Couverture de CRIS_1075

Article de revue

Les télévisions locales et communautaires

Pages 1 à 82

Notes

  • [1]
    Robert Wangermée, Holde Lhoest, L’apres télévision, une anti-mythologie de l’audio-visuel, Hachette Littérature, Paris, 1973, p. 118.
  • [2]
    Voir notamment "Libres antennes, écrans sauvages" Autrement n° 17, Paris, 1979 ; et Marie de Schaetzen, "Le phénomène "télévision communautaire" en Europe", mémoire de fin d’études, Département de communication sociale, UCL, 1975.
  • [3]
    Les premiers essais de télévision remontent à l’entre-deux guerres : c’est en 1929 à Londres que le premier programme a été reçu sur des postes récepteurs. D’autres expériences furent réalisées tant en France qu’aux États-Unis, mais il faudra attendre le début des années cinquante pour assister à l’expansion industrielle de ce média et au développement de programmations régulières. Ainsi, le premier journal télévisé est émis en France en 1949 ; les premiers programmes belges le seront en 1953, cette même année, la télévision britannique retransmettait en direct le couronnement de la Reine Ellisabeth II.
  • [4]
    Robert Wangermée, Holde Lhoest, op. cit., p. 25.
  • [5]
    Voir Chantal Deltenre, "La télédistribution en Belgique", Courrier Hebdomadaire du CRISP n° 1039 du 4 mai 1984.
  • [6]
    Extrait d’Access, bulletin de Société nouvelle (Challenge for change) National Film Board of Canada, n° 10, automne 1970, cité en annexe par Robert Wangermée et Holde Lhoest, op. cit. pp. 234-235.
  • [7]
    Cité par Francis Balle et Gérard Eymery, "Les nouveaux médias" PUF - Que sais-je ?, Paris, 1973, p. 193.
  • [8]
    Jean-Paul Gourévitch, "Clefs pour l’audio-visuel", Seghers, Paris, 1973, p. 193.
  • [9]
    Rudi Barnet, "La vidéographie au Québec" : nouvelles réalités", Vidéodoc n° 10, novembre 1977.
  • [10]
    Gilles Brunel, "Une leçon de chose : la télévision communautaire de Drummondville", Etudes de Radio-Télévision, n° 26, 1978.
  • [11]
    Le Foyer culturel de Salnt-Josse, "La télévision communautaire : mythe ou réalité ?". Savoir-vivre n° 24, Charleroi, 1976-1977, p. 3.
  • [12]
    Le G.R.A.V. se composait de représentants de divers départements ministériels (Culture, Communications, Intérieur, Réformes institutionnelles, Économie régionale et Travaux publics) ; de représentants des universités (ULB, UCL, UIg et Mons) ; de représentants de l’AGJPB (association générale des journalistes de la presse belge) ; de représentant de la RTB ; de représentants de la Médiathèque ; de représentants des mouvements d’éducation permanente (PAC, ILFAC,…) ; des groupes vidéo (Rochefort, St-Josse,…) ; d’experts de la RTT, des télédistributeurs et de la RTB et des représentants des associations créées aux côtés des centres de production régionaux de la RTB et de leur coordination en Wallonie : RTC-Liège, RTC-Namur, TEAC-Charleroi, RTL-Wallonie (RTC = Radio Télévision Culture).
  • [13]
    Discours prononcé par H.F. Van Aal à l’occasion de l’installation du groupe de réflexion sur l’audio-visuel, 12 février 1975, Bruxelles.
  • [14]
    Discours prononcé par H.F. Van Aal à l’occasion de la réunion du groupe de réflexion sur l’audio-visuel, 3 mars 1976.
  • [15]
    Le G.R.A.V. avait demandé au ministre, qui n’a pas suivi cet avis, d’obliger les télédistributeurs à véhiculer les programmes des TVC autorisées.
  • [16]
    Entretien avec Henri-François Van Aal, 17 juillet 1984.
  • [17]
    Michel Joquet et Myriam Lenoble, "La télévision communautaire en Belgique francophone", Pointillé n° 5-6, 1978, p. 18.
  • [18]
    Gabriel Thoveron, "Video ergo sum", Études de Radio-Télévision n° 21, Bruxelles, 1976, pp. 145 et ss.
  • [19]
    Cité par Alain Reyniers, "Le développement des télévisions locales et communautaires", Dossier Comu n° 7, Louvain-la-Neuve, 1982, p. 10 ; voir aussi Gabriel Thoveron, op. cit., pp. 156-157.
  • [20]
    Alain Reyniers, op. cit., p. 21.
  • [21]
    Le TBC, ou Time Base Corrector, appareil relativement coûteux (de l’ordre d’un million de francs) permet de corriger le signal vidéo afin de conserver, au montage comme à la diffusion, des images stables, sans appel de "drapeau".
  • [22]
    Entretien avec Michel Castaigne, coordinateur de TVC G-Zoom, le 31 juillet 1984.
  • [23]
    Les bandes vidéo de 3/4 pouce type U-Matic sont de qualité intermédiaire au plan de la définition des images, de leur stabilité à la copie entre les standards domestiques (VHS, Betamax, V 2000) et la bande utilisée par les équipes de vidéo légère de reportage des chaînes de télévision telles que la RTBF, TF1, RTL, …
  • [24]
    Entretien avec Michel Castaigne, op. cit.
  • [25]
    "On ne peut plus se permettre de confier des caméras complexes à 400.000 FB pièce à des gens" explique le réalisateur Guy Reyter, entretien 26 juillet 1984.
  • [26]
    Statuts parus au Moniteur belge, le 19 avril 1973.
  • [27]
    Holde Lhoest, "La video d’animation en Belgique francophone", Conseil de l’Europe, Strasbourg, 1973, p. 32.
  • [28]
    Gérard Weissenstein, "Oser poser des questions douloureuses, Entretien avec Jacques Noël", Vidéodoc n° 36, septembre 1980, p. 16.
  • [29]
    "Information et Formation avec utilisation de média" - Rapport Intérimaire, Octobre 1983, avril 1984 de Menka Bogeska et Charly Dutry, p. 9 et ss.
  • [30]
    Entretien avec Menka Bogeska, 31 juillet 1984.
  • [31]
    Jean-Claude Renda, Projet de rapport au Congrès national des 26 et 27 avril 1983 sur les télévisions locales et communautaires, Bruxelles, 1983.
  • [32]
    Le bourgmestre de Charleroi, J.C. Van Cauwenberghe, est vice-président de Brutélé.
  • [33]
    Un autre projet émanant du Foyer culturel du Sart Tilman est aussi retenu. Par contre les projets du télédistributeur ALE-Télédis et de la ville le Liège n’ont pas été acceptés.
  • [34]
    Voir à cet égard Marie-Cécile Royen, "Approche des rapports de RTC-Canal Plus et de la RTBF Liège dans la jungle du câble", mémoire de fin d’études, IHECS, Ramegnies-Chin-Lez-Tournai, 1982, pp. 26-37 ; et Benoît Lahaye, "Le câble, qui en veut ?", Vidéodoc, n° 38, novembre 1981.
  • [35]
    "Déclaration d’intention en vue de renforcer la convention de collaboration entre les partenaires du "câble" dans la province de Liège et de leur permettre de rencontrer des besoins nouveaux", Liège, 19 avril 1984.
  • [36]
    Selon Monsieur Creuen, responsable de RTC-Canal Plus, ce mode de programmation "à la carte " a deux débouchés : le choix de programmes à caractère pédagogique (pour des écoles) et la rediffusion "à chaud" d’une émission qui a fait du bruit. Entretien, 28 août 1984.
  • [37]
    "Liège midi 30, enquête menée durant la semaine du 7 au 13 mars 1983", service de l’Enquête permanente de la RTBF, Bruxelles, 1983.
  • [38]
    Entretien avec Marie-Louise de Loncin, coordinatrice de Vidéoscope, 3 août 1984.
  • [39]
    Ibidem et Vidéotrame, "Dossier de coordination", Namur, 1983, pp. 21 et 22.
  • [40]
    Vidéoscope Rochefort, "Référendum Vidéoscope le 8 novembre 1981" Rochefort, 1981.
  • [41]
    Entretien avec Marie-Louise de Loncin, op. cit.
  • [42]
    Maison de la Culture de Tournai "No Télé", Tournai, 1982, p. 10.
  • [43]
    Entretien avec Jean-Pierre Winberg, coordinateur de No Télé, 23 1984.
  • [44]
    Philippe Chavalle, "No Télé, une télévision locale et communautaire dans le Tournaisis", mémoire de fin d’études, Université libre de Bruxelles, 1984, p. 38.
  • [45]
    Ancien président de RTA, de la commission consultative des radios locales, de Vidéotrame, ancien secrétaire régional de la FGTB-Namur.
  • [46]
    Alain Reyniers, op. cit., p. 18.
  • [47]
    Entretien avec Maurice Abitbol, 23 août 1984.
  • [48]
    Source : Vidéotrame, Note de transparence, Namur, septembre 1982 et Ministère de la Communauté française.
  • [49]
    Entretien avec Christian Bourgoignie, Liège, 30 juillet 1984.
  • [50]
    Laurence Klein, "Approche d’une télévision communautaire dans la région de Charleroi : analyse de son impact sur la population, de son observation a l’action dans les émissions, Mons, 1984.
  • [51]
    Décret du 12 décembre 1977 portant statut de la radio-télévision belge de la Communauté française, Moniteur belge du 14 janvier 1978.
  • [52]
    Bernard Debroux, "Une TVC pour Bruxelles en 1983 », Bruxelles, 28 juin 1982, p. 4.
  • [53]
    Composition du conseil d’administration :
    • Administrateurs nommés, sur proposition du membre de l’Exécutif de la Communauté française qui a les matières culturelles à Bruxelles dans ses attributions, par l’Exécutif : Marie de Briey (PSC), Pierre Levie (PSC), Willy Decourty (PS), Michel Henrion (PS), Georges Désir (FDF), Jean-Pierre Poupko (FDF), Philippe Smits (FDF), Jean-Claude Rombeaux (PRL) et Pierre Houtmans (PRL).
    • Représentants des associations socio-culturelles et audio-visuelles reconnues par le Ministère de la Communauté française et/ou la Commission française de la Culture : Paul Vermeylen (Inter-environnement Bruxelles), Jacques Moins (Fondation Jacqmotte), Jacques Zwick (Ligue des familles), Francis Burstin (ILFAC), Guy Gossuin (CPC), Alain Leduc (DEFIS), Etienne Derue (GSARA), Jean-Luc Outers (Centre de ressources Vidéo de Bruxelles) et Henri Carpentier (CEPAG).
    • Représentants de la RTBF : Michel Franssen (directeur du Centre de Production de Bruxelles), Holde Lhoest (chef de service) et Alain Nayaert (journaliste).
    • Commissaires de l’Exécutif : Henry Ingberg (directeur de l’Administration de l’audio-visuel) et Myriam Van Roosbroeck (directeur du cabinet du ministre Monfils).
      Le bureau du C.A. se compose comme suit : Georges Désir, président ; Michel Henrion, Guy Gossuin et Paul Vermeylen, vice-présidents ; Pierre Houtmans, secrétaire ; Willy Decourty, trésorier et Michel Franssen. Michel Joquet, directeur de Télé-Bruxelles siège à titre consultatif.
  • [54]
    Le Soir, 5-6 janvier 1985.
  • [55]
    Entretien avec Henry Ingberg, Bruxelles, 10 avril 1984.
  • [56]
    Entretien avec J.L. Roefs, 8 août 1984.
  • [57]
    Entretien avec R. Wangermée, 7 août 1984.

