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Article de revue

Les mouvements anticommunistes dans les années 1920

Pages 5 à 51

Notes

  • [1]
    La Révolution bolchevique se déroule dans la nuit du 25 au 26 octobre 1917 dans le calendrier julien, ce qui correspond aux 6 et 7 novembre dans le calendrier grégorien.
  • [2]
    L’IC est souvent désignée sous son acronyme russe, Komintern. Elle est née lors de la conférence qui se tient à Moscou du 2 au 6 mars 1919. C’est néanmoins le IIe congrès du Komintern, organisé du 19 juillet au 7 août 1920, qui marque sa véritable fondation avec la mise en place de ses différentes structures.
  • [3]
    C’est le 30 décembre 1922 que la Russie prend le nom d’URSS.
  • [4]
    H. HAAG, « La politique intérieure de 1914 à 1926 », in H. PIRENNE et al., Histoire de la Belgique contemporaine. 1914-1970, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1975, p. 53.
  • [5]
    Homme politique libéral et diplomate, Émile Francqui (1863-1935) est consul en Chine à partir de 1896. De retour en Belgique en 1900, il entre dans la finance. Directeur de la Banque internationale d’Orient, puis directeur administratif de la Banque d’Outremer, il est aussi directeur (1912-1923) et gouverneur (1932-1935) de la Société générale de Belgique (SGB), ainsi qu’administrateur délégué de l’Union minière du Haut Katanga de 1921 à 1932. Il est encore membre du Comité des experts qui élabore le plan Young de 1929 et est nommé administrateur de la Banque des règlements internationaux créée à cet effet. Ministre d’État en 1918, ministre sans portefeuille dans le cabinet formé par Henri Jaspar en mai 1926, il est à nouveau nommé en 1934 ministre sans portefeuille au sein du gouvernement dirigé par Georges Theunis.
  • [6]
    Le suffrage universel instauré en 1893 est tempéré par le vote plural accordé à certaines catégories de citoyens.
  • [7]
    C’est l’hypothèse avancée par Henri Haag et Carl-Henrik Höjer. Cf. H. HAAG., « La politique intérieure de 1914 à 1926 », op. cit., p. 62 ; C.-H. HÖJER, Le régime parlementaire belge de 1918 à 1940, Uppsala-Stockholm, CRISP, 1969, p. 85.
  • [8]
    E. WITTE et J. CRAEYBECKX, La Belgique politique de 1830 à nos jours. Les tensions d’une démocratie bourgeoise, Bruxelles, Labor, 1987, p. 210.
  • [9]
    De composition inédite, ce gouvernement se base sur un parti, le POB, et sur une fraction de l’Union catholique belge, c’est-à-dire les démocrates-chrétiens, notamment flamands. Il prend fin à la suite de l’échec de la stabilisation du franc belge. Le motif de sa chute a fait l’objet de beaucoup de spéculations. Une des hypothèses qui revient souvent est celle d’une conspiration des banquiers.
  • [10]
    Durant la Première Guerre mondiale, les frontistes revendiquent l’unilinguisme et l’autonomie de la Flandre, ainsi que la scission de l’armée en régiments flamands et wallons.
  • [11]
    Artiste peintre de formation, Édouard (dit War) Van Overstraeten (1891-1981) fonde en 1920 un Parti communiste belge. Délégué au IIe congrès de l’IC et membre de son comité exécutif du IIIe au IVe congrès, il est le premier secrétaire général du PCB, dont il est député pour l’arrondissement de Liège de 1925 à 1929.
  • [12]
    Créée à l’automne 1886, la Jeune garde est un groupe de propagande antimilitariste structuré dès 1894 en une Fédération nationale des jeunes gardes socialistes (FNJGS). Il a ses porte-parole délégués à chaque congrès annuel du POB. Suite à l’adoption de nouveaux statuts du parti le 5 avril 1920, le caractère éducatif domine le mouvement durant les années 1920. Faible numériquement, relativement déconsidéré au sein du POB et entaché d’idéal révolutionnaire, il s’égare dans des discussions doctrinales jusqu’aux années 1930, lorsque de nouvelles perspectives s’ouvrent à lui.
  • [13]
    Secrétaire du Syndicat socialiste des employés, Joseph Jacquemotte (1883-1936) anime durant des années un courant minoritaire de gauche au sein du POB regroupé autour de l’hebdomadaire L’Exploité. Fondateur et directeur du Drapeau rouge, l’organe officiel du PCB, il est député de l’arrondissement de Bruxelles de 1925 jusqu’à sa mort.
  • [14]
    Docteur en droit et professeur à l’Université de Gand au sein de l’École spéciale du commerce annexée à la Faculté de droit, Marcel Lauwick (1877-1928) est également directeur de la Société d’études belgo-russes. Il exécute pour le compte du Ministère de l’Industrie et du Travail une mission officielle en Russie méridionale, où il étudie la situation des entreprises créées à l’aide des capitaux belges.
  • [15]
    Docteur en droit, Conrad de Buisseret Steenbecque (1865-1927) exerce plusieurs missions pour le compte de la diplomatie belge, notamment comme ambassadeur à Saint-Pétersbourg à partir de 1911, fonction qu’il est le dernier à remplir avant que la Belgique ne rompe ses relations diplomatiques avec la Russie. Il quitte ce pays le 3 août 1917 et prend sa retraite en 1921.
  • [16]
    La ville de Saint-Pétersbourg a changé plusieurs fois d’appellation. Elle est rebaptisée Petrograd de 1914 à 1924, puis Léningrad de 1924 à 1991, avant de retrouver son nom d’origine.
  • [17]
    Il s’agit d’enserrer la Russie dans un système international de surveillance, composé d’États hostiles au régime bolchevique, pour éviter la contagion révolutionnaire à l’Ouest.
  • [18]
    Sorti en août 1913 sous-lieutenant du génie de l’École royale militaire, Marcel De Roover (1890- 1971) s’engage comme volontaire dans la Force publique au Congo durant la Première guerre mondiale. À partir de 1920, il préside la commission d’émigration mixte gréco-bulgare travaillant dans le cadre de la Société des Nations. Il démissionne de son poste en 1926 pour accepter la proposition de la SGB d’assurer la direction de la Société générale industrielle et chimique du Katanga (SOGECHIM). Après avoir donné sa démission de ce poste en décembre 1940, il devient en janvier 1941 directeur de la Société de Bruxelles pour la finance et l’industrie (BRUFINA), c’est-à-dire le holding de la Banque de Bruxelles, et occupe jusqu’à sa mort de nombreuses fonctions dans diverses sociétés qui en dépendent.
  • [19]
    En réaction, Paul Hymans donnera sa démission de son poste de ministre des Affaires étrangères. Désapprouvant l’accord militaire franco-belge en gestation (il sera conclu le 7 septembre 1920), les socialistes visent en réalité derrière la personne de Paul Hymans la France elle-même, dont ils n’apprécient pas la politique hostile envers la Russie. Le 28 septembre 1920, un train sanitaire chargé de créer sur le front polonais une formation de secours, partira tout de même de Bruxelles pour Varsovie. Cette initiative, due au Comité Pro Polonia ! et à la Croix-Rouge de Belgique, est soutenue par de nombreuses personnalités catholiques et libérales.
  • [20]
    Le 25 juillet 1921 est signé le traité créant l’UEBL, qui est prévue pour une durée de cinquante ans à partir du 1er mai 1922 et dont la clause principale est l’abolition des droits de douane.
  • [21]
    J. GOTOVITCH, Du Rouge au Tricolore. Les communistes belges de 1939 à 1944. Un aspect de l’histoire de la Résistance en Belgique, Bruxelles, Labor, 1992, p. 13.
  • [22]
    La Couronne, 18 mars 1928, p. 1.
  • [23]
    J. BARTIER, « La vie sociale », in H. PIRENNE et al., Histoire de la Belgique contemporaine. 1914-1970, op. cit., p. 312.
  • [24]
    Le Franc-tireur belge, 1er novembre 1925, p. 1.
  • [25]
    Louis Picard (1886-1955) se consacre dès 1921 à l’organisation de l’Action catholique de la jeunesse belge, avant de fonder la Radio catholique belge en 1930 et l’Action catholique des hommes en 1935.
  • [26]
    Le 3 mars 1918 est signé le traité de paix séparée de Brest-Litovsk entre la Russie soviétique et l’Allemagne, traité censé laisser un répit à la première pour préparer le déclenchement en chaîne de la révolution en Europe.
  • [27]
    En marge de la conférence de Gênes (à laquelle doivent assister pour la première fois des délégués soviétiques pour examiner la question de la reprise éventuelle de relations économiques, ainsi que les conditions à imposer au préalable) est signé, le 16 avril 1922, le traité germano-russe de Rapallo. Négocié en secret, il prévoit le rétablissement des relations diplomatiques entre l’Allemagne et la Russie, ainsi que le développement de leurs relations économiques sans conditions préalables.
  • [28]
    Les Protocoles des Sages de Sion sont fabriqués par Mathieu Golovinski à la fin du XIXe siècle à la demande de la police politique tsariste et à l’intention de Nicolas II de Russie. Ce faux document est censé être un plan de conquête du monde par les Juifs et la franc-maçonnerie. Publié en Russie en 1903, il paraît en Allemagne en 1920 avant d’être traduit en français et en anglais.
  • [29]
    Comptant parmi les filiales de l’IC, l’Internationale syndicale rouge (Profintern) a elle-même pour branche principale le Comité international de propagande des ouvriers de transport révolutionnaires, ce dernier agissant par l’intermédiaire de Clubs internationaux de marins ou Interklubs. Un Club belge des marins révolutionnaires est créé à Anvers en 1928.
  • [30]
    Le SRI est fondé à Moscou en novembre 1922 à l’initiative du IVe congrès de l’IC. Son but est de soutenir matériellement, moralement et juridiquement les victimes de la lutte des classes. Il s’organise en sections nationales en 1924, année où un noyau, composé de militants anarchistes, se forme en Belgique. Son développement est rapide et en mai 1925, Charles Plisnier est nommé président de la section belge. Outre des communistes, la direction comprend des syndicalistes révolutionnaires, des anarcho-syndicalistes et des socialistes. En 1927, la direction du POB décrète que la qualité de membre du SRI et du Secours ouvrier international (SOI) est incompatible avec celle de membre du parti. La Section belge cesse alors d’être un lieu de rassemblement pour se réduire à une organisation purement communiste. Le 16 juin 1928, suite à un vote de son comité central statuant sur l’aide à apporter aux déportés politiques en URSS, Moscou décide de sa dissolution.
  • [31]
    Il s’agit de l’orthographe allemande de la Yidisher Arbeter Kultur Fareyn (Association culturelle des travailleurs juifs), qui est créée vers 1922-1923 à Anvers et à Bruxelles par des militants juifs socialistes du Bund (Algemayner Yidisher Arbeter Bund), la plus ancienne et la plus importante des organisations ouvrières juives d’Europe de l’Est. La Kultur Fareyn organise des cycles de conférences, des soirées théâtrales ou musicales. Pour les immigrés juifs, généralement jeunes, elle joue aussi le rôle de lieu de rencontre. Les communistes juifs commencent à y déployer une intense activité dans les années 1925-1926, avant d’en prendre le contrôle aux alentours de 1928.
  • [32]
    La Légion nationale, 1er avril 1928, p. 3.
  • [33]
    Chambre, Annales parlementaires, 20 décembre 1928, p. 408.
  • [34]
    Chambre, Annales parlementaires, 6 février 1930, p. 468.
  • [35]
    Le 12 mai 1927, une perquisition est menée dans les bureaux de l’ARCOS, organisme d’import-export installé à Londres depuis 1921 et servant de couverture aux activités de la Police politique soviétique (GPU) et du Komintern. De nombreux documents compromettants sont alors saisis, si bien que l’Angleterre rompra ses relations diplomatiques avec l’URSS jusqu’en 1930.
  • [36]
    Chambre, Annales parlementaires, 8 février 1928, p. 416.
  • [37]
    J. GOTOVITCH, « Histoire du Parti communiste de Belgique », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1582, 1997, p. 7.
  • [38]
    Idem, « La peur du Rouge dans les dossiers de la justice belge : la signification du procès de 1923 », in P. DELWIT et J. GOTOVITCH, La peur du Rouge, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 1996, pp. 95-96.
  • [39]
    Chambre, Annales parlementaires, 27 juin 1928, p. 1467.
  • [40]
    Bulletin de l’UCB, 12 juillet 1928, p. 40.
  • [41]
    Bulletin de la SEPES, 15 janvier 1930, p. 1.
  • [42]
    Sorti de l’École des mines de Liège en 1900, Eugène Witmeur (1876-1957) assume à partir de 1906 à la Société métallurgique russo-belge, en tant que secrétaire général, la liaison entre le conseil et les usines métallurgiques, mines et charbonnages de ce complexe. Après la guerre, il joue un rôle en vue lors des conférences économiques internationales de Londres, Gênes et La Haye. Ses deux frères passent une partie de leur carrière en Russie. Joseph est ingénieur à la Société des hauts fourneaux de l’Olkovaïa jusqu’en 1913. Émile, futur professeur à l’Université de Liège, est secrétaire d’un consortium de banques belges et de sociétés belgo-russes de 1900 à 1904. La fille d’Émile, Claire, épousera Dimitry Jacovleff. Ancien général d’aviation du Tsar et grand expert en aéronautique, ce dernier compte parmi les amis proches d’Eugène. Il enseigne aux Universités de Liège et de Gand à partir de la seconde moitié des années 1920.
  • [43]
    Créée en 1919 et présidée par Valentin Haumont, l’Association belgo-russe apporte aide et assistance aux Belges rentrés démunis et à ceux qui sont restés en Russie. Elle se fait aussi le relais de la réalité soviétique à travers la revue de presse qu’elle publie dans un Bulletin bi-mensuel. Progressivement, son activité s’apparentera à de la contre-propagande, donnant une image peu reluisante de l’URSS.
  • [44]
    L’Association des Belges retour de Russie, présidée par Ed. Sapin, est créée vers août 1919. Elle édite Les Belges en Russie, bulletin de propagande anticommuniste à usage interne contenant de nombreuses et horrifiques descriptions de la Russie. Elle change de nom le 26 avril 1925 pour s’appeler l’Association belge des petits sinistrés en Russie, dont Fernand Graindorge prend la tête du bureau permanent (il sera vite remplacé par Émile Renaud). Défendant les intérêts des ouvriers et employés des entreprises belges spoliées en Russie, ce mouvement entre en rivalité avec le Comité de défense des intérêts belges en Russie. Il reproche également aux pouvoirs publics de rester indifférents à ses revendications, qu’il estime devoir être prioritaires par rapport à celles des grandes entreprises.
  • [45]
    Des avances de 5 000 francs-or maximum sont distribuées par le Comité à près de quatre cents familles. Elles sont réservées aux sinistrés revenus après le 7 septembre 1917, ayant rentré une déclaration avant le 1er août 1919 et pouvant justifier d’une situation précaire.
  • [46]
    Lettre du 28 décembre 1927 de Eugène Witmeur à [Paul Hymans] (Centre d’archives du Ministère des Affaires étrangères [MAE]. Dossier n° 36).
  • [47]
    Chambre, Annales parlementaires, 5 février 1930, p. 436.
  • [48]
    Cette conférence a pour but d’étudier les dispositions à insérer dans un traité avec la Russie concernant la répartition des dommages subis par les étrangers, et de régler les dettes contractées ou garanties par l’État russe vis-à-vis des ressortissants étrangers.
  • [49]
    Compte rendu de l’assemblée générale du 18 décembre 1927, p. 3 (MAE. Dossier n° 36).
  • [50]
    Chambre, Annales parlementaires, 22 mars 1927, p. 1050.
  • [51]
    Conseil des ministres du 7 janvier 1924 ; Procès-verbal n° 104, p. 6. Les procès-verbaux des Conseils des ministres sont consultables à l’adresse suivante : <http://arch.arch.be>.
  • [52]
    Lettre du 7 janvier 1924 de Gérard Cooreman et Eugène Witmeur à Henri Jaspar (MAE. Dossier n° 36).
  • [53]
    La grève de l’industrie métallurgique d’Ougrée-Marihaye, qui débute à la fin 1921, a marqué les esprits par sa rudesse. Menée par Julien Lahaut, elle implique une lutte entre socialistes et communistes et amène une scission du syndicat en cause. C’est aussi la première fois dans l’histoire du mouvement syndical que des dirigeants syndicaux sont empêchés de parler dans des assemblées de travailleurs et qu’une Maison du peuple est assaillie par ses propres affiliés. La percée du PCB dans la région liégeoise date de cette période.
  • [54]
    Lettre du 7 janvier 1924 de Gérard Cooreman et Eugène Witmeur à Henri Jaspar (MAE. Dossier n° 36).
  • [55]
    Conseil des ministres du 7 janvier 1924 ; Procès-verbal n° 104, p. 6.
  • [56]
    À cette conférence, la Belgique défend une position intransigeante par rapport à celle des autres pays présents, Henri Jaspar et Georges Theunis déclarant qu’ils ne laisseront porter aucune atteinte, même théorique, au droit de propriété des industriels belges.
  • [57]
    Compte rendu de l’assemblée plénière des membres des bureaux des différentes sections du Comité de défense des intérêts belges en Russie, tenue le 22 mai 1924 à la Société générale de Belgique, p. 4 (MAE. Dossier n° 36).
  • [58]
    Ibidem, p. 2.
  • [59]
    Les membres de l’UCB se substituent à cette occasion aux grévistes pour assurer les transports en commun dans la capitale. Tous les trams ne pouvant cependant pas sortir des dépôts, des autos de maître, autobus et camions, munis de banderoles UCB sont aussi réquisitionnés.
  • [60]
    Administrateur de diverses sociétés, président du Comité belge des expositions et du Comité de propagande nationale, Adrien van der Burch (1877-1954) s’engage dans l’armée comme volontaire durant la Première Guerre mondiale. Après le conflit, il est membre du Comité de politique nationale (CPN), de l’Action nationale et du Comité belgo-rhénan de Pierre Nothomb. Devenu président de l’Amicale des officiers de la campagne (AOC), il compte encore parmi les fondateurs, en 1939-1940, de la neutraliste Ligue de l’indépendance nationale.
  • [61]
    Entré à l’École des cadets en 1901 et à l’École militaire en 1903, Jean Spiltoir (1885-1953) est admis à l’École de guerre en 1911, où il devient lieutenant l’année suivante. Fait prisonnier en août 1914, il est interné en Suisse jusqu’en décembre 1918. Nommé capitaine commandant en 1919, il quitte l’armée en 1921 (il sera nommé major honoraire en 1946) pour se lancer dans les affaires (carburants, synthétiques et charbons).
  • [62]
    J. SPILTOIR, Les Unions Civiques, Bruxelles-Paris, La Renaissance d’Occident, 1922, p. 21.
  • [63]
    Bulletin de l’UCB, 12 janvier 1925, p. 6.
  • [64]
    Chambre, Annales parlementaires, 13 juin 1922, p. 1118.
  • [65]
    J. SPILTOIR, Les Unions Civiques, op. cit., p. 14.
  • [66]
    Bulletin de l’UCB, 12 janvier 1925, p. 12.
  • [67]
    Le CCI est la plus importante organisation patronale du pays de l’époque. Elle est précurseur de la Fédération des industries belges (FIB), transformée dans les années 1970 en Fédération des entreprises de Belgique (FEB).
  • [68]
    Bulletin de l’UCB, mars 1931, p. 23.
  • [69]
    Dans la pratique, le nom d’Entente internationale anticommuniste (EIA) est plus volontiers utilisé, nom qui s’impose définitivement en 1937. Nous l’utiliserons désormais alternativement avec le terme Entente.
  • [70]
    Lettre du 28 juillet 1924 de Jean Spiltoir à Théodore Aubert (EIA. Correspondance du bureau permanent. Belgique [CBPB], 1924-1929).
  • [71]
    Né en 1894, Carl Peters est grièvement blessé durant la Première Guerre mondiale comme patrouilleur sur l’Yser. En 1918, il est attaché au service de presse du Grand quartier général, puis, après l’armistice, successivement au service de censure, au bureau de renseignements politiques et à la Sûreté militaire de l’armée d’occupation. En 1923, il est attaché au service des renseignements généraux de la direction de la Sûreté militaire à Aix-la-Chapelle, où il a pour mission de suivre les activités des communistes en Allemagne et ailleurs.
  • [72]
    Il s’agit d’un petit journal de quatre pages paraissant tous les quinze jours. Il est à l’origine distribué gratuitement en toutes boîtes dans les quartiers ouvriers, puis au moyen d’abonnements payés directement par les patrons pour leur personnel, voire plus tard par abonnement collectif souscrit par tel ou tel industriel pour l’ensemble des habitants d’une commune qu’il veut toucher. Son contenu est (volontairement) hétéroclite puisqu’on y retrouve tant des recettes de cuisine et de la colombophilie que des informations et des caricatures anticommunistes.
  • [73]
    Jean Spiltoir est le directeur de cette société, dont il obtient 94 % des parts de fondateurs. Les autres actionnaires sont Jean-Constantin Gevers, lieutenant-colonel de gendarmerie retraité ; Victor Pierre, expert-comptable ; Carl Peters, Eugène Hermans, ancien commissaire adjoint de police ; Auguste Knudde, ancien officier de de Police judiciaire et Carl-Arthur Hansen-Soulie, publiciste. Victor Pierre est nommé comme secrétaire, Eugène Hermans et Carl Peters comme scrutateurs. Jean-Constantin Gevers, Carl Peters et Jean Spiltoir sont désignés administrateurs, et Victor Pierre commissaire.
  • [74]
    Remarques et considérations sur les instructions pour l’organisation et l’action des centres nationaux de l’Entente, document non daté, p. 1 (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [75]
    Bulletin de la SEPES, 15 janvier 1927, p. 29.
  • [76]
    La lutte contre le bolchevisme et le redressement de l’opinion. Aperçu sommaire de l’organisation et de l’activité, document confidentiel daté du 10 mars 1927, p. 2 (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [77]
    Constitution et objet, moyens d’action, p. 6 (Chambre, Annales parlementaires, 30 janvier 1934, p. 806).
  • [78]
    Président du CCI, du Groupement patronal mondial, de l’Organisation internationale des employeurs industriels et de l’Institut belge de normalisation, Jules Carlier (1851-1930) participe également à l’activité d’importantes entreprises industrielles privées.
  • [79]
    Nommé lieutenant et professeur à l’École de guerre en 1901, Léon Greindl (1867-1944) est major en 1911 et commandant de génie en 1918. Il est pensionné en 1921.
  • [80]
    Lettre du 11 janvier 1925 de [Jean Spiltoir] à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [81]
    Lettre du 25 août 1925 de [Jean Spiltoir] à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [82]
    Francis Balace observe quant à lui qu’ils se sont peut-être rencontrés lors de l’internement de Jean Spiltoir en Suisse durant la guerre. Cf. F. BALACE, « La droite belge et l’aide à Franco », Revue belge d’Histoire contemporaine, t. XVIII, n° 3-4, 1987, p. 589.
  • [83]
    Cette organisation coiffe alors l’ensemble des entreprises néerlandaises en Indonésie.
  • [84]
    Rapport sur l’entrevue du soussigné avec Monsieur Carlier à Bruxelles le 17 avril 1929, document joint à la lettre du 20 avril 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [85]
    Lettre du 15 juin 1927 de Jean Spiltoir à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [86]
    Ressortissant belge d’origine verviétoise et marié deux fois, Joseph Douillet séjourne trente-cinq ans en Russie, dont neuf sous le régime soviétique. Ouvrier de la Société des produits chimiques de Koustantinovka, il se présente comme ancien consul de Belgique à Rostov-sur-Don pendant la guerre civile. Il s’arroge en réalité lui-même ce titre qui ne lui a jamais été attribué officiellement, même si, à la demande de Paul Hymans, il assure entre février et juin 1919 l’intérim du consulat général de Kharkov qui sera ensuite transféré à Taganrog. Il remplit également diverses missions de type caritatif comme délégué de la mission Nansen de la Société des Nations et de l’European Student Relief, ainsi que comme sous-directeur d’une mission pontificale.
  • [87]
    Lettre du 23 novembre 1928 de [Alfred Odier] à André Collinet (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [88]
    Père d’André, Léon Collinet est administrateur délégué des Carrières et fours à chaux de la Meuse, et administrateur dans d’autres sociétés.
  • [89]
    Licencié en sciences commerciales et consulaires, Paul de Launoit (1891-1981) préside plusieurs sociétés, dont Cockerill, la BRUFINA ou encore la Société d’Ougrée-Marihaye.
  • [90]
    Lettre du 1er février 1929 de André Collinet [document également signé par Léon Collinet, probablement par le prince Kourakine et par une tierce personne dont la signature est illisible] à Théodore Aubert (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [91]
    Lettre du 25 janvier 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [92]
    Lettre du 1er février 1929 de André Collinet [document également signé par Léon Collinet, probablement par le prince Kourakine et par une tierce personne dont la signature est illisible] à Théodore Aubert (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [93]
    Lettre du 22 novembre 1928 de André Collinet à Georges Lodygensky (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [94]
    Copie d’une lettre du 13 avril 1929 signée par Jean Spiltoir et insérée dans une lettre du 16 avril 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [95]
    Le 23 février 1929 paraît dans le journal néerlandais Utrecht Dagblad une fausse version, élaborée par la Sûreté militaire, de l’accord militaire franco-belge de 1920. Ce faux mentionne également un accord anglo-belge de pure invention selon lequel la Belgique et l’Angleterre se seraient entendues pour violer le territoire des Pays-Bas en cas de guerre avec l’Allemagne. Cet article provoque une vive tension entre Bruxelles et La Haye, ainsi que de vives réactions au sein des opinions publiques belge et néerlandaise.
  • [96]
    Rapport sur l’entrevue du soussigné avec Monsieur Carlier à Bruxelles le 17 avril 1929, document joint à la lettre du 20 avril 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [97]
    Docteur en droit et industriel, Émile Digneffe (1858-1937) est sénateur libéral de l’arrondissement de Liège de 1919 à 1936 et bourgmestre de Liège de 1921 à 1928.
  • [98]
    Compte rendu de la réunion du comité du Front Unique le 4 mai sous la présidence de Monsieur Aubert et Rapport sur la situation du Front Unique vis à vis de la Sepes (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [99]
    Lettre du 26 juillet 1929 de André Collinet à Théodore Aubert (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [100]
    Rapport sur l’entrevue du soussigné avec Monsieur Carlier à Bruxelles le 17 avril 1929, document joint à la lettre du 20 avril 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [101]
    Lettre du 15 août 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [102]
    L’Entente Internationale contre la IIIe Internationale, Publié à l’occasion du Ve anniversaire de sa fondation, Genève, 1929, p. 30.
  • [103]
    Lettre du 15 février 1930 de Oscar Servais à Théodore Aubert (EIA. CBPB, 1930-1931).
  • [104]
    Ingénieur civil des mines, Gustave-Léo Gérard (1879-1949) entre en 1903 à la société anonyme Baume et Marpent, d’abord comme ingénieur puis comme chef du bureau d’études. En 1910, il prend la direction de la société anonyme de constructions métalliques La Nervienne à Charleroi. En 1913, il ouvre un Bureau d’ingénieur-conseil à Bruxelles. Membre de la Fédération des constructions, il est appelé en 1918 au CCI, dont il est successivement directeur général adjoint, directeur général et administrateur délégué. Lors de la création de la FEB en 1945, il en devient le conseiller. Délégué patronal, dix-huit ans durant, aux conférences internationales du travail, membre du conseil d’administration du Bureau international du travail (BIT), secrétaire général du Comité national belge de la chambre de commerce internationale, il participe également à de nombreuses négociations commerciales. Il est encore secrétaire général et vice-président délégué, puis président de l’Association belge de standardisation qui prendra le nom d’Institut belge de normalisation. Enfin, à partir de 1940, il assume la présidence du Comité national belge de l’organisation scientifique.
  • [105]
    Lettre du 11 août 1930 de André Collinet à Georges Lodygensky (EIA. CBPB, 1930-1931).
  • [106]
    Fondateur de la Compagnie du Kasai (Congo), Jean de Hemptinne (1861-1934) en préside le conseil d’administration à partir de 1901. La même année, il est nommé administrateur au sein du conseil de la Douairière et, en 1907, il participe à la fondation de la Société commerciale financière africaine, dont il est nommé administrateur. En 1909, il compte parmi les fondateurs de la Banque du Congo belge, dont il devient en 1910 membre du conseil d’administration, fonction qu’il occupe jusqu’à sa mort. En 1914, il se fait membre du Comité national de secours et d’alimentation. Après la guerre, il tient une place éminente tant dans les milieux industriels et commerciaux belges que congolais.
  • [107]
    Lettre du 11 août 1930 de André Collinet à Georges Lodygensky (EIA. CBPB, 1930-1931).
  • [108]
    Lettre du 8 novembre 1931 du baron Léon Greindl à Théodore Aubert (EIA. CBPB, 1930-1931).
  • [109]
    Docteur en droit, Willy de Munck (1879-1959) est nommé en 1923 directeur de la SGB, dont il devient vice-gouverneur en 1944. Administrateur de l’Union des banques patronnées dès 1919, il est aussi administrateur et président de diverses sociétés dans les secteurs financier et technique.
  • [110]
    Lettre du 30 décembre 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [111]
    Lettre du 3 février 1931 de André Collinet à Théodore Aubert (EIA. CBPB, 1930-1931).
  • [112]
    Lettre du 27 novembre 1930 de André Collinet à Théodore Aubert (EIA. CBPB, 1930-1931).
  • [113]
    Lettre du 2 décembre 1930 de Théodore Aubert au [général Louis Constant] (EIA. CBPB, 1930- 1931).
  • [114]
    Lettre du 2 mars 1931 de Oscar Servais à Théodore Aubert (EIA. CBPB, 1930-1931).
  • [115]
    Lettre du 1er juin 1931 de André Collinet à Théodore Aubert (EIA. CBPB, 1930-1931).
  • [116]
    Entré à l’École militaire en 1901, Émile Stappaerts (1883-1964) est admis à l’École de guerre en 1911, année où il est nommé lieutenant. Jusqu’en 1913, il est le condisciple de Jean Spiltoir et l’élève de Léon Greindl, avant d’être prisonnier en Allemagne de 1914 à 1918. Il quitte l’armée en 1925.
  • [117]
    Né en 1896, Érasme Gillard est rédacteur à la Gazette de Liège et consacre plusieurs essais à la politique soviétique en 1932, 1934 et 1936.
  • [118]
    Sont aussi membres de la SEPES divers dirigeants provinciaux de l’UCB, comme le futur général Boël pour le Hainaut ou Guy d’Aspremont-Lynden pour le Namurois.
  • [119]
    Lettre du 28 octobre 1931 de Alfred Odier à Jean Spiltoir (EIA. CBPB, 1930-1931).
  • [120]
    Lettre du 1er mai 1929 de Théodore Aubert à André Collinet (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [121]
    Lettre du 10 novembre 1931 de Théodore Aubert au baron Léon Greindl (EIA. CBPB, 1930-1931).
  • [122]
    Le congrès fondateur de cette Ligue (dont le siège est d’abord fixé à Berlin puis à Londres) se tient du 7 au 15 février 1927 au Palais d’Egmont à Bruxelles en présence de 175 délégués, dont Paul-Henri Spaak. L’initiative émane de formations et personnalités diverses, le tout étant orchestré par l'Allemand Willy Münzenberg. Après avoir demandé aux Ministères belges de l’Intérieur et des Affaires étrangères d’empêcher sa tenue, la SEPES surveille ce rassemblement par l’intermédiaire de l’un de ses agents, Louis Dumoulin, qui parvient à infiltrer les services communistes. Ce congrès fera également l’objet de son Bulletin du 15 mars 1927.
  • [123]
    Bulletin de la SEPES, 15 mars 1932, p. 28.
  • [124]
    Carl Peters, devenu rexiste en 1936, sera limogé de la SEPES à la mi-1937 (sous la seconde occupation, il dirigera les Formations de combat de Rex et collaborera au sein du Nationalsocialistische Kraftfahrkorps et de la SS-Wallonie). Jean Spiltoir reste, lui, la véritable cheville ouvrière du mouvement jusqu’en 1938, année où Émile Stappaerts lui succède avec le titre de directeur général. Depuis 1936-1937, la SEPES est dirigée en coulisses par Marcel De Roover. En 1939, ce dernier devient secrétaire de Demain/Toekomst, une asbl chargée de l’éducation physique et morale de la jeunesse belge, et dont Jean Spiltoir occupe le poste de directeur général à partir de mars 1940. À l’origine de sa fondation, on trouve notamment le vicomte Charles Terlinden (1878-1972), historien professeur à l’Université catholique de Louvain et disciple de l’Action française. Durant les années 1920, il est rédacteur de L’Autorité. Propagandiste convaincu du fascisme italien, il devient la décennie suivante une des figures de proue du Comité d’action pour l’universalité de Rome (CAUR) belge. Passant pour être un des inspirateurs de la Légion nationale et connu pour son rôle de chef d’orchestre de toute l’action pro-franquiste en Belgique, il est encore président de l’asbl Concentration de la propagande anticommuniste (COPAC), qui est fondée en 1938 et travaille en collaboration avec la SEPES.
  • [125]
    J. DOUILLET, Moscou sans voiles. Neuf ans de travail au pays des Soviets, Paris, Spes, 1928, p. 11.
  • [126]
    Joseph Douillet, qui a oublié quasi totalement sa langue maternelle durant son séjour en Russie, a en réalité fait rédiger son ouvrage par son fils Victor et par sa seconde femme, avec la collaboration de Serge Doring (son secrétaire d’origine russe et futur journaliste rexiste), de Mademoiselle Izvolsky et du général russe blanc Martchenko.
  • [127]
    Le Drapeau rouge, 4-5 septembre 1928, p. 1.
  • [128]
    Rapport sur l’entrevue du soussigné avec Monsieur Carlier à Bruxelles le 17 avril 1929, document joint à la lettre du 20 avril 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [129]
    Rapport sur l’entrevue entre le soussigné et Monsieur Douillet en date du 17 avril 1929, document joint à la lettre du 20 avril 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [130]
    Membre du Parti social-démocrate pour lequel il devient député à la 2e Douma, Grégoire Alekséevitch Alexinsky (1879-1968) émigre et ne rentre en Russie qu’en 1917. Adversaire du coup d’État d’octobre, il est arrêté en 1918. Libéré sous caution, il s’enfuit en Occident et se fixe à Paris avant de devenir membre délégué de la SEPES.
  • [131]
    Rapport de l’entrevue du 26 avril 1929 entre les deux Douillet, le comité du Front Unique et les quatre collaborateurs, document joint à la lettre du 26 avril 1929 de André Collinet à Théodore Aubert (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [132]
    Rapport sur l’entrevue entre le soussigné et Monsieur Douillet en date du 17 avril 1929, document joint à la lettre du 20 avril 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [133]
    Jean Spiltoir prétend lui-même à l’époque être en relation avec onze gouvernements ou centres nationaux de l’Entente. Le 10 avril 1929, il participe à Paris à une conférence avec des industriels français au cours de laquelle il aurait été décidé de créer une « Sepes française » sous sa direction. Cf. Rapport sur l’entrevue du soussigné avec Monsieur Carlier à Bruxelles le 17 avril 1929, document joint à la lettre du 20 avril 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [134]
    Rapport sur l’entrevue du 18 avril entre les deux Douillet et K.S.K., document joint à la lettre du 20 avril 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [135]
    Rapport de l’entrevue du 26 avril 1929 entre les deux Douillet, le comité du Front Unique et les quatre collaborateurs, document joint à la lettre du 26 avril 1929 de André Collinet à Théodore Aubert (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [136]
    Rapport sur l’entrevue entre le soussigné et Monsieur Douillet en date du 17 avril 1929, document joint à la lettre du 20 avril 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [137]
    Rapport sur l’entrevue du 18 avril entre les deux Douillet et K.S.K., document joint à la lettre du 20 avril 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [138]
    Les méthodes nouvelles dans la lutte contre le communisme. Nécessité des méthodes révolutionnaires – L’anti-Guépéou, document non daté et signé par Joseph Douillet (Centre d’études et de documentation. Guerre et Sociétés contemporaines [CEGES]. AA 1728/19).
  • [139]
    Article premier des statuts de la Ligue nationale belge contre le communisme (CEGES. AA 1728. Farde 15-26).
  • [140]
    Il semble que Jacques van Hoegaerden et Edmond Solvay aient été vice-présidents, alors qu’une proposition a été faite en décembre 1931 à Alexandre Galopin pour être le troisième.
  • [141]
    Komsomol est le nom courant de l’organisation de la jeunesse du Parti bolchevik, créée en 1918. Il s’agit d’un acronyme du Kommounistitcheski Soïouz Molodioji.
  • [142]
    A. RESANOV, « Cilacc » sans voiles. Sous le drapeau de la « Lutte active contre le Communisme », Paris, Édition A. Simon, 1933, p. 16.
  • [143]
    Ibidem, p. 18.
  • [144]
    Ibidem, p. 26.
  • [145]
    Ingénieur civil des mines, Alexandre Galopin (1879-1944) commence sa carrière à la Fabrique nationale (FN) d’armes de guerre à Herstal, dont il devient directeur et administrateur. Nommé directeur de la SGB en 1923, il en devient vice-gouverneur en 1932, puis gouverneur en 1935 à la mort d’Émile Francqui.
  • [146]
    Ingénieur des arts et manufactures, du génie civil et des mines, vice-président de la Société métallurgique russo-belge à Enakievo, Jean Jadot (1862-1932) est appelé en 1906 à la tête du département de l’industrie de la SGB, dont il devient vice-gouverneur en 1912, puis gouverneur en 1913, fonction qu’il occupe jusqu’à sa mort.
  • [147]
    Docteur en droit et en sciences politiques, Félicien Cattier (1869-1946) enseigne à l’Université libre de Bruxelles avant de devenir, en 1900, secrétaire de la Compagnie internationale d’Orient. En 1913, il est administrateur délégué de la Banque d’Outremer et dirige plusieurs de ses sociétés. Après la guerre, il est nommé président à la fois de la section financière et de la sous-section des fonds publics du Comité de défense des intérêts belges en Russie. À partir de 1928, il dirige les principales sociétés coloniales de la SGB.
  • [148]
    Pour justifier leurs propos, René Brion et Jean-Louis Moreau renvoient à deux documents se trouvant aux Archives générales du royaume (Fonds Finoutremer, 3/2) : une circulaire en date du 24 janvier 1933 signée par Willy de Munck et envoyée à Firmin Van Brée, et un extrait du procès-verbal n° 181 de la réunion du comité intérieur colonial daté du 2 février 1933. Cf. R. BRION et J.-L. MOREAU, La Société Générale de Belgique, 1822-1997, Anvers, Fonds Mercator, 1998, pp. 296 et 500-501.
  • [149]
    Né en 1885, Carlos Lefèvre enseigne au Collège Saint-Michel à Bruxelles avant de collaborer, notamment, avec la très réactionnaire Revue catholique des idées et des faits.
  • [150]
    Lettre du 4 décembre 1932 de Carlos Lefèvre à [Émile Francqui] (CEGES. AA 1728. Farde 15-26).
  • [151]
    A. RESANOV, « Cilacc » sans voiles. Sous le drapeau de la « Lutte active contre le Communisme », op. cit., p. 47.
  • [152]
    Ibidem, p. 29.
  • [153]
    Ibidem, p. 33.
  • [154]
    Rapport sur l’entrevue entre le soussigné et Monsieur Douillet en date du 17 avril 1929, document joint à la lettre du 20 avril 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [155]
    G. LODYGENSKY, Face au communisme (1905-1950). Quand Genève était au centre du mouvement anticommuniste international, Édition préparée et présentée par Youri Lodygensky et Michel Caillat, Genève, Slatkine, 2009, p. 414.
  • [156]
    Lettre du 2 décembre 1930 de Théodore Aubert à André Collinet (EIA. CBPB, 1930-1931).
  • [157]
    Lettre du 24 novembre 1930 de Théodore Aubert à Joseph Douillet (EIA. CBPB, 1930-1931).
  • [158]
    Lettre du 30 juillet 1930 de [Georges Lodygensky] à Lodewick Grondijs (EIA. Correspondance du Bureau permanent. Bureau colonial, 1928-1938).
  • [159]
    Lettre du 2 février 1933 de Théodore Aubert à Georges Theunis (EIA. CBPB, 1932-1935).
  • [160]
    Lettre du 4 mars 1932 de Théodore Aubert à Georges Theunis (EIA. CBPB, 1932-1935).
  • [161]
    Lettre du 2 février 1933 de Théodore Aubert à Georges Theunis (EIA. CBPB, 1932-1935).
  • [162]
    Rapport sur l’entrevue entre le soussigné et Monsieur Douillet en date du 17 avril 1929, document joint à la lettre du 20 avril 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [163]
    Créé en juillet 1932, ce mouvement est présidé par le général et baron Armand de Ceuninck, ancien ministre de la Guerre. À sa création, il veut être, sous l’impulsion de Georges Cuissart de Grelle et surtout du père jésuite Carlos Lefèvre, un groupe de propagande antibolchevique pluraliste réunissant les directeurs des principaux journaux conservateurs de Bruxelles. Il absorbe directement Moscou attaque !, mouvement de propagande et de conférences lancé en 1929 par le Français François Coty, à la fois parfumeur, magnat de la presse et bailleur de fonds de diverses entreprises réactionnaires et fascisantes de l’entre-deux-guerres en France. Dirigé dans ce dernier pays par le commandant Jean Renaud et en Belgique par le commandant Eugène de Launoy (ex-membre du corps expéditionnaire belge en Russie et futur président des Amitiés belgo-espagnoles durant la guerre civile d’Espagne), cet organisme est patronné par de hautes personnalités catholiques et libérales, ainsi que par des dirigeants d’associations d’anciens combattants. Au sein de son comité d’honneur, on retrouve notamment le prince Jean de Merode et Georges Vaxelaire pour la Ligue nationale belge contre le communisme, et le baron Léon Greindl pour la SEPES.
  • [164]
    Sur ordre du POB, Jules Destrée, Louis Piérard et Richard Dupierreux quittent cependant le mouvement dès 1919.
  • [165]
    Même lors de la phase fasciste de Pierre Nothomb, entre juillet 1925 et décembre 1927, un véritable rapprochement idéologique n’aura jamais véritablement lieu entre les deux mouvements. Alors que Pierre Nothomb prône la nationalisation des partis d’ordre, la Légion nationale, elle, cherche l’union des hommes d’ordre en dehors des partis politiques.
  • [166]
    Le général Piotr Nicolaïevitch Wrangel (1878-1928) s’établit en 1925 à Bruxelles, où il meurt. Il est notamment connu pour avoir fondé en septembre 1924 à Paris l’Union générale militaire russe. Connue sous le sigle de ROVS (Rossiisky Obchtievoinskyi Soyouz), cette organisation englobe toutes les associations militaires russes et assure la liaison entre leurs membres. Des départements sont créés dans les principales villes européennes, de même qu’aux États-Unis et en Chine. La section belge est dirigée par le général Hartman, membre de Moscou attaque ! et président des Anciens combattants russes résidant en Belgique.
  • [167]
    Chambre, Annales parlementaires, 24 janvier 1928, p. 318.
  • [168]
    Lettre du 30 juin 1924 de Charlotte Fricero à [Georges Lodygensky] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [169]
    Le groupe Pour l’Autorité abrège son nom en 1927 en L’Autorité. Il est présidé par Luc Hommel. L’hebdomadaire L’Autorité, dirigé par Étienne de la Vallée Poussin et administré par Gaëtan Furquin d’Almeida, est lui publié de 1924 à 1932 par des jeunes catholiques le plus souvent diplômés de l’Université catholique de Louvain et forts influencés par Charles Maurras.
  • [170]
    L’Action nationale, 23 septembre 1928, p. 830.
  • [171]
    Cet organisme est fondé en 1926 par Paul Otlet et Henri Lafontaine. Siégeant au Palais mondial à Bruxelles, il est en relation avec la Société pour les relations culturelles avec l’étranger, basée à Moscou et connue sous le sigle de VOKS. Il jouera un rôle actif dans le rétablissement des liens culturels et diplomatiques entre la Belgique et l’URSS, faisant notamment connaître le cinéma révolutionnaire russe aux Bruxellois.
  • [172]
    Le Drapeau rouge, 10 novembre 1929, p. 1.
  • [173]
    L’Action nationale, 15 janvier 1928, p. 14.
  • [174]
    Docteur en droit, Paul Hoornaert (1888-1944) devient l’avocat-conseil de la Société d’Ougrée-Marihaye. Officier pendant la Première Guerre mondiale, durant laquelle il est gravement blessé, il se mêle au lendemain du conflit aux milieux anciens combattants. Durant la Seconde Guerre mondiale, il est un des chefs de la Résistance et meurt dans le camp de concentration de Sonneburg.
  • [175]
    Chambre, Annales parlementaires, 6 mars 1928, p. 602.
  • [176]
    La Légion nationale, 20 juin 1926, p. 4.
  • [177]
    L’UFAC est une association d’anciens combattants créée en 1928 et articulée sur la base des fraternelles régimentaires. Progressivement, elle se place dans le sillage de la droite extrême sous la houlette du colonel Louis Louvau, qui en assume la présidence à partir de décembre 1933. La COFAG est elle une branche de l’UFAC née au début des années 1930.
  • [178]
    F. BALACE, « La droite belge et l’aide à Franco », op. cit., p. 602.
  • [179]
    J. STENGERS, « La droite en Belgique avant 1940 », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 468-469, 1970, p. 11.
  • [180]
    Ibidem, p. 10.
  • [181]
    Lettre du 6 février 1928 des chefs de la Légion nationale à Alfred Loewenstein (Chambre, Annales parlementaires, 30 janvier 1934, p. 805).
  • [182]
    Lettre du 19 février 1928 du comité directeur de la Légion nationale au directeur général du Comité central industriel (Chambre, Annales parlementaires, 30 janvier 1934, p. 806).
  • [183]
    Lettre du 22 novembre 1928 de André Collinet à Georges Lodygensky (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [184]
    Rapport sur les relations de Messieurs Spiltoir et Peters avec la Légion nationale, document joint au Compte rendu de la réunion du comité du Front Unique le 4 mai sous la présidence de Monsieur Aubert et au Rapport sur la situation du Front unique vis à vis de la Sepes (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [185]
    Compte rendu de la réunion du comité du Front Unique le 4 mai sous la présidence de Monsieur Aubert et Rapport sur la situation du Front Unique vis à vis de la Sepes (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [186]
    Haut fonctionnaire du Ministère de la Défense nationale, Albert Graveline est un ex-membre de la Légion nationale, qu’il quitte au printemps 1924 après être entré en conflit avec Henri Graff. Il fonde alors la Légion patriotique, qui fusionnera rapidement avec le Faisceau belge.
  • [187]
    Lettre du 28 juillet 1924 de Jean Spiltoir à Théodore Aubert (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [188]
    Lettre du 13 décembre 1928 de André Collinet à [Alfred Odier] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [189]
    Lettre du 28 novembre 1928 de André Collinet au bureau permanent de l’Entente (EIA. CBPB, 1924- 1929).
  • [190]
    Lettre du 13 décembre 1928 de André Collinet à [Alfred Odier] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [191]
    Lettre du 20 décembre 1928 du président du comité directeur de la Légion nationale au bureau permanent de l’Entente (EIA. CBPB, 1924-1929).

