque de bandes dessinées. En 1989, Bries commence à éditer des ouvrages « qui cherchent les limites du média BD, les dépassent ou les déplacent ». La maison d’édition compte une centaine de publications. Bries a joué un rôle important dans la modernisation de la bande dessinée flamande.
148 Elle a bénéficié en 2008 d’une bourse pour la production de cinq bandes dessinées (Het jaar van de Olifant 5, 6, 7, 8 et Het graf van de keizer) et d’une autre pour la bande dessinée Weer over naar jou en 2009.
149 Ses ouvrages sont diffusés et distribués en exclusivité par Pinceel Stripverspreiding.
Cité Ardente
150 L’asbl Cité Ardente est fondée en avril 1996 par six collaborateurs à Grivegnée (Liège) pour promouvoir des auteurs liégeois de différentes disciplines. Elle publie, sous la dénomination de Noir Dessin Production, en français et en wallon, des bandes dessinées (La machine du diable, Le vieux bleu en français, Li diâble è cwér, etc.), des almanachs, des livres sur la culture et les traditions liégeoises, des romans, des livres autobiographiques, de cuisine, de légendes, des ouvrages sur la langue wallonne, etc. Elle produit également des gadgets tels des parapluies, cravates, t-shirts, plaques humoristiques, des cartes de vœux illustrées, des gants de cuisine, calendriers, etc. La langue wallonne a une place prépondérante dans son catalogue.
151 Leurs ouvrages sont autodiffusés et autodistribués.
Éditions du Pépin
152 La sprl Éditions du Pépin a été constituée en 2001 par l’éditeur Patricia Emsens. Basée à Bruxelles, cette maison d’édition propose des livres en français pour les enfants de 3 à 10 ans, réalisés par des auteurs belges et étrangers (Nez à nez, Une fleur à son chapeau, Une frousse bleue, etc.).
153 La société a essuyé une perte de 15 579 euros en 2009 (34 926 euros en 2008).
154 Ses ouvrages sont autodiffusés et autodistribués.
Epo
155 L’asbl Epo a été créée en 1974 à Berchem (Anvers). Cette maison d’édition publie en néerlandais des livres tout public sur des thèmes sociaux, socioculturels, politiques, économiques, historiques, sur la santé, la philosophie, la poésie, la musique, etc. , ainsi que des livres pour la jeunesse, dont Gewoon buitengewoon. En août 2010, la maison d’édition a annoncé la publication d’au moins quarante livres classiques sous forme de bande dessinée (« graphic novel ») dans les dix prochaines années : Het kapitaal de Karl Marx, Oorlog en vrede de Leo Tolstoj, Ulysses de James Joyce, Misdaad en straf de Fjodor Dostojevski, etc. Epo a conclu un accord avec la maison d’édition japonaise East Press pour traduire leur série de classiques de mangas et l’adapter au format de la maison d’édition belge.
156 Ses publications sont autodiffusées et autodistribuées.
Esperluète
157 L’asbl Esperluète, fondée en 1994, est basée à Noville-sur-Mehaigne. Elle édite et diffuse depuis 1994 des livres en français répartis en six collections, littéraires ou ludiques, définies par leurs formes : les livres, les cahiers, les accordéons, les hors-formats, les livres-jeux et les recettes. Pour les plus jeunes, elle a notamment publié Bientôt l’été, Ménagerie et Petits poissons. Elle organise également des formations dans les domaines de l’écriture et des arts plastiques, des rencontres littéraires, des lectures, etc. et entend encourager la création, promouvoir et diffuser l’œuvre d’auteurs et plasticiens belges ou étrangers.
158 Esperluète est membre des Éditeurs associés, asbl française qui a pour but de favoriser la collaboration entre petites structures éditoriales en vue d'améliorer leur représentation et leur diffusion.
159 L’asbl compte deux employés.
160 En Belgique, la diffusion et distribution sont assurées par Esperluète elle-même.
Frémok
161 Frémok est un label né en 2002 de la contraction de deux entités juridiques séparées – l’association sans but lucratif Fréon, à Bruxelles (Frémok Nord), et l’Association Amok, à Montreuil (Frémok Sud). Ce label est considérée dans le milieu de la bande dessinée comme un éditeur « alternatif [27] ».
162 Frémok publie des bandes dessinées en français alliant des « éléments d’art plastique et de la littérature avec des éléments de politique [28] » : la revue Frigobox, Qui a connu le feu ?, Souvenir d’une journée parfaite, La fête des mères, Dirty Diana, plusieurs collectifs, etc. À Bruxelles, tous les membres de l’asbl sont bénévoles.
163 Les Éditions Frémok ont bénéficié de deux bourses de la Commission d’aide à la bande dessinée pour l’année 2008 : 4 133 euros pour La putain P abandonne et 2 850 euros pour De la viande de chien au kilo, traduction en français d’un projet finlandais.
164 Frémok est distribué en exclusivité en Belgique par Pinceel Stripverspreiding et diffusé en Belgique francophone par Torpedo Diffusion.
Grint
165 La maison d’édition Grint est liée à la librairie spécialisée en bandes dessinées Het Besloten Land. Elle publie des bandes dessinées en néerlandais et est diffusée et distribuée par Van Halewyck.
Kramat
166 La maison d’édition Kramat a été fondée en 1994 et a pris le statut de sprl en 2006.
167 Son capital est détenu par des personnes physiques en leur nom propre et via les sociétés Vestagraphics et BS Business.
168 Elle publie des livres pour la jeunesse en néerlandais dans différentes collections : Kramat Junior (Brandhout voor de hel, etc.), Kramat Suspense (thrillers, romans policiers, etc.), Kramat Litura (littérature générale avec une thématique sociale, romans historiques, histoires vraies, etc.), Kramat Meesters in Magie (fantasy, science-fiction, horreur et thrillers surnaturels) et Kramat Docu (non-fiction). Depuis juin 2009, Uitgeverij Kramat édite un magazine sur les nouveautés et événements importants de la maison d’édition, Kramat Magazine.
169 Kramat présente une perte de 50 054 euros en 2009 (25 805 euros en 2008).
170 Kramat diffuse et distribue ses ouvrages en Flandre. La distribution aux Pays-Bas est assurée par Centraal Boekhuis.
La Cinquième Couche
171 La Cinquième Couche est une asbl fondée en 1994 par un groupe de huit auteurs de l'atelier de bande dessinée de l'Institut Saint-Luc de Bruxelles. Elle est actuellement composée de trois personnes qui y travaillent de manière bénévole. Elle publie des bandes dessinées en français et compte parmi les éditeurs « alternatifs ». Depuis le début de 2004, l’association s’est tournée vers l’aide à la création et vers la formation à la lecture médiatique et à la critique des médias. Elle a publié des ouvrages collectifs (Iphigénie, Limbo, Monsieur Fernando, etc.).
172 La Cinquième Couche a reçu des bourses pour l’édition de quatre projets en 2008 : 2 500 euros pour Mensens ante rosam, 1 500 euros pour Le lichen rouge, 2 447 euros pour La volupté d’Hectopascal et 2 447 euros pour Lemon Ink.
173 Ses ouvrages sont distribués en exclusivité en Belgique par Pinceel Stripverspreiding et diffusés en Belgique francophone par Torpedo Diffusion.
Lansman Éditeur
174 La maison d’édition Lansman Éditeur, sans forme juridique propre, est créée en 1989 par Émile et Annick Lansman, à Carnières.
175 Émile Lansman, qui exerce cette activité à titre complémentaire, publie, en français, essentiellement des textes dramatiques ainsi que, par le passé, quelques recueils de contes, de récits et de nouvelles. La collection Lansman Jeunesse est spécialisée dans le théâtre à lire et à jouer par et pour les jeunes dès l’école primaire (Les Sœurs Bonbon, Mathieu trop court, François trop long, Tam, etc.).
176 Lansman Éditeur bénéficie d’une subvention de la Communauté française de Belgique pour la publication de collections littéraires. Pour l’année 2008, il a enregistré approximativement un chiffre d’affaires de 175 000 euros et un déficit de 12 000 euros, la perte étant de 5 000 euros en 2007. Lansman Éditeur emploie une personne.
177 Émile Lansman s’occupe de la diffusion de ses ouvrages théâtraux et passe par Prothedis (Promotion Théâtre Distribution) pour la distribution en Belgique.
L’Employé du Moi.
178 Après avoir publié un fanzine pendant un an, six anciens élèves de l'atelier de bande dessinée de l'Institut Saint-Luc de Bruxelles créent l’asbl L’Employé du Moi en 2001. L’association est active dans le domaine de la bande dessinée, mais également du théâtre, du graphisme, du cinéma. Ses productions, en français, mettent au premier plan la narration plutôt que la recherche formelle.
179 Trois collections ont été créées : une collection destinée à la publication d’ouvrages collectifs (Abruxellation, Disparition, Crrisp, etc.), une collection destinée aux publications rapides à faible tirage (Add some music, Recto Verso #1, Nerfs de famille, etc.), et une collection destinée à des ouvrages plus soignés à plus grande distribution (Bouture, Le couloir, Lointain, etc.).
180 L’Employé du Moi participe aussi à des évènements autour de la bande dessinée et l’illustration. En 2007, L’Employé du moi a créé Grandpapier, une plate-forme de diffusion de bande dessinée en ligne qui permet à des auteurs novices ou confirmés de publier des images et récits divers dans le cadre d’une communauté de lecteurs et d’auteurs.
181 L’Employé du Moi est aujourd’hui constitué de 8 personnes qui participent à différents niveaux à la vie de la maison d’édition.
182 L’asbl a comptabilisé 50 887 euros de recettes pour l’année 2008 (24 439 euros en 2007) et une perte de 3 522 euros (contre un bénéfice de 3 859 euros en 2007).
183 En 2008, la Commission d’aide à la bande dessinée a subventionné trois projets : Bulu and the machine, Éclosion et Papercut (pour lesquels la maison d’édition a reçu respectivement 3 200 euros, 3 140 euros et 2 800 euros).
184 Ses publications sont distribuées en exclusivité en Belgique par Pinceel Stripverspreiding et diffusées en Belgique francophone par Torpedo Diffusion.
Les Piérides
185 Les Impressions nouvelles est une maison d’édition indépendante fondée en 1985 et qui a pris la forme d’une sprl dénommée Les Piérides en 1997.
186 Cette société édite surtout des essais et des romans et marginalement de la bande dessinée pour adultes en français (Fraise et Chocolat, Buzz-moi, L’Apprenti Japonais, etc.).
187 La société a enregistré un chiffre d’affaires au 31 mars 2009 de 366 053 euros et une perte de 42 591 euros (contre 426 038 euros de chiffre d’affaires et 32 123 euros de bénéfice pour l’exercice précédent). Certaines de ses publications ont bénéficié d’une bourse de la Commission d’aide à la bande dessinée.
188 En Belgique, la diffusion est assurée par Harmonia Mundi [29] et la distribution par la Société de Distribution du Livre Caravelle.
Nouga
189 Le fonds Nouga publie de la bande dessinée en néerlandais, notamment De geschiedenis van Tom Jones, Max en Sven, Quasimodo, etc.
190 Ses ouvrages sont diffusés et distribués en exclusivité par Pinceel Stripverspreiding.
Oogachtend
191 La société anonyme Oogachtend, fondée en juin 1999, édite en néerlandais notamment des bandes dessinées et des dessins humoristiques. Oogachtend a joué un rôle important dans la modernisation de la bande dessinée flamande. Basée à Louvain, cette maison d’édition compte une centaine de publications dans son catalogue, principalement des romans graphiques, à destination de jeunes adultes.
192 La société a enregistré une perte de 24 009 euros pour l’année 2009 (5 552 euros pour 2008).
193 Elle a bénéficié de bourses à la production de sept romans graphiques en 2009 dont Cordelia, Esther Verkest, Ergens waar je niet wil zijn, Slaapkoppen, etc.
194 C’est Van Halewyck, maison d’édition de livres et centre de distribution, qui est chargée de la diffusion et de la distribution des bandes dessinées d’Oogachtend. Pinceel Stripverspreiding dispose également d’un stock d’ouvrages.
P&T Production
195 La sprl P&T Production, basée à Bruxelles, édite de la bande dessinée sous la dénomination commerciale Éditions Joker.
