Couverture de CRIS_1154

Article de revue

Dynamiques sociales et initiative économique en région wallonne

Pages 1 à 48

Notes

  • [*]
    Cette étude s’inscrit dans le prolongement des travaux entrepris avec A. De Rongé et ayant fait l’objet d’une publication au Département de sociologie de l’UCL : "Crise et innovation", 1986.
  • [1]
    Le choix de telle ou telle initiative ne conduit en aucune manière à établir un quelconque jugement de valeur à leur égard ou à l’égard d’expérimentation non-examinée.
  • [2]
    J. Sloover et J. Moden, Le patronat belge : discours et idéologie 1973-1980, CRISP 1980, p. 155 et ss.
  • [3]
    Morphologie des groupes financiers, CRISP, 1962, et 2è éd., 1966.
  • [4]
    Morphologie des groupes financiers, op. cit., 1è éd., p. 431.
  • [5]
    Ibidem, p. 403 et 404 et 2è éd. p. 431.
  • [6]
    Ibidem, p. 404.
  • [7]
    Morphologie des groupes financiers, op. cit., p. 422.
  • [8]
    M. Paul-Cavallier, Création d’entreprises et développement local, thèse de doctorat de 3ème cycle de sociologie, FNSP, Institut d’études politiques de Paris, 1983.
  • [9]
    Arocena, Bernoux, Minquet, Paul-Cavallier, La création d’entreprises, une affaire de réseaux, ronéo, Paris, 1981.
  • [10]
    J.C. Perrin, "La reconversion du bassin d’Alès. Contribution à une théorie de la dynamique et de la politique locales", Notes de recherche n° 32, 1983/2, Centre d’économie régionale, Aix-en-Provence.
  • [11]
    La reconversion du bassin d’Alès, op. cit., p. 21.
  • [12]
    La reconversion du bassin d’Alès, op. cit., pp. 28 et 36.
  • [13]
    "Le développement par les activités à haute technologie et ses répercussions spatiales", Notes de recherche n° 55, Centre d’Economie régionale, Aix-en-Provence, p. 33.
  • [14]
    B.Planque, Innovation et développement régional, Economica, 1983, p. 8.
  • [15]
    B. Planque, op. cit., p. 34.
  • [16]
    M. Quévit, Les causes du déclin wallon, Ed. Vie Ouvrière, 1978, p. 29.
  • [17]
    Ph. Aydalot, L’aptitude des milieux à promouvoir l’innovation technologique. Colloque "Technologies nouvelles : condition de renouveau des régions en crise", SRBII, Bruxelles, 1985.
  • [18]
    R. Pierson, J. Taylor, La scène alternative, Ed. Alternative, 1985.
  • [19]
    Voir à ce sujet M. Hégalé et E. Layon, "Les cellules de formation-reconversion (1) : Glaverbel", Courrier Hebdomadaire du CRISP, n°996, 29 avril 1983 ; O. Dux, M. Hégalé et E. Layon, "Les cellules de formation-reconversion (2) : Hennuyères et Fabelta", Courrier Hebdomadaire du CRISP, n°1011, 14 octobre 1983 ; B. Holchaya, E. Layon et S. Ource, "Les cellules de formation-reconversion (3) : Cavell", Courrier Hebdomadaire du CRISP, n°1056, 26 octobre 1984.
  • [20]
    La reconversion du bassin d’Alès, op. cit. ; G. Minguet, l’Anjou industriel, L’Harmattan, 1986 ; Collectif, Le Michigan, laboratoire de l’èconomie-territoire", Le Monde diplomatique, octobre 1986.
  • [21]
    "Le Fonds de rénovation industrielle", Courrier Hebdomadaire n° 1115-1116, 25 avril 1986.
  • [22]
    "Pouvoir local et crise économique", Anthropologie et sociétés, Vol. 9 n° 2, 1985 ; "Les ambiguïtés du pouvoir local", Revue internationale d’action communautaire, 13/53, 1985, "le local dans tous ses Etats", Autrement, 1985.
  • [23]
    A. De Rongé, J.J. Grodent, "Crise et innovation. Contribution de l’innovation sociale a l’initiative économique", Département de sociologie, UCL, 1986.
  • [24]
    A. De Rongé, J.J. Grodent, "Crise et innovation", op. cit.

Introduction

1La crise structurelle enregistrée en région wallonne sur le plan de créations d’activités économiques nouvelles a conduit certains acteurs à s’engager dans des démarches innovatrices en vue de développer leur capacité d’intervention dans ce domaine. La mise en perspective de ces démarches devrait souligner l’importance de l’articulation de l’innovation sociale et de l’initiative au niveau méso-économique entendu dans son acception structurelle. L’innovation sociale est envisagée ici comme étant l’introduction, ou la tentative d’introduction, dans les pratiques sociales des acteurs de modifications substantielles dans la nature ou l’esprit de leurs objectifs et/ou dans les modalités sociales de leur réalisation.

2En s’appuyant sur les résultats de travaux divers relatifs aux conditions de la prise d’initiative en matière économique, on sera amené à dépasser la vision la plus répandue de l’acte d’entreprendre qui fait intervenir en ordre principal des facteurs financiers ou psychologiques.

3Plusieurs initiatives mettant en œuvre des dynamiques sociales en évolution feront ensuite l’objet d’une présentation. La sélection de ces initiatives n’a pas été réalisée sur des bases normatives mais répondait au souci d’illustrer la diversité des dynamiques à l’œuvre. Leur présentation tentera de mettre en évidence les processus sociaux qui les ont portées et fournira quelques éléments relatifs à l’évolution de leurs résultats provisoires. A cet égard, il est à noter que les informations recueillies ont été arrêtées, sauf indication contraire, au 30 juin 1986. Les initiatives ont depuis lors enregistré de nouveaux développements qui n’ont pu être intégrés dans cette étude.

4Les dynamiques sociales feront l’objet ensuite d’un commentaire global mettant l’accent sur les renouvellements dans les configurations sociales concourant à la prise d’initiative dans le champ économique ainsi que sur le questionnement que ces évolutions peuvent susciter.

5Le champ de l’étude a été limité à la région wallonne. Les expérimentations envisagées s’inscrivent dans l’environnement organisationnel de l’initiative économique. Ainsi n’ont pas été reprises dans cette étude les initiatives strictement internes aux entreprises mais, par contre, sont concernées celles qui mettent en œuvre des dynamiques sociales rassemblant des acteurs diversifiés agissant dans le champ économique entendu au sens large.

6Seront examinées les initiatives suivantes [1] :

  • l’opération Responsable innovation technologique menée par la Région wallonne ;
  • la création à Nivelles du Centre de technologie et de gestion des affaires par l’Université libre de Bruxelles afin notamment de développer l’innovation technologique ;
  • la Société d’investissement de la Basse-Sambre, société holding de reconversion créée au départ d’une dotation d’une société privée ;
  • l’Association régionale pour la diversification des entreprises et le développement industriel - Centre wallon des projets industriels ; une structure d’évaluation et d’organisation du transfert de projets de productions nouvelles mise sur pied par la région wallonne avec le soutien d’un centre de recherche d’une organisation patronale ;
  • l’Association pour la valorisation de l’agro-alimentaire wallon, destinée à structurer un secteur économique sur une base régionale ;

7et trois opérations de reconversion réalisées par des sous-régions, sur des modèles différenciés :

  • le développement en Entre-Sambre-et-Meuse ;
  • la Société de création d’activités nouvelles, S.A., à Liège ;
  • l’Opération "3E", "Entreprises - Emplois - Ensemble", à Charleroi.

1 – L’initiative économique, un processus social et culturel

8Une référence immédiate souvent évoquée dans les discours relatifs à l’initiative économique concerne "l’entrepreneur" qu’il soit individuel ou collectif. Cette préséance s’inscrit dans un retour à la vision classique de l’initiative économique, celle-ci accordant un caractère d’indépendance relativement élevé à l’entrepreneur à l’égard de son environnement qu’il soit social, politique ou plus largement économique. L’initiative économique est alors perçue exclusivement comme le résultat d’un acte individuel en nom propre ou collectif. C’est dans cette perspective que se situent les nombreuses études relatives aux caractères psychologiques et aux trajectoires historiques des créateurs et dirigeants d’entreprises.

9Toujours dans ce contexte, la nature du projet porté par l’entrepreneur est définie par lui en fonction de la connaissance qu’il possède du marché. Cette connaissance et la capacité de l’entrepreneur à réaliser le montage global de son projet et à en assurer la gestion sont sous-jacentes à ses qualités intrinsèques d’entrepreneur.

10Face au créateur, la tradition classique fait intervenir le cadre réglementaire et administratif incarné par l’Etat. Ce dernier, malgré ses interventions dans le soutien à l’initiative économique, est la plupart du temps et historiquement perçu comme une contrainte s’élevant entre l’entrepreneur et la réalisation de ses projets [2]. En fait, la capacité d’initiative économique d’un certain nombre d’acteurs est considérée comme un donné plus ou moins latent. Elle s’exprimerait spontanément pour autant que l’environnement réglementaire et administratif ne la paralyse pas.

11Le cadre d’analyse auquel il sera fait référence dans le présent Courrier Hebdomadaire se démarque assez nettement de cette vision du processus de l’initiative économique.

12La crise structurelle que traversent notamment les régions de vieille industrialisation en matière de création d’activités économiques et de reconversion de tissu productif suggère à tout le moins la présence d’autres facteurs au sein de ces processus.

13C’est la démarche qu’avait déjà retenue le CRISP en 1962 [3] lorsqu’il s’interrogeait sur l’absence relative de nouvelles industries en Belgique. Après avoir établi le rôle déterminant des groupes financiers dans la structure économique du pays depuis le début du siècle, les auteurs attribuaient les manquements enregistrés dans l’évolution de la structure industrielle, d’une part, à la gestion dont ont fait l’objet les principales entreprises du pays, et d’autre part, à l’absence relative de ressources financières, humaines ou technologiques pour les entreprises situées en dehors des circuits des holdings [4]. C’est ainsi que la gestion essentiellement financière des entreprises au sein desquelles les holdings détenaient des participations dans l’entre-deux-guerres a eu comme conséquence un vieillissement progressif des structures industrielles [5]. Les retards dans l’adaptation des structures industrielles à l’évolution des modes de production sont cumulatifs et renforcent, par inertie, les difficultés rencontrées dans l’émergence des initiatives nouvelles. "Cela devient finalement un cercle vicieux qui conduit au dépérissement et n’engage évidemment pas les holdings à s’intéresser à des secteurs qui, à court terme, apparaissent non rentables. Car, à court terme, une réorganisation et d’importants investissements sont nécessaires et le résultat ne pourrait se faire sentir qu’après cinq ans, voire même dix ans." [6].

14Conceptuellement, deux facteurs sont avancés par le CRISP comme concourant à l’émergence d’initiatives économiques : l’état de la structure industrielle et le pouvoir qui s’exerce sur les structures économiques, le premier apparaissant ici comme étant intimement lié au second. Quelle est la nature de cette liaison ? "Il paraît vain de chercher une relation directe de cause à effet, agissant en sens unique, soit des structures des holdings vers les structures économiques et industrielles, soit inversement des structures de l’organisation économique et capitaliste des marchés et de la production belge vers la structure des holdings et des groupes. Mais il semble plutôt qu’il y ait des liens réciproques, de l’une vers l’autre des structures, l’une renforçant l’autre, et l’on pourrait vraisemblablement montrer, à travers une histoire des structures économiques, comment, tantôt la structure des holdings a conditionné le développement économique et comment tantôt la situation économique a modelé les holdings et les groupes dans telle ou telle forme précise" [7].

15Analysant la création d’entreprises dans certaines régions françaises, plusieurs auteurs élargissent encore le cadre de l’initiative économique.