INTRODUCTION

1 Dans la mémoire collective, la révolution d’Octobre  [1] constitue un des événements majeurs du XXe siècle. Dans les pays occidentaux naissent dans les années 1920 des partis communistes qui sont les sections nationales de la IIIe Internationale ou Internationale communiste (IC)  [2]. Conformément aux injonctions de cette dernière, leur objectif est d’étendre la révolution prolétarienne et de conquérir le pouvoir politique dans leur pays. Pour ce faire, ils doivent rompre avec le parlementarisme, sans délaisser pour autant le terrain des élections. Partout en Europe, cette stratégie ne va pas sans susciter l’émoi d’une partie de l’opinion publique, ni sans provoquer les représailles des autorités. C’est aussi le cas en Belgique, qui ne reconnaîtra l’Union des républiques socialistes soviétiques (URSS)  [3] qu’en 1935. Un climat de peur du Rouge s’installe dans notre pays alors en proie à d’importants changements sur le plan intérieur. C’est dans ce contexte, qui fera l’objet de notre première partie, que sont créés des mouvements. Dans la deuxième partie, nous verrons que, si ceux-ci sont tous porteurs de l’idéologie anticommuniste, ils ont néanmoins leurs propres caractéristiques. Analyser leur vie interne et leur activité nous permettra de rendre compte de cette différence de nature, de même que des conflits d’intérêts et rivalités qui ne manqueront pas d’éclater tant en leur sein qu’entre eux.

2 L’anticommunisme n’est pas toujours revendiqué par ceux qui le pratiquent. Il est en plus diffus et recouvre plusieurs conceptions politiques, philosophiques ou religieuses. Rassembler une documentation significative et exhaustive sur ces mouvements n’est dès lors pas chose aisée pour le chercheur, qui est amené à consulter des sources nombreuses et variées, tant dans des centres d’archives et de documentation belges qu’étrangers, et à les compléter ou les expliciter.

1. LE CONTEXTE

3 Durant la Première Guerre mondiale, le pouvoir est exercé par un gouvernement catholique homogène qui s’élargit progressivement aux partis de l’opposition. Exilé en France, il est relayé sur place par un comité dont l’autorité ne cessera de croître. Après le conflit, la situation politique est considérablement modifiée suite aux accords de Lophem. La pratique de coalitions gouvernementales s’impose. Les relations belgo-soviétiques sont elles conditionnées tant par les intérêts belges en Russie que par la peur du Rouge qui s’empare de notre pays.

1.1. LA POLITIQUE INTÉRIEURE

1.1.1. La situation sous l’occupation allemande

4 L’invasion allemande, le 4 août 1914, met fin au régime des ministères catholiques homogènes en vigueur depuis 1884. La gravité de la situation est telle que les partis catholique, socialiste et libéral décident de mettre leurs différends de côté pour collaborer à la défense du territoire et constituer une union sacrée. Émile Vandervelde, Paul Hymans et Eugène Goblet d’Alviella sont nommés ministres d’État début août (il faudra cependant attendre le 18 janvier 1916 et leur nomination comme ministres sans portefeuilles pour véritablement parler de gouvernement d’union nationale). En octobre, les autorités s’exilent au Havre, en France non occupée. Durant la durée du conflit, le cabinet est successivement dirigé par le baron Charles de Broqueville, puis par Gérard Cooreman à partir du 1er juin 1918. Il garde le contact avec les services et les hommes politiques restés au pays par l’intermédiaire d’un cabinet dirigé par Michel Levie, en co-tutelle à partir de 1918 avec Paul-Émile Janson et Joseph Wauters. Censé être le représentant des autorités en exil, ce gouvernement, qualifié de « clandestin  [4] » par Henri Haag, est bien plus l’organe du Comité national de secours et d’alimentation. Présidé par Émile Francqui  [5], cet organe, au sein duquel est également réalisée une union sacrée, est créé en septembre 1914. Son but est de trouver une solution aux problèmes de chômage et de ravitaillement qui touchent une partie de la population. Il exerce une autorité qui ne cessera de croître. Le gouvernement militaire allemand est lui protecteur du Conseil des Flandres (Raad van Vlaanderen) mis en place le 11 février 1917 dans le cadre de la politique flamande (Flamenpolitik) de l’occupant. Cette politique est soutenue par des militants flamingants connus sous le nom d’activistes et qui entendent mettre à profit les circonstances de la guerre pour faire progresser leurs revendications.