196 Créée en 1983 sous le vocable P&T Restauration a ensuite été reprise en 1984 par le gérant actuel, Thierry Taburiaux, lorsqu’il s’est lancé dans l’édition de bandes dessinées.
197 La société débute ses activités par la réédition, en français, de séries abandonnées par les Éditions du Lombard : Olivier Rameau, Michael Logan, Gord ou Arlequin. Les Éditions Joker publient des récits d'aventure, historiques, fantastiques ou d'héroic fantasy, d’humour, de jeunesse, etc., mais son succès repose surtout sur ses séries pour adultes.
198 P&T Production a enregistré un chiffre d’affaires de 1 168 966 euros en 2009 (910 054 euros en 2008) et un bénéfice de 79 638 euros (16 386 euros en 2008).
199 Ses ouvrages sont autodiffusés et autodistribués.
Saga uitgaven
200 La sprl Saga uitgaven a été créée en 2009 par Martin Claeys et son épouse. Située à Zedelgem, cette maison d’édition publie des bandes dessinées en néerlandais réparties dans neuf collections : Bamboe, Luna, En Noir, Geheimen van het Vaticaan, Extra, Mitton, Stribbel, De Index et Retro.
201 Elle a notamment publié AmeriKKKa, Billy Wild, Box, Groom Lake.
202 Cette société n’a pas encore publié ses comptes.
203 Saga Uitgaven prend en charge sa propre diffusion et distribution.
Studio Boule et Bill
204 Studio Boule et Bill est une société anonyme créée en 1988 à Bruxelles sous le nom de Yeti Press. Ses actionnaires sont alors Medias Participations et les Éditions du Lombard (majoritaires) associés au groupe familial Hergé. Rebaptisée Studio Boule et Bill en 2001, elle absorbe trois ans plus tard DUPA, société anonyme exerçant des activités commerciales se rapportant à la création de bandes dessinées et de droits dérivés et à l’exploitation en tout genre de personnages de bandes dessinées.
205 Studio Boule et Bill est détenue aujourd’hui à 99,99 % par la société anonyme de droit belge Dargaud-Lombard et à 0,01% par la société de droit français Dargaud.
206 Studio Boule et Bill est chargée de l’exploitation des droits, y compris audiovisuels, des albums de la collection créée en 1959 par le dessinateur Jean Roba.
207 Studio Boule et Bill a enregistré un chiffre d’affaires de 3 070 545 euros en 2009 (907 887 euros en 2008) et un bénéfice de 614 457 euros (109 835 euros en 2008). La société n’occupe pas de personnel propre.
208 La diffusion pour tous les marchés francophones est assurée par Mediadiff et la distribution, par MDS Benelux, Dupuis Logistics Services (DLS) et la SDL Caravelle.
Studio 100 Publishing
209 Studio 100 Publishing est une maison d’édition fondée en 1997 sous la forme d’une sprl à Schelle par Daniel Verbiest, Gert Verhulst, Johan Vanden Eede et Hans Bourlon, les fondateurs de la maison de production de programmes de divertissements Studio 100 (Samson&Gert, K3, Wizzy&Woppy, Plop, Piet Piraat, Maya l’Abeille, Wicky le Viking, etc.).
210 Studio 100 Publishing publie, en français et néerlandais, des livres pour les enfants jusqu’à 12 ans et possède également un studio de dessins à destination également de la presse pour enfants. Quant à Studio 100, elle possède de nombreuses filiales actives dans l’organisation d’événements (Studio 100 Evenementen), le merchandising (Studio 100 Merchandising, Style Run N.V et De Kijkbuis), l’audiovisuel (Studio 100 Filmproducties, DED’s it, etc.), la musique (K3 est un groupe produit par Studio 100), le théâtre, les parcs à thèmes en Belgique et aux Pays-Bas, l’exploitation des droits d’auteur et des droits voisins (Studio 100 Media GmbH à Munich), des sites web interactifs, la radio sur internet, la danse, la chorale pour enfants, etc. Studio 100 cherche à consolider sa position internationale en visant des marchés comme l’Inde, Israël, le Canada, la Croatie, l’Espagne, l’Allemagne, l’Angleterre. Fin 2009, Fortis PEB détenait 32,56 % de Studio 100.
211 Pour l’année 2009, Studio 100 Publishing présentait un chiffre d’affaires de 412 541 euros, en retrait de 5 % par rapport à 2008 (487 191 euros) et un bénéfice de 219 115 euros (contre 321 961 euros en 2008). La société Studio 100 Publishing ne dispose pas de personnel propre.
212 Studio 100 Publishing assure sa propre diffusion et Libridis, une filiale du grossiste néerlandais Libridis Groep BV, est chargée de la distribution des livres.
’t Mannekesblad
213 L’asbl ’t Mannekesblad a été fondée en 2005 par un petit groupe d’amateurs de bande dessinée.
214 Basée à Lierre, elle publie en néerlandais des ouvrages anciens ou récents de dessinateurs débutants, confirmés, connus ou moins connus. Elle édite actuellement la revue ’t Mannekesblad, la série Minerva (Harry Humus, Rud Hart, Piet Pienter en Bert Bibber, etc.) et la série Privé Uitgaven (oeuvres de dessinateurs débutants).
215 La distribution et la promotion en Belgique sont assurées par Pinceel Stripverspreiding.
Uitgeverij C. De Vries-Brouwers
216 Les origines de la maison d’édition Uitgeverij C. De Vries-Brouwers, à Anvers, remontent à 1946. Elle est devenue une sprl en 1958.
217 Elle publie en néerlandais principalement des livres pour les enfants à partir de 3 ans (Altijd ruzie, Chips en Jessie, Dochter, etc.) mais également des romans pour jeunes adultes, de la poésie, des ouvrages consacrés à l’histoire locale et à l’art. À côté de ce fonds propre, elle importe des ouvrages en tous genres : essais, légendes, livres d’ésotérisme, de philosophie, d’histoire, de psychologie, de jardinage, d’architecture, de méditation, des dictionnaires, livres d’apprentissage de langues avec CD, etc.
218 La maison d’édition comptait 4 employés durant l’année 2009. Son bénéfice s’élevait à 18 965 euros (19 642 euros en 2008).
219 Les publications d’Uitgeverij C. De Vrie-Brouwers sont autodiffusées et autodistribuées.
Uitgeverij Daedalus
220 Uitgeverij Daedalus est une sprl constituée en 2006 à Genk par Michel Croonen et Luc Schrijvers.
221 Détenue à 50% par la sprl MCH, elle-même détenue à 100% par Michel Croonen, elle entend mettre sur le marché flamand un choix de bandes dessinées francophones. Cette maison d’édition a édité Albatros, Jeronimus, Nelson Lobster, etc.
222 L’année 2008 s’est soldée par une perte de 10 260 euros pour la maison d’édition, la perte étant de 3 405 euros en 2007.
223 Ses ouvrages sont diffusés et distribués par la Société de Distribution du Livre Caravelle.
Uitgeverij Enigma
224 La maison d’édition Uitgeverij Enigma publie des bandes dessinées originales et en traduction néerlandaise. La collection Collectie-tje contient surtout des mini bandes dessinées traduites (Da's nu mijn vader, De lokroep van de palingen, etc.) et la collection Collectie-f (pour Collectie-Fantasy), du fantasy (Excalibur, Lea, Excorcisme, etc.). Enigma collabore avec Het B-gevaar, librairie spécialisée en bandes dessinées.
225 Ses ouvrages sont diffusés et distribués en exclusivité par Pinceel Stripverspreiding
2.5. LA MICROÉDITION
226 À côté des ouvrages publiés par de grosses, moyennes ou petites structures, ou par des éditeurs dits indépendants, il existe un certain nombre de publications de fabrication artisanale, sans dépôt légal, au tirage très faible et à la durée de vie relativement courte : la microédition. Dans le secteur de la bande dessinée, on parle de fanzines. Dans le meilleur des cas, ces microéditions parviennent tout juste à rembourser les frais matériels engagés. La périodicité est souvent aléatoire. Selon leurs propres termes, « les bénéfices sont innombrables, mais certainement pas pécuniaires [30] ». Certains d’entre eux déposent des projets à la Commission d’aide à la bande dessinée pour obtenir des bourses.
227 La liste des fanzines présentée ici n’est certainement pas exhaustive. De plus, ce milieu de l’édition évolue rapidement. Un microéditeur dans le secteur de la littérature pour la jeunesse a également été identifié. Sont présentés ci-après les microéditeurs pour lesquels ont été recueillies les informations les plus pertinentes.
De figure et d’objet
228 Detruitu est un collectif créé en 2002, qui a pris la même année la forme d’une asbl, dénommée De figure et d’objet. Son siège est à Bassenge. À l’origine, son objectif est de développer un théâtre de marionnettes qui porte la réflexion sur des sujets de société. Parallèlement, Detruitu a publié cinq fanzines (Detruitu in the puppet camp 2, Detruitu III. Une petite page fleur bleue avant la débâcle, etc.) et organisé des expositions.
George
229 George est une structure d’édition fondée en septembre 2007 par Francesco Defourny [31] et Éric Nausal, auteurs publiant par ailleurs respectivement dans l’Association et Les Requins Marteaux. George envisage de prendre le statut d’asbl ou de conclure un contrat avec l’asbl SMartBe.
230 George est également le titre d’un ouvrage collectif mensuel de 56 pages et qui regroupe en moyenne douze auteurs (chacun produisant une à douze planches) dont un nouvel auteur à chaque numéro. Récemment, George a également publié des auteurs individuels. Les numéros paraissent en Belgique, en France et en Suisse.
231 George est géré par deux personnes, l’une à Bruxelles, l’autre à Paris, qui investissent personnellement de l’argent pour la publication des fanzines. Les ventes permettent généralement à George de rentrer tout juste dans ses frais.
Habeas Corpus
232 Habeas Corpus est un label sous lequel se sont regroupés trois amis en 2000, au sortir de leurs études de bande dessinée à l'Institut Saint-Luc de Bruxelles, pour publier leurs fanzines respectifs. Le catalogue d’Habeas Corpus compte environ 140 titres parmi lesquels des collectifs (Soap Comics, etc.), des livres-objets, des one-shots, des séries (We All Go Down, etc.), des « minizines » (I want to believe, They want to believe, etc.).
Miaw Éditions
233 Miaw Éditions est une initiative d’édition créée en 2004 à Goegnies-Chaussée par Catherine Wilkin, illustratrice qui exerce ses activités via l’asbl SMartBe.
234 Elle édite, diffuse et distribue elle-même ses réalisations – des « livres-objets » pour la jeunesse (La métamorphose, Les bonbons, Le chat botté, etc.) – en français, en très petit nombre d’exemplaires via l’asbl SMartBe. À ce jour Miaw Éditions compte une vingtaine de titres sur le thème des animaux, des enfants, etc.
Nos Restes
235 Nos Restes est créé en 2006 par de jeunes artistes à la sortie de leurs études. C’est la branche édition de l’asbl Les Terribles Enfants, une structure pluridisciplinaire (théâtre, musique, écriture, marionnettes, cinéma…) fondée en 2000 par des étudiants du Conservatoire de Bruxelles, où chaque secteur est indépendant des autres.
236 Les Éditions Nos Restes publient des livres de recherche et d’expérimentation qui peuvent aller de l’image pure au mélange texte-image, en passant parfois par le roman illustré. La sortie des livres est le plus souvent possible accompagnée d’une exposition, à travers des workshops, des concerts, des projections de vidéos et des animations. Les Éditions Nos Restes disposent d’une librairie alternative.
237 Les publications sont financées par les membres du collectif et les bénéfices potentiels sont réinvestis dans les numéros suivants.
238 En 2008, elles ont bénéficié d’une bourse de 4 000 euros de la Commission d’aide à la bande dessinée pour Aargh et Quand le temps s’arrête, rien ne change.
239 Ces mêmes personnes assurent la diffusion et la distribution dans les librairies en Belgique et en France.
2.6. AUTRES MAISONS D’ÉDITION
240 Pour terminer ce tour d’horizon des éditeurs ayant leur siège en Belgique, il reste à mentionner les maisons d’édition pour lesquelles nous n’avons pu obtenir aucune donnée nous permettant de les classer dans une des catégories précédentes, ou les maisons d’édition pour lesquelles nous manquons de recul en raison de leur trop grande jeunesse.
