Notes
-
[1]
Het Laatste Nieuws, 6 juillet 1992.
-
[2]
Serge Govaert, "La Volksunie", Courrier hebdomadaire du CRISP, n°1416-1417, 1993, p. 65.
-
[3]
De Financieel-Economische Tijd, 12 novembre 1992.
-
[4]
Ibidem.
-
[5]
Suite à son passage au nouveau parti et au départ de Staf Neel (SP) pour le Vlaarns Blok, le collège échevinal CVP-SP anversois devient minoritaire; la Volksunie rentre alors dans la majorité.
-
[6]
De Standaard, 6 novembre 1992.
-
[7]
"De Weg" ne plaide pas explicitement en faveur de la régionalisation de la dette ou de la sécurité sociale. Le texte dit que les "mécanismes de solidarité" doivent être transparents, et que les entités fédérées ("deelgebieden") doivent supporter elles-mêmes les conséquences de leurs choix institutionnels.
-
[8]
De Standaard, 12 novembre 1995. Guy Moens est l’auteur de De anti-Verhofstadt, paru aux éditions Coda à Anvers.
-
[9]
Jos Bouveroux, De partij van de burger. De verruiming van de Vlaamse liberalen, Standaard Uitgeverij, 1992, p. 43.
-
[10]
En définitive, seul le premier nommé fera ce choix - après un passage, au Sénat, comme "indépendant". H. Candries passera au CVP, H. Schiltz restera à la Volksunie.
-
[11]
’t Pallieterke, 2 novembre 1992.
-
[12]
Achille Moerman quittera le VLD en 1994 et sera parmi les membres fondateurs de Waardig Ouder Worden, un mouvement qui se présentera aux élections européennes et aux élections communales de 1994 et aux législatives de 1995 sous le sigle WOW et entend notamment défendre les intérêts des seniors.
-
[13]
Chiffres cités le 12 novembre 1992 par Annemie Neyts-Uyttebroeck.
-
[14]
Het Volk, 24 mars 1993.
-
[15]
Le règlement du Sénat ne permet pas, si on l’interprète strictement, de passer dans un autre groupe politique au cours de la législature.
-
[16]
De Standaard, 21-22-23 mai 1994. Lisette Nelis-Van Liedekerke figure parmi les candidats du VDL aux: élections européennes du 12 juin 1994 mais ne sera pas élue. Première suppléante au Sénat en 1995, elle y remplace Annemie Neyts-Uyttebroeck qui préfère conserver son mandat européen.
-
[17]
Het Laatste Nieuws, 26-27 mars 1993.
-
[18]
Liberaal Reflex, n°3, 1992, pp. 13-19.
-
[19]
Gazet van Antwerpen, 16 juin 1993.
-
[20]
Voir Evelyne Lentzen, Pierre Blaise, "Les priorités du gouvernement Dehaene, I. La réforme des institutions", Courrier hebdomadaire du CRISP n°1403-1404, 1993.
-
[21]
Le congrès du PLP-PVV des 17 et 18 février 1972 constatait que: "Les gouvernements collectivistes PSC-PSB ne sont pas capables - alors qu’ils disposent de 42 % du PNB - de garantir aux citoyens la sécurité d’existence et les conditions de vie auxquelles ils peuvent légitimement prétendre".
-
[22]
Knack, 10 février 1994.
-
[23]
Trends, 24 février 1994.
-
[24]
Ces deux interviews ont été publiées le 16 juin 1994.
-
[25]
Annemie Neyts-Uyttebroeck dans Het Laatste Nieuws, 8 août 1994.
-
[26]
De Morgen, 30 août 1994.
-
[27]
Le Soir, 15 février 1995.
-
[28]
Knack, 13 septembre 1995.
-
[29]
Le soutien public apporté par Guy Verhofstadt à Patrick Dewael aura peut-être aussi desservi ce dernier : c’était, comme le remarque De Standaard (18 septembre 1995) agir plus selon la logique du PVV que selon celle du VLD.
-
[30]
Trends, 5 octobre 1995.
-
[31]
Le Soir, 17 octobre 1995.
-
[32]
Le Soir, 17 octobre 1995.
-
[33]
De Morgen, 25 novembre 1995.
-
[34]
Le Burgerkrant, cité par La Libre Belgique, 20 novembre 1995.
-
[35]
Liberal Reflex, 4/1992, p. 28.
-
[36]
Gazet van Antwerpen, 16 juin 1993.
-
[37]
De Morgen, 16 septembre 1995.
-
[38]
Mais ils ne peuvent être membres d’un autre parti.
-
[39]
Pour ce chapitre, nous avons utilisé le "Repertorium van zuilgebonden vzw’s" (tome 2 : "Libérale vzw’s") édité en 1993 par le "Steunpunt Sociopolitiek Systeem" (Gand) ainsi que des informations transmises par les organisations libérales elles-mêmes.
-
[40]
Serge Govaert, "Le débat sur le verzuiling en Flandre", Courrier hebdomadaire du CRISP, n°1329, 1991.
-
[41]
Statuts publiés aux Annexes du Moniteur belge, 25 mars 1993.
-
[42]
Statuts publiés aux Annexes du Moniteur belge du 24 mars 1977, modifiés le 4 février 1982.
-
[43]
Statuts publiés aux Annexes du Moniteur belge du 5 juillet 1994.
-
[44]
Mais ce n’est, semble-t-il, pas encore chose faite.
-
[45]
Libéralisme, 1991/6, pp. 35-48.
-
[46]
Libéralisme, 1991/4, pp. 97-104.
-
[47]
Statuts parus au Moniteur belge du 29 janvier 1987. Arthur Vanderpoorten est le père d’Herman Vanderpoorten, lui-même plusieurs fois ministre et mort en déportation pendant la seconde guerre mondiale.
-
[48]
Le Soir, 14-15 août 1993.
-
[49]
Le Soir, 26 août 1993.
-
[50]
L’Echo, 7 octobre 1993.
-
[51]
Willy Waldack, "Le syndicalisme libéral en Belgique", Libéralisme 1991/4. Willy Waldack était le président de la CGSLB.
-
[52]
Nous avons retenu des années séparées, sauf pour 1995, par des intervalles de dix ans.
-
[53]
Liberaal Reflex, 1992/4.
-
[54]
De Morgen, 5 janvier 1994.
-
[55]
Cité par Le Soir, 22 décembre 1994.
-
[56]
Le Soir, 16 novembre 1973.
-
[57]
Tendances, 1er juillet 1993.
-
[58]
De Standaard, 9 avril 1985.
-
[59]
C’est d’ailleurs en 1980 que paraît à Bruxelles la traduction en néerlandais de The Road to Serfdom (1944) sous le titre De Weg naar moderne slavernij, aux éditions Acropolis.
-
[60]
De Standaard, 15 novembre 1973. De Croo était alors le vice-président du PVV.
-
[61]
Trends, 7 octobre 1993.
-
[62]
La Libre Belgique, 30 juillet 1984.
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[63]
De Morgen, 6 août 1994.
-
[64]
De Standaard, 9 avril 1985.
-
[65]
Liberaal Reflex, n°1/1994, pp. 11-20.
-
[66]
Loi du 10 avril 1995 complétant la nouvelle loi communale par des dispositions relatives à la consultation populaire, Moniteur belge, 1995.
-
[67]
L’Echo, 15 novembre 1994.
-
[68]
Het Laatste Nieuws, 19 août 1993.
1992 : la création des Vlaamse Liberalen en Demokraten
1Le Bureau du PVV décide, le 18 mai 1992, de débattre du texte dont il a confié la préparation à Annemie Neyts-Uyttebroeck lors d’un congrès, qui doit se tenir les 12, 13, 14 et 15 novembre 1992 à Anvers. Mais il s’agit aussi explicitement de transformer le PVV en un nouveau parti ; à cet effet, le texte de "De Weg" a été très largement diffusé et un numéro de téléphone vert (gratuit) permet même de l’obtenir sur simple demande. Le nouveau parti doit être fondé, selon l’Appel, sur cinq principes : la liberté politique et économique ; la responsabilité et la solidarité (notamment sociale) ; l’indépendance (vis-à-vis des groupes d’intérêt et de pression) ; le pluralisme (philosophique, s’entend) ; le fédéralisme ("le parti (...) veut être sur la brèche pour la Flandre et ses citoyens dans un pays fédéral, dans une Europe qui ne forme plus une communauté de gouvernements mais une communauté d’êtres humains dans un monde de paix et de sécurité"). Le mot "burger" (citoyen) revient, dans les deux pages de l’Appel, pas moins de 22 fois.
2À mesure que se rapproche la date du congrès fondateur, une effervescence certaine gagne les rangs du PVV mais aussi de la famille libérale dans son ensemble. Dès le 6 juillet 1992, Herman De Croo fait ainsi savoir dans la presse libérale [1] qu’il eût préféré "un renforcement des bases du parti" à un "vague élargissement". Il propose, prenant G. Verhofstadt au mot, l’organisation d’un référendum parmi les membres sur cette opération, plutôt qu’un congrès. Mais le Bureau du PVV juge cette demande "sans objet", puisque tous les membres du PVV seront invités au congrès et y auront droit au vote.
3Au PVV, on compare parfois l’opération lancée par Guy Verhofstadt à celle qu’entreprit Omer Vanaudenhove les 7 et 8 octobre 1961, transformant le parti libéral en parti ouvert aux croyants. Cette comparaison peut être flatteuse aux yeux des mandataires libéraux ; elle l’est moins dans la bouche de ceux qui sont restés fidèles à la Volksunie. Bert Anciaux parle - péjorativement - d’opération "Omer II" [2]. Ce sont évidemment, ici, les options unitaristes d’Omer Vanaudenhove qui sont visées ("Mon parti, c’est mon pays").
4Le nouveau parti, dit encore Herman De Croo, permettra de "récupérer" les électeurs séduits en novembre 1991 par les partis extrémistes et, en particulier, par le Vlaams Blok ; mais il souligne que "l’humanisme" libéral doit rester de mise. Singulièrement, tout doit être fait pour favoriser l’intégration des immigrés [3]. Le syndicat libéral, lui, s’inquiète : la suppression des organes de concertation socio-économique n’est rien d’autre, estime son président Willy Waldack, qu’un "slogan simpliste" [4]. Pour W. Waldack, il aurait fallu "actualiser" le programme du PVV plutôt que de chercher seulement à l’élargir en attirant des mandataires issus d’autres horizons.
5À la veille du congrès en effet, des élus ou des personnalités venant d’autres partis flamands s’y inscrivent et, de ce fait, se présentent comme futurs membres de la nouvelle formation. Jaak Gabriëls et Stefan Ector en sont bien entendu, mais aussi d’autres mandataires de la Volksunie : l’ancien ministre André Geens, le bourgmestre de Meise Frans Kerremans, le conseiller communal de Louvain Hans Bracquené, le bourgmestre de Dworp et ancien sénateur Willy Michiels. Dans la liste des congressistes, on retrouve également les noms de Luc Bungeneers (conseiller communal CVP d’Anvers) [5], de Pierre Lano (bourgmestre CVP de Harelbeke), de Léo Delwaide (fils d’un ancien échevin CVP d’Anvers), de l’ancien échevin CVP brugeois Dries Van den Abeele. Dans cette liste, il n’y a pas de mandataires venus d’autres partis que le CVP et la VU, exception faite du conseiller provincial anversois Raoul Dirickx (Agalev).
6Parallèlement, l’ancien sénateur Volksunie Lode Claes (qui avait quitté ce parti en 1978, fondé le Vlaamse Volkspartij et participé cette même année à un cartel électoral avec Karel Dillen, à l’origine de la création du Vlaams Blok) et son groupe de réflexion "1 Oktobergroep" décident de soutenir, de l’extérieur, le nouveau parti. Font notamment partie de ce groupe l’ancien député UDRT-RAD Thomas Delahaye, déjà candidat sur les listes libérales en 1985, le baron Guido Declercq (Almanij-Kredietbank), le journaliste Gérard Bodifée et le conseiller communal CVP gantois Luc De Paepe, par ailleurs porte-parole de la Fédération des Entreprises de Belgique [6].
7Dans une interview au Standaard, le 12 novembre 1992, le président du CVP Herman Van Rompuy juge le discours de Guy Verhofstadt "bien maigre". Certes, les propositions du Manifeste en matière de participation démocratique lui paraissent intéressantes ; mais les pays où elles sont déjà, totalement ou partiellement, appliquées subissent la crise (en particulier la crise de confiance politique) autant que la Belgique. H. Van Rompuy critique aussi le programme communautaire du nouveau parti : "Lorsqu’on affirme vouloir la régionalisation de la dette et de la sécurité sociale, il faut oser avouer qu’on accepte le scénario séparatiste, qu’on suit une logique qui est incompatible avec le schéma fédéraliste dans lequel nous fonctionnons aujourd’hui" [7]. Le sénateur Guy Moens (SP) voit, lui, dans le projet de Guy Verhofstadt "un retour au 19ème siècle et une condamnation de l’égalitarisme parce qu’il ne profiterait qu’aux piliers" [8].
Le congrès fondateur
8Le congrès commence par décider, le jeudi 12 novembre, de procéder à la dissolution du PVV. Cette décision est approuvée à l’unanimité des votants, moins douze abstentions. Seul l’échevin gantois Raoul Wijnakker émet des réserves [9].
9Le vendredi 13 novembre, les "verruimers" (c’est-à-dire ceux qui entendent rejoindre les rangs du nouveau parti sans avoir un passé libéral) se présentent. À ce stade, il n’y a qu’un seul parlementaire à faire le pas : Jaak Gabriëls. On cite, il est vrai, d’autres noms : Jef Valkeniers, Herman Candries, Hugo Schiltz [10]. Aucun parlementaire ne vient du CVP ; aux noms de ceux qui s’étaient inscrits au congrès s’ajoute pourtant celui de l’ancien député Ghis Willems. Le premier échevin d’Affligem Alex Cornand (SP) rejoint également la nouvelle formation ; il en va de même de quelques personnalités "indépendantes" dont la plus connue est Fernand Huts, président du conseil d’administration de la Katoen Natie et à ce titre l’un des principaux responsables économiques du fret portuaire à Anvers.