1 – "L’autre télévision"

1C’est en 1970 que débuta l’histoire de la télévision communautaire, en abrégé "TVC", dans la petite ville de Normandin, au nord de Québec. Là-bas, pour la première fois de manière institutionnelle, les téléspectateurs ont été invités à se servir de la caméra, à créer eux-mêmes des programmes à diffusion locale. "Depuis son installation au Canada, la télévision locale par câble avait été réalisée par des professionnels. Elle n’avait fait appel que sporadiquement à la collaboration de groupes sociaux divers. Jamais avant Normandin, elle n’avait été entièrement confiée à la responsabilité de la communauté desservie" [1].

2L’expérience sera réitérée avec des succès divers dans d’autres lieux du Québec, en France (à Grenoble en 1973), en Grande-Bretagne (de 1972 à 1975), … et, en Belgique à partir de 1976 [2].

3L’"autre télévision" était née. Née du développement des réseaux câblés de télédistribution, de l’apparition du magnétoscope "domestique". Née aussi, d’un courant de revendication communautaire, de convivialité pendant et après mai 68, qui toucha de nombreuses institutions.

Les facteurs techniques

Le câble

4Quand la télévision cessa d’être une expérience pour devenir un média de masse, autour des années cinquante [3], le câble commença à se substituer aux antennes individuelles. "On pense généralement que le premier système de télédistribution est apparu en 1949 aux États-Unis ; mais il est certain que, dès 1950, il y eut plusieurs réseaux au Canada" [4]. Au Canada, c’était l’attrait des téléspectateurs pour les "networks" américains qui provoqua un développement des réseaux.

5La Belgique fut, en 1960, le premier pays en Europe à introduire la télédistribution [5] sur son territoire. La société privée Coditel, dont le principal actionnaire est Electrobel, entreprit alors de développer des réseaux à Namur, Liège et Verviers, où la réception des ondes herziennes était difficile. Aujourd’hui presque tout le pays est équipé par des sociétés à statut public, privé ou mixte.

6Les télédistributeurs, ou comme on les appelle de l’autre côté de l’Atlantique les opérateurs de câble, ont cherché à accroître le nombre de leurs abonnés. L’injection directe de programmes originaux était l’idée la plus simple à mettre en œuvre, car elle n’exige aucune modification du réseau. C’est aux États-Unis que les opérateurs de câble se livreront à une utilisation active du câble ; ils occuperont quelques canaux avec des "non-programmes" (l’écran montrant imperturbablement une horloge, les cours de la bourse, des cartes météorologiques, …). Quelques expériences plus "vivantes" seront organisées : présentation d’activités locales (théâtre amateur, etc.), discussions avec les habitants d’un quartier. Une mini-télévision, embryon de la TVC, était né.

7Aux États-Unis, la Fédéral Communication Commission F.C.C. répartit et attribue les fréquences radio-TV, elle réglemente aussi l’utilisation du câble. En 1969, et surtout en 1972, elle impose l’obligation aux réseaux importants de produire et d’émettre, dans le cadre de l’emploi actif des réseaux, des programmes locaux originaux.

8Au Canada, c’est le Conseil de la radio-télévision-canadienne C.R.T.C. qui gère l’audiovisuel ; après 1968 une réglementation comparable à celle de la F.C.C. est mise en place, elle "suggère" la programmation d’émissions communautaires (confectionnées par le public) et locales (d’information).

9À la même époque, en Belgique, pays le plus câblé d’Europe, la télédistribution active n’est pas à l’ordre du jour : l’arrêté royal du 24 décembre 1966 réglementant le statut de la télédistribution interdit ce type d’usage.

Le magnetoscope

10Ce n’est qu’en 1957 que la société Ampex mit au point et commercialisa le magnétoscope, qui permet l’enregistrement synchrone du son et de l’image vidéo sur une bande magnétique. Il ne sera mis à la disposition du grand public qu’à la fin des années soixante. On prédit alors l’ouverture d’un marché important ; de nombreux fabricants se sont mis sur les rangs. L’un des trois grands "networks" américains, la Columbia Broadcasting System C.B.S., présente un vidéoscope fonctionnant avec un film cinématographique traité électroniquement. Mais le support magnétique sera finalement adopté et commercialisé sous de multiples standards quelques années plus tard - U-Matic chez Sony, VCR chez Philips, … -

11Les ventes massives de magnétoscopes grand public n’auront lieu que dix ans plus tard. En attendant, le "portapack" (portable package, unité composée d’une caméra vidéo et d’un magnétoscope portables) deviendra pour de nombreux groupes d’action culturelle un nouvel instrument prometteur d’un usage moins fastidieux et moins coûteux que le cinéma Super 8.

La revendication communautaire, le courant participatif

12L’expérience de Normandin s’insérait dans le cadre d’un programme financé par l’Office du film du cinéma canadien : Société nouvelle (challenge for change). Lancé en 1966, ce programme avait pour objectif de mettre à la disposition des minorités (sociales, raciales, …) les techniques audiovisuelles. La caméra, "instrument de distanciation", "miroir du groupe", devenait un outil de prise de conscience plus efficace qu’un discours ou une discussion.

13Il s’agit d’un véritable processus tel que le décrit en 1972 Dorothy Hénaut, productrice de projets régionaux à Société nouvelle. Elle justifie l’accès aux moyens de communication de ceux qui en sont éloignés par trois constatations :

14

"- Que les citoyens ordinaires peuvent apprendre à utiliser eux-mêmes un VTR (Vidéo Tape Recorder) et d’autres médias. Ils peuvent alors acquérir les aptitudes requises, tant sur le plan technique que sur le plan conceptuel. (Cette question se posait il y a quatre ans).
(…)
- Que l’effet de "miroir" des médias peut aider puissamment l’individu à se reconnaître et la communauté à combler les fossés qui la divisent en groupes d’intérêts.
- Que le plus important facteur, dans l’utilisation des médias, est l’élément humain. Des gens apprennent à utiliser les médias plus efficacement s’ils ont avec eux quelqu’un de rompu au développement "communautaire" ou à l’animation sociale" [6].

15Dans un tout autre contexte, en 1969, le fondateur de l’Eurovision, Jean d’Arcy, annonçait les nouveaux "droits de l’homme à la communication" : "Après une longue période de communication unidirectionnelle, l’âge advient, grâce aux nouvelles techniques, d’une communication enfin interactive et horizontale (…) les nouveaux médias annoncent le temps des communications toujours plus nombreuses et plus authentiques entre les hommes, entre les groupes, les pays et les cultures (…)" [7].

16En 1973, Jean-Paul Gourévitch parlait d’une troisième génération de l’audio-visuel, la première étant celle de l’artisanat, du bricolage, du prototype ; la deuxième, l’âge du "pouvoir parental". "Ce pouvoir échoit, en effet, aux mains d’une minorité de producteurs auxquels les hommes du savoir, techniciens et chercheurs, ont confié, par délégation, la jouissance de l’appareillage". La troisième génération est celle de "l’insurrection des fils contre cette autorité discrète et vigilante, et la conquête du pouvoir" [8]. Cette révolte conduirait les récepteurs, c’est-à-dire les téléspectateurs, à devenir eux-mêmes autant de producteurs.

Les expériences et leurs résultats

17Le Québec devint un laboratoire pour l’audio-visuel communautaire. Des TVC s’y créent un peu partout, à St-Félicien, à Drummondville, … À côté de la programmation réalisée par ou avec le public, ces stations diffusent des émissions d’information locale, d’éducation pour adulte et de participation à la vie de la cité (retransmission de conseils municipaux). Ces expériences, suivies avec attention de notre côté de l’Atlantique, sont imitées en Grande-Bretagne et en France.