Cobaprint
241 La sprl Cobaprint est fondée en 2007 par Maurice Joosten à Charleroi.
242 Cobaprint exerce des activités de librairie et d’édition sous la dénomination L’Âge d’Or. Les Éditions L’Âge d’Or publient des monographies (Edgar P. Jacobs. Biographie du père de Blake et Mortimer, etc.), des albums biobibliographiques (René Follet, un rêveur sédentaire, etc.), des posters (Joubert. Le livre de la jungle, Signe de piste, etc.), des bandes dessinées (À l’assaut de l’Everest, Fawcett, Line et les timbres volants, etc.), etc., en français. La librairie L’Âge d’Or, située à Charleroi, vend les publications des Éditions l’Âge d’or, et des ouvrages d’autres maisons d’édition.
243 La société a enregistré un bénéfice de 110 299 euros en 2009 (167 777 euros en 2008). Les ouvrages sont autodiffusés, notamment par internet.
Facet
244 Facet est une société anonyme créée à Anvers en février 1986.
245 Elle est détenue à 99,68 % par Clavis Media, filiale de la maison d’édition de livres pour la jeunesse Clavis.
246 Cette maison d’édition publie, en néerlandais, des livres de jeunesse, dont Aischa, Beowulf, Festival, etc.
247 Pour l’année 2009, Facet a enregistré une perte de 7 741 euros (contre un bénéfice de 30 620 euros en 2008).
248 Ses ouvrages sont diffusés par Clavis Diffusion et distribués par Libridis.
Les Éditions Sandawe
249 La sprl Les Éditions Sandawe est créée en 2009 par Patrick Pinchart, ancien rédacteur en chef du journal Spirou, co-fondateur du site ActuaBD et spécialiste du multimédia chez Dupuis, et par Lionel Frankfort.
250 Cette maison d’édition sise à Waterloo est basée sur le principe de la souscription, qui implique les lecteurs dans l’édition en leur demandant de participer au financement des albums, de suivre toutes les étapes de leur création et de participer à leur promotion.
251 Outre les canaux électroniques, la diffusion et la distribution sont confiées à Hachette [32].
Mad Fabrik
252 En juillet 2009, Michel Ledent, dit Midam, le créateur belge de Kid Paddle, fonde, en association avec Araceli Cancino et Dimitri Kennes (ancien directeur général des Éditions Dupuis), une structure d’édition et de gestion des droits dérivés, Mad Fabrik. Cette société anonyme basée à Waterloo se consacre à la gestion des univers de Midam, et en particulier de Kid Paddle (paru en 1993 dans le journal Spirou et ensuite édité aux Éditions Dupuis de 1996 à 2010.). L’objectif de Mad Fabrik est de créer une structure organisée autour des univers de Midam, qui coordonne les exploitations commerciales des personnages (TV, licences, presse, édition, web, jeux vidéo, etc.).
253 Mad Fabrik a publié ses premiers livres en français durant l’été 2010 : Sors tes griffes pour ta planète, Grrreeny, l’Agenda 2010-2011 de Kid Paddle et le nouvel album de Game Over, Walking Blork.
254 Vu sa récente création, la maison d’édition n’a pas encore déposé de comptes annuels.
255 Les nouveaux albums de Kid Paddle seront distribués par Hachette. La diffusion en France sera confiée à La Diff, dirigée par Bruno Lassalle. En Belgique, cette mission reviendra à Dilibel [33].
3. LES POLITIQUES ÉDITORIALES ET LE FONCTIONNEMENT DES ÉDITEURS
256 L’analyse des politiques éditoriales et des modes de fonctionnement des éditeurs s’appuie sur des entretiens avec des éditeurs de bande dessinée et de livres pour la jeunesse. Nous avons abordé ces politiques par des questions sur la ligne éditoriale, sur le public visé et sur les pratiques concrètes. Enfin, nous éclairons les modes de fonctionnement des maisons d’édition selon les cinq axes suivants : la question de la rentabilité, l’instauration ou non d’un comité éditorial, le processus de sélection des ouvrages, les contrats d’édition et enfin, le financement public du travail d’édition.
257 Les entretiens ont été menés auprès de 19 éditeurs appartenant aux différentes catégories de taille définies dans la première partie, choisis parmi les maisons d’édition les plus caractéristiques du paysage actuel de l’édition en bande dessinée et littérature pour la jeunesse en Communauté française et en Communauté flamande et diversifiés du point de vue de leur forme juridique (cf. tableau infra).
Maisons d’édition interviewées selon le secteur, le lieu d’établissement, la taille (en termes d’importance du chiffre d’affaires) et la forme juridique
Bande dessinée | Livre jeunesse | Total | |
Lieu d’établissement Communauté française Communauté flamande |
6 4 |
5 4 |
11 8 |
Taille Major et semi-major Moyen Petit Micro |
3 - 4 3 |
3 5 - 1 |
6 5 4 4 |
Forme juridique Société anonyme Société privée à responsabilité limitée Association sans but lucratif Association de fait Personne physique |
4 - 4 2 - |
- - - - 1 |
8 4 4 2 1 |
Nombre de maisons d’édition interrogées | 10 | 9 | 19 |
Maisons d’édition interviewées selon le secteur, le lieu d’établissement, la taille (en termes d’importance du chiffre d’affaires) et la forme juridique
3.1. LES POLITIQUES ÉDITORIALES
258 La définition des politiques éditoriales des maisons d’édition interrogées en bande dessinée et en littérature pour la jeunesse en Belgique s’articule autour de trois axes : la description de la ligne éditoriale en tant que telle, l’identification du public-cible, et enfin, les pratiques déterminant les contours des politiques éditoriales analysées.
3.1.1. La ligne éditoriale
259 Toute maison d’édition adopte une ligne éditoriale qui caractérise son catalogue. Cette ligne peut être clairement établie ou, au contraire, délimitée de manière floue et plutôt intuitive. Plusieurs indicateurs permettent d’appréhender les lignes éditoriales : l’orientation du catalogue, sa continuité au fil des publications, sa diversité et sa segmentation en différentes collections.
L’orientation du catalogue
260 En Communauté française et en Communauté flamande, la plupart des grandes maisons d’édition en bande dessinée et en littérature pour la jeunesse interviewées semblent adopter une politique d’auteurs. Cela se traduit par une vision de travail à long terme à l’égard des auteurs et illustrateurs qui collaborent avec la maison d’édition. Leur ligne éditoriale s’est construite autour d’un patrimoine, hérité notamment de la bande dessinée classique franco-belge (comme les séries de bandes dessinées familiales), qu’elles continuent à faire vivre tout en publiant aussi de nombreuses nouveautés.
261 Chez les éditeurs pour la jeunesse, la majorité prône également une politique de fonds, qui vise à faire exister leur catalogue sur le long terme, par opposition à une politique de « coups médiatiques » stimulant un mode de consommation rapide. Un éditeur de taille moyenne paraît s’être trouvé devoir trancher entre ce qu’il perçoit comme une tendance actuelle du marché d’éditer des publications très pointues qui sont, selon lui, davantage des livres d’artistes que de la littérature pour enfants, et la ligne graphique et narrative assez classique qui constitue son originalité, en choisissant la deuxième branche de l’alternative. Ceci révèle l’existence de deux stratégies possibles chez les éditeurs pour la jeunesse, variables selon leur taille. Grâce à leur chiffre d’affaires, les éditeurs de grande envergure semblent pouvoir se permettre de publier aussi bien des ouvrages grand public, s’inscrivant quelquefois dans une logique de mass market (ou marché grand public), que des livres de création artistique moins accessibles. Les éditeurs de moindre importance, compte tenu de leurs moyens plus limités, semblent devoir se spécialiser et choisir l’une ou l’autre option. Chez certains éditeurs adoptant un style plus classique, leurs choix éditoriaux découlent d’une adhésion à des valeurs véhiculées par un milieu social particulier comme l’Église catholique, nécessitant pour l’éditeur de poser des limites par rapport à des thématiques actuelles d’ordre éthique en désaccord avec les conceptions traditionnelles de la famille et de l’éducation.
262 Les petits éditeurs « alternatifs » de bande dessinée, les éditeurs de fanzines et la microédition en littérature pour la jeunesse semblent davantage fonctionner « au coup de cœur » et « au feeling » sans nécessairement établir de ligne éditoriale affirmée sur le long terme. Les projets naissent spontanément et varient en fonction de la personnalité de chaque auteur. En bande dessinée, tous les (très) petits éditeurs cherchent à présenter une conception originale et singulière de la bande dessinée « hors des schémas préétablis » et du mainstream (ou courant dominant), au travers notamment des romans graphiques, dans lesquels « l’image serait aussi importante que le récit » et prétendant à davantage de « profondeur psychologique ». Bien qu’il s’agisse avant tout de bande dessinée, plusieurs éditeurs « alternatifs » ou de fanzines entendent de leur côté explorer d’autres territoires artistiques (littérature, graphisme, arts plastiques, etc.) et laisser dès lors un espace pour l’expérimentation, voire à l’avant-garde, par le biais de créations visant un public restreint ; d’autres organisent des événements en parallèle à la publication d’un livre.
263 Dans la microédition (en littérature pour la jeunesse et en bande dessinée), les éditeurs semblent également poursuivre une politique délibérée du « petit nombre » et du « livre-objet », renvoyant à l’idée d’un objet rare ou à des exemplaires de luxe à tirage limité (à destination par exemple de collectionneurs). Outre les aspects économiques, cette démarche reflète une volonté de se démarquer d’une production plus industrielle par un retour au fait-main. De plus, elle leur confère une grande liberté au niveau de la sélection des auteurs et des contenus et constitue généralement une forme d’autoédition permettant à de nombreux jeunes auteurs et illustrateurs de se lancer dans le métier.
264 En résumé, il ressort que les maisons d’édition de grande envergure s’appuient principalement sur des valeurs sûres et s’adressent au grand public au moyen d’un fonds de titres et d’auteurs, tandis que les moyens et les petits éditeurs sont davantage à la recherche de public en faisant preuve d’originalité, de prise de risque et d’innovation. De manière générale, on perçoit aussi une distinction entre production pour les librairies spécialisées et pour la grande distribution où l’on retrouve plutôt des séries stéréotypées à destination d’un large lectorat [34]. Ainsi, on constate que les éditeurs de moindre importance proposent essentiellement des publications en un seul volume racontant des histoires particulières vendues en grande partie dans des librairies spécialisées. Certains souhaiteraient néanmoins être diffusés dans un plus large réseau tandis que d’autres s’y accommodent, invoquant le caractère « unique » de leur production ou craignant de se mettre en concurrence avec les grands groupes éditoriaux.
La continuité du catalogue
265 Dans l’ensemble, les éditeurs sont d’avis qu’une certaine continuité se dégage de leur catalogue. Cette continuité ne réside pas nécessairement dans le graphisme, mais plutôt dans un « esprit » que le public doit pouvoir reconnaître. Au Nord comme au Sud du pays, de nombreux éditeurs, aussi bien en bande dessinée qu’en littérature pour la jeunesse, estiment que la continuité de leur ligne éditoriale est liée aux personnes qui collaborent à la maison d’édition ainsi qu’aux auteurs et illustrateurs avec lesquels ils travaillent depuis des années sur différents projets, voire « qui sont là depuis le début ». Les éditeurs reconnaissent toutefois recourir à de nouveaux auteurs et illustrateurs chaque année et rester à la recherche de nouveaux talents.
La diversité du catalogue
266 La plupart des grandes maisons d’édition misent beaucoup sur la diversité des titres au sein du catalogue, tant en bande dessinée qu’en littérature pour la jeunesse, en présentant l’éventail le plus large possible dans le créneau choisi. Ceci reste vrai même quand un éditeur opte pour un style particulier de publications comme le manga, la bande dessinée familiale ou l’humour. Par ailleurs, plusieurs éditeurs (surtout en littérature pour la jeunesse du côté flamand) éditent également des journaux ou revues, généralement hebdomadaires, à destination de la jeunesse en parallèle à leurs publications. En littérature pour la jeunesse, tous les éditeurs (à l’exception de la microédition) proposent une offre vaste, multiple, pouvant couvrir toute la gamme de la production pour la jeunesse et diversifiée selon les tranches d’âge. Chez certains éditeurs, la diversité se marque également au travers des formats et des supports utilisés pour les publications.