10Le samedi, le congrès enregistre le ralliement d’un second député : Pierre Chevalier (SP), ancien secrétaire d’État à la Politique scientifique. Pierre Chevalier partage avec d’autres transfuges le poids de conflits divers avec son parti d’origine : il a été contraint à la démission de son poste de secrétaire d’État en janvier 1990, et écarté depuis lors de plusieurs mandats dans les organisations du zuil socialiste (mutuelle, etc.). L’hebdomadaire Knack qui, pour le reste, applaudit dans ses éditoriaux à la naissance du nouveau parti (Frans Verleyen considère que celui-ci rend possible une "réconciliation entre le citoyen et la politique") note dans son numéro du 18 novembre 1992, que des litiges ont également opposé Dries Van den Abeele au CVP lorsqu’il était échevin de ce parti à Bruges et Pierre Lano, bourgmestre d’Harelbeke, au ministre de l’Intérieur Louis Tobback (SP). Parfois, la frustration prend sans doute une forme plus subtile : ainsi, les frictions à Anvers entre la Katoen Natie de Fernand Huts et la Hessenatie, dont’t Pallieterke affirme le 6 janvier 1993 qu’elle a le soutien du collège échevinal anversois (SP-CVP) et de l’échevin du Port Jan Devroe (CVP), contribueraient-elles à expliquer l’adhésion de F. Huts.
11Certains ralliements ne se font pas sans douleur : Pierre Chevalier, par exemple, n’est accepté que du bout des lèvres par les autres "verruimers" brugeois ; Dries Van den Abeele et Bob Vanhaverbeke (un ancien conseiller communal VU) ont été longtemps adversaires du premier cité lorsque ce dernier siégeait dans la majorité à Bruges. De même, la venue d’Antoine Denert (le bourgmestre VU de Kruibeke) est postposée : certains libéraux craignent son "intégrisme" catholique (A. Denert fait débuter chaque conseil communal par une prière). Le 26 octobre 1992, André Denys avait d’ailleurs publiquement dans le quotidien Het Laaste Nieuws, jugé ce ralliement inacceptable, ‘t Pallieterke voit, lui, un "noyau dur laïque" menacer le nouveau parti par un "filtrage" des adhésions [11]. La revue Trends, dont Lode Claes préside le comité de rédaction, a le même commentaire à propos du comité des sages qui doit "trier" les candidatures problématiques ; c’est d’ailleurs le seul point que Trends juge négativement son rédacteur en chef Frans Crois allant jusqu’à déclarer qu’une "Epoque Nouvelle commence".
12C’est aussi le samedi 14 novembre qu’est discutée et votée la "Déclaration de principe". Quelques obstacles doivent être surmontés : la tentation du séparatisme, avivée par le passage de mandataires issus de la Volksunie, et le radicalisme de certains congressistes en matière d’immigration.
13Sur le premier point, le congrès adopte un amendement déposé par Bart Somers (ancien président des jeunes Volksunie, les VUJO) et Serge Grysolle (l’un des animateurs du groupe du 1er octobre de Lode Claes), qui tend à supprimer, dans la phrase "Là où, auparavant, on se disputait en Flandre sur la voie que devaient suivre nos institutions, il y a aujourd’hui - les partisans du séparatisme exceptés - unanimité sur le cap à suivre", l’incise concernant les "séparatistes". Cet amendement est adopté par 461 voix contre 250, mais G. Verhofstadt intervient le lendemain avec J. Gabriëls pour éviter que le vote ne soit interprété comme un plaidoyer en faveur du séparatisme. Patrick Dewael, qui préside le congrès, fait alors adopter une motion rejetant explicitement le séparatisme. "Paniekvoetbal rond séparatisme", titre De Standaard, le 15 novembre 1992.
14Sur l’immigration, des discours peu nuancés se font entendre. Achille Moerman par exemple [12] déclare qu’"il faut distinguer les étrangers qui s’adaptent facilement à nos valeurs et à nos modes de vie et ceux qui ont du mal à s’adapter et qui sont le plus souvent d’origine musulmane. Pour aussi intégrer ces étrangers, il faut écarter certains obstacles, supprimer par exemple la reconnaissance du culte islamique et abroger la loi sur le regroupement familial, dont on abuse aujourd’hui systématiquement afin de favoriser la colonisation de la Belgique par l’islam". Ses amendements ne sont pas retenus, pas plus que quelques autres à peine moins radicaux. C’est un amendement du député européen Karel De Gucht (voir plus loin) qui précise finalement le texte de l’Appel.
15Au total, un nombre important d’amendements sont déposés : 33 par des instances du PVV (fédérations, sections), 12 par des membres du PVV à titre individuel, 19 par des groupes structurés du Centrum voor Politieke Vernieuwing et 13 par des membres du Centrum ou des indépendants [13].
16Le dimanche, le texte est définitivement adopté et le nouveau parti reçoit comme dénomination Vlaamse Liberalen en Democraten avec, en sous-titre, Partij van de Burger, parti du citoyen. C’est le sigle VLD qui servira, dorénavant, à désigner la nouvelle formation, au Parlement, sur les listes électorales et dans l’annuaire téléphonique.
17Hors quelques modifications mineures, en quoi le texte adopté par le congrès diffère-t-il de l’"Appel" et de la "Déclaration de principe" sous leur forme originelle ? Il y a d’abord des accents plus "libéraux", en ce sens qu’ils soulignent les vertus sociales de l’économie de marché. Ainsi, cette dernière n’est plus seulement "le meilleur système économique" mais devient "le meilleur système économique et social" ; une phrase est ajoutée pour indiquer que ce système est celui qui "permet de mener une véritable politique sociale". Le citoyen devait, dans le projet, avoir la liberté de "disposer des fruits de son travail" ; trop restrictif sans doute aux yeux de certains, puisque le texte est devenu "de disposer des biens qu’il a en propriété, s’il les a justement (rechtmatig) acquis".
18D’autres accents peuvent être considérés comme "fédéralistes". L’Europe qu’appelle de ses voeux le VLD n’est plus uniquement une communauté d’êtres humains et de peuples, mais aussi "de régions", et un "respect mutuel doit y être de règle "pour la langue et la culture de chacun". La même interprétation vaut sans doute pour ce qui est de la transformation de la phrase "la réforme de l’État ne fonctionne pas", remplacée par "la réforme de l’Etat ne fonctionne pas comme il faudrait". De même, il n’est plus question de "supprimer" ("opdoeken") les institutions nouvelles mais de les "repenser et de les simplifier".
19Certains ajouts précisent la conception que le nouveau parti a de son rôle dans le cadre politique en général. Ainsi en est-il de la phrase "Trop souvent, les promesses électorales ne sont pas tenues, ce qui fait que les citoyens ont perdu leur confiance dans les partis traditionnels" ; de même, il est souligné que "la politique ne peut se rapporter qu’à une partie limitée du domaine social". L’arrivée de "verruimers" dont les conceptions philosophiques peuvent se trouver à l’opposé de celles des membres du PVV explique probablement des ajouts tels que "pluraliste et tolérant, ou encore "il y a lieu de respecter la liberté de conscience et la liberté de comportement politique des membres et des élus en matière éthique".
20Parfois, le radicalisme du texte original est assoupli : plutôt que de supprimer les organes de concertation, le texte adopté par le congrès parle de "diminuer sensiblement le poids décisif des organes de concertation et d’avis sur la prise de décision politique" ; les atteintes à l’environnement peuvent "aussi" être combattues par des mesures de type réglementaire, ce qui était d’abord exclu. Parfois, il est renforcé (les référendums, par exemple, doivent "lier" les autorités).
21En matière d’immigration, c’est finalement un amendement du député européen Karel De Gucht qui est retenu, de préférence à des solutions radicales proches de celles que préconise le Vlaams Blok. Cet amendement souligne, en particulier, la nécessité de respecter "la dignité, la spécificité et l’arrière-plan culturel et historique des immigrés".
22Enfin, trois nouveaux chapitres viennent compléter l’"Appel" : le premier demande que les services publics soient effectivement au service du citoyen, le second que la justice soit "crédible" et le troisième plaide pour un monde de paix et de sécurité.
23Une analyse plus fine des amendements déposés au congrès (y compris donc de ceux qui n’ont pas été retenus) met en évidence d’autres aspects des rapports de force au sein de la nouvelle formation et des relations, en particulier, entre "anciens" et "nouveaux".
24Ainsi, la dichotomie parti/mouvement (sensible dans la première phrase de l’Appel) apparaît dans un amendement des PVV-Jongeren (qui veulent supprimer le mot parti dans l’ensemble du texte). Le nouveau parti est l’héritier du PVV : sans doute la chose est-elle claire, mais il en est pour demander qu’elle soit dite explicitement (le groupe Pragma). La refonte totale de la réforme institutionnelle est un autre point sensible, où des amendements sont déposés par les Jeunes du Centrum voor Politieke Vernieuwing, les Rénovateurs de Bruges (c’est-à-dire les dissidents du CVP qui ont suivi Dries Van den Abeele) ; ces amendements sont adoptés.
25Par contre, d’autres amendements institutionnels ne le sont pas : le Liberaal Vlaams Verbond demande ainsi la suppression des provinces, et un congressiste (F. Rappoort) que les fonctionnaires qui travaillent à Bruxelles depuis au moins cinq ans aient le droit de vote pour désigner les mandataires politiques de Bruxelles-capitale.
Les suites du congrès
26Plusieurs ralliements au VLD vont intervenir dans le courant de l’année qui suit. Antoine Denert finit par adhérer au VLD le 10 février 1993, mais sa personnalité continue d’alimenter les tensions, notamment après qu’il a autorisé une réunion des anciens combattants du front de l’Est dans sa commune [14]. Le 3 février 1993, le député Volksunie Hugo Coveliers passe lui aussi au VLD et siégera désormais dans ce groupe à la Chambre, aux côtés de Jaak Gabriëls et de Pierre Chevalier. Après le congrès que tient la Volksunie à Louvain en septembre 1993, Jef Valkeniers quitte le groupe VU du Sénat. Il siège d’abord (pour des raisons réglementaires, peut-être [15]) comme indépendant avant de s’inscrire au groupe VLD. Lisette Nelis-Van Liedekerke, député (CVP) d’Alost depuis 1988 et proche des classes moyennes (elle est elle-même chef d’entreprise), rejoint le VLD à la veille des élections européennes de 1994 en dénonçant le poids qu’exerce le syndicat chrétien sur le CVP [16].
27Il y a aussi quelques départs, peu nombreux il est vrai : celui de l’échevin de Lierre Willy Moons en novembre 1993, parce que le parti lui semble "de moins en moins libéral". Et des déclarations de sympathie, dont la plus médiatisée est celle d’André Leysen, ancien président de la FEB, administrateur de plusieurs sociétés et notamment président du conseil d’administration d’Agfa-Gevaert. En juillet 1993, il écrit dans De Standaard que sa sympathie "va aujourd’hui au VLD et à son président, qui a fait le pas courageux de faire élire la direction par les membres".
28Il y a enfin les méfiants, parmi lesquels les diverses associations de la famille libérale que les statuts du VLD tiendront, par la suite, à l’écart de la prise de décision. L’ancien ministre Karel Poma s’inquiète par exemple au nom du Libéral Vlaams Verbond : "Le parti est truffé de gens qui ne viennent pas du PVV. Sont-ils tous de vrais libéraux ?" [17].
29Nous examinerons, dans un chapitre distinct, la question de savoir dans quelle mesure les Vlaamse Liberalen en Democraten sont les héritiers du PVV ; la création du nouveau parti rend en tout cas nécessaire l’adoption de nouveaux statuts.
Les statuts du VLD : le congrès de Courtrai
30Ce sera chose faite à Courtrai le 28 mars 1993. Entre-temps, plusieurs personnalités ralliées au VLD viennent compléter à titre transitoire le "partijraad" et le "partijbestuur" de l’ancien PVV : il s’agit de Hans Bracquené, Pierre Chevalier, Jaak Gabriëls, André Geens, Dries Van den Abeele, Marleen Van Waeyenberge, Léo Delwaide et André-Emile Bogaert. Il est également prévu que si, à l’issue des premières élections statutaires, un organe dirigeant ("bestuur") constate, à quelque niveau que ce soit et à la majorité des deux tiers, qu’une "catégorie déterminée" est insuffisamment représentée elle peut coopter - à la majorité absolue - des personnes qui en sont issues, à condition que leur nombre ne dépasse pas 20 % des membres élus. Cette disposition, transitoire elle aussi, a manifestement pour but de garantir la présence des "verruimers" dans les rouages du VLD.
31Les propositions faites aux congressistes de Courtrai impliquent à la fois une simplification et une démocratisation des organes dirigeants.
32Simplification : alors que les statuts du PVV prévoyaient cinq niveaux d’organisation en-dessous de la structure nationale (la commune, le canton, le district, l’arrondissement et la province), ils se réduisent désormais à deux : la commune et l’arrondissement. Par ailleurs, existaient dans les statuts du PVV (modifiés à deux reprises depuis 1977) deux organes dirigeants au niveau national : le "partijraad" et le "partijbureau". Le premier élisait cinq membres du second ; les autres étaient soit élus par le congrès (le président et les vice-présidents), soit des représentants (chefs de groupe parlementaire, délégués des PVV-Jongeren et des PVV-Vrouwen, anciens présidents) ou des cooptés (pour assurer des équilibres géographiques ou des quotas, le "partijbureau" devant en effet compter dans ses rangs au minimum l/5ème de femmes et l/5ème de jeunes). Quant au "partijraad", il se composait d’un nombre considérable de personnes : ministres, députés, sénateurs, députés permanents, délégués de chacun des organismes et centres d’étude sociaux, politiques, culturels et économiques reconnus par lui. Désormais, il n’y aura plus de "partijraad" et la totalité du "nationaal bestuur" (l’ancien "partijbureau") est élue par les membres du parti.
33Démocratisation : le président du parti est élu directement par et parmi les membres, tout comme le sont d’ailleurs tous ceux qui siègent au "nationaal bestuur". De plus, les listes électorales (pour les élections européennes, législatives et communales) sont désormais confectionnées selon des règles précises ("voorverkiezingen", des primaires à l’américaine en quelque sorte) où interviennent les affiliés, mais aussi des "électeurs enregistrés" ("geregistreerde kiezers") lesquels adhèrent à la Déclaration de principe de 1992 sans être membres du parti. Auparavant, les différents niveaux de pouvoir opéraient en application de dispositions qui leur étaient spécifiques (les articles XVI à XIX des statuts du PVV, relatifs aux "Elections", ne concernaient que les accords nécessaires, dans certains cas, entre plusieurs cantons ou arrondissements ou les "recommandations" que pouvaient formuler le "partijraad" et le "partijbureau").
