Notes
-
[1]
Déclaration de J. Mottet à L’Appel, Magazine chrétien de l’événement, n° 217, mai 1999.
-
[2]
Évêque de Namur de 1899 à 1941.
-
[3]
R. Campé, M. Dumon, J.-J. Jespers, Radioscopie de la presse belge, André Gérard, 1975, p. 535.
-
[4]
J.-S., « Les quotidiens francophones et leur idéologie », La Revue nouvelle, n° 9, septembre 1977.
-
[5]
G. Ringlet, Le mythe au milieu du village. Comprendre et analyser la presse locale, Vie ouvrière, 1981, p. 113.
-
[6]
Comareg est une filiale de Havas Media Communication. Elle appartient donc au groupe Vivendi, anciennement Générale des Eaux. Ce groupe multisectoriel occupe en France une place de premier rang dans les secteurs des médias, des télécommunications et du multimédia. Il détient notamment 100 % de Havas, 49 % de Canal + et 24,5 % de BSKyB, respectivement premier groupe français et premier groupe britannique de télévision payante, 18,4 % d’Audiofina, 38,8 % du trust cinématographique UGC et comprend aussi de nombreux périodiques (L’Express, L’Expansion, Courrier international, La Vie française, Le Moniteur, L’Usine nouvelle) et de nombreux éditeurs (Laffont, Plon, Presses de La Cité, Larousse, Nathan, Bordas, Le Robert, Dalloz, Dunod, Masson, Pocket, …). Dans les télécommunications, Vivendi détient 100 % de Cégésat et 44 % de Cégétel. Il est associé à Softbank dans le secteur du multimédia. La participation dans Canal + est appelée à être ramenée à 40 %. La participation dans Audiofina n’est plus conçue comme permanente.
-
[7]
É. Lentzen, « La presse quotidienne francophone », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1515-1516, 1996, p. 35.
-
[8]
S. Govaert, « Les radios privées en Communauté française », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1201-1202, 1988, p. 25.
-
[9]
Depuis fin 1989, La Voix du Nord était à 70 % la propriété de ses salariés, via la société Voix du Nord Investissement, le solde étant détenu par le Crédit agricole et des personnes étrangères au journal. À l’automne 1998, le groupe Rossel a acquis une participation de 49 % dans le capital de La Voix du Nord Investissement. Le 19 juin 1999, l’assemblée générale extraordinaire de cette dernière société a entériné à la fois l’abandon du statut juridique de société en commandite par actions pour revenir à celui de société anonyme et l’entrée dans son conseil d’administration de deux représentants du groupe Rossel (Paul-Henry Fally, secrétaire général, et Claude Samain, directeur financier). En outre, selon Libération du 20 mai 1999, Rossel aurait acquis une participation de 35 % dans Camnord, filiale du Crédit agricole actionnaire de La Voix du Nord.
-
[10]
Le groupe Hersant est présent dans le Nord à travers le quotidien roubaisien Nord Éclair et dans le Hainaut à travers ses éditions Nord Éclair-Journal de Mons-Écho du Centre. Le groupe a comme filiales en Belgique les sociétés Nord Éclair belge, Société européenne de presse et de publicité et Société européenne de presse et de diffusion, à Tournai, et NE Diffusion, à Mouscron. Depuis 1983, le groupe Hersant détient une participation de 40 % dans la SA Rossel & Cie.
-
[11]
Le groupe R. Dupuis a notamment des intérêts dans la presse magazine (L’Evénement, L’Événement immobilier, Media Marketing, MM News), dans l’édition pédagogique et dans le secteur du matériel scolaire et de bureau.
-
[12]
É. Arcq et P. Blaise, « La nomination de l’évêque de Namur », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1330-1331, 1991, p. 47. À la même page, voir la relation de deux cas qui indiquent l’existence d’un climat de critique ou d’insatisfaction réciproque entre la rédaction et l’évêque nouvellement nommé le 7 février 1991.
-
[13]
Qui, rappelons-le, détient une participation de 40 % dans le capital de la SA Rossel & Cie. Cf. ci-dessus, p 11.
-
[14]
Vers l’Avenir, 6 décembre 1991.
-
[15]
Vers l’Avenir, 7 et 8 décembre 1991.
-
[16]
Les titres de la presse sont révélateurs : « Le casus belli de l’informateur religieux », Le Soir, 22 février 1995 ; « En cause, le ‘parachutage’ d’un informateur religieux. Mais pas seulement… », La Libre Belgique, 22 février 1995 ; « Les journalistes dénoncent ‘l’ingérence’ de Mgr Léonard », La Libre Belgique, 23 février 1995 ; « Outre les ‘parachutages’, le personnel de Vers l’Avenir redoute les synergies », Le Soir, 23 février 1995.
-
[17]
É. Lentzen, « La presse quotidienne francophone », op. cit., p. 33.
-
[18]
Cf. ci-dessus p 11.
-
[19]
Publiés sans indication du périmètre de consolidation, ce qui réduit l’intérêt des comparaisons dans le temps.
-
[20]
Cette restructuration a déjà commencé en décembre 1996 avec le regroupement des périodiques gratuits du groupe au sein de la société Hebdos de L’Avenir.
-
[21]
Cf. p 11.
-
[22]
François Desclée était intervenu le 27 janvier 1996 à Louvain-la-Neuve lors d’une journée d’étude organisée par l’Observatoire du récit médiatique (UCL). Le texte de son intervention a été publié sous le titre « Le point de vue du groupe Vers l’Avenir », in F. Antoine (éd.), Coupures de presse, Disparition de La Cité et survie des médias d’opinion, ORM/Éd. Academia-Bruylant, 1996, pp. 125-128.
-
[23]
Cette assemblée générale extraordinaire ne réunit en fait que cinq personnes : Luc Lannoye, le chanoine Jean-Marie Huet, Jacques Bourguignon, Jacques de Thysebaert et l’avocat de ce dernier.
-
[24]
C’est le 26 janvier 1999 que Cockerill Sambre diffuse le communiqué suivant : « Philippe Delaunois, auquel le président Francis Mer a proposé de nouvelles fonctions importantes au sein du groupe Usinor, a décidé pour des raisons personnelles, de décliner les responsabilités qui lui étaient offertes. Il quittera le groupe Cockerill Sambre lors de l’assemblée générale extraordinaire prévue pour fin mars/début avril. »
-
[25]
L. Rosenzweig, « Cet évêque belge de choc qui prêche le Carême au Vatican », Le Monde, 27 février 1999.
-
[26]
La Libre Belgique, 25 février 1999
-
[27]
Sous le titre « Quel avenir pour Medi@bel », cf. l’interview de L. Lannoye par Philippe Warzée, Pub, 10 mars 1999.
-
[28]
Stephan Jourdain (Vieux Waleffe, Office des propriétaires, …) détient divers intérêts dans la presse : dans Pan (en association avec Paul Vanden Boeynants, président du conseil d’administration de Sirius Éditions, filiale à 50,5 % de Vieux Waleffe), dans L’Éventail (le conseil d’administration de la société éditrice est présidé par Gérald Frère ; Rik De Nolf, du groupe Roularta en est également membre), dans Dimanche-matin (édité par la SA Dimanche Presse contrôlée à parité avec Patrice le Hodey).
-
[29]
La société sera constituée le 26 mai 1999 sous l’appellation Financière des médias (Médiafina). Les (seuls) fondateurs sont Stephan Jourdain et la SA Vieux Waleffe. Il existe par ailleurs une société Mediafin, filiale de la CLT, dont la création remonte au 1er juillet 1993. Cf. É. Lentzen et M. Legros, « Les télévisions en Communauté française », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1491-1492, 1995, p. 9.
-
[30]
Les principaux intérêts du groupe Roularta dans la presse hebdomadaire sont représentés, en néerlandais, par Knack-Magazine et Trends, et, en français, par Trends-Tendances. Le groupe partage avec le groupe Vivendi (cf. supra, pp. 9-10) le contrôle de Le Vif-Magazine, société éditrice de l’hebdomadaire Le Vif-L’Express, et avec le groupe français Bayard celui de Belgo-media, société éditrice de Telepro. Le groupe Roularta est co-actionnaire avec De Persgroep de la chaîne flamande VTM.
-
[31]
Cf. ci-dessus, p. 11
-
[32]
« L’avenir du patrimoine de la communauté diocésaine Namur-Luxembourg en danger ? », Sonalux, avril 1999.
-
[33]
Financieel Economische Tijd, 21 avril 1999. Sur le groupe R. Dupuis, cf. ci-dessus, p. 11.
-
[34]
Sonalux, juin 1999, p. 2
-
[35]
L’Écho, 24 avril 1999.
-
[36]
J.-M. C., Le Monde, 25 avril 1999. Cf. aussi l’interview de J.-M. Colombani, président du directoire du Monde, dans Le Matin, 30 avril 1999.
-
[37]
Les indications fournies alors, encore imprécises, sont les suivantes : le capital d’Axemedia (qui s’élèverait à 1 milliard de francs belges) serait réparti entre la Compagnie de développement des médias (40 à 50 %), le groupe suisse Edipresse (co-éditeur du quotidien Le Temps) (10 %), représenté par son secrétaire général Antonin Gross, et des personnalités catholiques francophones : Charles et Lucien Beauduin, Michel Delloye (ancien administrateur délégué de la CLT, administrateur de EVS), Maurice de Montjoye (administrateur délégué de Dewaele), Philippe de Woot de Trixhe (président de IBA), Paul-François Lambert (président de Fountain), François, Patrice et Philippe le Hodey, Jean-Claude Logé (administrateur délégué de Systemat), Jean Stephenne (administrateur-directeur de Smithkline Beecham Biologicals, président de l’UWE), Luc Willame (administrateur délégué de Glaverbel, vice président de la FEB), Bernard Woronoff (administrateur de Capital et Finance).
-
[38]
Sonalux, juin 1999, p. 2.
-
[39]
Cf. annexe : Quelques dispositions du droit canon.
-
[40]
Sonalux, avril 1999.
-
[41]
Le Monde, 16 juin 1999
-
[42]
Le Soir, 15 juin 1999
-
[43]
À ce propos, cf. les déclarations de P.-H. Fally, secrétaire général de Rossel, La Libre Belgique, 23 juin 1999.
-
[44]
Dominique Collinet est président du conseil d’administration de La Mosane, qui compte également comme administrateur J.-M. Delwart. Ces deux personnalités étaient apparues comme partenaires de S. Jourdain au sein de son consortium Mediafin.
-
[45]
En 1870, le Grand-Duché de Luxembourg a été érigé en diocèse relevant directement du Saint-Siège. Cette décision suivait de peu la dissolution de la Confédération germanique en 1866 et la reconnaissance de l’indépendance du Grand-Duché en 1867. En 1985, à l’issue d’une visite pastorale du pape Jean-Paul II, l’évêque de Luxembourg, Mgr Jean Hengen, a été promu au rang d’archevêque à titre personnel. L’année suivante, l’évêché de Luxembourg a été élevé au rang d’archidiocèse non métropolitain. Mgr Fernand Franck, qui était depuis 1977 secrétaire général de la Confédération pontificale pour la propagation de la foi, succéda en 1990 à Mgr Jean Hengen. Il était le premier prélat à accéder directement à la dignité d’archevêque de Luxembourg.
-
[46]
Depuis le 3 avril 1992, le conseil d’administration de l’asbl est composé de Mgr A. M. Léonard, président, de l’abbé Joseph Bayet, de l’abbé Guy Martin et de l’abbé René Gérard, secrétaire (dernière publication aux Annexes au Moniteur belge Asbl, 14 mai 1992, p. 3607).
-
[47]
Cf. notamment l’éditorial de J.-P. Duchateau, « Vigilance pas suspicion », La Libre Belgique, 2 juillet 1999.
-
[48]
Cf. ci-dessus, p. 30.
-
[49]
Rappelons que les conventions signées par S. Jourdain le 31 mai prévoyaient l’acquisition de 100 % du capital de Medi@bel pour un montant total de 1.140 millions de francs (cf. ci-dessus, p. 32. Par ailleurs, selon Libération du 20 mai 1999, Le Monde aurait proposé « de racheter 80 % de Medi@bel pour 18,6 millions d’euros ».
-
[50]
« (…) c’est également le besoin d’une recapitalisation, très rapide, de Medi@bel, de l’ordre de 800 millions de francs. Montant que nous sommes prêts à investir et qui s’ajoute au prix à payer pour les actions, dont le montant est top secret. », Ph. Delaunois, L’Écho, 16 juin 1999.
-
[51]
Media Marketing, n° 150, juillet-août 1999, p. 5 ; cf. aussi les déclarations de T. Leysen à Trends-Tendances, 15 juillet 1999, et notamment « J’accorderai une aussi large autonomie éditoriale aux titres de Medi@bel qu’au Standaard ».
-
[52]
La Mosane détient par ailleurs une participation dans une autre entreprise de presse, Editeco, société éditrice du quotidien L’Écho.
-
[53]
« L’ex-patron de Cockerill Sombre, qui offre un visage wallon à un groupe qui ne l’est guère », Trends-Tendances, 17 juin 1999 ; « L’avenir nous dira si Philippe Delaunois est autre chose que le faire-valoir wallon des intérêts de la VUM », Media Marketing, n° 150, juillet 1999, p. 7.
-
[54]
On observera aussi à quel point la dénomination de l’acquéreur (Société belge d’édition) et celle de son principal actionnaire (Vlaamse Uitgeversmaatschappij) sont à la fois semblables et différentes.
-
[55]
P. Delaunois, L’Écho, 16 juin 1999.
-
[56]
La Libre Belgique, 19 juin 1999.
-
[57]
Dans l’entre-deux-guerres, on avait assisté à la formation d’un groupement comme Pressa Nova associant deux quotidiens flamands, De Courant et Het Volk et deux quotidiens francophones, Le XXe siècle et La Cité nouvelle.
-
[58]
G. Duplat, Le Soir, 2 juillet 1999.
-
[59]
É. Lentzen, « La presse hebdomadaire francophone », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1519, 1996.
-
[60]
X. Mabille, Histoire politique de la Belgique. Facteurs et acteurs de changement, CRISP, éd. revue et complétée, 1997, p. 454.
-
[61]
L’Écho, 16 juin 1999.
-
[62]
L’Appel, n° 217, mai 1999.
-
[63]
Cf. supra, p 12.
-
[64]
Sydes, filiale de la VUM et actionnaire comme elle de la Société belge d’édition, partage avec la VRT le contrôle de la SA Var chargée de la régie commerciale de la publicité radiophonique de la VRT. Elle édite également des périodiques comme Intermédiaire et Clickx.
-
[65]
« Les structures de la presse quotidienne », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1, 1959.
-
[66]
« Dans un paysage médiatique en pleine évolution, des quotidiens catholiques, mais pourquoi donc ? », L’Appel, mensuel chrétien de l’événement, mai 1999.
-
[67]
Stephan Jourdain est l’arrière petit-fils d’un des fondateurs, en 1884, du quotidien catholique indépendant Le Patriote, dont La Libre Belgique a pris la suite en 1918.
-
[68]
Les quotidiens édités par la VUM sont tous de tendance catholique et c’est tout récemment, le 7 septembre 1999, que De Standaard a décidé de ne plus faire figurer, à partir du 1er octobre, en haut de sa première page l’acronyme V (Alles voor Vlaanderen, Vlaanderen voor Kristus). AVV
-
[69]
Le mécanisme est le suivant : IPM détient 88,3 % du capital de la Compagnie nouvelle de communication dont le solde du capital (11,7 %) est détenu par la SC Promotion de la presse et des idées libérales.
-
[70]
Le Soir, 2 juillet 1999.
-
[71]
Le Matin, 16 septembre 1999.
-
[72]
X. Mabille, « La presse belge : un curieux pluralisme », La Revue nouvelle, septembre 1975, p. 251 ; cf. aussi Th. Luyckx, « De opinierichtingen in de Belgische dagbladpers », Res Publica, 1975/2, pp. 223-244.
-
[73]
H. Dumont, Le pluralisme idéologique et l’autonomie culturelle en droit public belge, vol. 2 : de 1970 à 1993, Bruylant/Publications des Facultés universitaires Saint-Louis, 1996, p. 307.
-
[74]
Cf. l’entretien avec Corinne De Permentier, ministre de l’Audiovisuel et l’article signé C. S., « Revoir les mécanismes de l’aide à la presse », Le Soir, 24 septembre 1999.
-
[75]
D. Ducarme, Le Soir, 2 juillet 1999.
-
[76]
Les comptes consolidés de la SA Vers l’Avenir font apparaître une diminution importante de l’effectif moyen annuel du personnel de 1994 (260) à 1997 (112) (derniers comptes publiés).
-
[77]
Communications, Diocèse de Namur, périodique mensuel, 40e année, n°4, 1er avril 1998, p. 118. Où l’on lit plus loin : « … une asbl peut librement gérer et aliéner ses biens », Ibidem, p. 119.