267 Les éditeurs « alternatifs » de bande dessinée et les éditeurs de fanzines envisagent plutôt la diversité dans le sens de l’éclectisme dans les types de récits et dans le style graphique en cherchant à renouveler le genre tant sur le plan de la forme que du mode de narration. On identifie toutefois différentes tendances qui s’opposent parmi les éditeurs « alternatifs » et les éditeurs de fanzines : une ligne éditoriale qui se veut très pointue (proche de l’art conceptuel) ou au contraire qui semble difficile à décrire ; l’accent mis sur la qualité du récit (avec une ligne « pas trop graphique ») ou au contraire une faible importance accordée à l’histoire en elle-même.
268 Enfin, le secteur de la bande dessinée et celui de la littérature pour la jeunesse ne semblent pas imperméables l’un à l’autre. On constate en effet qu’un major en littérature pour la jeunesse propose des « mini-BD » dans son catalogue et inversement, qu’un major en bande dessinée édite depuis peu une collection à destination des jeunes enfants sous forme de bandes dessinées sans texte. Par ailleurs, les grandes maisons d’édition de bande dessinée paraissent progressivement investir le « terrain » des éditeurs « alternatifs » et à les concurrencer en publiant des bandes dessinées « de création » se démarquant des productions standards.
La segmentation du catalogue
269 L’existence, dans un catalogue, de plusieurs collections se distinguant par le type de récit ou le public cible est le fait des majors en bande dessinée. La plupart des collections sont composées en grande partie de séries avec des héros récurrents, dont certains sont connus de longue date par un large public, dans le but de fidéliser les lecteurs. Les séries en plusieurs tomes sont à l’origine des plus grands succès en termes de ventes au sein du catalogue des grands éditeurs. Les publications des collections moins commerciales (comme les romans graphiques d’auteurs) paraissent la plupart du temps sous forme de one-shots [35]. Selon les éditeurs, celles-ci sont rarement rentables. À l’inverse, les éditeurs « alternatifs », ainsi que les éditeurs de fanzines interrogés, se révèlent plutôt réfractaires à l’idée de découper leur catalogue en différentes collections en raison de la singularité de chaque ouvrage publié. Par ailleurs, ce n’est pas non plus dans leur démarche de produire des séries que l’un d’entre eux qualifie même de « procédé commercial employé par les grosses boîtes ». Il arrive néanmoins que certains de ces éditeurs publient des séries correspondant à un format précis, un concept particulier ou quand le projet d’un auteur s’y prête.
270 En littérature pour la jeunesse, le catalogue des maisons d’édition ne s’appuie pas vraiment sur des collections, mais plutôt sur des « segments » selon le type de livre, la thématique ou la tranche d’âge du public visé (livres d’éveil, livres pour la petite enfance, albums illustrés, romans, etc.). Chez les éditeurs d’une certaine envergure, les différents segments peuvent néanmoins s’articuler autour d’une ou plusieurs séries contenant des personnages récurrents qui « créent l’ossature du catalogue ». Tout comme en bande dessinée, les séries rencontrant un grand succès commercial semblent contribuer largement à la rentabilité du secteur et servent de « locomotives » aux publications moins conventionnelles et probablement moins lucratives quoiqu’intéressantes d’un point de vue éditorial.
3.1.2. Le public
271 Le public auquel s’adressent les éditeurs diffère selon que l’on parle de bande dessinée ou de littérature pour la jeunesse. Les majors interviewés dans le secteur de la bande dessinée semblent vouloir s’adresser au lectorat le plus large possible. La base du catalogue s’oriente principalement vers la jeunesse tout en restant accessible à l’ensemble de la famille. Cependant, certaines collections (notamment les romans graphiques ou les BD d’aventure) s’adressent plus particulièrement aux adolescents et aux adultes [36]. Dans le manga, le public-cible est très segmenté : par catégorie d’âge, selon le sexe ou encore par genre particulier de manga. Il se compose globalement de lecteurs passionnés par la culture japonaise et très actifs sur internet (notamment pour donner leur avis sur des forums) [37]. En ce qui concerne les éditeurs « alternatifs » et les éditeurs de fanzines, ils semblent davantage cibler un public de jeunes adultes « avertis » comprenant des dessinateurs, des artistes, des collectionneurs, des amateurs d’art auxquels s’ajoutent des étudiants et des curieux. Un éditeur de fanzines évoque la difficulté parfois ressentie d’élargir le cercle de son public.
272 En littérature pour la jeunesse, le public-cible principal se décline selon les tranches d’âge : de la petite enfance à l’adolescence, et même au-delà. Plusieurs éditeurs affirment que certains albums illustrés plus artistiques ou certains romans proposés dans leur catalogue n’ont pas de limite d’âge supérieure. Il arrive également que des éditeurs prennent le risque de publier des ouvrages qui trouveront difficilement un public dans le but de faire évoluer la vision créative ou la réflexion. De manière générale, l’édition pour la jeunesse est un marché plus restreint que celui de la bande dessinée, notamment en termes de public-cible. Pour rentabiliser leur investissement, nombre d’éditeurs développent une politique de vente de droits à des éditeurs étrangers et de coéditions (principalement avec la France du côté francophone et avec les Pays-Bas du côté néerlandophone mais aussi avec l’Allemagne, l’Angleterre et l’Espagne) [38].
3.1.3. La politique éditoriale en pratique
273 Les contours des politiques éditoriales analysées se définissent également sur base des pratiques concrètes mises en œuvre par les éditeurs, à savoir : le nombre de publications et le tirage de départ ; le seuil de rentabilité ; la proportion des nouveautés, traductions et rééditions dans le catalogue ; et enfin, la politique de réimpression des titres épuisés.
Le nombre de publications et le tirage de départ
274 Les majors et éditeurs de taille moyenne interrogés disposent d’un fonds assez conséquent dans leur catalogue, composé de 2 000 à 10000 titres en bande dessinée et de plusieurs centaines en littérature pour la jeunesse. Ils font preuve, pour la plupart, d’un rythme annuel de publication relativement soutenu, allant d’une quarantaine à plus de 200 productions par an. Le premier tirage d’un titre tourne autour de 10 000 exemplaires en moyenne pour les majors et de 5 000 chez les éditeurs de moyenne envergure. Cependant, ce montant est extrêmement variable selon le type de publication : il fluctue de 2 000 exemplaires pour des créations moins commerciales à 30 000 exemplaires pour certains titres de séries à succès destinées au grand public, et bien au-delà en ce qui concerne quelques best-sellers dont le tirage de départ est supérieur à 100 000 exemplaires [39].
275 En ce qui concerne les petits éditeurs « alternatifs » de bande dessinée, leur catalogue contient une centaine de publications tout au plus, à raison de 5 à 10 titres par an [40]. Leur tirage de départ varie entre 500 et 2 500 exemplaires selon le potentiel de vente du livre et son mode d’impression. Ce tirage couplé au rythme de parution assez faible ne permettent pas aux petits éditeurs d’assurer une véritable présence sur le marché ni une diffusion à grande échelle dans les librairies [41]. Les lecteurs oublient – un livre étant rapidement noyé dans la masse des nouveautés vu le contexte actuel de surproduction – sans compter que les libraires ont tendance à exiger des nouveautés chaque mois sans quoi ils considèrent que l’éditeur « n’existe pas ».
276 Du côté des microéditions sondées, leur catalogue est de portée restreinte et se compose de dix à quarante titres. Les éditeurs de fanzines publient à une fréquence relativement élevée, avec en moyenne un numéro chaque mois ou chaque trimestre. Le tirage initial en microédition est plutôt modeste (entre 100 et 500 exemplaires) et est déterminé par le rythme des ventes et l’écoulement du stock. Il arrive que certains titres soient publiés en édition très limitée, apparentée à une version de luxe ou de collection.
Le seuil de rentabilité
277 De l’avis général, il n’y a pas de standards concernant le seuil de rentabilité [42]. Ce seuil varie d’une publication à l’autre en fonction des coûts de production, du tirage et du prix de vente. En raison de l’importance de leur production et de leur tirage, les éditeurs de moyenne ou grande envergure questionnés en bande dessinée et en littérature pour la jeunesse atteignent leur seuil de rentabilité à partir d’un nombre d’exemplaires ne dépassant généralement pas le tirage de départ.
278 En revanche, la plupart des petits éditeurs « alternatifs » de bande dessinée parviennent difficilement à couvrir l’ensemble des coûts de production de leurs publications. Pour rentrer dans leurs frais, ils doivent bien souvent écouler l’ensemble de leur tirage. L’obtention d’aides publiques leur permet néanmoins de publier des titres qui ne seraient pas rentables sans ce financement. Concernant les microéditions, les coûts de production d’une brochure photocopiée ou fait-main sont moins élevés que ceux d’une publication offset. Ainsi, leur seuil de rentabilité est atteint quand ils ont vendu environ la moitié des exemplaires d’un titre, à condition que le tirage de départ corresponde à la capacité réelle de vente de leur produit [43].
Les nouveautés, traductions et rééditions
279 Sous la pression des libraires, on assiste actuellement à une « course à la nouveauté » sur le marché de l’édition du livre. Il semble désormais de plus en plus difficile de faire vivre le fonds du catalogue [44]. Les secteurs de la bande dessinée et de la littérature pour la jeunesse n’échappent pas à ce phénomène, en particulier au niveau des maisons d’édition d’une certaine envergure. Cela se traduit notamment par la part importante du catalogue de ces éditeurs consacrée aux nouveautés, allant de 60 % à 95 % des titres publiés chaque année d’une maison à l’autre. Du côté des (très) petits éditeurs, leurs faibles tirages ne leur permettent pas d’entrer en concurrence avec les grands groupes éditoriaux qui inondent le marché avec leurs nouveautés. Comme évoqué précédemment, on constate que les éditeurs de petite taille doivent, pour se démarquer, se spécialiser et occuper des niches particulières comme la bande dessinée « alternative ».
280 Un des avantages de produire ses propres créations est qu’il est également possible de les rentabiliser en vendant les droits à des éditeurs étrangers. Cette pratique est fréquemment observée au sein des majors en bande dessinée et, de manière générale, dans l’édition de littérature pour la jeunesse. Inversement, il est intéressant pour un éditeur d’acheter et de traduire des publications étrangères pour les commercialiser dans son pays. La production de titres traduits demande généralement moins de travail et permet également de faire découvrir des auteurs et illustrateurs étrangers, choisis pour la créativité de leur travail. À l’aide des subventions à la traduction existant en bande dessinée, les petits éditeurs « alternatifs » et les éditeurs de fanzines ont aussi l’opportunité de faire paraître dans leur catalogue des œuvres de bédéistes étrangers.
Bande dessinée Nombre de publications 1 Titres par an Tirage de départ Seuil de rentabilité (en nombre d’exemplaires vendus) |
Majors 2 000 à 10 000 +/- 200 10 000 à 30 000 ou + 6 000 à 20 000 |
Communauté française Petits (« alternatifs ») 30 à 100 5 à 6 500 à 2 000 +/- 1 000 |
Micro (fanzine) 30 à 40 +/- 10 100 à 200 40 |
Major - +/- 350 - 20 000 |
Communauté flamande Petits (« alternatifs ») +/- 100 8 à 10 1 000 à 2 500 1 000 |
Micro (fanzine) 12 4 +/- 500 + de 200 |
Proportion des nouveautés, traductions et rééditions |
90 % nouveautés 10 % rééditions (hors manga : 100 % traductions) |
80-90 %nouveautés 10-20 % traductions |
100 % nouveautés (sauf quelques traductions) |
33 % nouveautés 67 % rééditions |
80-90 % nouveautés 10-20 % rééditions |
99 % nouveautés 1 % traductions |
Pratiques des éditeurs de littérature pour la jeunesse en termes de politique éditoriale
Littérature pour la jeunesse | Communauté française | Communauté flamande | |||
(Semi-) majors | Moyens | Micro | Major | Moyens | |
Nombre de publications2 Titres par an Tirage de départ Seuil de rentabilité (en nombre d’exemplaires vendus) Proportion des nouveautés, traductions et rééditions |
700 à 800 200 à 400 6 000 à 30 000 ou + 2 500 à 3 000 60-90 % nouveautés 10-40 % traductions (hors rééditions) |
400 à 700 +/- 40 +/- 5 000 2 500 à 4 000 70-95 % nouveautés 5-30 % traductions (hors rééditions) |
20 +/- 2 100 à 300 300 70 % rééditions 30 % nouveautés |
- 40 2 000 à 10 000 - 65 % nouveautés 35 % traductions (hors rééditions) |
des centaines 45 à 160 1 000 à 2 000 ou + +/- 2 000 90-95 % nouveautés 5-10 % traductions (hors rééditions) |
Pratiques des éditeurs de littérature pour la jeunesse en termes de politique éditoriale
2 Publications dans la langue de l’éditeur (français ou néerlandais) au sein de son catalogue « vivant » (c’est-à-dire mis en vitrine)
281 En ce qui concerne les rééditions, les maisons d’édition d’une certaine ampleur en bande dessinée et en littérature pour la jeunesse ont tendance à « relooker » leurs publications pour faire vivre le fonds de leur catalogue. Ces éditeurs se consacrent en partie à la production de rééditions sous forme d’intégrales, regroupant plusieurs titres déjà parus, ainsi que par des artifices, à l’aide d’une nouvelle couverture ou d’un format inédit par exemple. Ce procédé permet aux éditeurs de réintroduire au premier plan dans les rayons des librairies d’anciennes publications comme de « fausses nouveautés ». Il s’agit également d’une mise en valeur de leur patrimoine [45].