5 Le gouvernement du Havre est ainsi renseigné sur la situation du pays, et notamment sur les réformes souhaitées par l’opinion publique. Dès cette époque, il est conscient qu’une modification de la législation sociale s’imposera après la guerre. Après la révolution d’Octobre, cela permettrait en plus de diminuer l’attraction exercée partout en Europe par le communisme sur le monde ouvrier. Des révoltes populaires éclatent en effet à l’automne 1918 à Berlin, Vienne et Budapest, c’est-à-dire dans les pays vaincus, mais aussi dans des pays épargnés par le conflit comme la Suisse, qui est paralysée par de violentes grèves à partir du 9 novembre, et les Pays-Bas, en proie à des désordres de type révolutionnaire depuis la fin octobre. La Belgique n’est pas épargnée puisqu’après que des mutineries aient éclaté à Bruxelles le 10 novembre parmi les troupes allemandes en retraite, un conseil d’ouvriers et de soldats (un soviet) se substitue à la hiérarchie militaire. Un mouvement analogue se déroule également à Liège et à Louvain. Le lendemain, le conseil général du Parti ouvrier belge (POB) fait distribuer dans les rues de la capitale un tract résumant sa politique. Loin de pousser à la révolution, les socialistes lancent un appel au calme à la classe ouvrière, tout en réclamant le suffrage universel pur et simple  [6], l’accroissement des libertés syndicales et l’abolition de l’article 310 du Code pénal qui, rendant punissables certains actes jugés attentatoires à la liberté de l’industrie et du travail, constitue une véritable entrave au droit de grève.

1.1.2. Les accords de Lophem

6 Dès le 11 novembre, jour de l’armistice, Albert Ier convoque à son quartier général de Lophem des personnalités du monde politique et économique en Belgique occupée qui lui relatent la mutinerie de la veille et les desiderata des trois grands partis politiques. La menace de graves troubles sociaux, d’émeutes ou de grèves spontanées occupe tous les esprits, au contraire de l’activisme qui, après la défaite des armées allemandes, ne constitue plus un danger pressant. Vu la conjoncture économique et sociale difficile, le roi et ses conseillers prônent alors la continuation d’un gouvernement d’union nationale.

7 Les accords de Lophem auront une importance prépondérante dans l’orientation de la politique intérieure belge d’après-guerre. Ils font l’objet de vives attaques de la part de la vieille droite rassemblée autour du comte Charles Woeste, des libéraux de droite, des anciens combattants ou encore du cardinal Mercier, qui les considèrent tous comme une sorte de capitulation de la part des classes dirigeantes. La solution trouvée correspond en réalité en grande partie au programme de la gauche puisqu’il s’agit, entre autres, d’instaurer rapidement le suffrage universel pur et simple pour les hommes âgés de plus de 21 ans et d’abolir l’article 310 du Code pénal.

8 Le 13 novembre, peut-être suite aux nouvelles inquiétantes venant de Suisse et des Pays-Bas  [7], le cabinet démissionne, de manière subite, à Bruges. Dès le 21 novembre, un nouvel exécutif est formé. Aussi appelé gouvernement de Lophem, il est dirigé par Léon Delacroix et prolonge l’union sacrée en vigueur durant le conflit. La participation socialiste suscite en particulier la méfiance. Ses opposants reprochent également à ce cabinet non seulement de ne pas s’être présenté devant le Parlement à Bruxelles avant de démissionner, mais aussi de présenter un programme de réformes jugées à la fois excessives, imprudentes et prématurées. On s’étonne encore que seulement la moitié des portefeuilles ait été réservée aux catholiques, pourtant majoritaires à la Chambre des représentants. Ces erreurs viendraient de ce que les personnalités politiques que le roi avait rencontrées depuis le 11 novembre lui auraient fait craindre l’imminence d’une révolution que seul un gouvernement d’union nationale pouvait éviter en présentant un tel programme. Certains vont jusqu’à parler de coup d’État de Lophem. Nombre d’historiens s’accordent aujourd’hui à penser qu’Albert Ier n’a alors pas cédé à la panique. Il était néanmoins conscient que des changements profonds, en particulier dans le domaine social, étaient nécessaires pour préserver la démocratie bourgeoise, l’unité du pays et le trône.

9 Dans les années suivant la guerre, des réformes sociales s’opèrent ainsi sur un rythme rapide. L’article 310 du Code pénal est notamment aboli par la loi du 24 mai 1921. Le même jour est promulguée la loi garantissant la liberté d’association. Pressé par les socialistes et par souci de tranquillité publique, le gouvernement Delacroix fait également voter (le 10 avril 1919 à la Chambre des représentants et le 9 mai au Sénat) une loi électorale permettant l’élection immédiate, au suffrage universel des citoyens masculins âgés d’au moins 21 ans, de Chambres nouvelles qui seraient constituantes. Il s’agit d’une mesure exceptionnelle, ne devant s’appliquer qu’aux seules élections du 16 novembre 1919. D’autres mesures seront prises jusqu’en 1921 lorsque, après la fin de grandes vagues de grèves, les « partis bourgeois cessèrent de craindre une révolution mondiale, et purent donc se passer des socialistes dans le gouvernement  [8] ».

1.1.3. La pratique des coalitions gouvernementales

10 Suite aux effets conjugués du suffrage universel et de la représentation proportionnelle, un parti ne peut désormais plus espérer détenir seul la majorité des sièges dans les deux Chambres. La formation de gouvernements de coalition s’impose. On y retrouve toujours au moins deux des trois grandes formations politiques de l’époque que sont l’Union catholique belge (du nom du parti rénové et fondé le 14 septembre 1921), le POB et le Parti libéral. Au cours des années 1920, le balancier politique est le plus souvent orienté à droite. En effet, l’alliance entre catholiques (conservateurs) et libéraux est certes la moins fréquente, mais elle est celle qui dure le plus longtemps, de 1921 à 1925 et de 1927 à 1931. Ces périodes sont marquées par une certaine stabilité gouvernementale. Les tripartites sont elles mises en place en période de crise internationale ou économique. En 1925 se succèdent néanmoins deux éphémères gouvernements Van de Vyvere (catholique homogène minoritaire) et Pierlot (catholique-socialiste). Le gouvernement Poullet-Vandervelde ne dure lui que du 17 juin 1925 au 8 mai 1926  [9].

11 Si le nouveau système électoral renforce considérablement la présence socialiste et démocrate-chrétienne au Parlement, des courants minoritaires y sont également représentés. Les intérêts du mouvement flamand sont ainsi défendus par le Frontpartij. Créé en 1919 et se considérant comme l’héritier du Frontbeweging (Mouvement du front)  [10], il est ouvert à la propagande anti-belge menée dans les milieux flamingants par des activistes émigrés aux Pays-Bas. Il prône également le fédéralisme, voire la dissolution de l’État ou même le rattachement au voisin néerlandais. Il se situera pendant plus de dix ans au quatrième rang des partis en termes d’audience électorale. Loin derrière, on retrouve le Parti communiste de Belgique (PCB), né en septembre 1921 de la fusion imposée par le comité exécutif de l’IC de deux groupes de nature et d’origine fort contrastées. Le premier, mené par War Van Overstraeten  [11], est issu des Jeunes gardes socialistes (JGS)  [12], qui ont quitté le POB durant ou immédiatement après la Première Guerre mondiale. Le second s’appelle Les amis de l’Exploité et est dirigé par Joseph Jacquemotte  [13], qui deviendra la figure emblématique du parti.

1.2. LES RELATIONS BELGO-SOVIÉTIQUES

1.2.1. Avant la Révolution russe

12 Alors que la Russie a pris part à ses différents traités fondateurs, la Belgique ne noue des relations diplomatiques avec elle qu’à partir de 1853. En diverses circonstances, le gouvernement belge mène une politique de neutralité dans les conflits qui l’impliquent. Au point de vue économique, des sociétés belges de transport public, et plus particulièrement de tramways et chemins de fer, s’y implantent dès 1879. Après la crise russe de 1901, les investisseurs belges se tournent plutôt vers l’Amérique latine, même si les investissements y restent considérables jusqu’à la Première Guerre mondiale. Si ce conflit resserre les liens entre les deux pays, se pose néanmoins dès cette époque la question des nationalisations d’entreprises belges en Russie. En octobre 1915, le gouvernement belge en exil se base notamment sur les travaux de Marcel Lauwick  [14] pour mettre sur pied un Comité pour l’étude des stipulations économiques du futur traité de paix, ainsi que des principes qui régiront ses futures relations économiques. Il est placé sous l’égide du comte Conrad de Buisseret Steenbecque  [15]. Le 12 mars 1917, le Ministère belge des Affaires étrangères au Havre reçoit les premières informations concernant la Révolution de février qui renversera quelques jours plus tard l’autocratie tsariste. Le 4 avril, le cabinet de Broqueville reconnaît le gouvernement provisoire russe. Le même mois, un groupe de pression représentant la constellation des régions et des actionnaires d’entreprises électriques est mis en place à Petrograd  [16].

1.2.2. Après la Révolution russe

13 Au lendemain de la révolution d’Octobre, le gouvernement belge donne immédiatement pour instruction à Jules Destrée (qui avait été nommé au printemps ministre plénipotentiaire auprès du gouvernement révolutionnaire russe) de ne plus entretenir de rapports avec les bolcheviks. Le 12 mars 1918, le corps d’autos-canons belges qui avait été mis à disposition en octobre 1915, quitte la Russie. Jules Destrée en fait autant peu de temps après, rejoint par le consul belge le 27 août. Après la Première guerre mondiale, la gestion des intérêts belges est confiée au consul des Pays-Bas jusqu’en janvier 1919, lorsque le baron de l’Escaille, adjoint de la légation de Belgique, en assume la charge. Il a pour mission de garder le contact avec les personnalités russes et les représentants alliés se trouvant à Moscou. Le gouvernement entend de la sorte préserver au mieux les intérêts belges.

14 Durant la guerre civile qui oppose Russes blancs et rouges depuis le début 1918 (ce conflit durera jusqu’à la fin 1921), la Belgique adopte une position quelque peu ambiguë. Alors que les Alliés ont mis en place un cordon sanitaire autour de la Russie  [17], le gouvernement est paralysé par la volonté de non-intervention du POB qui, s’il est hostile au bolchevisme, l’est aussi à toute forme de contre-révolution. En 1919, certainement à l’insu des ministres socialistes, le ministre des Affaires étrangères Paul Hymans charge néanmoins Marcel De Roover  [18] de se rendre en Sibérie auprès de l’amiral Koltchak, régent reconnu par les Alliés. Après les défaites encourues par les armées de ce dernier au cours de l’été, il est envoyé auprès du général Denikine avec pour mission (officieuse) de tenir le ministre au courant de la situation politique de la Russie. Il doit également user de l’influence qu’il pourrait avoir sur Denikine pour assurer la protection des intérêts belges dans les territoires étant sous l’autorité du général russe. S’efforçant de faire évacuer les derniers ressortissants belges, il a en plus pour tâche de soutenir discrètement ses compatriotes volontaires pour combattre dans l’armée contre-révolutionnaire. Il rentre en Belgique au printemps 1920, après la défaite de Denikine.

15 Les relations diplomatiques entre les deux pays sont rompues en mai 1920. Le 23 août, pressé par certains ministres socialistes, le gouvernement refuse de faire transiter des armes françaises par le port d’Anvers à destination des armées contre-révolutionnaires antisoviétiques en Pologne [19]. L’année suivante, la Belgique apporte son aide à la Russie frappée par la famine. Le gouvernement déclare également que les Belges désireux d’entrer en relations commerciales avec ce pays sont libres de le faire, mais qu’ils s’engagent à en assumer l’entière responsabilité. Les autorités ont dans l’idée que si l’économie russe ressuscite, les chances de recevoir des indemnités seront plus importantes. Comme les gouvernements alliés, elles sont aussi conscientes de l’opportunité de maintenir des contacts économiques avec un territoire aussi vaste. Des tentatives de rapprochement ont lieu, mais elles échouent toutes à cause de la condition sine qua non émise par le gouvernement : la sauvegarde des intérêts belges. La crainte de la diffusion d’une propagande communiste viendra ensuite s’ajouter à cet argument purement économique. Durant toute la décennie, la Belgique n’entretient dès lors que des relations de facto. Ce n’est que le 5 septembre 1935, alors que les socialistes sont de retour dans le gouvernement après huit ans d’absence, qu’est signée à Paris une convention commerciale provisoire entre l’URSS et l’Union économique belgo-luxembourgeoise (UEBL)  [20]. Elle est approuvée par la loi du 5 mai 1936 et entre en vigueur le 21 août de la même année. Le gouvernement belge, dirigé par Paul Van Zeeland, reconnaît ainsi enfin, plus de dix ans après la France et l’Angleterre, son homologue soviétique, avant tout pour des raisons de nature commerciale.

1.3. LA PEUR DU ROUGE

16 « Si la force d’un mouvement devait se mesurer à la virulence de ses adversaires, le Parti communiste de Belgique aurait constitué, dès les années vingt et avant même sa structuration définitive, un élément moteur de la société belge  [21]. » Pourtant, au cours de la première décennie de l’entre-deux-guerres, le PCB se caractérise tant par son inexistence organique (après sa séparation en deux branches en 1928, il est même proche de la disparition) que par sa faible audience électorale (il récolte 1,64 % des suffrages au scrutin législatif de 1925 pour 1,94 % en 1929). Ce sont les grèves dans le Borinage en 1932 qui marquent son entrée effective dans l’espace social et politique belge. Il faut néanmoins encore attendre les élections de mai 1936 pour assister à une percée vraiment significative et à un développement brusque du parti. Les espoirs de révolution mondiale (qui constitue le projet politique de Lénine dès son arrivée au pouvoir) sont eux rapidement déçus, le fléau rouge en Europe occidentale étant combattu par des réformes sociales et un accroissement du niveau de vie des travailleurs. De plus, la tactique du Front unique prolétarien échoue dès son lancement par le Komintern en 1921. En Belgique en particulier, la classe ouvrière reste à une très large majorité fidèle au POB qui, s’il est traversé par différents courants de pensée, peut difficilement être considéré a posteriori comme un parti révolutionnaire. Notre pays connaît au contraire une réelle lutte des gauches. Lancé en 1924, le mot d’ordre de bolchevisation des partis communistes étrangers est lui aussi faiblement appliqué. Paradoxalement, le communisme a sans doute été plus combattu quand il était inexistant qu’au moment de son éphémère puissance. Les presses de droite et d’extrême droite répandent les idées les plus malveillantes et les images les plus misérables au sujet du régime bolchevique, généralement représenté par un homme au couteau entre les dents. Le but est de faire naître chez le lecteur la vision du « monstre communiste, armé de la faucille et du marteau » et marchant « à l’assaut de la Société  [22] ». L’identification qui est ainsi faite avec l’URSS, plus que sa propre action, donne une certaine notoriété au PCB. Cette peur du Rouge touche une population qui, par rapport à la période d’avant-guerre, est restée en majorité fort attachée aux valeurs d’ordre et de sécurité, à la Constitution, et qui se caractérise par sa loyauté envers la monarchie. La prédominance des coalitions entre catholiques (conservateurs) et libéraux fait, elle, dire à John Bartier que « la majorité de l’opinion, si elle n’entend pas remettre en question les réformes réalisées après la Grande Guerre, ne voulait pas, non plus, les compléter aussi rapidement que le souhaitait l’extrême gauche  [23] ». Plus elles sont de droite, plus les opinions s’opposent également à la particratie, c’est-à-dire à la pratique du compromis entre chefs de partis politiques née après les accords de Lophem. Après la Première guerre mondiale, une certaine forme de fascisme gagne en influence parmi la bourgeoisie, qu’elle soit on non catholique. Elle se sent menacée en Flandre par les nationalistes flamands et partout en Belgique par les socialistes et les communistes. Considérant Benito Mussolini comme celui qui « avec ses légions fascistes, écrasa la Révolution  [24] », l’Italie lui apparaît comme le pays où les trains arrivent à l’heure et où les ouvriers sont maintenus à leur place. Ce pays contribue de ce fait à créer un climat favorable aux régimes d’ordre et d’autorité en Belgique. Ce vif courant de sympathie pour la péninsule italienne est surtout perceptible dans la partie francophone du pays et en particulier à Bruxelles. Le phénomène touche même une partie de l’aile dirigeante de l’Union catholique belge, dont les membres conservateurs s’adaptent difficilement à la démocratisation en cours. Ayant gouverné seuls avant la guerre, ils ont une vision traditionaliste et paternaliste de la société, alors en pleine mutation. À l’intérieur même de leur parti, ils accusent les démocrates-chrétiens de favoriser dans la pratique la lutte des classes. Ils peuvent compter sur le soutien de membres du haut clergé, dont monseigneur Picard  [25]. Critiquant la démocratie parlementaire, ils prônent le rétablissement de l’ordre et de l’autorité au sein d’une société hiérarchisée. Il faut y voir l’influence de l’Action française de Charles Maurras, dont les idées autoritaristes et réactionnaires font des adeptes en Belgique. Outre les critiques envers le Parlement ou les partis politiques, le nationalisme, qui résulte directement de la guerre, contribue également à la naissance et au développement d’une psychologie d’extrême droite. Les nationalistes rêvent d’un pays agrandi par le Grand Duché de Luxembourg et le Limbourg hollandais, et débarrassé des mouvements séparatistes. Ils entendent aussi voir l’Allemagne soumise et payer ses dettes. Ces espoirs étant rapidement déçus, certains tournent leur désillusion en agressivité contre le système politique, jugé responsable. Comme les autres démocraties de l’Europe de l’Ouest, la Belgique ne connaît cependant au cours des années 1920 qu’un fascisme d’importation, peu dangereux pour ses institutions. On peut dès lors difficilement parler de fascisme belge, l’extrême droite restant toujours une force marginale dans notre pays.

17 Différents mobiles sont avancés par les anticommunistes en tous genres pour justifier leur lutte au quotidien. Selon eux, les communistes ne seraient rien d’autre qu’une secte de comploteurs au service de l’étranger, le PCB obéissant aux injonctions de Moscou, dont la complicité avec l’Allemagne, depuis les traités de Brest-Litovsk  [26] et de Rapallo  [27], ne ferait aucun doute. Suite à la mise en circulation des Protocoles des Sages de Sion [28] au début des années 1920, certains croient aussi à une conspiration mondiale juive. Alliant antisémitisme et anticommunisme, ils accusent les Juifs d’être à l’origine du bolchevisme et dénoncent le judéo-bolchevisme. L’objectif ultime des communistes serait de provoquer la révolution mondiale, de jeter bas l’ordre politique, économique et social existant, et de mettre un terme à la civilisation occidentale, c’est-à-dire à la civilisation chrétienne. Pour mener à bien sa mission en Belgique, le PCB aurait l’avantage sur les autres formations politiques de pouvoir s’appuyer sur une organisation redoutable. Il ne serait pas un parti politique traditionnel, mais un parti caméléon adaptant sa tactique révolutionnaire à la conjoncture. Même s’ils sont aussi un signe du danger menaçant, il ne faudrait dès lors pas tenir compte de ses faibles résultats électoraux, pas plus que de sa faiblesse numérique, les révolutions étant au contraire toujours l’œuvre d’une minorité. La menace serait d’autant plus grande que les communistes pourraient compter sur la complicité des socialistes, leurs frères de sang, dont ils s’efforcent de noyauter les organisations. Suivant une autre méthode, à savoir la participation au régime bourgeois, le POB aspirerait lui aussi à la révolution, qu’il ferait à coups de lois et de réformes. Les grèves éclatant dans tout le pays prouveraient cette complicité. À Anvers, elles seraient encouragées par les Clubs des marins révolutionnaires  [29], dont la tâche serait de perturber l’activité du port. Le PCB pourrait également s’appuyer sur plusieurs filiales, dont le Secours rouge international (SRI)  [30] et le Kultur Verein  [31], organisations favorisant toutes les deux « l’inondation de la Belgique par toute la racaille internationale expulsée de France, d’Italie, d’Angleterre et d’ailleurs  [32] ». Le PCB serait donc aussi le parti des étrangers, ceux-ci travaillant avec lui à la pénétration en Belgique de l’idéologie communiste. Bien plus que le parti, celle-ci constituerait le réel danger parce que menaçant l’ordre tant matériel que moral de la société. Selon certains, les agents de Moscou s’infiltreraient partout pour y diffuser leur propagande malsaine et révolutionnaire. Dans ces conditions, il ne peut être question pour le gouvernement de reconnaître l’URSS car une représentation diplomatique ou commerciale soviétique serait à n’en pas douter un nid d’espions et de propagandistes.

18 Les conditions avancées par la Belgique pour reconnaître officiellement l’URSS évolueront au cours de la décennie. Il ne s’agira plus seulement de sauvegarder les intérêts belges en Russie. Le 20 décembre 1928, Paul Hymans déclare à la Chambre des représentants qu’il ne reprendra des négociations en vue d’établir des relations officielles avec le gouvernement soviétique que s’il a la conviction qu’il peut obtenir les garanties nécessaires à la « sauvegarde, d’une part de nos intérêts économiques, y compris ceux du passé, et, d’autre part, de notre tranquillité intérieure  [33] ». Un peu plus d’un an plus tard, il ajoute qu’il n’a « aucun désir de voir s’établir en Belgique, sous le couvert de l’immunité diplomatique, des officines de propagande communiste et révolutionnaire  [34] ». Le ministre garde certainement en mémoire le scandale de l’All-Russian Cooperative Society (ARCOS) qui a secoué l’Angleterre en 1927  [35], scandale qu’il entend éviter à la Belgique. Ne pas reconnaître l’URSS constitue dès lors pour le gouvernement un acte de légitime défense visant à éviter la diffusion d’une propagande étant de nature à troubler l’ordre public. C’est dans le même esprit que Maurice Vauthier, alors ministre (libéral) des Sciences et des Arts, lance au début février 1928 une circulaire visant à lutter contre la propagande des instituteurs à l’intérieur et hors des écoles (elle s’adresse également à celui qui se ferait « l’apôtre (…) d’un séparatisme incompatible avec l’existence même de la patrie [36] »). Le maintien de l’ordre constituera en réalité toujours une des priorités du gouvernement, quelle que soit sa composition politique. Au lendemain de la guerre, on assiste à la consolidation d’un appareil policier national, contrôlé par le pouvoir central, pour faire face aux groupes radicaux qui, à gauche comme à droite, débordent les partis politiques traditionnels et constituent une menace pour la démocratie parlementaire. Le rôle central est dévolu à la Gendarmerie, qui subit l’influence de puissants courants patriotiques d’extrême-droite. Définitivement militarisée, elle bénéficie du retrait de l’armée et de la disparition de la Garde civique. Celle-ci est partiellement remplacée par des milices privées, première ébauche d’une privatisation policière, parmi lesquelles l’Union civique belge et la Légion nationale. En 1919, une Police judiciaire nationale est également mise sur pied. Dès l’année suivante, elle est opérationnelle dans tous les parquets, qui recherchent les menées bolchevistes en Belgique. Les détails des réunions de comité ou d’assemblées fermées sont ainsi rapportés avec précision par des espions, les prétextes avancés pour ces opérations étant que les journaux ou affiches en question sont publiés sans nom d’éditeur responsable. La Police judiciaire collabore enfin avec la Sûreté publique qui, de concert avec la Gendarmerie, surveille dès 1923 les milieux fascistes dans l’immigration italienne. Ses cibles privilégiées sont néanmoins les communistes, les séparatistes et les nationalistes flamingants. Renseignée par les agents consulaires italiens, elle expulse aussi chaque année des dizaines d’Italiens antifascistes pour motifs politiques. Elle respecte de la sorte la politique d’immigration prônée par le gouvernement. Tout étranger dont on estime qu’il représente un danger pour l’ordre public suite à des interférences dans la politique intérieure belge, n’a en effet pas droit de cité en Belgique. Le point d’orgue de cette véritable chasse au Rouge est incontestablement le procès intenté en juillet 1923 contre des membres du PCB pour un prétendu complot contre la sûreté de l’État. Hasard des dates ou non, il intervient quelques semaines après que Marcel Cachin et d’autres membres du Parti communiste français (PCF) aient été poursuivis pour les mêmes motifs (des procès semblables ont également lieu à la même époque en Allemagne, Hongrie, Italie et aux États-Unis). Véritable montage judiciaire inspiré par le pouvoir politique lui-même, il est typique de l’idéologie anticommuniste, dans laquelle le mythe du complot occupe une place importante. Alors que le but poursuivi est de supprimer purement et simplement le parti, ce procès offre au contraire une tribune inespérée aux communistes, qui ne manqueront pas par la suite de se poser en martyres de la société. José Gotovitch observe que « la peur a précédé la dangerosité  [37] », remarque que l’on peut appliquer à l’ensemble des années 1920. Il estime également que l’impossibilité pour l’État de faire disparaître le PCB démontrée à cette occasion (les treize accusés seront acquittés le 26 juillet 1923) fait basculer vers le privé la fonction de contenir le communisme, ce qui expliquerait la constitution en 1925 de la Société d’études politiques, économiques et sociales, dont il sera question ultérieurement. Il s’agirait ainsi d’un tournant dans la pratique politique de l’État, en particulier de sa justice  [38]. À l’intérieur des casernes, où les pouvoirs politique et judiciaire ne sont pas compétents, des mesures sont prises par les autorités militaires contre toute propagande qualifiée d’« antipatriotique et immorale  [39] » par le député catholique Corneille Fieullien, l’armée étant considérée comme l’« âme même de la Patrie  [40] » et comme un symbole d’ordre et de discipline. Elles concernent tant les communistes que les nationalistes flamands, qui seraient reliés entre eux par un fil rouge. Le frontisme est en effet considéré comme un « mouvement social extrémiste, de même nature que le communisme et qui, consciemment ou non, trouve sa place dans le plan général de Moscou  [41] ».