-
[78]
Nous nous référons à l’édition Cerf/Tardy 1989 du Code de droit canonique annoté. Les commentaires émanent de la Faculté de droit canonique de l’université pontificale de Salamanque.
-
[79]
Décret de la conférence épiscopale de Belgique du 28 octobre 1986, Pastoriala, Bulletin officiel de l’archidiocèse de Malines-Bruxelles, 16 septembre 1986.
-
[80]
Cf. É. Arcq et P. Blaise, « La nomination de l’évêque de Namur », op. cit., p. 10 et passim.
-
[81]
Pour 1997, il s’agit de chiffres contrôlés par le Centre d’informations sur les médias CIM, et pour 1998, de chiffres déclarés au CIM. Le CIM mène par ailleurs une enquête annuelle sur l’audience des médias. Pour la dernière période de référence (juin 1998/juin 1999), les chiffres publiés indiquent une progression globale de 2,3 % du lectorat de la presse quotidienne francophone par rapport à l’année précédente. Apparaissent notamment en progrès La Nouvelle Gazette/La Province (+ 16,8 %), La Dernière Heure/Les Sports (+ 8,8 %), Le Soir (+8,4 %). Apparaissent au contraire en recul Vers l’Avenir (- 11,2 %), La Libre Belgique (-11 %), La Meuse (- 4,7 %). La même enquête indique un recul global de 3,1 % du lectorat de la presse quotidienne flamande. En chiffres absolus, les quotidiens francophones totaliseraient 1.642.500 lecteurs et les quotidiens flamands 2.685.900. Sur l’évolution récente de l’audience de la presse, cf. G. Thoveron, « Presse écrite : turbulences », Le Ligueur, 6 octobre 1999.
Introduction
1Au cours des dernières années, un malaise s’est manifesté, d’abord de façon latente, ensuite de façon de plus en plus ouverte, parmi la haute direction et la rédaction du quotidien catholique namurois Vers l’Avenir. Les raisons et les manifestations de ce malaise ont été multiples.
2Au début de 1999, des informations et des rumeurs circulent à propos d’une éventuelle cession des participations détenues dans le groupe de presse Medi@bel/Vers l’Avenir par l’évêché de Namur d’une part, par des personnes privées d’autre part.
3L’intérêt suscité par ces informations et rumeurs est en proportion de l’importance du groupe Vers l’Avenir proprement dit, mais aussi des participations qu’il détient à son tour dans d’autres entreprises de presse et tout particulièrement dans la SA d’informations et de productions multimédia IPM, la société éditrice des quotidiens La Libre Belgique et La Dernière Heure.
4Il est d’autant plus intéressant de faire le point sur le processus de restructuration du capital de Medi@bel qui s’en est suivi que les liaisons financières établies en amont et en aval de cette société, soit à la veille, soit au lendemain de l’opération, concernent une partie importante de la presse belge. Et que les groupes qui s’étaient portés candidats acquéreurs et dont l’offre n’a pas été retenue en fin de compte étaient eux aussi très représentatifs des milieux de la presse et d’autres milieux d’affaires. En outre, l’intervention, à divers stades du processus, d’entreprises et groupes de presse de diverses nationalités a donné à l’affaire une réelle dimension internationale.
5L’implication de l’évêché de Namur impose enfin de prendre en considération divers autres aspects, y compris certaines dispositions du droit canonique et leur application.
De Vers l’Avenir à Medi@bel
De la création du quotidien à la formation du groupe
6Le 19 novembre 1918, paraît à Namur le premier numéro d’un nouveau quotidien, Vers l’Avenir.
7Les sources convergent pour reconnaître l’importance de la part prise dans cette initiative par l’évêque de Namur. « Vers l’Avenir a été fondé en 1918 par l’évêque de Namur dans le but de créer ‘une bonne presse’ (…) chrétienne. » [1] « En 1918, un vieux journal catholique conservateur de Namur au titre évocateur, L’Ami de l’Ordre, disparaît. Il est coupable d’avoir continué à paraître après 1914, sous l’occupation allemande et avec les encouragements de l’autorité ennemie. (…) dès le lendemain de l’armistice, Mgr Heylen [2] fait des démarches auprès de diverses personnalités catholiques de la région pour qu’elles s’associent à la publication d’un nouveau journal. » [3]
8La société éditrice est constituée après quatre années de parution du quotidien, le 22 décembre 1922, sous la dénomination La Presse catholique dans la Province de Namur, société anonyme. Elle a pour but (art. 2 des statuts) : « la publication et l’exploitation du journal Vers l’Avenir, ainsi que de toutes autres publications qu’elle jugerait utile d’adjoindre par la suite ; l’exploitation d’un commerce de librairie, imprimerie et papeterie ».
9Le capital de 600.000 francs est représenté par 600 actions de capital de 1.000 francs. Il existe, en outre, 300 parts de fondateurs dont le nombre ne pourra être augmenté dans la suite.
10Les actions de capital (selon le cas, nominatives ou au porteur) sont souscrites, dans des proportions variables, par les vingt-quatre personnes qui participent à la constitution de la société (deux d’entre elles, le député permanent Georges Everard et le baron de Moffarts, agissent tant en nom personnel que se portant fort du groupe – non dénommé dans l’acte de constitution – qu’elles représentent). Deux actions de capital donnent droit à une part de fondateur.
11L’article 43 des statuts précise : « À l’expiration du terme fixé aux présents statuts, si la société n’est pas prorogée, la liquidation aura lieu selon les règles suivies en matière de société. Toutefois, l’actif sera partagé de manière suivante : d’abord il sera procédé au remboursement des actions de capital à leur valeur nominale. Le surplus de l’actif appartiendra aux parts de fondateurs. »
12Vers l’Avenir a cessé de paraître du 13 mai 1940 au 8 septembre 1944, Marc Delforge, directeur du journal de 1934 à 1975, est de 1942 à 1944 chef de cabinet d’Antoine Delfosse, ministre de l’Information du gouvernement belge à Londres. L’expansion de Vers l’Avenir au-delà des limites de la province de Namur commence véritablement en 1948, avec la prise de contrôle du quotidien catholique arlonais, L’Avenir du Luxembourg, dont la création remonte à 1894.
13Le 29 décembre 1951, l’assemblée générale extraordinaire des actionnaires de La Presse catholique dans la Province de Namur modifie les statuts et proroge la société pour une nouvelle durée de trente ans. Treize actionnaires déposent 105 actions de capital. Aucune part de fondateur n’est déposée.
14L’expansion de Vers l’Avenir – et cette fois au-delà des limites du diocèse de Namur – se poursuit avec la prise de contrôle, en 1956, du quotidien catholique verviétois Le Courrier, dont la création remonte à 1904.
15Le 30 avril 1963, l’assemblée générale extraordinaire des actionnaires de La Presse catholique dans la Province de Namur modifie la raison sociale de la société en Vers l’Avenir. À cette assemblée, six actionnaires déposent 67 actions ; parmi eux, le chanoine Defays, secrétaire de l’évêché.
16En 1965, un accord est conclu avec le quotidien catholique tournaisien Le Courrier de l’Escaut, dont les origines remontent à 1829 et dont Vers l’Avenir prend le contrôle en 1967-1968. Avant cette date, le groupe familial Desclée de Maredsous apparaissait comme l’actionnaire prépondérant du Courrier de l’Escaut.
17En 1973, une négociation est menée entre Vers l’Avenir et La Cité, quotidien édité à Bruxelles et lié au Mouvement ouvrier chrétien et à ses organisations constitutives. Visant à la conclusion d’un accord d’impression, la négociation n’aboutira à aucune concrétisation.
18En juillet 1986, Vers l’Avenir acquiert le titre quotidien verviétois Le Jour, créé en 1984. Pour la première fois, le groupe s’étend au-delà des limites de la presse quotidienne catholique en intégrant un journal d’information sans tendance particulière. Le 8 septembre 1986, un nouveau titre, Le Jour-Le Courrier, naît de la fusion des deux quotidiens qui coexistaient à Verviers et dont Vers l’Avenir avait successivement pris le contrôle.
19Le dernier quotidien à être entré dans le groupe est en juin 1987 le journal catholique carolorégien Le Rappel, dont la création date de 1900. Les prises de contrôle du Jour et du Rappel se sont opérées après que leurs sociétés éditrices respectives aient fait aveu de faillite.
20Alors que le groupe continue encore à apparaître comme un pôle de concentration dans la presse quotidienne en Wallonie avec une implantation dominante dans la partie rurale de la région, il amorce simultanément un mouvement de diversification en direction de nouveaux secteurs : audiovisuel, presse publicitaire gratuite, périodiques à destination des enfants et des adolescents.
21On peut se référer au témoignage d’observateurs pour cerner l’image du groupe de presse namurois : « Le groupe Vers l’Avenir s’est spécialisé dans les informations régionales d’intérêt parfois très local, qui distinguent ses différents titres. Édité à Namur où il domine, disposant d’un quasi-monopole dans le Luxembourg, ce journal marqué par ses sympathies sociales-chrétiennes et surtout soucieux de ne mécontenter aucun groupe professionnel, assez conservateur sur les problèmes de structures économiques, il prend rarement parti lorsque des grèves sont déclenchées dans sa zone d’influence. » [4] « N’étant lié à aucun groupe financier, politique, syndical ou de presse, Vers l’Avenir se définit lui-même comme ‘indépendant’, ‘de tendance chrétienne et sociale’. Proche de l’Église sans en être le porte-parole, proche du PSC sans en être l’organe, proche des problèmes wallons sans être fédéraliste (…). » [5]
Les contours du groupe Medi@bel
22La SA Medi@bel détient des participations, directes ou indirectes, majoritaires ou non, dans des entreprises de presse (édition, impression, distribution) et de développement audiovisuel ainsi que dans des entreprises actives dans des secteurs connexes. La SA Medi@bel (anciennement Vers l’Avenir) a adopté sa dénomination actuelle le 17 février 1999 et porté à la même date son capital de 3.106.656 francs à 3.227.192 francs par prélèvement sur réserves.
23Elle possède plusieurs filiales, dont elle détient la totalité du capital :
- Les Nouveaux médias de l’Avenir, constituée le 11 septembre 1995 à Namur au capital de 2.500.000 francs ; son objet social est l’exploitation de médias quels qu’en soient le contenu et le support ;
- Centre d’impression de Rhisnes SA, constituée le 30 décembre 1996 à Rhisnes (La Bruyère) au capital initial de 2.500.000 francs porté à 10 millions de francs le 19 juin 1997, suite à l’apport par la SA Vers l’Avenir de sa branche d’activité imprimerie ;
- Éditions de l’Avenir, à Arlon. Anciennement dénommée La Presse luxembourgeoise, son capital a été porté de 12.800.000 francs à 14.800.000 francs le 19 juin 1997 suite à la fusion par absorption de La Presse verviétoise et de Le Courrier de l’Escaut et à 85 millions le même jour suite à l’apport par Vers l’Avenir de sa branche d’activité presse quotidienne et presse hebdomadaire payante. La société Éditions de l’Avenir a à son tour pour filiale la société Presses de l’Avenir, à Arlon, dont le capital a été porté de 20 millions à 22.500.000 francs le 30 décembre 1996 suite à l’absorption de l’Immobilière du Val de Forest.
24Le groupe Medi@bel édite cinq titres quotidiens :
- Vers l’Avenir, à Namur, qui possède plusieurs éditions régionales (Brabant wallon, Huy-Waremme, Entre Sambre et Meuse, …) ;
- L’Avenir du Luxembourg, à Arlon ;
- Le Courrier de l’Escaut, à Tournai ;
- Le Jour Le Courrier, à Verviers ;
- Le Rappel, à Charleroi
25Depuis septembre 1998, les quotidiens du groupe se présentent en deux cahiers, l’un commun aux différentes éditions ; l’autre, intitulé ‘Région’, spécifique à chacune d’entre elles.
26Le groupe Medi@bel édite également un titre hebdomadaire, Le Courrier, à Philippeville, de diffusion beaucoup plus modeste.
27Depuis 1985, le groupe s’est implanté dans la presse publicitaire gratuite. Il a renforcé sa présence dans ce secteur en décembre 1997 en acquérant le contrôle à 74,9 % de l’éditeur flamand de journaux toutes boîtes AZ, en association avec la VUM (25,1 %), et en janvier 1998 en concluant un accord avec Comareg, leader français de la presse gratuite avec son réseau Bonjour riche de 145 publications [6].
28Dans ce secteur, la filiale spécialisée de Medi@bel est la société Hebdos de l’Avenir, à Rhisnes, devenue filiale commune (50/50) avec Comareg.
29Les journaux publicitaires gratuits du groupe Medi@bel, réunis au sein du groupe Plus, comptent près de 50 éditions locales et assurent une couverture quasi totale du territoire belge, avec une diffusion de l’ordre de 2 millions d’exemplaires en français et de quelque 3.250.000 exemplaires en néerlandais.
30Le groupe s’est implanté au cours de la dernière décennie dans le secteur de la presse pour enfants et pour adolescents. En 1992, Vers l’Avenir a obtenu les droits d’exploitation en Belgique de l’hebdomadaire Le Journal des enfants, créé par le journal L’Alsace en 1986 à destination d’un public de lecteurs de 8 à 12 ans. En même temps, a été lancé un autre périodique, Coup d’œil, pour les 13 à 15 ans. En septembre 1997, Vers l’Avenir a repris à Casterman les dossiers thématiques Actualquarto. Un supplément mensuel est joint au Journal des enfants et à Coup d’œil, tandis qu’un mensuel autonome Actualquarto est destiné aux lecteurs de 16 à 20 ans.
31Vers l’Avenir a été la première entreprise de presse francophone à créer sa propre radio, Radio Vers l’Avenir, le 2 mai 1983 [7]. Le groupe de presse fournit des services à un réseau de radios locales [8].
32Medi@bel est également associé à la société française Sofirad (actionnaire prépondérant de Radio Monte Carlo) dans les sociétés Sofer et Tele 6. La société Sofer a repris le réseau des radios locales utilisant la franchise Radio Nostalgie en Wallonie et à Bruxelles. Sofer contrôle la société Socom à Tournai et détient 50 % du capital de Socarad à Charleroi.
33Le groupe Vers l’Avenir est, depuis la fin des années 1980, associé sous de multiples formes, au quotidien lillois La Voix du Nord [9]. Cette association s’est notamment concrétisée dans la participation en commun à la création des sociétés française Nord Est Picardie Télévision (NEP-TV) et belge Belnep-Production. Sous diverses formes, la coopération entre Vers l’Avenir et La Voix du Nord a manifesté une volonté commune d’endiguer la concurrence exercée par le groupe Hersant dans le département du Nord et dans la province de Hainaut [10].
34De 1985 à 1995, le groupe Vers l’Avenir a participé avec d’autres groupes ou entreprises de presse à la constitution de plusieurs autres sociétés, notamment dans le secteur des développements audiovisuels :
- en 1985, à la constitution de la société Audiopresse, elle-même actionnaire minoritaire (34 %) de la société TVI, créée en décembre 1985 pour l’exploitation de RTL-Télévision (RTL-TVI à partir de 1987). Medi@bel détient 29,2 % du capital d’Audiopresse, à égalité avec les groupes Rossel et IPM ;
- en 1990, à la constitution de la société Audiohebdo, les principaux groupes actionnaires d’Audiopresse détiennent chacun 11,1 % du capital d’Audiohebdo ;
- en 1995, à la constitution de la scrl Central Station, chargée de développer un projet de mise en œuvre d’un service télématique. Vers l’Avenir et IPM y participaient à concurrence de 8 % aux côtés du groupe Rossel (16 %) et de groupes de presse flamands, dont la VUM.
35Depuis septembre 1995, les groupes Vers l’Avenir et La Voix du Nord se partagent, sur une base 51/49, le contrôle de la société de droit luxembourgeois La Financière de l’Avenir. À son tour, cette dernière société détient une participation de 32,3 % dans IPM, SA d’Informations et de Productions Multimédia, société éditrice des quotidiens La Libre Belgique et La Dernière Heure.
36La Financière de l’Avenir est aussi, depuis mai 1997, l’actionnaire majoritaire (53 %) de la société de droit luxembourgeois Quatuor Invest et en partage le contrôle avec le groupe familial R. Dupuis [11]. À son tour, Quatuor Invest détient une participation de 34,8 % dans IPM, dont le solde du capital (32,3 %) appartient à la Compagnie de développement des médias, holding de la famille le Hodey. L’augmentation de 5 à 53 % de la participation de La Financière de l’Avenir dans le capital de Quatuor Invest et par conséquent l’accroissement de l’influence de La Financière de l’Avenir dans IPM a été présentée à l’époque comme étant réalisée en parfait accord avec le groupe familial le Hodey.