La politique de réimpression
282 La politique de réimpression des titres au sein du catalogue d’un éditeur est liée à la gestion coûteuse des stocks. Que ce soit en bande dessinée ou en littérature pour la jeunesse, les majors et éditeurs de taille moyenne réimpriment les titres porteurs tout au long de l’année en fonction de l’écoulement du stock et de la demande du lectorat. Réimprimer un titre contribue ainsi à la rentabilité du livre en amortissant les coûts de production sur un plus grand nombre d’exemplaires. La réimpression participe en outre à un travail sur le fonds en assurant la pérennité d’une série de titres dans le catalogue des éditeurs. Par contre, la réimpression constitue bien souvent un problème majeur d’un point de vue financier pour les petits éditeurs « alternatifs » en bande dessinée, en raison de l’incertitude d’écouler le livre réimprimé. Le coût d’une réimpression étant quasiment aussi élevé que celui du premier tirage, ces éditeurs n’ont généralement d’autre choix que de ne pas réimprimer un livre en rupture de stock. Quant à la microédition, son fonctionnement reposant sur le principe d’un tirage limité, la réimpression se limite dès lors à des cas particuliers et à de petites quantités.
3.2. LE FONCTIONNEMENT DES MAISONS D’ÉDITION
283 Les modes de fonctionnement des maisons d’édition peuvent également avoir une influence sur la politique éditoriale. Nous éclairons ces modes selon les cinq axes suivants : la question de la rentabilité, l’instauration d’un comité éditorial, le processus de sélection des ouvrages, les contrats d’édition et enfin, le financement public du travail d’édition.
3.2.1. La question de la rentabilité
284 En bande dessinée et littérature pour la jeunesse, on distingue deux logiques parmi les maisons d’édition, selon leur taille et la nature lucrative ou non de leurs activités. Les éditeurs d’une certaine envergure sont établis sous forme de structures commerciales (sociétés anonymes ou sociétés privées à responsabilité limitée). De ce fait, le résultat en termes de ventes et la question de la rentabilité se posent de manière systématique chez ces éditeurs pour assurer le développement et la pérennité de l’activité, voire, dans les grands groupes éditoriaux, pour préserver les intérêts des actionnaires. Pourtant, aucun éditeur ne peut garantir à l’avance le succès d’un livre, chaque publication constituant une prise de risque au départ. C’est pourquoi la rentabilité s’envisage de manière globale, pour l’ensemble des titres du catalogue, et non pour chaque publication. Grâce à leurs titres porteurs qui assurent une grande partie de leur chiffre d’affaires, les grands éditeurs ont la liberté de publier des publications qui ne rencontreront probablement pas un succès commercial, mais qu’ils conservent dans leur catalogue pour leur côté patrimonial, leur apport créatif ou dans le cadre de la politique d’auteurs menée par l’éditeur. Dans l’ensemble, le rôle de l’éditeur est de parvenir à concilier les intérêts artistiques et commerciaux dans les limites de son budget.
285 Les petits et microéditions sont pour la plupart constitués en associations sans but lucratif, en associations de fait ou en leur nom propre. Ils n’ont pas comme objectif premier la réalisation de bénéfices ou la rentabilité maximale, mais la production de publications artistiques considérées pour elles-mêmes. La rentabilité d’un titre est donc appréhendée sous un autre angle chez ces éditeurs qui accordent davantage d’importance à la valeur artistique de leur produit qu’à son résultat commercial. Les petits et microéditions sont généralement dans un équilibre financier instable ; la vente des publications étant bien souvent insuffisante pour assurer leur rentabilité, au vu de leur tirage, du rythme annuel de parution et de la nature non lucrative de leurs activités. L’objectif de ces éditeurs est avant tout de rentrer dans leurs frais pour chaque publication afin que la maison d’édition puisse continuer à exister ; les éventuelles recettes dégagées de leurs activités sont systématiquement réinvesties dans la publication des titres suivants.
286 Nous verrons ultérieurement que nombre de ces éditeurs bénéficient toutefois d’aides publiques pour certaines de leurs publications, les aidant à couvrir une partie des coûts de production. De plus, les (très) petits éditeurs interrogés font malgré tout montre d’une certaine prudence dans leurs choix éditoriaux pour éviter de s’endetter lourdement, sachant qu’en cas de déficit, il arrive que l’éditeur investisse de l’argent à titre personnel.
Le comité éditorial
287 La majorité des éditeurs d’une certaine envergure, tant en bande dessinée qu’en littérature pour la jeunesse, évoque le manque de temps dont ils disposent pour lire l’entièreté des projets qu’ils reçoivent. La plupart disposent d’un comité de lecture chargé d’effectuer le dépouillement des nombreux manuscrits envoyés. Intervient ensuite un comité de rédaction, généralement composé de professionnels du métier de l’édition tels que des responsables éditoriaux, des gestionnaires (commerciaux, financiers, marketing, etc.) et éventuellement des fabricants. Les projets retenus après le premier tri sont ainsi soumis à l’avis du comité qui doit évaluer les coûts de production, le potentiel de vente du livre, sa rentabilité, etc. On note cependant quelques différences dans les structures de taille moyenne en littérature pour la jeunesse où la sélection semble s’effectuer essentiellement en interne, c’est-à-dire au sein de l’équipe éditoriale. Au bout du compte, le point de vue du directeur éditorial prime néanmoins, c’est à lui que revient la décision finale de publier ou non le livre.
288 Du côté des petits éditeurs « alternatifs » de bande dessinée et de la microédition, le comité éditorial est plus informel ou inexistant. Il se compose du ou des éditeurs eux-mêmes ainsi que, de temps à autre, de quelques personnes extérieures. Les décisions sont alors prises collégialement.
3.2.2. Le processus de sélection
289 Nous abordons deux aspects du processus de sélection des ouvrages par les éditeurs de bande dessinée et de littérature pour la jeunesse : les critères de sélection et les contraintes de format.
Les critères de sélection
290 De manière générale, aucun éditeur ne semble établir une liste de critères prédéfinis dans le choix des ouvrages à publier. La sélection des ouvrages et des auteurs reste assez subjective, en fonction de la sensibilité et de l’esprit qui caractérisent la maison d’édition. Cela étant, la plupart des maisons d’édition interviewées accordent de l’importance à ce que l’œuvre de l’auteur ou de l’illustrateur soit une « création originale » qui se démarque de ce qui existe déjà sur le marché. Le projet doit être réalisable d’un point de vue technique et financier, en particulier au niveau des livres pour la petite enfance, et avoir une chance de rencontrer un public de lecteurs qui va l’apprécier.
291 Les critères de sélection paraissent toutefois plus restrictifs dans les structures de moyenne ou grande envergure, tandis que les petits éditeurs et microéditions semblent davantage sélectionner les ouvrages et auteurs qu’ils publient au « coup de cœur », de manière « assez spontanée », en tenant compte toutefois des ressources financières dont ils disposent. Ainsi, on peut supposer qu’il est relativement difficile pour un auteur ou un illustrateur sans expérience de se faire publier par une grande maison d’édition [46]. Pourtant, un éditeur se doit d’être régulièrement à la recherche de « sang neuf » et donc, de nouveaux créateurs. C'est pourquoi nombre d’éditeurs de moyenne ou grande taille affirment « laisser une chance » aux auteurs débutants qu’ils estiment talentueux et être prêts à les encadrer si nécessaire. Pour découvrir ces « nouveaux talents », les éditeurs d’une certaine envergure entreprennent un travail de scouting (ou reconnaissance, éclairage) auprès de diverses sources : chez les concurrents – par exemple, au sein de petites maisons d’édition qui n’ont bien souvent pas les moyens de rémunérer leurs auteurs (comme nous le verrons par la suite) et où nombre de jeunes dessinateurs font leurs armes au moment de se lancer dans le métier – ; dans les fanzines ainsi que sur les blogs où nombre d’auteurs et illustrateurs publient leurs projets personnels à un rythme régulier ou s’autoéditent pour faire connaître leur travail ; dans les écoles ; ou encore dans le réseau relationnel de l’éditeur.
292 Notons qu’en littérature pour la jeunesse du côté francophone, les éditeurs rencontrent actuellement des problèmes de recrutement de jeunes illustrateurs correspondant aux critères de compétence technique requis pour publier un album chez eux et remettent en question la qualité des cours de dessin et d’illustration enseignés dans certaines écoles artistiques en Belgique.
Les contraintes de format
293 La plupart des éditeurs interviewés imposent des contraintes minimales de format tantôt d’ordre commercial, tantôt d’ordre technique. Dans le premier cas, il s’agit principalement d’uniformiser la production – en proposant un ou plusieurs formats standards selon la collection ou le type de livre – pour réduire le coût des publications et ainsi, ne pas dépasser le budget fixé par l’éditeur et proposer un prix de vente raisonnable. Dans le deuxième cas, il s’agit de respecter les « contraintes techniques du livre » au niveau de l’impression et du rendu.
294 Les éditeurs d’une certaine envergure semblent néanmoins plus contraignants que les plus petits éditeurs, particulièrement en bande dessinée où prédomine encore, au sein des majors, le format classique de « l’album cartonné de 44 pages » [47]. C’est encore plus vrai dans l’édition de mangas où il s’agit essentiellement d’achats de licences. Le marché de l’édition de littérature pour la jeunesse a, quant à lui, fortement évolué ces dernières années : il paraît beaucoup moins figé et est de plus en plus à la recherche de nouvelles créations hors des formats standards définis par les séries avec des personnages récurrents qui demandent davantage de constance sur le plan de la finition (un même format, un même nombre de pages, etc.). Cela étant, publier des formats hors normes signifie que les éditeurs doivent augmenter le prix de vente du livre (étant donné les coûts de production plus élevés) et éventuellement le faire fabriquer en Asie. Dans l’ensemble, les éditeurs semblent prêts à prendre le risque à partir du moment où ils croient au projet en regard de leur ligne éditoriale, à condition que le compte d’exploitation tienne la route et que la publication réponde aux critères de sélection susmentionnés.
3.2.3. Les contrats d’édition
295 En règle générale, les éditeurs établissent un contrat d’édition avec les auteurs et les illustrateurs qu’ils publient dans leur catalogue [48]. Selon la définition employée par la Société civile des auteurs multimédias (Scam), le contrat d’édition est « le document par lequel l’auteur cède à l’éditeur le droit de fabriquer ou de faire fabriquer en nombre, des exemplaires de l’œuvre, à charge pour l’éditeur d’en assurer la publication et la diffusion. Autrement dit, c’est l’éditeur qui selon la loi prend en charge les frais et risques de la publication [49] ». En cas d’arrêt de la commercialisation d’une publication, il arrive que l’éditeur rende les droits aux auteurs afin de leur laisser l’opportunité de rééditer leur travail de manière plus confidentielle chez un autre éditeur.