34Les nouveaux statuts suppriment par ailleurs des dispositions introduites dans les années septante : la limite d’âge (65 ans) pour les mandats politiques, les quotas de représentation (l/5ème jeunes, l/5ème femmes) dans le "partijbestuur". Patrick Dewael écrira que "la limite d’âge a été introduite à l’époque à la demande des PVV-Jongeren, mais à mon corps défendant" [18].
35Enfin, les règles déontologiques (principalement des incompatibilités) que détaillaient déjà les statuts du PVV (interdiction de cumul, sauf dérogation du "partijbureau", entre divers mandats - ministre, député, sénateur - et celui de bourgmestre ou échevin d’une commune de plus de 30.000 habitants) sont étendues : le mandataire du parti ne peut dorénavant exercer qu’un seul mandat politique, sauf dérogation qui lui est accordée lors des "primaires" par les deux tiers des votants ; il ne peut occuper de fonction dirigeante dans une mutuelle, un syndicat, une fédération patronale ou en cas de confusion possible d’intérêts.
36Le congrès de Courtrai examine plus de 700 amendements. La plupart portent sur l’organisation des "primaires", sur le caractère particulier de l’"enregistrement" (certains congressistes demandent qu’il soit annuel et non renouvelable), sur la participation aux organes dirigeants de délégués des associations libérales.
37Les premières élections statutaires ont lieu, à tous les niveaux, le 19 juin 1993. Les candidats aux différentes fonctions sont nombreux : 155 pour les 30 sièges au "nationaal bestuur", dont 68 mandataires et 87 non-mandataires (les statuts prévoient un organe paritaire). Pour l’élection du président par contre, il n’y a que deux candidats : Herman De Croo et Guy Verhofstadt ; le premier joue la carte du pragmatisme : "Je ne crois pas qu’un jour tout soit blanc et un autre tout soit noir. Je crois en ta technologie de la conviction. On ne peut gouverner contre tous, il faut laisser vos partenaires marquer eux aussi des points. Je suis contre tes piliers, mais je ne les sous-estime pas (…). Je suis un homme politique, et je n’appartiens pas à l’académie de la politique. Je ne lis pas beaucoup de livres, mais je lis des statistiques" [19].
38Le 19 juin 1993, G. Verhofstadt l’emporte assez largement : il recueille 22.445 voix (68,5 %) contre 10.322 (31,5 %) à Herman De Croo. La participation est relativement modeste, 43,8 % des quelque 82.000 membres du VLD se sont rendus dans les bureaux de vote.
39Aux autres niveaux de décision, les élections sont plutôt satisfaisantes pour les "verruimers". Certes, Antoine Denert ne parvient pas à se faire élire ni l’entrepreneur Aimé Desimpel (Gand) ; de même, Ludo Dirks (un ancien membre du cabinet de Johan Sauwens) est battu au comité du Grand Anvers par Ward Beysen. La présidence des PVV-Jongeren était d’ailleurs allée, quelque temps auparavant, non à Bart Somers (ex-VU) que soutenait Guy Verhofstadt, mais à Didier De Buyst. Pour le reste, les nouveaux membres du parti s’en sortent bien : André Geens, Léo Delwaide, Hans Bracquené, Pierre Chevalier, Hugo Coveliers et Jaak Gabriëls notamment siégeront au "nationaal bestuur". Annemie Neyts-Uyttebroeck est élue à la vice-présidence du parti ; c’est elle, en effet, qui obtient le plus grand nombre de voix parmi les candidats mandataires avec 19.109 voix. La commission statutaire qui doit, quant à elle, veiller au respect des statuts et examiner les plaintes relatives, entre autres, à la déontologie des mandataires du VLD est composée de Karel Poma qui la préside, Piet Van Brabant (ancien rédacteur en chef de Het Laatste Nieuws et secrétaire général du Liberaal Vlaams Verbond), Guy Schrans, Roger de Rouck, Ann Somers et Astrid Norman.
De congrès en congrès
40Entre 1992 et les élections européennes de 1994 - premier test électoral auquel sera confronté le VLD - celui-ci tient deux congrès dont l’objectif paraît surtout être de maintenir intacte la capacité de mobilisation née lors de la mutation du PVV. Politiquement en effet, le VLD ne parvient pas à tirer d’emblée profit de l’élan qu’il a initié. La crise de mars 1993 se résout sans que les libéraux réussissent à échafauder une majorité de rechange. La révision de la Constitution, que le passage de quelques élus de la VU au VLD (Jaak Gabriëls, Hugo Coveliers) et la défection de Pierre Chevalier risquait de compromettre faute d’atteindre la majorité requise (les deux tiers) est obtenue ; le VLD vote d’ailleurs en faveur des articles révisés de la Constitution qui rencontrent son programme (au total, il approuve 30 articles, en rejette 7 et s’abstient à 3 reprises - ses votes sont différents de ceux du PRL) [20].
41Car si l’ambition à moyen terme de Guy Verhofstadt était bien de faire de son parti le premier parti de Flandre, il poursuivait aussi en remodelant le PVV un but plus immédiat : vider la Volksunie d’une partie de sa substance et empêcher ainsi la réalisation d’un point important de l’accord gouvernemental à savoir la réforme de l’État. Dans l’opuscule qu’il consacre au "Partij van de burger", Jos Bouveroux confirme a contrario cette analyse : il explique comment Jean-Luc Dehaene, devenu formateur, se serait efforcé en janvier 1992 de perturber les contacts entre le PVV et la VU, sachant bien que cette dernière était "le maillon faible" de l’alliance - ponctuelle - entre les deux partis, et comment il a réussi à isoler Jaak Gabriëls des autres dirigeants de la Volksunie.
42À l’automne 1993, l’espoir du VLD de renverser la coalition en place est donc devenu extrêmement ténu. Ce qui importe alors, c’est de conserver l’élan qui avait accompagné la transformation du PVV en VLD.
43Un premier congrès (Gand, 22-23-24 octobre 1993) est consacré à la "démocratie citoyenne", la "burgerdemokratie" dont Guy Verhofstadt s’est fait le héraut (c’est le titre d’un chapitre - le quatrième - de son Deuxième manifeste). Un groupe de travail présidé par Jaak Gabriëls prépare un projet de texte ; les rapporteurs en sont le député européen Karel De Gucht, le professeur Frank Naert (VUB) et le député Marc Verwilghen (Termonde).
44Ce congrès n’est pas consacré à des questions institutionnelles au sens strict. Néanmoins, à travers le prisme de la "démocratie citoyenne", c’est la société toute entière que le VLD propose de changer. Mais une nouvelle fois, la plupart des mesures avancées sont celles de congrès antérieurs ou semblent directement extraites des deux manifestes de son président Ainsi en est-il de la "neutralisation du vote de liste", de l’instauration d’une préférence fiscale, de la mise en place d’une Cour constitutionnelle et des privatisations (établissements bancaires publics, SABENA, Loterie nationale, sociétés publiques d’investissement, etc.).
45Certaines propositions font pourtant naître des controverses. Le groupe de travail défend, par exemple, l’idée que les organes du pouvoir exécutif doivent tous être désignés par élection. Des congressistes demandent que le chef de l’État ne fasse pas exception. À un amendement de la fédération anversoise limitant les fonctions du roi à leurs aspects protocolaires ("les lois sont signées, sanctionnées et promulguées par le gouvernement fédéral au nom du peuple belge") est préféré un amendement qui exclut le chef de l’Etat de la liste des mandats électifs.
46Une autre résolution proposée aux congressistes envisage la suppression des CPAS dont le rôle serait repris par les communes (le groupe de travail, qui plaide avec beaucoup d’insistance pour la primauté du niveau communal, était composé pour une bonne part de municipalistes). Plusieurs fédérations d’arrondissement (Bruges), des membres à titre individuel ou des sections locales demandent que cette résolution soit retirée. Il est décidé de ne pas proposer la suppression des CPAS mais plutôt l’élection directe de leurs membres.
47Les 18,19 et 20 mars 1994, le VLD tient à Hasselt un deuxième congrès, consacré celui-là à la sécurité sociale. Un projet de texte est élaboré par les députés Pierre Chevalier (ex-SP) et Dirk Van Mechelen.
48Ce document part d’un constat : l’échec de l’État-providence, du "verzorgingsstaat". "Malgré les moyens immenses qui y sont affectés, des dizaines de milliers de citoyens continuent à vivre en-dessous du seuil de pauvreté" [21].
49Les résolutions adoptées par le congrès s’appuient sur les lignes de force suivantes. Chaque entreprise doit souscrire pour les membres de son personnel une assurance couvrant la perte de revenus découlant d’une maladie ou d’un accident. Elle en paie les primes (à une société privée). Chaque entreprise doit souscrire une assurance couvrant la perte de revenu consécutive au chômage, l’allocation de chômage est limitée dans le temps. Une pension de base est financée par des cotisations retenues sur les salaires. Elle peut être complétée par la capitalisation de primes, qui sont fonction du salaire. Des pensions complémentaires peuvent être constituées, et encouragées fiscalement L’assurance santé doit être souscrite par chaque particulier auprès d’un organisme privé reconnu. Elle est payée par une prime qui est pour partie fonction du salaire, pour partie fixée par l’organisme assureur. Une assurance populaire ("volksverzekering"), financée par la communauté, permet d’assurer les citoyens "qui ne réussissent pas à avoir un revenu", après enquête sur la réalité sociale (cette assurance s’adresse aux chômeurs de longue durée, aux handicapés, aux personnes âgées). La solidarité fédérale ne sera maintenue que pour les revenus garantis dans le cadre de l’assurance populaire ; le reste du système est "communautaire".
50Par ailleurs, il est prévu de communautariser les allocations familiales et d’y introduire une sélectivité. Une allocation complémentaire est versée à ceux qui élèvent à domicile des enfants âgés de moins de trois ans.
51Le VLD affirme, chiffres à l’appui, que l’application de ces mesures freinera la courbe ascendante des dépenses de sécurité sociale. Dans des "fiches techniques" jointes aux résolutions du congrès, diverses mesures d’assainissement sont détaillées (par exemple : la suppression des montants alloués aux syndicats à titre de frais d’administration dans le paiement des allocations de chômage).
52Pierre Chevalier et Dirk Van Mechelen ne contestent pas que leurs propositions reviennent pour l’essentiel, à "privatiser" la sécurité sociale ce qui "évite", disent-ils, "le débat douloureux et impossible sur la fédéralisation" [22].
53Si certains se montrent plutôt intéressés ("Nous trouvons que le plan du VLD contient trop peu de chiffres et qu’il va trop loin, notamment lorsqu’il propose de privatiser le chômage et dans son volet communautaire. Mais c’est un pas dans la bonne direction" dit Georges Valckenaere, directeur général des AG, à Trends le 7 avril 1994), le SP s’y oppose vivement La sélectivité en matière de chômage est pour le SP une mauvaise solution, la privatisation du secteur des soins de santé risque de conduire à une segmentation comme aux États-Unis, le marché de la santé ne fonctionne pas comme le marché ordinaire, il est impossible de combiner assurance et sélectivité. Le président du SP Frank Vandenbroucke a cette formule : privatiser la sécurité sociale, c’est comme "faire du roi Hérode le saint patron de l’Oeuvre Nationale de l’Enfance" [23]. Les mutualités, en ce compris la mutuelle libérale, peuvent difficilement accepter un document qui commence par proclamer l’échec du régime de sécurité sociale ("La gestion du régime de sécurité sociale est inefficace (…) Le régime de sécurité sociale est totalement inefficient parce qu’il est devenu trop complexe (…) et insuffisamment sélectif). Le secrétaire général de l’Union des mutualités libérales, Geert Missiaen, par ailleurs membre du VLD, essaye d’ailleurs de faire supprimer ou au moins d’amender ce texte mais il n’a pas été suivi par le congrès.
54Le projet de texte préparé par Pierre Chevalier et Dirk Van Mechelen prévoyait de plus que "la solidarité fédérale ne sera maintenue que pour les revenus garantis dans le cadre de l’assurance populaire, qui est financée par les moyens généraux", c’est-à-dire par l’impôt "Les règles générales auxquelles doivent satisfaire l’assurance d’incapacité de travail, l’assurance-chômage, la pension de base, le pensioenbonus et le contenu de l’enveloppe des soins de santé de base" (c’est-à-dire tout ce qui est financé par des primes payées à des assurances privées, mais avec des règles à fixer par les pouvoirs publics) "sont arrêtées par le pouvoir fédéral ou, après accord mutuel, par les Communautés". Aux "verruimers" (Gabriëls, Valkeniers) qui demandent la fédéralisation de la sécurité sociale, Verhofstadt répond lors du congrès par une proposition de compromis : l’assurance populaire reste fédérale, les autres règles "sont arrêtées par accord entre les Régions et les Communautés". "Si les propositions pour un nouveau système de sécurité sociale ne sont pas jugées acceptables par les autres collectivités, le VLD prend position de façon explicite pour la communautarisation de la sécurité sociale".
1994-1995 : de Guy Verhofstadt à Herman De Croo
Les élections européennes du 12 juin 1994
55La confection des listes pour les élections européennes ne se fait pas sans mal. La liste est emmenée non pas par les parlementaires européens sortants (Willy De Clercq et Karel De Gucht) mais par Annemie Neyts-Uyttebroeck ; elle est suivie de Willy De Clercq puis de Mimi Kesteleyn-Sierens, ex-CVP. Karel De Gucht est dernier suppléant. Les "verruimers" occupent des places de combat : André Geens est 5ème effectif, Jaak Gabriëls dernier effectif, Hugo Coveliers avant-dernier suppléant. Guy Verhofstadt veut faire de ces élections un test. Elles "donnent au citoyen une première occasion de dire non à cette Europe, non à notre gouvernement. De dire oui à une communauté libérale et démocratique d’hommes libres, responsables et solidaires en Flandre et en Europe". Ce que le VLD reproche à l’Europe, c’est d’avoir été "édifiée par les démocrates-chrétiens et les socialistes", ces deux "blocs sclérosés", et d’être "un conglomérat d’intérêts nationaux et de lobbies dirigistes", hors de toute participation du citoyen. Le VLD propose 60 mesures qui doivent fonder l’Europe du citoyen : subsidiarité (seuls les pouvoirs qui ne peuvent être exercés efficacement à un niveau inférieur sont dévolus à l’Europe), élection directe du président de la Commission (l’exécutif est désigné par le Parlement), procédure de contrôle exercée par le Parlement (avec vote majoritaire), élaboration d’une Constitution européenne, instauration de la procédure de référendum au niveau européen, etc.