37Au 1er janvier 1998, Vers l’Avenir et IPM ont adhéré à la régie publicitaire Scripta, où ils ont rejoint les groupes flamands VUM (De Standaard, Het Nieuwsblad, Het Volk), Concentra (Het Belang van Limburg) et Roularta (De Krant van West-Vlaanderen). Jusqu’alors, Vers l’Avenir était associé, dans la régie Full Page, aux groupes flamands De Persgroep (Het Laatste Nieuws, De Morgen) et De Vlijt (Gazet van Antwerpen) et au groupe francophone Rossel (Le Soir, Sud Presse, …). La Libre Belgique et La Dernière Heure étaient associées de longue date au sein de la Régie générale publicitaire. L’adhésion de Vers l’Avenir et d’IPM a permis à Scripta de supplanter Full Page comme première régie publicitaire en Belgique. Il s’agit là d’un élément d’appréciation de première importance des décisions qui seront prises en 1999.
38Le groupe Medi@bel détient encore des intérêts minoritaires dans les sociétés éditrices de deux autres quotidiens belges :
- une participation de 13,6 % détenue par La Financière de l’Avenir dans le capital d’Editeco, société éditrice de L’Écho. Editeco a un actionnariat très dispersé, dans lequel on retrouve d’autres groupes de presse (dont Rossel & Cie, à concurrence de 14,5 %) et diverses sociétés (dont la Mosane, à concurrence de 16,3 %) ;
- une participation de 14,6 % détenue par Medi@bel dans le capital de BLC Média, société éditrice du quotidien Le Matin. Cette participation était précédemment de 25 % mais a été ramenée à son taux actuel suite à la dernière augmentation de capital de BLC Média à laquelle Medi@bel a refusé de participer. Malgré ce refus, Medi@bel reste l’opérateur industriel du titre Le Matin. BLC Média a un actionnariat très concentré, le solde du capital étant détenu par la Société régionale d’investissement de Wallonie SRIW et les anciens actionnaires des quotidiens socialistes La Wallonie et Le Peuple Le Journal.
39Le périmètre du groupe Vers l’Avenir/Medi@bel n’a cessé de s’étendre au cours des dernières années. Autour du noyau central constitué par Vers l’Avenir lui-même et les autres titres quotidiens intégrés, l’extension s’est fréquemment opérée en association avec divers partenaires : ainsi Comareg/Vivendi et la VUM dans la presse publicitaire gratuite, Sofirad en radio, La Voix du Nord pour des opérations de présence en Hainaut et dans le Nord, ainsi que pour le contrôle d’IPM, où apparaissent aussi comme partenaires les groupes familiaux le Hodey et R. Dupuis. La prise de contrôle du titre Le Jour et surtout l’acquisition de participations dans La Dernière Heure/Les Sports, L’Écho et Le Matin ont permis au groupe de franchir les limites de la presse catholique. Sa dimension actuelle situe le groupe Medi@bel au second rang des groupes de presse francophones de Belgique, derrière le groupe Rossel.
Croissance et restructuration : des révélateurs de tensions
40La dernière décennie a été pour le groupe Vers l’Avenir (aujourd’hui Medi@bel) une période de croissance et de diversification au cours de laquelle s’opère une restructuration et en même temps une période émaillée d’incidents et de tensions d’ordre divers. En outre, dès la moitié de la décennie, les comptes consolidés de la société de tête du groupe font apparaître pour la première fois un déficit, qui va croissant d’exercice en exercice.
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42Le 19 mai 1990, les journalistes du groupe Vers l’Avenir constituent une Société des rédacteurs. Lors de l’assemblée annuelle de celle-ci, le 1er juin 1991, « ses membres décident de rédiger une charte fixant notamment les critères d’engagement des journalistes ainsi que les modalités de déplacement à l’intérieur du groupe » [12].
43En 1991, se situe un voyage en Belgique de Robert Hersant et de dirigeants de son groupe [13]. Ce voyage est l’occasion de nombreux contacts avec les milieux de la presse francophone et aussi avec l’Évêché de Namur.
44Des mises au point ne tardent pas à être diffusées. Elles sont très révélatrices du climat prévalant alors dans les milieux professionnels de la presse. La première d’entre elles émane de la Société des rédacteurs du groupe Vers l’Avenir :
« Réunie jeudi à Namur, la Société des rédacteurs du Groupe Vers l’Avenir s’est étonnée et émue d’avoir appris, au cours du week end, qu’un contact avait eu lieu, à l’évêché de Namur, entre l’actionnaire principal de la SA Vers l’Avenir et le groupe Hersant, ce dernier ayant présenté une proposition d’achat d’actions.
Elle se réjouit que ce projet n’ait pas abouti, en particulier grâce à la réaction des administrateurs du Groupe Vers l’Avenir.
Elle observe toutefois que cet événement montre les risques d’instabilité de l’actionnariat de Vers l’Avenir et qu’il est donc nécessaire d’organiser une plus grande transparence et un meilleur contrôle du capital.
Elle rappelle dans cet esprit que, depuis plusieurs années, le personnel a exprimé son souhait d’accéder à l’actionnariat.
Elle regrette que la direction n’ait pas jugé utile d’informer, plus rapidement et de sa propre initiative, le personnel et les lecteurs des événements graves qui se sont déroulés.
La Société des rédacteurs du Groupe Vers l’Avenir demande à être informée complètement et associée à tout processus de rapprochement avec d’autres journaux, notamment La Libre Belgique, La Dernière Heure et La Voix du Nord, afin que son avis sur la question puisse être pris en considération.
Elle signale que la bonne santé du Groupe Vers l’Avenir ne rend pas ces rapprochements impératifs et qu’elle ne s’est jamais prononcée à ce sujet.
Elle rappelle que le souci des journalistes du Groupe Vers l’Avenir est de préserver leurs journaux qui ne sont pas une marchandise ordinaire qu’on vend ou achète sans d’autre ambition que commerciale. Vers l’Avenir est aussi le capital moral et intellectuel de ses lecteurs et de ses journalistes, un journal attaché à des valeurs et à une région, un patrimoine démocratique commun qu’il faut défendre ensemble. » [14]
46Une seconde mise au point émane le lendemain de la direction de Vers l’Avenir, en accord avec ses actionnaires :
« Parce qu’elle entend couper court aux rumeurs les plus diverses et aux informations erronées diffusées ces derniers jours, la direction de Vers l’Avenir tient à publier, en total accord avec ses actionnaires, la mise au point suivante :
- S’il y a bien eu récemment un contact informel entre l’actionnaire principal de la SA Vers l’Avenir et un représentant du groupe Hersant, Vers l’Avenir entend démentir formellement que ce dernier ait présenté une quelconque proposition d’achat des actions du premier groupe de presse wallon. Il ne s’agissait en fait de la part du groupe Hersant que d’une proposition d’entente dans l’hypothèse où une partie du capital du groupe La Libre Belgique – La Dernière Heure serait à vendre. Cette proposition a été refusée tant par les actionnaires que par la direction du journal sans qu’il n’y eût d’ailleurs aucun suivi à cette entrevue.
- La direction du journal entend rassurer clairement son personnel, ses lecteurs et ses annonceurs sur la stabilité de son actionnariat et sur la bonne santé financière de la SA Vers l’Avenir, qui résulte d’une politique saine de développement et d’investissement, poursuivie depuis de nombreuses années.
- Cependant, dans la perspective du maintien du pluralisme d’une presse belge francophone et indépendante, la direction de Vers l’Avenir, ne pouvant accepter l’expansion du groupe Hersant en Belgique, examine actuellement des possibilités d’associations avec d’autres éditeurs (notamment dans le domaine de la distribution et de la publicité), conditions essentielles pour garantir le développement de la presse écrite. » [15]
48Même si cet épisode reste sans lendemain, les réactions exprimées à cette occasion éclairent déjà des positions et des comportements qui seront encore observés ultérieurement.
49Le 22 décembre 1994, un préavis de grève est déposé, pour le 10 janvier 1995, par les délégués du personnel de Vers l’Avenir. Ce préavis est suspendu le 6 janvier, après acceptation d’un cahier de revendications à négocier. Les négociations sont toutefois rompues et la grève a lieu effectivement le 22 février, touchant cette fois l’ensemble des titres quotidiens du groupe. Si les revendications portaient au départ sur de nombreux aspects et notamment l’avenir de l’entreprise, le respect des engagements en matière de statut du personnel et l’évolution des services techniques, le point de rupture est la nomination d’un informateur religieux avant discussion des garanties d’indépendance réclamées [16].
50L’année 1995 apparaît comme une année cruciale, avec la création de la SA Les Médias de l’Avenir, avec la publicité donnée à l’importance de la participation détenue par l’asbl Évêché de Namur dans le capital de la SA Vers l’Avenir et avec la mise au point d’accords avec La Voix du Nord pour le contrôle de La Financière de l’Avenir, actionnaire prépondérant de la société IPM.
51C’est le 24 mai 1995 que « l’asbl Évêché de Namur et des personnes privées ont créé une société, Les Médias de l’Avenir, avec pour objet social la prise de participations dans la société Vers l’Avenir. Le capital de cette nouvelle société a été élargi, de façon très minoritaire à la société La Voix du Nord le 24 octobre 1995. » [17]
52Le capital initial de la SA Les Médias de l’Avenir fixé à 2.712.000 francs a été porté à 2.714.500 francs le 24 octobre 1995. Il sera encore augmenté de 384.000 francs le 22 août 1996. Il existe trois catégories de titres, entre lesquelles sont précisées des conditions de cessibilité accompagnées de droits de préemption.
53Le capital de la SA Les Médias de l’Avenir est réparti comme suit :
- 42,6 % à l’asbl Évêché de Namur ;
- 57,32 % aux représentants de diverses familles associées de longue date à la gestion du groupe de presse (familles de Thysebaert, Desclée de Maredsous, de Dorlodot, Nève de Mévergnies, Thibaut de Maisières, …) ;
- 0,08 % à La Voix du Nord.
54La SA Les Médias de l’Avenir détient à son tour une participation de 27,7 % dans le capital de la SA Vers l’Avenir, dont le solde du capital (72,3 %) est détenu par l’asbl Évêché de Namur. Si le lien entre l’évêché et le groupe de presse était de longue date de notoriété publique, c’est à partir de 1995 que l’importance de la participation détenue est connue avec précision.
55Le 15 juin 1995, l’assemblée générale extraordinaire des actionnaires de la SA Vers l’Avenir décide la conversion des trois cents parts de fondateur en trois cents actions nouvelles de capital et l’unification de l’ensemble des titres existants, par suite de cette conversion, en neuf cents actions nominatives sans désignation de valeur nominale.
56Une modification du conseil d’administration de la SA Vers l’Avenir intervient le même jour. Mgr E. Massaux, ancien recteur de l’UCL, qui avait été désigné en 1991 comme représentant de l’évêché, est remplacé par l’abbé (aujourd’hui chanoine) Jean-Marie Huet, tandis que trois nouveaux administrateurs sont désignés : J.-P. Lefebvre, Luc Lannoye et Patrice du Bois de Bounam ; ce dernier est un ancien directeur commercial du groupe La Libre Belgique/La Dernière Heure.
57Les décisions relatives à la création de la SA Les Médias de l’Avenir et à la répartition de son capital ont été approuvées par les instances tant de la SA Vers l’Avenir que de l’asbl Évêché de Namur. Mais il n’est pas exclu que l’évaluation qui a pu en être faite ultérieurement – notamment du point de vue du respect de la situation patrimoniale de l’évêché – ait pu alimenter un malaise déjà latent.
58Un autre moment fort de l’année 1995 s’est situé en septembre, avec la conclusion de l’accord entre les groupes Vers l’Avenir et La Voix du Nord les associant, sur une base 51/49, pour le contrôle de La Financière de l’Avenir [18].
59Enfin, l’exercice 1995 est le premier dans l’histoire de Vers l’Avenir qui se termine par un déficit. Les comptes consolidés [19] font apparaître au 31 décembre 1995 une perte de l’exercice après impôts de 21.852.000 francs. L’exercice 1994 était encore bénéficiaire (+ 18.306.000 francs). La situation déficitaire se poursuivra au cours des exercices suivants : – 29.335.000 en 1996, – 73.077.000 en 1997. Cette évolution s’opère alors même qu’il y a croissance du chiffre d’affaires.
60En mars 1996, le conseil d’administration de la SA Vers l’Avenir décide à l’unanimité de nommer au poste de rédacteur en chef Jo Mottet, qui était directeur-rédacteur en chef de L’Avenir du Luxembourg. Sa nouvelle fonction l’amène à diriger les rédactions de Vers l’Avenir, toutes éditions, et du Rappel, et à présider le comité des rédacteurs en chef du groupe. La décision met un terme à une procédure de succession en cours depuis plusieurs mois. Sept candidatures avaient été introduites. Thierry Degives, qui aurait eu les préférences du conseil de direction, devient directeur-rédacteur en chef de Le Jour/Le Courrier et des journaux publicitaires gratuits verviétois. Tandis que l’article de J.-P. Stroobants dans Le Soir du 12 mars 1996 est intitulé « Un nouveau rédacteur en chef à Vers l’Avenir : Monseigneur place-t-il ses pions ? », la Société des rédacteurs du groupe dit craindre que « d’autres considérations que les compétences professionnelles aient influencé le choix du conseil d’administration » et ajoute : « Une fois encore, les interventions de l’évêque de Namur semblent avoir été décisives. »
61En juin 1997, au moment où intervient une réorganisation des structures du groupe [20], il est fait état dans divers organes de presse de tensions entre l’évêché de Namur et les familles actionnaires de la SA Les Médias de l’Avenir. En novembre de la même année, l’annonce d’un déficit de l’ordre d’au moins une cinquantaine de millions de francs belges s’accompagne de celle d’un plan de restructuration portant essentiellement sur une réduction des coûts salariaux via des mises en prépension.
62Vers la mi-septembre 1998, a lieu une grève de la rédaction en opposition au licenciement du rédacteur en chef Baudouin Lenelle. La reprise du travail s’opère après un accord sur la présentation, le 31 décembre au plus tard, d’un plan de redéploiement industriel et sur l’engagement de négocier une charte rédactionnelle.
63Début octobre 1998, le conseil d’administration de Vers l’Avenir réagit à la prise de participation importante de Rossel dans La Voix du Nord : « cet investissement significatif (…) change fondamentalement la nature de la relation entre le groupe Vers l’Avenir et La Voix du Nord. (…) le conseil d’administration réaffirme la volonté de confirmer Vers l’Avenir et IPM comme groupe de presse indépendant en Communauté française de Belgique, dans le respect d’un réel pluralisme de la presse. »
64On a vu ci-dessus [21] que le groupe Vers l’Avenir et le quotidien lillois La Voix du Nord s’étaient associés sous de multiples formes depuis la fin des années 1980 et que leur coopération manifestait une volonté commune d’endiguer la concurrence exercée par le groupe Hersant dans le département du Nord et dans la province de Hainaut. En outre, depuis septembre 1995, les deux groupes se partageaient le contrôle de La Financière de l’Avenir, actionnaire de la SA IPM. La modification de l’actionnariat de La Voix du Nord, avec l’entrée du groupe Rossel à concurrence de 49 %, était perçue comme entraînant un risque d’influence indirecte du groupe Hersant, lui-même actionnaire à concurrence de 40 % de la SA Rossel & Cie.
65Au même moment, le Syndicat national des journalistes (SNJ) demande au gouvernement français « de faire surseoir » à l’entrée de Rossel dans le capital de La Voix du Nord « tant que sa légalité n’est pas vérifiée ». L’organisation professionnelle française souligne que l’opération a été annoncée « avant même l’agrément par le conseil de surveillance de VNI (Voix du Nord Investissement) ».
66Le 30 septembre 1998, le conseil d’administration de Vers l’Avenir nomme Luc Lannoye administrateur délégué spécialement chargé du plan stratégique du groupe.
67La réunion du conseil d’administration qui se tient le 15 octobre est marquée par une aggravation des tensions.
68Le 14 novembre 1998, à la suite de la convocation par l’évêque de Namur d’une assemblée générale extraordinaire ayant à son ordre du jour la révocation et la nomination d’administrateurs, on apprend la démission de quatre membres du conseil : Patrick du Bois de Bounam, par ailleurs secrétaire général du groupe Sabena, Jean-Pierre Lefebvre, professeur de droit des médias, Jacques Planchard, gouverneur honoraire de la province de Luxembourg, et Henri Monville, administrateur du groupe depuis près de trente ans. Les trois premiers d’entre eux, agissant comme administrateurs indépendants et non actionnaires, déclarent dans un communiqué commun « ne plus être en mesure d’agir au sein du conseil d’administration dans l’intérêt de l’entreprise et en particulier de ses clients et de son personnel ».
69Les représentants du personnel font prévaloir alors l’idée d’une mission de conciliation confiée à une personnalité indépendante, chargée de créer avant l’assemblée générale du 18 novembre, « les conditions d’un rapprochement entre les parties et de donner ainsi une dernière chance à une solution négociée ». Le conciliateur choisi, Jean Hallet, ancien président de l’Alliance nationale des mutualités chrétiennes, ancien président des conseils d’administration de l’UCL et de la RTBF, président du ‘comité des sages’ du PSC, demande un délai de vingt jours, qui lui est refusé par l’Évêché.