296 La microédition, tant en bande dessinée qu’en littérature pour la jeunesse, fait toutefois figure d’exception. Dans ce type de structure, aucun contrat ne semble être conclu entre l’éditeur et les auteurs ou illustrateurs qui conservent dès lors leurs droits sur le livre. En effet, soit l’éditeur n’a pas les moyens de rémunérer le travail des auteurs et illustrateurs et leur laisse donc toute liberté d’être publiés ailleurs, soit il s’agit d’autoédition et le contrat n’a donc pas lieu d’être.
297 Enfin, dans l’édition de mangas notamment, l’achat de licences auprès d’éditeurs étrangers semble très fréquent. Négocié via un département de droits étrangers, le « droit de licence classique » doit être renouvelé à une échéance déterminée ou est reconduit de manière tacite. Cependant, l’éditeur qui vend ses droits peut décider unilatéralement de mettre fin au contrat, ce qui rend le métier assez périlleux.
La rémunération de l’auteur
298 On remarque que les éditeurs offrent généralement une rémunération en droits d’auteur proportionnelle aux recettes provenant de la vente. En d’autres termes, il s’agit d’un pourcentage sur le prix de vente au public hors taxes. Un éditeur peut également rétribuer les auteurs en leur versant une rémunération au forfait, pour une période déterminée et dans des conditions de réalisation définies au départ en termes de tirage, de prix de vente, etc. Cela semble principalement se pratiquer en littérature pour la jeunesse. De plus, les auteurs et illustrateurs reçoivent habituellement un certain nombre d’exemplaires gratuits de leur publication et/ou ont la possibilité d’en acheter à prix réduit (remise sur le prix de vente du livre) [50].
299 D’après les informations recueillies, les droits d’auteurs oscillent en moyenne autour de 6 à 10 % du prix de vente d’une publication chez l’ensemble des éditeurs [51]. Nombre d’éditeurs prévoient un taux progressif par paliers augmentant en fonction du tirage et du nombre d’exemplaires vendus. La notoriété peut également influencer à la hausse ce pourcentage qui fait l’objet d’une négociation entre l’auteur et l’éditeur, en particulier chez les éditeurs de grande envergure. Les moyennes et grandes maisons d’édition, versent usuellement aux auteurs et illustrateurs une avance garantie (communément qualifiée d’à-valoir dans le monde de l’édition) sur les droits d’auteur d’un livre, soit un nombre d’exemplaires minimum garanti. Cette avance est acquise à l’auteur même en cas de faiblesse des ventes. Son montant peut varier fortement selon qu’il s’agisse d’un premier album ou d’une collaboration plus ancienne. Il peut également fluctuer pour un auteur ou illustrateur avec un vrai potentiel et sur lequel l’éditeur mise. En bande dessinée, l’avance peut être versée sous forme d’un prix par planche au moment de la remise des planches [52]. Cette avance prend parfois la forme d’un montant forfaitaire notamment quand le nombre de pages dépasse le format classique de 44 pages en bande dessinée [53].
300 Par contre, faute de rentrées suffisantes, les petits éditeurs « alternatifs » ne sont pour la plupart en mesure de rémunérer les auteurs qu’à partir du moment où ils ont remboursé l’entièreté des frais de production de la publication, ce qui n’est en général le cas qu’après avoir écoulé l’ensemble du stock comme on l’a vu précédemment. Notons que le montant perçu par un auteur dépasse rarement 3 000 euros pour un livre paru chez ce type d’éditeur. Dans la microédition (en bande dessinée et en littérature pour la jeunesse), le budget dont disposent les éditeurs ne leur permet pas de payer les auteurs. Il s’agit plutôt d’une forme « d’échange » entre l’auteur et l’éditeur ou d’autopromotion (dans le cas de l’autoédition) dont la contrepartie pour l’auteur est de se faire connaître en étant édité et diffusé, sachant que le fait d’avoir publié un certain nombre de pages permet aux auteurs d’obtenir des bourses de travail, notamment auprès du Vlaams Fonds voor de Letteren en Communauté flamande.
Le droit de préférence
301 Le droit de préférence est « souvent souhaité par l’éditeur pour s’assurer « l’exclusivité de la production future d’un auteur (…) Il doit porter uniquement sur des œuvres d’un genre déterminé et concerner au maximum cinq ouvrages, celui qui fait l’objet du contrat proposé compris, ou la production de l’auteur pendant cinq années, à compter de la signature du contrat d’édition [54] ».
302 Les majors interrogés paraissent se réserver un droit de préférence sur les titres suivants au sein d’une série. Ils conservent également l’exclusivité sur les personnages d’une série ainsi que sur les créations publiées dans leur catalogue (en étant propriétaires des droits). L’auteur est donc tenu de proposer en premier lieu à l’éditeur avec qui il est en contrat sa nouvelle création avec les mêmes personnages et le même contexte. Si l’éditeur refuse, il peut alors être édité chez un concurrent. Il n’y a par contre pas d’exclusivité d’auteurs qui constituerait, selon certains éditeurs interviewés, une pratique illégale. Le vrai travail d’un éditeur consisterait à fidéliser ses auteurs.
303 Quant aux petits et microéditions, ils ne réclament pas de droit de préférence ni aucune exclusivité sur un projet. Ceci découle en partie du fait qu’ils ne peuvent bien souvent pas rétribuer le travail des auteurs et illustrateurs.
Les droits d’adaptation ou d’exploitation sur d’autres supports
304 La plupart des éditeurs d’une certaine envergure semblent se faire céder les droits d’adaptation et d’exploitation du livre sur d’autres supports (tels que le numérique, l’audiovisuel, etc.) avec une répartition des éventuels bénéfices entre l’éditeur et l’auteur. La raison invoquée par un major francophone en littérature pour la jeunesse est qu’il dispose d’un département des droits dérivés mieux armé que les auteurs pour démarcher des sociétés de production et défendre les intérêts des auteurs.
3.2.4. Le financement public du travail d’édition
305 Comme nous l’avons vu dans la première partie, il existe plusieurs sources de financement public dont peuvent bénéficier les éditeurs de bande dessinée et de littérature pour la jeunesse : la Commission d’aide à la bande dessinée de création et le Service de la Promotion des Lettres en Communauté française ; le Vlaams Fonds voor de Letteren en Communauté flamande. Par ailleurs, le Centre National du Livre en France apporte également son soutien aux éditeurs publiant en langue française. Les éditeurs doivent respecter certaines conditions pour obtenir un soutien public financier comme le respect d’un tirage minimum et maximum, l’obligation d’établir un contrat signé entre l’éditeur et l’auteur ou encore le fait que les publications soient l’œuvre d’auteurs flamands ou francophones selon le cas de figure. Les critères d’attribution de ces subventions sont néanmoins critiqués par certains éditeurs invoquant le caractère subjectif du choix des bénéficiaires tandis que d’autres éditeurs s’opposent à ces aides publiques par refus de subir une quelconque influence du pouvoir subsidiant dans leur politique éditoriale.
306 Les éditeurs de moyenne ou grande envergure en littérature pour la jeunesse comme en bande dessinée ne reçoivent généralement pas d’aide publique pour leur travail d’édition, ou seulement de manière ponctuelle pour des travaux de traduction ou de promotion dans le cadre de leur participation dans des salons à l’étranger. Les éditeurs « alternatifs » de bande dessinée et les éditeurs de fanzines semblent être les principaux bénéficiaires des aides publiques aux projets d’édition. Les petits et microéditions sondés reçoivent un soutien public financier pour une majorité des titres de leur catalogue, en particulier pour les projets plus ambitieux dont le coût de production est élevé. D’une maison d’édition à l’autre, ces aides couvrent de 15 % à 50 % des frais de production des publications subventionnées.
CONCLUSION
307 Le monde de l’édition est en pleine mutation. La deuxième partie montre que le mouvement de globalisation et de concentration s’intensifie comme en témoignent le partage de la section livre de De Persgroep entre le hollandais WPG Uitgevers et le belge Lannoo en janvier 2010 ou le passage sous pavillon espagnol de Uitgeverij De Boeck et des Éditions Hemma en avril 2008. Ainsi, il en résulte aujourd’hui une division du paysage de l’édition de bande dessinée et de littérature pour la jeunesse en Belgique entre d’une part, des maisons d’édition historiques devenues des majors et appartenant désormais à de grands groupes éditoriaux (bien souvent multimédias) au poids économique non négligeable et d’autre part, une série de petites et moyennes structures « indépendantes » spécialisées dans les publications pour les enfants ou dans la bande dessinée « alternative », et créées par des collectifs d’auteurs ou par un petit groupe d’individus, parfois même par une seule personne. On identifie en outre de nombreuses microstructures éditant des publications de manière artisanale comme les fanzines en bande dessinée ou un éditeur qui se qualifie lui-même de « cabane d’édition » en littérature pour la jeunesse. Cette structuration du secteur influence le fonctionnement et les politiques éditoriales mises en œuvre par les différentes maisons d’édition.
308 Il semble que l’écart ne cesse de se creuser entre les grands groupes (multi) nationaux dominant le marché et les éditeurs de moindre importance, non seulement en termes d’importance du chiffre d’affaires, mais aussi en termes de nombre de publications et de volumes de tirage. L’appartenance à de grands groupes procure une force commerciale aux majors, qui détiennent suffisamment de moyens pour assurer leur présence dans les rayons des différents points de vente, rendant la concurrence entre les éditeurs d’autant plus forte. On assiste actuellement à une course à la nouveauté et il devient de plus en plus difficile pour un éditeur de faire vivre le fonds de son catalogue. Les majors parviennent toutefois à valoriser leur patrimoine par le biais de rééditions, notamment sous forme d’intégrales. Dans l’ensemble, les séries à succès basées sur des héros récurrents constituent des « locomotives » qui assurent la rentabilité du secteur et permettent de financer des publications moins commerciales, davantage axées sur l’aspect créatif.
309 Néanmoins, depuis quelques années déjà, on constate que les ventes en volume diminuent [55] et que les grands groupes éprouvent des difficultés à maintenir leur part de marché [56]. Dans ce contexte, les majors augmentent le nombre de sorties pour maintenir un certain chiffre d’affaires et causent ainsi un phénomène de surproduction et un « embouteillage dans les rayons des librairies [57] », accroissant dès lors le risque d’être noyé dans la masse des nouveautés, sachant en outre qu’il est très difficile de déterminer au préalable quels titres vont devenir des « best-sellers ». Les maisons d’édition se tournent également vers d’autres sources de revenus comme les droits d’exploitation sur d’autres supports (films, dessins animés, jeux, CD, etc.) [58] – qui rapportent comparativement plus, car le travail de base est déjà effectué et le public potentiel défini – et les produits dérivés. De plus, le marché belge étant relativement limité, le positionnement par rapport à l’étranger constitue un autre défi de taille, que ce soit dans l’édition au sens strict (par la vente et l’achat de droits à des partenaires étrangers) ou dans l’exploitation multisupport. Les nouveaux marchés présentant des caractéristiques différentes, les maisons d’édition doivent être en mesure de s’adapter et de diversifier leur production.
310 Par ailleurs, pour se démarquer et augmenter leur potentiel de vente, beaucoup de grands éditeurs diversifient leur catalogue, tentent de dénicher de nouveaux talents et exploitent les créneaux « porteurs » actuels comme le manga ou le roman graphique en bande dessinée, en s’écartant des schémas standards de publication. La bande dessinée traditionnelle franco-belge coexiste dès lors avec des publications asiatiques, mais aussi d’autres formats plus innovants inspirés « de la bande dessinée de création ». En littérature pour la jeunesse, les majors couvrent bien souvent l’ensemble des segments de la production pour la jeunesse en termes de tranches d’âge et de types de livre pour élargir au maximum le spectre de leur public. L’intégration des circuits de diffusion et de distribution au sein d’un groupe éditorial peut également constituer un atout majeur pour un éditeur [59].