18Cependant, au Québec comme en Europe, les résultats ne sont guère encourageants. La participation des téléspectateurs est faible : ceux qui prennent la parole dans les TVC l’avaient le plus souvent dans d’autres médias (presse, affiches, …). Sans parler de la qualité technique déplorable des vidéogrammes.

19Quinze mois après son lancement, la TVC de Normandin cessait de fonctionner. Les principes mêmes de l’animation sociale, de la télé-participation sont remis en cause par ceux qui les avaient mis en pratique. "Créé en 1973, le Conseil de Développement des Médias Communautaires (CMDC) se voulait un organisme de représentation, de regroupement et de défense des intérêts des groupes québécois œuvrant dans le secteur des médias communautaires.

20Bénéficiant d’un programme de subvention du Ministère des Communications du Québec, le CDMC regroupait l’ensemble des TVC. La mission principale était de "prendre en charge l’organisation et le développement des médias communautaires", il crée aussi différents types de services : information technique, juridique, documentation, secrétariat…, organise de nombreuses rencontres avec les diverses TV communautaires, câblodiffuseurs, ministères, etc. Après trois années d’existence, c’est la dissolution : "le constat que nous faisons ici est celui de l’échec d’une façon de voir les médias communautaires comme une place publique électronique, comme le lieu d’un certain "pouvoir populaire", les mythes de l’animation sociale et de la contre-information [9].

21D’autres constats sévères ont été dressés dans le même sens, ainsi le rapport sur l’activité de la TVC de Drummondville : "(…) TVCD rejette alors, en 1974, l’idéologie de la participation sur laquelle elle avait basé sa légitimation et qui devait s’avérer fort ambiguë. Une telle idéologie présente une vision idyllique de la communication. Elle suppose que chacun abandonne sa position de classe pour devenir un communicateur ouvert, universel et émerveillé. Elle sous-estime nettement l’inégalité des rapports sociaux, mise sur une fausse disponibilité du récepteur et de l’émetteur et surévalue les possibilités de changement social occasionné par la logique de la communication culturelle" [10].

22Un même constat sera dressé en Grande-Bretagne et en France, où les expériences ont cessé après deux ans d’activité.

2 – Naissance des TVC en Belgique

23L’originalité du champ d’expérimentation (de "l’expérience québécoise") a davantage retenu chez nous l’attention que les déceptions de la nouvelle télévision. Ainsi de nombreux groupes d’animation socio-culturelle, fascinés par la technique d’expression en vidéo, ont voulu dépasser le stade de la production de vidéogrammes en accédant au câble. Une partie de ces groupes ont créé une association, Vidéoption (Vidéo St-Josse, Radio Télévision Animation Jambes,…), dont l’objectif est de revendiquer la possibilité matérielle et légale d’ouvrir les réseaux de télédistribution à des télévisions alternatives, poursuivant les mêmes objectifs que leurs consœurs québécoises : animation sociale et participation.

24La réglementation de la télédistribution, et en particulier l’arrêté royal du 24 décembre 1966, faisait obstacle à ce projet. Vidéoption demandait l’organisation de 6 expériences subsidiées de huit mois chacune. À plus long terme, l’association proposait un financement des futures TVC par le produit d’un prélèvement sur les abonnements versés aux télédistributeurs, qui s’ajouterait aux subsides versés par le Ministère de la Culture, la province et, à Bruxelles, par la Commission française de la culture [11].

25Vidéoption réalise une injection "pirate" d’émission sur le câble en février 1974, avec la collaboration du Foyer culturel de St-Josse.

L’arrête royal du 4 mai 1976

26L’arrêté royal du 24 décembre 1966 indique, dans son article 22, qu’il est "interdit au distributeur de relier au réseau de distribution d’émission télévisuelle des appareils susceptibles de distribuer des images et sons autres que ceux des programmes autorisés". Les programmes autorisés sont ceux de la RTB-BRT (diffusion obligatoire prévue par l’article 20) et "toute autre station de radiodiffusion télévisuelle autorisée par le pays où elle est établie" (même article 20).

27En mars 1975, le ministre de la Culture française Henri-François Van Aal, qui ne s’oppose pas à une ouverture contrôlée du câble dans la partie francophone du pays, met sur pied un Groupe de réflexion sur l’audio-visuel [12], présidé par Maurice Hankard, ancien directeur de la RTB.

28Les dossiers des candidats sont soumis au groupe de réflexion qui donne un avis à leur sujet en prenant en compte quatre conditions minimales définies par le ministre [13] :

  • gestion de l’expérience par un groupe représentatif de la communauté ;
  • respect des règles fondamentales en usage pour la radio-tv ;
  • interdiction de la publicité commerciale ;
  • caractère local des programmes.

29Le projet du ministre est d’autoriser ainsi des expériences avant d’envisager une réglementation. Aucun délai n’a été fixé. Dans des déclarations officielles, la télévision locale n’est pas dissociée de la télévision communautaire : "Accessible au plus grand nombre, axée sur la possibilité d’expression de tous, la TV locale communautaire requiert la participation de tous dans un climat de compréhension et de tolérance" [14]. Le 13 mai 1976, à l’occasion d’une réunion du G.R.A.V., Henri-François Van Aal annonce que, sur avis du groupe de réflexion, il retient en priorité cinq expériences : le Foyer culturel de Saint-Josse ; Saint-Hubert ; Gembloux ; RTC Liège et TEAC Gilly (Charleroi). Sept autres expériences sont autorisées, sous réserve d’un "examen approfondi de certaines modalités de fonctionnement". Il s’agit de Rochefort, Vidéo Woluwé-Saint-Pierre, Woluvision Woluwé-Saint-Lambert, Seraing, Jambes et Ottignies.

30Encore fallait-il prévoir une possibilité de dérogation à la réglementation relative à la télédistribution pour autoriser ces expériences. Le 4 mai 1966, le roi, les ministres de la Culture française, de la Culture flamande et des Communications signent un arrêté royal permettant, à titre expérimental, l’injection de programmes télévisés originaux d’intérêts locaux sur les réseaux de télédistribution : "(…) Des dérogations aux dispositions du premier alinéa du présent article peuvent être consenties de commun accord par le ministre compétent et les ministres dont relèvent les instituts de la radiodiffusion télévision belge, afin de permettre en région de langue française, à titre expérimental et avec l’accord du distributeur intéressé, la transmission, par l’intermédiaire d’un réseau de distribution d’émissions de radiodiffusion et dans une zone déterminée de celui-ci, des programmes audio-visuels d’intérêt local, à condition que ces programmes soient limités à des activités socio-culturelles (…)".

31Mais avant l’obtention de cette dérogation, le ministre de la Culture française a voulu qu’une convention organise les relations entre, d’une part, l’association candidate, et, d’autre part, le Ministère de la Culture française, le ou les distributeurs concernés, la ou les communes desservies [15]. Voici quelques-unes des règles minimales de cette convention :

  • l’association doit diffuser des programmes "d’information, d’animation socio-culturelle communautaire et d’éducation ayant un caractère local ou minirégional". Rien n’empêche une association de privilégier une de ces programmations. Les émissions ne peuvent être censurées (art. 1) ;
  • l’association doit respecter autant que possible le pluralisme idéologique et philosophique (cf. loi du 16 juillet 1973 ou "pacte culturel") pour l’accès au câble (art. 2). Un règlement d’ordre intérieur doit notamment définir "la procédure d’accueil des personnes et des groupes admis par elle à participer au câble" (art. 4). La convention-type ne comporte aucune précision concernant les différentes instances que doivent comporter les structures des associations ni leur composition (conseil d’administration, de gestion, de programmation, …), ce qui s’explique par le souci de laisser aux différentes expériences autorisées une grande latitude de travail ;
  • la société de télédistribution assure son concours technique pour l’injection du signal dans son réseau (au niveau de la tête de câble) aux frais de l’association. Cette dernière s’engage à signaler aux abonnés, avant et pendant les programmes, que ceux-ci ont un caractère expérimental afin de décharger la société de toute responsabilité quant aux éventuelles imperfections techniques des émissions diffusées. Les télédistributeurs ne sont nullement tenus de mettre à la disposition des associations un canal propre ; les émissions seront donc transmises sur des canaux déjà occupés, en dehors des heures d’émission des programmes hertziens réguliers ou extraordinaires ;
  • enfin, l’article 10 de la convention-type prévoit une aide matérielle et financière du Ministère de la Culture française et, éventuellement, de la commune.

32Interrogé aujourd’hui, Henri-François Van Aal indique que la revendication des groupes d’animation vidéo n’était pas l’unique raison d’ouvrir le câble à quelques expériences après que ces dernières aient été agréées par le G.R.A.V. La plus grande préoccupation était d’éviter que les télédistributeurs ne se lancent eux-mêmes dans la diffusion de programmes : "J’ai été invité en novembre 1974 à Liège à une réunion de télédistributeurs (de l’intercommunale ALE-Télédis en fait) qui présentaient à des personnalités et à la presse des émissions qu’ils avaient fabriquées eux-mêmes. Des télédistributeurs s’apprêtaient à diffuser sur le câble leur propre produit. Je n’étais pas informé de cela. (M. Henri-François Van Aal est Ministre de la Culture française depuis seulement le 4 octobre 1974) ; j’ai compris ce qui se passait et j’ai demandé la parole pour m’opposer, parce que c’était contraire à la loi. Partant de cela, j’ai mis sur pied un groupe de réflexion, j’ai demandé à Monsieur Maurice Hankard de le présider (…). Dès l’instant où l’on se mettait à réfléchir dans un groupe, on ne disait pas non. Mais on mettait des conditions" [16].