70Le président du conseil d’administration de Vers l’Avenir, François Desclée de Maredsous, par ailleurs secrétaire général du groupe Tractebel, donne sa démission le 18 novembre au matin : « Les nombreux efforts afin d’accorder les actionnaires sur un projet d’entreprise, dans le seul intérêt de celle-ci, sont restés vains », déclare t-il [22]. François Desclée reste président des Médias de l’Avenir.
71L’assemblée générale extraordinaire du 18 novembre 1998 [23] décide la révocation de Jacques de Thysebaert (« lequel poursuivra sa mission de directeur général du groupe ») et élit trois nouveaux administrateurs : le baron Jean Godeaux, gouverneur honoraire de la Banque nationale de Belgique, Marc della Faille de Leverghem, ancien directeur général de CBR, et Guy Keutgen, secrétaire général de la Fédération des entreprises de Belgique (FEB), qui composent le conseil avec les administrateurs non démissionnaires (ou non révoqués) : Luc Lannoye (qui assumera seul la charge d’administrateur délégué qu’il partageait avec Jacques de Thysebaert depuis le 30 septembre), le chanoine Jean-Marie Huet et Dominique le Hodey.
72Le 15 décembre 1998, ce dernier est porté à la présidence du conseil ; il cumule cette fonction avec celles d’administrateur d’IPM et d’administrateur délégué de Spector Photo Group (ses frères Patrice et François sont respectivement vice-président du comité permanent et administrateur délégué d’IPM).
73Enfin, le 17 février 1999, la SA Vers l’Avenir adopte la dénomination Medi@bel.
Les offres de reprise
Les premières démarches
74Il est malaisé d’établir de façon rigoureuse la chronologie des premières démarches relatives à la reprise du groupe Medi@bel ; elles se situent dans un contexte où des entreprises et groupes de presse, les uns belges, les autres étrangers, ont des projets de développement ou de rationalisation, tandis que d’autres sont attentifs aux possibilités qui peuvent s’offrir, sans être formellement polarisés sur un projet précis.
75Ainsi, un journal comme le quotidien français Le Monde se préoccupe dès l’été 1998 d’établir à Bruxelles ou du moins en Belgique les bases d’un réseau européen de presse associant des titres de nationalités différentes. Ainsi encore, la fonction même de l’administrateur délégué Luc Lannoye l’amène à multiplier les contacts.
76Dès février 1999, le grand groupe de presse flamand VUM contacte Philippe Delaunois, à l’époque encore activement engagé à Cockerill Sambre dont il est l’administrateur délégué directeur général [24].
77Le 15 février, les représentants syndicaux et les délégués des journalistes s’adressent à l’évêque de Namur. Selon eux, « l’asbl Évêché de Namur ne dispose pas des capitaux dont le groupe a un impérieux besoin ». « (…) L’image de marque de nos sociétés souffre de plus en plus chaque jour de l’amalgame abusif entre le groupe Vers l’Avenir et votre personnalité, un amalgame complaisamment exploité par la concurrence.. »
78Appelé à prêcher le carême au Vatican du 21 au 27 février [25], l’évêque de Namur répond au message, dont il dit apprécier « la franchise et le ton », en fixant un rendez-vous au 2 mars et en renvoyant entre-temps à l’administrateur délégué Luc Lannoye, « interprète autorisé de la position de l’évêché ». Lequel précise : « Les organes de décisions de l’asbl sont bien conscients que le nouveau partenariat pour l’avenir à organiser dans l’année qui vient, mais à vrai dire le plus tôt possible, implique une dilution du capital » et ajoute : « Si c’est de l’intérêt général, cette dilution pourrait aller jusqu’à céder le contrôle du groupe et de certaines entreprises qui le composent. Je ne perçois aucune exclusive qui puisse empêcher une telle issue. »
79Le 23 février 1999, Le Soir titre : « Vers l’Avenir cherche acquéreur » et Le Matin surenchérit le lendemain : « Vers l’Avenir à vendre ». Selon le premier, les familles actionnaires de la SA Les Médias de l’Avenir auraient donné mandat à Deminor, spécialisée dans la défense des intérêts des actionnaires minoritaires, pour étudier « la cession de leurs participations sans aucune restriction ». Selon la même source, l’évêché serait également vendeur. Selon L’Écho du même jour, la vente n’est que l’une des hypothèses, non prioritaire, envisagées par les actionnaires minoritaires. La réaction de Luc Lannoye aux articles du Soir et du Matin est vive : « Titrer ‘Vers l’Avenir est à vendre’, est complètement stupide ! » [26]
80Début mars 1999, l’évêque de Namur fait néanmoins connaître au personnel du groupe Medi@bel son intention d’abandonner la position majoritaire détenue par l’asbl Évêché de Namur. Mandat a été donné à Luc Lannoye de trouver un candidat repreneur dans un délai d’un an. L’injection de plusieurs centaines de millions de francs belges est jugée nécessaire pour rétablir la situation du groupe et assurer sa viabilité [27].
81Le 3 mars, un communiqué commun est diffusé par les représentants de l’évêché et les représentants du personnel. On y apprend que l’évêque « a réaffirmé que l’Évêché n’a aucune intention de conserver à tout prix sa majorité à Vers l’Avenir. Il n’entend pas non plus réaliser une opération financière : les sommes déjà, investies resteront à la disposition du groupe Medi@bel pour son développement. »
L’offre de Stephan Jourdain
82Un tournant important se situe le 31 mars 1999 quand Stephan Jourdain [28] annonce avoir, par une convention le liant (via sa société Vieux Waleffe), acquis la participation des Médias de l’Avenir dans Medi@bel, sous réserve d’un agrément du conseil d’administration de Medi@bel au plus tard le 31 mai.
83La conclusion d’une autre convention est annoncée le même jour par S. Jourdain ; elle vise à acquérir la participation de l’Évêché dans Medi@bel. Elle serait de même subordonnée à agrément par le conseil d’administration de Medi@bel.
84Dans un communiqué, Médi@bel évoque « une simplification et (…) une pacification de l’actionnariat de Medi@bel ». « Dans les mois à venir, un nouveau partenariat devrait s’organiser entre l’Évêché et les nouveaux actionnaires. Il n’est pas à exclure que les capitaux frais apportés par les nouveaux investisseurs conduisent à réduire davantage la participation de l’Évêché. »
85S. Jourdain se présente comme n’agissant pas seul mais en tant qu’administrateur délégué d’un consortium dénommé Mediafin [29], qui regrouperait, outre lui-même détenteur de 28 % :
- le comte Jean-Pierre de Launoit, président de RTL-TVI, présenté comme président de Mediafin, Jean-Marie Delwart, président de Floridienne, Dominique Collinet, président de Carmeuse (ensemble 27 %) ;
- le groupe de presse flamand Roularta [30] (22,5 %) ;
- La Voix du Nord [31] (22,5 %).
86Selon un communiqué signé par Benoît Coquelet, directeur général et Jacques de Thysebaert, administrateur délégué, le projet a « été reçu avec intérêt et bienveillance par le conseil d’administration de Medi@bel le jeudi 1er avril 1999 ». « À l’issue de la réunion qui s’est déroulée dans un climat constructif, les administrateurs ont estimé qu’il n’y avait aucune raison pour refuser l’agrément de cette cession de participation et ont décidé que le conseil se réunirait à nouveau le 20 avril prochain pour officialiser cette décision. »
Réactions au sein et autour de Medi@bel
87L’offre de Stephan Jourdain ne fut pas le premier acte posé relatif à la reprise éventuelle de Medi@bel, mais ce fut le premier à connaître une réelle publicité. Elle fut l’occasion de nombreuses réactions, émanant de sources très diverses et répondant à des motivations également diverses. Il y eut des réactions au sein même du diocèse de Namur [32]. Il y en eut dans le groupe Medi@bel/Vers l’Avenir et à proximité immédiate du groupe. Il y en eut, en cascade, à La Libre Belgique, à La Dernière Heure et dans la haute direction d’IPM. Il y en eut de façon générale dans l’ensemble du monde de la presse.
88Il faut citer tout particulièrement la réaction de la Société des rédacteurs de La Libre Belgique réunie en assemblée générale extraordinaire le 1er avril 1999 :
« La Société des rédacteurs de la ‘Libre Belgique’ (SDR), qui représente l’ensemble des journalistes salariés et indépendants, s’inquiète des mouvements d’actionnariat au sein du groupe Vers l’Avenir, lui-même actionnaire du groupe IPM, éditeur de La Libre Belgique, tels qu’ils ont été annoncés ce jeudi 1er avril, lors d’un conseil d’entreprise extraordinaire réuni à La Libre Belgique.
Parmi les noms cités figurent des actionnaires susceptibles de modifier fondamentalement la stratégie rédactionnelle, les options philosophiques et, plus généralement, l’image de marque de La Libre Belgique. L’un d’eux est, en outre, déjà actionnaire du principal concurrent de La Libre Belgique. Sa prise de participation est par conséquent potentiellement nuisible à l’indépendance et au développement de La Libre Belgique. Elle est de toute façon contraire au principe du pluralisme de la presse.
La Société des rédacteurs de ‘La Libre Belgique’ lance par conséquent un appel solennel à l’actionnaire principal de Vers l’Avenir, l’Évêché de Namur, pour qu’il prenne bien la mesure de telles implications.
La Société des rédacteurs de La Libre Belgique réaffirme sa volonté de défendre, comme elle n’a cessé de le faire depuis sa fondation, il y a vingt-six ans, l’indépendance rédactionnelle de ‘La Libre Belgique’, ainsi que son attachement aux choix éditoriaux qui ont présidé au lancement, le 10 mars, de la nouvelle ‘Libre’. »
90Cette réaction concerne sans aucun doute d’abord les intentions présumées de Stephan Jourdain lui-même à l’égard tout particulièrement de La Libre Belgique. En outre, la participation annoncée de Roularta et surtout de La Voix du Nord au consortium présenté sous la dénomination de Mediafin est perçue comme comportant au moins potentiellement un risque de concentration excessive dans la presse.
91On apprend que la Banque Degroof est chargée de procéder, pour le 25 mai, à l’évaluation de l’offre de S. Jourdain ainsi que des autres offres qui pourraient être présentées.
92Le 14 avril, le conseil d’administration de Medi@bel, convoqué d’urgence par l’administrateur délégué Luc Lannoye, se réunit en présence de l’évêque de Namur. Aucun agrément définitif n’est encore donné à l’offre de S. Jourdain par le conseil, qui a reçu deux lettres d’intention, l’une émanant du groupe de presse flamand VUM associé à une importante banque, non encore publiquement nommée, et à Philippe Delaunois, l’autre de la Compagnie de développement des médias (groupe familial le Hodey) qui fait état d’un accord du quotidien français Le Monde et du groupe de presse suisse Edipresse. On prévoit la présentation d’offres détaillées avant le 20 avril.
93Le 16 avril, la Compagnie de développement des médias introduit un recours en référé devant le tribunal de commerce de Namur en vue de connaître le contenu des conventions secrètes passées entre Medi@bel et La Voix du Nord, qui seraient de nature à violer les accords existant avec CDM.
94On annonce qu’une plainte en référé est déposée au tribunal de commerce de Namur par La Voix du Nord se prévalant de son droit de préemption. Le dépôt de la plainte ne sera toutefois pas confirmé.
95Il est fait état d’un intérêt manifesté par le groupe familial R. Dupuis [33] que certaines sources présentent comme agissant en concertation avec La Voix du Nord.
96Le 20 avril, tandis que l’évêque de Namur fait retraite à Gand, on apprend à la fois la démission de Luc Lannoye de son poste d’administrateur délégué de Medi@bel et le désistement de Roularta. Selon certaines sources, c’est « à l’insu de tous » que Luc Lannoye aurait signé les conventions avec Stephan Jourdain [34].
97Les familles actionnaires de la société Les Médias de l’Avenir annoncent qu’elles exigent une assemblée générale extraordinaire de Medi@bel et souhaitent que soit mise à l’ordre du jour la question de la composition et du fonctionnement du conseil d’administration. Elles considèrent qu’il y a conflit d’intérêt puisque le président du conseil Dominique le Hodey est aussi actionnaire de la Compagnie de développement des médias qui fait acte de candidature à la reprise.
98Le 22 avril, l’assemblée générale des actionnaires de la SA Medi@bel met un terme aux fonctions d’administrateur de Luc Lannoye et de Dominique le Hodey.
99Le conseil d’administration de la société porte ensuite le baron Jean Godeaux à sa présidence. Le nouveau président expose ainsi la conception qu’il se fait de sa mission : « Je continuerai un processus permettant d’examiner avec le plus d’équité et d’égalité possibles les propositions qui ont été faites et qui ont abouti à un jeu trop compliqué réunissant des initiatives non coordonnées. Le premier élément important est qu’il y aura un interlocuteur unique pour tout le monde, la Banque Degroof. C’est la raison de la démission de Luc Lannoye, qui s’est jusqu’ici impliqué avec beaucoup de mérite et de dévouement. Ma deuxième mission est de voir comment faire coïncider les offres avec nos statuts et de rendre les offres comparables. Il n’y a pas que les chiffres : nous avons à tenir compte de facteurs idéologiques, de la politique rédactionnelle, de l’influence que comptent avoir les candidats, des métiers spécifiques de la presse, … J’espère stabiliser les choses et permettre qu’une décision soit prise en faisant abstraction de facteurs irrationnels et de querelles. Dans cet état d’esprit, j’espère que ma présidence sera courte et que j’aurai agi dans le respect de l’actionnaire, des lecteurs et des journaux. » [35]
100Le 22 avril, le comité de Sonalux (Solidarité de chrétiens de Namur et Luxembourg) s’adresse aux membres du conseil presbytéral et des conseils pastoraux en tant que « responsables consultés par les instances diocésaines » « susceptibles de faire entendre leur voix avec efficacité et légitimité ». La lettre de Sonalux contient trois questions ‘de type éthique’ :
« - La vente des parts du diocèse dans Vers l’Avenir est d’actualité. La légitimité d’une telle décision par l’Evêque est-elle établie ?
- Dans la mesure où la vente est envisageable comme légitime, a-t-on la certitude que des critères éthiques ont été intégrés dans les critères de vente ? Sera-ce au plus offrant ou à celui qui garantit des valeurs de liberté rédactionnelle ? Ou encore en tenant compte de certains impératifs sociaux ? Où cela se vérifie-t-il ?
- Dans la mesure où la vente est effectuée, à qui iront les sommes d’argent de la vente ? Qui vérifiera les transactions et l’usage postérieur des sommes d’argent ? »
102Le conseil presbytéral du diocèse de Namur répond à cette lettre le 5 mai :
« Il est acquis que le Collège des consulteurs sera consulté selon les règles canoniques prévues dans ce cas. Le Conseil presbytéral a demandé à ce Collège de veiller au respect des critères éthiques qui donnent une priorité aux valeurs démocratiques et aux problématiques humaines, avant les intérêts financiers.
Il est par ailleurs prévu que le Conseil presbytéral cherchera à recevoir des informations de sources diverses et autorisées concernant l’avenir de l’implication du diocèse dans le complexe de journaux Vers l’Avenir.
Le Conseil presbytéral est soucieux d’une part du bon usage des ressources diocésaines et d’autre part de l’impact de la presse dans la vie du diocèse. »
104À la même époque, Rossel & Cie adresse à la Banque Degroof une lettre manifestant « un intérêt de principe et le souhait de participer à la procédure » et demandant l’accès « aux éléments nécessaires à la détermination de son attitude ». Cette demande restera sans suite.
105Le 6 mai 1999, une assemblée générale extraordinaire de la Société des rédacteurs de La Libre Belgique « rappelle que depuis sa création le 5 décembre 1972, elle est reconnue comme propriétaire du capital intellectuel du journal » et annonce qu’« elle se déterminera, notamment, en fonction des réponses qu’elle obtiendra des actionnaires et candidats actionnaires aux questions suivantes :
- Quel sera le positionnement de La Libre Belgique dans votre politique industrielle, commerciale, éditoriale ? (…)
- Comment préserverez-vous l’autonomie de gestion de l’entreprise et l’indépendance de la rédaction ?