56Le VLD n’obtient pas, le 9 juin 1984, le résultat escompté. Certes, il dépasse ses pourcentages de 1979,1984 et 1989 en recueillant 606.839 voix, soit 18,4 %. Il devient ainsi - de peu - le deuxième parti flamand (derrière le CVP). Il obtient même un troisième siège. Mais il ne réalise pas la percée électorale qu’il escomptait, plus de 9 % des suffrages le séparant du CVP. De plus, ce n’est plus dans l’arrondissement d’Alost que les libéraux réalisent leur meilleur résultat mais dans le canton de Bree (34,1 %), c’est-à-dire le canton dont Jaak Gabriëls est originaire.
57Guy Verhofstadt reconnaît, au soir des élections, que "l’électeur l’a ramené brusquement à la réalité". Le progrès relatif est d’autant plus décevant que les espérances étaient grandes. Cette réalité dont parle G. Verhofstadt, Knack la résume en écrivant que le VLD est resté un parti "de moins de 20 %". Sans réclamer la démission de Guy Verhofstadt, Herman De Croo y va de son analyse dans des interviews au Morgen et au Standaard [24]. La liste des candidats, estime-t-il, aurait dû être plus forte et les thèmes européens mieux mis en avant. G. Verhofstadt, ajoute-t-il un peu cyniquement, n’aurait pas dû reconnaître une défaite qui n’en était pas une : "les militants n’aiment pas les défaites". De façon plus générale, il pense que le parti a jusqu’ici "trop travaillé en chambre" : "nous avons fait nos muscles sur le home-trainer. Il est temps d’aller rouler en rue". Et encore : "Le VLD a montré sa vitrine, mais il n’avait pas assez de vendeurs".
58Du coup, une certaine fronde se développe dans les rangs du parti. Elle culmine lors de la parution dans les colonnes du Morgen, le 23 juillet 1994, d’un article que signe le rédacteur en chef du quotidien anversois De Nieuwe Gazet, Luc Van der Kelen. De Nieuwe Gazet et De Morgen sont édités par le groupe Hoste dont les orientations sont explicitement libérales (Frans Grootjans en fut longtemps le directeur). Ce texte intitulé "Libéraux de Flandre, levez-vous et partez à la reconquête du libéralisme !" n’est pas tendre pour Guy Verhofstadt : "Depuis sa transformation en parti du citoyen avec démocratie directe, il n’y a jamais eu aussi peu de démocratie à l’intérieur du VLD. Il est devenu un parti dirigé à tous les niveaux par une petite oligarchie (…)". Luc Van der Kelen plaide pour renouer le contact avec les organisations sociales libérales, faute de quoi le VLD se condamnera à l’isolement.
59Deux jours plus tard, le "nationaal bestuur" du VLD tient une réunion "de crise" à Keerbergen. Guy Verhofstadt a préalablement rédigé une note résultant notamment de rencontres avec des militants du parti dans les cinq provinces. Il y reconnaît avoir placé la barre trop haut, admet la faiblesse de la liste, mais attribue aussi le score décevant de celle-ci à une campagne menée par les "zuilen" pour effrayer l’électeur et à un manque d’intégration des "verruimers". Le "bestuur" décide de ne pas remettre en cause les thèses du VLD mais de voir comment les concrétiser de façon réaliste (ce qui implique la conclusion de compromis, le cas échéant, pour trouver des alliés). L’analyse qu’il fait, pour le reste, de la semi-défaite du 12 juin est celle d’un manque de communication et de décentralisation à l’intérieur du parti et en direction de la population. Les remèdes sont à l’avenant (meilleure information, décentralisation du travail militant). Le parti libéral est, traditionnellement, un parti peu centralisé. Les procédures démocratiques instaurées par le congrès de Courtrai créent donc de facto des instances de contrôle centrales qui dénouent les conflits locaux mais qui sont parfois mal perçues par la base. Certains ont l’impression que Télex, le bimensuel d’information interne, ressemble parfois au Journal des Tribunaux…
60Interrogé par De Morgen le 10 août 1994, l’ancien président Willy De Clercq pense que les élections législatives prévues en 1995 constitueront un test décisif et critique lui aussi la tactique suivie depuis 1992 (en précisant néanmoins qu’il lui paraît impossible de "faire marche arrière") : "Nous nous sommes comportés en débutants. (…) Coup sur coup, nous avons organisé un grand événement mais après chaque congrès, nous avons laissé retomber la pâte". Willy De Clercq plaide aussi pour une modification des statuts : "L’idée du président de faire approuver la liste des candidats aux élections par les membres est superbe, encore faut-il que les membres s’y intéressent". Et, plus désabusé : "S’il s’avère lors des prochaines législatives que c’est de nouveau l’échec, alors nous devons nous demander si le citoyen veut vraiment d’un renouveau".
61Le président des VLD-Jongeren Didier De Buyst déclare, lui, au Soir le 19 août que "la communication n’est pas une solution miracle" et qu’il faut "revoir la structure du parti et reprendre contact avec les militants. On parle de fossé entre la politique et le citoyen, il y en a parfois un autre entre le pouvoir exécutif du VLD et la base". D. De Buyst propose lui aussi une modification des statuts et la suppression des élections primaires.
62Ces différentes interventions et réunions ne parviennent pas à dissiper un malaise qui va jusqu’à la dénonciation de "complots" pour faire démissionner Guy Verhofstadt [25]. Ce dernier rédige alors son Troisième manifeste du citoyen et demande le soutien, sur cette base, du "nationaal bestuur". Ce sera chose faite le 29 août 1994 en ces termes : "Lors du Bureau plénier des Vlaamse Liberalen en Democraten s’est manifestée, après un vote unanime, la volonté de tous les membres sans exception de poursuivre - contrairement à des informations parues çà et là dans la presse - le renouveau politique entamé par Guy Verhofstadt" [26].
Le troisième Manifeste
63Le demi-échec électoral du 12 juin 1994 n’amène pas Guy Verhofstadt à reconsidérer l’analyse qu’il a tracée à grands traits dans les deux premiers manifestes du citoyen. C’est ce radicalisme persistant qui explique sans doute la citation d’Henry Miller (extraite de "The rosy crucifixion") qui annonce tout de go, en liminaire : "Une nouvelle vie s’ouvrait à moi, à condition d’avoir le courage de tout mettre dans la balance".
64L’introduction du troisième Manifeste (publié aux éditions Hadewych sous le titre "Angst, afgunst en het algemeen belang", La peur, l’envie et l’intérêt général) reconnaît la semi-défaite de 1994 mais la minimise aussitôt : les libéraux flamands n’auraient cessé de progresser depuis 1987, et sont devenus la deuxième formation du pays. Par ailleurs, il ne faut pas abandonner l’attelage au milieu du gué.
65Suit un texte d’une cinquantaine de pages qui reprend les principales idées que développaient déjà les deux premiers Manifestes, avec un accent plus marqué sur le champ économique. "La politique d’aujourd’hui’, soutient Guy Verhofstadt, "est dominée par la peur et l’envie" - l’envie qui est le ciment de "l’égoïsme de groupe", et la peur "de l’étrange et de l’étranger". Guy Verhofstadt oppose à ces "instincts profonds", qui ne peuvent construire une démocratie, la notion d’intérêt général. Il reconnaît s’être longtemps méfié de ce concept ; mais, dit-il, il est absent actuellement du discours politique alors que désormais le seul rempart contre ce qu’il appelle le "verzuilde middenveld", les intermédiaires pilarisés qui se sont "appropriés le pouvoir".
66Ce "champ intermédiaire", Guy Verhofstadt n’en nie pas l’utilité. Mais la pilarisation a fait des conglomérats que sont devenus les "zuilen" des organisations conservatrices. Il faut donc que les mutuelles, par exemple, deviennent de véritables "associations de patients" et les syndicats de véritables "associations de travailleurs", en bref reconquérir la "citoyenneté’. Guy Verhofstadt revient d’ailleurs sur la démocratie citoyenne, répète ses propositions institutionnelles et rappelle le lien entre la notion de citoyenneté et les idéaux de la Révolution française. Il est vrai que le mot "burger" peut avoir en néerlandais un autre sens, celui de bourgeois. Guy Verhofstadt souligne donc que "les citoyens, qu’Us soient riches ou pauvres, intelligents ou non, ont les mêmes droits sociaux et les mêmes libertés politiques" (dans la société à laquelle Verhofstadt aspire, s’entend).
67Guy Verhofstadt entreprend enfin de défendre son programme social et économique. Socialement, il s’en tient aux résolutions du congrès de Hasselt : il faut réduire non pas les prestations mais les frais de fonctionnement et donc confier la sécurité sociale à des "organismes privés spécialisés", ce qui "responsabilisera". Economiquement, il plaide pour une dérégulation : suppression de certaines obligations légales (comité d’entreprise, salaire minimum) et participation des travailleurs au capital (en guise de rémunération). "A présent que l’idéologie qui voulait remettre les moyens de production aux mains de l’Etat ne peut plus dissimuler son échec, le moment est venu de démocratiser et de populariser radicalement la propriété des moyens de production".
68Le ton général de ce "tract" (l’expression est de Guy Verhofstadt lui-même) est donc, si l’on peut dire, défensif : "les conservateurs, ce sont les autres". Si les références théoriques sont explicitement néo-libérales (Friedrich A. von Hayek) ou interprétées en ce sens (Tocqueville), le vocabulaire est parfois, curieusement, emprunté à d’autres sources : moyens de production, bond qualitatif, association des travailleurs.
Les élections communales et provinciales d’octobre 1994
69Aux élections communales du 9 octobre 1994, le VLD progresse par rapport à 1988 mais, à nouveau, en-deçà de ses attentes. Présent sous son sigle dans 209 communes sur 308 (contre 193 sous le sigle PVV en 1988), il obtient 5 majorités absolues (une de plus qu’en 1988) et 25 majorités relatives (+ 15). Ces majorités se répartissent comme suit : 3 dans la province d’Anvers, 6 dans le Brabant flamand, 6 dans le Limbourg, 11 en Flandre orientale et 4 en Flandre occidentale.
70L’implantation libérale reste plus forte en Flandre orientale ; les progrès du VLD y sont d’ailleurs plus sensibles que dans les communes des autres provinces alors même qu’il obtient de nouvelles majorités là où, en 1988, la Volksunie réalisait parmi ses meilleurs résultats (Wommelgem, Bree par exemple). L’attrait électoral de personnalités locales paraît, en l’occurrence, plus important que la transformation du parti ou le passage de mandataires d’un parti à l’autre.
71Le même jour ont lieu les élections provinciales. Le VLD y est en recul dans les provinces d’Anvers (- 2 sièges), de Flandre occidentale (- 4 sièges), mais en progrès dans la province de Limbourg (+5 sièges). En Flandre orientale, c’est le statu quo. Il reste au pouvoir dans les dépurations permanentes d’Anvers, du Limbourg et de Flandre orientale et reste exclu de la dépuration permanente de Flandre occidentale. Dans la nouvelle province du Brabant flamand, il décroche 17 sièges.
Le référendum
72Lors de sa réception de nouvel-an de 1995, le VLD annonce qu’il va organiser un grand référendum en février sur le thème "De VLD is één en al oor voor u" (Le VLD vous est tout oreilles). Le référendum (un formulaire envoyé à 2,8 millions d’exemplaires en Flandre et à Bruxelles) est décisionnel en ce sens que le VLD "s’engage à inclure ses résultats dans son projet de programme gouvernemental, à les défendre lors de la formation du prochain gouvernement étales mettre à exécution s’il en fait partie".
73Le référendum comporte douze questions dont la plupart sont de nature institutionnelle ou fiscale, telles celles-ci : "Voulez-vous que le prochain gouvernement supprime l’obligation de vote ? Le prochain gouvernement doit-il, selon vous, augmenter les taxes et les impôts ?". "Le mirage démocratique", titre Le Soir le 15 février 1995.
74Ce référendum s’inscrit dans la philosophie générale du VLD qui cherche à "rapprocher le citoyen de la politique" et, à ce titre, complète des mesures statutaires comme l’élection directe des organes dirigeants du parti, etc. Par ailleurs, le VLD est partisan du référendum décisionnel. Mais on peut se demander avec Xavier Mabille [27] si Guy Verhofstadt ne fuit pas une part de ses responsabilités : "Le VLD renvoie à « l’opinion » en partant du principe qu’elle existe. C’est l’idée que ton n’impose rien, puisque l’on a consulté. Le parti devient le reflet d’une opinion. Il se dégage un peu de sa responsabilité et valorise une opinion qu’il a par ailleurs contribué à construire, par le choix même des questions posées".
75Quels sont les résultats de cette opération - médiatiquement réussie, puisque des millions d’électeurs auront entendu parler du VLD quelques mois avant une campagne électorale, il est vrai inattendue à ce moment ?
76Les participants d’abord : 414.000 réponses, ce qui est considérable. Les commentaires ensuite (il était possible d’en ajouter aux questions) indiquent que certains thèmes, de l’avis des "sondés", étaient absents du référendum : la sécurité, les immigrés, le communautaire.
77Quant aux réponses aux questions elles-mêmes, elles n’ont rien de bien surprenant : une immense majorité de réponses s’oppose à une augmentation des impôts et des taxes ; c’était, à tout le moins, prévisible. De même, l’idée d’instaurer une procédure référendaire dans la Constitution bénéficie d’un large soutien (82 %). Les seuls points où les résultats du référendum semblent se démarquer des positions du VLD sont le principe de l’écotaxe (la question : "Le prochain gouvernement peut-il, selon vous, augmenter les taxes sur les produits polluants ?" recueille une majorité de réponses positives) et l’exécution du MAP (le "Mest Aktie Plan" ou Plan lisier du gouvernement flamand, que le VLD a combattu au Vlaamse Raad) en faveur duquel se dégage, ici aussi, une (courte) majorité.