Les élus et les autres

33Le ministre de la Culture française se prononce en faveur d’un nombre élevé d’expériences ; douze, au lieu des cinq ou six prévues initialement [17], pour un montant total peu élevé (huit millions en 1976). Il s’agissait de respecter un équilibre régional. En tout, une vingtaine de dossier ont été soumis à l’examen du G.R.A.V.. Gabriel Thoveron les classait en six catégories [18] : la télévision des universités (Ottignies et Liège-Sart Tilman), la télévision des R.T.C. (associations créées dans le sillage des centres régionaux de la RTB(F) : à Liège, Radio Télévision culture, anciennement Les Amis de Radio Liège ; à Charleroi Télévision Education Animation Culture (TEAC), …), la télévision des bourgmestres (Liège, Seraing, Woluwé-Saint-Lambert, Flémalle, Jemeppes et Angleur ; projets introduits par des autorités communales), la télévision des distributeurs (ALE-Télédis à Liège), la télévision des contestataires (Saint-Josse Info) et la télévision des animateurs R.T.A. Jambes, Vidéo Saint-Josse, Vervidéo, Saint-Hubert, Vidéotertous (Tournai), Télévision Communautaire Gembloutoise, Vidéo-Wolluwé-Saint-Pierre).

34Plusieurs candidatures ont été refusées, ainsi celles de :

  • L’association liégeoise d’électricité : l’intercommunale de télédistribution liégeoise Télédis est une émanation de l’ALE, laquelle avait des projets de programmation originale pour le câble bien avant la création du G.R.A.V. (voir plus haut). La candidature introduite auprès du groupe de réflexion définissait une télévision à l’échelle de la province (le réseau de l’ALE-Télédis couvre pratiquement toute la province de Liège), accessible aux groupes. Elle fut refusée car les télédistributeurs n’ont pas de vocation culturelle reconnue.
  • Saint-Josse Info : le projet émanait de Vidéoption. Il ne fut pas retenu car ses animateurs entendaient ne pas respecter certains critères imposés par le ministre, tel celui du pluralisme ; "l’idée de base étant essentiellement de permettre l’expression de ceux qui ne possèdent aucun moyen, ni aucun droit de s’exprimer, le groupe était décidé à tout mettre en œuvre pour abolir toutes les barrières qui entravaient cette expression et cette communauté populaire" [19].
  • la RTB : la Radio-Télévision belge tenait, d’une manière ou d’une autre, à être associée aux expériences de télévision locale et communautaire, au moins pour mieux garantir une qualité de service public et pour apporter une assistance technique. En outre, la RTB demandait un canal propre pour lui permettre de préparer le lancement d’une seconde chaîne (prévue à l’époque pour 1977), et pour pouvoir diffuser à des moments plus favorables des programmes spécifiques.

35Le ministre ne voulait pas se prononcer sur cette candidature avant que le Conseil culturel n’ait adopté le nouveau statut de la RTB. Quoi qu’il en soit, le projet n’avait aucune localisation : c’était une revendication générale. Elle ne pouvait être retenue comme expérience d’intérêt local.

36D’autres projets n’ont pas été acceptés afin d’éviter la cohabitation de plusieurs expériences sur un même territoire. On conseilla aux différents projets de s’associer. La ville de Liège, qui avait posé sa candidature, conclut un accord avec RTC (Radio Télévision Culture). De même, à Tournai, les deux groupes qui avaient présenté chacun leur candidature - Vidéotertous et la Maison de la Culture - ont créé No Télé.

3 – Dix télévisions pour une Communauté

37Le lancement de télévisions locales et communautaires demanda plus de temps que prévu. Des mois, des années s’écouleront avant que les expériences agréées par le Ministère ne commencent à diffuser leurs programmes. Certains ne débuteront même jamais.

38À ces retards, il y a essentiellement deux raisons. D’une part, certaines associations n’étaient pas prêtes. Elles devaient avancer l’argent pour le fonctionnement de leur expérience, en attendant le remboursement des frais par un subside du Ministère de la Culture française : "Les expériences ne peuvent bénéficier des interventions prévues par l’État en leur faveur que sur base d’un engagement de principe de celui-ci ("bon de commande") pour le montant accordé (lequel peut être escompté). Ce bon de commande n’est établi qu’au terme d’une longue procédure qui implique notamment le visa de la Cour des comptes. En fonction de ce document, les expériences ne peuvent recevoir les sommes qui leur reviennent que sur la présentation d’une déclaration de créance et des factures y afférentes" [20]. D’autre part, il y a eu des freins, voire même des blocages, au niveau de la signature des conventions quadripartites et des dérogations à l’arrêté royal du 24 décembre 1966. Le télédistributeur Coditel a manifesté beaucoup de réticences à Namur, à Verviers et à Bruxelles et, dans une moindre mesure, à Liège (RTC). Cette réticence tenait à la crainte que les TVC soient incapables de fournir un signal vidéo de bonne qualité technique ; et à celle, affirmée pour Bruxelles, d’assumer la responsabilité des émissions TVC, bien que la convention rencontre explicitement ce vœu (article 4). Les communes ont parfois tardé à donner leur accord, elles éprouvaient quelque inquiétude quant à l’expression libre des groupes ou des individus sur le câble (à Tournai notamment). Le Ministère a tenté d’éviter la concurrence de deux expériences sur un même territoire (cf. supra).

39À Bruxelles, aucune télévision n’a encore pu diffuser d’émission sur le câble. Deux candidatures avaient pourtant été acceptées : Vidéo Saint-Josse et Wolu-Vision. Outre les réticences du télédistributeur Coditel, le refus du ministre de la Culture néerlandaise, Rika de Backer, de signer la dérogation à l’arrêté royal du 24 décembre 1966 reportait sine die le début de ces expériences (voir plus loin). Après des années de vidéo-animations (diffusion de vidéogrammes dans des lieux publics), les deux associations abandonneront leur projet en 1980.

40Dans ces circonstances, dix projets ont vu le jour, un onzième est encore en gestation : Télé-Bruxelles (première émission prévue avant la fin 1985). Tous font l’objet, dans les pages qui suivent, d’une description circonscrite aux activités audio-visuelles des associations animatrices de TVC. Les programmes sont présentés à titre d’exemple ; ils peuvent dans certains cas avoir subi de légères modifications n’altérant pas leur structure générale.

Zoom - Gembloux

Historique, philosophie du projet

41Gembloux : 17.000 personnes constituant le public potentiel de la première TVC belge, TVC G, appelée aujourd’hui TVC G-Zoom.

42Dès 1968-69, un groupe de jeunes se réunissent régulièrement, quand la vidéo portable fait son apparition sur le marché belge, ils se passionnent pour cet instrument d’une nouvelle expression. Faut-il en "faire une arme" contre le pouvoir communal ? Cette question provoquera la division du groupe ; les "modérés" fondent une ASBL en 1973 dont l’objet est la création d’une TVC à Gembloux. Trois ans plus tard, le projet de l’association figure parmi les "expériences prioritaires" annoncées par le ministre H.F. Van Aal.

43La TVC G est une télévision d’"animateurs indépendants" : "notre but n’est pas de créer une RTB locale, mais bien une télévision populaire tout à fait rénovée, faite par la population, pour la population. Elle (la TVC) appartient avant tout à une communauté, elle doit permettre aux gens de se redécouvrir, même s’il s’agit simplement de savoir ce que fait le voisin. Et s’il s’agit de revendiquer, il faut y réfléchir sérieusement et donner la parole à toutes les parties en cause".

44Six ans après les habitants de Normandin (Québec), le 22 mai 1976, les Gembloutois sont les premiers en Belgique à découvrir une émission communautaire. "L’autre télévision" est alors sobrement vêtue de noir et blanc, les images bougent, la qualité technique est médiocre ; le matériel utilisé est du 1/2 pouce et les appareils de diffusion sont rudimentaires (pas de T.B.C. [21]. La TVC G "consacrait ses émissions - mensuelles - à des problèmes de quartier (urbanisme,…), le travail était moins compliqué pour l’équipe ; les gens se débrouillaient avec la caméra et le magnétoscope… et cela donnait ce que ça donnait : des reportages d’amateur" [22].

45Depuis 1980, des changements interviennent : des CST ont remplacé les bénévoles, apportant un certain professionnalisme dans l’expérience. Côté matériel, la couleur succède au noir et blanc, le 3/4 pouce U-Matic (standard) autorise la production d’images de qualité "semi-professionnelle" [23]. La philosophie de l’expérience est quelque peu modifiée ; les émissions communautaires occupent une place réduite dans l’ensemble des programmes. "Nous voulons faire une télévision qui soit présente sur le terrain, pas une télévision militante. Nous n’avons pas l’ambition de faire une télévision de changement social, mais d’animation. L’information locale a de toute manière une certaine résonnance. Par exemple, les feux du passage à niveau près de la gare étaient bloqués à cause d’un accident. La situation se prolongeait car il y avait une inextricable question d’assurances. Nous avons fait un vidéogramme à ce sujet. Quand il a été diffusé, la commune a trouvé une solution" [24]. L’équipe de TVC G-Zoom cherche à accroître son public. Une des manières d’y parvenir est la périodicité rapprochée des émissions. Depuis fin 1983, deux programmes originaux sont transmis chaque semaine et rediffusés une fois. Les locaux de TVC G-Zoom sont situés non loin de la Faculté d’agronomie, au centre de Gembloux, tandis que le studio se trouve à Ernage, dans l’ancienne maison communale (désaffectée suite à la fusion des communes). Ce dédoublement des lieux de production est nécessaire pour permettre la diffusion d’émissions "en direct", car la tête de câble est située au pied de l’antenne du réseau de télédistribution, soit juste à côté de l’ancienne maison communale d’Ernage.