- Comment soutiendrez-vous un véritable pluralisme dans la presse francophone de Belgique ? Estimez-vous nécessaire s’assurer à La Libre Belgique un ancrage majoritairement belge et francophone ? »
Quatre offres en présence
106Le 19 mai, les groupes qui se sont portés candidats au rachat de Medi@bel défendent leur offre lors de réunions distinctes tenues au siège de la Banque Degroof. Les offres émanent des quatre consortiums suivants dont les contours ne sont pas encore à cette date connus avec précision :
- Mediafin, dont l’animateur, S. Jourdain aurait l’appui, dit-on, du quotidien français Le Figaro (groupe Hersant) ;
- la Société européenne de presse belge, constituée à l’initiative du quotidien français Le Monde conseillé par la banque d’affaires française Banexi (Banque pour l’expansion industrielle) et en association avec des partenaires belges francophones qui y sont majoritaires. Fin avril, Le Monde avait précisé sa position comme suit : « (…) sollicité par plusieurs acteurs belges, nous avons accepté (…) de nous intéresser au devenir de Medi@bel, le deuxième groupe de presse francophone en Belgique. Le Monde étudie cette proposition et s’est mis à l’écoute de tous les intervenants afin d’apprécier le plus largement possible dans quelle mesure nous pourrions contribuer à l’émergence d’une solution consensuelle. Si nous devions participer à une offre concernant Medi@bel, nous chercherions aussitôt à associer certains de nos partenaires européens » [36] ;
- Axemédia, associant la Compagnie de développement des médias, le groupe de presse suisse romand Edipresse et des personnalités francophones. Axemédia est la nouvelle dénomination, adoptée le 25 mai 1999, de Beaumont Associates SA. Des éclaircissements sur la composition de ce consortium seront fournis le 28 mai [37] ;
- la Société belge d’édition, où l’on retrouve notamment le groupe de presse flamand VUM, le groupe Arco, la Mosane et des personnalités telles que Philippe Delaunois. « Le projet stratégique de SBE est d’assurer l’intégralité, la pérennité et le développement de Medi@bel, soutenu par un actionnariat belge, fort et expérimenté » souligne le communiqué diffusé par le consortium, qui assure encore que « l’indépendance rédactionnelle des différents médias concernés sera garantie ».
107Le groupe de presse flamand Persgroep, qui édite les quotidiens Het Laatste Nieuws et De Morgen et de nombreux périodiques et qui est co-actionnaire, avec Roularta, de la chaîne VTM, est parfois évoqué en appui de certaines offres.
108Le même jour, la Banque Degroof distribue aux candidats acquéreurs un aide-mémoire de nature à faciliter le comparaison des offres.
Le choix du repreneur
Interventions et prises de positions
109Le 21 mai, les représentants du personnel de Medi@bel (permanents et délégués de la CNE, du SETCa-Livre, de la CCDI et de l’AGJPB) font connaître leur avis.
« Au cours des derniers mois, le personnel et ses représentants ont su prendre les initiatives qui ont permis de débloquer une situation menant droit à la faillite. Ils entendent jouer un rôle actif et responsable.
Tant le conseil d’administration de Medi@bel que celui de l’asbl Évêché de Namur sont donc invités à ne pas prendre de décision irrémédiable avant d’avoir rencontré les représentants du personnel.
Ceux-ci négocieront avec le ou les partenaires pressentis le 27 mai prochain des garanties en matière de développement du Groupe dans sa structure actuelle (et donc de ses spécificités régionales), de maintien de l’emploi, de respect des conventions sociales, d’indépendance rédactionnelle et de management.
Ces garanties doivent aussi porter sur la fin des conflits qui minent l’entreprise depuis plusieurs années et sur l’indépendance vis-à-vis des concurrents directs.
Le personnel considérerait positivement que l’Évêché conserve temporairement une minorité de blocage, pourvu que cela n’engendre à nouveau des conflits inextricables entre actionnaires.
Chacun l’aura compris, notre souhait est que la solution retenue évite le terrain judiciaire et considère le personnel comme partie prenante à un accord.
Il est plus que jamais temps de revenir à l’essentiel, le développement du Groupe Medi@bel pour le plus grand bien de toutes ses composantes.
Veuillez agréer, Monseigneur, Messieurs les Chanoines, Messieurs, l’expression de nos sentiments dévoués. »
111Les préférences des représentants du personnel iraient à la Société belge d’édition, « mais pas à n’importe quelles conditions » [38].
112Le 24 mai, se situe une des interventions de la nonciature. Celles-ci portèrent sur le principe de la vente et eurent pour objet le rappel des dispositions du droit canon [39].
113Le 26 mai, des représentants du personnel de Vers l’Avenir, de La Libre Belgique et de La Dernière Heure se réunissent et décident de « réagir de façon concertée aux événements liés à la reprise du groupe de presse ». La Société des rédacteurs de La Libre Belgique adopte le même jour une résolution après réception et examen des réponses aux questions qu’elle avait posées le 6 mai aux actionnaires et candidats actionnaires de Medi@bel :
« Ces questions concernaient le positionnement et le développement de La Libre Belgique dans le groupe de presse, l’indépendance de la rédaction, l’ancrage belge et/ou francophone du groupe.
M. Stephan Jourdain, Le Monde et la Société belge d’Édition (VUM-Arco-La Mosane) ont présenté leurs projets à la SDR de façon détaillée. La Voix du Nord et la famille le Hodey ont répondu à ses questions, sans entrer toutefois dans le détail de leurs projets. Rossel, l’Évêché de Namur et la famille Dupuis n’ont pas répondu ou seulement de façon dilatoire. D’autres candidats potentiels (Persgroep, Bayard Presse,…) ont été cités depuis et n’ont pas encore précisé leurs intentions.
Sur base des déclarations d’intentions et des informations en sa possession aujourd’hui, et sous réserve de l’évolution des offres en présence, la Société des rédacteurs tire, en première analyse, les conclusions suivantes :La Société des rédacteurs exhorte une fois encore les décideurs, dans et autour de Medi@bel, à mesurer toutes les implications des choix qu’ils feront, et à rejeter notamment les projets qui trahissent une méconnaissance profonde et dangereuse des réalités de la presse quotidienne d’information. »
- La Voix du Nord dit vouloir allouer à La Libre Belgique les fonds nécessaires à son développement et maintenir sa ligne rédactionnelle, mais des doutes subsistent sur les positions véritables des groupes Rossel et Hersant dans La Voix du Nord, lesquelles pourraient constituer une grave menace pour le pluralisme de la presse francophone belge.
- La famille le Hodey a soutenu la récente réforme de La Libre Belgique, favorablement accueillie à l’intérieur et à l’extérieur du journal, mais des doutes subsistent sur sa capacité à financer son projet Axemédia et à rassembler les partenaires adéquats.
- Le projet du Monde est séduisant (journalisme de qualité, dimension européenne, tradition de respect de la rédaction et de la concertation sociale, volonté d’investir,…) mais des doutes subsistent sur l’identité de ses partenaires.
- Le projet de la SBE est également séduisant (connaissance du monde de la presse belge, ambition de garantir le pluralisme de celle-ci, volonté d’investir, cohérence apparente de la stratégie d’entreprise,…) mais des doutes subsistent sur l’impact d’un actionnariat qui serait à majorité flamande.
- Le projet de Stephan Jourdain confirme l’intérêt personnel de cet homme d’affaires pour La Libre Belgique, mais des doutes subsistent sur sa capacité d’investir, l’identité de ses partenaires, la cohérence de sa stratégie, le risque de démantèlement du groupe, la préservation de l’indépendance de la rédaction,…
115Le même jour, la Banque Degroof distribue une préconvention aux candidats acquéreurs.
116Fin mai, la Banque Degroof suggère aux divers candidats repreneurs de prendre contact avec les dirigeants de l’Imprimerie Saint-Paul à Luxembourg afin de les associer à leur projet.
117Le 31 mai, le conseil d’administration de Medi@bel fait savoir que l’asbl Évêché de Namur a décidé d’exercer le droit de préemption sur les actions mises en vente par les familles actionnaires. Le même conseil se prononce sur la définition des critères d’évaluation des offres :
« 1. Le prix offert pour le rachat du groupe et la capacité financière de l’acquéreur à assurer son développement.
2. La capacité de leadership de l’acquéreur.
3. Son profil francophone et wallon.
4. Le degré d’intégration des différents pôles du groupe.
5. Les possibilités de synergies offertes par l’acquéreur (régies publicitaires, toutes boîtes,…).
6. La capacité à préserver et développer le pluralisme de la presse francophone.
7. La dimension sociale de l’offre. »
119Le climat très tendu laisse présager le conflit mais après le conseil d’administration de la société Les Médias de l’Avenir, un communiqué commun est mis au point après tractations entre le chanoine Jean-Marie Huet et le baron Jacques de Thysebaert.
120Le 2 juin, Christian Van Thillo, administrateur délégué de Persgroep, précise sa position : son groupe a l’habitude d’avoir le leadership dans les projets qu’il mène. La structure en cascade des participations et les accords conclus entre actionnaires lui apparaissent comme des facteurs d’opacité. Son groupe se perçoit à la fois dans l’impossibilité d’acquérir seul le contrôle total de Medi@bel et sans motivation pour « faire partie d’un tour de table à la française ». Il se réfugie dans l’expectative sans rompre pour autant le contact avec plusieurs candidats repreneurs.
121Le 3 juin est créée la Société des lecteurs. Sa naissance avait déjà été annoncée lors d’une conférence de presse au cours de laquelle les initiateurs avaient fait connaître leurs préoccupations et leurs objectifs parmi lesquels « la préoccupation d’une solidarité avec les membres des entreprises de presse (ouvriers et rédacteurs), des démarches pour soutenir un réel pluralisme de presse, des démarches pour soutenir une réelle liberté rédactionnelle » [40].
122Le 4 juin, le conseil d’administration des Médias de l’Avenir consent explicitement à l’exercice du droit de préemption par l’asbl Évêché de Namur. Celle-ci possède donc à ce moment le contrôle total de Medi@bel
123Le 11 juin, le président du conseil d’administration de Medi@bel, le baron Jean Godeaux, est reçu à Rome, à la Congrégation pour le clergé.
124Le 14 juin, se réunissent les conseils d’administration de Medi@bel et de l’asbl Évêché de Namur. Aucune offre n’apparaissant entièrement adéquate à ce stade, la décision est prise de poursuivre, avec les conseils (juridiques) de la Banque Degroof, les négociations avec Axemedia, d’une part, et la Société belge d’édition, d’autre part. Medi@bel précise ne pas « perdre de vue l’apport que pourrait constituer une adjonction à l’offre qui sera choisie des forces vives des consortiums non retenus ». Un telle perspective est rejetée par Le Monde, dont le directeur, Jean-Marie Colombani, déclare : « Nous avons dû rapidement constater que le dossier prenait un tour politico-religieux, vaticano-flamand pour être plus précis » et regrette de « n’avoir pu satisfaire ceux qui parmi les élites francophones s’étaient mobilisés pour défendre le pluralisme de la presse belge francophone » [41]. « Le choix de Medi@bel s’est enfermé dans des considérations idéologiques locales. (…) Le Monde qui défendait un projet professionnel soucieux de l’indépendance éditoriale, s’est trouvé face à un axe vaticano-flamand imposant ses orientations bien pensantes. » [42]
125Le 15 juin, l’évêque de Namur est à son tour reçu à Rome.
126Le 17 juin, Le Monde fait état d’une lettre adressée à son directeur Jean-Marie Colombani par le baron Godeaux et Mgr Léonard, expliquant que « la perspective d’une collaboration avec un journal aussi prestigieux que [Le Monde] et la compréhension (…) manifestée pour [Medi@bel], son identité, l’indépendance de ses rédactions et le pluralisme de ses titres constituaient des atouts précieux. » « Cependant, au vu des nombreux facteurs à prendre en considération, et compte tenu de l’urgence qui s’imposait à nous, nous avons retenu une short list composée de Axemédia et SBE. (…) Nous poursuivons les négociations avec eux pour aboutir à une conclusion dans le court terme imparti, sans perdre de vue l’appui que pourrait constituer pour l’offre qui sera finalement retenue une adjonction de ce que nous avons appelé ‘les forces vives’ révélées par d’autres offres. Cette phase implique notamment le ‘projet’ journalistique qu’illustre [Le Monde]. »
127Le 19 juin, Jean-Claude Logé, administrateur délégué de Systemat et partenaire d’Axemédia, explicite, dans une interview à L’Écho, la position d’Axemédia, qui se propose de faire de Medi@bel « le premier groupe média en Belgique francophone ». « Nous voulons rester francophones, car nous sommes persuadés que nous n’avons pas besoin des Flamands pour réussir à faire de La Libre Belgique un quality paper, de Vers l’Avenir le plus grand quotidien wallon de proximité et de La Dernière Heure un journal sportif grand public. »
128Le 21 juin, une réunion met en présence des responsables de la Banque Degroof, le conseil d’administration de Medi@bel et trois invités : Bruno de Cartier d’Yves, représentant la direction du groupe, Jacques Bourguignon représentant les familles actionnaires, et Robert Nicolas représentant le personnel.
129Le 22 juin, on apprend la démission de ses fonctions de Thierry Degives, rédacteur en chef des Éditions de l’Avenir. La décision est officiellement présentée comme sans rapport aucun avec la problématique de l’actionnariat de Medi@bel.
130Certaines informations font état d’un rapprochement entre Axemedia et La Voix du Nord auquel Rossel pourrait être favorable [43]. Ces informations n’auront aucune confirmation.
131Le 23 juin, le tribunal de commerce de Namur prend une ordonnance sur l’action en référé introduite par la Compagnie de développement des médias : Medi@bel se verra contraint de communiquer les accords que le groupe aurait passés dès 1995 avec La Voix du Nord à propos du contrôle d’IPM. Mais la CDM est déboutée de sa seconde demande qui consistait à faire interdire à Medi@bel la communication à des tiers d’informations sur IPM.
132On apprend que Stephan Jourdain assigne l’asbl Évêché de Namur et Les Médias de l’Avenir devant le tribunal civil de Namur. Avec ses partenaires, il demande l’exécution des conventions du 31 mars. S. Jourdain veut faire prévaloir son droit d’acquérir 27,7 % des parts de Medi@bel pour 245 millions, aux conditions suspensives du non-exercice du droit de préemption de l’asbl Évêché de Namur et de l’accord du conseil d’administration de Medi@bel. Parallèlement, S. Jourdain veut faire prévaloir son droit d’acquérir 72,3 % des parts pour 895 millions, également avec des conditions suspensives : accord du conseil économique diocésain, accord des autorités canoniques pontificales et également non-exercice du droit de préemption de l’évêché.
133À la même date, la Société belge d’édition réagit à un rapprochement éventuel esquissé entre Axemedia et La Voix du Nord.
134Le 25 juin, l’assemblée générale du personnel de Vers l’Avenir s’adresse par lettre à l’évêque de Namur et aux autres membres du conseil d’administration de l’asbl.
135Le 25 juin, l’assemblée générale de la Société des rédacteurs de La Libre Belgique adopte la Charte éditoriale de La Libre Belgique, texte élaboré dans le cadre d’une large concertation et qui proclame des valeurs (incarnation des valeurs chrétiennes, respect des droits et de la dignité de l’homme, pluralisme démocratique, liberté d’entreprendre) et des principes (indépendance, liberté d’entreprendre, responsabilité).
136Le 27 juin, le conseil d’administration de Medi@bel prend connaissance des offres finalisées et rédige une recommandation à l’attention de l’asbl Évêché de Namur qui sera appelée à trancher avant d’obtenir les différentes autorisations pontificales. Une nouvelle réunion est programmée pour le 30 juin.
137C’est à cette date que se situe le dénouement. La nouvelle composition du capital de Medi@bel est rendue publique le 1er juillet (voir la presse du lendemain).
La nouvelle composition du capital de Medi@bel
138Le 1er juillet 1999, on apprend que le choix s’est porté sur la Société belge d’édition et que la totalité du capital de Medi@bel est répartie entre trois actionnaires :
- la Société belge d’édition, majoritaire avec une participation de 58,9 % ;
- l’asbl Évêché de Namur, qui conserve une minorité de blocage (25,1 %) ;
- l’Imprimerie Saint-Paul, à Luxembourg, qui possède le solde, soit 16 %.
139Le capital de la Société belge d’édition est lui-même réparti entre plusieurs actionnaires qui peuvent être regroupés comme suit :
- le groupe de presse flamand VUM (Vlaamse Uitgeversmaatschappij) et sa filiale Sydes (33 %). La VUM est le principal groupe de presse flamand et édite notamment les quotidiens De Standaard, Het Nieuwsblad et Het Volk ;
- la société Synvest (10 %) qui, comme la VUM, compte parmi ses principaux actionnaires des membres de la famille Leysen ; le groupe Ackermans & Van Haaren est également actionnaire de Synvest ;
- le groupe Arco (22,5 %) constitué par les sociétés financières liées au Mouvement ouvrier chrétien (MOC) et à l’Algemeen Christelijk Werkersbond (ACW). Lors de la constitution effective de la SBE, on apprendra que la participation du groupe Arco est détenue par Auxipar ;
- la Mosane (22,5 %) [44], du groupe Cobepa ;
- des personnalités telles que l’ancien administrateur délégué directeur général de Cockerill Sambre Philippe Delaunois (qui est appelé à diriger le comité exécutif de Medi@bel), le comte Arnould de Pret Roose de Calesberg, directeur financier de l’Union minière et administrateur d’Interbrew, et divers membres de la famille du Monceau de Bergendal (ensemble 12 %).