2. LES MOUVEMENTS

19 Dans les années 1920, la peur du communisme entraîne la création en Belgique (comme ailleurs en Europe) de mouvements. Sollicitant des subsides auprès des mêmes personnalités ou organismes et s’adressant à un même public, ils entrent en conflit et mènent des efforts dispersés. À l’intérieur même de ces mouvements, des rivalités engendrent scissions et démissions. Tous porteurs de l’idéologie anticommuniste, ils ont néanmoins leurs propres caractéristiques.

2.1. LE COMITÉ DE DÉFENSE DES INTÉRÊTS BELGES EN RUSSIE

2.1.1. Constitution

20 À l’initiative du gouvernement du Havre et spécialement des départements des Affaires étrangères et des Affaires économiques, un Comité de défense des intérêts belges en Russie est créé le 16 février 1918 à Paris. Organisme privé défendant les intérêts des grands entrepreneurs, il est placé sous la présidence d’honneur de Gérard Cooreman, directeur de la SGB de 1913 à 1923. Le secrétariat général est lui confié à Gaston Barbanson, administrateur de la Banque de Bruxelles. Le Comité compte également deux vice-présidents et deux secrétaires. Son siège est fixé provisoirement dans la capitale française, au domicile d’Henry Urban, qui a joué un rôle moteur dans sa mise sur pied. En créant cet organisme, le but du gouvernement est de grouper les Belges expatriés ayant investi en Russie et ceux qui, fuyant ce pays, ont trouvé refuge dans les pays alliés et neutres. Dans la mesure du possible, le Comité doit aider et conseiller ces réfugiés. Il est aussi chargé de documenter le gouvernement sur l’importance des avoirs belges nationalisés en Russie, et de le renseigner sur les pertes et dommages causés par la Révolution bolchevique.

21 Dès le début de son existence, le Comité se subdivise en une section industrielle et financière, et une section des concessions de services publics. Toutes les deux ont leur siège à Paris avec des bureaux indépendants à Londres et La Haye. Des dissensions apparaissent cependant rapidement au sujet du fonctionnement et de la composition du Comité, les petits capitalistes se sentant mal représentés. Gaston Barbanson démissionne de son poste de secrétaire général et est remplacé par Eugène Witmeur  [42], ingénieur conseil de la SGB. Avec lui et Gérard Cooreman, celle-ci est désormais bien représentée. Le 3 janvier 1919, elle réunit dans ses bâtiments l’assemblée plénière du Comité, dont le siège a été transféré à Bruxelles. Il est décidé à cette occasion de séparer la section industrielle et financière en deux branches distinctes, et de créer une nouvelle section des intérêts divers, en plus de celle en charge des concessions et services publics. Le 30 avril 1924, Eugène Witmeur remet sa démission à Paul Hymans. À la demande du ministre des Affaires étrangères, qui estime que le Comité ne doit plus seulement s’occuper des intérêts engagés en Russie mais aussi des possibilités de commercer avec ce pays, une nouvelle réorganisation est approuvée le 22 mai 1924 en assemblée plénière. Tout subside gouvernemental étant désormais supprimé, le Comité cesse d’exister comme centre de liaison entre le gouvernement et les représentants des intérêts belges en Russie (ceux-ci seront regroupés au sein d’un organisme central d’informations mutuelles, d’étude et de délibération) pour faire place à cinq groupements autonomes et responsables (une nouvelle section commerciale et maritime est créée).

2.1.2. Activité

22 Dès son retour en Belgique, le gouvernement invite par voie d’annonces tous les sinistrés à introduire une déclaration d’avoirs auprès du Comité qui, de son côté, entre en relation avec ses semblables à l’étranger et avec des groupements économiques constitués en Belgique par des émigrés russes. Exigeant en plus d’obtenir le remboursement des emprunts russes, il est particulièrement actif de 1918 à 1922, année de la publication dans la Revue économique internationale d’un inventaire des avoirs belges en Russie. La somme de 3,5 milliards de francs-or minimum est alors avancée. Même s’il sera ensuite revu à la baisse par des historiens belges et étrangers, ce montant apparaît pendant plusieurs dizaines d’années comme la référence. Contribuant sans doute à alimenter les sentiments antibolcheviques, il crée un véritable abcès de fixation au sein de l’opinion publique, qui considère l’URSS comme la spoliatrice non seulement des grandes sociétés, mais aussi des petits porteurs.

23 Grâce à un crédit accordé par le gouvernement et avec l’aide de l’Association belgo-russe  [43] et de l’Association des Belges retour de Russie  [44], la section des intérêts divers porte également secours aux rapatriés belges  [45]. Le 3 mars 1921 est publiée au Moniteur belge une loi relative à l’octroi de délais pour l’exécution de leurs engagements aux sociétés et ressortissants belges possédant des exploitations en Russie, loi à l’origine de laquelle se trouve le Comité. Ses travaux servent encore aux représentants belges lors des conférences économiques et financières qui se succèdent au début des années 1920 dans le but de rétablir l’ordre monétaire mondial complètement désorganisé après la Première guerre mondiale, ainsi qu’à ceux présents aux conférences interalliées de Paris d’août et septembre 1921 et de Bruxelles d’octobre 1921, qui se penchent sur l’aide à apporter à la Russie en proie à la famine.

24 Fin 1927, Eugène Witmeur, qui est à nouveau secrétaire général en même temps que vice-président, informe Paul Hymans que, faute de ressources financières, les sections sont tombées en « léthargie  [46] » et que des membres du personnel ont été licenciés. Après la réorganisation opérée en 1924, la situation semble ainsi s’être singulièrement compliquée pour le Comité. Cela ne signifie pas pour autant qu’il soit resté inactif, comme le laisse sous-entendre Émile Vandervelde dans un discours qu’il prononce en 1930 à la Chambre des représentants. Il déclare alors que « si l’honorable M. Jaspar, si l’honorable M. Hymans, si les ministres des affaires étrangères qui se sont succédé [sic] depuis dix ans, après avoir songé à rétablir les relations commerciales et diplomatiques avec la Russie, ont laissé les choses en l’état, c’est avant tout parce que les industriels belges, et les porteurs de fonds russes, expropriés par la révolution, y ont fait obstacle [47] ». Parlant en connaissance de cause puisqu’il a lui-même été ministre des Affaires étrangères, il explique que ceux-ci subordonnent la reconnaissance des soviétiques à leur engagement de les indemniser. Dès 1919, les différentes sections du Comité travaillent en réalité, chacune dans leur domaine respectif, à l’établissement d’un cahier de revendications à présenter au gouvernement soviétique pour les pertes et dommages subis par les Belges en Russie. Elles examinent également les conditions qu’elles estiment indispensables à la reprise de relations économiques normales avec ce pays. En juin 1920, le Comité prend une part active aux travaux de la conférence qui se tient à Paris entre les représentants des différentes associations alliées et neutres créées pour la défense des intérêts privés en Russie  [48], travaux dont il transmet les résultats au gouvernement. À en croire l’Association belge des petits sinistrés en Russie, ce dernier aurait toujours privilégié le Comité, dont elle dénonce « l’influence hostile [49] », pour participer aux conversations officielles ou officieuses se rattachant à la question des dettes russes. Par son action, le Comité semble ainsi avoir maintenu les gouvernements successifs dans leur détermination de ne nouer des relations diplomatiques avec les soviétiques qu’à la condition d’un arrangement économique satisfactoire, Eugène Witmeur faisant même preuve, selon le député socialiste Louis Piérard, d’« intransigeance  [50] » dans cette question.

25 Si les industriels se préoccupent d’anticommunisme avant tout par intérêt économique, Gérard Cooreman et Eugène Witmeur n’en font pas moins savoir à Henri Jaspar le 7 janvier 1924, le même jour où le ministre des Affaires étrangères propose au Conseil des ministres de reprendre des « pourparlers officieux avec une grande prudence [51] » avec l’URSS, qu’ils s’opposent à l’installation d’un Bureau commercial soviétique à Anvers. L’expérience prouve suffisamment selon eux que « sous le prétexte d’affaires commerciales, d’organisations de Croix-Rouge et autres, les bureaux soviétiques établis à l’étranger constituent en réalité des centres de propagande d’idées subversives et dangereuses pour la tranquillité publique ». Tout en reconnaissant qu’il ne leur appartient pas de s’immiscer dans cette question de politique intérieure, ils cherchent de la sorte à dénoncer la « supériorité des Soviets dans l’art de répandre leurs théories déprimantes, anti-économiques et malsaines  [52] ». Gardant en mémoire la grève d’Ougrée-Marihaye [53], ils ne veulent pas non plus « ignorer les répercussions des menées souterraines des Soviets dans notre pays  [54] ». En mettant ainsi l’accent sur le danger de la propagande communiste et sur la nécessité de sauvegarder la paix intérieure, le Comité préfigure en quelque sorte le double argumentaire qui ne sera avancé (du moins officiellement) par le gouvernement qu’à la fin de la décennie. En 1924, alors qu’Henri Jaspar déclare qu’il suffira de « prendre certaines précautions à cet égard », le Premier ministre Georges Theunis insiste lui sur la « nécessité d’une grande prudence  [55] ». L’assemblée plénière du Comité réunie le 22 mai 1924 décide quant à elle que la Belgique doit non seulement rester fidèle à la position défendue par la délégation belge à la conférence de Gênes  [56], mais aussi suivre les « règles élémentaires de prudence [57] » vu les « dangers de la propagande communistes [sic] par les agents soviétiques  [58] ». Il est néanmoins difficile de mesurer l’influence exacte qu’a pu avoir ce discours sur l’évolution des conditions posées par la Belgique pour reconnaître l’URSS, de même que son impact éventuel au sein de la classe politique.

2.2. L’UNION CIVIQUE BELGE

2.2.1. Constitution

26 Les 6 et 25 mai 1920 et le 15 juin de la même année se tiennent à Bruxelles trois réunions préliminaires destinées à jeter les bases de l’UCB, qui est officiellement constituée lors de l’assemblée générale du 22 juin 1920 à Bruxelles. Jusqu’en juin 1921, elle s’occupe de questions administratives et met en place des commissions chargées d’étudier les différents problèmes de son activité et de son organisation future. En plus de former des comités à Gand, Anvers et Liège, elle constitue des embryons de comités régionaux. Elle envoie aussi des délégations auprès des Unions civiques étrangères pour apprendre de leurs modes d’organisation. Dans un premier temps, le recrutement de membres est difficile. Son intervention dans la grève des tramwaymen bruxellois qui éclate le 24 novembre 1921 [59] servira néanmoins d’événement déclencheur puisque, dans la foulée, plusieurs milliers de nouveaux adhérents rallient le mouvement. Celui-ci est présidé par une ancienne gloire de la Grande Guerre, le lieutenant-général baron Jacques de Dixmude. À sa mort en 1928, la présidence passe au général Louis Constant, puis, en 1938, au comte Adrien van der Burch  [60]. Occupant depuis au moins 1926 le poste de secrétaire général, ce dernier est une des principales chevilles ouvrières de l’organisation avec le directeur de l’Union civique d’Anvers et commandant en retraite Jean Spiltoir  [61]. Si l’UCB prétend compter « des membres de tous les groupes de la société [62] », les comités de direction successifs révèlent néanmoins principalement des noms de l’armorial, de personnalités politiques conservatrices et, surtout, d’officiers généraux ou supérieurs retraités.

2.2.2. Le syndicat du public

27 L’UCB, qui entend « garantir au Public l’usage des services dont il ne peut se passer [63] », assure les transports publics et certaines activités industrielles et commerciales en cas de grève, ce qui lui vaut d’être accusée par ses adversaires de mener une activité de briseurs de grèves. Le député socialiste Eugène Van Walleghem va même jusqu’à parler de « machines de guerre dressées contre la classe ouvrière  [64] ». Jean Spiltoir, dans l’ouvrage qu’il a consacré aux unions civiques, prétend pour sa part qu’il ne s’agit pas de contester le droit de grève. Il n’en estime pas moins que « l’application, sans discernement et sans limite, de ce droit peut avoir les conséquences les plus graves ». En effet, « l’arrêt partiel ou total des services indispensables à la collectivité, quand il se produit avec fréquence et durée, conduit aussi sûrement la société à la dislocation économique qu’un essai caractérisé de régime communiste [65] ». C’est la raison pour laquelle, face aux « syndiqués socialistes et extrémistes a surgi (…) le formidable syndicat des non-syndiqués, celui qui s’appelle “Le Public”  [66]. » Soutenue financièrement par des organismes patronaux tels que le Comité central industriel (CCI)  [67], par des chambres de commerce, ainsi que par les mondes bancaire et financier (en particulier la Banque de Bruxelles et la SGB), l’UCB entend dès lors dépasser la lutte des classes, prônant au contraire la collaboration entre elles. Affirmant également s’abstenir « rigoureusement de toute polémique d’ordre politique, confessionnel ou linguistique  [68] », elle publie chaque mois depuis janvier 1925 un Bulletin dont Léonce Vrancken est le secrétaire à la rédaction. On y trouve un résumé de son activité et de celle des unions civiques circonscriptionnaires, ainsi que des informations concernant l’actualité anticommuniste. Pour ce qui est de la véritable action, elle préfère par contre s’abriter ailleurs que sous son propre étendard.

2.3. LE CENTRE BELGE DE L’ENTENTE INTERNATIONALE CONTRE LA IIIE INTERNATIONALE

2.3.1. Constitution et structure

28 Au mois de juin 1924, Jean Spiltoir assiste à Paris au congrès fondateur de l’Entente internationale contre la IIIe Internationale  [69], organisme fondé à l’initiative de l’avocat et homme politique genevois Théodore Aubert, qui en présidera le bureau permanent. Nommé représentant de la Belgique au sein du conseil international de cette organisation, Jean Spiltoir est également chargé à cette occasion d’organiser et de diriger son centre belge. Suivant la méthode utilisée par les Unions civiques, il s’adresse à « un petit nombre de Sommités, industriels, banquiers, etc., accessibles aux idées [70] ». Le mouvement voit ainsi le jour en janvier 1925. Dans le but de dissimuler aussi bien son identité réelle que l’origine de ses fonds, il est connu au sein de l’opinion publique sous le nom anodin de Société d’études politiques, économiques et sociales (SEPES). Elle constitue en réalité un des services d’une organisation qui, outre un directoire secret groupant des personnalités de premier plan actives dans les différentes branches de la production nationale, en compte trois. Le secrétariat général, à la tête duquel se trouve Jean Spiltoir, sert à faire le lien entre eux.

29 La SEPES est le service de propagande, constitué pour être l’organe de contact avec l’opinion publique et pour entretenir des relations avec tout groupe ou individu intéressé par la question du communisme. Elle est organisée sur la base des associations sans but lucratif et siège à Bruxelles. Elle est administrée par un comité directeur qui, nommé par un collège des fondateurs, représente officiellement la Société. Il comprend trois membres, dont le secrétaire général, qui est en contact avec des membres du gouvernement et avec les autorités judiciaire, administrative, militaire et ecclésiastique du pays. L’organisation générale de la SEPES comprend également un comité de patronage, des commissions techniques, un conseil général et des cercles d’études. Elle met en œuvre différents moyens pour se faire connaître. Un service d’études et de documentation est ainsi en relation avec le bureau permanent de l’Entente, dont elle se charge de diffuser certaines publications, notamment auprès du gouvernement. Elle édite également un Bulletin bimensuel. Carl Peters (alias Carl Suzanne)  [71], qui intègre le mouvement dès 1925 à la demande de Jean Spiltoir, en est le rédacteur en chef. Chaque numéro, dont les articles sont toujours anonymes, forme un dossier complet sur tel ou tel aspect du communisme en Belgique ou à l’étranger. Outre les particuliers (parlementaires, militaires, membres du clergé et de l’enseignement, etc.) sont abonnés des associations (économiques et politiques), firmes ou établissements industriels qui chargent la SEPES de faire à leurs adhérents ou à leur personnel le service du Bulletin ou l’envoi d’éditions hors série. La mise en vente se fait dans les librairies, kiosques à journaux et bibliothèques des gares. Les personnes désireuses d’avoir plus d’information sur des questions dépassant le cadre du Bulletin périodique peuvent aussi s’adresser à un office de documentation. Celui-ci diffuse un Bulletin confidentiel stencilé auprès des dirigeants d’entreprises, qui reçoivent ainsi des listes noires de militants communistes ou syndicalistes jugés trop remuants. À partir de 1931, la SEPES édite via son service de presse (anciennement service des tracts et affiches) Le Populaire (Het Volksblad en édition flamande)  [72]. Un service des conférences, un service cinématograhique et un bureau agraire verront aussi le jour. La mise en place d’un service des réalisations sociales (rebaptisé par la suite service social) entraînera elle la création sur le littoral de bureaux techniques et de bureaux de consultations gratuites.

30 Le service de renseignements et de documentation est lui secret. Il reçoit du bureau permanent de l’Entente de la documentation sur le communisme en Russie et à l’étranger. Il est chargé d’observer l’activité et les cadres de la IIIe Internationale en Belgique, ainsi que ceux de toutes les organisations extrémistes particulières à notre pays. Carl Peters recrute d’anciens membres de la Sûreté militaire de l’armée d’occupation et des gendarmes pensionnés. Une trentaine de postes, couvrant toute la Belgique, sont ainsi créés. Carl Peters a en charge celui d’Anvers, où il établit des listes des équipages des bateaux, surveille de près les Clubs des marins révolutionnaires et dirige des équipes qui volent divers documents aux sièges du PCB ou d’organisations syndicales. Ce service collabore également avec la Sûreté publique, de même qu’avec les parquets et les services de police officiels (la Police judiciaire), pour lesquels cette collaboration est avantageuse à plus d’un titre. Ces agents sont en effet chargés de certaines filatures, voire de transporter et fournir une aide logistique aux policiers, qui sont eux handicapés par le manque de moyens financiers ou par les contraintes légales en matière de perquisitions. Tous les renseignements ainsi recueillis sont communiqués aux établissements intéressés (usines, banques, etc.), aux pouvoirs publics (le Ministère des Affaires étrangères reçoit le compte rendu des réunions du bureau politique du PCB) et aux centres nationaux de l’Entente.

31 Titre abrégé de Sûreté commerciale et industrielle, la société anonyme SURCOMIN est le troisième et dernier service. Il est créé en décembre 1925 par Jean Spiltoir, son siège se trouvant à son domicile à Woluwé-Saint-Lambert [73]. Service se voulant « officiel mais discret  [74] », la SURCOMIN est un service d’inspection et de contrôle actif dans les usines, mines et banques du pays ou en milieu rural. Elle y mène des enquêtes qui ont pour objet d’éviter à ces entreprises les gaspillages, pertes et vols de matériaux ou les sabotages, et de « garantir le jeu des polices d’assurances en cas d’incendie, d’accident  [75] ». Le but final est de « découvrir les indésirables ». Pour ce faire, différents sous-services sont mis en place. Un service permanent de liaison et d’inspection est ainsi chargé de maintenir le contact entre les établissements, de mener des enquêtes extérieures et de tenir un casier général. Les entreprises concernées communiquent alors pour chacun des étrangers postulants ou embauchés, une fiche reprenant des informations relatives à son identité, une photo et ses empreintes digitales. La SURCOMIN fournit elle-même des surveillants (un service de placement est créé à cette fin), qu’elle recrute parmi d’anciens gendarmes ou policiers devant posséder les « aptitudes physiques, morales et intellectuelles voulues  [76] ». Elle peut aussi compter sur le concours de volontaires, membres d’associations d’anciens combattants. Carl Peters, à la tête d’une École des surveillants et gardes, leur donne, dans les usines mêmes, des cours visant à leur inculquer l’instruction professionnelle nécessaire. Le système est avantageux financièrement puisque ces frais d’écolage sont remboursés. Un autre avantage est d’avoir exploité le statut des gardes privés en zone rurale, ce qui permet d’assermenter ces chefs gardes et de leur faire transmettre leurs rapports éventuels aux parquets.

2.3.2. Le financement

32 La SEPES compte deux catégories de membres (protecteurs et fondateurs) qui participent à son financement par une cotisation annuelle de 250 francs, un fonds social étant lui alimenté par les cotisations et les dons. Dans un premier temps, Jean Spiltoir et Carl Peters font également des démarches personnelles auprès des industriels. Les sommes récoltées sont cependant assez modestes. Une source financière occulte est alors trouvée avec la fondation de la SURCOMIN, qui finance la SEPES par la voie de ses missions de surveillance et de renseignement. Des fonds supplémentaires seront ultérieurement fournis (vraisemblablement à partir de 1926) par le CCI, organisme qui, de son propre aveu, entend résister aux « empiètements du syndicalisme […], répudie de tout son pouvoir la lutte des classes et (…) s’attache à barrer le chemin par tous les moyens aux menées communistes  [77] ». Jules Carlier  [78] est à la fois son président et celui de la SEPES jusqu’à sa mort en 1930. Après que la SURCOMIN ait cessé d’exister en 1933, le CCI augmentera encore sa contribution. Comme autres bailleurs de fonds, on retrouve la SGB et des banques de tout le pays, de Liège à Courtrai, en passant par Verviers, Charleroi, Anvers et Gand. La Banque de Bruxelles (dont le futur président de la SEPES, le baron Léon Greindl [79], est administrateur) ou le Consortium d’Anvers, font également partie du nombre.

2.3.3. Les relations avec l’Entente

33 Dans un premier temps, les rapports entre la SEPES et le bureau permanent de l’Entente peuvent être qualifiés de cordiaux. Les échanges d’informations et de points de vue sont courants. À plusieurs reprises, Théodore Aubert loue la qualité du travail et les compétences de Jean Spiltoir, qui fait du « secret des opérations et [de] la surprise de l’exécution  [80] » les principes essentiels de la tactique à adopter. Il insiste également sur la nécessité d’une « action tenace de très longue durée, pénétrant partout » et d’une « propagande indirecte  [81] » pour obtenir des résultats qu’il veut durables. Les deux hommes se connaissent en réalité depuis au moins 1921  [82]. Leurs rapports sont à ce point au beau fixe que le secrétaire général de la SEPES aurait sauvé le président du bureau permanent d’un attentat dirigé contre lui en avril 1926. Cette relation de confiance se dégrade néanmoins peu à peu au fil du temps pour aboutir à l’incident Spiloir, événement dont les origines remontent à la fin 1925 et qui ébranlera véritablement l’Entente sur ses bases. Il s’agit avant tout d’un différend de personnes portant sur la création, en 1927, d’un Bureau colonial international (BCI). Situé à La Haye, cet organisme est dirigé par l’économiste et ancien ministre néerlandais des Finances Frederik Treub qui, après la Première guerre mondiale, dirige aussi l’Ondernemersraad voor Nederlansch-Indië  [83]. Autonome, le BCI travaille néanmoins en liaison avec l’Entente. Jean Spiltoir et consorts (en particulier Carl Peters et Jules Carlier) reprochent à celle-ci d’être soutenue en vertu d’un accord secret avec un organisme ne reconnaissant pas son conseil international, le groupe pétrolier anglo-néerlandais Royal Dutch Shell dirigé par l’Anglais Henri Deterding. Espèce d’« épouvantail » que ce dernier agiterait pour faire pression sur les soviétiques, l’EIA ne serait ainsi qu’un instrument au service des intérêts commerciaux de ce groupe dans sa « campagne de conquête du pétrole russe  [84] ». Sans doute Henri Deterding constitue-t-il néanmoins surtout un concurrent pour Jean Spiltoir qui, à la tête de sa Société des carburants belges, s’est lancé dans les affaires après la guerre. Frederik Treub est lui accusé de soutenir le mouvement irrédentiste néerlandais en Belgique pour le compte du gouvernement allemand et d’apporter son soutien à l’Entente dans le but de l’« escamoter […] au profit de la politique allemande  [85] ». Ces reproches, teintés de germanophobie, doivent être replacés dans le contexte du conflit économique et territorial qui oppose depuis le début des années 1920 la Belgique aux Pays-Bas concernant la souveraineté sur les passes de Wielingen. N’obtenant pas de Jean Spiltoir les excuses réclamées à plusieurs reprises pour les accusations portées à son encontre, l’Entente rompt à la fin septembre 1928 toute relation avec son centre belge. L’activité de l’EIA en Belgique n’est pas remise en cause pour autant, l’éventualité ayant été envisagée dès juillet de remplacer la SEPES. Le mois suivant, des contacts sont noués à cette fin avec l’avocat liégeois André Collinet, qui se met de son côté en rapport avec la Sûreté publique. Il entre aussi en contact avec la SEPES, dans le bureau de laquelle il souhaite faire un stage. Après que Joseph Douillet  [86] ait fait prendre des renseignements à son sujet, la SEPES marque son accord pour fonder à Liège un Bureau de propagande. Dès novembre, elle signifie cependant la rupture des pourparlers à André Collinet, qu’elle accuse d’espionnage. Sans doute Jean Spiltoir et ses collaborateurs sont-ils désormais avertis qu’il a été chargé de fonder le nouveau centre belge de l’Entente, dont ils s’efforceraient ainsi de contrecarrer les plans. De son côté, l’EIA aspire à ce que soit créé un « groupe qui travaillerait dans le même sens que la SEPES dans la sphère et les régions que celle-ci n’a pas réussi à atteindre  [87] ». Fin décembre, le Front unique est constitué. Son comité comprend Léon Collinet  [88], Paul de Launoit [89], Louis Gonne, ancien administrateur-directeur général de la Sûreté publique, l’avocat Marcel Philippart, Jules de Géradon et le réfugié russe blanc Emmanuel Fricero. Hubert Schrymaekers et André Collinet sont eux nommés membres de son bureau. Le nouveau Centre belge de l’EIA s’engage également à lui verser une subvention annuelle minimale de 25 000 francs.