Situation actuelle

La structure de décision

46L’ASBL TVC G-Zoom comporte comme organes de décision une assemblée générale et un conseil d’administration. L’assemblée générale est composée de représentants d’associations culturelles locales, de personnes concernées à titre individuel par l’expérience, et de l’équipe. Le conseil d’administration comprend six personnes : l’actuel coordinateur, Michel Castaigne ; l’ancien, Luc Malcourant ; un employé de banque ; un représentant du foyer culturel de Gembloux ; le président d’une coopérative de bois de construction et un professeur de l’IAD, Jean-Pierre Kinet. Ni la commune ni le télédistributeur ne sont représentés dans ces deux instances. La programmation est réalisée par l’équipe qui forme, de facto, un conseil de programmation. Il arrive - mais c’est rare - que le conseil d’administration fasse des propositions d’émission. Chaque type d’émission a son responsable au sein de l’équipe : il y a un coordinateur-télétexte, un coordinateur-infos locales,…

Les programmes

47Depuis Noël 1983, TVC G-Zoom dispose d’un canal réservé. D’une émission originale par semaine, la production passa à deux, soit deux heures de programmes, auxquelles il faut ajouter le télétexte.

48Le lundi, de 18H30 à 19H30, TVC G-Zoom diffuse un télétexte d’information "culturelle". Le mardi, à la même heure, une émission d’information locale de trois quarts d’heure (un présentateur, face caméra, introduit les vidéogrammes qui durent de deux à quatre minutes chacun) est suivie d’un agenda culturel. Une rediffusion est assurée le mercredi. Le jeudi, toujours de 18H30 à 19H30, est diffusé un magazine, où les sujets bénéficient d’un développement qu’ils ne pourraient obtenir au sein des "informations locales" du mardi. Une programmation "tournante" a été établie : le premier jeudi du mois : un reportage d’intérêt local (plus ou moins 20 minutes) réalisé par l’équipe est diffusé et suivi par les réponses d’un invité aux questions posées par le public en direct, par téléphone ; le deuxième jeudi du mois est consacré à un débat d’intérêt local (débat sur l’implantation d’un hippodrome, etc.). Un vidéogramme introduit le débat qui se tient en direct, et auquel les téléspectateurs peuvent prendre part grâce au téléphone. C’est la seule émission de type communautaire, le vidéogramme est produit par un groupe, formel ou informel, et techniquement réalisé par l’équipe TVC G-Zoom [25]. Le troisième jeudi du mois est réservé à des productions extérieures (reportages réalisés par des étudiants de l’IAD, de l’INSAS, filmes Super 8,…). Un invité en studio répond au présentateur et aux téléspectateurs (en direct). Le quatrième jeudi du mois est réservé à des sujets culturels : tourisme dans la région, musique, etc.. L’émission comporte un vidéogramme et la présence d’un invité. Le vendredi est diffusé un télétexte d’offres d’emploi-ONEM de 18H30 à 19H30, et le samedi à 12H30 sont rediffusées toutes les émissions de la semaine, précédées du télétexte. Avant Noël 83, le samedi était le jour de la première diffusion hebdomadaire de l’émission TVC G-Zoom (rediffusée le mardi).

La participation et l’animation

49La participation des groupes n’occupe pas une place prépondérante dans la programmation : chaque mois, une heure sur les huit heures de production lui est consacrée. En principe, c’est l’équipe qui assure le tournage et le montage des vidéogrammes, selon les indications du groupe. Les réalisations peuvent être classées en deux catégories :

  • la sensibilisation du public à un problème (grève, …) ;
  • la présentation des activités d’une association. Les membres de l’équipe veillent à ce que le programme communautaire ne tourne pas à l’auto-promotion ; la présence de l’équipe au tournage comme au montage y veille.

50D’autre part, TVC G-Zoom met sur pied des émissions en collaboration avec la Faculté d’agronomie, le Foyer culturel,… aux fins d’ouvrir régulièrement l’accès au câble à des groupes structurés susceptibles d’offrir au public des émissions d’un bon niveau.

L’équipe

51L’équipe de TVC G-Zoom se compose de neuf personnes : un coordinateur : Michel Castaigne, sociologue de formation ; une équipe technique de trois personnes, formées à l’INSAS (montage), à l’IAD (réalisation - son) et à l’INRACI (photo) ; une équipe de réalisation de quatre personnes formées à l’IAD (réalisation TV), à l’INRACI (photo), à l’INRACI (image), à l’IHECS (animation) et une personne assurant le secrétariat. Toutes ont le statut de CST, à l’exception d’un technicien qui est engagé par l’ASBL sous contrat à durée indéterminée.

Les moyens financiers et matériels

52La principale source de financement direct est le Ministère de la Communauté française qui a attribué, pour 1984, une somme de 2.257.000 francs (contre 2.150.000 FB en 1983 et 2.000.000 FB en 1982). Parmi les autres sources, il y a un subside de la ville et le produit de la location de chambres (dans le bâtiment du siège de TV Zoom) qui s’élevaient respectivement, en 1981, à 75.000 francs et 56.000 francs. Cette année, le Ministère de la Région wallonne a commandé à TVC G-Zoom un vidéogramme sur un problème d’environnement et un autre sur l’emploi. Chaque TVC a diffusé tous les vidéogrammes réalisés pour la Région wallonne. Le matériel de tournage permet de former deux équipes de vidéo légère (une caméra + un magnétoscope + un micro). Le matériel de montage comprend un banc, une table de mixage-image avec effets spéciaux (cache, couleurs), adaptés au standard U-Matic 3/4 pouce. Les caractères du télétexte et des sous-titrages sont générés par l’un des deux micro-ordinateurs DAI disponibles à TVC G-Zoom. Pour obtenir une bonne qualité de diffusion, la télévision gembloutoise utilise aussi un TBC - Time Base Corrector.

Le câble

53L’accès au câble se fait directement à la tête du câble, au pied de l’antenne, à Ernage. Ce qui oblige régulièrement l’équipe à des déménagements en direction du studio qu’elle a aménagé dans ce village situé à quelques kilomètres du "siège" de TVC G-Zoom. Pour émettre depuis la "maison rouge" de Gembloux, il faudrait transporter le signal jusqu’à la tête de câble soit par un faisceau hertzien, soit par câble.

54Depuis Noël 1983, TVC G-Zoom dispose d’un canal réservé, attribué sans trop de problème par le télédistributeur Brutélé (intercommunale pure). Le réseau permet de toucher environ 7.000 foyers, soit 18.000 spectateurs ; il couvre le Grand Gembloux issu de la fusion des communes en 1976, soit douze anciennes communes.

Les rapports avec l’administration communale

55Depuis les élections communales de 1982, la commune est dirigée par une coalition socialiste/sociale-chrétienne. Les relations sont bonnes, les autorités communales fournissent des renseignements, collaborent de temps à autre et n’ont jamais montré d’opposition au travail de TVC G-Zoom. Elles ne sont par représentées dans les structures de TVC G-Zoom.

TEAC - Charleroi

Historique, philosophie du projet

56Le projet TEAC (Télévision - Éducation - Art - Culture) est lié à la présence de la RTBF à Charleroi. Les statuts de l’association fondée en 1973 prévoient une collaboration avec le Centre de Charleroi en ces termes : "l’association TEAC a pour objet de contribuer au développement de la Wallonie en favorisant les activités du centre RTB de Charleroi et spécialement celles qui relèvent de l’éducation permanente, de l’information et de l’organisation des loisirs" [26]. Des associations similaires sont apparues à peu près partout où la RTB est présente (Liège, Namur, Charleroi). RTC Liège, RTC Namur et TEAC Charleroi étaient fédérés au sein de RTC Wallonie. Cette dernière était présidée par Jacques Noël (TEAC) ; le secrétariat général était tenu par Robert Dewez (RTC Liège).

57Ces RTC (Radio Télévision Culture) sont "pour la RTB des relais institutionnels qui, dans chaque région, ont charge de compléter et d’approfondir ses programmes par des activités diverses" [27].

58Le projet carolorégien a été imaginé et réalisé par des personnes du monde culturel et syndical de la région ; parmi eux, l’abbé Attout, professeur en communication sociale, qui s’était rendu au Québec pour y étudier quelques TVC et rédigea à son retour un rapport qui contribua à l’élaboration de la future TVC de TEAC.

59L’aire de diffusion du projet fut limitée de 1976 à 1979 à la seule commune de Gilly, 30.000 habitants. Deux raisons ont justifié ce choix : d’une part, le nombre élevé de foyers câblés, d’autre part le résultat d’une enquête menée par la Maison de la Culture de Charleroi et part l’Intercommunale de développement régional ADEC (grand nombre d’associations, taux de présence immigrée élevé, forte proportion ouvrière,…). Par la fusion des communes, Gilly est incorporée à Charleroi qui, dès lors, devient co-signataire d’une nouvelle convention quadripartite signée le 3 mars 1977. L’expérience reste néanmoins limitée jusqu’en mars 1979 à Gilly, par la volonté des représentants des mouvements et des groupes gilliciens au sein de TEAC. Seules des raisons techniques - suppression des filtres sur le réseau de télédistribution aux limites de l’ancienne commune - permettront, dans un premier temps, la diffusion des émissions de TEAC à Lodelinsart, Ransart et Jumet.