140La Société belge d’édition a été constituée, en date du 1er septembre 1999, au capital de 1.089 millions de francs belges. Son objet social est la détention de participations dans Medi@bel, dans d’autres sociétés de ce groupe ou encore dans des sociétés actives dans le domaine de la presse et du multimédia.
141Un intervenant est apparu tardivement (il en était question dans la presse depuis quelques jours) : il s’agit de l’Imprimerie Saint-Paul qui est la société éditrice du principal quotidien grand-ducal, le Luxemburger Wort. Cette société est contrôlée par l’Archevêché de Luxembourg [45], tout comme le réseau de radio DNR.
142La nouvelle structure du capital de Medi@bel institue donc un lien entre deux groupes de presse belges (le premier groupe flamand, la VUM, et le deuxième groupe francophone, Medi@bel) et le principal groupe luxembourgeois (l’Imprimerie Saint-Paul) ; elle n’entraîne pas pour autant une totale intégration entre eux.
143Selon l’asbl Évêché de Namur et le conseil d’administration de Medi@bel, « l’offre retenue garantit le maintien de l’identité du groupe et des valeurs qui inspirent les différents titres qu’il édite et cela grâce à des mécanismes contractuels appropriés. (…) Cette offre de la SBE favorise l’intégration des divers pôles d’activité du groupe Medi@bel. Elle permet donc d’augurer un développement dynamique de l’entreprise dans un climat social apaisé et fructueux. »
144Stephan Jourdain s’exprime de façon très négative sur l’aboutissement du processus :
« L’option retenue est celle défendue par les seuls membres du conseil d’administration de l’asbl Évêché de Namur issus du bas clergé, qui sont majoritaires au sein de ce conseil d’administration [46], et qui, étant sous la coupe de la démocratie chrétienne, voyaient d’un fort bon œil la présence du groupe Arco (levier financier de la DC) au sein de l’actionnariat de la SBE. Il est donc à craindre que le positionnement politique futur de ‘La Libre Belgique’ ne soit davantage encore centre-gauche alors qu’il a été pendant un siècle, jusqu’il y a une quinzaine d’années (époque du début de son déclin), de centre-droit. Ceci n’exclut pas la possibilité, pour certains investisseurs qui se regrouperaient autour de Médiafina, de réfléchir à la création d’un nouveau quotidien, de tendance libérale/catholique/centre-droit à l’image, par exemple, du quotidien français ‘Le Figaro’.
Par ailleurs, Médiafina ne peut que déplorer l’attitude de l’asbl Évêché de Namur qui, au mépris flagrant des engagements pris tant par écrit que verbalement et notamment par son président, Mgr Léonard, évêque de Namur, s’est froidement servi de Médiafina comme marche-pied afin d’obtenir de meilleures conditions d’offres intervenant postérieurement au 31 mars. L’excuse selon laquelle le clergé n’est pas rompu aux pratiques du monde des affaires ne tient pas : ou bien les hommes d’Église restent dans leurs églises et ils sont intouchables ou bien ils s’aventurent sur le terrain délicat du monde des affaires et doivent en respecter les us et coutumes et, à tout le moins, les lois coordonnées sur les sociétés commerciales.
Ils doivent par ailleurs, montrer l’exemple. Ce n’est pas en agissant ainsi que l’on remplira à nouveau les églises. »
146Une autre réaction est rendue publique le même jour sous forme de communiqué, celle d’Axemédia. De tonalité très différente de la précédente, elle met néanmoins l’accent sur « de graves interrogations » et « des obstacles majeurs ».
« Deux projets étaient en présence : le projet d’Axemédia, qui reconnaît à Medi@bel la capacité d’être elle-même opérateur indépendant avec un actionnariat majoritairement francophone et le projet SBE, qui place Medi@bel sous l’influence du premier éditeur de journaux de Flandre (…).
Axemédia s’est créée pour défendre un projet rassemblant une nouvelle génération d’entrepreneurs francophones, associés à des partenaires industriels, pour faire de Medi@bel une entreprise indépendante et vecteur de dynamisme pour la Wallonie et Bruxelles (…).
L’option annoncée suscite de graves interrogations par rapport aux grands enjeux auxquels le groupe Medi@bel est actuellement confronté : identité francophone et wallonne du second groupe de presse en Communauté française ; indépendance et autonomie de développement du groupe par rapport à ses concurrents ; intégration au sein du groupe Medi@bel du groupe ‘La Libre Belgique/La Dernière Heure’, celui-ci représentant plus de la moitié des activités de presse quotidienne, et la quasi-totalité du cash-flow.
La reprise de Medi@bel par le consortium regroupé autour de la VUM devrait rencontrer des obstacles majeurs sur le plan de la concurrence (outre ses conséquences sur l’évolution de l’emploi, notamment à Bruxelles), l’objectif de l’opération étant de lier le second groupe de presse francophone à un groupe dont des acteurs significatifs détiennent déjà une position dominante sur le marché belge (…).
Axemédia reste attentive aux développements que ce dossier ne manquera pas de connaître. Dans l’intervalle, Axemédia souhaite aux collaborateurs et journalistes du groupe de continuer, dans la sérénité, à travailler au développement de médias de qualité. »
148Les réactions des rédactions et des milieux professionnels de la presse ne sont pas négatives mais appellent fréquemment à une forme de vigilance [47].
149La Société des rédacteurs du groupe Vers l’Avenir tient à souligner qu’elle n’a pas été consultée.
150Les délégués syndicaux du personnel de Vers l’Avenir publient un communiqué selon lequel le personnel de Vers l’Avenir, du Centre de Rhisnes et de la SA Medi@bel tient à manifester sa satisfaction : « (…) La solution annoncée relance le groupe en maintenant la diversité de la presse francophone belge et en contribuant à apaiser les conflits. Tout au long de la période qui s’achève, le personnel a su conserver son calme. Il s’est révélé un élément essentiel de clairvoyance et de bon sens face à des attitudes passionnelles et parfois irrationnelles. Il espère qu’il en sera tenu compte. »
151La Société des rédacteurs de La Libre Belgique invite les nouveaux actionnaires à rencontrer toutes ses préoccupations par un engagement de leur part à respecter la charte éditoriale de La Libre Belgique.
152Le choix du repreneur et les réactions qui s’expriment à ce propos ne mettent pas un point final au processus : des juridictions sont encore appelées à se prononcer et les organes de la SA Les Médias de l’Avenir et de la SA Medi@bel doivent concrétiser les options prises.
153Le Conseil de la Concurrence fait savoir le 24 août 1999 que l’opération conclue début juillet était « admissible ». Le Conseil, qui a une compétence de contrôle des concentrations d’entreprises, a considéré que « cette opération ne crée pas déposition dominante sur les marchés affectés ».
154Le même jour, le tribunal de commerce de Namur donne gain de cause à la SA Les Médias de l’Avenir assignée en référé par La Voix du Nord, qui demandait au juge de suspendre la convocation d’une assemblée générale extraordinaire appelée à décider la dissolution et la mise en liquidation de la société.
155Cette assemblée a eu lieu effectivement le 24 août et a pris les décisions figurant à son ordre du jour, avec effet au 1er juillet 1999.
156Une action au fond est par ailleurs lancée par La Voix du Nord devant le même tribunal. Cette action vise à annuler la décision du conseil d’administration de la SA Les Médias de l’Avenir portant sur la vente des titres de la SA Medi@bel. Les débats auront lieu en février 2000.
157Une assemblée générale extraordinaire des actionnaires de la SA Medi@bel s’est tenue le 29 septembre 1999. Elle a décidé une augmentation de capital de 806.400.000 francs belges. Elle a également procédé à la nomination dé nouveaux administrateurs.
158Le conseil d’administration de Medi@bel est désormais composé de quatre représentants de l’asbl Évêché de Namur : le baron Jean Godeaux, Guy Keutgen, Jean-Marie Huet et Marc della Faille, de trois représentants de l’Imprimerie Saint-Paul : Paul Zimmer, Joseph Jentgen et Léon Weyer et de huit représentants de la Société belge d’édition : Thomas Leysen, Philippe Delaunois, Diego du Monceau, Jo Santino, Marc Appel, Guido Verdeyen, Marc Tinant et un administrateur encore à désigner.
159Le 4 octobre, le conseil d’administration a élu Philippe Delaunois président et administrateur délégué. Bruno de Cartier a été promu directeur général du groupe.
Conclusion
160Les critères d’évaluation des offres, tels qu’ils furent définis par le conseil d’administration de Medi@bel du 31 mai 1999 [48], constituent sans aucun doute la meilleure trame à suivre pour dégager les enseignements du processus qui vient d’être retracé. Il ne s’agit certes pas cette fois de procéder à une évaluation comparative des diverses offres présentées mais bien à une évaluation de l’aboutissement.
Les aspects financiers de l’opération
161Le premier critère d’évaluation retenu le 31 mai portait à la fois sur le prix offert pour le rachat du groupe et sur la capacité financière de l’acquéreur à assurer son développement.
162Une observation préalable s’impose ici : la formulation des critères fait état d’un acquéreur. À l’issue du processus, on peut considérer que compte tenu du maintien d’une minorité de blocage détenue par l’asbl Évêché de Namur et de l’intervention à titre d’appoint de l’Imprimerie Saint-Paul, il y a bien un acquéreur, la Société belge d’édition, mais il s’agit en l’occurrence d’un consortium. Aussi l’examen de certains critères impose-t-il la prise en considération des diverses composantes du consortium et de leur degré d’intégration en son sein.
163Le premier critère retenu présentait deux aspects distincts. Le premier concernait le prix offert pour le rachat du groupe Medi@bel. La succession des offres présentées a indiqué qu’il existait dans les milieux intéressés une réelle capacité de mobilisation des moyens financiers nécessaires à la reprise. Le processus achevé, il convient sans doute d’évaluer un coût global, intégrant non seulement le prix offert pour le rachat proprement dit [49], mais aussi les besoins de recapitalisation [50], voire d’éventuels dédommagements (la presse a fait état d’un dédommagement qui aurait été consenti à S. Jourdain pour obtenir son désistement dans l’action en justice qu’il avait entreprise), la situation de la SA Les Médias de l’Avenir transformée en coquille vide, les prévisions ou obligations de réinvestissements.
164Le second aspect concernait la capacité financière de l’acquéreur à assurer le développement du groupe Medi@bel. Des éléments d’appréciation en la matière résident dans la composition même du consortium, associant un important groupe de presse et des sociétés financières.
165Des indications sur la dimension financière de l’opération sont fournies à la fois par l’importance du capital de la Société belge d’édition, constituée le 1er septembre 1999 : 1.089.000 francs belges, et par celle de l’augmentation de capital de la SA Medi@bel décidée le 29 septembre 1999 : 806,4 millions de francs belges.
La capacité de leadership
166Le deuxième critère portait sur la capacité de leadership de l’acquéreur. La composition du consortium peut de même ici fournir des indications (il ne fait pas de doute qu’en termes de leadership collectif un des partenaires s’impose : il s’agit de la VUM), mais il s’agit sans doute davantage encore d’une question ouverte, la réponse étant subordonnée à des éclaircissements préalables sur le mode de composition (en termes de leadership individualisé, Philippe Delaunois, appelé à diriger le comité exécutif de Medi@bel, occupera une position déterminante) et surtout de fonctionnement des organes de direction du groupe : « Clairement, les deux nouveaux hommes forts de Medi@bel sont aujourd’hui Philippe Delaunois (…) et Thomas Leysen. Le président de la VUM [Thomas Leysen] devrait vraisemblablement être le pivot du nouveau groupe et ‘téléguider’ les synergies entre son groupe de presse et Medi@bel. » [51]
167La question reste posée de savoir si la nouvelle configuration sera de nature à remédier aux dysfonctionnements qui furent à l’origine du malaise dont le groupe a souffert et dont la source ne résidait que partiellement dans la dégradation de la situation financière.
Le profil francophone et wallon
168Le troisième critère, relatif au profil francophone et wallon de l’acquéreur, appelle une appréciation nuancée. On peut considérer que le consortium comporte une composante francophone et wallonne constituée de la Mosane [52] et des personnalités réunies autour de Philippe Delaunois, qui détiennent respectivement 22,5 % et 12 % de la Société belge d’édition. Cette composante y est donc minoritaire, face à une composante flamande y totalisant 43 % (33 % au groupe VUM et 10 % à Synvest), le groupe Arco devant être considéré comme une structure fédérale transrégionale (et non uniquement flamande, contrairement aux assimilations hâtives de plusieurs commentateurs dans la presse du 2 juillet).
169Au sein de Medi@bel même, cette composante francophone et wallonne de la Société belge d’édition totaliserait avec l’asbl Évêché de Namur une capacité d’influence qui lui donnerait une position minoritaire mais prépondérante, face à la composante flamande et compte tenu de la présence de l’Imprimerie Saint-Paul et du groupe Arco.
170La situation n’est donc pas exactement celle annoncée par Philippe Delaunois [53] dans son interview à L’Écho le 16 juin 1999 : « Le consortium est à l’image de la Belgique, composée de francophones et de Flamands, avec des francophones majoritaires, ce qui est logique puisqu’il s’agit de reprendre un groupe de presse francophone. »
171L’aspect relatif au profil francophone et wallon de l’acquéreur [54] tel qu’il a été posé le 31 mai n’épuise cependant pas la question de l’identité linguistique, culturelle et régionale du groupe de presse.
172Il y a certes les limitations déjà annoncées par la VUM : « Le groupe flamand s’est engagé pour de longues années à ne pas dépasser 50 % de la Société belge d’édition, alors que les francophones se sont engagés à replacer par priorité les actions auprès de francophones, dans l’hypothèse où ils devraient vendre. » [55] « La VUM (…) se serait engagée à ne pas augmenter sa participation dans SBE au-delà de 50 % et cela dans un délai de sept ans. Après ce délai, la VUM aurait besoin de l’accord unanime du conseil d’administration de la SBE – que l’on annonce majoritairement francophone – pour, le cas échéant, grimper à plus de 50 %. » [56]
173Il y a aussi les indications déjà fournies sur la composition des organes de la haute direction du groupe (« le management serait exclusivement francophone », toujours d’après Philippe Delaunois). Il y aura surtout le mode d’exercice de ces fonctions dans l’avenir.
174Il n’en reste pas moins qu’on assiste pour la première fois depuis la Seconde guerre mondiale [57] à un investissement d’un groupe de presse flamand dans la presse quotidienne francophone. « La vente d’une majorité des parts du second groupe de presse francophone à une société où apparaît, dans un rôle déterminant, la VUM est un véritable coup de tonnerre dans le ciel médiatique. » [58]
175Il est vrai qu’il y a de longue date pénétration de groupes de presse flamands dans la presse hebdomadaire francophone [59] et on a vu que le groupe Vers l’Avenir/Medi@bel a renforcé au cours des dernières années sa position dans la presse publicitaire gratuite, y compris en Flandre.
176La situation de la presse est caractérisée, comme les institutions et d’autres structures socio-politiques en Belgique, par l’existence d’asymétries.
177On a observé ailleurs « la formation d’une frontière intérieure (…) que l’absence d’un flux d’informations réciproques entre régions et entre communautés, entraînant une sorte d’étanchéité mentale entre elles, ne cesse d’approfondir depuis vingt ans ou vingt-cinq ans » [60]. Certes, des efforts sont entrepris dans plusieurs médias pour remédier à cette situation.
178Mais le secteur de la presse a été touché, comme beaucoup d’autres, par des formes diverses de ‘communautarisation’ de fait ou de droit. Le fait a été observé en matière de conventions collectives, en matière de structures d’associations professionnelles (d’éditeurs ou de journalistes), en matière d’organisation des systèmes de compensation à la publicité télévisée. La loi spéciale de réformes institutionnelles du 8 août 1988 a étendu la compétence des communautés au soutien à la presse écrite.
179La nouvelle configuration de l’actionnariat de Medi@bel s’inscrit dans une autre tendance que ces diverses formes de communautarisation.
L’intégration du groupe
180Le quatrième critère portait sur le « degré d’intégration des différents pôles du groupe ».
181Une question préalable se pose ici, dans la forme où elle fut posée à Philippe Delaunois dans l’interview déjà citée : « À la question de savoir si Medi@bel forme aujourd’hui un groupe, Delaunois concède que ce n’est pas le cas. » « C’est un point faible que je corrigerai. Je connais cette matière. Qu’on se souvienne de Cockerill, avec ses pôles de Liège et de Charleroi. Ce sont des problèmes que je peux régler. » [61] La réponse faite indique la volonté d’œuvrer à une plus grande intégration.