Les élections législatives du 21 mai 1995
78Ces élections, Guy Verhofstadt et d’autres l’avaient répété à plusieurs reprises depuis 1994, devaient constituer un test : le VLD était-il à même de dépasser le CVP et de devenir le premier parti flamand ?
79Le résultat des libéraux flamands s’avère plutôt bon puisqu’avec 20,8 % des voix à la Chambre (789.592 suffrages), ils deviennent le deuxième parti de Flandre en devançant le SP (19,9 %). Mais ce pourcentage et ce classement sont aussi un demi-échec : d’une part parce que le SP, qui centre toute sa campagne sur la défense des acquis sociaux, s’est maintenu et, d’autre part, parce que le CVP est en progrès et que ses électeurs restent largement plus nombreux que les partisans du VLD (1.029.083 voix ou 27,3 %).
80C’est à Horebeke (circonscription d’Alost-Audenaerde) que le VLD engrange son meilleur résultat ; il connaît quelques progressions particulièrement dans le canton de Bree (+ 20,4 %) qui est le fief de Jaak Gabriëls. Il est le premier parti dans 20 cantons flamands sur 102 (17 sur 102 en 1991). Le VLD est aussi en progrès dans la circonscription électorale de Bruxelles-Hal-Vilvorde où il obtient 10,5 % des voix.
81Aux élections pour le Conseil de la Région de Bruxelles-capitale qui ont lieu le même jour par contre, il est en léger recul (2,7 % contre 2,8 %) tout en gardant ses deux élus ; il continue à devancer le SP mais cesse d’être le second parti flamand, cette place étant occupée (derrière le CVP) par le Vlaams Blok.
82Aux premières élections directes pour le Conseil flamand, le VLD est aussi le deuxième parti flamand avec 20,2 % des suffrages, toujours derrière le CVP. La différence avec le scrutin fédéral (le CVP et le SP sont d’ailleurs dans la même situation) s’explique sans doute par le meilleur résultat que fait, dans cette assemblée, la Volksunie qui avait présenté ses candidats les plus connus aux élections régionales.
83Dès le 28 mai 1995, Jean-Luc Dehaene est chargé de former le gouvernement. Parallèlement, Luc Van den Brande (président du gouvernement flamand sortant) est chargé par son parti de négocier avec le SP. Le gouvernement flamand est formé le 19 juin ; il est le plus fragile, ne disposant que d’une seule voix de majorité au Vlaamse Raad. Le gouvernement fédéral est formé, lui, le 23 juin. Ces deux coalitions sont constituées des partenaires sortants (moins la Volksunie pour ce qui est du gouvernement flamand). Le VLD ne fait pas non plus partie du gouvernement bruxellois.
La succession de Guy Verhofstadt
84Après le (relatif) échec électoral et surtout post-électoral de 1995, Guy Verhofstadt se résout à quitter la présidence du VLD comme il l’avait d’ailleurs annoncé explicitement au lendemain des élections européennes de 1994, se donnant un an pour faire de son parti un élément incontournable de toute négociation gouvernementale.
85La lutte pour sa succession s’ouvre plus largement qu’en 1992, puisque pas moins de onze candidats sont en lice : une ancienne présidente (Annemie Neyts-Uyttebroeck), un ancien candidat à la présidence (Herman De Croo), un ancien ministre et compagnon de route de Guy Verhofstadt (Patrick Dewael), outre plusieurs autres candidats parmi lesquels le député louvaniste Rik Daems.
86Guy Verhofstadt soutient publiquement Patrick Dewael. Paul Goossens [28] croit même savoir qu’il s’efforce - sans succès - de forger un "front anti-De Croo" et d’inciter aussi Annemie Neyts et Rik Daems à retirer leur candidature. Les VLD-Jongeren se prononcent en faveur de Rik Daems : il est, soulignent-ils, le seul à s’être prononcé en faveur du maintien de l’interdiction de cumuler deux mandats que prévoient les statuts (Herman De Croo et Patrick Dewael sont respectivement échevin à Brakel - avec une dérogation - et bourgmestre de Tongres - sans dérogation).
87Au premier tour de l’élection, le 16 septembre 1995, Herman De Croo l’emporte en manquant de peu la majorité absolue. Il recueille 13.681 voix soit 49,4 % des 27.661 suffrages exprimés (c’est-à-dire 35 % des membres du parti, un chiffre nettement inférieur à celui de 1993). Patrick Dewael obtient 28,5 %, Rik Daems 11,3 % et Annemie Neyts-Uyttebroeck 9,8 %. Ce résultat peut sans doute s’expliquer par un retour de balancier après plusieurs années de présidence radicale et une très longue absence du gouvernement, mais aussi par deux autres facteurs : le nombre peu élevé d’électeurs et le poids des fédérations (quel que soit celui de la fédération de Tongres, ou même celui - cumulé - des deux fédérations limbourgeoises, le vivier principal des membres du VLD se trouve en Flandre orientale) [29].
88Les statuts du parti rendent néanmoins nécessaire un deuxième tour, prévu le 7 octobre. Mais Patrick Dewael se désiste, et Herman De Croo est nommé président le 19 septembre pour achever le mandat de Guy Verhofstadt, c’est-à-dire jusqu’au printemps de 1997. Ce changement de président n’entraîne pas - contrairement à ce que certains journalistes avaient laissé entendre - de défections mais Trends, par exemple, soutient que sous De Croo le VLD "mourra dans l’opportunisme et le populisme" [30]. Le journaliste de Trends concentre son tir sur le "belgicisme" de Herman De Croo. Il est vrai que ce dernier souligne souvent ce qui le rapproche des libéraux francophones. Il devra, au lendemain de son élection, encaisser des critiques pour avoir déclaré qu’il ne faut pas toucher aux facilités linguistiques, "élément de stabililité" [31]. Jaak Gabriëls notamment lui écrit pour lui demander de s’en tenir au programme du parti, qui prévoit la suppression des facilités [32].
89Au mois de novembre, la presse fait état d’un "malaise" qui règne dans les rangs du VLD : le nouveau président travaillerait à une "restauration" de l’ancien parti [33]. Le "nationaal bestuur", décidant à la mi-novembre "d’évaluer" les statuts du parti en prévision d’un congrès statutaire prévu en 1996, précise qu’il ne s’agit en l’occurrence "ni d’une restauration, ni d’une contre-réforme, ni d’une revanche" [34].
90Il est trop tôt pour dire si le VLD pourrait changer d’image, sinon de cap, sous la présidence de Herman De Croo. Ce dernier n’a pas le même profil que son prédécesseur. Certes lié par les résolutions des congrès du VLD, il se présente - ce n’est sans doute pas incompatible - comme un unitariste : "Je suis un unitariste et je le resterai" [35]. Ailleurs, il a pu dire, répondant à certains de ses détracteurs : "Si je suis fransquillon, tous mes électeurs flamands le sont. Ce qui est vrai, c’est que je suis hostile à la Flandre néo-jacobine comme j’ai critiqué le jacobinisme de l’État belge (…) Suis-je un bon Flamand ? Je suis un impérialiste flamand, quelqu’un qui voit dans les lois linguistiques une restriction à l’expansion culturelle et économique de la Flandre" [36]. Lié par les statuts du VLD, il peut pourtant soutenir ne pas accepter "qu’on exige du mandataire VLD qu’il renonce à ses permanences sociales" [37].
Statuts, structures et électorat du VLD
91En quoi les statuts du VLD diffèrent-ils de ceux de son prédécesseur ou de ceux d’autres partis ? Les structures du VLD et celles des organisations libérales permettent-elles de dessiner la carte d’un "zuil" libéral analogue aux autres "mondes" du paysage politique belge ? La transformation du PVV a-t-elle généré de nouveaux rapports de force internes et/ou électoraux depuis 1992 ? Telles sont les questions auxquelles ce chapitre apporte des éléments de réponse.
Les statuts
92Les nouveaux statuts du VLD, tels qu’adoptés à Courtrai le 28 mars 1993, dessinent un parti organisé à trois niveaux : la Flandre, les arrondissements et les communes. À chacun de ces niveaux correspond un congrès, une assemblée générale et une direction ("bestuur"), élus tous les quatre ans par les membres du parti. Les directions ne peuvent compter au maximum qu’une moitié de mandataires.
93Avant chaque élection (législative, communale), les projets de liste sont soumis par les directions aux membres, mais aussi aux "geregistreerde kiezers" c’est-à-dire à ceux qui souscrivent, sans être membres [38], à la déclaration de principe de 1992.
94Le congrès (national) fixe le programme du parti (il ne peut modifier la déclaration de principe qu’à la majorité des deux tiers), décide des participations gouvernementales, reconnaît les "clubs politiques". Les congrès des arrondissements décident des participations aux majorités provinciales (à Bruxelles, il s’agit du VLD de la Région de Bruxelles-capitale).
95La direction nationale compte 31 membres (ni plus, ni moins) ; les autres directions, 11 membres minimum. Chaque arrondissement électoral doit être représenté au niveau national (c’est-à-dire flamand). Le président du parti est élu directement par les membres ; le secrétaire (national) et le trésorier le sont par la direction ("bestuur"). Ces fonctions sont incompatibles avec l’exercice d’un mandat ministériel.
96Le cumul des mandats politiques est interdit, sauf majorité des deux tiers à obtenir dès la confection de la liste électorale. Le mandataire ne peut exercer de fonction dirigeante "dans une mutuelle, un syndicat, une organisation patronale ou une fédération professionnelle". Les permanences sociales ("dienstbetoon") sont autorisées, mais il est interdit d’y lier des contre-prestations de quelque ordre que ce soit ou de chercher à influencer des décisions politiques ou des nominations ou promotions.
97Une commission statutaire veille au respect des statuts (avec possibilité de recours).
98Avant ces modifications, le parti connaissait au niveau flamand un "partijraad" (organe qui a disparu) ; le bureau du parti, par ailleurs, n’était pas seulement composé d’élus directs. Le "partijraad" rassemblait une bonne centaine de membres, siégeant pour la plupart ès qualités (les ministres, députés, sénateurs, députés permanents, délégués des organisations de jeunesse, des femmes, des associations libérales) outre quelques membres élus par le congrès ou délégués par leur fédération (d’arrondissement). Le "partijbureau" réunissait le président et les vice-présidents, élus par le congrès, ainsi que les chefs de groupe des assemblées parlementaires, les anciens présidents, un délégué des jeunes et une représentante des femmes, cinq membres élus par le "partijraad", des cooptés.
99La situation est donc radicalement simplifiée. Le premier Bureau élu en application des nouveaux statuts, le 19 juin 1993, ne diffère pourtant guère de celui de 1992 ; sur les quinze mandataires, douze siégeaient en effet déjà dans le "partijbestuur" du PVV (dont trois "verruimers" à titre transitoire). Et même certains des non-mandataires (3 sur 15) viennent de l’ancien Bureau.
Les organisations du "monde" libéral
100Même si le VLD est extrêmement critique vis-à-vis des "piliers", il existe un "monde" libéral. Même si le VLD a écarté de ses organes dirigeants ceux qui représentent les organisations de ce pilier, celles-ci se réclament de l’idéologie libérale et comptent dans leurs rangs, et jusque dans leur direction parfois, des mandataires politiques du VLD [39].
101Cette situation peut d’ailleurs être source de tensions. En 1993, le député VLD Emile Flamant claquait ainsi la porte du congrès statutaire de Courtrai qui lui interdisait de cumuler son mandat électif et celui de président de l’Union nationale des mutualités libérales (il devait décéder l’année suivante). De même, un conflit opposa longtemps à certains dirigeants du parti le député Louis Bril, entrepreneur-carrossier et président du Liberaal Verbond van Zelfstandigen ; Louis Bril défendait, contre les thèses du VLD, l’importance de disposer d’organisations "pilarisées" [40].
102Nous classons les organisations du monde libéral en quatre catégories ; les organisations politiques émanant directement du VLD (et utilisant son sigle), les organisations politiques libérales qui ont pour vocation d’être des groupes de réflexion et de pression (reconnus ou non par le parti), les organisations du champ "culturel" au sens large (culture, santé, tourisme, etc.) dont la structuration dépend pour une bonne part de dispositions réglementaires propres à la Communauté flamande ou, parfois, au pouvoir fédéral et, enfin, les organisations "catégorielles" s’adressant à un public déterminé (pensionnés, étudiants, etc.).
Les organes politiques du VLD
Les VLD-Jongeren
103Successeurs des PVV-Jongeren (eux-mêmes issus de la scission intervenue en 1970 au sein de l’organisation unitaire de jeunesse du PLP-PVV), les VLD-Jongeren ont été constitués en décembre 1992, peu après la naissance du nouveau parti [41].
104Le plus connu des présidents des PVV-Jongeren est Guy Verhofstadt. Ses successeurs sont loin d’avoir la même influence que lui sur le parti. Après Alfons Van Hauter (1981-1985), c’est Jan Nolf qui assure la présidence des PVV-Jongeren (1985-1986). Ceux-ci sont alors sur la même longueur d’onde que le parti : en mars 1985 par exemple, ils approuvent l’installation des missiles de croisière américains à Florennes et en juin de la même année, ils proposent aux CVP-Jongeren et aux VUJO (les jeunes Volksunie) une action commune contre la réduction de la durée hebdomadaire du travail à 32 heures.
105En juillet 1986, atteint par la limite d’âge, Jan Nolf cède la place à Geert Versnick, jusque-là administrateur (pour le PVV) de la BRT. Guy Serraes, devenu président en 1991, assure la transition entre les PVV-Jongeren et les VLD-Jongeren dont le premier président, élu au printemps 1993, est Didier De Buyst. Eric Finé (Anvers) lui succède.
106Les VLD-Jongeren sont structurés, comme le parti lui-même, en fédérations d’arrondissement et en sections communales. Ils bénéficient de subventions dans le cadre d’un décret de la Communauté flamande de 1975. Ils éditent depuis 1978 un périodique adressé à leurs membres sous le titre Clip, et font partie au plan international de l’International Fédération of the Libéral radical Youth.