60La ville, intéressée par l’expérience, prête des locaux et attribue un subside de 100.000 francs en 1977 (en 1984, il s’élevait à 400.000 francs). Les premières émissions sont diffusées à peu près tous les mois. Elles comportent des émissions communautaires ("Libérés de l’alcoolisme" par la Croix-Bleue), des émissions d’intérêt local ("Les quartiers de Gilly : la place Chantraine") et culturel ("Lola Bobesco").

61L’expérience des premières années est on ne peut plus communautaire. La TVC doit, par la participation des Gilliciens, améliorer les communications au sein de la collectivité locale.

62La collaboration avec la RTBF, prévue par les statuts, est longtemps restée modeste : le directeur régional de la RTBF, André Hagon, est membre des instances de TEAC. Concrètement, "la RTBF nous a aidés autrefois dans le cadre d’un accord pour la publication de textes d’émissions dans notre périodique "Savoir Vivre", elle nous prête aujourd’hui un bâtiment" [28] (jusqu’à mars 1984).

63La RTB n’a, par ailleurs, jamais soutenu avec enthousiasme ce projet trop communautaire à son goût. L’arrivée, à partir de 1979/1980, des premiers CST sera l’occasion d’un rapprochement entre TEAC et la RTBF-Charleroi. En effet, les nouveaux animateurs sont des professionnels de l’audio-visuel (réalisateurs, caméramans, …), leurs préoccupations sont davantage tournées vers la création d’une véritable chaîne locale de télévision que vers la participation. Les représentants de la RTBF et ceux de TEAC parlent le même langage.

64Depuis 1981, grâce à un prêt de matériel du Ministère de la Communauté française, TEAC est passé du standard 1/2 pouce au 3/4 pouce U-Matic. L’équipe de départ - six personnes, dont trois à mi-temps - compte aujourd’hui 31 personnes. Les programmes se sont multipliés et la tranche "participative" s’est beaucoup réduite - une heure par mois. TEAC dispose d’un canal réservé, ce qui lui laisse une plus grande latitude dans la diffusion de ses émissions.

65À partir de 1978, TEAC a lancé le projet Téléduc (Télévision et éducation permanente) dont l’objectif est d’exploiter les possibilités offertes par une télévision communautaire pour produire un enseignement à destination des "infrascolarisés". Alain Anciaux, premier animateur de TEAC et actuellement assistant à l’ULB, est à l’origine de ce projet. La première action concrète réalisée dans le cadre de cette téléformation est l’association depuis octobre 1981 FUNOC (Formation pour l’Université Ouverte de Charleroi) - TEAC, subsidiée par la Communauté française pour un montant de 3.150.000 francs (subside à la formation continuée). Une convention TEAC-Ministère de la Communauté française a été signée le 1er octobre 1983 ; elle stipule notamment la réalisation par TEAC de 14 magazines et la mise à la disposition du matériel vidéo pour les activités de formation permanente. Durant la saison 1983-1984, 205 personnes ont bénéficié de cette initiative. Elle sera suivie d’un premier module de 60 heures de septembre 1983 à avril 84 ! [29].

66Les magazines-dossiers Téléduc sont intégrés dans la programmation à raison de deux émissions par mois (cf. programmes). La convention avec la Communauté française constitue aussi, d’une certaine manière, une "subvention à la programmation".

67La collaboration avec la RTBF s’est précisée dans une convention conclue le 5 août 1982 : "Art. 1. Les parties décident d’assurer en commun la programmation et la diffusion d’émissions conçues pour le câble, dans l’arrondissement de Charleroi. TEAC et le Centre de production RTBF Charleroi donnent un nouveau nom à cette télévision programmée en commun : TéléSambre qui démarre le 30 avril 1983. La participation de la RTBF a d’abord consisté en une émission d’une demi-heure, "Cablogramme" (information locale et divertissement), qui s’ajoutait au programme hebdomadaire de TEAC. Depuis mars 84, avec l’attribution d’un canal réservé sur le câble, les diffusions de TEAC sont pratiquement devenues quotidiennes (week-end excepté). La participation de la RTBF a suivi le même rythme : du lundi au vendredi, elle fournit des J.T. - appelés JTS - d’informations locales d’environ cinq minutes chacun (de 10 minutes depuis septembre 1984). Les responsables de TEAC regrettent que les images diffusées sur TEAC à 18H30 soient souvent les mêmes que celles diffusées à la RTBF à 19H05 dans l’émission "Ce Soir". La collaboration - avec le Centre RTBF Charleroi a des limites : "TEAC voulait réaliser avec la RTBF une émission mensuelle intitulée "Enquête publique". Les syndicats de La RTBF se sont opposés à ce que les équipes TEAC et RTBF travaillent ensemble, du fait de leur statut différent. L’émission se fait toujours en concertation, mais chacun réalise une "Enquête publique" de son côté" [30]. Il s’agit ici d’un problème constant qui limite la collaboration entre la RTBF et les TVC. Dans un document de la CGSP-RTBF, consacré aux TVC, on indique que "la collaboration journalière de ces divers organismes dans la production audio-visuelle se trouverait largement facilitée si l’ensemble du personnel impliqué jouissait d’un statut commun" [31]. Un autre facteur limite la collaboration entre TEAC et le Centre RTBF Charleroi : c’est la crainte de la concurrence. Menka Bogeska, coordinatrice de TEAC proposa à la RTBF, qui n’accepta pas, de diffuser sur le canal TéléSambre l’émission "Ce Soir" et le J.T. à la suite des programmes TEAC - RTBF Charleroi, en sorte que TéléSambre puisse conserver son public au cas où elle diffuserait une émission en soirée. La RTBF refuse de pousser aussi loin la "complémentarité" qu’elle souhaite dans ses rapports avec les TVC.

68L’intérêt de la ville de Charleroi pour TEAC s’est accru : le 1er novembre 1983, une nouvelle convention quadripartite (TEAC, ville de Charleroi, Ministère de la Communauté française et l’intercommunale de télédistribution) est signée. Celle-ci prévoit qu’"au niveau de la production et de la programmation, la ville de Charleroi s’inscrit comme partenaire privilégié, qui se verra réserver sous sa responsabilité des émissions d’informations municipales, dont une convention définissant L’esprit et réglant les modalités de collaboration, sera ratifiée par les partenaires de la présente convention quadripartite". La grille de programmes de l’automne 1984 ne signale aucune "émission d’information municipale". Cette initiative s’inscrit dans le désir du bourgmestre J.-C. Van Cauwenberghe, maintes fois exprimé dans la presse début 1984, de faire de Charleroi le centre audiovisuel de la Wallonie.

69L’objectif actuel de TEAC est d’accroître l’aire de diffusion des programmes de TéléSambre pour devenir, à terme, une télévision régionale, tout en maintenant le caractère "communautaire" de certaines émissions. Les communes contactées ont toutes marqué leur accord, excepté Pont-à-Celles. Mais aucune d’entre elles ne semble prête à participer financièrement à l’expérience TEAC. Cette dernière accorde donc une priorité à la production d’émissions dans l’aire de la ville de Charleroi et réalise de temps à autre un vidéogramme dans les communes nouvellement desservies.

70Si l’on veut résumer l’actuelle philosophie du projet TEAC, on peut estimer qu’elle vise à promouvoir : l’éducation et la formation permanentes, grâce au programme Téléduc (téléformation), l’expression des groupes (via une émission mensuelle : "Canal Ouvert") et le développement communautaire ; l’information-service (via un télétexte diffusé en continu avant les émissions de TéléSambre) ; l’information locale : elle est traitée chaque jour par la RTBF, plus longuement à travers les dossiers de TEAC ; l’information culturelle, au sens large (activités culturelles, découverte d’un quartier, …) ; et le divertissement à portée culturelle (les émissions de TéléSambre comportent un jeu éducatif dont l’objectif est de mieux faire connaître la région. La diffusion en soirée de films suivis d’un débat d’intérêt local n’est pas à exclure).

Situation actuelle

La structure de décision

71L’assemblée générale est composée de représentants des milieux politiques, culturels et syndicaux de la région : environ 55 personnes et le conseil d’administration est pluraliste et comprend 38 personnes représentant des partis (PS, PRL, PC, PSC, RPW, Ecolo), des syndicats (FGTB et CSC), de la ville de Charleroi, des télédistributeurs, de la RTBF (André Hagon), des associations et de la Maison de la Culture. Officiellement, la programmation est décidée par le conseil d’administration et mise en œuvre par le conseil de programmation. Un conseil de programmation paritaire RTBF-TEAC organise la programmation des émissions. Le travail au sein de TEAC est subdivisé en secteurs ayant chacun un responsable : les productions extérieures, la TVC et la TV locale, Téléduc, l’exploitation (technique), le laboratoire et l’administration. Les productions de Téléduc, des programmes communautaires et de l’information sont évaluées au sein de trois comités d’accompagnement. Ceux-ci sont composés de membres du conseil d’administration, de délégués du personnel et de personnalités extérieures, lesquelles n’ont pas encore été désignées. Ces comités sont appelés à se fondre au sein d’un futur conseil de programmation. Jacques Noël occupe le poste de secrétaire général.

Les programmes

72Depuis mars 1984, TEAC dispose d’un canal réservé. La programmation de ce canal est partagée avec le Centre RTBF Charleroi sous la dénomination TéléSambre.