34 Le Front unique se met aussitôt au travail, développant un service de renseignements, envoyant des articles à la presse et projetant des films sur la terreur bolcheviste suivis de conférences avec diverses personnalités. Son développement est cependant rapidement paralysé du fait de la SEPES, dont certains membres répandent le bruit qu’il est insensé de créer un organisme similaire au leur qui suffit selon eux à la tâche, amenant ainsi ce qu’ils considèrent comme la « division des efforts  [90] ». André Collinet ne désespère pas d’arriver à une entente « après avoir débarqué Spiltoir  [91] », mais on lui fait comprendre du côté de la SEPES qu’il n’aboutira à un accord qu’à la condition que le Front unique n’ait pas l’intention de « leur faire du tort par une diminution des subsides dont ils vivent [92] ». La SEPES est en effet réputée pour faire de « l’anticommunisme de chapelle », Jean Spiltoir étant lui accusé « d’en faire une question d’argent  [93] ». Il cherche également à discréditer le Front unique en présentant un de ses collaborateurs, le prince Kourakine, comme un agent soviétique, et accuse les membres du groupe de Frederik Treub d’être des « ennemis acharnés de la Belgique  [94] », certains d’entre eux ayant selon lui poussé à la publication du faux d’Utrecht  [95]. Un modus vivendi lui est tout de même proposé, ainsi qu’à Jules Carlier, le 17 avril 1929, mais tous deux campent sur leurs positions. Le président du CCI, tout en reprochant à l’économiste néerlandais de tirer les ficelles de l’Entente dans l’ombre de Théodore Aubert, propose néanmoins un accord de non-belligérance entre leurs deux mouvements. Ils s’échangeraient des renseignements mais devraient s’efforcer de « ne pas se prendre l’un à l’autre les sources d’alimentation qu’ils pourraient avoir, l’un se retirant dès que le sollicité subsidie l’autre ». La documentation que la SEPES enverrait au Front unique devrait rester confidentielle et, surtout, ne serait pas transmise à l’EIA. Jules Carlier donne dès lors l’impression à son interlocuteur, qui semble avoir été Louis Gonne, d’être favorable à la naissance du Front unique. Ce dernier ne pouvait cependant rien attendre de lui tant que Jean Spiltoir gardait sa confiance. Le secrétaire général de la SEPES chercherait lui à « faire crouler » son remplaçant au sein de l’Entente dans le but « d’atteindre Genève  [96] ». Réuni le 4 mai 1929 sous la présidence de Théodore Aubert, le comité du Front unique accuse Jean Spiltoir (qui peut compter sur le soutien d’Émile Digneffe  [97]) d’avoir fait de la lutte anticommuniste un « métier ». Déclarant ne pas être partisan d’une unité à tout prix, ses membres considèrent également que la dualité de deux organismes, à condition qu’il y ait une entente entre eux, n’est pas sans présenter certains avantages. La solution préconisée est dès lors « l’élimination de Mrs Spiltoir et Peters de la Sepes et leur remplacement par des compétences dans les questions économiques et sociales ». Ils seraient alors prêts à « devenir au besoin une filiale d’un vrai “Front unique” élargi dont la direction se trouverait à Bruxelles ». Au cas où les deux personnes susmentionnées seraient maintenues à leur place, il est suggéré que par l’intermédiaire d’un agent de liaison jouissant de la confiance des deux organismes, il y ait une « coordination du travail soit sur la base territoriale soit sur celle de la division du travail [98] ». Fin juillet, quelque peu résigné, André Collinet avertit néanmoins Théodore Aubert qu’il abandonne tout espoir d’un rapprochement avec la SEPES. On lui a en réalité rapporté que « c’est folie de continuer à lutter sans ressources contre un organisme qui les [sic] draine toutes et qui dispose de millions  [99] ». Cette situation privilégiée de la SEPES est sans doute due au soutien indéfectible que lui apporte Jules Carlier malgré les efforts entrepris pour le « faire douter  [100] ». La confiance de certains membres du Front unique est même ébranlée du fait des accusations encore et toujours lancées par la SEPES à l’encontre de l’Entente. Celle-ci propose alors à son centre belge, tout en conservant son titre, de modifier son organisation pour devenir le centre de documentation en Belgique, ce contre quoi la SEPES ne pourrait rien faire. André Collinet espère quant à lui être à même d’intensifier et de développer l’activité de son mouvement avec le « concours très étroit  [101] » de l’UCB qu’Oscar Servais, directeur général de l’Union civique bruxelloise, est disposé à lui apporter. Théodore Aubert souscrit entièrement à ce projet, ce qui n’a rien d’étonnant lorsque l’on connaît l’estime qu’il porte à ce type d’organisation, dont il considère que la tâche est de « contribuer à sauvegarder l’existence économique, la sécurité et l’ordre du pays en temps de grèves révolutionnaires ou de mouvements subversifs  [102] ». Lui-même a créé une union civique lors de la grève de novembre 1918 en Suisse. Il espère ainsi qu’une collaboration avec l’UCB, à laquelle serait associé le Front unique, pourra être effective à partir de l’année suivante. Cette question est cependant remise au début 1931 à la demande du comte Adrien van der Burch, alors très occupé du fait de ses fonctions de haut commissaire général du gouvernement près l’exposition internationale, coloniale, maritime et d’art flamand qui se tient à Anvers en 1930. Entre-temps, Oscar Servais accepte « avec le plus grand plaisir  [103] » de diffuser les publications et renseignements de l’Entente dans les milieux de l’UCB. Léonce Vrancken est lui délégué à titre d’observateur à la conférence internationale de l’EIA qui se tient à Genève du 1er au 3 septembre 1930. Parallèlement, André Collinet travaille avec Gustave-Léo Gérard [104] à l’unification des différentes organisations anticommunistes existantes (« Sepes, Douillet, etc.  [105] »), ainsi qu’à la reconnaissance du Front unique par le CCI, le but étant d’obtenir pour le futur groupe né de l’union entre l’UCB et le Front Unique le soutien financier de cet organisme au même titre que la SEPES et, si possible, l’intégration de celle-ci (débarrassée de Jean Spiltoir) au sein de l’UCB. Dans cette optique, la mort de Jules Carlier au mois d’août et son remplacement par Jean de Hemptinne  [106], qui est à la fois membre de la SEPES et proche de Gustave-Léo Gérard, doivent constituer une « bonne affaire  [107] ».

35 Succédant à Jules Carlier à la tête de la SEPES, le baron Léon Greindl affirmera plus tard qu’« estimant à l’étude du dossier de cette affaire que des malentendus et des querelles de personnes ne doivent pas entraver la poursuite d’un but commun  [108] », il a aussitôt envisagé, en accord avec Willy de Munck  [109] de la SGB, de rapprocher son mouvement de l’Entente. Dans un premier temps, Willy de Munck, un proche collaborateur de Jean Spiltoir considéré comme « le gros soutien financier de la SEPES  [110] », est pourtant opposé « en principe  [111] » à un rapprochement avec l’EIA. Il constitue ainsi un frein au projet d’André Collinet, alors qu’aux dires de ce dernier, c’est de lui que dépend « l’arrangement de l’affaire  [112] ». Il est avant tout intéressé par l’action anticommuniste en Belgique et revient sur l’incident Spiltoir. Ce dernier ayant été exclu de l’UCB au printemps 1929 après avoir été accusé d’avoir voulu désorganiser à son profit ce mouvement en infiltrant ses sections liégeoise, carolingienne et anversoise, il est probable que Willy de Munck ait voulu rester fidèle au secrétaire général de la SEPES en s’opposant à l’union entre le Front unique et l’UCB. Ce projet connaît en plus des difficultés à voir le jour suite aux craintes émises par certains dirigeants du syndicat du public, qui désirent avoir des éclaircissements concernant l’incident Spiltoir afin d’affiner leur jugement au sujet de l’EIA. Celle-ci refuse d’envoyer quelque document que ce soit, estimant que les dirigeants en question, dont plusieurs connaissent personnellement les membres de son bureau permanent, doivent être en mesure de se faire leur propre opinion. Deux solutions seraient dès lors envisageables pour l’UCB : devenir le centre belge de l’Entente ou continuer à collaborer comme par le passé. Pour Théodore Aubert, l’incident Spiltoir est de plus « définitivement et totalement clos ». Même s’il se dit heureux que « l’activité antibolchévique du Cdt. Spiltoir obtienne de bons résultats », il affirme que la « collaboration avec lui ne pourra être reprise  [113] ». Début mars 1931, le comte Adrien van der Burch, « après un examen approfondi des dossiers », s’entretient avec un « ami de la SEPES » qui semble avoir été Willy de Munck. Cette entrevue avec le secrétaire général de l’UCB a apparemment eu un effet positif sur ce dernier puisqu’il est alors décidé qu’une « enquête serait faite avec le désir formel d’arriver à une entente  [114] ». À la demande de Gustave-Léo Gérard, André Collinet imagine quant à lui au même moment un projet de collaboration original, à savoir la subordination de la SEPES et du Front unique à l’UCB elle-même en relation avec le CCI. La SEPES aurait en charge le service de renseignements et de surveillance des usines, le Front unique le service de documentation et de la presse, l’UCB l’organisation des conférences, l’envoi de documents et la direction générale. Théodore Aubert soumet ce projet de collaboration à Oscar Servais, qui l’approuve pleinement. Début avril, Gustave-Léo Gérard se rend lui à Genève pour défendre la cause de la SEPES. Il fait une très bonne impression sur les membres du bureau permanent, qui se déclarent disposés à collaborer à nouveau avec leur ancien centre belge, en excluant toutefois Jean Spiltoir de tout rapport direct avec eux. Alors que le contact devait être pris par l’Entente avec la SEPES pour examiner les modalités d’une future nouvelle collaboration, Jean Spiltoir rencontre André Collinet fin mai et lui propose de collaborer avec son mouvement. Il se dit aussi prêt à renouer le dialogue avec Théodore Aubert. Cette volte-face lui aurait en réalité été imposée « en haut lieu ». André Collinet le trouve cependant « sincère et animé de bonnes intentions ». Il n’aurait contre Théodore Aubert « aucune animosité personnelle » et serait « prêt à oublier le passé ». Les négociations continuent à se faire par l’intermédiaire de Gustave-Léo Gérard, aidé par André Collinet et le comte Adrien van der Burch. L’UCB, elle, n’entre par contre pas en ligne de compte dans la combinaison projetée, la difficulté provenant, selon Jean Spiltoir, de ce que les dirigeants de ses différentes sections ont une « opposition de principe (…) à ce que l’UC s’occupe de cette question ». Peut-être cette opposition est-elle néanmoins surtout la sienne et provient-elle de la rancœur qu’il a sans doute gardée pour certaines personnes au sein de ce mouvement. Oscar Servais serait pourtant « prêt, si c’était, vis-à-vis de M. Sp. [Spiltoir] une condition préalable, à quitter l’UC pour en céder à ce dernier la direction et rendre ainsi possible l’entrée de l’UC dans la lutte anticommuniste [115] ». Après qu’André Collinet et Jean Spiltoir se soient une nouvelle fois rencontrés, la SEPES tient un conseil le 10 juin visant à décider les bases d’un futur accord. Le 15 juin, Gustave-Léo Gérard se rend à nouveau à Genève pour trouver un accord définitif avec l’Entente, qui reste néanmoins sur ses positions.

36 En juillet 1931, la SEPES se transforme en asbl. Au sein du conseil d’administration, on retrouve comme président le baron Léon Greindl, Jean Spiltoir comme secrétaire général, le vicomte et ancien combattant Gaëtan van de Werve comme secrétaire adjoint et le major Émile Stappaerts [116] comme trésorier. Sont aussi membres le journaliste Érasme Gillard  [117], Carl Peters et les ingénieurs Yves de Pierpont et Auguste Haeck, directeur du bureau technique de la SEPES à Heyst et associé de Jean Spiltoir dans sa société de carburants. L’UCB n’est pas totalement exclue puisque dans l’ombre, on retrouve le comte Adrien van der Burch comme vice-président, ainsi que le lieutenant général Louis Moulin (qui dirige le secteur des Flandres de l’UCB) comme administrateur  [118]. Elle continuera également à diffuser la documentation de l’EIA, Oscar Servais demandant que ce service reste gratuit.

37 Peu à peu, l’Entente va assouplir sa position envers Jean Spiltoir. Tout en défendant sa prise de position passée, elle estime qu’elle ne peut éternellement lui en vouloir, car il n’aurait agi que comme « porte-parole d’une ou de plusieurs personnes  [119] » ne jouant plus de rôle dans la SEPES. Jules Carlier est ici certainement visé. Théodore Aubert lui avait en effet reproché par le passé de n’avoir « jamais apporté son appui officiel qui aurait pu être d’une grande importance  [120] » pour solutionner l’incident Spiltoir. Sans doute lui tient-il aussi rigueur d’avoir exclu l’EIA de l’accord de non-belligérance qu’il avait proposé au Front unique le 17 avril 1929. Au vu des entretiens qu’il a avec le baron Léon Greindl, le président du bureau permanent se dit persuadé que « les bases d’une collaboration permanente  [121] » pourront s’établir à nouveau avec son ancien centre belge. À la demande expresse de Georges Theunis (lui-même membre protecteur de la SEPES) et en signe de bonne volonté, il accepte à la mi-novembre de participer à une de ses conférences prévue pour la fin de l’année. Le 1er décembre, Théodore Aubert informe le baron Léon Greindl que la SEPES redevient le Centre belge de l’EIA. L’organisation et la direction de la lutte contre le bolchevisme dans les colonies belges lui sont réservées, lutte qu’elle mènera par l’intermédiaire de son bureau colonial et maritime qu’elle semble avoir créé durant l’été 1931. Cet organisme, dont Théodore Aubert avait pourtant refusé la création en 1927 (ce qui explique en partie l’incident Spiltoir), luttera contre l’action des Clubs des marins révolutionnaires, ainsi que contre la Ligue contre l’impérialisme et l’oppression coloniale  [122]. Son but est de « mettre les ports de Gand et d’Anvers, les lignes maritimes et le Congo à l’abri de l’action du communisme  [123] ». André Collinet, en remerciement pour la peine qu’il s’est donnée, intègre lui aussi la SEPES. Il s’occupera de la diffusion dans une partie de la Belgique du Populaire. En quelque sorte, son projet d’union des forces anticommunistes se réalisait, même s’il convient sans doute mieux de parler ici de phénomène d’absorption du Front unique  [124].

38 Au vu de la profonde mésentente qui a séparé les deux hommes pendant près de trois ans, on peut tout de même se demander si Théodore Aubert a réellement pardonné à Jean Spiltoir et si l’Entente, faisant preuve de pragmatisme, n’a pas repris sa collaboration avec la SEPES uniquement par opportunisme financier. Il est en effet probable que ses dirigeants aient préféré renouer le dialogue avec un mouvement soutenu par des organismes aussi puissants financièrement que ne l’étaient le CCI et la SGB, plutôt que de continuer leur collaboration avec le Front unique, mouvement apparemment beaucoup moins rentable. Cela d’autant plus en période de crise économique internationale et alors que la contribution du groupe de Frederik Treub aux frais de fonctionnement du bureau permanent de l’EIA s’est fortement réduite à partir de 1930. Cette réconciliation intervient aussi alors que le BCI, c’est-à-dire l’objet du litige, rencontre des difficultés de fonctionnement. Elles sont sans doute dues en grande partie au décès de Frederik Treub en juillet 1931, mais aussi au fait qu’Henri Deterding décide dès 1929 de ne plus subventionner cet organisme, qui cessera son activité en 1932. Le retrait du rival anglais de Jean Spiltoir hors du champ d’influence de l’Entente a dès lors peut-être aussi eu un impact sur l’issue des débats.

2.4. LE CENTRE INTERNATIONAL DE LUTTE ACTIVE CONTRE LE COMMUNISME

2.4.1. Constitution

39 Au printemps 1927, Joseph Douillet, qui vient d’être expulsé d’URSS comme étranger indésirable après avoir été incarcéré durant quatre mois par la GPU, arrive à Paris. Estimant qu’il est de son « devoir de crier à l’humanité toute entière (…) que le peuple russe subit un long martyre sous le joug insupportable du communisme  [125] », il y rédige  [126] le retentissant Moscou sans voiles. Neuf ans au pays des Soviets, ouvrage visant un large public publié en 1928 par la maison d’édition catholique française Spes. Œuvre très polémique, aux détails soi-disant vécus mais invérifiables, elle est connue pour avoir été la principale source d’inspiration d’Hergé dans Tintin au pays des Soviets, dont la première planche paraît le 10 janvier 1929 dans Le Petit XXe du très conservateur abbé Norbert Wallez. À en croire le Drapeau rouge, qui le qualifie de « bréviaire anticommuniste  [127] », cet ouvrage est distribué gratuitement par la poste à la classe ouvrière par le CCI. Avant même que ne soit constitué le Front unique, André Collinet se met aussi d’accord avec Joseph Douillet pour l’écouler dans le monde ouvrier. Ce livre rencontre un grand succès et est traduit en plusieurs langues, le bureau permanent de l’EIA et ses centres nationaux contribuant grandement à sa diffusion. Il est traduit en français et en néerlandais par la SEPES, dont Joseph Douillet (qui habite à Bruxelles depuis le début 1929) est alors membre en tant que conférencier. Après avoir diffusé son livre à plusieurs milliers d’exemplaires, Jean Spiltoir et consorts se rendent cependant compte qu’il « cherchait à faire une affaire  [128] ». C’est la raison qu’ils invoquent pour expliquer la fin de leur collaboration avec lui. En mars 1929, Joseph Douillet propose ainsi ses services au Front unique, alors en pleine rivalité avec la SEPES. En compagnie de son fils Victor, il rencontre certains de ses membres les 17, 18 et 26 avril. Ils avancent différentes raisons pour expliquer leur rupture avec la SEPES. Il y aurait tout d’abord eu une divergence de point de vue concernant la méthode de lutte. Si Joseph Douillet était « partisan de combattre le communisme en créant un mouvement de force en Russie », Jean Spiltoir préférait lui « lutter contre le communisme spécialement dans les pays occidentaux non pas par la force mais par la persuasion en démontrant aux ouvriers que le principe de la lutte des classes est un principe faux et que la solution des problèmes se trouve au contraire dans la collaboration des classes ». Il aurait aussi refusé que Joseph Douillet intègre la direction de la SEPES, le considérant juste comme un « instrument dont il peut se servir  [129] ». Par l’organisation des conférences où il présentait son ouvrage, Jean Spiltoir aurait ainsi récolté beaucoup d’argent sans jamais lui donner la part lui revenant de droit. Le secrétaire général de la SEPES est encore accusé de recevoir des fonds de Grégoire Alexinsky  [130], un agent russe jugé peu digne de confiance, et de ne pas mettre à profit tous les documents dont il dispose « pour faire durer en quelque sorte le communisme dont il vit  [131] ». Il irait jusqu’à espérer la victoire des communistes aux élections pour faire « réfléchir les industriels  [132] », qui, sous-entendu, feraient plus encore appel à ses services. Accusé de tous les maux, Jean Spiltoir serait enfin impliqué dans l’affaire du faux d’Utrecht et aurait des ambitions sortant du cadre national  [133]. Lorsque le Front unique essaie de rallier à sa cause Jules Carlier, sans doute dans le but de se faire bien voir, Joseph Douillet s’emploie à réduire à néant dans l’esprit de celui-ci les accusations lancées par Jean Spiltoir. Ce dernier aurait selon lui « circonvenu  [134] » le président du CCI pendant deux ans, alors que lui-même considère l’Entente « au-dessus de toute suspicion  [135] ». Il prétend dès lors être en mesure de « faire tomber Spiltoir » en moins de deux mois. Tant André Collinet, qui craint que « Douillet ne cherche qu’une chose, à gagner de l’argent  [136] », que le prince Kourakine, selon qui les Douillet sont « très pressés pour la raison pécuniaire [137] » de collaborer avec le Front unique, retirent cependant un sentiment de méfiance de leur entretien respectif. Réuni le 4 mai, le comité reste lui assez perplexe. Tirant les conséquences de cet échec, Joseph et Victor Douillet fondent à Bruxelles le Centre international de lutte active contre le communisme (CILACC).

2.4.2. Organisation et activité

40 Joseph Douillet justifie la fondation de son mouvement par la nécessité de corriger les erreurs commises par les autres organisations anticommunistes, aucune d’entre elles n’ayant compris la nécessité « d’employer contre des révolutionnaires militants les méthodes révolutionnaires actives ». Recueillir des renseignements concernant les partis communistes des différents pays, montrer leur activité, faire de la propagande anticommuniste, est « très bien et très louable », mais ce n’est pas suffisant. Des « méthodes plus radicales » sont nécessaires pour lutter contre les bolcheviks en Russie même. Il convient dès lors de soutenir les groupements nationaux russes actifs là-bas, d’agir eux-mêmes en Belgique contre l’activité de la GPU en se renseignant sur ses membres et en se procurant ses rapports, circulaires, instructions, etc. Joseph Douillet prend soin de préciser que cette activité, dont le CILACC aura la charge, nécessitera « beaucoup (…) de fonds [138] ». Elle devra aussi se faire à l’échelle internationale. S’inspirant sans doute du modèle de l’EIA, l’organisation est ainsi censée comporter un comité central composé de Joseph Douillet et de membres, un par section étrangère en qualité de représentant de chaque pays. Seule la section belge (CILACC-SB) sera néanmoins constituée. Outre son président Georges Cuissart de Grelle, ancien diplomate belge à Saint-Petersbourg, elle ne se compose que de Joseph et Victor Douillet, d’un chef du service d’information, d’un agent-résident, de quelques informateurs bénévoles et d’un dactylographe.

41 Vraisemblablement à l’automne 1931, les Douillet créent la Ligue nationale belge contre le communisme. Conformément au premier article de ses statuts, son but est de « soutenir la lutte contre le communisme, en recrutant dans le pays des adhérents et en rassemblant des ressources destinées à faciliter cette lutte ». Elle ne se chargera que de « l’étude du communisme et de la propagande sous des formes diverses, et notamment par la création d’une revue, par l’envoi de communiqués aux journaux, par l’organisation de conférences, etc. », la CILACC-SB ayant elle en charge « la partie la plus technique de la lutte  [139] ». La Ligue est présidée par le prince Jean de Merode, le baron Georges Vaxelaire, par ailleurs consul de Pologne, étant désigné trésorier  [140]. Son siège social est fixé à Bruxelles, au domicile de Joseph et Victor Douillet, c’est-à-dire au même endroit que celui du CILACC et de sa section belge. À partir du 1erjanvier 1932 paraît également un bulletin mensuel du nom de CILACC. Documentation anti-communiste, qui contient principalement des informations sur l’URSS. Son pendant néerlandais (Anti-communistische Documenteering) est édité à partir de 1933.

2.4.3. CILACC sans voiles

42 Au mois d’août 1932, le colonel Resanov, ancien membre du contre-espionnage russe blanc pendant la guerre civile et auteur de nombreux pamphlets antisoviétiques, est engagé pour remplacer Victor Douillet à la tête du service d’information de la CILACC-SB. Épouvanté par ce qu’il découvre, il ne tarde cependant pas à démissionner, quatre mois et demi seulement après être entré en fonctions. En 1933, il publie « CILACC » sans voiles. Sous le drapeau de la « Lutte active contre le Communisme », véritable réquisitoire contre Joseph Douillet. Il l’accuse d’avoir été décoré en URSS de l’Ordre du Drapeau rouge et du Travail, et d’avoir une sœur, restée en Russie, épouse d’un haut fonctionnaire de la GPU. Victor aurait lui été membre du Komsomol  [141]. Dans cet ouvrage, on apprend également ce qui semble bien avoir été les réelles motivations de Joseph Douillet, ainsi que le mode de fonctionnement du CILACC. En luttant contre le communisme, Joseph Douillet n’aurait eu d’autre but que de « tirer grand bénéfice personnel  [142] ». La Ligue nationale belge contre le communisme aurait ainsi été créée pour attirer des donateurs de renom. Il ne s’agirait que d’une « enseigne  [143] » servant à recueillir les cotisations des membres et à entrer en relation avec des personnalités influentes qui composent effectivement le comité de patronage de cette Ligue. L’appel lancé à lutter contre le communisme ne serait dès lors qu’une « habile réclame couvrant à la fois une escroquerie et un guet-apens pour les capitalistes patriotes par trop confiants  [144] ». Joseph Douillet aurait également cherché le patronage de certains représentants des pères jésuites, qui auraient fait des démarches en faveur de leur organisation auprès de hauts magistrats et de personnalités du monde politique et financier. Henri Jaspar en particulier est effectivement approché par le père Peeters à la fin 1931 et au début 1932, apparemment avec succès puisque l’homme d’État catholique sera membre du comité de patronage de la Ligue. Ils font également des démarches auprès de la SGB, dont le prince Jean de Merode a lui-même été commissaire de 1911 à 1932. Le père Peeters, encore lui, entre en relation avec Alexandre Galopin  [145], membre protecteur de la SEPES, alors que Joseph Douillet et Georges Cuissart de Grelle nouent le dialogue respectivement avec Jean Jadot [146] et le même Alexandre Galopin. Ces différents contacts sont pris entre 1930 et 1932, mais il est fort probable qu’ils ont été plus nombreux. René Brion et Jean-Louis Moreau soulignent pour leur part que la SGB et ses sociétés filiales sont réputées pour avoir financé, dès les années 1920, la lutte contre le communisme en octroyant des subsides à différents organismes. En 1933, elle décide de soutenir la seule SEPES. Selon ces auteurs, cette décision aurait avant tout été dictée par des motifs économiques et d’efficacité, quoique Félicien Cattier [147], président du comité intérieur colonial de la SGB, s’était demandé si le CILACC n’aurait pas pu devenir l’organisme de référence pour l’action anticommuniste dans la colonie, car il s’appuyait sur les missions et que celles-ci lui paraissaient les mieux à même de mener efficacement cette activité. Ce choix intervient également après que les dirigeants de la SEPES, aidés par Georges Theunis et Alexandre Galopin, se soient efforcés d’opérer la fusion de leur mouvement avec d’autres organismes du même genre, notamment le CILACC, ou d’établir entre eux une entente afin de déterminer à chacun son propre champ d’action  [148]. Le père jésuite Carlos Lefèvre  [149], membre du comité de la Ligue nationale belge contre le communisme, évoque quant à lui le « désaveu » de la SGB. Il s’étonne qu’elle ait lancé « brusquement contre [eux] son excommunication majeure pour un défaut d’empressement envers Monsieur de Muynck [sic] », en qui ils voient « bien plus le représentant de Sepes que le mandataire de la Société Générale ». Lui-même retire une « pénible impression » de son entretien avec lui. La SEPES, elle, n’aurait pas vu dès le départ d’un bon œil la création de la dite Ligue. Le 2 juin 1932, pour couper court aux malentendus qui se sont répandus dans une partie de l’opinion publique, le CILACC et la SEPES annoncent pourtant qu’il n’y a entre eux ni rivalité, ni concurrence. Le premier s’occuperait de la lutte à l’intérieur de l’URSS, la seconde de celle en Belgique, sur les voies maritimes et dans les colonies. La SEPES fera cependant répandre des « propos désobligeants » sur le compte de Carlos Lefèvre qui, à la fin de l’année, est accusé par la presse de gauche de rechercher des intérêts matériels sous le couvert de l’action anticommuniste. Le père jésuite, qui accuse encore la SEPES de ne pas avoir publié l’accord conclu chez Georges Theunis, avance dès lors des « incompatibilités personnelles  [150] » pour expliquer l’échec de ce projet.