16Paul-Cavallier, examinant la situation en Lorraine, avance que : "pas plus qu’on ne peut l’appréhender en termes de rationalité économique pure, on ne peut réduire l’acte de création à un processus individuel relevant uniquement de la psychologie du créateur. Il nous semble en effet indispensable de souligner la nature essentiellement sociale de cet acte dans la mesure où celui-ci dépend d’un ensemble de réseaux, d’opportunités et de soutiens qui constituent la scène sociale dans laquelle l’entreprise est amenée à s’intégrer" [8]. "Plus que d’environnement, il faut parler de milieu social structuré autour de la création d’entreprises. En effet, nous avons constaté que les créateurs ont constamment affaire à des réseaux, que l’on peut parfois délimiter sectoriellement, mais qui la plupart du temps correspondent à une réalité locale" [9].

17J.C. Perrin, analysant la reconversion d’un ancien centre industriel, le bassin d’Alès [10], est conduit, pour rendre compte des modifications profondes enregistrées dans la dynamique économique locale, à introduire le concept de "capacité d’entreprendre". Cette capacité d’entreprendre est définie comme étant "la propriété d’un écosystème qui est parvenu, à travers un processus organisationnel approprié, à stimuler et à "matricer" les comportements innovateurs des individus" [11]. Analysée comme un phénomène socio-économique collectif, la capacité d’entreprendre fait appel à l’ensemble des ressources diversifiées (humaines, technologiques, financières, spatiales, informationnelles, …) nécessaires à la création et au développement des entreprises. A titre illustratif, un des facteurs de réussite, pour J.C. Perrin, de la reconversion du bassin d’Alès est la constitution d’un "cerveau collectif" qui "par sa composition et par son organisation, assure l’interconnexion des principaux centres et réseaux de décision".

18En se substituant aux pouvoirs en place, cet organisme collectif et informel a conduit le processus de reconversion, ce dernier replacé "dans la problématique plus générale de l’acquisition par une collectivité territoriale de la maîtrise de son devenir" [12].

19La contribution de l’étude de J.C. Perrin à l’exploration du concept d’initiative économique à un plan méso-économique est, d’une part, de replacer ce processus dans une démarche collective et, d’autre part, d’en conditionner la réussite, dans les régions frappées par la crise d’obsolescence, à l’introduction d’innovations sociales dans l’organisation du champ socio-économique (modes de décision, mobilisation et adaptation des ressources du milieu professionnel et du milieu de vie).

20En abordant l’initiative économique dans un cadre plus qualitatif puisqu’il analyse les facteurs influençant l’innovation technologique, B. Planque replace également ce type de processus au sein d’un environnement très large en insistant sur les facteurs culturels. "L’état de développement antérieur des systèmes régionaux, l’organisation de leur substrat, les caractéristiques acquises de leur population, les problèmes spécifiques qui s’y posent à chaque époque, sont de puissants moteurs à l’innovation" [13]. Dans une approche plus générale, "les comportements des acteurs sont soumis aux systèmes de représentation de ces acteurs, eux-mêmes dépendant, au moins pour partie, de leur environnement culturel (connaissance et objectifs) et technologique (moyens d’action) (…)" [14]. Par ailleurs, l’auteur réintroduit, au plan culturel cette fois, le type de relations unissant les acteurs et leur environnement, déjà énoncé dans l’étude du CRISP. "Les écosystèmes sont animés par des acteurs, individuels ou collectifs (…). Leurs actions forment et déforment l’écosystème, en même temps que celui-ci affecte, conditionne, les systèmes de représentation des acteurs, systèmes de représentation par ailleurs variables entre acteurs et variables dans le temps sous l’effet de l’innovation" [15].

21Si le détour par l’approche systématique de J.C. Perrin et B. Planque a permis d’intégrer dans le processus d’initiative économique les facteurs organisationnels et culturels en confirmant la nature collective du processus, il ne faudrait pas cependant en oublier la dimension politique déjà notée dans l’étude du CRISP. Comme le signale M. Quévit dans son étude sur le déclin wallon : "L’organisation est aussi le résultat d’une production sociale déterminée par des rapports sociaux et (qu’) elle est en retour un moyen en vue de réaliser des fins collectives posées dans la dynamique sociale de ces rapports" [16].

22Au travers de ces différents apports, la conception traditionnelle du processus de l’initiative économique a été sensiblement élargie. On a tenté de mettre brièvement en évidence l’importance stratégique de l’organisation globale du champ socio-économique, dans ses dimensions sociales, culturelles, économiques et politiques. Dans ce contexte, l’"entrepreneur" pourrait être défini comme un acteur ayant la capacité (sociale, culturelle, financière, …) de capter et d’organiser un ensemble de ressources mobilisables dans l’espace qu’il maîtrise en vue de définir et mettre en œuvre un projet d’initiative économique. L’accent mis sur l’organisation globale du champ socio-économique dans les processus d’initiative économique rend sensiblement plus complexe la vision traditionnellement individuelle et financière de ces processus et devrait conduire à diversifier les interventions engagées dans ce cadre.

23"Plus généralement, le problème majeur du développement régional est peut-être celui de l’adaptation des milieux aux transformations connues par le modèle de développement. Il n’y a de développement régional que si la région possède des caractères cadrant avec les exigences des phases successives de cycles technologiques…" [17]. C’est dans ce contexte théorique que l’innovation sociale, notamment dans les régions en déclin structurel, s’articule au développement économique. Cependant, d’une part, les modernisations nécessaires de l’organisation du champ socio-économique de ces régions ne sauraient être engagées de façon automatique et, d’autre part, les formes que ces modernisations pourraient prendre sont multiples et s’inscrivent dans les rapports de force en présence.

24C’est en regard de ce double point de vue - les modifications de l’organisation du champ socio-économique, d’une part, et les enjeux de pouvoir que celles-ci suscitent, d’autre part - que les initiatives présentées doivent être interprétées.

2 – Quelques initiatives

L’opération RIT : Responsable innovation technologique

Présentation

25L’opération RIT, Responsable innovation technologique, est une initiative lancée par la section liégeoise de l’Union wallonne des entreprises - UWEL. Son objectif est d’instruire l’introduction d’innovation technologique dans des PMI, au départ d’une personne mise à la disposition de chacune des entreprises sélectionnées.

26Dans un premier temps, une expérience pilote a été réalisée de septembre 1981 à décembre 1983 dans 12 entreprises. Une seconde phase est entamée à destination de 75 autres entreprises. Dans les deux cas, les entreprises sont localisées dans les provinces de Liège, Hainaut et Luxembourg afin de répondre aux normes de financement du Fonds européen de développement régional.

27Sont ainsi concernées les entreprises dont l’activité est à dominante industrielle, dont le chiffre d’affaires ne dépasse pas 30 millions d’écus (soit plus ou moins FB 1,35 milliards), qui n’occupent pas plus de 500 personnes et dont le capital n’appartient pas pour plus de 50 % à un ou des holding(s) ou société(s) étrangère(s) (critère d’indépendance structurelle et financière).

28Une convention est signée le 29 septembre 1981 entre l’UWEL et la Région wallonne, cette dernière étant liée par ailleurs à la CEE. Aux termes de cette convention, l’UWEL est chargée de réaliser l’expérience pilote de l’opération RIT. Elle est accompagnée dans cette tâche par Fabrimétal, l’Institut provincial des classes moyennes (Liège), la Cellule de gestion des contrats technologiques (et ensuite par le Service des technologies nouvelles - administration régionale) et la Fédération des industries chimiques.

29Les personnes mises à la disposition des PMI sont financées à concurrence de 70% par le FEDER, de 10% par la Région wallonne, l’entreprise concernée prenant en charge les 20% restants.

30La mission du RIT, secondé par un parrain technique ou scientifique (centre de recherche, professeurs d’université) est de développer au sein de l’entreprise un processus d’innovation en rapport plus ou moins étroit avec la production traditionnelle de l’entreprise.

31Les résultats de l’expérience pilote sont multiples. Les 12 RIT, dont il faut dire qu’aucun n’était chômeur lors de leur recrutement, ont été engagés définitivement soit dans l’entreprise où ils étaient en mission (9) soit dans une autre entreprise (3).

32Dans de nombreux cas, des produits nouveaux ont été élaborés et commercialisés, entraînant un accroissement du chiffre d’affaires et une augmentation de l’emploi. L’UWEL estime que 36 personnes ont été engagées en dehors des RIT, ce chiffre étant évalué quelques mois seulement après la clôture de la mission.

33La seconde phase de l’opération RIT, en cours, est exécutée par le. Service des technologies nouvelles de l’administration régionale wallonne et animée par l’UWE et ses sections locales de Charleroi et Liège. Plus d’une cinquantaine de missions ont été autorisées. Une enquête auprès des chefs d’entreprise, réalisée en janvier 1986, révèle que sur 19 missions de la phase d’extension terminées à cette époque, 9 ont connu des résultats positifs en terme d’augmentation du chiffre d’affaires et de l’emploi, de diversification de l’entreprise engagée, … - les résultats pourraient se matérialiser dans un avenir proche pour sept autres tandis que l’expérience se solde par une absence de suite pour les trois dernières. Régulièrement l’entreprise poursuit avec d’autres moyens (étude technico-économique, programme également cofinancé par le FEDER ; Art 123 – innovation ; convention avec la Région wallonne) le processus entamé.

34Le programme spécial acier 1985-1989 du FEDER a octroyé une aide de 79,8 millions de FB pour la poursuite de l’opération RIT.

Commentaires

35L’opération RIT est une initiative engagée :

  • par une section locale d’une organisation patronale ;
  • en collaboration avec d’autres organismes publics ou patronaux ;
  • en vue de renforcer le niveau technologique des entreprises et ainsi garantir, voire développer, l’emploi ;
  • principalement dans des régions de vieille industrialisation ;
  • sur base d’un financement de la CEE, de la Région wallonne et des entreprises concernées.

36Il est important de souligner que la réussite des phases pilote et d’extension de l’opération RIT est redevable autant à la mobilisation et l’organisation de son environnement (comité d’accompagnement, audit d’entreprise, parrainage scientifique, …) qu’aux incitants financiers offerts aux entreprises. Ceci témoigne de ce que les processus d’innovation, en Région wallonne au moins, nécessitent, dans leur mise en œuvre, des moyens très importants et diversifiés quant à leur nature.

37La réalisation de l’opération RIT a conduit à la mise en place de réseaux entre organismes sectoriels, organisations patronales, milieux scientifiques et administratifs régionaux.

38Selon les opérateurs de l’expérience pilote, le processus d’innovation technologique entamé par le RIT a mis en évidence la nécessité de coupler cette démarche avec d’autres, de type organisationnel, afin de maximaliser les chances de réussite du processus et d’en faciliter la généralisation dans des entreprises moins préparées à se lancer dans un processus d’innovation technologique.

Le centre de technologie et de gestion des affaires - CTGA, ASBL

Présentation

39Le Centre de technologie et de gestion des affaires CTGA a été créé, début 1983, sur le zoning de Nivelles, par l’Université libre de Bruxelles et notamment par le Centre de recherche industriel (CRI). Ont été associés à la création de cette ASBL les responsables du centre de Nivelles de l’ULB, la Province de Brabant, l’ONEM, l’intercommunale de développement du Brabant wallon, la ville de Nivelles, l’Ecole de Commerce Solvay et le Service de coordination des activités de recherche appliquée de l’ULB - SCARA.

40Ce centre a pour objectif de favoriser la création et le développement d’activités nouvelles, principalement mais non exclusivement, au départ de recherches effectuées au CRI, ou plus largement au sein de l’université.

41Il met à la disposition de PME, nouvelles ou en croissance, des locaux adaptés ainsi qu’une infrastructure logistique, des services d’aide technologique, scientifique et de gestion. C’est un type particulier d’ "hôtel d’entreprises" puisqu’il est en liaison étroite avec la recherche et l’enseignement universitaire, ce qui lui permet en plus d’assurer une formation sur des matières spécifiques telles que la finance, le marketing, l’informatique, …

42Le Centre de technologie et de gestion des affaires CTGA a donc pour vocation de constituer un système intégré de transfert industriel an assurant en parallèle quatre services : l’appui logistique (locaux, secrétariat, …), la consultance scientifique et technique, le conseil en gestion et la formation à la création et la gestion d’entreprises.

43La formation était dispensée gratuitement jusqu’en août 1986 grâce à un subside alloué par le Fonds social européen. Les nouvelles sessions requièrent, à côté de l’intervention du Business Center de la Générale de Banque installé sur le site, une participation des bénéficiaires. Pour les trois autres services, le CTGA a toujours demandé une contribution financière aux individus ou aux entreprises demandeurs.