73En ce début 1985, la programmation se présentait comme suit :

  • chaque jour du lundi au vendredi de 15 à 18H20 un télétexte fournissant des informations services, les offres d’emploi transmises par l’ONEM et un agenda, à 18H20 un jeu (Réflexe) et à 18H30 un JTS de 10 minutes produit par le Centre RTBF Charleroi ;
  • chaque semaine de 18H35 à 18H50 :
    le lundi : Oxygène, émission consacrée aux événements sportifs de la région (par le biais de cette émission TEAC cherche à sensibiliser le public à des problèmes aussi divers que les handicapés et le sport, les besoins des jeunes) ;
    le mardi : émission éducative comportant un module de 6 à 8 minutes de vidéogramme éducatif (sur des thèmes comme la santé, le droit, …) suivi d’une interview en studio ;
    le mercredi : "Histoire du mercredi", émission dont l’objectif est de mieux faire connaître le patrimoine de la région ;
    le jeudi : en alternance les émissions "Homme sur la sellette" (une "personnalité" de la région répond aux questions des téléspectateurs et à celles d’un ou de plusieurs journalistes de la presse écrite, cet interview d’environ 1 heure est précédé d’un bref portrait vidéo-filmé de l’invité), Téléduc (dossier réalisé en collaboration avec la FUNOC), "Voyons voir" (magazine d’information) et "Canal ouvert" (émission participative) ;
    le vendredi : "Invitation" qui présente des reportages sur les spectacles et les expositions de la région et des bandes annonces des films projetés dans les salles de Charleroi.
  • une fois par mois, à partir de 20 H, l’émission "Enquête publique" propose un vidéogramme et un débat avec la participation des responsables locaux et de la presse régionale. Elle traite de sujets qui n’ont pas fait l’objet d’un débat public (comme le métro à Charleroi, …). "Enquête publique" est réalisée en alternance par TEAC et le Centre RTBF Charleroi et est diffusée le 2e mardi du mois.

La participation et l’animation

74Comme pour TVC G-Zoom, la participation est réduite à une émission mensuelle, "Canal Ouvert". Un groupe, une association propose un sujet qui est présenté devant le comité d’accompagnement TVC. TEAC assure la réalisation du vidéogramme sur les indications du groupe.

75Le conseil d’administration étudie l’accroissement de la part communautaire des programmes de TEAC.

L’équipe

76TEAC fonctionne avec une équipe de 31 personnes dont 30 CST et une permanente (Menka Bogeska) répartis dans six "cellules" : adiministration, technique (secteur labo + technique), TVC, TV locale, productions extérieures et Téléduc. Les membres du personnel sont soit ingénieurs industriels et électroniciens A2 du côté de la technique, soit réalisateurs INSAS/IAD, preneurs de son (IAD) et image (INRACI), soit licenciés en Communication sociale du côté de la production des émissions.

Les moyens financiers et matériels

77En 1984, les moyens financiers se présentaient comme suit :

Communauté française

78Depuis mars 1984, date de déménagement du studio et du secrétariat au centre de la ville de Charleroi dans des locaux loués par l’association, la ville n’apporte plus d’aide en locaux ou en service à TEAC. Pour l’avenir, TEAC négocie avec les télédistributeurs la possibilité de se voir ristourner 0,5 % du montant des abonnements, formule proche de ce qui se fait à No Télé à Tournai. Selon Menka Bogeska, cette nouvelle source de revenus devrait apporter près d’un million.

- aide au fonctionnement de la TVC : 3.000.000 F
- pour Téléduc : 3.150.000 F
- Province du Hainaut : 25.000 F
- Ville de Charleroi : 400.000 F
- Productions extérieures
(évaluation) : + 600.000 F

79En outre, TEAC a bénéficié de prêt de matériel fourni par le Ministère de la Communauté française. En 1983, TEAC a reçu en prêt pour 1.006.000 francs de matériel.

80Le matériel en lui-même comprend de quoi constituer quatre équipes de vidéo légère, deux caméras pour le studio, une régie de studio complète (générateur de caractères, T.B.C., une table de montage, une table d’effets spéciaux, …) et deux unités de montage. Le tout est adapté au standard 3/4 pouce U-Matic. L’utilisation du 3/4 pouce U-Matic Broadcasting (professionnel) est souhaitée par TEAC.

Le câble

81La géographie de la cablodiffusion à Charleroi était complexe : trois réseaux couvraient la région : Radio Public (société privée), l’IEBC (intercommunale mixte) et Brutélé (intercommunale pure). Quand TEAC limitait sa production à Gilly, l’association utilisait le réseau de Brutélé. Ce dernier a d’excellents rapports avec TEAC (tout comme avec TVC G-Zoom) [32]. TEAC a obtenu de Brutélé la pose d’une ligne de retour destinée à relier le nouveau studio installé au Centre de Charleroi et sur le territoire de réseau de Radio Public et la tête de câble. Les négociations poursuivies avec l’IEBC et Radio Public en vue de l’extension de l’aire de diffusion ont abouti au rachat par Brutélé des réseaux de l’IEBC en septembre 1984 et de ceux de Radio Public à partir de janvier 1985.

82Actuellement, TEAC dispose d’une canal réservé et touche environ 117.000 abonnés. La zone de diffusion couvre la ville de Charleroi, Farciennes, Châtelet, Aiseau-Presles, Fleurus, Sambreville, Fontaine-l’Evêque, Courcelles et Chapelle-lez-Herlaimont.

Les rapports avec l’administration communale

83Les autorités communales, et en particulier le bourgmestre Jean-Claude Van Cauwenberghe sont favorables au développement d’une TVC à Charleroi (voir ci-dessus).

RTC-Canal Plus-Liège

Historique, philosophie du projet

84RTC - Radio Télévision Culture - a donné ses initiales à l’ensemble des projets de TVC qui associaient d’une manière ou d’une autre un centre local de la RTB(F). RTC est la plus ancienne de ces associations, l’ASBL Les Amis de Radio-Liège, a été créée en 1966 et est devenue en 1971 RTC. Les objectifs de RTC étaient la collaboration au rayonnement du Centre liégeois de la RTB, en développant l’animation culturelle locale et en encourageant les recherches dans le domaine audio-visuel. Les activités de RTC se portaient sur le théâtre (participation au Festival du Jeune Théâtre), le cinéma (week-end du cinéma québécois), la télévision (démonstration et utilisation par le public d’un circuit fermé de télévision (1967-1968)) et les participations en co-production avec la RTB à des émissions de radio et de télévision. Parmi les promoteurs de cette ASBL, citons Robert Dewez (qui travaille par ailleurs au Centre RTBF de Liège) et Robert Stéphane (ancien directeur de ce Centre et actuel administrateur général de la RTBF).

85RTC dépose en 1975 un projet de télévision locale, d’expérimentation sur le câble, d’association avec divers organismes pour l’exploitation dudit câble. RTC s’affirme à la fois locale et participative à un moment où de nombreux projets ne retiennent que la seconde caractéristique. Le projet de RTC suscite une certaine méfiance : ainsi l’association Vidéoption n’y voit qu’une extension de la RTB, une manière d’accession directe au câble. Le projet RTC sera retenu, de justesse, en 1976 parmi les projets "prioritaires" [33].

86La première émission de RTC-Canal Plus est diffusée le 26 janvier 1977. Le programme hebdomadaire d’une heure comportait alors des informations locales, une rubrique-service, une séquence "Canal ouvert" où tout groupement liégeois pouvait s’exprimer et des séquences municipales. La ville de Liège animait une séquence hebdomadaire et octroyait un subside de 3.905.000 francs. La participation de la RTB se présentait sous la forme d’un détachement de personnel et de facilités techniques.

87Quand RTC-Canal Plus voulut étendre fin 1977 sa diffusion pour couvrir le Grand Liège suite à la fusion des communes, l’intercommunale pure ALE-Télédis fit quelques difficultés. "Le télédistributeur a demandé que nos émissions ne "débordent" pas en dehors de Liège, chaque semaine, des techniciens de l’ALE-Télédis devaient fermer et ouvrir plus de 200 filtres. Finalement, le ministre de la Culture française, Jean-Maurice Dehousse, nous a permis de déborder" [34]. Fin 1977, RTC-Canal Plus couvre l’ensemble de Liège et même au-delà et dispose d’un (étroit) studio au pied de l’antenne de Coditel-Intermosane, à Cointe, dans une maison appartenant au télédistributeur et de ses propres locaux rue Dartois, près de la gare des Guillemins.

88Depuis le début de l’expérience, RTC-Canal Plus connaît des problèmes financiers. Le déficit atteint en 1979-80 le montant total des rentrées, soit 5 à 6 millions. L’ONSS fait condamner RTC-Canal Plus pour non-paiement des cotisations, le conseil d’administration licencie alors, en août 1980, les sept permanents qui réagirent par des interruptions d’emissions en direct, des manifestations, … et obtinrent gain de cause.

89En 1980-81, la collaboration avec le Centre RTBF-Liège va devenir plus étroite et surtout plus visible. RTC-Canal Plus, Canal Emploi, Vidéo 600 (Verviers) et le Centre de production RTBF de Liège sont liés, depuis le 1er novembre 1981, par une convention du même type que celle qui aura cours à TEAC en 1983 : elle prévoit la mise sur pied d’un conseil de programmation paritaire associations TVC-RTBF Liège. Un premier essai de production commune RTBF-RTC-Canal Emploi a lieu en décembre 1981, quand une expérience d’émission quotidienne pendant quatre jours fut proposée aux Liégeois. La RTBF se chargeait de l’information locale. En février 1982, Robert Stéphane annonçait que le Centre dont il avait la direction produira une émission quotidienne d’information locale, destinée à s’insérer dans les programmes de RTC-Canal Plus et de Canal Emploi. Quelques tensions au sein du personnel de la RTBF retarderont le début de cette collaboration. Le 17 mai 1982 le premier "JT" local quotidien est diffusé à 12H30. Il est maintenant transmis à RTC-canal Plus par un faisceau hertzien, depuis le Palais des Congrès à Liège. Cette collaboration permet à RTC-Canal Plus et à Canal Emploi, qui utilisent tous deux le même canal sur le câble (celui de Télé 2), d’avoir une "présence" quotidienne. Ce qui provoque une confusion dans l’esprit des téléspectateurs liégeois : nombreux sont ceux qui téléphonent à RTC croyant ainsi contacter la RTBF.