311 Dans ce contexte, on comprend à quel point les petites maisons d’édition peuvent difficilement concurrencer les grands groupes éditoriaux (multi) nationaux dominant le marché. Malgré tout, celles-ci défendent avec ferveur leur catalogue et affirment leurs choix éditoriaux « alternatifs », se démarquant des courants dominants et des méthodes de mass market. En bande dessinée particulièrement, les tirages modestes empêchent néanmoins ces petits éditeurs de dégager d’importants bénéfices de la vente de leurs publications. La situation financière de ces structures est bien souvent en équilibre instable, parfois même déficitaire, et ce, en dépit des aides accordées à une partie d’entre eux par des organismes publics de subventionnement dans chaque communauté linguistique (principalement, la Commission d’aide à la bande dessinée en Communauté française et le Vlaams Fonds voor de Letteren en Communauté flamande). Le manque de ressources des (très) petites structures a pour conséquence que ces dernières n’ont généralement pas les moyens de rémunérer les auteurs et illustrateurs ou alors seulement à partir du moment où l’ensemble des frais de production est remboursé. De plus, nombre de ces éditeurs exercent leur travail de manière bénévole.
312 On observe donc que les éditeurs de plus petite taille sont d’autant plus fragilisés que leurs moyens plus limités (par rapport à ceux d’un major) ne leur permettent ni d’assurer une large diffusion et distribution dans les différents points de vente (des librairies spécialisées aux supermarchés), ni d’investir dans l’exploitation multisupport, ni de se diversifier s’ils le souhaitent.
313 Pour élargir le débat, il convient enfin de mentionner la « révolution numérique » à laquelle nous assistons actuellement et qui risque, à terme, de changer le métier de l’édition en profondeur. Depuis 2005, Google a commencé à numériser à grande échelle des œuvres éditées partout dans le monde. Le but ultime est d’arriver à une bibliothèque numérique reprenant tous les textes existant depuis les débuts de l’écrit dont Google assurerait l’exploitation exclusive ; les ouvrages sont dès à présent mis en ligne au fur et à mesure de leur numérisation. Ce projet, qui n’est pas encore achevé aujourd’hui, a fait l’objet de critiques liées au monopole engendré et à la privatisation de fait qu’il accomplirait, ainsi qu’à la manière dont seraient gérées les questions de droits d’auteur liées [60]. Bien que la version numérique et la version papier coexisteront certainement encore durant des années, les éditeurs sont forcés de se positionner face au nouveau marché du numérique pour ne pas être « dépassés » par d’autres opérateurs internationaux non liés au papier comme Google. Cette évolution vers le numérique soulève de nombreuses questions [61] comme les modes de rémunération des auteurs, mais aussi des éditeurs – lesquels vont certainement subir une perte dans leur chiffre d’affaires suite à la baisse du prix de vente des publications électroniques par rapport aux publications sur papier – ainsi que le problème du téléchargement illégal ou de l’opportunité d’investir dans la production papier – alors que les risques financiers sont moindres dans l’édition numérique.
314 Dans ce cadre, certains éditeurs – principalement parmi les groupes (multinationaux) – mettent au point des solutions techniques communes ou créent des plateformes numériques [62], d’autres sont en période d’attente ou s’y intéressent de manière plus ou moins active (en proposant des publications en ligne via un site Internet ou un blog comme moyen d’accroître leur visibilité et d’augmenter la diffusion de leurs publications), d’autres enfin – le plus souvent dans les microstructures – n’y voient aucun intérêt ou s’y opposent fermement (en arguant le concept de « livre-objet » dont la valeur repose en partie dans son caractère unique ou rare). Notons que l’évolution du support numérique sera probablement plus rapide en bande dessinée qu’en littérature pour la jeunesse. Il semble en effet que le livre pour les enfants est celui qui subsistera le plus longtemps en version papier en raison du contact physique qu’un enfant peut avoir avec le livre. Une autre raison invoquée est celle du frein économique au sein du public jeune, par exemple pour l’achat d’une tablette électronique dont le prix est encore relativement élevé. Avec l’avènement de l’exploitation multisupport, on observe néanmoins un nombre croissant de versions animées comme produits dérivés de livres pour enfants ou de romans électroniques à destination des adolescents. À nouveau, on remarque que ces développements nécessitent des investissements importants et que certains éditeurs risquent de rester sur le carreau.
Notes
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[1]
Ces canaux d’information sont principalement des études scientifiques, articles de spécialistes, articles de presse et, accessoirement, les sites internet des maisons d’édition.
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[2]
B. MOUCHART, La bande dessinée, Le Cavalier Bleu, Paris, 2003, p. 115.
-
[3]
La traduction littérale de « manga » est « images dérisoires » en français.
-
[4]
E. DEJASSE, « Bande dessinée, un média économiquement mutagène », in L’artiste et ses intermédiaires, Mardaga/SMartBe, Wavre/Bruxelles, 2010, p. 41.
-
[5]
G. RATIER, Bilan de l’Association des critiques et journalistes de bande dessinée (ACBD) : « Une vitalité en trompe l'œil ? », Brest, 2009.
-
[6]
A. LORFEVRE, « Les mangas à maturité », La Libre Belgique, 8 juillet 2010, p. 46.
-
[7]
L’Association des critiques et journalistes de bande dessinée a été créée en janvier 1984 en France afin de promouvoir l’information sur la bande dessinée dans les médias et réunir les personnes qui traitent régulièrement de bandes dessinées en tant que critiques ou journalistes. Notons que cette association se penche sur le secteur de la bande dessinée dans l'espace francophone européen. Quant à notre étude, elle se limite aux publications de maisons d’édition ayant leur siège social en Belgique. Toute comparaison doit donc être envisagée avec prudence.
-
[8]
A. LORFEVRE, « Les mangas à maturité », op. cit., p. 46.
-
[9]
X. GUILBERT, Une analyse du marché de la bande dessinée en 2008, du9/L’autre bande dessinée, 2009, p. 3.
-
[10]
M. DI SALVIA, P. LEFEVRE, Bande dessinée et illustration en Belgique. État des lieux et situation socio-économique du secteur, SMartBe, Bruxelles, 2010.
-
[11]
Bilan public de la Commission d’aide à la bande dessinée, Bruxelles, octobre 2009, p. 2.
-
[12]
Ibidem, p. 8.
-
[13]
Les onze membres de cette commission sont : trois enseignants issus des universités de la Communauté française, un expert du secteur (romancier, auteur), deux experts issus de l’Académie royale de langue et de littérature françaises, un représentant d’une organisation représentative des usagers du secteur et quatre représentants de tendance idéologique ou philosophique.
-
[14]
La publication à compte d'éditeur est un mode de publication de livres qui consiste, pour un éditeur, à publier un livre sélectionné éventuellement par un comité de lecture. Un auteur publié à compte d'éditeur cède tout ou partie de ses droits à l'éditeur, à partir d'un contrat, pour une période déterminée et en échange d'engagements clairs (délais de publication, niveau des droits perçus sur l'œuvre, garanties commerciales, etc.). En contrepartie, l'auteur ne dépense rien pour l'édition du livre, ni pour les frais de fabrication, ni pour les frais d'impression ni pour les frais de publicité. L'auteur reçoit une rémunération appelée droit d'auteur qui est proportionnelle au nombre de livres vendus, généralement une avance sur droits forfaitaire ainsi qu’un pourcentage du prix hors taxe du livre.
-
[15]
Le terme de bande dessinée franco-belge désigne les bandes dessinées francophones publiées par des éditeurs français ou belges et plus spécifiquement l'ensemble des styles et des contextes éditoriaux communs aux bandes dessinées belge et française.
-
[16]
Cf. E. DEJASSE, « Bande dessinée, un média économiquement mutagène », op. cit.
-
[17]
La plupart des entreprises commerciales sont tenues de déposer des comptes annuels sous forme normalisée à la Banque nationale. Il s’agit principalement des entreprises dont la responsabilité des propriétaires est limitée : sociétés anonymes, sociétés privées à responsabilité limitée, sociétés coopératives à responsabilité limitée, sociétés en nom collectif, etc. Depuis le 1er janvier 2006, les asbl sont également obligées de déposer leurs comptes à la Banque nationale, mais cette obligation est limitée aux grandes et aux très grandes associations. Les petites associations, qui représentent la majorité du secteur associatif et sans doute une part importante des acteurs présents dans le secteur de l’édition, échappent donc à cette obligation. Par ailleurs, même les entreprises soumises à l’obligation de déclaration ne sont pas toutes obligées de fournir des informations détaillées. Seules les grandes entreprises (et les très grandes asbl et fondations) sont tenues de remettre un schéma complet du bilan, alors que les petites entreprises et les grandes asbl et fondations doivent remplir le schéma abrégé. Certaines informations y sont jugées facultatives, notamment le chiffre d’affaires.
-
[18]
L’Association des éditeurs flamands défend les intérêts des éditeurs de livres, publications éducatives, scientifiques et d’information. Elle organise également une série d’activités, dont le prix Plantin-Moretus.
-
[19]
D. GILLEROT, D. PLATTEAU, M. MINON, Enjeux et perspectives du secteur privé de l’édition de livres en Communauté française, Observatoire des politiques culturelles, Bruxelles, mars 2005 ; Construction d’un portrait socio-économique du secteur de l’édition belge francophone et de ses secteurs connexes de la diffusion et de la distribution, Observatoire des politiques culturelles, Bruxelles, septembre 2006.
-
[20]
La Société de Distribution du Livre Caravelle s’occupe de la diffusion et distribution sur la totalité du marché des revendeurs au détail en Belgique : librairies, diffuseurs de presse, grands magasins à succursales multiples, hypermarchés, … Pour le transport logistique à Bruxelles, la SDL Caravelle dispose de deux transporteurs ; pour le reste de la Belgique et le Luxembourg, elle fait appel à la société Distribution Books&Paper basée à Hal. La SDL Caravelle est également grossiste ; les libraires peuvent donc commander les livres d’un grand nombre d’éditeurs chez eux. Pour consulter la liste des éditeurs diffusés et distribués par la SDL Caravelle, voir le site http://www.sdlcaravelle.com.
-
[21]
Le Petit Vingtième était un supplément hebdomadaire de bande dessinée au journal Le Vingtième Siècle en Belgique dont le premier numéro fut publié le 1er novembre 1928. Le rédacteur en chef du magazine était Georges Remi, connu sous le pseudonyme Hergé.
-
[22]
Studio Dance et Sisters ont leur édition originale chez Bamboo en France.
-
[23]
En Belgique, à Bruxelles et à Louvain-la-Neuve.
-
[24]
D. GILLEROT, D. PLATTEAU, M. MINON, Enjeux et perspectives du secteur privé de l’édition de livres en Communauté française, op. cit. ; Construction d’un portrait socio-économique du secteur de l’édition belge francophone et de ses secteurs connexes de la diffusion et de la distribution, op. cit.
-
[25]
Il semblerait que cette constitution soit le résultat d’une scission des activités d’édition et d’impression de la sprl Drukkerij Uitgeverij Oranje-De Eenhoorn. Cette dernière ne changera de nom qu’en septembre 2005 pour devenir Drukkerij Oranje.
-
[26]
Bart Pinceel a repris la distribution autrefois assurée par le Comptoir des Indépendants. Certains éditeurs se rendent dans les librairies spécialisées et négocient l’achat de la première commande directement chez eux. Quand ils n’ont plus de stock, ils dirigent les acheteurs vers Pinceel Stripverspreiding.
-
[27]
E. DEJASSE, « Bande dessinée, un média économiquement mutagène », op. cit., p. 2-3.
-
[28]
T. BELLEFROID, Les éditeurs de bande dessinée, Éditions Niffle, 2005, p. 66.
-
[29]
Harmonia Mundi est une entreprise française de production et de distribution de disques, spécialisée dans la musique classique et les musiques du monde. Depuis 1988, elle s’est lancée dans la diffusion et distribution de livres de catalogues d’éditeurs indépendants auprès des libraires en France et à l’étranger.
-
[30]
Correpondance avec George, 18 décembre 2009.
-
[31]
Francesco Defourny est un ancien membre du collectif liégeois Mycose qui avait gagné le prix de la bande dessinée alternative au festival d’Angoulême en 2006. Ce collectif n’existe plus.
-
[32]
La Libre Belgique, 11 décembre 2009.
-
[33]
Dilibel est une filiale du groupe Hachette Livres qui s’occupe de la diffusion des ouvrages des éditeurs du groupe Hachette mais aussi d’autres éditeurs.