43 Continuant de caractériser l’activité de Joseph Douillet, le colonel Resanov souligne qu’aidé de son fils, il « s’efforce de discréditer par tous les moyens aux yeux de la société, les organismes qui luttent réellement contre le communisme ». Il répandrait par l’intermédiaire de ses agents des « basses calomnies, dans le genre de celle-ci que ces organisations se trouveraient en relations commerciales avec les Soviets, qu’elles auraient accepté sans sourciller un don important de la part d’un agent soviétique notoire  [151] ». À l’époque où il cherchait à intégrer le bureau du Front unique, il n’a effectivement pas été avare en reproches envers Jean Spiltoir. S’il continuera à procéder de la sorte une fois le CILACC mis sur pied, il convient de garder à l’esprit que le secrétaire général de la SEPES a lui aussi usé de cette méthode envers ses concurrents. Telle semble être la règle du jeu dans ce milieu. Des informateurs gratuits (un seul d’entre eux est rétribué) recrutés parmi les réfugiés russes travailleraient par ailleurs « à l’aveuglette et sans système », fournissant des informations « au petit bonheur [152] ». La faute en incomberait aux Douillet, incapables de donner des instructions claires. Leur service de renseignements ne serait ainsi rien d’autre qu’un « Bureau de coupures de journaux  [153] », description rejoignant celle d’André Collinet, selon qui leur bureau ressemblait « plus à une officine de renseignements qu’à un bureau sérieux d’études  [154] ». Sans doute Joseph Douillet passe-t-il pour le spécialiste des ressortissants soviétiques aux yeux des services officiels, car, lorsqu’il ne parvenait pas à obtenir des renseignements via son organisation, il recourait aux services bénévoles d’agents locaux de la police ou de la Gendarmerie, ayant même ses entrées au Ministère de la Justice et à la Sûreté publique. Les communistes indigènes n’attiraient eux son attention que lorsqu’ils travaillaient dans une entreprise importante. Après avoir informé la direction de l’établissement concerné qu’il avait découvert chez eux une cellule communiste, Joseph Douillet leur faisait la publicité de son soi-disant réseau d’agents, leur promettant d’assurer la protection de leur société contre le paiement d’une certaine somme d’argent. Une fois les fonds reçus, il ne donnait cependant plus aucun signe de vie.

44 Enfin, toujours à en croire le colonel Resanov, Joseph et Victor Douillet auraient intercepté du courrier adressé à Théodore Aubert, mais envoyé par erreur au CILACC. Ils se seraient substitués à l’avocat genevois pour soutirer de l’argent à leur profit. L’Entente, elle, se méfie de Joseph Douillet, avec lequel elle entretient des relations ambiguës. Georges Lodygensky, un proche collaborateur de Théodore Aubert, observe ainsi que le succès de son ouvrage « fit croire à M. Douillet, homme assez élémentaire et dépourvu d’expérience politique, qu’il avait l’étoffe d’un leader anticommuniste international ». Soulignant la « prétentieuse appellation » de son mouvement, il stigmatise également la thèse du CILACC selon laquelle il fallait lutter activement contre la GPU, ce qu’il estime « pratiquement irréalisable et idéologiquement insuffisant  [155] ». En avril 1930, Théodore Aubert ne juge pas utile d’associer le CILACC aux tractations ayant pour but de faire de l’UCB (élargie) le nouveau centre belge de l’EIA. À la fin de l’année, il affirme pourtant que les dirigeants de l’Entente n’empêcheront personne de collaborer avec Joseph Douillet, avec lequel ils sont du reste eux-mêmes en correspondance, car ils estiment qu’ils ne doivent « faire opposition à aucune activité antibolchévique sincère, mais au contraire entretenir de bons rapports avec ceux qui luttent dans le même sens [qu’eux], quoique avec des méthodes différentes  [156] ». Entre-temps, le CILACC et l’Entente ont effectivement échangé des publications, Théodore Aubert louant même « l’utile propagande [157] » faite par Moscou sans voiles. Quoique ne niant pas que de tels individus peuvent effectivement « être utilisés  [158] », Georges Lodygensky préfère tout de même s’entourer de précautions à son égard. Joseph Douillet n’est pas convié au conseil international de l’Entente qui se tient du 2 au 4 septembre 1931, officiellement parce que le CILACC n’est pas membre de l’organisation. Il est néanmoins probable que les dirigeants de l’EIA aient fini par douter de sa sincérité et de ses méthodes. Vraisemblablement l’année précédente, Théodore Aubert refusait en effet l’offre de collaboration que lui et son fils lui avaient faite à Bruxelles, « l’impression n’ayant pas été favorable  [159] ». Chercher à contrecarrer l’action de la GPU a aussi toujours paru à l’avocat genevois une « besogne vaine et dangereuse  [160] » et comme étant du ressort de la police, ce modus operandi n’étant en outre accepté ni par le bureau permanent, ni par les groupements affiliés à l’Entente. Après la publication de Cilacc sans voiles au début 1933, il informe Georges Theunis que, selon lui, l’activité de Joseph et Victor Douillet est bien une « duperie » car il ne peut imaginer que le colonel Resanov écrive « pareil réquisitoire sans avoir constaté lui-même tous les faits graves qu’il dénonce  [161] ».

45 Malgré une réputation peu flatteuse, le CILACC jouit néanmoins d’un certain crédit sur la scène de la lutte anticommuniste belge. Même s’il retire un « sentiment de méfiance  [162] » de son entretien du 17 avril 1929 avec Joseph Douillet, André Collinet compte en effet avec son mouvement dans le projet d’union des différentes organisations anticommunistes qu’il soumet au mois d’août 1930 à Théodore Aubert. La section belge du CILACC sera également associée dans le pacte d’alliance conclu en 1933 sous le nom d’Union des forces anticommunistes entre elle, l’asbl Action et Civilisation  [163], la Ligue nationale belge contre le communisme et la Légion nationale. La SEPES n’émarge pas par contre à cet organisme, dont l’activité se limitera à la tenue de quelques meetings en juin 1933. Ce projet naît en réalité peu après la tentative (avortée) de rapprochement qu’elle a orchestrée en collaboration avec Georges Theunis et Alexandre Galopin.

2.5. L’ACTION NATIONALE

2.5.1. Constitution et doctrine

46 Le 18 décembre 1918, Pierre Nothomb fonde le Comité de politique nationale (CPN). Actif sur le plan de la politique étrangère, cet organisme aspire à ce que la Belgique annexe le Grand Duché de Luxembourg, le Limbourg hollandais, la Flandre zélandaise et les passes de Wielingen. Il a pour cibles privilégiées l’Allemagne et la Russie, le régime soviétique étant considéré comme la pire des abominations. La peur de l’Orient et du péril jaune domine également la vision politique globale du CPN, qui entend défendre la civilisation occidentale, c’est-à-dire la civilisation chrétienne. Il compte dans ses rangs des généraux, des hommes d’affaires, des juristes, des hommes de lettres, ainsi que des hommes politiques de toutes tendances, y compris des socialistes  [164]. Les chefs des nombreux groupes ou groupuscules nationalistes y sont aussi généralement affiliés à titre personnel. Le 24 février 1924, le CPN est représenté à un congrès réunissant à Liège les délégués de seize groupes et journaux nationalistes. Un comité directeur est mis en place, de même qu’un comité d’études, dont la mission est d’élaborer une doctrine et un programme communs. Le 12 avril paraît cependant le premier numéro de L’Action nationale, hebdomadaire administré par le lieutenant-colonel Léopold Reul. Son directeur politique est Pierre Nothomb. Figure de proue du mouvement nationaliste belge après la Première guerre mondiale, il avait été approché au début de l’année par les promoteurs de l’EIA, à l’époque où ils recherchaient des personnes susceptibles de collaborer à leur projet. En juillet est créée la Fédération d’action nationale. Son but est de fédérer les divers groupuscules nationalistes, ce qui a pour effet d’indisposer les groupes concurrents. Au premier rang de ceux-ci figure la Légion nationale, l’autre grand mouvement nationaliste des années 1920 avec lequel l’Action nationale entretiendra toujours des relations tendues  [165]. La majorité des membres libéraux du CPN se distancient également de lui, alors que des hommes nouveaux, catholiques, le rejoignent dans son nouveau projet. Mouvement à tendance catholique-réactionnaire, l’Action nationale prône un gouvernement fort, responsable devant le roi plutôt que devant le Parlement, de même que la création d’organes corporatistes compétents sur le plan législatif. Elle préconise encore l’abaissement du rôle des partis et une armée forte, non seulement pour assurer la défense du territoire national dans le cas d’une nouvelle invasion, mais aussi pour réprimer tout mouvement de subversion interne provoqué par les socialistes ou les communistes. Si l’on en croit le député socialiste Fernand Brunfaut, d’anciens officiers de l’armée du général Wrangel  [166] participent à ses meetings et la soutiennent financièrement  [167]. Début février 1929, Pierre Nothomb, se rendant sans doute compte de l’ambiguïté de sa position, démissionne de son poste de directeur politique de l’Action nationale (le journal disparaîtra le 9 août 1930). Réputé pour avoir une « situation politique très influente  [168] », il est en effet aussi militant de l’Union catholique belge. Comme cela avait été le cas en 1925, son nom figure sur la liste du parti à Bruxelles en vue des élections législatives de 1929, ce qui ne va pas sans provoquer des remous au sein de son propre mouvement. Avec ses derniers fidèles, il rejoint en 1931 le groupe L’Autorité  [169] et devra attendre 1936 pour être élu sénateur provincial catholique du Luxembourg.

2.5.2. Les Jeunesses nationales

47 Dès 1925, l’Action nationale peut compter sur le soutien des Jeunesses nationales, « groupement civique politique  [170] » dirigé par Pierre Nothomb lui-même. Cette milice regroupe de deux à trois mille membres, principalement issus de collèges catholiques et âgés de seize à dix-neuf ans. Ils ont pour objectif de faire respecter l’ordre par la force. Ne portant pas d’uniforme mais un simple insigne, ils sont de service lors des meetings de l’Action nationale, vendent son journal en rue, défilent lors des manifestations patriotiques, se frottent en rue aux JGS, aux communistes et autres nationalistes flamands, et manifestent contre la projection de films soviétiques.

48 Leur principal fait d’armes est le sac, le 12 janvier 1928, d’une exposition soviétique organisée par le Cercle des relations intellectuelles belgo-russes  [171] dans le cadre du dixième anniversaire de la Révolution russe. À en croire le Drapeau rouge, ils sont conduits par d’anciens officiers de l’armée du général Wrangel  [172]. Aidés dans leur tâche par des émigrés russes appartenant à des organisations antibolcheviques basées en Belgique, ils reprochent à cette soi-disant exposition artistique d’avoir pour seul objectif la diffusion de propagande. Ils estiment dès lors avoir accompli une « besogne de salubrité publique  [173] ». Trois d’entre eux comparaissent à la mi-mai 1928 devant la 16e chambre du tribunal correctionnel de Bruxelles. Un peu plus d’un an après les faits, André Nève et Edouard de Paul de Barchifontaine sont acquittés, Adelin van Ypersele de Strihou étant lui condamné à un mois de prison avec sursis. Leur avocat n’est autre qu’Henri Carton de Wiart, un des leaders de l’Union catholique belge et proche de Pierre Nothomb, qui avait été son secrétaire lorsqu’il était ministre de la Justice du gouvernement en exil au Havre. Alors que Théodore Aubert l’invite à documenter l’ancien ministre à l’aide de la documentation de l’Entente (avec laquelle Henri Carton de Wiart correspondra d’ailleurs par la suite), il semble que Jean Spiltoir ait plutôt fourni à l’avocat des renseignements de la SEPES. Les communistes, eux, ne manqueront pas de dénoncer les pressions exercées par le gouvernement sur les magistrats en charge du dossier pour faire libérer les trois inculpés. Henri Jaspar, Premier ministre aux moments des faits, et Paul-Émile Janson, ministre de la Justice, réfutent ces accusations. Le premier reconnaît néanmoins avoir rencontré Pierre Nothomb, qui avait sollicité auprès de lui l’intervention du gouvernement. Il lui aurait répondu qu’il ne pouvait que transmettre sa demande au ministre de la Justice. Ce dernier se serait, lui, limité à téléphoner au procureur général pour lui demander s’il comptait maintenir l’arrestation des trois accusés. Quelques soient les responsabilités politiques dans cette affaire, il est en tout cas significatif que lors de la séance du Conseil des ministres du 9 janvier 1928, le Premier ministre se soit opposé à la tenue de cette exposition. Il avançait alors comme raisons d’une part le fait que la Belgique n’avait pas encore rétabli ses relations avec l’URSS, d’autre part le danger de propagande. Bien qu’il s’agisse là d’un discours officiel (Henri Jaspar ne livre sans doute pas le fond de sa pensée), il a tout de même pour intérêt d’illustrer à nouveau l’évolution dans les conditions posées par notre pays à la reconnaissance du régime soviétique.

2.6. LA LÉGION NATIONALE

2.6.1. Constitution et doctrine

49 La Légion nationale est fondée en mai 1922 par un groupe d’anciens combattants de la Grande Guerre. Le 26 novembre 1924, elle est rebaptisée Légion nationale belge suite à la création de fédérations à Bruxelles, Gand et Anvers. Si elle publie également un journal dans les deux langues, elle est néanmoins en grande partie francophone. Ses membres sont recrutés au sein de la petite bourgeoisie principalement catholique. Leur premier chef est Henri Graff, qui démissionne de ses fonctions le 6 mai 1928 et est remplacé par le secrétaire général Paul van Zuylen. Ce dernier disparaît cependant assez vite du devant de la scène au profit de Paul Hoornaert  [174]. Entré en 1924 dans le mouvement, ce dernier prend progressivement les commandes d’un comité directeur qui sera dissout en 1933. Dans les faits, il était déjà le véritable leader et c’est sous son impulsion que la Légion nationale se transforme après 1927. Tout en ne reniant jamais l'anti-germanisme de ses origines, elle réclame désormais sa parenté avec le fascisme. Son objectif n’est pas de préparer un coup de force, mais de former le noyau du pouvoir pour le jour où la Belgique, convertie à ses idées, sera prête pour une révolution nationale. Dans l’esprit de Paul Hoornaert, celle-ci doit supprimer tout ce qui pourrait avoir un quelconque rapport avec le régime politique existant. L’idéologie de la Légion nationale est antiparlementaire et corporatiste. Si elle rejette l’idée d’une dictature, elle souhaite par contre un gouvernement fort et le renforcement de l’autorité royale.

2.6.2. Organisation

50 En attendant l’avènement de ce nouvel ordre, il s’agit de défendre le pays contre les troubles de la gauche ou des séparatistes. La Légion nationale développe ainsi une organisation paramilitaire qui constitue une nouveauté pour l’époque et qui fera son originalité. Un service de renseignements composé d’anciens agents du contre-espionnage durant la Première Guerre mondiale met en place ce que Louis Piérard dénonce comme étant des « pratiques d’espionnage, de mouchardise  [175] » au sein de l’armée, ses agents servant d’indicateurs au Ministère de la Défense nationale. Ce service a également pour mission de « réunir une documentation d’ordre politique aussi complète que possible » (l’Entente lui fait notamment parvenir des documents) et de la transmettre, en vue d’une action éventuelle, à un service de protection. « Service de répression » comprenant uniquement des anciens combattants, ce dernier a pour tâche de « combattre éventuellement par la force les menées antipatriotiques », ainsi que les « éléments subversifs dont l’activité met en danger l’unité, la dignité ou la prospérité de la Nation  [176] ». Des troupes mobiles en uniforme (les Légionnaires ou Chemises noires) paradent ainsi avec casques et gourdins, ce qui se traduit par de fréquents combats de rue (parfois de concert avec les Jeunesses nationales) avec les JGS, les communistes et les flamingants. Ce service est aussi chargé du maintien de l’ordre au cours des réunions, conférences ou meetings de la Légion nationale. Un de ceux-ci est resté célèbre dans les annales politiques (et judiciaires) liégeoises pour le pugilat qui y a opposé légionnaires et communistes pendant et après la réunion. Organisé par la Légion nationale au Cirque des variétés à Liège le 25 avril 1926 (soit moins d’un mois après la victoire des socialistes aux élections législatives qui mèneront à la mise en place du tant décrié gouvernement Poullet-Vandervelde), il appelait à lutter contre le communisme.

51 Au cours des années 1930, deux services de renseignements coexisteront. L’un, le Mot du soldat (MDS) poursuit l’activité de mouchardage entamée la décennie précédente au sein de l’armée. En liaison avec l’Union des fraternelles de l’armée de campagne (UFAC) et la Confédération des fraternelles d’après-guerre (COFAG)  [177], il y entretient un réseau de cellules, surveille la subversion pacifiste ou flamingante et en signale les auteurs aux autorités militaires. Il mène cette activité en accord avec les services officiels de la Sûreté militaire et la Gendarmerie. L’autre service, plus politique, est avant tout dirigé contre le communisme. Il est subsidié par le CCI et particulièrement par la Société d’Ougrée-Marihaye, à la condition « d’exister mais de ne pas agir  [178] ».

52 Concernant le financement des mouvements nationalistes, Jean Stengers observe qu’ils « naviguaient généralement dans des eaux difficiles, voire très difficiles  [179] », et que « la grande industrie et les banques, dans l’ensemble, se tenaient à l’écart  [180] ». De l’aveu même des chefs de la Légion nationale, les moyens financiers dont ils disposent ne sont en effet « guère conséquents », raison pour laquelle ils font notamment appel en 1928 à la « générosité  [181] » du banquier Alfred Loewenstein. Quant à la Société d’Ougrée-Marihaye, Paul Hoornaert étant son avocat-conseil, il est probable qu’elle a soutenu la Légion nationale dès les années 1920. Néanmoins, à en croire Paul-Henri Spaak, ses chefs ne s’adressent pas seulement aux industriels et banquiers. Dès cette époque, ils font en effet une démarche auprès des dirigeants du CCI pour « constituer une liaison secrète  [182] ». Ils leur proposent de collaborer avec leur service de protection, pour le développement duquel le CCI accorderait son appui financier.

53 Après que la SEPES ait rompu ses relations avec l’EIA, la Légion nationale se plaindra par ailleurs de ses « mauvais procédés  [183] », qui semblent cependant être d’application depuis plus longtemps. Dès 1926, le comité directeur de la Légion nationale constate en effet un « refroidissement inexplicable dans l’attitude à son égard des sections de Gand et d’Anvers ». Ses membres ont « rapidement l’impression que quelqu’un travaillait les comités de Gand et d’Anvers », le premier envoyant même sa démission puis celle du second à la direction à Liège. À en croire une personne à la fois membre du Front unique et du comité directeur du mouvement nationaliste, qui semble avoir été Louis Gonne, le responsable ne serait autre que Jean Spiltoir. Il aurait été introduit au sein de la section anversoise par Carl Peters, qui ferait partie de la Légion nationale. Il aurait à cette occasion souligné auprès de ses membres le manque de programme et d’argent de celle-ci, qui serait en plus « mal vue des hommes d’ordre ». Considérant qu’il n’y avait « rien à espérer d’un mouvement parti de Liège, ville de province de second ordre », se vantant d’être « persona grata chez les personnalités de la Belgique entière  [184] » et de posséder de nombreux renseignements, il se serait ainsi efforcé de débaucher de nouveaux collaborateurs en leur promettant une rétribution pour services rendus. Agissant de la même manière à Gand, il est accusé de faire preuve d’« esprit d’intrigue  [185] ». Jean Spiltoir niera ces accusations. Elles n’ont néanmoins rien d’inconcevable lorsque l’on se souvient qu’il lui est reproché à la même époque de faire de l’anticommunisme une affaire (financière) personnelle. De plus, il ne tient pas ce type de mouvements en haute estime. En effet, à peine vient-il d’être désigné au congrès de Paris pour être le représentant belge de l’Entente, qu’il invite Théodore Aubert à se détourner de l’Action nationale et de la Légion patriotique d’Albert Graveline  [186], avec lequel il entrera d’ailleurs en conflit. « Le public se méfie de ces groupements ; il les accuse d’aller trop à droite et de provoquer ainsi une réaction de gauche et, en dernière analyse, faire plus de mal que de bien », affirme-t-il. « Pour cette raison », poursuit-il, « aucune personne notoirement connue ne consentira à soutenir un mouvement patronné par l’un de ces groupements  [187] ». Il souligne ainsi la différence de nature existant entre le groupe qu’il veut créer et les associations patriotiques. André Collinet ne dit rien d’autre lorsqu’il qualifie la Légion nationale de « mouvement politique et de ce chef antipathique à beaucoup de gens », alors que le Front unique entend rester « en dehors de tout parti politique ». À la différence du secrétaire général de la SEPES, il considère par contre le mouvement de Paul Hoornaert comme un « excellent moyen de lutte anticommuniste » avec lequel il désire travailler en « liaison étroite  [188] ». Alors que le Front unique n’a pas encore succédé à la SEPES comme centre belge de l’Entente, les deux organisations sont en réalité déjà en « relation étroite  [189] », le Front unique servant d’intermédiaire pour transmettre à la Légion nationale les publications de l’Entente. Une fois rassuré sur la « correction parfaite  [190] » de cet organisme, dont il craignait qu’il n’ambitionne de succéder à la SEPES à sa place, André Collinet rend visite à son comité directeur pour montrer à ses membres « un exemplaire d’un document contenant beaucoup de renseignements intéressants  [191] ».

CONCLUSION

54 Au lendemain de la Première Guerre mondiale, les espoirs de révolution mondiale nés de la révolution d’Octobre sont rapidement déçus. En Belgique, la menace de troubles sérieux est vite écartée du fait des réformes sociales qui sont opérées sur un rythme rapide. Alors que notre pays se lance aussi dans la voie de la démocratisation politique, un climat de peur du Rouge s’y instaure pourtant au cours des années 1920. Cette peur entraîne en réaction une mobilisation qui va bien au-delà de l’implantation sur le terrain du Parti communiste de Belgique. On peut parler à la fois d’anticommunisme d’État et de phénomène de société. Plus que le parti, ses adversaires redoutent son idéologie, qui menacerait l’ordre tant matériel que moral de la société. Avec la sauvegarde des intérêts belges en Russie, cette crainte explique pourquoi la Belgique ne reconnaîtra l’URSS qu’en 1935. À cette époque naissent également des mouvements au sein desquels des rivalités engendrent scissions et démissions. Sollicitant les mêmes bailleurs de fonds et s’adressant à un même public, ces organismes entrent en conflit et mènent des efforts dispersés. S’ils sont tous porteurs de l’idéologie anticommuniste, ils ont néanmoins leurs propres caractéristiques et peuvent dès lors être classés en différentes catégories.

55 Constitué en 1918 à l’initiative du gouvernement en exil au Havre, le Comité de défense des intérêts belges en Russie est présidé par Gérard Cooreman, ancien Premier ministre et directeur de la Société générale de Belgique. Anticommuniste avant tout par intérêt économique, ce mouvement défend les intérêts des grands entrepreneurs. Par son action, il maintient les gouvernements successifs dans leur détermination de ne nouer des relations diplomatiques avec les soviétiques qu’à la condition préalable d’un arrangement économique satisfactoire. Mais s’il se préoccupe moins d’anticommunisme au sens politique, le Comité n’en met pas moins aussi l’accent dans son discours sur le danger de la propagande communiste et sur la nécessité de sauvegarder la paix intérieure de la Belgique.