44Il y eut 170 participants aux sept sessions de formation (de 12 semaines) organisées de décembre 1984 à juillet 1986. 120 plans d’affaires en ont résulté dont la moitié a été réalisée ou est en cours de réalisation. Le CTGA évalue à 100 le nombre d’emplois ainsi créés. Les nouvelles sessions mises sur pied sous l’égide de l’Ecole de Commerce Solvay concerneront essentiellement la création d’entreprises par des cadres en activité. Le type d’entreprise installée au CTGA et bénéficiant de ses appuis logistiques et scientifiques est l’entreprise en phase de recherche-développement. Douze entreprises employant une trentaine de personnes sont dans ce cas.

45Outre le personnel académique de l’ULB et le personnel engagé grâce au subside du Fonds social européen, le CTGA a bénéficié dans sa période de lancement de divers programmes de résorption du chômage : trois cadres spéciaux temporaires, 4 personnes engagées sous l’Art 123 de la législation du chômage autorisant la mise à disposition de chômeurs dans des PME ou dans des organismes d’aide en vue de réaliser des activités de développement et 12 autres affectées au Troisième circuit de travail. L’objectif est actuellement de fonctionner avec un noyau plus réduit en faisant appel à un réseau de sous-traitants extérieurs ou travaillant à l’ULB.

Commentaires

46Cette initiative a été prise :

  • par une université ;
  • en vue d’aider à la création ou au développement d’entreprises ;
  • en collaboration avec divers organismes publics et privés ;
  • en tentant notamment de valoriser dans le champ économique un ensemble de ressources universitaires (recherche, expertise, formation, …)

47La démarche de l’ULB en créant le CTGA dépasse le simple transfert de résultats de recherche puisque est proposée aux candidats entrepreneurs une gamme étendue de services annexes.

48Il est à noter par ailleurs que le CTGA a été créé en collaboration avec des responsables publics locaux ce qui traduit une volonté d’insertion de l’ULB dans le champ socio-économique et dans les débats qui s’y déroulent.

49Cette initiative est loin d’être la seule démarche du monde universitaire en vue de développer son impact dans le champ industriel. La Cellule recherche/développement, service interne de l’Université catholique de Louvain créée dès 1979, assure aussi un transfert des résultats de recherche vers les entreprises et, dans ce sens, collabore même au montage de nouvelles entreprises telle que IRE-Celltarg S.A., société de recherches appliquées mise sur pied en 1984 avec une société américaine et le soutien de la Région wallonne. Plus généralement, la cellule offre son expertise à tous les responsables de recherches de l’UCL dans le but de susciter et de réaliser concrètement le transfert de leurs résultats vers le monde industriel. Elle se charge également d’établir les conventions de recherche avec des partenaires publics et privés. L’Université de Liège dispose également d’une structure assurant les mêmes fonctions.

Centre wallon des projets industriels – CWPI-Association pour la diversification des entreprises et le développement industriel - ARDI, ASBL

Présentation

50La création du Centre wallon des projets industriels devait rencontrer deux objetifs : remotiver et spécialiser dans des domaines nouveaux la main-d’œuvre inoccupée et mettre au point des produits qui pourraient ouvrir à la Région des marchés non encore exploités ou lui donner une certaine avance sur la concurrence dans les marchés traditionnels.

51Fin 1979, un premier projet, qui s’intitulait à l’époque Centre d’étude et de fabrication de prototypes - CEFP est déposé, notamment, au Conseil économique régional wallon dans le cadre de la Commission d’attribution des "crédits parallèles". Dès les premiers contacts, le projet reçut l’appui conjoint des organisations syndicales et patronales. Alors qu’au départ, et pour une période transitoire, le projet disposait d’une seule antenne en région liégeoise, il est accepté au CERW avec une double antenne,- l’une à Charleroi, l’autre à Liège.

52Fin 1981, au moment où une décision de l’Exécutif régional wallon est attendue, plusieurs critiques techniques ou politiques sont formulées à son encontre.

53La création d’une ASBL, l’Association régionale pour la diversification des entreprises et le développement industriel - ARDI, est envisagée début 1983 pour assurer la gestion du CWPI. Son conseil d’administration regroupe plusieurs représentants de la vie économique, sociale et politique. On y trouve :

  • 6 représentants de l’Exécutif régional wallon ;
  • un représentant de chaque province wallonne ;
  • des représentants patronaux désignés par Fabrimétal Liège, Hainaut et Brabant Wallon et par l’Union wallonne des entreprises ;
  • des représentants des organisations syndicales désignés par la FGTB et la CSC de Liège et du Hainaut ;
  • d’un représentant du CRIF, de l’ONEM et du CERW.

54Lors de la constitution effective de l’ASBL, le 10 septembre 1983, les organisations syndicales n’y sont plus représentées, ceci afin, semble-t-il, d’éviter un blocage du projet. A côté des deux principales organisations représentatives des travailleurs, certains avaient souhaité associer la Confédération nationale des Cadres.

55Entre-temps l’Exécutif régional avait accepté la création du CWPI et avait décidé de libérer à cet effet FB 200 millions, FB 140 millions relevant des "crédits parallèles" et FB 60 millions provenant du budget régional dans le cadre de l’expansion économique. Ce crédit de FB 200 millions ne doit pas être renouvelé, l’objectif étant de rendre le centre auto-portant à terme.

56Pour diverses raisons relevant notamment de difficultés rencontrées lors de la nomination de son cadre permanent, le CWPI n’a été rendu opérationnel qu’au cours de la seconde moitié de 1985. A ce moment il a modifié son appellation pour reprendre celle de l’ASBL qui le patronne, l’Association régionale pour la diversification des entreprises et le développement industriel - ARDI.

57L’ARDI a pour mission de tester la viabilité et éventuellement de développer des idées de productions nouvelles en provenance tant de petites entreprises, de centres universitaires ou d’écoles que d’inventeurs isolés. La première étape consiste à sélectionner les projets sur base de leur pertinence technique et commerciale. Dans un second temps, une évaluation du travail nécessaire au développement du projet est opérée et parallèlement l’ARDI cherche une entreprise susceptible de réaliser et de commercialiser le futur produit.

58Le projet accepté, l’ARDI demande une participation financière à l’entreprise retenue s’élevant à 20% du coût global de son développement. Cette contribution reste acquise à l’Association quels que soient les résultats obtenus. Une seconde tranche de 20% est à acquitter lorsque le produit est arrivé à sa forme définitive et le solde est à verser dans les trois ans, en sus des royalties calculées sur les ventes. Une convention est signée, par ailleurs, entre l’ARDI et l’auteur du projet et porte sur la rémunération de l’idée.

59Depuis l’installation de l’antenne liégeoise de l’Association début 1985, et celle de Charleroi, fin 1985, 250 projets ont été examinés et cinq ont donné lieu, jusqu’à présent, à la réalisation d’un prototype et sont en voie de commercialisation.

60Les ressources financières de l’ARDI sont constituées par une première tranche de la dotation budgétaire allouée par la Région wallonne, soit FB 40 millions.

61Le fonctionnement est assuré par trois permanents - deux à Liège et un à Charleroi, assisté par 11 techniciens engagés sous l’Art 123 et deux CST chargés de tâches administratives. Ils bénéficient des infrastructures et de l’aide technique du centre de recherche de Fabrimétal, le CRIF.

Commentaires

62La création de l’Association régionale pour la diversification des entreprises et le développement industriel - Centre wallon des projets industriels a été réalisée :

  • par l’Exécutif régional wallon
  • au départ d’une initiative des organisations syndicales et patronales ;
  • en vue de susciter des projets industriels de petites dimensions ;
  • et d’en assurer de façon globale le développement ;
  • avec le soutien d’un centre de recherche d’une organisation patronale.

63L’ARDI a pour ambition de valoriser une série de ressources existantes ("idées", centre de recherche, entreprises, …) en assurant une nouvelle structuration à partir de laquelle des créations d’activités industrielles peuvent s’avérer possibles.

64On ne peut s’empêcher de relever, par ailleurs, l’importance des délais de mise en œuvre de l’ARDI-CWPI depuis le moment où le Conseil économique régional de Wallonie en avait souhaité la création (1979-1980) et son installation en 1985.

La société d’investissement de la Basse-Sambre S.A.

Présentation

65La Société d’investissement de la Basse-Sambre S.A. trouve son origine dans une revendication syndicale, principalement du SETCA - Namur, aux Glaceries de St Roch S.A.

66Dans un document publié en 1980 intitulé "Projet d’une riposte syndicale face à la crise", le SETCA - Namur établissait les bases d’une nouvelle démarche. "La crise nous oblige à faire des choix fondamentaux, il n’est plus possible de se contenter de formules creuses, de se réfugier dans des slogans conservateurs. (…) il n’est plus possible de réagir au coup par coup et de se cantonner à protéger les acquis sociaux sans plus." Le congrès de cette organisation syndicale en 1981 développe un des axes de son engagement dans les entreprises. Il propose à ses délégués et affiliés d’être attentifs aux problèmes de gestion que les entreprises rencontrent dans tous les domaines (qualité des produits, recherche, vente, …). Le diagnostic de l’entreprise qui en résulterait devrait permettre de dégager des axes de mobilisation propres à l’entreprise et des actions seraient menées afin que des réformes soient mises en œuvre.

67Un nouveau document, édité au moment des élections syndicales de 1983, rappelle que "face à la désindustrialisation qui ne cesse de s’amplifier, les pouvoirs publics et les groupes financiers privés s’avèrent incapables d’enrayer le processus de déclin" et que la situation réclame des "orientations nouvelles pour le monde du travail et la majorité de la population". Ces orientations se retrouvaient dans le concept de "solidarité socialiste" et dans un engagement plus intense de l’organisation syndicale sur le plan économique. "Il appartient aux organisations syndicales d’être le ferment d’un nouveau civisme économique et de prendre les risques qui s’imposent (…). C’est pourquoi, nous nous impliquerons de plus en plus dans la vie des entreprises". Cette démarche est appelée la "cogestion par objectif, celle-ci est suffisamment souple pour éviter une certaine forme de récupération tout en nous permettant d’acquérir une pratique indispensable pour contrôler la réalité industrielle".

68Cette démarche avait reçu un début de concrétisation dans l’action développée par le SETCA - Namur lors de la reprise en 1977 de la S.A. Materne par le secteur public et divers acteurs privés et l’installation par la suite dans cette entreprise d’un Comité de surveillance dont les prérogatives s’étendent au-delà de celle du Conseil d’entreprise. C’est dans ce contexte qu’il faut replacer le processus qui a donné naissance à la SIBS.

69En mars 1981, la situation de la division vitrage des Glaceries de St Roch S.A. à Auvelais nécessite qu’un nouveau plan de restructuration soit envisagé. Dès le départ, les organisations syndicales de l’entreprise en acceptent l’idée mais demandent que cette démarche soit la dernière dans ce sens et qu’elle soit menée avec sérieux. Un plan est déposé et accepté par l’ensemble des interlocuteurs en octobre 1981.

70Il comporte trois volets. Le premier concerne les aspects techniques et prévoit notamment des investissements de plus de FB 2 milliards, le second regroupe des mesures sociales. Sur les 2.667 personnes occupées dans l’entreprise, on en désengagera 1.000, soit 800 ouvriers et 200 employés et cadres. Enfin, le troisième volet prévoit les mesures d’accompagnement social : d’une part, un service d’aide à la création de nouveaux emplois est mis sur pied aux Glaceries de St Roch, pour une durée de 3 ans. D’autre part, un fonds de FB 200 millions est mis à la disposition de la Société régionale d’investissement pour la Wallonie, suivant en cela les vœux des délégations syndicales de l’entreprise.

71Les Glaceries de St Roch ne s’engage ni comme gestionnaire du fonds ni a fortiori sur les résultats en terme d’emplois des mesures d’accompagnement. Les organisations syndicales acceptent ce plan qui reflète, selon elles, un certain équilibre entre le social et l’économique.