182Sans vouloir définitivement trancher la question qui reste de toute évidence elle aussi une question ouverte, tout au plus peut-on faire observer dès maintenant que l’avenir du groupe ne se pose pas uniquement en termes d’intégration mais aussi en termes de sauvegarde de la spécificité des différents pôles et tout particulièrement de l’identité rédactionnelle de chacun des titres.
183Comme on l’a vu, les contours de Medi@bel sont très étendus. Mais la caractéristique majeure de ses structures a été – et demeure pour une part – leur complexité. IPM et ses filiales constituent ainsi un véritable groupe dans le groupe.
184La complexité des structures se traduit en cascades de participations et en structures intermédiaires parfois surabondantes. S’y ajoutent encore des mécanismes et accords liant des partenaires (octroi de droits de préemption, par exemple). Cette complexité compte parmi les facteurs qui ont été propices à la multiplication des actions en justice et a été dissuasive à l’égard de repreneurs ou de partenaires potentiels.
185À la question de savoir si l’on peut « imaginer un rapprochement entre les deux journaux partenaires du même groupe ou même une fusion du groupe de presse », le rédacteur en chef de La Libre Belgique, J.-P. Duchateau, répond : « Ce ne serait positif ni d’un point de vue professionnel ni d’un point de vue démocratique. » [62]
Les possibilités de synergie
186Le cinquième critère était relatif aux « possibilités de synergies offertes par l’acquéreur (régies publicitaires, toutes boîtes,…) ».
187Au regard de ce critère, la cohérence du choix apparaît clairement. Comme on l’a vu [63], Medi@bel et IPM ont rejoint récemment la VUM au sein de la régie publicitaire Scripta. Par ailleurs, Medi@bel et la VUM ont des intérêts communs dans la presse publicitaire gratuite, particulièrement depuis le rachat en commun de la firme AZ.
188Dans un secteur où le produit, le journal, est vendu à un prix inférieur à son coût de revient, les ressources publicitaires sont vitales pour chaque entreprise.
189Les possibilités offertes en ce domaine constituent de puissantes motivations pour toute décision. L’intérêt manifesté par Vers l’Avenir pour jouer le rôle d’opérateur industriel du nouveau quotidien Le Matin a pu trouver un réel adjuvant, outre le taux d’activité assuré à son centre d’impression, dans les possibilités de synergie avec les journaux toutes boîtes de La Wallonie (Publi-Hebdo).
190Dans la nouvelle configuration dans laquelle se situe Medi@bel, des possibilités d’expansion seront selon toute vraisemblance prospectées dans le domaine du marché des offres d’emploi [64].
Le pluralisme de la presse francophone
191Le sixième critère concernait « la capacité à préserver et développer le pluralisme de la presse francophone ».
192Force est de constater que l’expression ‘pluralisme de la presse francophone’ a surtout désigné, au cours du processus, l’existence d’une pluralité d’entreprises de presse ou du moins d’une dualité de groupes.
193Il est vrai que la situation se caractérise par une forte bipolarisation du secteur autour de deux groupes, Medi@bel et Rossel. La présence du groupe Hersant dans l’actionnariat de ce dernier a eu un effet répulsif à l’égard de plusieurs interlocuteurs.
194Il n’empêche que l’acception de l’expression ‘pluralisme de la presse francophone’ qui a généralement prévalu en cours de processus est très restrictive. On est en présence en Belgique d’un marché qui est à la fois limité et fragmenté. En quarante ans, les structures du secteur ont connu d’importantes évolutions. À l’époque, la typologie des structures de propriété distinguait trois profils de propriétaires : des familles, des organisations sociales et politiques et des groupes financiers, ces derniers minoritaires [65]. La présence d’organisations sociales et politiques s’est progressivement estompée, seule subsistant aujourd’hui la présence des anciens actionnaires des quotidiens de tendance socialiste et FGTB dans le capital de la société BLC Média, éditrice du Matin. Et la structure dominante est aujourd’hui celle du groupe de presse, associant fréquemment des groupes familiaux à d’autres, soit spécialisés, soit multisectoriels.
195Parallèlement, on a assisté au passage d’une presse où la plupart des titres affichaient clairement une tendance à une presse où prédomine la fonction d’information – et parfois de divertissement – par rapport à la fonction d’expression d’opinions.
196Dans le cadre d’un article au titre très significatif [66], le rédacteur en chef de La Libre Belgique, Jean-Paul Duchateau affirme : « La Libre Belgique n’a jamais été le porte-parole d’une institution qu’elle soit philosophique, religieuse ou politique » et ajoute : « Il n’y a pas plus de journal catholique qu’il n’y a de boulangerie catholique. Ce que nous faisons, c’est proposer sur la vie, la société, le monde un regard enrichi des valeurs de l’Évangile. » La référence aux valeurs chrétiennes figure explicitement, on l’a vu, dans la Charte éditoriale de La Libre Belgique.
197Vers l’Avenir et les titres quotidiens apparentés sont en quasi-totalité de tradition catholique ; Le Jour est le seul journal d’information sans tendance particulière à y avoir été intégré par fusion avec Le Courrier.
198Après avoir appartenu pendant plus de quatre-vingts ans à la famille Jourdain [67]-Zeegers, La Libre Belgique a eu, à travers diverses structures de propriété successives, son sort lié à celui du quotidien de tendance libérale La Dernière Heure.
199Si les titres publiés par Medi@bel et ses filiales sont en grande majorité de tendance catholique, l’actionnariat de Medi@bel reste, après les récentes modifications, nettement d’appartenance catholique, dans la mesure où l’identification est possible (mais elle l’est pour la plupart des actionnaires, directs ou indirects) [68].
200La présence dans le groupe Medi@bel d’un quotidien comme La Dernière Heure impose d’examiner la possibilité pour le groupe de maintenir en son sein un véritable pluralisme interne. Le rédacteur en chef de La Dernière Heure, Daniel Van Wylick, a affirmé sa confiance dans cette perspective : « La rédaction de la ‘DH’ est déjà outillée en matière d’indépendance rédactionnelle, avec une charte éditoriale et un comité d’éthique. » « De plus, la présence confirmée à sa connaissance, parmi les actionnaires de la ‘DH’ d’une asbl composée de personnalités de la mouvance libérale [69], offre une forme de garantie aussi de ce que nous ne deviendrons pas un titre social-chrétien. » [70]
201Le cas du quotidien Le Matin, qui se situe dans une certaine mesure dans la filiation des journaux socialistes Le Peuple/Le Journal et La Wallonie et dont Medi@bel est l’opérateur industriel, n’est comparable à celui de La Dernière Heure, ni en termes de lien avec le groupe, ni en termes d’implantation.
202Au moment où l’existence même de ce quotidien est en jeu, il est intéressant de relever la position prise par le Mouvement ouvrier chrétien (qui est par ailleurs lié à un des actionnaires de la SBE), considérant que « le pluralisme de la presse est un vecteur essentiel de la démocratie » et regrettant « vivement que sous l’effet de concentrations économico-financières (…), le nombre de titres en Communauté française se soit considérablement réduit ces dernières années » [71].
203Le sens donné au mot ‘pluralisme’ dans la prise de position du MOC est plus large que celui auquel les acteurs ont eu fréquemment recours au cours du processus.
204En ce sens, une observation a été faite de longue date : « Des distorsions importantes existent entre le degré de représentativité des tendances politiques (tel que permettent de le mesurer les résultats électoraux) et la diffusion des journaux des diverses opinions. » [72] Les journaux de tendance catholique possèdent une part du marché de la presse hors de proportion avec la représentativité des partis à référence chrétienne explicite.
205Cette autre acception du terme ‘pluralisme’ renvoie à certaines législations, particulièrement celles relatives au Pacte culturel et à l’aide à la presse écrite.
206La loi spéciale de réformes institutionnelles du 8 août 1988 a inclu le soutien à la presse écrite dans l’énumération des matières relevant des communautés.
« Lors des travaux préparatoires, il a été explicitement déduit de cet ajout que la loi du pacte culturel s’applique aux mesures d’aide à la presse écrite. Pour le Conseil d’État, par contre, elle ne s’y applique pas, parce qu’il faut s’en tenir aux matières culturelles telles qu’elles étaient énumérées dans l’article 2 de la loi du 21 juillet 1971. » [73]
208Une réforme des mesures de soutien à la presse écrite est en projet en Communauté française [74]. La réaction d’une personnalité politique à la reprise de Medi@bel apparaît indicative des orientations nouvelles : « Si l’on veut maintenir une offre de presse pluraliste et indépendante, il me semble que la présence de ‘sociétés de rédacteurs’ dans les entreprises de presse s’impose de fait. Il faut aussi, à l’avenir, que cela s’impose de droit. (…) Quand l’espace de liberté éditoriale est défini, il faut continuer à contribuer, avec les deniers publics, au maintien d’une presse pluraliste. » [75]
La dimension sociale de l’offre
209Le septième critère portait davantage que tous les autres sur des enjeux internes aux entreprises [76].
210On a vu quelle était la tonalité, au lendemain de la reprise de Medi@bel, des réactions de rédactions et de milieux professionnels de la presse. La tonalité dominante était prudente, parfois réservée, rarement négative.
211Le 26 août 1999 a été annoncée la décision des délégations syndicales SETCa-Livre (ouvriers, employés, journalistes) des groupes de presse de la VUM, d’IPM et de Vers l’Avenir de former un groupe de concertation appelé à coordonner les informations sociales, économiques et financières recueillies. Les mêmes délégations syndicales ont décidé d’interpeller chaque direction en conseil d’entreprise sur les synergies envisagées et sur le sort réservé aux différents sites d’impression. La création d’un sous-comité professionnel spécifique pour les journalistes a été annoncée.
212La Société des rédacteurs de La Libre Belgique a immédiatement réagi à cette information en rappelant qu’elle est la seule organisation représentative autorisée à parler au nom de la rédaction du journal.
213La dimension sociale des suites de la reprise porte donc sur des enjeux directs : volume de l’emploi, barèmes des journalistes professionnels (qui ne sont plus régis par un barème commun), mais aussi sur des enjeux indirects, en termes de structures de représentation.
214***
215Le caractère évolutif des structures de la presse est aujourd’hui tel que l’on peut être assuré que la détermination de la nouvelle structure de propriété de Medi@bel n’a pas mis un terme au processus de restructuration en cours, qui est appelé à se poursuivre aussi bien au sein même du groupe (où un des enjeux à terme relativement court est l’aménagement des relations avec La Voix du Nord) qu’à sa périphérie (où se joue le sort du quotidien Le Matin) ou encore à l’extérieur du groupe et au sein d’autres groupes.
216Le même caractère évolutif marque aussi aujourd’hui l’exercice par la presse et par les autres médias de l’ensemble de leurs fonctions et de façon générale les rapports entre médias et opinion.
1 – Quelques dispositions du droit canon
217Aux termes du droit canon, un évêché est une « personne juridique publique » (can. 116 §1) soumise à la législation canonique sur les biens temporels et leur administration dans l’Église (can. 1254 à 1289). En droit belge, « un Évêché n’a pas comme tel d’existence juridique. Aussi, selon la loi du 27 juin 1921 sur les associations sans but lucratif, les responsables de l’Évêché ont constitué une asbl Évêché de Namur (Annexe au Moniteur belge du 8 mai 1924). Elle a pour objet, notamment : assurer l’organisation matérielle de l’administration centrale du diocèse de Namur, aider à couvrir les frais de ses services administratifs, promouvoir le développement de la vie et du culte catholique, avoir et diriger l’œuvre sacerdotale destinée au recrutement sacerdotal » [77].
218En tant qu’actionnaire, l’évêché se trouve dans une situation particulière, du fait des dispositions du droit canonique qui s’imposent à lui.
219Le code du droit canonique de l’Église catholique de rite latin [78] comporte un Livre II : Le peuple de Dieu, dont l’art. 3 est intitulé : « Les biens temporels et leur administration. »
220Le canon 638 dispose :
« § 1 C’est au droit propre, dans le cadre du droit universel, de déterminer les actes qui dépassent les limites et le mode d’administration ordinaire et statuer ce qui est nécessaire pour poser validement un acte d’administration extraordinaire.
(…)
§ 3 Pour la validité d’une aliénation et de toute affaire où la condition du patrimoine de la personne juridique peut être amoindrie, est requise la permission du Supérieur compétent donnée par écrit avec le consentement de son conseil. Cependant, s’il s’agit d’une affaire dont le montant dépasse la somme fixée par le Saint Siège pour chaque région, comme aussi de biens donnés à l’Église par vœu ou d’objets précieux à cause de leur valeur artistique ou historique, la permission du Saint Siège est de plus requise. »
222En Belgique, la somme maximale est fixée à 100 millions de francs belges [79]. Au-delà de ce montant, toute opération est soumise à l’autorisation de la Congrégation romaine pour le clergé.
223Deux organes diocésains ont un pouvoir consultatif pour les actes d’administration importants : le conseil économique et le collège des consulteurs [80].
2 – La diffusion payante de la presse quotidienne en 1997-1998 [81]
224La diffusion payante des quotidiens francophones est globalement en recul. De ce point de vue, les situations des journaux du groupe Rossel (Le Soir, La Meuse/La Lanterne, La Nouvelle Gazette/La Province) et ceux du groupe Medi@bel (Vers l’Avenir et titres apparentés, La Dernière Heure/Les Sports, La Libre Belgique) ne diffèrent guère entre elles. Même si Le Soir et La Libre Belgique amorcent un certain rétablissement au cours du premier trimestre de 1999, un seul titre francophone échappe à la tendance ; il s’agit de L’Écho, qui est aussi le seul a échapper à la bipolarisation autour des groupes Rossel et Medi@bel. En comparaison, la situation des quotidiens néerlandophones est globalement différente, l’évolution des divers titres étant davantage contrastée. La diffusion payante des journaux du groupe VUM est en recul, à l’exception du maintien à son niveau de De Standaard considéré distinctement. Est au contraire en progrès la diffusion payante d’un titre édité par le Persgroep, De Morgen ; il en est de même pour De Financieel-Economiscbe Tijd, dont l’évolution est comparable à celle de L’Écho. Un journal à l’implantation provinciale importante, Het Belang van Limburg, se maintient. Son cas est comparable à celui du seul titre germanophone, Grenz Echo, dans sa propre aire d’implantation.
Évolution du tirage des quotidiens francophones
Évolution du tirage des quotidiens francophones
Évolution du tirage des quotidiens néerlandophones et germanophones1
Évolution du tirage des quotidiens néerlandophones et germanophones1
1 Le titre De Standaard considéré distinctement est seul en très léger progrès, passant de 75.955 exemplaires en 1997 à 76.095 en 1998.3 – Les liaisons financières autour de Medi@bel
L’ancienne structure de propriété (1995-1999) de Vers l’Avenir/Medi@bel
L’ancienne structure de propriété (1995-1999) de Vers l’Avenir/Medi@bel
La nouvelle structure de propriété (1999) de Medi@bel1,2,3
La nouvelle structure de propriété (1999) de Medi@bel1,2,3
1 Actionnariat de la VUM : cf. organigramme distinct2 Tradicor : groupe Leysen
3 Sofinim : groupe Ackermans & Van Haaren
La structure de propriété d’IPM depuis 1995
La structure de propriété d’IPM depuis 1995
La structure de propriété de la VUM
La structure de propriété de la VUM
Notes
-
[1]
Déclaration de J. Mottet à L’Appel, Magazine chrétien de l’événement, n° 217, mai 1999.
-
[2]
Évêque de Namur de 1899 à 1941.
-
[3]
R. Campé, M. Dumon, J.-J. Jespers, Radioscopie de la presse belge, André Gérard, 1975, p. 535.
-
[4]
J.-S., « Les quotidiens francophones et leur idéologie », La Revue nouvelle, n° 9, septembre 1977.
-
[5]
G. Ringlet, Le mythe au milieu du village. Comprendre et analyser la presse locale, Vie ouvrière, 1981, p. 113.
-
[6]
Comareg est une filiale de Havas Media Communication. Elle appartient donc au groupe Vivendi, anciennement Générale des Eaux. Ce groupe multisectoriel occupe en France une place de premier rang dans les secteurs des médias, des télécommunications et du multimédia. Il détient notamment 100 % de Havas, 49 % de Canal + et 24,5 % de BSKyB, respectivement premier groupe français et premier groupe britannique de télévision payante, 18,4 % d’Audiofina, 38,8 % du trust cinématographique UGC et comprend aussi de nombreux périodiques (L’Express, L’Expansion, Courrier international, La Vie française, Le Moniteur, L’Usine nouvelle) et de nombreux éditeurs (Laffont, Plon, Presses de La Cité, Larousse, Nathan, Bordas, Le Robert, Dalloz, Dunod, Masson, Pocket, …). Dans les télécommunications, Vivendi détient 100 % de Cégésat et 44 % de Cégétel. Il est associé à Softbank dans le secteur du multimédia. La participation dans Canal + est appelée à être ramenée à 40 %. La participation dans Audiofina n’est plus conçue comme permanente.