56 Au nom du principe de collaboration des classes, l’Union civique belge assure, elle, les transports publics et certaines activités industrielles et commerciales en cas de grève. Diffusant la documentation de l’Entente internationale contre la IIIe Internationale, elle est également représentée aux réunions internationales de cette organisation basée à Genève. C’est une de ses chevilles ouvrières, le commandant à la retraite Jean Spiltoir, qui fonde le Centre belge de l’Entente en janvier 1925. Connu dans l’opinion publique sous le nom volontairement anodin de Société d’études politiques, économiques et sociales, ce centre exerce à la fois une activité officielle de propagande, collabore en secret avec la Sûreté publique et la Police judiciaire, et surveille discrètement les menées communistes au sein des entreprises belges et coloniales. S’opposant à l’emploi de la force, il mène une action qu’il veut discrète. Patronné par un comité secret, il est formé de représentants du monde politique et économique. Entre septembre 1928 et décembre 1931, l’EIA et la SEPES cessent leur collaboration suite à un différend de personnes, la seconde étant remplacée par le Front unique de l’avocat liégeois André Collinet. Durant ces trois ans, une tentative d’union entre les différentes forces anticommunistes de l’époque échoue. S’il comprenait l’UCB, ce projet n’incluait par contre pas le Centre international de lutte active contre le communisme. Ce dernier est fondé en 1929 à l’initiative de Joseph Douillet et de son fils Victor après que le premier cité, auteur du retentissant Moscou sans voiles, ait quitté la SEPES et échoué dans sa tentative d’intégrer le Front unique. Joseph Douillet justifie la fondation de son mouvement par la nécessité de corriger les erreurs commises par les autres organisations anticommunistes. Il prône une lutte active contre la GPU. À l’automne 1931, lui et son fils créent en plus la Ligue nationale belge contre le communisme, présidée par le prince Jean de Merode et dans laquelle ils attirent des personnalités du monde politique et financier. En dépit de son nom ronflant qui a pour but d’accréditer la fable de groupes nationaux actifs sur le modèle de l’EIA, l’activité du CILACC se limite cependant à des revues de presse. Il passe pour une gigantesque escroquerie qui intoxique les milieux patronaux pour obtenir des fonds. Tous ces mouvements sont subsidiés par le patronat et le milieu de la haute finance, et en particulier par la Société générale de Belgique. La SEPES présente toutefois l’avantage non négligeable d’être affiliée à l’EIA et d’être soutenue financièrement par le Comité central industriel, qui constitue un acteur clé et incontournable dans la lutte anticommuniste. Aucun de ces mouvements ne peut se prévaloir de troupes organisées. Parmi leurs membres, on trouve des nobles, des personnalités politiques principalement conservatrices, des officiers généraux ou supérieurs retraités, ainsi que des industriels. Officiellement apolitiques, ils sont également soutenus par des Russes blancs réfugiés en Belgique.

57 Parallèlement naissent des mouvements nationalistes qui, reprenant des thèmes fascistes et réactionnaires, ont eux un but politique. Leur financement semble avoir été plus difficile, même s’il n’était pas inexistant. Les deux principaux organismes de ce type au cours des années 1920 sont la Légion nationale et l’Action nationale. Fondée par des anciens combattants, la première est dirigée par Paul Hoornaert et recrute ses membres au sein de la petite bourgeoisie, essentiellement catholique et francophone. Dans la continuité du Comité de politique nationale, la seconde compte dans ses rangs des généraux, hommes d’affaires, juristes et hommes de lettres. À leur tête se trouve Pierre Nothomb, symbole du lien existant à cette époque entre fascisme et catholicisme politique. Tantôt complices, tantôt rivaux, ces deux groupements entendent faire respecter l’ordre par la force, par l’action des légionnaires pour le premier, par celle des Jeunesses nationales pour le second. Eux aussi soutenus par le milieu russe blanc et par celui des anciens combattants, ils mènent une action directe et travaillent au grand jour, la Légion nationale développant même une organisation paramilitaire qui fera son originalité.

58 Au cours des années 1930, des mouvements nouveaux ou déjà existants et au sein desquels on retrouve bon nombre d’individus ayant exercé durant la décennie précédente, militeront aussi avec vigueur contre le péril rouge. La lutte peut cependant alors paraître plus justifiée ou légitime au vu des progrès électoraux enregistrés par le PCB. De plus, il est désormais possible de militer contre le communisme au sein d’un parti politique : Rex.

LISTE DES OUVRAGES CONSULTÉS

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Date de mise en ligne : 01/06/2010