72Le fonds de FB 200 millions est accordé à la SRIW aux conditions suivantes :

  • les investissements doivent se réaliser dans la région de la Basse-Sambre (qui sera élargie ultérieurement à l’ensemble de la province de Namur) ;
  • une priorité sera donnée à l’engagement des anciens travailleurs des Glaceries de St Roch ;
  • la SRIW assume la responsabilité de la gestion ;
  • une consultation du comité d’accompagnement sera effectuée pour tout investissement. Le comité d’accompagnement regroupe des représentants, des ministres régionaux, de la direction des Glaceries de St Roch, du Bureau économique de la province de Namur (BEPN), des organisations syndicales et de la SRIW ;
  • les investissements ne peuvent se faire en direction de "canards boîteux" mais doivent concerner des activités nouvelles ou le développement d’activités existantes.

73Fin 1982, le fonds a pris la forme d’une société anonyme, la Société d’investissement de la Basse-Sambre - SIBS, filiale à 100% de la SRIW. Dans un premier temps, les objectifs assignés à la SIBS sont la recherche de nouvelles techniques d’intervention et plus particulièrement, l’introduction de plus de souplesse dans l’action de la SRIW vis-à-vis des PME.

74L’action du Bureau économique de la province de Namur s’est tout d’abord concentrée sur la promotion dans l’opinion de l’"Action Basse-Sambre" et à l’acquisition et l’aménagement, par un financement provenant des crédits parallèles, d’un bâtiment industriel à Tamines, destiné à l’accueil momentané de nouvelles entreprises.

75De son côté, la cellule d’aide à la création d’emplois nouveaux des Glaceries de St Roch menait divers contacts avec les industriels de la région de la Basse-Sambre et proposait l’intervention d’un consultant étranger en vue d’établir des coopérations technologiques de marché ou de produits entre ces entreprises et des entreprises étrangères. Ce projet ne semble pas avoir été retenu par les gestionnaires de la SIBS. Par ailleurs, la cellule des Glaceries de St Roch a établi plusieurs plans d’affaires et études préliminaires, pour d’éventuelles futures entreprises. A l’heure actuelle, cette cellule n’est plus opérationnelle.

76La SIBS se définit, à la fois, comme un "entrepreneur financier" et une "société anonyme sans but lucratif", son actionnaire, la SRIW, ayant renoncé à percevoir tout dividende ou rémunération quelconque qui pourrait résulter des opérations entreprises par la SIBS.

77Les techniques d’intervention finalement mises en œuvre par le Conseil d’administration de la SIBS privilégient les interventions sous forme de prêts et les prises de participation minoritaires au capital. Les prêts revêtent trois formes : le prêt particulier à l’emploi (PPE), d’une durée de 5 ans, plus un an de franchise, établit son taux sur base de la moitié du taux à long terme de la SNCI auquel on ajoute 1% pour les frais administratifs ; le prêt spécial est accordé à la condition que les emplois créés soient attribués à des ex-travailleurs des Glaceries de St Roch et offre des conditions encore plus avantageuses que le PPE ; enfin la souscription à des emprunts en obligations participantes éventuellement convertibles. Les montants accordés sont fonction du nombre d’emplois créés.

78Le capital de la SIBS s’élevait au 31 mars 1986 à FB 254.125.048. Ce montant est le résultat d’une part, de l’incorporation des résultats des immobilisations financières à la somme libérée initialement par les Glaceries de St Roch (FB 200 millions) et d’autre part, de la fusion réalisée le 26 mars 1986 de la SIBS avec la S.A. Industries et techniques nouvelles "ITN". Ce holding de reconversion avait été créé en décembre 1981, sur le même schéma que la SIBS, au départ de la fermeture du site de Saint-Servais (Namur) de la société Intermills et à la suite d’une revendication du SETCA - Namur.

79Fin 1986, l’Exécutif wallon et la province de Namur ont décidé de renforcer les moyens de la SIBS. La concrétisation de ces engagements devrait se matérialiser dans le courant de 1987.

80Au 31 mars 1986, la SIBS était intervenue dans 19 entreprises pour un montant de près de FB 80 millions et une espérance de création de 330 emplois. Au 30 juin de la même année, une évaluation réalisée par la SIBS estimait à 277 le nombre d’emplois réellement créés (44 étant en instance d’engagement), les décisions d’intervention de la SIBS se chiffraient à cette date à FB 103.900.000.

81Il est signaler que la SIBS reste en contact avec les organisations syndicales signataires de la convention avec les Glaceries de St Roch au travers d’un Comité d’information convoqué régulièrement. Le Comité d’accompagnement prévu au départ n’a pas été constitué.

Commentaires

82La création de la SIBS a été réalisée :

  • en vue de contribuer à la reconstitution d’un tissu économique dans la Basse-Sambre ;
  • par la SRIW, sur base d’une dotation d’une entreprise privée ;
  • dans le cadre d’un plan général de restructuration ;
  • sous la pression des organisations syndicales qui désiraient voir élargir la responsabilité sociale de l’entreprise à son environnement local.

83Ce sont les comportements nouveaux de deux acteurs traditionnels, une entreprise et les organisations syndicales, qui donnent naissance à cette initiative. D’une part, une entreprise reconnaît la responsabilité socio-économique que lui confère son implantation dans un espace donné et, d’autre part, les organisations syndicales ne se sont pas limitées à la revendication d’un volet social accru dans le cadre des compensations du plan de restructuration. Elles ont également réclamé une intervention directe de l’entreprise dans la reconstitution du tissu industriel de son environnement immédiat. Ce fut la première fois en Belgique qu’un tel accord était réalisé sans que n’intervienne financièrement la puissance publique.

Valagral W. ASBL

Présentation

84Même si actuellement cette initiative semble être en veilleuse, sa présentation conserve un caractère illustratif de dynamiques sociales innovatrices mises en œuvre.

85C’est à la suite d’une initiative d’un permanent syndical de la Centrale de l’alimentation de la FGTB de Namur - Luxembourg qu’à été créée l’ASBL Valagral, Valorisation de l’agro-alimentaire wallon, en octobre 1983.

86En fait, la démarche qui devait conduire à cette création avait été entamée dès 1980-1981. A cette époque, l’intérêt que pouvait revêtir le développement de l’agro-alimentaire en Wallonie était de plus en plus reconnu de même que la nécessité de raisonner en termes de filières et sous-filières.

87Pour y parvenir une bonne information, normalisée, mais également une mise à jour régulière de ces informations sont nécessaires. De là l’idée de constituer un centre qui aurait la charge de constituer une banque de données régionale. Une convention fut signée avec l’Exécutif wallon fin 1982 afin de lancer les premières bases de ce centre. L’action de Valagral W. s’est déroulée jusqu’en septembre 1985, date à laquelle l’Exécutif régional wallon a cessé de liquider les subsides afférents à cette convention. Comme par ailleurs le renouvellement des CST avec lesquels l’association fonctionnait ne lui a pas été signifié, Valgral W. ne poursuit plus qu’une activité réduite, sans pour autant être absente des débats sur les orientations de la politique agricole régionale.

88Valagral W. rassemble sept composantes intéressées par l’agro-alimentaire wallon : le patronat, les syndicats, les organisations agricoles, des intercommunales et des groupements de développements locaux, le monde politique, la recherche scientifique et les pouvoirs publics. D’après un responsable, "C’est la première fois que dans la région wallonne du pays il existe un outil de concertation entre les différentes parties de l’agroalimentaire en ayant autour de la table l’ensemble des parties concernées". Il est cependant à signaler que ni le monde chrétien, tant syndical que politique, ni la famille libérale ne sont représentés dans Valagral W.

89L’objet de Valagral W. est "d’étudier toute question et de mettre en œuvre tous les moyens matériels et intellectuels et les services visant à favoriser toute initiative en matière agro-alimentaire".

90Outre le centre installé à Namur, Valagral W. avait l’intention de développer des antennes locales dans les différentes régions agricoles de Wallonie en s’appuyant sur les groupes locaux travaillant dans le domaine. Ainsi, notamment, il existe un regroupement des associations de l’Entre-Sambre-et-Meuse qui constitue l’antenne locale de Valagral W. D’autres antennes étaient en voie de constitution dans le Luxembourg, le Hainaut occidental, à Verviers, à Huy-Waremme, … Chaque antenne restait autonome dans ses objectifs, Valagral W. ne faisant que coordonner les initiatives et leur donner le maximum d’impact. Au-delà de la collecte de l’information et de son traitement, Valagral W. se voulait également un animateur socio-économique de l’agro-alimentaire wallon.

91La mise en relation d’acteurs du secteur : assurer une coordination des initiatives, assurer les contacts,…, faisait partie de l’animation sociale. Quant à l’animation économique, elle signifiait pour Valagral W. : déceler les besoins, les opportunités, rassembler les acteurs potentiels et éventuellement les moyens financiers, réaliser les études de faisabilité,… Mais l’association ne voulait en aucun cas être l’opérateur industriel des projets ni réaliser l’encadrement d’entreprises industrielles.

Commentaires

92Cette initiative a été prise :

  • au départ, par une organisation syndicale ;
  • qui a rassemblé autour du projet la plupart des acteurs intéressés (à l’exception toutefois de représentants des mondes chrétien et libéral non représentés au C.A. de Valagral W.) ;
  • en décentralisant son action au sein de groupes formés ou en formation dans les différentes zones agricoles ;
  • avec l’appui de l’Exécutif de la Région wallonne.

93Il faut souligner que cette initiative, prise au départ par une organisation syndicale, traduisait la volonté de dépasser la simple défense de ses affiliés pour entreprendre une action de développement sectoriel.

94Valgral W., et principalement ses animateurs, désiraient s’affirmer comme acteurs, animateurs économiques et sociaux dans la perspective de structurer, d’articuler et de développer des initiatives.

95La démarche s’inscrivait dans un mouvement plus vaste de redécouverte du secteur agro-alimentaire régional et de ses potentialités (Office des produits wallons, Union professionnelle de l’Agro-alimentaire, produits locaux, …).

L’Entre-Sambre-et-Meuse – ESEM

Présentation

96Bien que la démarche ait mûri longtemps, le point de départ de l’initiative entreprise dans l’Entre-Sambre-et-Meuse se situe en 1975, année de la fermeture de nombreuses laiteries locales. Cette fermeture qui occasionnait la perte de plus de 200 emplois faisait suite à la fermeture des fonderies (plus ou moins 1.000 personnes) et à la diminution de l’emploi dans les verreries (plus ou moins 150 personnes). La région se trouvait alors face à des besoins locaux insatisfaits et à des personnes qui avaient les qualifications requises pour les rencontrer mais ne disposaient pas de structure dans laquelle s’inscrire.

97Dans ce contexte, la société coopérative de services techniques et administratifs - STA est constituée en 1976, elle compte comme membres fondateurs :

  • le directeur de l’intercommunale de développement Intersud ;
  • le directeur de la clinique de Chimay ;
  • un gérant de banque ;
  • le directeur de la société Hermat S. A. ;
  • des représentants de la Fondation du Sud-Est (future Fondation rurale de Wallonie) ;
  • la S.C. Ferme du Prince ;
  • le directeur de la Fédération des producteurs d’électricité ;
  • un représentant de la Chambre des métiers et négoces du Hainaut ;
  • d’autres personnes privées parmi lesquelles Charles-Ferdinand Nothomb, plusieurs directeurs d’entreprises et des religieux de l’Abbaye de Scourmont.

98L’objet de cette société est de "fournir des services, techniques, commerciaux et administratifs aux associés et aux tiers, en vue de promouvoir le développement économique et social de la région…"

99La STA demande la participation de ses travailleurs et de ses clients réguliers à son capital. Celui-ci s’élevait, au 31 décembre 1985, à FB 10.081.000. La STA occupait 3 personnes en 1976, pour 36 dix ans plus tard. Le chiffre d’affaires réalisé en 1985 s’élève à près de FB 64 millions. La STA propose à ses clients des services spécialisés (assurance, comptabilité, services juridique, social,…) qu’aucun ne pourrait se payer individuellement en raison de leur taille.