-
[7]
É. Lentzen, « La presse quotidienne francophone », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1515-1516, 1996, p. 35.
-
[8]
S. Govaert, « Les radios privées en Communauté française », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1201-1202, 1988, p. 25.
-
[9]
Depuis fin 1989, La Voix du Nord était à 70 % la propriété de ses salariés, via la société Voix du Nord Investissement, le solde étant détenu par le Crédit agricole et des personnes étrangères au journal. À l’automne 1998, le groupe Rossel a acquis une participation de 49 % dans le capital de La Voix du Nord Investissement. Le 19 juin 1999, l’assemblée générale extraordinaire de cette dernière société a entériné à la fois l’abandon du statut juridique de société en commandite par actions pour revenir à celui de société anonyme et l’entrée dans son conseil d’administration de deux représentants du groupe Rossel (Paul-Henry Fally, secrétaire général, et Claude Samain, directeur financier). En outre, selon Libération du 20 mai 1999, Rossel aurait acquis une participation de 35 % dans Camnord, filiale du Crédit agricole actionnaire de La Voix du Nord.
-
[10]
Le groupe Hersant est présent dans le Nord à travers le quotidien roubaisien Nord Éclair et dans le Hainaut à travers ses éditions Nord Éclair-Journal de Mons-Écho du Centre. Le groupe a comme filiales en Belgique les sociétés Nord Éclair belge, Société européenne de presse et de publicité et Société européenne de presse et de diffusion, à Tournai, et NE Diffusion, à Mouscron. Depuis 1983, le groupe Hersant détient une participation de 40 % dans la SA Rossel & Cie.
-
[11]
Le groupe R. Dupuis a notamment des intérêts dans la presse magazine (L’Evénement, L’Événement immobilier, Media Marketing, MM News), dans l’édition pédagogique et dans le secteur du matériel scolaire et de bureau.
-
[12]
É. Arcq et P. Blaise, « La nomination de l’évêque de Namur », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1330-1331, 1991, p. 47. À la même page, voir la relation de deux cas qui indiquent l’existence d’un climat de critique ou d’insatisfaction réciproque entre la rédaction et l’évêque nouvellement nommé le 7 février 1991.
-
[13]
Qui, rappelons-le, détient une participation de 40 % dans le capital de la SA Rossel & Cie. Cf. ci-dessus, p 11.
-
[14]
Vers l’Avenir, 6 décembre 1991.
-
[15]
Vers l’Avenir, 7 et 8 décembre 1991.
-
[16]
Les titres de la presse sont révélateurs : « Le casus belli de l’informateur religieux », Le Soir, 22 février 1995 ; « En cause, le ‘parachutage’ d’un informateur religieux. Mais pas seulement… », La Libre Belgique, 22 février 1995 ; « Les journalistes dénoncent ‘l’ingérence’ de Mgr Léonard », La Libre Belgique, 23 février 1995 ; « Outre les ‘parachutages’, le personnel de Vers l’Avenir redoute les synergies », Le Soir, 23 février 1995.
-
[17]
É. Lentzen, « La presse quotidienne francophone », op. cit., p. 33.
-
[18]
Cf. ci-dessus p 11.
-
[19]
Publiés sans indication du périmètre de consolidation, ce qui réduit l’intérêt des comparaisons dans le temps.
-
[20]
Cette restructuration a déjà commencé en décembre 1996 avec le regroupement des périodiques gratuits du groupe au sein de la société Hebdos de L’Avenir.
-
[21]
Cf. p 11.
-
[22]
François Desclée était intervenu le 27 janvier 1996 à Louvain-la-Neuve lors d’une journée d’étude organisée par l’Observatoire du récit médiatique (UCL). Le texte de son intervention a été publié sous le titre « Le point de vue du groupe Vers l’Avenir », in F. Antoine (éd.), Coupures de presse, Disparition de La Cité et survie des médias d’opinion, ORM/Éd. Academia-Bruylant, 1996, pp. 125-128.
-
[23]
Cette assemblée générale extraordinaire ne réunit en fait que cinq personnes : Luc Lannoye, le chanoine Jean-Marie Huet, Jacques Bourguignon, Jacques de Thysebaert et l’avocat de ce dernier.
-
[24]
C’est le 26 janvier 1999 que Cockerill Sambre diffuse le communiqué suivant : « Philippe Delaunois, auquel le président Francis Mer a proposé de nouvelles fonctions importantes au sein du groupe Usinor, a décidé pour des raisons personnelles, de décliner les responsabilités qui lui étaient offertes. Il quittera le groupe Cockerill Sambre lors de l’assemblée générale extraordinaire prévue pour fin mars/début avril. »
-
[25]
L. Rosenzweig, « Cet évêque belge de choc qui prêche le Carême au Vatican », Le Monde, 27 février 1999.
-
[26]
La Libre Belgique, 25 février 1999
-
[27]
Sous le titre « Quel avenir pour Medi@bel », cf. l’interview de L. Lannoye par Philippe Warzée, Pub, 10 mars 1999.
-
[28]
Stephan Jourdain (Vieux Waleffe, Office des propriétaires, …) détient divers intérêts dans la presse : dans Pan (en association avec Paul Vanden Boeynants, président du conseil d’administration de Sirius Éditions, filiale à 50,5 % de Vieux Waleffe), dans L’Éventail (le conseil d’administration de la société éditrice est présidé par Gérald Frère ; Rik De Nolf, du groupe Roularta en est également membre), dans Dimanche-matin (édité par la SA Dimanche Presse contrôlée à parité avec Patrice le Hodey).
-
[29]
La société sera constituée le 26 mai 1999 sous l’appellation Financière des médias (Médiafina). Les (seuls) fondateurs sont Stephan Jourdain et la SA Vieux Waleffe. Il existe par ailleurs une société Mediafin, filiale de la CLT, dont la création remonte au 1er juillet 1993. Cf. É. Lentzen et M. Legros, « Les télévisions en Communauté française », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1491-1492, 1995, p. 9.
-
[30]
Les principaux intérêts du groupe Roularta dans la presse hebdomadaire sont représentés, en néerlandais, par Knack-Magazine et Trends, et, en français, par Trends-Tendances. Le groupe partage avec le groupe Vivendi (cf. supra, pp. 9-10) le contrôle de Le Vif-Magazine, société éditrice de l’hebdomadaire Le Vif-L’Express, et avec le groupe français Bayard celui de Belgo-media, société éditrice de Telepro. Le groupe Roularta est co-actionnaire avec De Persgroep de la chaîne flamande VTM.
-
[31]
Cf. ci-dessus, p. 11
-
[32]
« L’avenir du patrimoine de la communauté diocésaine Namur-Luxembourg en danger ? », Sonalux, avril 1999.
-
[33]
Financieel Economische Tijd, 21 avril 1999. Sur le groupe R. Dupuis, cf. ci-dessus, p. 11.
-
[34]
Sonalux, juin 1999, p. 2
-
[35]
L’Écho, 24 avril 1999.
-
[36]
J.-M. C., Le Monde, 25 avril 1999. Cf. aussi l’interview de J.-M. Colombani, président du directoire du Monde, dans Le Matin, 30 avril 1999.
-
[37]
Les indications fournies alors, encore imprécises, sont les suivantes : le capital d’Axemedia (qui s’élèverait à 1 milliard de francs belges) serait réparti entre la Compagnie de développement des médias (40 à 50 %), le groupe suisse Edipresse (co-éditeur du quotidien Le Temps) (10 %), représenté par son secrétaire général Antonin Gross, et des personnalités catholiques francophones : Charles et Lucien Beauduin, Michel Delloye (ancien administrateur délégué de la CLT, administrateur de EVS), Maurice de Montjoye (administrateur délégué de Dewaele), Philippe de Woot de Trixhe (président de IBA), Paul-François Lambert (président de Fountain), François, Patrice et Philippe le Hodey, Jean-Claude Logé (administrateur délégué de Systemat), Jean Stephenne (administrateur-directeur de Smithkline Beecham Biologicals, président de l’UWE), Luc Willame (administrateur délégué de Glaverbel, vice président de la FEB), Bernard Woronoff (administrateur de Capital et Finance).
-
[38]
Sonalux, juin 1999, p. 2.
-
[39]
Cf. annexe : Quelques dispositions du droit canon.
-
[40]
Sonalux, avril 1999.
-
[41]
Le Monde, 16 juin 1999
-
[42]
Le Soir, 15 juin 1999
-
[43]
À ce propos, cf. les déclarations de P.-H. Fally, secrétaire général de Rossel, La Libre Belgique, 23 juin 1999.
-
[44]
Dominique Collinet est président du conseil d’administration de La Mosane, qui compte également comme administrateur J.-M. Delwart. Ces deux personnalités étaient apparues comme partenaires de S. Jourdain au sein de son consortium Mediafin.
-
[45]
En 1870, le Grand-Duché de Luxembourg a été érigé en diocèse relevant directement du Saint-Siège. Cette décision suivait de peu la dissolution de la Confédération germanique en 1866 et la reconnaissance de l’indépendance du Grand-Duché en 1867. En 1985, à l’issue d’une visite pastorale du pape Jean-Paul II, l’évêque de Luxembourg, Mgr Jean Hengen, a été promu au rang d’archevêque à titre personnel. L’année suivante, l’évêché de Luxembourg a été élevé au rang d’archidiocèse non métropolitain. Mgr Fernand Franck, qui était depuis 1977 secrétaire général de la Confédération pontificale pour la propagation de la foi, succéda en 1990 à Mgr Jean Hengen. Il était le premier prélat à accéder directement à la dignité d’archevêque de Luxembourg.
-
[46]
Depuis le 3 avril 1992, le conseil d’administration de l’asbl est composé de Mgr A. M. Léonard, président, de l’abbé Joseph Bayet, de l’abbé Guy Martin et de l’abbé René Gérard, secrétaire (dernière publication aux Annexes au Moniteur belge Asbl, 14 mai 1992, p. 3607).
-
[47]
Cf. notamment l’éditorial de J.-P. Duchateau, « Vigilance pas suspicion », La Libre Belgique, 2 juillet 1999.
-
[48]
Cf. ci-dessus, p. 30.
-
[49]
Rappelons que les conventions signées par S. Jourdain le 31 mai prévoyaient l’acquisition de 100 % du capital de Medi@bel pour un montant total de 1.140 millions de francs (cf. ci-dessus, p. 32. Par ailleurs, selon Libération du 20 mai 1999, Le Monde aurait proposé « de racheter 80 % de Medi@bel pour 18,6 millions d’euros ».
-
[50]
« (…) c’est également le besoin d’une recapitalisation, très rapide, de Medi@bel, de l’ordre de 800 millions de francs. Montant que nous sommes prêts à investir et qui s’ajoute au prix à payer pour les actions, dont le montant est top secret. », Ph. Delaunois, L’Écho, 16 juin 1999.
-
[51]
Media Marketing, n° 150, juillet-août 1999, p. 5 ; cf. aussi les déclarations de T. Leysen à Trends-Tendances, 15 juillet 1999, et notamment « J’accorderai une aussi large autonomie éditoriale aux titres de Medi@bel qu’au Standaard ».
-
[52]
La Mosane détient par ailleurs une participation dans une autre entreprise de presse, Editeco, société éditrice du quotidien L’Écho.
-
[53]
« L’ex-patron de Cockerill Sombre, qui offre un visage wallon à un groupe qui ne l’est guère », Trends-Tendances, 17 juin 1999 ; « L’avenir nous dira si Philippe Delaunois est autre chose que le faire-valoir wallon des intérêts de la VUM », Media Marketing, n° 150, juillet 1999, p. 7.
-
[54]
On observera aussi à quel point la dénomination de l’acquéreur (Société belge d’édition) et celle de son principal actionnaire (Vlaamse Uitgeversmaatschappij) sont à la fois semblables et différentes.
-
[55]
P. Delaunois, L’Écho, 16 juin 1999.
-
[56]
La Libre Belgique, 19 juin 1999.
-
[57]
Dans l’entre-deux-guerres, on avait assisté à la formation d’un groupement comme Pressa Nova associant deux quotidiens flamands, De Courant et Het Volk et deux quotidiens francophones, Le XXe siècle et La Cité nouvelle.
-
[58]
G. Duplat, Le Soir, 2 juillet 1999.
-
[59]
É. Lentzen, « La presse hebdomadaire francophone », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1519, 1996.
-
[60]
X. Mabille, Histoire politique de la Belgique. Facteurs et acteurs de changement, CRISP, éd. revue et complétée, 1997, p. 454.
-
[61]
L’Écho, 16 juin 1999.
-
[62]
L’Appel, n° 217, mai 1999.
-
[63]
Cf. supra, p 12.
-
[64]
Sydes, filiale de la VUM et actionnaire comme elle de la Société belge d’édition, partage avec la VRT le contrôle de la SA Var chargée de la régie commerciale de la publicité radiophonique de la VRT. Elle édite également des périodiques comme Intermédiaire et Clickx.
-
[65]
« Les structures de la presse quotidienne », Courrier hebdomadaire, CRISP, n° 1, 1959.
-
[66]
« Dans un paysage médiatique en pleine évolution, des quotidiens catholiques, mais pourquoi donc ? », L’Appel, mensuel chrétien de l’événement, mai 1999.
-
[67]
Stephan Jourdain est l’arrière petit-fils d’un des fondateurs, en 1884, du quotidien catholique indépendant Le Patriote, dont La Libre Belgique a pris la suite en 1918.
-
[68]
Les quotidiens édités par la VUM sont tous de tendance catholique et c’est tout récemment, le 7 septembre 1999, que De Standaard a décidé de ne plus faire figurer, à partir du 1er octobre, en haut de sa première page l’acronyme V (Alles voor Vlaanderen, Vlaanderen voor Kristus). AVV
-
[69]
Le mécanisme est le suivant : IPM détient 88,3 % du capital de la Compagnie nouvelle de communication dont le solde du capital (11,7 %) est détenu par la SC Promotion de la presse et des idées libérales.
-
[70]
Le Soir, 2 juillet 1999.
-
[71]
Le Matin, 16 septembre 1999.
-
[72]
X. Mabille, « La presse belge : un curieux pluralisme », La Revue nouvelle, septembre 1975, p. 251 ; cf. aussi Th. Luyckx, « De opinierichtingen in de Belgische dagbladpers », Res Publica, 1975/2, pp. 223-244.
-
[73]
H. Dumont, Le pluralisme idéologique et l’autonomie culturelle en droit public belge, vol. 2 : de 1970 à 1993, Bruylant/Publications des Facultés universitaires Saint-Louis, 1996, p. 307.
-
[74]
Cf. l’entretien avec Corinne De Permentier, ministre de l’Audiovisuel et l’article signé C. S., « Revoir les mécanismes de l’aide à la presse », Le Soir, 24 septembre 1999.
-
[75]
D. Ducarme, Le Soir, 2 juillet 1999.
-
[76]
Les comptes consolidés de la SA Vers l’Avenir font apparaître une diminution importante de l’effectif moyen annuel du personnel de 1994 (260) à 1997 (112) (derniers comptes publiés).
-
[77]
Communications, Diocèse de Namur, périodique mensuel, 40e année, n°4, 1er avril 1998, p. 118. Où l’on lit plus loin : « … une asbl peut librement gérer et aliéner ses biens », Ibidem, p. 119.
-
[78]
Nous nous référons à l’édition Cerf/Tardy 1989 du Code de droit canonique annoté. Les commentaires émanent de la Faculté de droit canonique de l’université pontificale de Salamanque.
-
[79]
Décret de la conférence épiscopale de Belgique du 28 octobre 1986, Pastoriala, Bulletin officiel de l’archidiocèse de Malines-Bruxelles, 16 septembre 1986.
-
[80]
Cf. É. Arcq et P. Blaise, « La nomination de l’évêque de Namur », op. cit., p. 10 et passim.
-
[81]
Pour 1997, il s’agit de chiffres contrôlés par le Centre d’informations sur les médias CIM, et pour 1998, de chiffres déclarés au CIM. Le CIM mène par ailleurs une enquête annuelle sur l’audience des médias. Pour la dernière période de référence (juin 1998/juin 1999), les chiffres publiés indiquent une progression globale de 2,3 % du lectorat de la presse quotidienne francophone par rapport à l’année précédente. Apparaissent notamment en progrès La Nouvelle Gazette/La Province (+ 16,8 %), La Dernière Heure/Les Sports (+ 8,8 %), Le Soir (+8,4 %). Apparaissent au contraire en recul Vers l’Avenir (- 11,2 %), La Libre Belgique (-11 %), La Meuse (- 4,7 %). La même enquête indique un recul global de 3,1 % du lectorat de la presse quotidienne flamande. En chiffres absolus, les quotidiens francophones totaliseraient 1.642.500 lecteurs et les quotidiens flamands 2.685.900. Sur l’évolution récente de l’audience de la presse, cf. G. Thoveron, « Presse écrite : turbulences », Le Ligueur, 6 octobre 1999.