-
[34]
« La grande distribution (…) s’est progressivement imposée comme un des vecteurs principaux de commercialisation [des bandes dessinées] (…) Ceci contribue vraisemblablement à dynamiser le marché et à toucher des catégories de lecteurs non habitués à se rendre dans les librairies spécialisées. Mais le mode de fonctionnement des grandes surfaces est très particulier. Par nature, le nombre de titres qui y sont référencés est limité (…) Ces points de vente sont aussi, bien évidemment, organisés davantage en fonction de produits à rotation rapide que de fonds à rotation lente. Particulièrement adaptées aux titres les plus porteurs du marché, les grandes surfaces font l’objet d’une démarche commerciale spécifique des éditeurs (ou de leurs diffuseurs) ». Cf. D. GILLEROT, D. PLATTEAU, M. MINON, « Enjeux et perspectives dans le secteur privé de l’édition de livres en Communauté française », op. cit., p. 71.
-
[35]
One-shot est le terme employé dans le secteur de l’édition pour désigner une publication dont l’histoire est complète en un seul volume.
-
[36]
Selon Floriane Philippe, aspirante FNRS à l’ULB, un major établi en Communauté française, par exemple, s’est tourné vers la bande dessinée pour adultes pour « retenir dans leurs écuries des auteurs qui auraient souhaité développer un style plus personnel dans une autre maison d’édition » (F. PHILIPPE, « La bande dessinée : un bien marginal au regard de ses éditeurs », Revue Transeo, n° 1, janvier 2009).
-
[37]
Le cas des mangas semble particulièrement intéressant vu la vogue pour ce type d’ouvrages en Europe depuis 20 ans. Les mangas constituent désormais une tendance majeure du marché de la bande dessinée. « Tous les grands éditeurs ont créé leur filiale ou leur collection dévolue [aux mangas] » (A. LORFEVRE, « Les mangas à maturité », op. cit, p. 46). On note néanmoins un effet de saturation ces dernières années avec un tassement des ventes de nouveautés ainsi qu’une fragilisation du secteur dont la rentabilité repose essentiellement sur quelques séries best-sellers. Cf. X GUILBERT, Numérologie. Une analyse du marché de la bande dessinée en 2009, du9/L’autre bande dessinée, 2010, Brest, p. 5-7.
-
[38]
Les ventes d’ouvrages sur des marchés étrangers ainsi que les cessions de droits permettent notamment aux éditeurs « à la fois d’améliorer leur visibilité sur ces marchés et de disposer d’une plus grande sécurité financière ; [l’export contribuant à] amortir plus facilement les coûts de production », in D. GILLEROT, D. PLATTEAU, M. MINON, Enjeux et perspectives du secteur privé de l’édition de livres en Communauté française, op. cit., p. 57.
-
[39]
Dans un contexte de rotation accrue des titres et de surproduction, l’objectif est « d’assurer une large présence en magasin, quitte à imprimer trop (…). Ainsi, l’importance du tirage d’un ouvrage devient désormais une force commerciale, et non plus l’expression « raisonnable » d’un véritable potentiel de vente », in X. GUILBERT, Numérologie. Une analyse du marché de la bande dessinée en 2009, op. cit., p. 4.
-
[40]
On ne note « pas d’inflation notable du nombre de productions des éditeurs [alternatifs] qui tendent plutôt à conserver, bon an mal an, le même rythme (…) Ainsi, les petits éditeurs privilégient le « travail du livre » et maintiennent un nombre de sorties adapté à la (petite) taille de leurs structures », in X. GUILBERT, « Une analyse du marché de la bande dessinée en 2008 », op. cit., p. 7.
-
[41]
Il s’agit d’un problème qui semble généralisé pour tous les petits éditeurs de bandes dessinées. E. Dejasse l’explique pour la partie sud du pays : « En terme de distribution, s’il existe des sociétés qui s’occupent pour l’essentiel d’indépendants (…), leurs moyens sont insuffisants pour rivaliser avec la" machinerie lourde " qui distribue les " majors ". D’autre part, si l’on considère qu’il faut une mise en place de 6.000 exemplaires pour qu’un ouvrage soit présent dans la quasi-totalité des points de vente francophones, les " indépendants " ne peuvent pas nécessairement prendre le risque de tirer autant d’exemplaires (…) ». Cf. E. DEJASSE, « Bande dessinée, un média économiquement mutagène », op. cit., p. 45.
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[42]
Le seuil de rentabilité est entendu ici comme le point d’équilibre qui permet à l’éditeur de rentrer dans ses frais, sur base du nombre d’exemplaires vendus et en tenant compte d’éventuels subsides.
-
[43]
De manière générale, on note que les petits et microéditeurs interviewés ne sont pas rémunérés pour leur travail d’édition. Ils exercent généralement une autre activité professionnelle sur le côté leur garantissant un revenu. Ce constat est valable aussi bien en Communauté française qu’en Communauté flamande. De même, comme on le verra par la suite, ces éditeurs ne sont pas toujours en mesure de rétribuer le travail fourni par les auteurs et illustrateurs.
-
[44]
Le contexte de rotation rapide dans les rayons des libraires et le coût élevé du stockage font qu’un livre reste en moyenne trois mois en librairie et quinze jours à peine sur la table des nouveautés, d’où la difficulté sans cesse croissante pour un livre de rencontrer son public. Cf. E. DEJASSE, « Bande dessinée, un média économiquement mutagène », op. cit.
-
[45]
« En période de crise, les classiques sont rassurants et se vendent mieux, les éditeurs sécurisent ainsi les marges, le fonds éditorial étant rhabillé en nouveautés. Mais si cela leur coûte souvent moins cher que la création, les éditeurs mettent un point d’honneur à revaloriser leur patrimoine, avec tout le respect qui lui est dû, en multipliant les nouvelles éditions qualitatives, souvent augmentées d’un dossier, qui ont nécessité un travail de restauration (…) Cette tendance apporte une véritable légitimité en terme d’image » (G. RATIER, Bilan de l’Association des critiques et journalistes de bande dessinée (ACBD) : « Une vitalité qui trompe l’œil ? », op. cit., p. 7).
-
[46]
« Des entretiens que j’ai pu avoir avec plusieurs dessinateurs ou scénaristes, il apparaît très clairement que se faire accepter dans une « major » n’est pas chose aisée si on est débutant et que l’on ne dispose pas d’un réseau minimum. Le nombre de projets acceptés uniquement suite à l’envoi d’un dossier est infinitésimal (sans doute moins de 2%). La plupart du temps, l’auteur bénéficie déjà d’une petite renommée en ayant publié ailleurs à moins qu’il n’ait été introduit dans la maison par un autre créateur, souvent son scénariste » (E. DEJASSE, op. cit., « Bande dessinée, un média économiquement mutagène », p. 45-46)
-
[47]
À l’instar des petits éditeurs « alternatifs », les majors semblent malgré tout assouplir leurs critères de publication en termes notamment de format et de pagination en s’écartant des standards en vigueur (E. DEJASSE, « Bande dessinée, un média économiquement mutagène », op. cit., p. 43).
-
[48]
Plusieurs maisons d’édition en Flandre mentionnent qu’elles utilisent les contrats-type de la Vlaamse Auteursvereniging (Association des auteurs flamands). Il s’agit de l’association de défense des intérêts communs des et pour les auteurs flamands. Elle représente aussi bien les auteurs de prose, de poésie, de théâtre, de scénarios, de littérature jeunesse, de non-fiction littéraire et de bande dessinée que les illustrateurs et traducteurs littéraires. L’association soutient les auteurs flamands individuellement et défend leurs intérêts collectifs. Pour de plus amples informations, consulter le site Internet http://www.auteursvereniging.be.
-
[49]
« Chez certains (très) petits éditeurs, on observe néanmoins que les auteurs s’impliquent souvent dans la distribution et la promotion du livre pour en assurer une plus grande diffusion » (SCAM, « Observations générales sur les contrats d’édition proposés par les éditeurs », 2005, p. 1).
-
[50]
Notons qu’il existe encore d’autres sources de rémunération pour les auteurs et illustrateurs provenant des coéditions sur lesquelles ils perçoivent un pourcentage du prix vendu au client sur l’ensemble du tirage ; des royalties, c’est-à-dire une part sur les ventes de droits à des éditeurs étrangers ; mais aussi, des « ventes spéciales », par exemple à des écoles ou à des clubs, où ils touchent un pourcentage sur le chiffre d’affaires obtenu pour cette vente.
-
[51]
En littérature pour la jeunesse, il semblerait que les droits d’auteurs soient généralement répartis à deux-tiers pour l’illustrateur et un tiers pour l’auteur. En effet, le temps de travail de l’illustrateur serait plus important que celui de l’auteur. En outre, les rentrées financières du premier reposeraient largement sur son travail d’illustration contrairement à un auteur de texte qui aurait davantage la possibilité d’exercer un autre métier sur le côté.
-
[52]
Selon un major francophone de ce secteur, un auteur toucherait entre 400 euros et 450 euros la page, tout compris : dessin, coloriage, scénario, etc.
-
[53]
Du côté francophone, un éditeur de taille moyenne en littérature pour la jeunesse explique même avoir instauré un système de mensualités (d’environ 2 500 euros par mois) avec l’un de ses illustrateurs phares pour lui permettre de travailler à son aise.
-
[54]
SCAM, « Observations générales sur les contrats d’édition proposés par les éditeurs », op. cit., p. 6.
-
[55]
Selon G. Ratier, en 2009, les groupes Média Participations (Dupuis, Dargaud, Studio Boule et Bill, Ballon Média) et Glénat (Glénat Bénélux, …) enregistrent une baisse de leurs ventes de presque 10% par rapport à 2008 ! Le groupe Flammarion (Casterman, …) enregistre, quant à lui, une légère progression de 3,3 % (G. RATIER, Bilan de l’Association des critiques et journalistes de bande dessinée (ACBD) : « Une vitalité en trompe l’œil ? », op. cit., p. 2).
-
[56]
« Avec l’évolution des technologies, la bande dessinée et le livre de jeunesse sont concurrencés par d’autres formes de loisirs comme la télévision, internet ou les jeux vidéo. Ceci pourrait être un des facteurs explicatifs de l’érosion des ventes de livres » (Le marché du livre de langue française en Belgique. Données 2008, Étude réalisée pour le service « Promotion des Lettres » du Ministère de la Communauté française, p. 7).
-
[57]
G. RATIER, Bilan de l’Association des critiques et journalistes de bande dessinée (ACBD) : « Une vitalité en trompe l’œil ? », op. cit., 2009, p. 3.
-
[58]
D’après le bilan de l’ACBD sur le secteur de la bande dessinée francophone en Europe, « les titres qui marchent le mieux [actuellement] sont ceux qui sont développés sur plusieurs médias » (G. RATIER, Bilan de l’Association des critiques et journalistes de bande dessinée (ACBD) : « Une vitalité en trompe l’œil ? », op. cit., p. 4.
-
[59]
G. RATIER, Bilan de l’Association des critiques et journalistes de bande dessinée (ACBD) : « Une vitalité en trompe l’œil ? », op. cit., p. 11. Notons que certaines microstructures recourent à l’autodiffusion et à l’autodistribution de leurs publications, parfois plutôt à défaut de moyens que nécessairement par choix.
-
[60]
Pour de plus amples informations, cf. A. VINCENT, M. WUNDERLE, Les industries culturelles, CRISP, 2009, dossier 72.
-
[61]
Pour en savoir plus, cf. P. LEFEVRE, « La fin du papier. Vers les bandes dessinées et les albums illustrés numériques ? », in M. DI SALVIA, P. LEFEVRE, Bande dessinée et illustration en Belgique. États des lieux et situation socio-économique du secteur, SMartBe, Bruxelles, 2010.
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[62]
C’est le cas notamment des groupes d’édition Media Participations et Editis qui ont lancé la plateforme Izneo fin mars 2010, laquelle regroupe douze éditeurs et propose le plus large catalogue de BD numériques avec plus de 600 titres accessibles à la lecture en ligne lors de sa création. Pour plus d’informations, voir le site internet de la plateforme : http://www.izneo.com. Cette plateforme est la quatrième en France, après Numilog (Hachette), Eden Livre (Gallimard, La Martinière, Flammarion) et celle de l’Harmattan. Cf. A. VINCENT, M. WUNDERLE, Les industries culturelles, op. cit., p. 114. L’éditeur alternatif en bande dessinée L’Employé du Moi a, quant à lui, créé une plateforme de diffusion de bande dessinée en ligne dénommée « Grandpapier ».