100En 1977, les moines trappistes de Chimay ont désiré se retirer partiellement de la brasserie qu’ils exploitaient seuls jusqu’alors. Afin de reprendre cette activité et de la développer, une société coopérative a été créée, la S.C. Brasserie de Chimay "BDC" par quelques religieux, un représentant de la Fondation du Sud-Est, le directeur de la Fédération des producteurs d’électricité (FPE) et quelques personnes privées. Un religieux et le directeur de la FPE ont souscrit chacun à 251 parts de la coopérative, les autres membres, 1 part. Le chiffre d’affaires de BDC dépassait en 1985 FB 487 millions, la société occupait alors 39 personnes. L’objet de BDC ne se limite pas à la mise en bouteille de la bière et à la commercialisation de celle-ci et de fromage, elle vise également "l’étude et la participation financière à toute initiative visant au développement et à la promotion sociale et économique de la région".

101Parallèlement, s’est constituée une autre société coopérative, la Compagnie fermière de l’Entre-Sambre-et-Meuse "Coferme" (chiffre d’affaires 1985 : FB 281 millions), qui se charge du ramassage du lait dans les fermes de la région, ceci afin d’éviter que sa valorisation se ne fasse en-dehors d’elle et notamment en Flandre.

102BDC et Coferme, en coopération avec notamment l’abbaye et des agriculteurs, ont été à l’initiative de la création en 1979 de la Société coopérative fromagère de l’Entre-Sambre-et-Meuse "Sofrem". Cette société a repris les activités de production de fromage de l’abbaye de Scourmont. La totalité du lait mis en œuvre par Sofrem est fourni par la S.C. Coferme. La Sofrem a réalisé en 1985 un chiffre d’affaires de FB 61 millions.

103Afin d’élargir la réflexion et l’action entreprises, a été constituée en juin 1981 l’ASBL Association pour la valorisation et la solidarité économique de l’Entre-Sambre-et-Meuse "VALESEM". Les 39 fondateurs de l’ASBL représentaient un ensemble assez diversifié d’agents socio-économiques de la région (agriculteurs, directeurs de sociétés, animateurs, professions libérales, indépendants, enseignants, techniciens,…). L’objet de Valesem est "d’être un lieu de rencontre et de collaboration de toutes les ressources humaines et matérielles, tant privées que publiques, soucieuses d’un développement économique global et intégré adapté aux spécificités de l’Entre-Sambre-et-Meuse". La notion de développement économique global et intégré est définie par la suite comme étant : "toute initiative économique ayant des effets d’entraînements positifs tant sur le plan économique que sur les plans sociaux et culturels et sur la qualité du cadre de vie".

104Valesem se veut un instrument économique mis au service de la population pour qu’elle puisse intervenir directement dans le développement de l’emploi dans sa région.

105Deux types d’aide sont proposés par Valesem :

  1. La mise à disposition du capital humain de l’Entre-Sambre-et-Meuse. Concrètement cela signifie que les candidats entrepreneurs peuvent compter sur l’aide bénévole, en fonction de leur expérience, des 80 membres de Valesem parmi lesquels on retrouve les fondateurs ainsi que d’autres personnes qui s’y sont jointes dont un responsable d’un important groupe financier ou un haut fonctionnaire des Communautés européennes. Leur soutien peut revêtir plusieurs formes : conseils techniques, financiers, recommandation à des relations ou aux banques qui peuvent se montrer plus compréhensives par exemple pour l’octroi d’un prêt ;
  2. Par le biais de Valesem-Développement S. C., un fonds régional d’investissement créé par Valesem ASBL en septembre 1982, l’intervention peut revêtir une forme financière. Ses moyens lui viennent d’une émission d’obligations qui lui a permis de récolter un peu plus d’1,5 millions de FB auprès d’une vingtaine d’entreprises, trois banques et de plusieurs particuliers, ces derniers devant être ultérieurement sollicités à plus grande échelle. Valesem-Développement a déjà participé au financement de deux entreprises :
    • Hermat S.A., à Beaumont : à la suite d’un incendie en 1983 cette entreprise devait reconstruire l’ensemble de ses bâtiments. L’entreprise étant sollicitée pour s’établir dans d’autres régions, Valesem a mené une action dans la population locale afin de la sensibiliser à l’importance de la présence d’Hermat à Beaumont (30 emplois ou 30 chômeurs, 60 électeurs, 30 familles, 60 enfants à l’école,…) Valesem a récolté de l’argent parmi la population et a pris une participation dans Hermat afin de contribuer au maintien du siège d’activités à Beaumont.
    • Spelta S.C. : cette société a été créée afin de valoriser dans la région l’épautre que beaucoup d’agriculteurs locaux cultivent.

106On peut signaler le soutien apporté par l’intercommunale Intersud à l’ensemble de la démarche engagée dans l’Entre-Sambre-et-Meuse. Parallèlement à ces réalisations, d’autres initiatives ont été prises toujours dans le cadre du développement de la région de l’Entre-Sambre-et-Meuse. Ainsi, l’ASBL Développement communautaire de l’Entre-Sambre-et-Meuse "Decomesem", constituée en 1980, a pour objet l’éducation permanente et l’animation socioculturelle. La démarche de Decomesem est d’intégrer toute la population au développement de la région par le moyen de la formation, de l’information, de l’animation ou encore de l’organisation de petites activités de production.

107De même, s’est créée en 1982 l’ASBL Valorisation des initiatives économiques de l’Entre-Sambre-et-Meuse "VIE - ESEM", sous l’impulsion de la régionale de Charleroi, Thudinie de la FGTB. Son objet est de "stimuler l’identification à une communauté territoriale d’action, d’aider à développer la vie associative communautaire dans ses aspects économiques par l’animation, la coopération et la coordination". Dans ce but, elle "pourra promouvoir la formation, l’information, l’action culturelle auprès des travailleurs de l’ESEM". Vie-Esem possède plusieurs antennes locales dont les travaux sont assez diversifiés (étude de la région, petites productions de fruits, légumes, valorisation des productions locales, formation,…)

Commentaires

108Cet ensemble d’initiatives a été pris :

  • au départ, lors de la disparition plus ou moins brutale de la région d’entreprises importantes du point de vue de la dynamique économique locale ;
  • après une longue démarche socio-culturelle ;
  • à partir d’un petit noyau d’habitants de la région ;
  • ce petit noyau s’est élargi avec la création de la STA d’abord et de Valesem et de Valesem-Développement ensuite pour former des cercles concentriques de personnes impliquées ;
  • en vue de prendre en charge le développement de la région ;
  • développement dans lequel sont associés les aspects économiques, sociaux et culturels, dans une perspective de "développement intégré et endogène".

109La région de l’ESEM est une région rurale qui est en grande partie restée à l’écart des zones de réalisation de l’industrialisation, sinon pour constituer un réservoir de main-d’œuvre pour ces centres. Elle s’est également caractérisée par une relative homogénéité politique et une certaine minorisation dans l’espace régional.

110La réaction du milieu local au long déclin de la région est intervenue peu de temps après la fermeture des laiteries qui peut être considérée comme un événement catalyseur.

111Initiée par un petit groupe, la démarche a conduit celui-ci à rechercher des collaborations de plus en plus étendues jusqu’à atteindre l’ensemble de la population au travers de Valesem-Développement qui représente un embryon de pôle de récolte de l’épargne locale.

112Ce groupe reste le moteur de la démarche notamment en concentrant en son sein un ensemble de responsabilités diverses mais complémentaires ; dans cette perspective, il s’est progressivement constitué en un groupe dirigeant local en assurant la maîtrise du processus.

113Les principes qui ont guidé les diverses initiatives s’articulent autour de la structuration et de la valorisation des ressources locales qu’elles soient naturelles, humaines, financières,…, en ne recherchant pas de prime abord une intervention extérieure, c’est ce qui définit le développement endogène. Dans une perspective intégrée, la démarche repose sur des pôles de développement progressivement mis en valeur (agro-alimentaire, bois, tourisme,…).

Société de création d’activités nouvelles - Socran S.A.

Présentation

114La création en avril 1984 de la S.A. Société de création d’activités nouvelles "Socran", par diverses institutions privées et publiques en majorité liégeoises mérite pour être pleinement comprise un retour à l’année 1979.

115C’est de cette époque en effet que datent les premiers contacts entre certains patrons d’importantes entreprises liégeoises et des responsables des deux organisations syndicales les plus représentatives, la FGTB et la CSC. Ces premières entrevues allaient conduire à la création d’un groupe informel de réflexion sur le devenir de la région : le "Groupe Japon". Un des premiers objectifs de ce groupe a été de se rendre au Japon afin d’examiner si des opportunités d’investissements importants en région liégeoise ne se dégageraient pas. La première mission au Japon a été l’occasion d’alimenter une réflexion commune sur la région à partir d’un catalyseur que constituait le voyage dans ce pays. L’objet de cette réflexion touche à tous les aspects du développement économique de la région liégeoise sans aborder directement les points chauds de l’actualité.

116De la recherche d’investissements nouveaux, l’objectif des missions a glissé vers des missions de recherche de débouchés pour des produits liégeois. Ces missions de commerce extérieur accueillaient d’autres partenaires, notamment des PME.

117Afin de prendre en charge l’organisation opérationnelle des activités du Groupe Japon a été constituée en 1981 une ASBL appelée Innovation et Reconversion Industrielle "IRI ;". A la fondation de celle-ci on trouve le recteur de l’Université de Liège, le président et le directeur de la régionale de Liège de Fabrimétal, le président et le secrétaire de l’Union wallonne des entreprises-Liège, tous deux cadres à la FN, le directeur d’une filiale de la FN, Security Technology Systems, et un ancien gouverneur de la province de Liège.

118L’organisation à Liège en octobre 1983 d’une grande foire aux nouvelles technologies appelée "Synergium" avec comme invité d’honneur, le Japon, devait contribuer au renouveau de l’image de marque de Liège et de sa région en offrant un témoignage des réalisations en matière de technologies nouvelles et en organisant une réflexion socio-économique sur l’entreprise de demain.

119Dans une troisième étape, le Groupe Japon, reconnaissant qu’il y avait des initiatives à prendre sur le plan industriel, a cherché des formules nouvelles de régénération du tissu industriel, les moyens traditionnels n’ayant pas donné des résultats compatibles avec l’ampleur du problème.

120Le choix s’est porté sur un vaste programme de création d’activités nouvelles avec la firme Control Data Worldtech (CDW). Ce programme bénéficie du soutien financier de la CEE, par le biais du FEDER, des entreprises et institutions liégeoises ainsi que du patronage de la Région wallone.

121Les objectifs qui ont été fixés sont la création de 60 entreprises et le développement d’activités nouvelles porteuses de hautes technologies dans 20 entreprises existantes, le tout devant aboutir à la création de plus d’un millier d’emplois endéans les cinq ans. L’apport de CDW dans le programme est de deux types : d’une part l’élaboration d’un programme de maximisation des chances de réussite d’une nouvelle entreprise, notamment en créant un "Business and Technology Center" (BTC), d’autre part, l’organisation de la mise à la disposition d’entreprises locales de technologies nouvelles.

122La gestion du programme a été confiée à la Société de création d’activités nouvelles. A l’origine, neuf partenaires se répartissaient les 1.526 parts sociales représentant le capital : la Fabrique nationale Herstal (347 parts), Union financière et industrielle "UFI" (347 parts), Cockerill-Sambre (278 parts), Phénix Works (139 parts), Cockerill Mechanical Industries (69 parts), La Belgique industrielle (69 parts) et Innovation et reconversion industrielle (1 part). Sans participation au capital, l’Université de Liège ainsi que le Fonds européen de développement régional (FEDER) sont néanmoins représentés au Conseil d’administration.

123En décembre 1984, plusieurs nouveaux actionnaires entrent dans le capital de la société. La répartition du capital (FB 33 millions) était alors la suivante :

  • FN, UFI et CIGL, sociétés du groupe de la Société Générale de Belgique : 33%
  • Cockeril1-Sambre et ses filiales Cockerill Mechanical Industries, Phénix Works et la S.A. d’Informatique, Bureautique - Télématique : 21%
  • Intercom : 6%
  • Unerg : 6%
  • divers organismes publics et la Région wallonne : 9%
  • Control Data Belgium : 9 %
  • les Assurances liégeoises, La Belgique industrielle, Travhydro et les Pompes d’Ensival à raison de 3 % chacun.