Les VLD- Vrouwen
107Les VLD-Vrouwen ont succédé à la PVV-Vrouwenfederatie dont la dernière présidente fut Marleen Vanderpoorten, fille de l’ancienne ministre Herman Vanderpoorten (Lierre).
108Tous les membres féminins du VLD peuvent s’y affilier, à condition de souscrire aux objectifs de l’association qui sont notamment de lutter pour une représentation paritaire hommes-femmes dans tous les organes du parti, d’encourager la présence paritaire d’hommes et de femmes sur ses listes électorales, de promouvoir une collaboration "solidaire" avec tous les autres groupements féminins démocratiques.
109Les VLD-Vrouwen sont actuellement présidées par Iris Van Riet (Gand) ; leur conseil d’administration compte une mandataire fédérale du parti, Jeanine Leduc, qui présida la PVV-Vrouwenfederatie dans les années quatre-vingts.
Les organisations politiques libérales
Pragma
110"Pragma, politieke club voor een Eigentijds Libéralisme" est né en 1977 dans la foulée des tentatives entreprises par Frans Grootjans pour créer un mouvement centriste [42]. Son fondateur était le professeur gantois Guy Schrans, qui fut aussi son premier président avant de démissionner en 1990. Il fut remplacé par Louis Bril.
111Depuis 1992, Pragma est présidé par Philippe Duyck, un médecin gantois. Un seul mandataire politique fédéral siège dans son conseil d’administration : le député Louis Bril (Roulers).
Nova Civitas
112L’asbl Nova Civitas a été constituée au lendemain des élections européennes de 1994 [43]. Elle se veut un "club politique libéral flamand" rassemblant les "Flamands indépendants qui croient en une régénération de la citoyenneté dans la res publica flamande, située dans un cadre belge et/ou européen, confédéral ou fédéral". L’asbl souscrit à la Déclaration de principe du VLD et souhaite être reconnue en tant que "club politique" comme le prévoient les statuts du parti [44].
113Pour Nova Civitas, "la crise est morale et non économique" : il faut rétablir "les valeurs sociales et éthiques" du "monde occidental, et notamment "le lien entre liberté et responsabilité", "la revalorisation de la famille" (dont la fonction sociale est "minée par la nationalisation de la fonction de bien-être, une culture morale de jouissance effrénée, la monopolisation rampante de l’offre en matière d’enseignement"), "la déféodalisation de l’économie", "la revalorisation de l’État de droit" (miné, lui, par "(…) la politisation et le corsetage du pouvoir judiciaire") et une réhabilitation de la politique, aujourd’hui réduite à des questions purement techniques ou à des stratégies médiatiques. Le ton général est celui d’une dénonciation de la "décadence morale" ("morele ontreddering"). Le président de l’asbl n’est autre que le professeur Boudewijn Bouckaert (RUG), spécialisé en analyses "philosophiques" de la théorie libérale. S’appuyant sur les écrits de Ludwig von Mises et de Friedrich von Hayek, B. Bouckaert considère que le libéralisme est une doctrine politique avant qu’économique, ce qui l’amène, par exemple, à estimer [45] que "l’application des principes libéraux aux questions économiques ne conduit pas inévitablement à la conclusion que le régime économique doit être capitaliste". Ailleurs, il parlera du "Velours rouge de Frank Vandenbroucke ou l’insupportable légèreté de la présidence du SP", en s’efforçant de démontrer la vanité des thèses de John Rawls sur lesquelles, affirme B. Bouckaert, le président du SP bâtirait désormais son discours politique après l’échec patent du marxisme [46]. Les autres responsables de Nova Civitas sont, notamment, Gérard Bodifée, Luc De Paepe et Serge Grysolle issus du "1 Oktobergroep" mais aussi Jan Hendrickx et Dries Van den Abeele.
Organisations du champ culturel et social
Organisations sociales
114Les mutuelles libérales sont chapeautées par une Union nationale des mutualités libérales/Landsbond van Libérale Mutualiteiten, qui est un organisme fédéral. Il en va de même des syndicats (la CGSLB/ACLVB). Nous n’en traiterons pas ici, sauf pour noter que les relations de ces organismes avec le VLD sont généralement tendues et qu’elles n’ont aucun caractère structurel.
115Il existe cependant des organisations sociales (dépendant parfois de l’Union nationale des mutualités libérales) dont le champ d’activités est flamand, sinon local. Ainsi le Burgemeester Jan Van Rijswijckcentrum (Anvers) et l’asbl Duinendistel (plaines de jeux, La Panne). D’autres, bien qu’affiliées à l’Union nationale des mutualités libérales, le sont également au CSLB (voir plus loin) dans la mesure où leur champ d’activités est totalement ou partiellement communautaire. C’est le cas du Liberaal Centrum voor Gezinsbeleid-LCG en matière de politique familiale, des Libérale Bonden van Gepensioneerden-LBG, des Libérale Jeugdvakanties, du Libérale Jongerenservice (auparavant Nationaal Verbond van de Libérale Jonge Mutualisten - LJM), de la Libérale Vereniging voor Socio-Culturele Werking (LVSW) qui met sur pied des activités destinées aux invalides et aux malades de longue durée, de Zomerzon (tourisme social), etc.
Organisations culturelles
116Dans le secteur de la formation socio-culturelle, l’organisation faîtière libérale ("koepelorganisatie") reconnue et subsidiée par la Communauté flamande est le Coordinatiecentrum voor Liberaal Socio-Cultureel Beleid-CLSB. En sont notamment membres :
- le Willemsfonds : fondé en 1851, c’est l’une des trois grandes "fondations culturelles" flamandes (avec le Vermeylenfonds et le Davidsfonds). En 1993, il comptait plus de 10.000 membres. Il est actuellement présidé par Léo Ponteur. Le Willemsfonds édite depuis 1905 le Vlaamse Gids, une revue culturelle qui a, ou a eu, ses pendants catholique (Dietsche Warande & Belfort) et socialiste (Nieuw Vlaams Tijdschrift) ;
- le Liberaal Vlaams Verbond : cette organisation politico-culturelle a été créée en 1913. Association de fait jusqu’en 1986, le LW a adhéré à cette date à l’asbl Stichting Arthur Vanderpoorten [47], qui éditait déjà le périodique du LW, Volksbelang. Le LW se donne pour objectif de "promouvoir et développer le libéralisme dans la Communauté flamande (…) et de défendre les intérêts flamands en général". En fait, il s’agissait principalement d’un groupe de pression qui cherche à renforcer le profil flamand du parti libéral. Sa création fait suite à la tenue du "premier congrès libéral pour les régions flamandes" du 28 janvier 1912, qui avait notamment demandé la néerlandisation de l’université de Gand. Jusqu’à sa nomination au poste de gouverneur de la province de Flandre occidentale en 1994 et depuis 1981, le LW a été présidé par Camille Paulus. Son actuel président est C. Ysebaert. Son secrétaire général est Piet Van Brabant, ancien rédacteur en chef du quotidien Het Laatste Nieuws ;
- l’Instituut voor Volksopleiding en Kadervorming-IV? dont le président est Rik Daems, député, fils de l’ancien ministre Jos Daems (PVV). Cet institut est surtout destiné à la formation des cadres et mandataires du parti ;
- le Liberaal Radio-en Televisieinstituut-LIRTI qui prépare notamment aux examens organisés par la BRTN. Par ailleurs, les libéraux ont créé des associations actives dans le cadre de la législation flamande sur la radio-télévision. Librado (Libérale Radio- en TV-Omroep) réalise les émissions concédées aux libéraux sur les antennes de la BRTN ; elle a été mise sur pied à cet effet en janvier 1980 ;
- les Liberalen voor Ontwikkelingssamenwerking-LIVOS que préside Freddy Neyts, époux d’Annemie Neyts-Uyttebroeck et président, par ailleurs, de l’asbl TVBrussel
- Sportievak, une fédération sportive qui réunit une petite centaine de clubs ;
- des centres de formation comme le Studiecentrum Prof. Dr. Herman Uyttersprot (Gand) ou la Volksuniversiteit Maurits Sabbe (Anvers) ;
- la Vlaamse Federatie der Libérale Muziekmaatschappijen-FELIM qui rassemble une soixantaine de corps de musique (fanfares, harmonies, majorettes, etc.).
117Dans le domaine social enfin, il est une association autonome et privée, subsidiée par la Communauté flamande pour ses activités dans le cadre des aides seniors et familiales, qui présente la particularité d’être présidée par Fernande De Clercq-Fazzi, épouse du député européen et ancien ministre Willy De Clercq. Les différents services de cette asbl (en fait, trois asbl : Solidariteit voor het gezin, Thuisverzorging in solidariteit et Opleidingscentrum voor Solidariteit voor het gezin) occupent plus d’un millier de personnes (1.496 en 1994, dont 685 sous contrat). Elle n’est active que dans le Brabant et les deux Flandre. L’autre particularité est la présence dans son conseil d’administration, depuis sa création en 1976, de Marcel Verhofstadt, le père de Guy.
Organisations catégorielles
118Citons, parmi celles-ci :
- le Liberaal Verbond voor Zelfstandigen-LVZ. Cette association a été créée en décembre 1981 pour défendre les intérêts des PME et des indépendants (en-dehors des "organisations existantes qui se sont souvent emmurées dans leurs propres structures d’intérêts"). Elle compte une septantaine de sections locales. Elle fut d’abord présidée par le député Louis Bril, secrétaire d’État à la Fonction publique et à la Politique scientifique de 1985 à 1987. Actuellement, son président est l’avocat Dirk Van de Gehuchte (Gand). Depuis 1986, le LVZ fait partie du Conseil supérieur des Classes moyennes ;
- les organisations de jeunesse affiliées à l’organisme faîtier Libérale Jeugdkoepel : le Jeugddienst voor Kreatieve Ontplooiing (fédération d’ateliers créatifs pour jeunes), le Liberaal Vlaams Studentenverbond-LVSV (créé en 1930), la Libérale Federatie voor Jeugdhuizen-LFJH (maisons déjeunes) ;
- les organisations de seniors (Libérale Bonden van Gepensioneerden).
Les relations avec les libéraux francophones
119Le présent Courrier hebdomadaire est aussi le récit d’un éloignement entre libéraux flamands et francophones, qui atteint son point culminant au début des années 1980. Par la suite, le fossé ne se comblera plus : la chute du gouvernement Martens VI en 1987, la radicalisation communautaire du discours de Guy Verhofstadt, le rapprochement avec la Volksunie après les élections législatives de 1991 puis la création du VLD ne sont pas de nature à favoriser un rapprochement. Non que les idées des deux partis soient fondamentalement différentes.
120Le décès du roi Baudouin en 1993 alimenta quelques spéculations sur un rapprochement entre libéraux flamands et francophones. Le député PRL bruxellois Armand De Decker lança notamment l’idée d’un "intergroupe parlementaire libéral". Herman De Croo, que A De Decker pressent pour le présider, réagit néanmoins avec prudence [48]. Les VLD-Jongeren, quant à eux [49], jugeront qu’une "collaboration structurelle" entre les deux partis est seulement possible si le PRL modifie certaines de ses idées (en matière communautaire) et son fonctionnement. Une réunion des groupes parlementaires PRL à laquelle assiste Guy Verhofstadt le 6 octobre 1993 débouche sur une fin de non-recevoir : "Les deux partis considèrent (…) que des relations structurées au sein d’un organisme permanent, qui tiendrait des réunions régulières, présenterait plus d’inconvénients que d’avantages, tant que des problèmes communautaires subsistent" [50]°.
121Cela étant, les deux partis sont rattachés - par des liens surtout personnels - à des institutions communes.
122C’est le cas des mutuelles et du syndicat libéral, même si certaines organisations mutuellistes relevant de l’Union des mutualités libérales sont purement flamandes ou francophones, et même si la CGSLB "s’est dotée de Régionales disposant d’une certaine autonomie et compétentes pour des matières qui constitutionnellement sont transférées aux Régions et aux Communautés", forme "d’adaptation pragmatique de la CGSLB aux problèmes que pose à l’organisation syndicale la fédéralisation des structures politiques de la Belgique" [51].
123Le Centre Paul Hymans est resté (comme le CEPESS pour les partis sociaux-chrétiens) un centre d’étude et de diffusion de la doctrine libérale commun aux deux partis. Créé en 1956, il est présidé par Herman de Croo (VLD) et Jean Gol (PRL) en était, jusqu’à sa mort en 1995, l’administrateur-délégué (Louis Michel lui succède). Dans son conseil d’administration se côtoient flamands et francophones.
124Dans certains domaines qui ne sont pas formellement communautarisés peut subsister une coexistence apparemment pacifique entre institutions libérales "transcommunautaires" et institutions purement flamandes : c’est le cas de la coopération au développement où sont actifs sur le même terrain les LIVOS flamands et l’asbl Delipro, Centrum voor Ontwikkelingssamenwerking in Vrijheid en Vooruitgang formellement bilingue, existant depuis 1963 et présidée par l’ancien député Charles Petitjean (dont le conseil d’administration compte quelques personnalités membres du VLD comme les députés Willy Cortois et Herman De Croo).
Affiliés et électeurs
125Les résultats électoraux du PVV puis du VLD font apparaître un creux en 1977 (après la participation aux gouvernements Tindemans) et deux phases ascendantes, l’une qui va de 1977 à 1981 et l’autre de 1985 à 1995. La participation des libéraux flamands aux coalitions de 1980 et de 1985-1987 ne leur fait pas perdre d’électeurs, mais bien celle de 1981-1985. Faut-il y voir un effet de la résurgence, dans ces deux gouvernements, de conflits communautaires ? Quant aux derniers résultats obtenus, ils restent légèrement inférieurs (en pourcentage, mais pas en chiffres absolus) à ceux de 1981 ; Guy Verhofstadt aura donc, à peu de choses près, laissé en quittant la présidence le parti libéral flamand dans l’état électoral où son prédécesseur (Willy De Clercq) le lui avait laissé.
126Le graphique 2 montre que, toutes élections législatives confondues, l’arrondissement où le PVV était le mieux implanté est celui d’Audenaerde (c’est-à-dire celui de Herman De Croo). Les résultats libéraux y restent supérieurs à 30 % des suffrages exprimés, malgré une légère baisse au cours de la période de référence. Les autres arrondissements suivent les progressions et les reculs du parti dans son ensemble, avec les notables exceptions du recul dans l’arrondissement de Hasselt en 1987 et des progrès marqués dans l’arrondissement de Tongres (celui de Patrick Dewael).