https://doi.org/10.3917/cris.2059.0005

Notes

  • [1]
    La Révolution bolchevique se déroule dans la nuit du 25 au 26 octobre 1917 dans le calendrier julien, ce qui correspond aux 6 et 7 novembre dans le calendrier grégorien.
  • [2]
    L’IC est souvent désignée sous son acronyme russe, Komintern. Elle est née lors de la conférence qui se tient à Moscou du 2 au 6 mars 1919. C’est néanmoins le IIe congrès du Komintern, organisé du 19 juillet au 7 août 1920, qui marque sa véritable fondation avec la mise en place de ses différentes structures.
  • [3]
    C’est le 30 décembre 1922 que la Russie prend le nom d’URSS.
  • [4]
    H. HAAG, « La politique intérieure de 1914 à 1926 », in H. PIRENNE et al., Histoire de la Belgique contemporaine. 1914-1970, Bruxelles, La Renaissance du Livre, 1975, p. 53.
  • [5]
    Homme politique libéral et diplomate, Émile Francqui (1863-1935) est consul en Chine à partir de 1896. De retour en Belgique en 1900, il entre dans la finance. Directeur de la Banque internationale d’Orient, puis directeur administratif de la Banque d’Outremer, il est aussi directeur (1912-1923) et gouverneur (1932-1935) de la Société générale de Belgique (SGB), ainsi qu’administrateur délégué de l’Union minière du Haut Katanga de 1921 à 1932. Il est encore membre du Comité des experts qui élabore le plan Young de 1929 et est nommé administrateur de la Banque des règlements internationaux créée à cet effet. Ministre d’État en 1918, ministre sans portefeuille dans le cabinet formé par Henri Jaspar en mai 1926, il est à nouveau nommé en 1934 ministre sans portefeuille au sein du gouvernement dirigé par Georges Theunis.
  • [6]
    Le suffrage universel instauré en 1893 est tempéré par le vote plural accordé à certaines catégories de citoyens.
  • [7]
    C’est l’hypothèse avancée par Henri Haag et Carl-Henrik Höjer. Cf. H. HAAG., « La politique intérieure de 1914 à 1926 », op. cit., p. 62 ; C.-H. HÖJER, Le régime parlementaire belge de 1918 à 1940, Uppsala-Stockholm, CRISP, 1969, p. 85.
  • [8]
    E. WITTE et J. CRAEYBECKX, La Belgique politique de 1830 à nos jours. Les tensions d’une démocratie bourgeoise, Bruxelles, Labor, 1987, p. 210.
  • [9]
    De composition inédite, ce gouvernement se base sur un parti, le POB, et sur une fraction de l’Union catholique belge, c’est-à-dire les démocrates-chrétiens, notamment flamands. Il prend fin à la suite de l’échec de la stabilisation du franc belge. Le motif de sa chute a fait l’objet de beaucoup de spéculations. Une des hypothèses qui revient souvent est celle d’une conspiration des banquiers.
  • [10]
    Durant la Première Guerre mondiale, les frontistes revendiquent l’unilinguisme et l’autonomie de la Flandre, ainsi que la scission de l’armée en régiments flamands et wallons.
  • [11]
    Artiste peintre de formation, Édouard (dit War) Van Overstraeten (1891-1981) fonde en 1920 un Parti communiste belge. Délégué au IIe congrès de l’IC et membre de son comité exécutif du IIIe au IVe congrès, il est le premier secrétaire général du PCB, dont il est député pour l’arrondissement de Liège de 1925 à 1929.
  • [12]
    Créée à l’automne 1886, la Jeune garde est un groupe de propagande antimilitariste structuré dès 1894 en une Fédération nationale des jeunes gardes socialistes (FNJGS). Il a ses porte-parole délégués à chaque congrès annuel du POB. Suite à l’adoption de nouveaux statuts du parti le 5 avril 1920, le caractère éducatif domine le mouvement durant les années 1920. Faible numériquement, relativement déconsidéré au sein du POB et entaché d’idéal révolutionnaire, il s’égare dans des discussions doctrinales jusqu’aux années 1930, lorsque de nouvelles perspectives s’ouvrent à lui.
  • [13]
    Secrétaire du Syndicat socialiste des employés, Joseph Jacquemotte (1883-1936) anime durant des années un courant minoritaire de gauche au sein du POB regroupé autour de l’hebdomadaire L’Exploité. Fondateur et directeur du Drapeau rouge, l’organe officiel du PCB, il est député de l’arrondissement de Bruxelles de 1925 jusqu’à sa mort.
  • [14]
    Docteur en droit et professeur à l’Université de Gand au sein de l’École spéciale du commerce annexée à la Faculté de droit, Marcel Lauwick (1877-1928) est également directeur de la Société d’études belgo-russes. Il exécute pour le compte du Ministère de l’Industrie et du Travail une mission officielle en Russie méridionale, où il étudie la situation des entreprises créées à l’aide des capitaux belges.
  • [15]
    Docteur en droit, Conrad de Buisseret Steenbecque (1865-1927) exerce plusieurs missions pour le compte de la diplomatie belge, notamment comme ambassadeur à Saint-Pétersbourg à partir de 1911, fonction qu’il est le dernier à remplir avant que la Belgique ne rompe ses relations diplomatiques avec la Russie. Il quitte ce pays le 3 août 1917 et prend sa retraite en 1921.
  • [16]
    La ville de Saint-Pétersbourg a changé plusieurs fois d’appellation. Elle est rebaptisée Petrograd de 1914 à 1924, puis Léningrad de 1924 à 1991, avant de retrouver son nom d’origine.
  • [17]
    Il s’agit d’enserrer la Russie dans un système international de surveillance, composé d’États hostiles au régime bolchevique, pour éviter la contagion révolutionnaire à l’Ouest.
  • [18]
    Sorti en août 1913 sous-lieutenant du génie de l’École royale militaire, Marcel De Roover (1890- 1971) s’engage comme volontaire dans la Force publique au Congo durant la Première guerre mondiale. À partir de 1920, il préside la commission d’émigration mixte gréco-bulgare travaillant dans le cadre de la Société des Nations. Il démissionne de son poste en 1926 pour accepter la proposition de la SGB d’assurer la direction de la Société générale industrielle et chimique du Katanga (SOGECHIM). Après avoir donné sa démission de ce poste en décembre 1940, il devient en janvier 1941 directeur de la Société de Bruxelles pour la finance et l’industrie (BRUFINA), c’est-à-dire le holding de la Banque de Bruxelles, et occupe jusqu’à sa mort de nombreuses fonctions dans diverses sociétés qui en dépendent.
  • [19]
    En réaction, Paul Hymans donnera sa démission de son poste de ministre des Affaires étrangères. Désapprouvant l’accord militaire franco-belge en gestation (il sera conclu le 7 septembre 1920), les socialistes visent en réalité derrière la personne de Paul Hymans la France elle-même, dont ils n’apprécient pas la politique hostile envers la Russie. Le 28 septembre 1920, un train sanitaire chargé de créer sur le front polonais une formation de secours, partira tout de même de Bruxelles pour Varsovie. Cette initiative, due au Comité Pro Polonia ! et à la Croix-Rouge de Belgique, est soutenue par de nombreuses personnalités catholiques et libérales.
  • [20]
    Le 25 juillet 1921 est signé le traité créant l’UEBL, qui est prévue pour une durée de cinquante ans à partir du 1er mai 1922 et dont la clause principale est l’abolition des droits de douane.
  • [21]
    J. GOTOVITCH, Du Rouge au Tricolore. Les communistes belges de 1939 à 1944. Un aspect de l’histoire de la Résistance en Belgique, Bruxelles, Labor, 1992, p. 13.
  • [22]
    La Couronne, 18 mars 1928, p. 1.
  • [23]
    J. BARTIER, « La vie sociale », in H. PIRENNE et al., Histoire de la Belgique contemporaine. 1914-1970, op. cit., p. 312.
  • [24]
    Le Franc-tireur belge, 1er novembre 1925, p. 1.
  • [25]
    Louis Picard (1886-1955) se consacre dès 1921 à l’organisation de l’Action catholique de la jeunesse belge, avant de fonder la Radio catholique belge en 1930 et l’Action catholique des hommes en 1935.
  • [26]
    Le 3 mars 1918 est signé le traité de paix séparée de Brest-Litovsk entre la Russie soviétique et l’Allemagne, traité censé laisser un répit à la première pour préparer le déclenchement en chaîne de la révolution en Europe.
  • [27]
    En marge de la conférence de Gênes (à laquelle doivent assister pour la première fois des délégués soviétiques pour examiner la question de la reprise éventuelle de relations économiques, ainsi que les conditions à imposer au préalable) est signé, le 16 avril 1922, le traité germano-russe de Rapallo. Négocié en secret, il prévoit le rétablissement des relations diplomatiques entre l’Allemagne et la Russie, ainsi que le développement de leurs relations économiques sans conditions préalables.
  • [28]
    Les Protocoles des Sages de Sion sont fabriqués par Mathieu Golovinski à la fin du XIXe siècle à la demande de la police politique tsariste et à l’intention de Nicolas II de Russie. Ce faux document est censé être un plan de conquête du monde par les Juifs et la franc-maçonnerie. Publié en Russie en 1903, il paraît en Allemagne en 1920 avant d’être traduit en français et en anglais.
  • [29]
    Comptant parmi les filiales de l’IC, l’Internationale syndicale rouge (Profintern) a elle-même pour branche principale le Comité international de propagande des ouvriers de transport révolutionnaires, ce dernier agissant par l’intermédiaire de Clubs internationaux de marins ou Interklubs. Un Club belge des marins révolutionnaires est créé à Anvers en 1928.
  • [30]
    Le SRI est fondé à Moscou en novembre 1922 à l’initiative du IVe congrès de l’IC. Son but est de soutenir matériellement, moralement et juridiquement les victimes de la lutte des classes. Il s’organise en sections nationales en 1924, année où un noyau, composé de militants anarchistes, se forme en Belgique. Son développement est rapide et en mai 1925, Charles Plisnier est nommé président de la section belge. Outre des communistes, la direction comprend des syndicalistes révolutionnaires, des anarcho-syndicalistes et des socialistes. En 1927, la direction du POB décrète que la qualité de membre du SRI et du Secours ouvrier international (SOI) est incompatible avec celle de membre du parti. La Section belge cesse alors d’être un lieu de rassemblement pour se réduire à une organisation purement communiste. Le 16 juin 1928, suite à un vote de son comité central statuant sur l’aide à apporter aux déportés politiques en URSS, Moscou décide de sa dissolution.
  • [31]
    Il s’agit de l’orthographe allemande de la Yidisher Arbeter Kultur Fareyn (Association culturelle des travailleurs juifs), qui est créée vers 1922-1923 à Anvers et à Bruxelles par des militants juifs socialistes du Bund (Algemayner Yidisher Arbeter Bund), la plus ancienne et la plus importante des organisations ouvrières juives d’Europe de l’Est. La Kultur Fareyn organise des cycles de conférences, des soirées théâtrales ou musicales. Pour les immigrés juifs, généralement jeunes, elle joue aussi le rôle de lieu de rencontre. Les communistes juifs commencent à y déployer une intense activité dans les années 1925-1926, avant d’en prendre le contrôle aux alentours de 1928.
  • [32]
    La Légion nationale, 1er avril 1928, p. 3.
  • [33]
    Chambre, Annales parlementaires, 20 décembre 1928, p. 408.
  • [34]
    Chambre, Annales parlementaires, 6 février 1930, p. 468.
  • [35]
    Le 12 mai 1927, une perquisition est menée dans les bureaux de l’ARCOS, organisme d’import-export installé à Londres depuis 1921 et servant de couverture aux activités de la Police politique soviétique (GPU) et du Komintern. De nombreux documents compromettants sont alors saisis, si bien que l’Angleterre rompra ses relations diplomatiques avec l’URSS jusqu’en 1930.
  • [36]
    Chambre, Annales parlementaires, 8 février 1928, p. 416.
  • [37]
    J. GOTOVITCH, « Histoire du Parti communiste de Belgique », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1582, 1997, p. 7.
  • [38]
    Idem, « La peur du Rouge dans les dossiers de la justice belge : la signification du procès de 1923 », in P. DELWIT et J. GOTOVITCH, La peur du Rouge, Bruxelles, Éditions de l’Université de Bruxelles, 1996, pp. 95-96.
  • [39]
    Chambre, Annales parlementaires, 27 juin 1928, p. 1467.
  • [40]
    Bulletin de l’UCB, 12 juillet 1928, p. 40.
  • [41]
    Bulletin de la SEPES, 15 janvier 1930, p. 1.
  • [42]
    Sorti de l’École des mines de Liège en 1900, Eugène Witmeur (1876-1957) assume à partir de 1906 à la Société métallurgique russo-belge, en tant que secrétaire général, la liaison entre le conseil et les usines métallurgiques, mines et charbonnages de ce complexe. Après la guerre, il joue un rôle en vue lors des conférences économiques internationales de Londres, Gênes et La Haye. Ses deux frères passent une partie de leur carrière en Russie. Joseph est ingénieur à la Société des hauts fourneaux de l’Olkovaïa jusqu’en 1913. Émile, futur professeur à l’Université de Liège, est secrétaire d’un consortium de banques belges et de sociétés belgo-russes de 1900 à 1904. La fille d’Émile, Claire, épousera Dimitry Jacovleff. Ancien général d’aviation du Tsar et grand expert en aéronautique, ce dernier compte parmi les amis proches d’Eugène. Il enseigne aux Universités de Liège et de Gand à partir de la seconde moitié des années 1920.
  • [43]
    Créée en 1919 et présidée par Valentin Haumont, l’Association belgo-russe apporte aide et assistance aux Belges rentrés démunis et à ceux qui sont restés en Russie. Elle se fait aussi le relais de la réalité soviétique à travers la revue de presse qu’elle publie dans un Bulletin bi-mensuel. Progressivement, son activité s’apparentera à de la contre-propagande, donnant une image peu reluisante de l’URSS.
  • [44]
    L’Association des Belges retour de Russie, présidée par Ed. Sapin, est créée vers août 1919. Elle édite Les Belges en Russie, bulletin de propagande anticommuniste à usage interne contenant de nombreuses et horrifiques descriptions de la Russie. Elle change de nom le 26 avril 1925 pour s’appeler l’Association belge des petits sinistrés en Russie, dont Fernand Graindorge prend la tête du bureau permanent (il sera vite remplacé par Émile Renaud). Défendant les intérêts des ouvriers et employés des entreprises belges spoliées en Russie, ce mouvement entre en rivalité avec le Comité de défense des intérêts belges en Russie. Il reproche également aux pouvoirs publics de rester indifférents à ses revendications, qu’il estime devoir être prioritaires par rapport à celles des grandes entreprises.
  • [45]
    Des avances de 5 000 francs-or maximum sont distribuées par le Comité à près de quatre cents familles. Elles sont réservées aux sinistrés revenus après le 7 septembre 1917, ayant rentré une déclaration avant le 1er août 1919 et pouvant justifier d’une situation précaire.
  • [46]
    Lettre du 28 décembre 1927 de Eugène Witmeur à [Paul Hymans] (Centre d’archives du Ministère des Affaires étrangères [MAE]. Dossier n° 36).
  • [47]
    Chambre, Annales parlementaires, 5 février 1930, p. 436.
  • [48]
    Cette conférence a pour but d’étudier les dispositions à insérer dans un traité avec la Russie concernant la répartition des dommages subis par les étrangers, et de régler les dettes contractées ou garanties par l’État russe vis-à-vis des ressortissants étrangers.
  • [49]
    Compte rendu de l’assemblée générale du 18 décembre 1927, p. 3 (MAE. Dossier n° 36).
  • [50]
    Chambre, Annales parlementaires, 22 mars 1927, p. 1050.
  • [51]
    Conseil des ministres du 7 janvier 1924 ; Procès-verbal n° 104, p. 6. Les procès-verbaux des Conseils des ministres sont consultables à l’adresse suivante : <http://arch.arch.be>.
  • [52]
    Lettre du 7 janvier 1924 de Gérard Cooreman et Eugène Witmeur à Henri Jaspar (MAE. Dossier n° 36).
  • [53]
    La grève de l’industrie métallurgique d’Ougrée-Marihaye, qui débute à la fin 1921, a marqué les esprits par sa rudesse. Menée par Julien Lahaut, elle implique une lutte entre socialistes et communistes et amène une scission du syndicat en cause. C’est aussi la première fois dans l’histoire du mouvement syndical que des dirigeants syndicaux sont empêchés de parler dans des assemblées de travailleurs et qu’une Maison du peuple est assaillie par ses propres affiliés. La percée du PCB dans la région liégeoise date de cette période.
  • [54]
    Lettre du 7 janvier 1924 de Gérard Cooreman et Eugène Witmeur à Henri Jaspar (MAE. Dossier n° 36).
  • [55]
    Conseil des ministres du 7 janvier 1924 ; Procès-verbal n° 104, p. 6.
  • [56]
    À cette conférence, la Belgique défend une position intransigeante par rapport à celle des autres pays présents, Henri Jaspar et Georges Theunis déclarant qu’ils ne laisseront porter aucune atteinte, même théorique, au droit de propriété des industriels belges.
  • [57]
    Compte rendu de l’assemblée plénière des membres des bureaux des différentes sections du Comité de défense des intérêts belges en Russie, tenue le 22 mai 1924 à la Société générale de Belgique, p. 4 (MAE. Dossier n° 36).
  • [58]
    Ibidem, p. 2.
  • [59]
    Les membres de l’UCB se substituent à cette occasion aux grévistes pour assurer les transports en commun dans la capitale. Tous les trams ne pouvant cependant pas sortir des dépôts, des autos de maître, autobus et camions, munis de banderoles UCB sont aussi réquisitionnés.
  • [60]
    Administrateur de diverses sociétés, président du Comité belge des expositions et du Comité de propagande nationale, Adrien van der Burch (1877-1954) s’engage dans l’armée comme volontaire durant la Première Guerre mondiale. Après le conflit, il est membre du Comité de politique nationale (CPN), de l’Action nationale et du Comité belgo-rhénan de Pierre Nothomb. Devenu président de l’Amicale des officiers de la campagne (AOC), il compte encore parmi les fondateurs, en 1939-1940, de la neutraliste Ligue de l’indépendance nationale.
  • [61]
    Entré à l’École des cadets en 1901 et à l’École militaire en 1903, Jean Spiltoir (1885-1953) est admis à l’École de guerre en 1911, où il devient lieutenant l’année suivante. Fait prisonnier en août 1914, il est interné en Suisse jusqu’en décembre 1918. Nommé capitaine commandant en 1919, il quitte l’armée en 1921 (il sera nommé major honoraire en 1946) pour se lancer dans les affaires (carburants, synthétiques et charbons).
  • [62]
    J. SPILTOIR, Les Unions Civiques, Bruxelles-Paris, La Renaissance d’Occident, 1922, p. 21.
  • [63]
    Bulletin de l’UCB, 12 janvier 1925, p. 6.
  • [64]
    Chambre, Annales parlementaires, 13 juin 1922, p. 1118.
  • [65]
    J. SPILTOIR, Les Unions Civiques, op. cit., p. 14.
  • [66]
    Bulletin de l’UCB, 12 janvier 1925, p. 12.
  • [67]
    Le CCI est la plus importante organisation patronale du pays de l’époque. Elle est précurseur de la Fédération des industries belges (FIB), transformée dans les années 1970 en Fédération des entreprises de Belgique (FEB).
  • [68]
    Bulletin de l’UCB, mars 1931, p. 23.
  • [69]
    Dans la pratique, le nom d’Entente internationale anticommuniste (EIA) est plus volontiers utilisé, nom qui s’impose définitivement en 1937. Nous l’utiliserons désormais alternativement avec le terme Entente.
  • [70]
    Lettre du 28 juillet 1924 de Jean Spiltoir à Théodore Aubert (EIA. Correspondance du bureau permanent. Belgique [CBPB], 1924-1929).
  • [71]
    Né en 1894, Carl Peters est grièvement blessé durant la Première Guerre mondiale comme patrouilleur sur l’Yser. En 1918, il est attaché au service de presse du Grand quartier général, puis, après l’armistice, successivement au service de censure, au bureau de renseignements politiques et à la Sûreté militaire de l’armée d’occupation. En 1923, il est attaché au service des renseignements généraux de la direction de la Sûreté militaire à Aix-la-Chapelle, où il a pour mission de suivre les activités des communistes en Allemagne et ailleurs.
  • [72]
    Il s’agit d’un petit journal de quatre pages paraissant tous les quinze jours. Il est à l’origine distribué gratuitement en toutes boîtes dans les quartiers ouvriers, puis au moyen d’abonnements payés directement par les patrons pour leur personnel, voire plus tard par abonnement collectif souscrit par tel ou tel industriel pour l’ensemble des habitants d’une commune qu’il veut toucher. Son contenu est (volontairement) hétéroclite puisqu’on y retrouve tant des recettes de cuisine et de la colombophilie que des informations et des caricatures anticommunistes.
  • [73]
    Jean Spiltoir est le directeur de cette société, dont il obtient 94 % des parts de fondateurs. Les autres actionnaires sont Jean-Constantin Gevers, lieutenant-colonel de gendarmerie retraité ; Victor Pierre, expert-comptable ; Carl Peters, Eugène Hermans, ancien commissaire adjoint de police ; Auguste Knudde, ancien officier de de Police judiciaire et Carl-Arthur Hansen-Soulie, publiciste. Victor Pierre est nommé comme secrétaire, Eugène Hermans et Carl Peters comme scrutateurs. Jean-Constantin Gevers, Carl Peters et Jean Spiltoir sont désignés administrateurs, et Victor Pierre commissaire.
  • [74]
    Remarques et considérations sur les instructions pour l’organisation et l’action des centres nationaux de l’Entente, document non daté, p. 1 (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [75]
    Bulletin de la SEPES, 15 janvier 1927, p. 29.
  • [76]
    La lutte contre le bolchevisme et le redressement de l’opinion. Aperçu sommaire de l’organisation et de l’activité, document confidentiel daté du 10 mars 1927, p. 2 (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [77]
    Constitution et objet, moyens d’action, p. 6 (Chambre, Annales parlementaires, 30 janvier 1934, p. 806).
  • [78]
    Président du CCI, du Groupement patronal mondial, de l’Organisation internationale des employeurs industriels et de l’Institut belge de normalisation, Jules Carlier (1851-1930) participe également à l’activité d’importantes entreprises industrielles privées.
  • [79]
    Nommé lieutenant et professeur à l’École de guerre en 1901, Léon Greindl (1867-1944) est major en 1911 et commandant de génie en 1918. Il est pensionné en 1921.
  • [80]
    Lettre du 11 janvier 1925 de [Jean Spiltoir] à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [81]
    Lettre du 25 août 1925 de [Jean Spiltoir] à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [82]
    Francis Balace observe quant à lui qu’ils se sont peut-être rencontrés lors de l’internement de Jean Spiltoir en Suisse durant la guerre. Cf. F. BALACE, « La droite belge et l’aide à Franco », Revue belge d’Histoire contemporaine, t. XVIII, n° 3-4, 1987, p. 589.
  • [83]
    Cette organisation coiffe alors l’ensemble des entreprises néerlandaises en Indonésie.
  • [84]
    Rapport sur l’entrevue du soussigné avec Monsieur Carlier à Bruxelles le 17 avril 1929, document joint à la lettre du 20 avril 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [85]
    Lettre du 15 juin 1927 de Jean Spiltoir à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [86]
    Ressortissant belge d’origine verviétoise et marié deux fois, Joseph Douillet séjourne trente-cinq ans en Russie, dont neuf sous le régime soviétique. Ouvrier de la Société des produits chimiques de Koustantinovka, il se présente comme ancien consul de Belgique à Rostov-sur-Don pendant la guerre civile. Il s’arroge en réalité lui-même ce titre qui ne lui a jamais été attribué officiellement, même si, à la demande de Paul Hymans, il assure entre février et juin 1919 l’intérim du consulat général de Kharkov qui sera ensuite transféré à Taganrog. Il remplit également diverses missions de type caritatif comme délégué de la mission Nansen de la Société des Nations et de l’European Student Relief, ainsi que comme sous-directeur d’une mission pontificale.
  • [87]
    Lettre du 23 novembre 1928 de [Alfred Odier] à André Collinet (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [88]
    Père d’André, Léon Collinet est administrateur délégué des Carrières et fours à chaux de la Meuse, et administrateur dans d’autres sociétés.
  • [89]
    Licencié en sciences commerciales et consulaires, Paul de Launoit (1891-1981) préside plusieurs sociétés, dont Cockerill, la BRUFINA ou encore la Société d’Ougrée-Marihaye.
  • [90]
    Lettre du 1er février 1929 de André Collinet [document également signé par Léon Collinet, probablement par le prince Kourakine et par une tierce personne dont la signature est illisible] à Théodore Aubert (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [91]
    Lettre du 25 janvier 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [92]
    Lettre du 1er février 1929 de André Collinet [document également signé par Léon Collinet, probablement par le prince Kourakine et par une tierce personne dont la signature est illisible] à Théodore Aubert (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [93]
    Lettre du 22 novembre 1928 de André Collinet à Georges Lodygensky (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [94]
    Copie d’une lettre du 13 avril 1929 signée par Jean Spiltoir et insérée dans une lettre du 16 avril 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [95]
    Le 23 février 1929 paraît dans le journal néerlandais Utrecht Dagblad une fausse version, élaborée par la Sûreté militaire, de l’accord militaire franco-belge de 1920. Ce faux mentionne également un accord anglo-belge de pure invention selon lequel la Belgique et l’Angleterre se seraient entendues pour violer le territoire des Pays-Bas en cas de guerre avec l’Allemagne. Cet article provoque une vive tension entre Bruxelles et La Haye, ainsi que de vives réactions au sein des opinions publiques belge et néerlandaise.
  • [96]
    Rapport sur l’entrevue du soussigné avec Monsieur Carlier à Bruxelles le 17 avril 1929, document joint à la lettre du 20 avril 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [97]
    Docteur en droit et industriel, Émile Digneffe (1858-1937) est sénateur libéral de l’arrondissement de Liège de 1919 à 1936 et bourgmestre de Liège de 1921 à 1928.
  • [98]
    Compte rendu de la réunion du comité du Front Unique le 4 mai sous la présidence de Monsieur Aubert et Rapport sur la situation du Front Unique vis à vis de la Sepes (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [99]
    Lettre du 26 juillet 1929 de André Collinet à Théodore Aubert (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [100]
    Rapport sur l’entrevue du soussigné avec Monsieur Carlier à Bruxelles le 17 avril 1929, document joint à la lettre du 20 avril 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [101]
    Lettre du 15 août 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [102]
    L’Entente Internationale contre la IIIe Internationale, Publié à l’occasion du Ve anniversaire de sa fondation, Genève, 1929, p. 30.
  • [103]
    Lettre du 15 février 1930 de Oscar Servais à Théodore Aubert (EIA. CBPB, 1930-1931).
  • [104]
    Ingénieur civil des mines, Gustave-Léo Gérard (1879-1949) entre en 1903 à la société anonyme Baume et Marpent, d’abord comme ingénieur puis comme chef du bureau d’études. En 1910, il prend la direction de la société anonyme de constructions métalliques La Nervienne à Charleroi. En 1913, il ouvre un Bureau d’ingénieur-conseil à Bruxelles. Membre de la Fédération des constructions, il est appelé en 1918 au CCI, dont il est successivement directeur général adjoint, directeur général et administrateur délégué. Lors de la création de la FEB en 1945, il en devient le conseiller. Délégué patronal, dix-huit ans durant, aux conférences internationales du travail, membre du conseil d’administration du Bureau international du travail (BIT), secrétaire général du Comité national belge de la chambre de commerce internationale, il participe également à de nombreuses négociations commerciales. Il est encore secrétaire général et vice-président délégué, puis président de l’Association belge de standardisation qui prendra le nom d’Institut belge de normalisation. Enfin, à partir de 1940, il assume la présidence du Comité national belge de l’organisation scientifique.
  • [105]
    Lettre du 11 août 1930 de André Collinet à Georges Lodygensky (EIA. CBPB, 1930-1931).
  • [106]
    Fondateur de la Compagnie du Kasai (Congo), Jean de Hemptinne (1861-1934) en préside le conseil d’administration à partir de 1901. La même année, il est nommé administrateur au sein du conseil de la Douairière et, en 1907, il participe à la fondation de la Société commerciale financière africaine, dont il est nommé administrateur. En 1909, il compte parmi les fondateurs de la Banque du Congo belge, dont il devient en 1910 membre du conseil d’administration, fonction qu’il occupe jusqu’à sa mort. En 1914, il se fait membre du Comité national de secours et d’alimentation. Après la guerre, il tient une place éminente tant dans les milieux industriels et commerciaux belges que congolais.
  • [107]
    Lettre du 11 août 1930 de André Collinet à Georges Lodygensky (EIA. CBPB, 1930-1931).
  • [108]
    Lettre du 8 novembre 1931 du baron Léon Greindl à Théodore Aubert (EIA. CBPB, 1930-1931).
  • [109]
    Docteur en droit, Willy de Munck (1879-1959) est nommé en 1923 directeur de la SGB, dont il devient vice-gouverneur en 1944. Administrateur de l’Union des banques patronnées dès 1919, il est aussi administrateur et président de diverses sociétés dans les secteurs financier et technique.
  • [110]
    Lettre du 30 décembre 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [111]
    Lettre du 3 février 1931 de André Collinet à Théodore Aubert (EIA. CBPB, 1930-1931).
  • [112]
    Lettre du 27 novembre 1930 de André Collinet à Théodore Aubert (EIA. CBPB, 1930-1931).
  • [113]
    Lettre du 2 décembre 1930 de Théodore Aubert au [général Louis Constant] (EIA. CBPB, 1930- 1931).
  • [114]
    Lettre du 2 mars 1931 de Oscar Servais à Théodore Aubert (EIA. CBPB, 1930-1931).
  • [115]
    Lettre du 1er juin 1931 de André Collinet à Théodore Aubert (EIA. CBPB, 1930-1931).
  • [116]
    Entré à l’École militaire en 1901, Émile Stappaerts (1883-1964) est admis à l’École de guerre en 1911, année où il est nommé lieutenant. Jusqu’en 1913, il est le condisciple de Jean Spiltoir et l’élève de Léon Greindl, avant d’être prisonnier en Allemagne de 1914 à 1918. Il quitte l’armée en 1925.
  • [117]
    Né en 1896, Érasme Gillard est rédacteur à la Gazette de Liège et consacre plusieurs essais à la politique soviétique en 1932, 1934 et 1936.
  • [118]
    Sont aussi membres de la SEPES divers dirigeants provinciaux de l’UCB, comme le futur général Boël pour le Hainaut ou Guy d’Aspremont-Lynden pour le Namurois.
  • [119]
    Lettre du 28 octobre 1931 de Alfred Odier à Jean Spiltoir (EIA. CBPB, 1930-1931).
  • [120]
    Lettre du 1er mai 1929 de Théodore Aubert à André Collinet (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [121]
    Lettre du 10 novembre 1931 de Théodore Aubert au baron Léon Greindl (EIA. CBPB, 1930-1931).
  • [122]
    Le congrès fondateur de cette Ligue (dont le siège est d’abord fixé à Berlin puis à Londres) se tient du 7 au 15 février 1927 au Palais d’Egmont à Bruxelles en présence de 175 délégués, dont Paul-Henri Spaak. L’initiative émane de formations et personnalités diverses, le tout étant orchestré par l'Allemand Willy Münzenberg. Après avoir demandé aux Ministères belges de l’Intérieur et des Affaires étrangères d’empêcher sa tenue, la SEPES surveille ce rassemblement par l’intermédiaire de l’un de ses agents, Louis Dumoulin, qui parvient à infiltrer les services communistes. Ce congrès fera également l’objet de son Bulletin du 15 mars 1927.
  • [123]
    Bulletin de la SEPES, 15 mars 1932, p. 28.
  • [124]
    Carl Peters, devenu rexiste en 1936, sera limogé de la SEPES à la mi-1937 (sous la seconde occupation, il dirigera les Formations de combat de Rex et collaborera au sein du Nationalsocialistische Kraftfahrkorps et de la SS-Wallonie). Jean Spiltoir reste, lui, la véritable cheville ouvrière du mouvement jusqu’en 1938, année où Émile Stappaerts lui succède avec le titre de directeur général. Depuis 1936-1937, la SEPES est dirigée en coulisses par Marcel De Roover. En 1939, ce dernier devient secrétaire de Demain/Toekomst, une asbl chargée de l’éducation physique et morale de la jeunesse belge, et dont Jean Spiltoir occupe le poste de directeur général à partir de mars 1940. À l’origine de sa fondation, on trouve notamment le vicomte Charles Terlinden (1878-1972), historien professeur à l’Université catholique de Louvain et disciple de l’Action française. Durant les années 1920, il est rédacteur de L’Autorité. Propagandiste convaincu du fascisme italien, il devient la décennie suivante une des figures de proue du Comité d’action pour l’universalité de Rome (CAUR) belge. Passant pour être un des inspirateurs de la Légion nationale et connu pour son rôle de chef d’orchestre de toute l’action pro-franquiste en Belgique, il est encore président de l’asbl Concentration de la propagande anticommuniste (COPAC), qui est fondée en 1938 et travaille en collaboration avec la SEPES.
  • [125]
    J. DOUILLET, Moscou sans voiles. Neuf ans de travail au pays des Soviets, Paris, Spes, 1928, p. 11.
  • [126]
    Joseph Douillet, qui a oublié quasi totalement sa langue maternelle durant son séjour en Russie, a en réalité fait rédiger son ouvrage par son fils Victor et par sa seconde femme, avec la collaboration de Serge Doring (son secrétaire d’origine russe et futur journaliste rexiste), de Mademoiselle Izvolsky et du général russe blanc Martchenko.
  • [127]
    Le Drapeau rouge, 4-5 septembre 1928, p. 1.
  • [128]
    Rapport sur l’entrevue du soussigné avec Monsieur Carlier à Bruxelles le 17 avril 1929, document joint à la lettre du 20 avril 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [129]
    Rapport sur l’entrevue entre le soussigné et Monsieur Douillet en date du 17 avril 1929, document joint à la lettre du 20 avril 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [130]
    Membre du Parti social-démocrate pour lequel il devient député à la 2e Douma, Grégoire Alekséevitch Alexinsky (1879-1968) émigre et ne rentre en Russie qu’en 1917. Adversaire du coup d’État d’octobre, il est arrêté en 1918. Libéré sous caution, il s’enfuit en Occident et se fixe à Paris avant de devenir membre délégué de la SEPES.
  • [131]
    Rapport de l’entrevue du 26 avril 1929 entre les deux Douillet, le comité du Front Unique et les quatre collaborateurs, document joint à la lettre du 26 avril 1929 de André Collinet à Théodore Aubert (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [132]
    Rapport sur l’entrevue entre le soussigné et Monsieur Douillet en date du 17 avril 1929, document joint à la lettre du 20 avril 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [133]
    Jean Spiltoir prétend lui-même à l’époque être en relation avec onze gouvernements ou centres nationaux de l’Entente. Le 10 avril 1929, il participe à Paris à une conférence avec des industriels français au cours de laquelle il aurait été décidé de créer une « Sepes française » sous sa direction. Cf. Rapport sur l’entrevue du soussigné avec Monsieur Carlier à Bruxelles le 17 avril 1929, document joint à la lettre du 20 avril 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [134]
    Rapport sur l’entrevue du 18 avril entre les deux Douillet et K.S.K., document joint à la lettre du 20 avril 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [135]
    Rapport de l’entrevue du 26 avril 1929 entre les deux Douillet, le comité du Front Unique et les quatre collaborateurs, document joint à la lettre du 26 avril 1929 de André Collinet à Théodore Aubert (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [136]
    Rapport sur l’entrevue entre le soussigné et Monsieur Douillet en date du 17 avril 1929, document joint à la lettre du 20 avril 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [137]
    Rapport sur l’entrevue du 18 avril entre les deux Douillet et K.S.K., document joint à la lettre du 20 avril 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [138]
    Les méthodes nouvelles dans la lutte contre le communisme. Nécessité des méthodes révolutionnaires – L’anti-Guépéou, document non daté et signé par Joseph Douillet (Centre d’études et de documentation. Guerre et Sociétés contemporaines [CEGES]. AA 1728/19).
  • [139]
    Article premier des statuts de la Ligue nationale belge contre le communisme (CEGES. AA 1728. Farde 15-26).
  • [140]
    Il semble que Jacques van Hoegaerden et Edmond Solvay aient été vice-présidents, alors qu’une proposition a été faite en décembre 1931 à Alexandre Galopin pour être le troisième.
  • [141]
    Komsomol est le nom courant de l’organisation de la jeunesse du Parti bolchevik, créée en 1918. Il s’agit d’un acronyme du Kommounistitcheski Soïouz Molodioji.
  • [142]
    A. RESANOV, « Cilacc » sans voiles. Sous le drapeau de la « Lutte active contre le Communisme », Paris, Édition A. Simon, 1933, p. 16.
  • [143]
    Ibidem, p. 18.
  • [144]
    Ibidem, p. 26.
  • [145]
    Ingénieur civil des mines, Alexandre Galopin (1879-1944) commence sa carrière à la Fabrique nationale (FN) d’armes de guerre à Herstal, dont il devient directeur et administrateur. Nommé directeur de la SGB en 1923, il en devient vice-gouverneur en 1932, puis gouverneur en 1935 à la mort d’Émile Francqui.
  • [146]
    Ingénieur des arts et manufactures, du génie civil et des mines, vice-président de la Société métallurgique russo-belge à Enakievo, Jean Jadot (1862-1932) est appelé en 1906 à la tête du département de l’industrie de la SGB, dont il devient vice-gouverneur en 1912, puis gouverneur en 1913, fonction qu’il occupe jusqu’à sa mort.
  • [147]
    Docteur en droit et en sciences politiques, Félicien Cattier (1869-1946) enseigne à l’Université libre de Bruxelles avant de devenir, en 1900, secrétaire de la Compagnie internationale d’Orient. En 1913, il est administrateur délégué de la Banque d’Outremer et dirige plusieurs de ses sociétés. Après la guerre, il est nommé président à la fois de la section financière et de la sous-section des fonds publics du Comité de défense des intérêts belges en Russie. À partir de 1928, il dirige les principales sociétés coloniales de la SGB.
  • [148]
    Pour justifier leurs propos, René Brion et Jean-Louis Moreau renvoient à deux documents se trouvant aux Archives générales du royaume (Fonds Finoutremer, 3/2) : une circulaire en date du 24 janvier 1933 signée par Willy de Munck et envoyée à Firmin Van Brée, et un extrait du procès-verbal n° 181 de la réunion du comité intérieur colonial daté du 2 février 1933. Cf. R. BRION et J.-L. MOREAU, La Société Générale de Belgique, 1822-1997, Anvers, Fonds Mercator, 1998, pp. 296 et 500-501.
  • [149]
    Né en 1885, Carlos Lefèvre enseigne au Collège Saint-Michel à Bruxelles avant de collaborer, notamment, avec la très réactionnaire Revue catholique des idées et des faits.
  • [150]
    Lettre du 4 décembre 1932 de Carlos Lefèvre à [Émile Francqui] (CEGES. AA 1728. Farde 15-26).
  • [151]
    A. RESANOV, « Cilacc » sans voiles. Sous le drapeau de la « Lutte active contre le Communisme », op. cit., p. 47.
  • [152]
    Ibidem, p. 29.
  • [153]
    Ibidem, p. 33.
  • [154]
    Rapport sur l’entrevue entre le soussigné et Monsieur Douillet en date du 17 avril 1929, document joint à la lettre du 20 avril 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [155]
    G. LODYGENSKY, Face au communisme (1905-1950). Quand Genève était au centre du mouvement anticommuniste international, Édition préparée et présentée par Youri Lodygensky et Michel Caillat, Genève, Slatkine, 2009, p. 414.
  • [156]
    Lettre du 2 décembre 1930 de Théodore Aubert à André Collinet (EIA. CBPB, 1930-1931).
  • [157]
    Lettre du 24 novembre 1930 de Théodore Aubert à Joseph Douillet (EIA. CBPB, 1930-1931).
  • [158]
    Lettre du 30 juillet 1930 de [Georges Lodygensky] à Lodewick Grondijs (EIA. Correspondance du Bureau permanent. Bureau colonial, 1928-1938).
  • [159]
    Lettre du 2 février 1933 de Théodore Aubert à Georges Theunis (EIA. CBPB, 1932-1935).
  • [160]
    Lettre du 4 mars 1932 de Théodore Aubert à Georges Theunis (EIA. CBPB, 1932-1935).
  • [161]
    Lettre du 2 février 1933 de Théodore Aubert à Georges Theunis (EIA. CBPB, 1932-1935).
  • [162]
    Rapport sur l’entrevue entre le soussigné et Monsieur Douillet en date du 17 avril 1929, document joint à la lettre du 20 avril 1929 de André Collinet à [Théodore Aubert] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [163]
    Créé en juillet 1932, ce mouvement est présidé par le général et baron Armand de Ceuninck, ancien ministre de la Guerre. À sa création, il veut être, sous l’impulsion de Georges Cuissart de Grelle et surtout du père jésuite Carlos Lefèvre, un groupe de propagande antibolchevique pluraliste réunissant les directeurs des principaux journaux conservateurs de Bruxelles. Il absorbe directement Moscou attaque !, mouvement de propagande et de conférences lancé en 1929 par le Français François Coty, à la fois parfumeur, magnat de la presse et bailleur de fonds de diverses entreprises réactionnaires et fascisantes de l’entre-deux-guerres en France. Dirigé dans ce dernier pays par le commandant Jean Renaud et en Belgique par le commandant Eugène de Launoy (ex-membre du corps expéditionnaire belge en Russie et futur président des Amitiés belgo-espagnoles durant la guerre civile d’Espagne), cet organisme est patronné par de hautes personnalités catholiques et libérales, ainsi que par des dirigeants d’associations d’anciens combattants. Au sein de son comité d’honneur, on retrouve notamment le prince Jean de Merode et Georges Vaxelaire pour la Ligue nationale belge contre le communisme, et le baron Léon Greindl pour la SEPES.
  • [164]
    Sur ordre du POB, Jules Destrée, Louis Piérard et Richard Dupierreux quittent cependant le mouvement dès 1919.
  • [165]
    Même lors de la phase fasciste de Pierre Nothomb, entre juillet 1925 et décembre 1927, un véritable rapprochement idéologique n’aura jamais véritablement lieu entre les deux mouvements. Alors que Pierre Nothomb prône la nationalisation des partis d’ordre, la Légion nationale, elle, cherche l’union des hommes d’ordre en dehors des partis politiques.
  • [166]
    Le général Piotr Nicolaïevitch Wrangel (1878-1928) s’établit en 1925 à Bruxelles, où il meurt. Il est notamment connu pour avoir fondé en septembre 1924 à Paris l’Union générale militaire russe. Connue sous le sigle de ROVS (Rossiisky Obchtievoinskyi Soyouz), cette organisation englobe toutes les associations militaires russes et assure la liaison entre leurs membres. Des départements sont créés dans les principales villes européennes, de même qu’aux États-Unis et en Chine. La section belge est dirigée par le général Hartman, membre de Moscou attaque ! et président des Anciens combattants russes résidant en Belgique.
  • [167]
    Chambre, Annales parlementaires, 24 janvier 1928, p. 318.
  • [168]
    Lettre du 30 juin 1924 de Charlotte Fricero à [Georges Lodygensky] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [169]
    Le groupe Pour l’Autorité abrège son nom en 1927 en L’Autorité. Il est présidé par Luc Hommel. L’hebdomadaire L’Autorité, dirigé par Étienne de la Vallée Poussin et administré par Gaëtan Furquin d’Almeida, est lui publié de 1924 à 1932 par des jeunes catholiques le plus souvent diplômés de l’Université catholique de Louvain et forts influencés par Charles Maurras.
  • [170]
    L’Action nationale, 23 septembre 1928, p. 830.
  • [171]
    Cet organisme est fondé en 1926 par Paul Otlet et Henri Lafontaine. Siégeant au Palais mondial à Bruxelles, il est en relation avec la Société pour les relations culturelles avec l’étranger, basée à Moscou et connue sous le sigle de VOKS. Il jouera un rôle actif dans le rétablissement des liens culturels et diplomatiques entre la Belgique et l’URSS, faisant notamment connaître le cinéma révolutionnaire russe aux Bruxellois.
  • [172]
    Le Drapeau rouge, 10 novembre 1929, p. 1.
  • [173]
    L’Action nationale, 15 janvier 1928, p. 14.
  • [174]
    Docteur en droit, Paul Hoornaert (1888-1944) devient l’avocat-conseil de la Société d’Ougrée-Marihaye. Officier pendant la Première Guerre mondiale, durant laquelle il est gravement blessé, il se mêle au lendemain du conflit aux milieux anciens combattants. Durant la Seconde Guerre mondiale, il est un des chefs de la Résistance et meurt dans le camp de concentration de Sonneburg.
  • [175]
    Chambre, Annales parlementaires, 6 mars 1928, p. 602.
  • [176]
    La Légion nationale, 20 juin 1926, p. 4.
  • [177]
    L’UFAC est une association d’anciens combattants créée en 1928 et articulée sur la base des fraternelles régimentaires. Progressivement, elle se place dans le sillage de la droite extrême sous la houlette du colonel Louis Louvau, qui en assume la présidence à partir de décembre 1933. La COFAG est elle une branche de l’UFAC née au début des années 1930.
  • [178]
    F. BALACE, « La droite belge et l’aide à Franco », op. cit., p. 602.
  • [179]
    J. STENGERS, « La droite en Belgique avant 1940 », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 468-469, 1970, p. 11.
  • [180]
    Ibidem, p. 10.
  • [181]
    Lettre du 6 février 1928 des chefs de la Légion nationale à Alfred Loewenstein (Chambre, Annales parlementaires, 30 janvier 1934, p. 805).
  • [182]
    Lettre du 19 février 1928 du comité directeur de la Légion nationale au directeur général du Comité central industriel (Chambre, Annales parlementaires, 30 janvier 1934, p. 806).
  • [183]
    Lettre du 22 novembre 1928 de André Collinet à Georges Lodygensky (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [184]
    Rapport sur les relations de Messieurs Spiltoir et Peters avec la Légion nationale, document joint au Compte rendu de la réunion du comité du Front Unique le 4 mai sous la présidence de Monsieur Aubert et au Rapport sur la situation du Front unique vis à vis de la Sepes (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [185]
    Compte rendu de la réunion du comité du Front Unique le 4 mai sous la présidence de Monsieur Aubert et Rapport sur la situation du Front Unique vis à vis de la Sepes (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [186]
    Haut fonctionnaire du Ministère de la Défense nationale, Albert Graveline est un ex-membre de la Légion nationale, qu’il quitte au printemps 1924 après être entré en conflit avec Henri Graff. Il fonde alors la Légion patriotique, qui fusionnera rapidement avec le Faisceau belge.
  • [187]
    Lettre du 28 juillet 1924 de Jean Spiltoir à Théodore Aubert (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [188]
    Lettre du 13 décembre 1928 de André Collinet à [Alfred Odier] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [189]
    Lettre du 28 novembre 1928 de André Collinet au bureau permanent de l’Entente (EIA. CBPB, 1924- 1929).
  • [190]
    Lettre du 13 décembre 1928 de André Collinet à [Alfred Odier] (EIA. CBPB, 1924-1929).
  • [191]
    Lettre du 20 décembre 1928 du président du comité directeur de la Légion nationale au bureau permanent de l’Entente (EIA. CBPB, 1924-1929).

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