124Au 1er décembre 1984, 7 entreprises avaient été constituées et 29 dossiers avaient été établis dont 8 étaient en voie de concrétisation dans des PME existantes. Parmi les sept entreprises créées, on compte quatre sociétés dans le secteur informatique (conseil, étude ou conception), une société de conseil en marketing et une société de gestion d’espaces publicitaires.

125Parallèlement au programme de création d’activités nouvelles, un programme de formation a aussi été développé. Il est pris en charge principalement par l’IRI. Au mois de juin 1986, 7.000 heures de formation avaient été dispensées à des créateurs d’entreprise, au personnel de PME ou encore à des chômeurs de haut niveau dans le cadre d’une convention avec l’ONEM. Cette dernière orientation débouche dans certains cas sur la création de nouvelles entreprises (7 dossiers ouverts en 1986). Outre l’emploi de CST et TCT, le volet formation bénéficie également d’une intervention du Fonds social européen (17 millions de FB) et de la Communauté française (8 millions).

126Les résultats du programme de création d’activités nouvelles font état de la signature de 135 conventions de travail (sur 365 dossiers examinés) ayant abouti à la création de 16 entreprises (3 autres entreprises allaient être constituées avant la fin de l’année) et au développement de 5 entreprises existantes, 48 projets sont à des degrés divers en cours de réalisation. Les entreprises créées ont suscité 90 emplois - dont 30 à temps partiel - sous des statuts divers ce qui, même pour des entreprises en dynamique de croissance, est relativement faible. C’est un constat qui a amené la Socran à envisager de nouvelles orientations et notamment la mise sur pied d’entreprises plus importantes - qui ne soient pas nécessairement portées par un candidat entrepreneur mais dont les potentialités seraient établies - ou de renforcer l’action orientée vers le développement d’entreprises existantes.

127Ces deux volets ne pouvaient cependant se concrétiser qu’avec le déblocage des interventions du FEDER, obtenu en septembre 1986. Jusqu’à cette date, la Socran S.A. disposait de ses fonds propres pour mener ses actions, une partie du personnel étant engagée sous le statut de CST (5) ou de TCT (3), elle disposait également d’une première intervention du Fonds européen de développement régional de 34 millions de FB.

128L’intervention principale du FEDER dans le programme Socran pour la période 1985-1989 s’élève à 179,5 millions de FB auxquels il faut ajouter une participation à l’assainissement d’anciens sites industriels en vue d’y installer le bâtiment du Business and Technology Center. Ces interventions, complétées par les ressources propres de la Socran S.A. (rémunération de ses services aux entreprises) devraient lui permettre de concrétiser ses axes d’actions.

Commentaires

129La création de la société Socran a été réalisée :

  • au départ d’un groupe informel regroupant les organisations syndicales, certaines entreprises et institutions locales ;
  • par des entreprises, l’université, un membre du FEDER, certains d’entre eux ayant déjà constitué une association ayant comme objet la reconversion et plus précisément la formation ;
  • en vue de créer des activités nouvelles ;
  • dans une région de vieille industrialisation ;
  • en exploitant des ressources techniques et scientifiques locales et extérieures ;
  • avec le soutien financier de la Région wallonne, des Communautés européennes et, dans une moindre mesure, de quelques entreprises.

130Le processus engagé dans la région liégeoise avec la création de la Socran S.A., a été pris en charge par un groupe d’acteurs à géométrie variable :

  • les organisations syndicales, présentes dans le groupe informel appelé "Groupe Japon", sont formellement absentes de l’IRI et de la société Socran S.A., ceci n’empêche pas néanmoins leur consultation et, le cas échéant, leur soutien au programme ;
  • la participation patronale s’est au départ articulée autour de deux grandes entreprises et d’une organisation sectorielle, Fabrimétal. Elle a tiré profit, en ce qui concerne sa diversité, des multiples appartenances de certains de leurs responsables. Lors de la première augmentation de capital la participation patronale s’est sensiblement élargie sans pour cela accueillir des représentants directs de holding.

131Au nombre des conditions d’émergence et d’existence du "Groupe Japon" on peut relever : la présence d’une personnalité ayant rencontré, dans d’anciennes fonctions, une approbation locale assez large ; la rencontre des différents acteurs dans un cadre et des objectifs localisés à l’étranger (Japon) ; une délimitation du champ formel des préoccupations du groupe, orientée vers le futur (reconversion) en excluant les sujets d’actualité - sans pour cela que ces derniers soient sans influence sur le fonctionnement de l’association - et enfin, "la prise de conscience généralisée du lent mais profond déclin dans lequel s’engageait la région liégeoise, déclin non significativement enraillé par les moyens traditionnels mis en œuvre" ;

132On ne peut s’empêcher de souligner l’importance des moyens de toute nature - organisationnel, financier, humain,… - qui sont mis au service de ce programme, notamment en regard des résultats escomptés en termes d’emplois.

133La structure qui porte le projet a un caractère particulier en regard de ses objectifs, qui sont généralement pris en charge par des institutions publiques ou mixtes, et également en regard de ses actionnaires et administrateurs. A côté des entreprises, on y trouve des institutions publiques - Région wallonne, université, Communauté européenne - et une organisation patronale. Le statut de cette structure nouvelle est un statut privé de société anonyme.

Opération 3E : Entreprises – emplois – ensemble

Présentation

134Présenté fin 1983 par l’intercommunale de développement ADEC, l’opération 3E est un vaste programme de création, de développement ou de redéploiement d’entreprises dans la région de Charleroi.

135Divers éléments de ce programme avaient été avancés et discutés par les membres du Comité d’animation et d’action économique de Charleroi "CAAEC". Ce Comité regroupe de façon informelle, ce qu’il est convenu d’appeler les "forces vives" de la région à savoir : la ville, les entreprises, la Chambre économique, les organisations syndicales et les mandataires politiques exerçant des responsabilités dans les exécutifs national, régional et communautaire. Le rôle de l’ADEC a été de regrouper les différents projets, d’en organiser la cohérence, d’y apporter l’un ou l’autre élément complémentaire et surtout de proposer de les prendre en charge et de les réaliser.

136D’emblée, l’ADEC a cherché à associer l’ensemble de la région à la démarche entreprise. L’intercommunale estime en effet que l’action doit être menée non seulement au plan financier, technique,…, mais aussi au plan psychologique. La situation "exige une action globale visant à une redynamisation complète de la région en laquelle les habitants doivent être amenés à croire à nouveau" (document de présentation). Le programme "3E" compte plusieurs volets privilégiant chacun un type d’actions particulières.

137Le premier volet s’adresse aux entreprises à créer. Il est fait appel pour cet objectif à la Comase S.A., filiale à 100% des ACEC. A partir d’une connaissance du contexte régional, l’ADEC tente de lever tous les freins psychologiques à la création et de rassembler dans une même dynamique tous les acteurs déjà intéressés à la création d’entreprises (agences de développement, banques, organisations sociales, mandataires politiques, organismes publics et privés,…). Dans un second temps, la Comase S.A. apporte aux "créateurs" qui se sont présentés une aide globale au sein d’un "Business Center" qui se veut le témoin du renouveau. Dans cette perspective, le "Business Center" s’installe de préférence dans un bâtiment industriel ancien qui aura été rénové.

138L’objectif qui est fixé pour le volet "création d’entreprises" est d’atteindre les 1.000 emplois nouveaux en 5 ans.

139Le second volet de l’opération est mené à l’attention des petites entreprises qui cherchent à se développer. C’est le projet "ZAMI" ou "Zone artisanale en milieu intégré". Sa cible est les petites entreprises artisanales, industrielles, ou d’art confrontées à un problème de croissance. Il leur est proposé d’acquérir un nouvel espace de travail dans un bâtiment adapté dans lequel seront organisés certains services communs tels que secrétariat, télex, gestion informatisée, …

140Pour les entreprises existantes confrontées à des impératifs de redéploiements, le troisième volet fait appel aussi à la Comase S.A. D’une part, elle établira pour des entreprises de la région, en tenant compte de leurs ressources, les produits et les marchés qui leur sont accessibles ainsi que les moyens d’y parvenir. D’autre part, elle partira d’une analyse des marchés futurs, des créneaux porteurs de nouvelles activités industrielles, pour aboutir, après une étude de faisabilité, à identifier les produits et les entreprises. Une soixantaine d’entreprises devraient ainsi être aidées dans leur diversification.

141Un quatrième volet était initialement prévu : la création d’une Société carolorégienne de développement. Présentée comme la suite logique des 3 premiers volets, cette société financière présentait la particularité de regrouper des financiers et des industriels. Outre le rôle de "venture capital company", cette société aurait offert aux entreprises naissantes ou en redéploiement toute une gamme de services (commercial, technique, de recherche, …) qui auraient été réalisés en collaboration avec les départements spécialisés de grandes entreprises. Ces services auraient été rémunérés en cas de réussite de l’entreprise bénéficiaire. Avaient été contactés pour constituer cette Société carolorégienne de développement tous les acteurs financiers et industriels, privés et publics de Charleroi ainsi que les organismes nationaux et européens intéressés. L’idée a cependant été abandonnée, notamment en raison de la création de Sambrinvest, société susceptible de réaliser les fonctions financières attendues de la Société carolorégienne de développement.

142Dernier volet du programme, l’intensification et la coordination des actions de formation dans la région, en collaboration avec le Fonds social européen. Sont impliqués dans cette action tous les organismes de formation permanente et de formation sociale et l’ONEM de Charleroi.

143L’intercommunale de développement constitue dans ce vaste programme l’interface entre les divers intervenants en amont (financement) et en aval (réalisation). Elle est aussi appelée à régler les divers problèmes de délimitation de champ d’action.

144Le coût global de l’Opération 3E, y compris le coût de la construction et l’aménagement des bâtiments, mais sans la société de développement, est évalué à près de FB 500 millions.

145Les sources de financement sont principalement régionales et européennes, le secteur privé étant prêt à y contribuer symboliquement.

146Le 22 avril 1985 fut constituée la société coopérative Société de gestion des immeubles et de promotion des services, en vue de la création d’entreprises et de développement de l’artisanat dans la région de Charleroi "GISAC". Son capital de FB 30 millions est détenu à 20% par l’ADEC et les entreprises ou institutions suivantes pour 4% chacune : ACEC, CGER, CIG Sud, Cockerill-Sambre, Hullbridge, IBT, IRE, Koeckelberg, De Cock, Fabrimétal, Fabrique du fer, Génie civil et industriel, Hanrez, Intercom, Lixon, Prominvest, Ryan europe, Sintra, SNCI, Générale de Banque, Société Générale de Belgique, Chambre de commerce et d’industrie de Charleroi au nom de certains membres et la Région wallonne.

147L’objet de la GISAC est de gérer le premier et le troisième volet de l’Opération 3E à savoir, d’une part, organiser la guidance des créateurs d’entreprises et leur proposer des locaux et services leur permettant un départ plus aisé, et, d’autre part, de proposer de nouveaux locaux à des PME en croissance. L’équipe permanente de la GISAC assure l’animation économique, la gestion des services et des bâtiments ainsi que la coordination et le suivi de la guidance qui est confiée à la Comase S.A.

148Plusieurs résultats ont été obtenus au terme de la période d’expérimentation.

149Une première zone artisanale en milieu intégré, destinée aux PME en développement, est réalisée aux anciennes Forges de Gilly et des candidats entrepreneurs sont soutenus par le Centre de services pour entrepreneurs aux anciennes casernes de Trésignies.

150Une vingtaine d’entreprises ont bénéficié de l’intervention de l’opération 3E : une quinzaine de nouvelles et cinq existantes. Elles occupent environ 150 personnes, chiffre qui devrait progresser de 40 à 50 % à moyen terme. Par ailleurs le second volet de l’opération le redéploiement d’activités pour des entreprises existantes - a été testé et a rencontré le soutien de la part des entreprises.

151Mais le résultat le plus encourageant, aux dires des animateurs de l’ADEC, est certainement la généralisation progressive du changement de mentalité chez les acteurs politiques, sociaux et économiques de la région de Charleroi et par là l’élargissement de l’esprit de l’Opération 3E.