127Cette situation ne change pas en 1995, sauf que l’arrondissement de Hasselt-Maaseik (celui de Jaak Gabriëls) est cette fois en net progrès. Mais les principaux bastions du VLD demeurent l’arrondissement (désormais unique) d’Alost-Audenaerde, suivi de ceux de Gand-Eeklo et de Furnes-Dixmude-Ostende. Les deux premiers sont situés en province de Flandre orientale.
128La courbe des membres est en progression constante, même lorsque le parti perd des électeurs. Les fédérations qui comptent (en chiffres absolus) le plus de membres sont celles de Gand, de Bruxelles-Hal-Vilvorde, d’Anvers et de Louvain. Mais les variations, d’une année à l’autre [52], semblent parfois énormes.
Pourcentage d’électeurs PVV-VLD dans les cantons flamands (1971-1995)
Pourcentage d’électeurs PVV-VLD dans les cantons flamands (1971-1995)
Pourcentage des électeurs PVV par arrondissement électorale (1978-1991)
Pourcentage des électeurs PVV par arrondissement électorale (1978-1991)
Pourcentage des électeurs VLD par circonscription électorale (1995)
Pourcentage des électeurs VLD par circonscription électorale (1995)
Nombre de membres et d’électeurs du PVV-VLD (1974-1995)
Nombre de membres et d’électeurs du PVV-VLD (1974-1995)
Nombre d’affiliés PVV-VLD par arrondissement
Nombre d’affiliés PVV-VLD par arrondissement
Conclusions
129Le VLD est-il, l’élargissement de sa base militante et le ralliement de mandataires venus d’autres partis (presque exclusivement de la Volksunie et du CVP) mis à part, très différent du PVV quant à son mode de fonctionnement et à son programme ?
130C’est sans doute sur le fonctionnement du parti que la différence est la plus marquée.
131Pour le programme, deux comparaisons sont intéressantes. La première pour confronter les idées que défend Guy Verhofstadt en 1979 (et qu’avait fait siennes pour une bonne part, à l’époque, le congrès de Courtrai) et en 1992 (la Déclaration de principe du VLD) ; la deuxième pour mettre en regard ce dernier document et les résolutions de différents congrès antérieurs du PVV.
132L’exercice met en évidence l’absence de certains sujets dans les années 1970 (et, a contrario, dans les années 1990). Nous commençons cette analyse comparative par un examen des positions libérales dans deux de ces domaines spécifiques.
L’immigration
133Le PVV a consacré un congrès à l’immigration les 4 et 5 novembre 1989 à Genk (Limbourg), sur le thème "Migranten : open en eerlijk" (Immigrés : ouvertement et honnêtement).
134Il y posait en principe (l’idée sera reprise en 1992 par Karel De Gucht lorsqu’il amendera le projet de "De Weg") que c’est "la population immigrée qui doit s’adapter aux valeurs sociales et aux modes de vie de la population autochtone et non l’inverse" et que "ni la population autochtone, ni les étrangers intégrés à notre société ne peuvent être victimes de leur tolérance". "L’intégration suppose un double mouvement : s’ouvrir aux autres d’une part, accepter d’être accueilli par les autres dans un ensemble préexistant et s’adapter à cet ensemble de l’autre". Quant aux immigrés "qui ne veulent pas s’intégrer, qui ne peuvent s’assurer chez nous une existence suffisante ou qui souhaitent rentrer chez eux", il faut leur donner "l’occasion de se réintégrer dans leur pays d’origine".
135Cette analyse se traduit par des mesures considérées comme autant de facteurs d’intégration "aux valeurs de la société autochtone" :
- contrôle renforcé pour éviter les "abus" en matière de sécurité sociale (le congrès ajoute, presque en guise de justification, que "ce contrôle renforcé doit évidemment s’appliquer à l’ensemble de la population") ;
- retrait des allocations familiales en cas d’absentéisme scolaire ;
- intensification des contrôles pour faire respecter l’arrêt de l’immigration.
136Dans le même ordre d’idées, le congrès propose également :
- de dénoncer la convention passée avec le Centre islamique et culturel de Belgique pour la désignation des professeurs de religion musulmane et de ne plus nommer à ces fonctions que des enseignants de nationalité belge ;
- de renforcer les normes d’encadrement dans les écoles dites "de concentration", d’y adapter l’enseignement du néerlandais ;
- de mener des campagnes de sensibilisation ("à nos modes de vie et à notre culture") dans les sociétés de logements sociaux ;
- de lutter contre les mariages blancs.
137Tout un chapitre est consacré aux "encouragements au retour au pays d’origine" qui n’est cependant pas, précise le congrès, la panacée pour résoudre "le problème des immigrés" : primes à la réintégration, possibilités de financement pour acheter ou construire dans le pays d’origine, etc.
138Ces propositions n’ont rien de commun avec le raisonnement qui sous-tend le programme du Vlaams Blok (en substance : les immigrés ne s’intégrent pas et doivent donc rentrer chez eux). Les incitants à l’intégration que proposent les libéraux flamands n’en sont pas moins de nature plus répressive que positive. Par exemple :
- au chômage depuis plus de six mois, l’immigré se voit proposer à deux reprises une prime de réintégration (c’est-à-dire de retour au pays). S’il refuse, il peut être privé des allocations de chômage ;
- l’expulsion est prévue, et doit être ajoutée au Code pénal. Elle peut être prononcée par le juge pour sanctionner certains délits ;
- l’accès à la fonction publique (et le droit de vote) reste totalement réservé aux Belges ou, le cas échéant, aux ressortissants de la Communauté européenne.
139Certaines de ces mesures et, en particulier, celles qui concernent la mise en place d’une politique de retour au pays d’origine seront critiquées par la suite, y compris dans les rangs libéraux. Le député européen Karel De Gucht, par exemple, considérera qu’une telle politique "n’est pas réaliste" [53].
140A l’opposé, on trouve dans les rangs du VLD des personnalités qui tiennent en la matière un discours ethnocentriste qui n’est pas loin de la xénophobie. C’est le cas, par exemple, de certaines positions de l’asbl Nova Civitas et, en particulier, du professeur Boudewijn Bouckaert (RUG) lequel, dans une Tribune libre parue dans Trends, plaide pour une politique nataliste "européenne" en affirmant que "tes groupes de population principalement blanches d’Europe et d’Amérique du Nord restent le principal moteur d’une culture universelle des droits de l’homme. À mesure que ce groupe de population s’affaiblit démographiquement, le flambeau de la culture des droits de l’homme risque de s’éteindre doucement (…)". B. Bouckaert évoque le "spectre de nos arrière-petits-enfants entourés et encerclés par des régimes fondamentalistes, tribalistes ou despotiques".
141Le VLD ne s’en est pas moins distancé, en janvier 1994, d’un tract anti-immigrés cosigné par les sections schaerbeekoises du PRL et du VLD ("l’immigration menace notre identité belge et européenne", "l’afflux d’immigrés a des conséquences dramatiques pour notre civilisation, comme la formation de ghettos, l’insécurité et l’épuisement de notre sécurité sociale") : "le contenu de ce tract est contraire", dira le porte-parole des libéraux flamands, "à la Déclaration de principe du VLD" [54].
Le communautaire
142Les grands congrès "idéologiques" du parti parlent peu des questions communautaires. Et lorsqu’ils en parlent, c’est pour affirmer que le sujet est, en quelque sorte, très secondaire à leurs yeux.
143La "proclamation" du congrès de Blankenberge (16-18 novembre 1973) s’adressait "à tous ceux qui sont soucieux de renouveau politique dans notre pays. Ce renouveau politique s’impose, à présent que le choix politique du citoyen est de moins en moins dicté par des convictions philsophiques ou religieuses, que la lutte des classes a, pour l’essentiel, prit fin et que les problèmes communautaires ont perdu de leur acuité". La proclamation envisage, sur cette base, la possibilité de "constituer un nouveau parti". En 1992, "De Weg" ne dit pas autre chose : "Ce renouveau politique s’impose. Le choix politique du citoyen est de moins en moins dicté par des considérations philosophiques ou religieuses, aux origines sociologiques. (…) La supposée opposition entre travail et capital détermine elle aussi de moins en moins le choix politique du citoyen. De même, les oppositions entre les communautés ont connu dans notre pays un changement radical. Elles existent toujours, plus aiguës que jamais peut-être. Mais là où, auparavant, on se disputait en Flandre sur la voie que devaient suivre nos institutions, il y a aujourd’hui unanimité sur le cap à suivre. Il faut, cela étant, un parti suffisamment fort et suffisamment conséquent dans ses actes pour mettre en place une Flandre autonome dans une Belgique fédérale".
144La différence entre les deux textes, à près de vingt années d’intervalle, porte sur ces deux dernières phrases. Alors que la proclamation du congrès de 1973 dit du contentieux communautaire belge qu’il est en voie d’extinction, le VLD pense qu’il est toujours présent ; alors que le Manifeste de 1979 n’en dit rien, le VLD est explicitement favorable à un fédéralisme - s’appuyant notamment sur le principe plus général de subsidiarité.
145Il semble bien que le rapprochement avec d’anciens membres de la Volksunie ne soit pas le seul facteur propre à expliquer cette évolution. La position de Guy Verhofstadt (comme celle de Jean Gol par ailleurs, qui disait en 1986 encore que "les priorités économiques prévalent sur le problème Happart" [55]) se durcit, dans les dossiers communautaires, à partir de son éviction du gouvernement en 1987. D’autres membres du PVV font apparemment un trajet parallèle : ainsi Jan Hendrickx, passé au PVV en 1984 (il vient du CVP), signe-t-il dans Trends (6 mai 1993) une Tribune libre plaidant pour la conclusion d’un accord entre la Flandre et la Banque européenne de reconstruction et de développement-BERD : "la Flandre doit faire ce que la Belgique ne peut plus faire".
146Vue sous cet angle, la transformation du PVV en VLD ne constitue pas un épisode d’une radicalisation communautaire ni l’adaptation d’un parti "ancien" à des idées "nouvelles" mais la concrétisation d’une redistribution des cartes, rendue nécessaire par la réforme de l’État. Le qualificatif "opération Omer II" n’est sans doute pas inadéquat : la mutation du parti libéral en 1961 s’inscrivait dans un contexte de fin de guerre scolaire, d’atténuation donc des effets politiques du clivage philosophique. En 1992, le clivage linguistique - sans disparaître -change de nature avec l’inscription dans la Constitution de la nature fédérale de l’État. Les partis se positionnent donc dans un espace d’affrontement national mais aussi dans un espace flamand. Le risque de surenchère communautaire n’est donc pas nécessairement exclu. Et comme le disait Herman De Croo en 1973 : "Quand le brouillard linguistique se lèvera, nous souhaitons encore représenter quelque chose" [56].
Une certaine continuité politique
147Sur bien d’autres sujets, la continuité entre le Manifeste de 1979 (et, le cas échéant, les résolutions de congrès précédents) et la Déclaration de principe de 1992 est assez nette.
148Le Manifeste de Courtrai de 1979, qui se veut explicitement "idéologique", souhaitait déjà "revaloriser" le citoyen ("de individuele burger"). Face à ce citoyen - comme en 1992 - les libéraux voyaient alors se profiler "l’influence grandissante de l’Etat". Les "structures intermédiaires" faisaient déjà aussi l’objet de critiques. Leur "influence excessive" est susceptible, affirme le Manifeste de Courtrai, de "vider de son sens" la démocratie parlementaire ; elles peuvent s’éloigner à ce point de leurs membres qu’elles leur deviennent étrangères et compromettent leur participation ("medezeggenschap").
149Sur le plan économique, le rôle de l’État consiste essentiellement - dit le Manifeste de 1979 - à "créer le cadre macro-économique général" qui permettra de ne pas "pervertir le fonctionnement de l’économie de marché" (afin, par exemple, d’empêcher la formation de monopoles). En 1992, "De Weg" veut réduire au maximum l’ingérence de l’État et est donc favorable à la dérégulation et la privatisation. Dès 1973-1974, les libéraux flamands évoquaient la nécessité d’une "cure d’amaigrissement de l’Etat" et de privatisations ; la liste des entreprises privatisables (congrès d’Anvers de 1975, congrès d’Ostende de 1983, congrès de Gand de 1993) présente une remarquable continuité.
150Sur le plan social, la priorité (en 1979) est d’accorder à chacun un revenu garanti. Mais pour le reste, c’est la "sélectivité" qui est de mise car "le seul critère d’octroi du droit à une intervention dans le domaine social est une situation objective de nécessité socio-économique". Le Manifeste de Courtrai plaide, en conséquence, pour un double financement de la sécurité sociale : des cotisations personnalisées pour certains risques "liés au travail", les "moyens généraux des pouvoirs publia" pour les "risques généraux". C’est, sauf que le détail ne s’y retrouve pas - et pour cause, le Manifeste de 1979 ne veut pas être un programme d’action concrète - à peu de choses près ce que dit le VLD aujourd’hui.
151Le Manifeste de Courtrai consacre plus de dix pages au thème "Libéralisme en socio-culturele democratie" qui aborde surtout les questions de la "consommation socio-culturelle" et de ses rapports avec la liberté. S’ils reconnaissent une spécificité au secteur culturel, les libéraux de 1979 considèrent qu’il ne faut pas "ne pas chercher à maîtriser les coûts" que ce secteur fait supporter par la collectivité. En 1992, les priorités sont autres et la culture, "De Weg" n’en dit rien, alors qu’une section de la Déclaration de principe est, par contre, consacrée exclusivement à la protection de l’environnement. En 1979, le Manifeste constate qu’un "malaise" ronge la démocratie parlementaire. Il serait dû à la position de force des "grandes organisations politiques, sociales, patronales et syndicales" qui abaisse la fonction parlementaire à n’être qu’un "spectacle" ; à l’inadaptation du Parlement (institution du 19ème siècle) à la société contemporaine. Les remèdes proposés sont notamment l’instauration de la représentation proportionnelle pure et simple (sur ce point, le PVV puis le VLD se montreront plutôt favorables, par la suite, à un système majoritaire) ; l’instauration du référendum populaire ("volksreferendum"), la dépolitisation de la fonction publique.