152Outre le soutien de l’ADEC et de la GISAC S.C., cette période d’expérimentation a reçu du FEDER des montants de FB 21,5 millions pour les études et de FB 26,5 millions pour la mise en œuvre du Centre de services pour entreprises et de la ZAMI.

153Au mois de septembre 1986, il a été accordé au programme 3E FB 152,1 millions au départ du programme Acier-FEDER, couvrant la période 1985-1989.

Commentaires

154L’Opération 3E a été engagée :

  • au départ de propositions d’action provenant d’acteurs économiques diversifiés ;
  • que l’intercommunale de développement a structurées, complétées et s’est engagée à réaliser ;
  • avec l’appui des "forces vives" de la région rassemblées dans un groupe informel ;
  • en cherchant à y associer l’ensemble de la population ;
  • en diversifiant ses champs d’investigation (objectifs précisés suivant le type d’entreprises visées) et les moyens mis en œuvre (consultance différenciée, aspects financiers, adaptation de la formation,…) ;
  • avec le soutien financier de la Région wallonne, des Communautés européennes et, dans une mesure moindre, du secteur privé.

155Un des aspects les plus marquants de l’Opération 3E est la volonté de ses promoteurs d’en faire une opération collective, qui dépasse le cadre restreint de l’intercommunale ou même des "forces vives" de Charleroi. La composition diversifiée de l’assemblée des coopérateurs de la GISAC S.C. témoigne de cette orientation.

156Cette conception de l’action de reconversion découle d’un diagnostic de la situation qui met en évidence, à côté des aspects financiers, de structures industrielles vieillies,…, des facteurs psychologiques et sociaux concourant à la lente dégradation.

157En ce qui concerne la structure "porteuse" de l’Opération 3E le choix s’est porté sur l’intercommunale de développement qui, secondée par la GISAC S.C., se voit ainsi confier de nouvelles fonctions de coordination. Si, de l’avis de son dirigeant, l’intercommunale n’était pas préparée, n’avait pas l’expérience pour réaliser elle-même l’opération, elle a par contre la faculté d’en être l’organisatrice, son rôle consistant alors à réaliser les interfaces entre les différents intervenants (financiers/ opérationnels, opérationnels de chaque action ponctuelle, les uns et les autres face aux responsables politiques,…).

3 – Eléments d’analyse

158La présentation ainsi que les premiers commentaires des initiatives ont mis en évidence leurs diversités. Celles-ci tiennent tant aux acteurs engagés, à leurs objectifs, à leurs moyens qu’aux dynamiques sociales dont ces initiatives sont porteuses. Il semble néanmoins qu’au-delà de ces variations se dessinent certaines constantes, certaines convergences qu’il faut maintenant tenter de dégager.

Les acteurs

159Les discours et les pratiques relatifs à la création d’activités économiques mobilisent un nombre toujours grandissant d’acteurs diversifiés en raison des enjeux sociaux et politiques que recèle ce champ. Les initiatives qui ont été présentées donnent un aperçu non exhaustif de ces engagements.

160Le rôle de la technologie et l’importance des services dans les processus d’initiative économique conjugués à la diminution des ressources financières qui leurs étaient attribuées ont conduit les universités ainsi que certains professeurs à renforcer leur présence dans le champ économique. Le CTGA à Nivelles, la cellule R/D à Louvain-la-Neuve, la création des sociétés IRE-Celltarg S.A. ou d’Eurogentech S.A., le soutien à l’opération RIT, témoignent, à côté d’autres initiatives, de ce mouvement.

161Les organisations syndicales diversifient leur mode d’insertion dans le champ économique en soutenant, voire en suscitant, des initiatives en vue de développer l’emploi en région wallonne. Valagral W. dans l’agro-alimentaire, la création de la SIBS S.A. dans la province de Namur, le CWPI dans le développement de produits nouveaux, Vie Esem dans l’Entre-Sambre-et-Meuse, les participations au "Groupe Japon" ou au CAAEC, l’intervention du secteur public dans la société Materne, rendent compte de la diversité des engagements, sans avoir envisagé l’action des organisations syndicales, dans le mouvement coopératif [18] ou dans les opérations développées par les cellules de formation-reconversion [19].

162Les associations patronales ou professionnelles dépassent également le cadre strict de la défense de leurs affiliés en offrant leur soutien, ou en initiant des actions, dans le domaine de l’aide à la création ou à la diversification des entreprises. Valagral W. recevait la collaboration d’organisations agricoles, le CWPI, l’opération RIT, ainsi que la SOCRAN S.A. bénéficient de l’appui de Fabrimétal.

163Des organismes ou des entreprises de service se sont engagés dans de tels processus : l’Institut provincial des classes moyennes dans l’opération RIT ; la Générale de Banque qui ouvre des "Business Center", notamment à proximité des centres universitaires (CTGA, Louvain-la-Neuve) ; la Chambre de Commerce de Charleroi qui a contribué à la fixation d’un des volets de l’opération 3E, la ville de Liège qui a lancé un service d’aide aux PME,…

164Le champ du soutien à l’activité économique s’ouvre donc à d’autres acteurs qui, généralement, anticipent sur leurs fonctions traditionnelles que ce soit en amont ou en aval.

Les processus organisationnels

165Les processus organisationnels font régulièrement l’objet, directement ou indirectement, d’innovation. Celle-ci renouvelle des configurations anciennes ou en inaugure de nouvelles.

166Ces modifications traduisent, du moins momentanément, dans des formes plus ou moins institutionnelles, l’évolution des rapports de force autour du soutien à l’initiative économique. Trois types d’organisation ont pu être mis en évidence : des interfaces, des réseaux, des "centres nerveux du développement".

167Des interfaces sont établis entre la recherche, ou plus globalement des idées nouvelles, et la production industrielle dont elles pourraient faire l’objet dans des entreprises (CTGA, CWPI, l’opération RIT), une série de services diversifiés sont proposés aux entreprises en développement ou en création (CTGA, Socran, Opération 3E, STA). Ces interfaces établissent des connexions opérationnelles entre des secteurs appartenant à des sphères d’activité différentes mais complémentaires.

168Des réseaux entre acteurs différenciés sont constitués dans la perspective de raccourcir les temps de décision, de développer une vision globale des projets et de favoriser les synergies. Le projet présenté par Valagral W. illustre, sur un plan sectoriel, ce renouvellement organisationnel. Tout en s’articulant sur des antennes locales à qui elle procurait expertise et soutien, l’association regroupait des représentants des mondes patronal, syndical et politique, des pouvoirs publics, de la recherche scientifique, des organisations agricoles et des groupements de développement engagés dans la filière de l’agro-alimentaire. L’opération RIT a également mis en œuvre des réseaux dans le contexte de l’innovation technologique : l’UWE, la FIC, Fabrimétal, l’IPEM de Liège, des centres de recherche et des professeurs d’universités, des entreprises collaborant avec le Service des technologies nouvelles de l’administration régionale wallonne à la réalisation de l’opération. Par ailleurs, on a assisté également à la constitution de réseaux d’entreprises œuvrant dans une même filière : Aria, Gemco, Agrisud,…

169Au-delà de la composition diversifiée des associations et organes patronnant les opérations de reconversion (CAAEC, Groupe Japon, ADEC, Socran, GISAC, Valesem,…), une partie non négligeable de l’action prise en charge par ces acteurs est l’animation économique des régions visées. Cette animation consiste notamment à établir des réseaux de compétences orientées vers le soutien des entreprises en voie de création ou, de façon plus générale, à rassembler des responsables privés et publics pour qu’ils coordonnent leurs actions dans la prise en charge de dossiers.

170D’autres réseaux, n’ayant pas fait l’objet d’une présentation dans ce document, peuvent encore être relevés. Dans le cadre de la sous-traitance, "Just in time" l’entreprise Caterpillar cherche à localiser certains receveurs d’ordre à proximité de son implantation. Les clubs d’exportateurs, de chefs de personnel créés à l’initiative d’acteurs divers et entre autres par IDELUX tissent également des liens entre différentes entreprises d’une même sous-région.

171On été regroupés sous l’appellation "centres nerveux du développement", les organismes regroupant de façon formelle ou informelle ce qu’il est convenu d’appeler "les forces vives" de la sous-région, autour des objectifs du développement et de la reconversion. Ils définissent les orientations des actions à entreprendre, se chargent de rassembler les moyens nécessaires, généralement, confèrent à un ou plusieurs opérateurs le soin de réaliser les objectifs choisis et assurent le suivi de l’action. Ces organismes constituent souvent des carrefours d’échange d’informations pour les diverses institutions impliquées dans le développement local. Ils tentent par là de leur inspirer un même esprit dans leur engagement, d’organiser les convergences. Ils bénéficient en outre d’une certaine autorité dans leur espace d’activité respectif.

172Assurent cette fonction planificatrice le Comité d’animation et d’action économique de Charleroi, Valesem dans l’Entre-Sambre-et-Meuse, le "Groupe Japon" à Liège, le Conseil économique de la province de Luxembourg. Chacun de ces organismes se distingue des autres sous l’un ou l’autre aspect - composition, fonctionnement, esprit de la démarche, objectifs,… - mais ils assurent tous une planification de l’intervention. De même, les opérateurs qui ont été désignés pour réaliser les objectifs sont variables dans leur identité. A Charleroi, la gestion a été confiée à l’intercommunale de développement assistée par la S.C. GISAC, à Liège, une nouvelle entreprise, la Socran S.A., a été créée à cet effet, dans l’Entre-Sambre-et-Meuse, la responsabilité ne fut pas localisée en un lieu institutionnel précis, plusieurs d’entre eux participant globalement à l’action, sous l’impulsion d’un groupe informel de responsables locaux.

173L’esprit de chacune des démarches se présente aussi de façon différente. A Liège, l’action semble pour l’essentiel se concentrer sur le champ économique au sens strict en incluant un volet formation. A Charleroi, l’Opération 3E semble plus diversifiée, des objectifs complémentaires (aménagement de l’espace) se greffant progressivement sur la démarche principale qui faisait en outre référence aux aspects psychologiques. La référence culturelle et identitaire est explicite dans la démarche en cours dans l’Entre-Sambre-et-Meuse et oriente sensiblement les actions entreprises.

174Ce type d’organisation peut être également rencontré sous des formes diverses dans d’autres régions confrontées à des problèmes de développement. C’est le cas par exemple dans le bassin d’Alès où s’est créée l’Association pour le développement industriel et la reconversion du bassin d’Alès, en Anjou sous le nom de Comité d’expansion départemental du Maine-et-Loire, ou encore dans l’Etat du Michigan avec la formation de l’Alliance économique pour le Michigan [20].

175L’innovation organisationnelle consistant en la création ou le renouvellement de structures anciennes ne peut s’assimiler en tant que telle à un développement régional. Ces initiatives participent néanmoins au remodelage de l’organisation du champ économique au travers de leurs actions immédiates et concrètes - formation, développement de produits nouveaux, créations d’entreprises, connaissance de filières, mode d’intervention et de gestion, constitution de réseaux… Si leurs résultats peuvent être souvent quantifiés, leur impact ne peut se limiter à cette évaluation. Les dynamiques sociales dont elles sont porteuses pourraient à terme modifier profondément l’espace régional, notamment par les logiques d’action qui l’animent.

L’ancrage sous-régional

176On a pu constater qu’un grand nombre d’initiative proposées non seulement prenait naissance dans un cadre local, mais se concrétisait également à cette échelle. Il en est ainsi pour les trois opérations majeures de Charleroi, de Liège et de l’Entre-Sambre-et-Meuse- La SIBS S.A. exerce ses activités à destination de la province de Namur, Valagral W. reposait en partie sur des antennes locales, l’opération RIT s’est élaborée dans des milieux liégeois. Par ailleurs, ont été créés également sur une base locale les Agences de reconversion de la SRIW [21] et les Invests.

177Cette résurgence du "local" n’est pas propre à la région wallonne [22] mais les dimensions de l’espace pris en compte sont variables de même que les projets politiques qui sous-tendent ces mouvements. Faut-il voir dans cette évolution la formation d’un nouvel espace de référence dans l’élaboration de la dynamique économique ou plutôt faut-il l’interpréter comme un repli en regard d’une perte progressive de la capacité de maîtrise des enjeux économiques et industriels de la part des Etats nationaux ? Par ailleurs, l’attribution des responsabilités en matière de développement économique, comme en toute matière, à tel ou tel niveau de pouvoir, constitue un réel enjeu politique dépassant les seules rivalités institutionnelles. La création des Agences de reconversion en tant qu’organismes d’initiative dans la présentation des projets du Fonds de rénovation industrielle a pu être perçue aussi comme une tentative de débordement de la SRIW par le pouvoir central. A cet égard les références spatiales accordées à des responsabilités politiques sont également des manifestations des stratégies diverses et parfois divergentes des acteurs impliqués.

178Si une recherche d’insertion dans le marché national ou international est, le cas échéant, pratiquée dans l’examen d’un projet économique, rarement se pose la question de la cohérence globale de divers projets entre eux ou des projets par rapport à leur environnement industriel au plan régional ou national. Si l’une ou l’autre opération de reconversion avait décidé, au départ, de privilégier son action dans certaines filières, ces choix furent abandonnés par la suite sauf en Entre-Sambre-et-Meuse. L’absence de définition d’une politique industrielle au niveau régional est, par ailleurs, parfois déplorée. Si le "local" est présenté comme un nouvel espace de développement, la question est aussi de savoir comment pourraient s’esquisser, à terme, les axes de sa maîtrise ?

179Les réponses à ces interrogations, ne peuvent être présentées sur base des éléments fournis par les initiatives. A l’heure actuelle, elles n’ont pas acquis une dynamique telle que l’on puisse en faire état en termes de "développement" local ou régional.

L’initiative économique : un processus complexe

180Les initiatives qui ont été présentées témoignent du caractère social, politique et culturel de l’initiative économique. La référence au "local" qui vient d’être évoqué renforce cette perception.

181Elles mettent en avant la diversité des moyens d’action susceptibles d’être mobilisés dans une politique de reconversion et de développement. L’importance des investissements de toute nature - organisationnels, humains, informationnels, financiers,… - mis en œuvre dans des opérations comme à Liège ou à Charleroi, et même, à un autre niveau, dans le cadre des RIT met en lumière les difficultés qu’il y a à conduire une reconversion de régions en crise structurelle. Ce sentiment prévaut d’autant plus lorsqu’on place en regard de ces investissements les résultats quantitatifs espérés de ces initiatives, ceux-ci étant relativement modestes, ainsi que les échecs rencontrés dans d’autres initiatives non reprises dans ce document mais envisagées antérieurement [23]

Les initiatives : une manifestation de la légitimité des acteurs

182Une autre interprétation de la signification sociale des initiatives envisagées ne peut être exclue. Quoique s’articulant à diverses considérations déjà émises, elle s’écarte fondamentalement de la perspective générale qui a guidé les investigations.

183Les enjeux de pouvoir sous-jacents au processus de prise d’initiative engagent la légitimité des acteurs à qui sont attribuées des responsabilités en ces domaines. Dans un contexte de crise structurelle, certains acteurs sont peut-être tentés de se lancer dans des initiatives dont l’impact socio-économique serait peut-être limité mais qui contribueraient, par la publicité qui leur serait consacrée, à maintenir dans l’opinion la reconnaissance de leur position d’acteurs. Dans ce cadre, bien plus qu’une réelle volonté d’expérimentation de nouveaux modes organisationnels, certaines initiatives devraient être interprétées comme participant à la conservation des positions socio-politiques des acteurs qui les auraient engagées.

Conclusions

184Les initiatives envisagées s’intègrent dans un courant plus large d’expérimentations sociales en matière de soutien à l’initiative économique. Dans les programmes gouvernementaux de résorption du chômage, des projets CST et TCT se sont inscrits dans une recherche d’autoportance à terme et de validité économique que ce soit au départ de la recherche scientifique, d’activités de services ou d’activités sociales et culturelles [24]. Le secteur coopératif a fait également l’objet d’un regain, certes limité, d’intervention, avec notamment la création d’une filiale spécialisée de la SNI, la Société financière d’initiative industrielle par les cadres et travailleurs, Soficatra S.A., ou la création, moins récente, de la Fondation André Oleffe. Les cellules de formation-reconversion ainsi que les Ateliers régionaux mis en place avec le soutien de la Région wallonne participent également à ce mouvement d’expérimentation.

185Tant les initiatives examinées dans ce document que celles qui viennent d’être évoquées n’ont eu, à l’heure actuelle, un impact quantitatif observable à un niveau macro-économique. Les ambitions des initiatives présentées ici fournissent à cet égard une échelle d’évaluation relativement modeste en regard des objectifs socio-économiques classiques, si tant est qu’ils se présentent toujours sous la forme d’objectifs réalisables au sein des paramètres actuels. Mais bien plus qu’au plan quantitatif, les initiatives doivent être évaluées en termes qualitatifs du point de vue des dynamiques sociales dont elles sont porteuses.

186L’articulation entre les dynamiques sociales et l’initiative économique a déjà été présentée. On a pu noter les relations réciproques qui s’établissaient entre ces processus. La prise d’initiatives économiques cadrant avec l’évolution des modes de production requiert des ressources qui, par leurs qualités et leur structuration, diffèrent sensiblement de l’environnement requis par le développement des industries issues de la première ou de la seconde révolution industrielle. Les initiatives reprises dans cette étude tentent, dans la mesure de leurs objectifs, de réorienter ces ressources.

187D’un côté, elles se définissent par rapport au passé, à l’histoire socio-économique, et, d’un autre côté, elles inaugurent, éventuellement, dans une perspective à moyen terme, des dynamiques, des alliances, d’autres formes d’organisation. Elles remodèlent les enjeux politiques ; l’innovation ne doit pas seulement être perçue comme la manifestation de l’évolution du champ socio-économique mais également comme une façon d’affirmer ou de réaffirmer sa position et sa légitimité d’acteur dans les rapports politiques relatifs au développement global de la région, dans ses orientations et sa gestion.

188L’éventualité qui vient d’être évoquée pourrait être levée notamment par une multiplication des expérimentations dans leur nombre, leur diversité et leurs articulations progressives. Le champ actuellement couvert par ces expérimentations reste cependant relativement étroit en regard de l’organisation dominante du champ socio-économique et on ne peut affirmer avoir atteint le seuil critique au-delà duquel on assisterait à une reproduction ou une production spontanée de ces processus.

189Sur un plan historique, on peut constater que les initiatives examinées ont pris naissance à la fin des années 70 ou au début de l’actuelle décennie. Il semble qu’il y ait ces dernières années un déplacement des lieux privilégiés d’initiative et d’intervention du niveau méso-économique (local, filière, organisme intermédiaire,…) vers le niveau micro-économique (entreprise). D’autre part, les expérimentations sociales présentées ici sont soit dans une phase de consolidation, soit ne sont pas parvenus à poursuivre leurs activités et, d’autre part, se sont multipliées, à l’initiative des acteurs patronaux, les innovations à l’intérieur des entreprises, par exemple, dans l’installation des cercles de qualité, l’aménagement du temps de travail et/ou des rémunérations, la multiplication des statuts du personnel,… Des innovations sociales touchant à l’organisation du champ socio-économique, du type retenu dans ce document, ne se mettent plus guère en place, sinon de façon plus ponctuelle.

190La portée des innovations sociales ne repose pas tant sur le court terme que sur le moyen ou long terme. La structuration, le balisage du champ socio-économique d’une région dans ses aspects matériels, immatériels et humains est imprégné de son histoire. Dans les régions caractérisées par une absence relative d’initiatives économiques, cette histoire se manifeste notamment par une plus grande institutionnalisation des comportements et des pratiques de même que de l’organisation de leur champ socio-économique. Le renouvellement de ces comportements et de ces pratiques, dans la perspective d’un développement nouveau ne peut se réaliser qu’au départ d’expérimentation et d’apprentissages collectifs ne se limitant pas au strict champ économique pour englober également les dimensions sociales et culturelles de ce territoire.

Notes

  • [*]
    Cette étude s’inscrit dans le prolongement des travaux entrepris avec A. De Rongé et ayant fait l’objet d’une publication au Département de sociologie de l’UCL : "Crise et innovation", 1986.
  • [1]
    Le choix de telle ou telle initiative ne conduit en aucune manière à établir un quelconque jugement de valeur à leur égard ou à l’égard d’expérimentation non-examinée.
  • [2]
    J. Sloover et J. Moden, Le patronat belge : discours et idéologie 1973-1980, CRISP 1980, p. 155 et ss.
  • [3]
    Morphologie des groupes financiers, CRISP, 1962, et 2è éd., 1966.
  • [4]
    Morphologie des groupes financiers, op. cit., 1è éd., p. 431.
  • [5]
    Ibidem, p. 403 et 404 et 2è éd. p. 431.
  • [6]
    Ibidem, p. 404.
  • [7]
    Morphologie des groupes financiers, op. cit., p. 422.
  • [8]
    M. Paul-Cavallier, Création d’entreprises et développement local, thèse de doctorat de 3ème cycle de sociologie, FNSP, Institut d’études politiques de Paris, 1983.
  • [9]
    Arocena, Bernoux, Minquet, Paul-Cavallier, La création d’entreprises, une affaire de réseaux, ronéo, Paris, 1981.
  • [10]
    J.C. Perrin, "La reconversion du bassin d’Alès. Contribution à une théorie de la dynamique et de la politique locales", Notes de recherche n° 32, 1983/2, Centre d’économie régionale, Aix-en-Provence.
  • [11]
    La reconversion du bassin d’Alès, op. cit., p. 21.
  • [12]
    La reconversion du bassin d’Alès, op. cit., pp. 28 et 36.
  • [13]
    "Le développement par les activités à haute technologie et ses répercussions spatiales", Notes de recherche n° 55, Centre d’Economie régionale, Aix-en-Provence, p. 33.
  • [14]
    B.Planque, Innovation et développement régional, Economica, 1983, p. 8.
  • [15]
    B. Planque, op. cit., p. 34.
  • [16]
    M. Quévit, Les causes du déclin wallon, Ed. Vie Ouvrière, 1978, p. 29.
  • [17]
    Ph. Aydalot, L’aptitude des milieux à promouvoir l’innovation technologique. Colloque "Technologies nouvelles : condition de renouveau des régions en crise", SRBII, Bruxelles, 1985.
  • [18]
    R. Pierson, J. Taylor, La scène alternative, Ed. Alternative, 1985.
  • [19]
    Voir à ce sujet M. Hégalé et E. Layon, "Les cellules de formation-reconversion (1) : Glaverbel", Courrier Hebdomadaire du CRISP, n°996, 29 avril 1983 ; O. Dux, M. Hégalé et E. Layon, "Les cellules de formation-reconversion (2) : Hennuyères et Fabelta", Courrier Hebdomadaire du CRISP, n°1011, 14 octobre 1983 ; B. Holchaya, E. Layon et S. Ource, "Les cellules de formation-reconversion (3) : Cavell", Courrier Hebdomadaire du CRISP, n°1056, 26 octobre 1984.
  • [20]
    La reconversion du bassin d’Alès, op. cit. ; G. Minguet, l’Anjou industriel, L’Harmattan, 1986 ; Collectif, Le Michigan, laboratoire de l’èconomie-territoire", Le Monde diplomatique, octobre 1986.
  • [21]
    "Le Fonds de rénovation industrielle", Courrier Hebdomadaire n° 1115-1116, 25 avril 1986.
  • [22]
    "Pouvoir local et crise économique", Anthropologie et sociétés, Vol. 9 n° 2, 1985 ; "Les ambiguïtés du pouvoir local", Revue internationale d’action communautaire, 13/53, 1985, "le local dans tous ses Etats", Autrement, 1985.
  • [23]
    A. De Rongé, J.J. Grodent, "Crise et innovation. Contribution de l’innovation sociale a l’initiative économique", Département de sociologie, UCL, 1986.
  • [24]
    A. De Rongé, J.J. Grodent, "Crise et innovation", op. cit.
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