152Le congrès de Hasselt (1974) avait, lui, demandé une "répartition égale des voix de liste sur tous les candidats de la liste" c’est-à-dire, pour reprendre la formule de "De Weg" (1992) la "neutralisation" de la voix de tête.
153Si les idées n’ont pas fondamentalement changé, "De Weg" est - avec les Manifestes de Guy Verhofstadt - plus riche en propositions concrètes.
154La personnalité de Guy Verhofstadt est un autre facteur intimement lié à la transition entre PVV et VLD. Contrairement à ses prédécesseurs et à d’autres présidents de parti, Guy Verhofstadt est à la fois un tacticien et un homme de références philosophiques et de formules médiatiques, au risque de se contredire à quelques années de distance.
155Ses références philosophiques, il les doit apparemment à Léo Verbist, responsable à la fin des années septante de la rubrique économique du quotidien libéral Het Laatste Nieuws qui "lui parle avec enthousiame de Demain, le capitalisme, le livre de l’économiste français Henri Lepage" [57]. Les auteurs qu’il cite le plus volontiers par la suite sont Henri Lepage lui-même mais aussi Guy Sorman (dont il a retenu la formule "Le capitalisme, c’est bon pour la santé" [58]) et, surtout, Friedrich A. von Hayek - un économiste britannique d’origine autrichienne né en 1899 et mort en 1992, maître à penser des "nouveaux économistes" et Prix Nobel d’économie 1974 avec K.G. Myrdal [59]. C’est vraisemblablement chez von Hayek que Guy Verhofstadt (et d’autres libéraux) vont chercher une analyse de l’État plus affinée qu’en 1973-1974 : à cette époque, c’est l’État, et son interventionnisme "effréné" qui était l’ennemi ("De Staat tegen de burger", écrivait Herman De Croo dans une tribune libre du Standaard [60]) ; la thèse de von Hayek, c’est que l’État est "colonisé" par les groupes de pression.
156Guy Verhofstadt est plus à son aise sur le terrain politique que dans le domaine économique. Jean Gol dira à ce sujet que "sur ce plan, Guy Verhofstadt et moi-même sommes tout à fait d’accord. Notre philosophie n’est pas d’abord une philosophie de l’économie, c’est d’abord une philosophie politique" [61].
157La constance programmatique n’exclut cependant pas les contradictions verbales. Guy Verhofstadt est assez lucide pour voir, dès 1984, que "chaque citoyen est un peu conservateur ; il voudrait bien que cela change, mais il a peur de perdre ce qu’il a" [62]. Dans le même interview, il affirme que "le libéralisme, c’est l’anti-idéologie par excellence" ; mais dix ans plus tard, il se fait le héraut d’un retour des idéologies en déclarant notamment [63] que "la politique doit redevenir un lieu de rencontre aidées, de visions, de diagnostics des problèmes d’aujourd’hui et des réponses à leur apporter". Ce revirement, il l’admet assez lucidement : "j’ai été enthousiasmé, comme d’autres, par le livre de Francis Fukuyama sur la Fin de l’histoire. Terminées, les idéologies ! Mais je suis arrivé à la constatation que dans une démocratie, il faut une pluralité de visions. Sans cela, nous tombons dans l’égoïsme de groupe, le racisme et le nationalisme". Elle n’exclut pas non plus l’abandon de certaines idées, ainsi ce "droit de quitter l’Etat" défendu dans le premier Manifeste.
158Enfin, on peut s’interroger sur la concrétisation et sur l’aboutissement de certaines idées lancées dès 1979 (et parfois plus tôt encore) par le PVV, reprises et enrichies par la suite par Guy Verhofstadt.
159Pourquoi en effet le PVV n’a-t-il pas su, lorsqu’il était au pouvoir, provoquer le "revirement" ("ommekeer") qu’il appelait de ses voeux dès 1973. Pourquoi le recentrage proposé cette année-là par le parti de Frans Grootjans à Blankenberge restera-t-il lettre morte pendant près de vingt ans ? Pourquoi les libéraux flamands doivent-ils répéter, congrès après congrès, des revendications fiscales, économiques et sociales alors que sur l’ensemble de la période étudiée ils ont siégé au gouvernement national pendant plus de dix ans au total ? Guy Verhofstadt lui-même admettra, en une occasion tout au moins, qu’auparavant "les libéraux reniaient leurs principes" quand ils arrivaient au pouvoir [64]. Le professeur Jules Hannes, président de la CSLB, dira quant à lui que Frans Grootjans a effectivement échoué "alors qu’il était encore temps" et qu’il est trop tard aujourd’hui pour répéter une opération de rassemblement "centriste", qu’il faut donc "bien davantage qu’une simple recomposition du paysage politique" [65].
160Certains remèdes avancés par les libéraux flamands pour réduire le fossé entre le citoyen et la politique ont, par ailleurs, été mis en œuvre par une majorité dont les libéraux ne faisaient pas partie : la réduction du nombre de ministres, la transparence du financement des partis, la consultation populaire communale, voire la privatisation de certaines entreprises publiques. Sur la consultation populaire communale [66], le VLD a réagi en affirmant que, faute d’être contraignante, elle creuserait encore davantage ledit fossé [67]. Quant aux privatisations, Rik Daems a dit avec une certaine humeur qu’elles constituaient un véritable "bradage" des actifs de l’État, sans aucune valeur ajoutée et dans le seul but d’apurer les dettes des pouvoirs publics [68].
161Herman De Croo est-il, comme l’ont avancé certains commentateurs, un tenant du "libéralisme social" aux antipodes, de ce point de vue, de son prédécesseur ? Rien n’indique que son accession à la présidence se soit bâtie sur une spécificité de cet ordre ni qu’elle puisse être à l’origine de tensions entre deux courants au sein du parti. D’une part, le programme du VLD n’est ni plus ni moins "social" que ne l’était celui du PVV ; de l’autre, Herman De Croo a participé à des gouvernements dont on voit mal en quoi ils auraient été plus ou moins "sociaux" que celui dont Guy Verhofstadt fut le vice-Premier ministre. Sauf à considérer son "pragmatisme" avoué comme un trait social, le nouveau président du parti défend depuis plus de vingt ans des thèses qui ne sont pas fondamentalement différentes des principes fondateurs du VLD.
162L’ancrage militant et électoral du VLD n’a guère varié par rapport à ceux du PVV. Les progrès enregistrés dans les arrondissements limbourgeois mis à part, c’est surtout en Flandre orientale que se recrutent les affiliés du parti et les électeurs libéraux flamands. Le réseau d’associations libérales, certes moins puissant que ceux des socialistes et sociaux-chrétiens, ne s’est pas davantage étiolé après la condamnation sans appel du verzuiling par Guy Verhofstadt. Si des dossiers communautaires "sensibles" devaient déterminer à nouveau l’agenda politique, et si Herman De Croo ne pouvait trouver de réponse adéquate à certaines des contradictions internes qui ont accompagné le redressement du parti entre 1985 et 1995, les années à venir pourraient donc constituer pour le libéralisme flamand un tournant plus décisif encore que celui de 1992.
Notes
-
[1]
Het Laatste Nieuws, 6 juillet 1992.
-
[2]
Serge Govaert, "La Volksunie", Courrier hebdomadaire du CRISP, n°1416-1417, 1993, p. 65.
-
[3]
De Financieel-Economische Tijd, 12 novembre 1992.
-
[4]
Ibidem.
-
[5]
Suite à son passage au nouveau parti et au départ de Staf Neel (SP) pour le Vlaarns Blok, le collège échevinal CVP-SP anversois devient minoritaire; la Volksunie rentre alors dans la majorité.
-
[6]
De Standaard, 6 novembre 1992.
-
[7]
"De Weg" ne plaide pas explicitement en faveur de la régionalisation de la dette ou de la sécurité sociale. Le texte dit que les "mécanismes de solidarité" doivent être transparents, et que les entités fédérées ("deelgebieden") doivent supporter elles-mêmes les conséquences de leurs choix institutionnels.
-
[8]
De Standaard, 12 novembre 1995. Guy Moens est l’auteur de De anti-Verhofstadt, paru aux éditions Coda à Anvers.
-
[9]
Jos Bouveroux, De partij van de burger. De verruiming van de Vlaamse liberalen, Standaard Uitgeverij, 1992, p. 43.
-
[10]
En définitive, seul le premier nommé fera ce choix - après un passage, au Sénat, comme "indépendant". H. Candries passera au CVP, H. Schiltz restera à la Volksunie.
-
[11]
’t Pallieterke, 2 novembre 1992.
-
[12]
Achille Moerman quittera le VLD en 1994 et sera parmi les membres fondateurs de Waardig Ouder Worden, un mouvement qui se présentera aux élections européennes et aux élections communales de 1994 et aux législatives de 1995 sous le sigle WOW et entend notamment défendre les intérêts des seniors.
-
[13]
Chiffres cités le 12 novembre 1992 par Annemie Neyts-Uyttebroeck.
-
[14]
Het Volk, 24 mars 1993.
-
[15]
Le règlement du Sénat ne permet pas, si on l’interprète strictement, de passer dans un autre groupe politique au cours de la législature.
-
[16]
De Standaard, 21-22-23 mai 1994. Lisette Nelis-Van Liedekerke figure parmi les candidats du VDL aux: élections européennes du 12 juin 1994 mais ne sera pas élue. Première suppléante au Sénat en 1995, elle y remplace Annemie Neyts-Uyttebroeck qui préfère conserver son mandat européen.
-
[17]
Het Laatste Nieuws, 26-27 mars 1993.
-
[18]
Liberaal Reflex, n°3, 1992, pp. 13-19.
-
[19]
Gazet van Antwerpen, 16 juin 1993.
-
[20]
Voir Evelyne Lentzen, Pierre Blaise, "Les priorités du gouvernement Dehaene, I. La réforme des institutions", Courrier hebdomadaire du CRISP n°1403-1404, 1993.
-
[21]
Le congrès du PLP-PVV des 17 et 18 février 1972 constatait que: "Les gouvernements collectivistes PSC-PSB ne sont pas capables - alors qu’ils disposent de 42 % du PNB - de garantir aux citoyens la sécurité d’existence et les conditions de vie auxquelles ils peuvent légitimement prétendre".
-
[22]
Knack, 10 février 1994.
-
[23]
Trends, 24 février 1994.
-
[24]
Ces deux interviews ont été publiées le 16 juin 1994.
-
[25]
Annemie Neyts-Uyttebroeck dans Het Laatste Nieuws, 8 août 1994.
-
[26]
De Morgen, 30 août 1994.
-
[27]
Le Soir, 15 février 1995.
-
[28]
Knack, 13 septembre 1995.
-
[29]
Le soutien public apporté par Guy Verhofstadt à Patrick Dewael aura peut-être aussi desservi ce dernier : c’était, comme le remarque De Standaard (18 septembre 1995) agir plus selon la logique du PVV que selon celle du VLD.
-
[30]
Trends, 5 octobre 1995.
-
[31]
Le Soir, 17 octobre 1995.
-
[32]
Le Soir, 17 octobre 1995.
-
[33]
De Morgen, 25 novembre 1995.
-
[34]
Le Burgerkrant, cité par La Libre Belgique, 20 novembre 1995.
-
[35]
Liberal Reflex, 4/1992, p. 28.
-
[36]
Gazet van Antwerpen, 16 juin 1993.
-
[37]
De Morgen, 16 septembre 1995.
-
[38]
Mais ils ne peuvent être membres d’un autre parti.
-
[39]
Pour ce chapitre, nous avons utilisé le "Repertorium van zuilgebonden vzw’s" (tome 2 : "Libérale vzw’s") édité en 1993 par le "Steunpunt Sociopolitiek Systeem" (Gand) ainsi que des informations transmises par les organisations libérales elles-mêmes.
-
[40]
Serge Govaert, "Le débat sur le verzuiling en Flandre", Courrier hebdomadaire du CRISP, n°1329, 1991.
-
[41]
Statuts publiés aux Annexes du Moniteur belge, 25 mars 1993.
-
[42]
Statuts publiés aux Annexes du Moniteur belge du 24 mars 1977, modifiés le 4 février 1982.
-
[43]
Statuts publiés aux Annexes du Moniteur belge du 5 juillet 1994.
-
[44]
Mais ce n’est, semble-t-il, pas encore chose faite.
-
[45]
Libéralisme, 1991/6, pp. 35-48.
-
[46]
Libéralisme, 1991/4, pp. 97-104.
-
[47]
Statuts parus au Moniteur belge du 29 janvier 1987. Arthur Vanderpoorten est le père d’Herman Vanderpoorten, lui-même plusieurs fois ministre et mort en déportation pendant la seconde guerre mondiale.
-
[48]
Le Soir, 14-15 août 1993.
-
[49]
Le Soir, 26 août 1993.
-
[50]
L’Echo, 7 octobre 1993.
-
[51]
Willy Waldack, "Le syndicalisme libéral en Belgique", Libéralisme 1991/4. Willy Waldack était le président de la CGSLB.
-
[52]
Nous avons retenu des années séparées, sauf pour 1995, par des intervalles de dix ans.
-
[53]
Liberaal Reflex, 1992/4.
-
[54]
De Morgen, 5 janvier 1994.
-
[55]
Cité par Le Soir, 22 décembre 1994.
-
[56]
Le Soir, 16 novembre 1973.
-
[57]
Tendances, 1er juillet 1993.
-
[58]
De Standaard, 9 avril 1985.
-
[59]
C’est d’ailleurs en 1980 que paraît à Bruxelles la traduction en néerlandais de The Road to Serfdom (1944) sous le titre De Weg naar moderne slavernij, aux éditions Acropolis.
-
[60]
De Standaard, 15 novembre 1973. De Croo était alors le vice-président du PVV.
-
[61]
Trends, 7 octobre 1993.
-
[62]
La Libre Belgique, 30 juillet 1984.
-
[63]
De Morgen, 6 août 1994.
-
[64]
De Standaard, 9 avril 1985.
-
[65]
Liberaal Reflex, n°1/1994, pp. 11-20.
-
[66]
Loi du 10 avril 1995 complétant la nouvelle loi communale par des dispositions relatives à la consultation populaire, Moniteur belge, 1995.
-
[67]
L’Echo, 15 novembre 1994.
-
[68]
Het Laatste Nieuws, 19 août 1993.