90Autre résultat de la convention avec la RTBF-Liège, RTC-Canal Plus propose à ses téléspectateurs des émissions "à la demande" qui faisaient initialement partie de Perceval (Programme d’Expériences et de Recherches sur la Communication et d’Etudes Visuelles et Acoustiques, promu par le Centre liégeois de la RTBF, qui concerne des études dans les domaines du télétexte, télévision à péage, etc.).

91La convention qui lie la RTBF-Liège aux TVC liégeoises et verviétoise devait connaître de substantiels aménagements dès l’institution des télévisions locales et communautaires. Une "déclaration d’intention" est signée le 15 avril 1984 dans laquelle les signataires se proposent de réfléchir ensemble au sein d’un groupe de travail, à une politique de programmation, à une structure juridique, à des modes de financement - publicité comprise -, à une infrastructure matérielle, à une structure du personnel, à des modes de gestion et, enfin, aux possibilités d’association avec la presse écrite, les sociétés de télédistribution et, les pouvoirs publics [35].

92RTC-Canal Plus continue à diffuser ses programmes sur le canal de Télé 2. Pour le moment, toute négociation semble difficile : il faut à la fois convaincre l’ALE-Télédis et Coditel-Intermosane. Or, ALE-Télédis est prête à injecter sur le câble ses émissions propres dès que la législation le lui permettra.

93Aujourd’hui, RTC-Canal Plus remplit les objectifs suivants :

  • la participation des groupes à la production d’émissions (aspect communautaire) ;
  • l’information socio-culturelle (promotionnant les activités des groupes socio-culturels).

94L’aspect formation-éducation permanente est assurée sur le même canal par Canal-Emploi.

Situation actuelle

La structure de décision

95L’assemblée générale comprend l’ensemble des représentants des différentes "institutions" de la ville : partis politiques (représentés aux niveaux provincial et communal), syndicats. Maison de la Culture, RTBF, université et enseignement. Le conseil d’administration est le reflet de l’assemblée générale, il comprend 38 personnes dont le président, Jean Mottard, quatre vice-présidents au nombre desquels on retrouve Georges Goldine (l’échevin de la Culture de Liège qui introduisit auprès du Ministère de la Culture française, en 1975, un projet de TVC Communale). Au sein du conseil d’administration, six personnes ont voix consultatives (notamment Robert Stéphane, Francis Creuen, actuel responsable de RTC-Canal Plus et successeur de Robert Dewez). Ce conseil d’administration nomme un bureau et un comité des programmes, chargés respectivement de fixer l’ordre du jour du conseil d’administration et de prendre toute décision ayant trait aux programmes (refus ou acceptation) des projets soumis par des groupes).

Les programmes

96Les programmes de RTC-Canal Plus en 1984 sont diffusés chaque jour, dimanche excepté, de 11 heures à 15 heures 30 (de 11 heures à 13 heures le samedi). Deux émissions sont diffusées chaque jour de la semaine, du lundi au vendredi : Liège 30 de 12H30 à 12H45 : journal d’information locale produit par la RTBF (il s’agit soit de séquences destinées à l’émission Ce Soir remontées pour qu’elles soient plus longues (les séquences de Ce Soir durent environ 90 secondes), soit de séquences refusées par Ce soir, soit encore de séquences originales. Le journal est présenté en studio, au Palais des Congrès (RTBF Liège) ou quelquefois sur les lieux d’une animation (via faisceau hertzien) et la télévision à la demande : cette expérience de programmation est une initiative de la RTBF, elle fait partie de Perceval (les personnes intéressées se procurent un catalogue auprès de RTC-Canal Plus et elles lui téléphonent pour indiquer leur choix d’émission, le jour et l’heure qui leur conviendraient. Le catalogue contient des émissions pour lesquelles il n’y a aucun droit à payer, soit les programmes originaux de la RTBF, de RTC-Canal Plus, de Canal Emploi, de No Télé, de l’Université d’État de Liège, du G.S.A.R.A., etc. [36].

97Le lundi, après Liège midi 30, la RTBF diffuse - via RTC -l’émission Télé-Tourisme.

98Canal Emploi, qui n’a pas d’accès au câble, passe par RTC pour injecter ses programmes les mardi et vendredi de 13 à 14 heures. L’Université de Liège produit une émission diffusée chaque jeudi après Liège midi 30.

99Le samedi, de 11 à 13 H, RTC-Canal Plus programme son Magazine qui comprend un dossier traité par l’équipe de RTC, suivi par un débat (ex. : pollution de la Meuse), une séquence "Canal Ouvert" produite par un groupe aidé techniquement par l’équipe de RTC et suivie, dans certains cas par un débat. Le Magazine se clôture par une séquence "Bloc-notes" qui est un agenda culturel. La séquence "Canal ouvert" est rediffusée les lundi et jeudi.

100Il n’y a provisoirement pas de séquence d’information communale.

La participation et l’animation

101L’expérience de RTC-Canal Plus s’est avant tout présentée comme une expérience de télévision locale (bien que les premiers programmes aient comporté des séquences communautaires). Les animateurs de RTC estimaient qu’il était difficile d’envisager dans un premier temps une TVC dans une ville de 200.000 habitants. Malgré les objectifs différents, RTC-Canal Plus a une programmation (originale) proche de celles des TVC qui avaient démarré dans une optique exclusive de participation. Naguère, RTC-Canal Plus laissait toute la réalisation du vidéogramme à la charge des groupes demandeurs.

102Comme partout ailleurs, l’équipe de RTC apporte aujourd’hui son assistance technique, du tournage au montage final. La plupart des groupes qui participent à "Canal ouvert" sont des groupes culturels (Maison de jeunes, groupes musicaux, …) et sociaux (comités de quartier, …) ; il s’agit souvent d’émissions ayant pour but direct ou indirect la promotion des groupes demandeurs. Ces derniers sont moins nombreux qu’au cours des deux premières années de RTC.

Un document d’évaluation

103Le Service de l’enquête permanente de la RTBF a réalisé une étude sur le public de l’émission Liège midi 30 dans la semaine du 7 au 13 mars 1983. Parmi les 475 personnes interrogées, 94,3 % étaient raccordées à la télédistribution ; 297 personnes (soit 62,5 %) ignoraient l’existence de Liège midi 30, 72 personnes (15,1 %) connaissaient cette émission mais ne l’avaient jamais vue et 106 (22,4 %) déclaraient avoir vu au moins une fois ce journal télévisé local. Il faut tempérer ce résultat par l’indisponibilité relative des téléspectateurs à l’heure de midi : 63,7 % des personnes interrogées déclaraient ne jamais regarder - ou - presque de programmes de télévision le midi. "Cette émission est encore fort jeune, conclut le rapport de l’enquête, mal placée à la fois par rapport à la disponibilité des gens et parce que ce journal d’un quart d’heure est isolé sur Télé 2 en pleine heure de midi, alors que RTL (qui occupe principalement le terrain), TF1 et A2 proposent un programme complet comprenant à la fois divertissement et information. Il ne faut donc pas s’étonner de ne trouver, sur 5 jours d’enquête, que 2 personnes qui ont regardé l’émission de la veille. Il est trop tôt encore pour vouloir faire une mesure d’audience. Contentons-nous des indices de popularité révélée par cette enquête rapide" [37].

L’équipe

104L’équipe de RTC-Canal Plus se compose de 15 personnes : 2 permanents détachés du Centre de Liège de la RTBF (assistants culturels) ; 3 permanents RTC (secrétaire, comptable, ingénieur électronicien et un technicien) ; 8 CST (dont 4 licenciés) et 2 objecteurs de conscience.

Les moyens financiers et matériels

105Pour 1984, RTC-Canal Plus reçoit 3.150.000 francs du Ministère de la Communauté française, 1.200.000 de la RTBF (pour la télévision à la demande). La ville de Liège versera, sous réserve de l’approbation de la tutelle, une aide de 1.500.000 francs (la ville a encore quelques arriérés de 1982 et 1983 à liquider). Il faut ajouter la commande par la Région wallonne de vidéogrammes sur l’emploi et l’environnement, ainsi que des productions extérieures réalisées par RTC-Canal Plus. En outre, RTC a reçu en "prêt" du matériel du Ministère de la Communauté française pour une valeur de 2.486.000 francs en 1983 et pour 1.500.000 francs en 1982 (RTC et Canal Emploi).

106L’équipement vidéo de RTC-Canal Plus comprend trois unités légères de prise de vue et d’enregistrement, trois bancs de montage complets (dont un est affecté à la diffusion des programmes sur le câble) et un studio équipé (plateau, régie image-son, générateur de caractères, table d’effets spéciaux, TBC).

Le câble

107Les programmes de RTC-Canal Plus peuvent être reçus par environ 150.000 foyers via les réseaux de l’ALE-Télédis et d’Intermosane, sur le canal de Télé 2. RTC transmet également les programmes de Canal Emploi.

108Les rapports avec les télédistributeurs sont variables : bons avec Intermosane, plutôt tendus avec l’ALE-Télédis.

Les rapports avec l’administration

109La ville de Liège entretient d’excellentes relations avec RTC-Canal Plus. Ainsi elle accorda en 1976 une aide de 3.905.000 francs. Une part de ce subside - le plus élevé jamais attribué par une commune (ville) à une TVC - devait couvrir les frais de production d’information communale. Les problèmes financiers que connaît la ville de Liège l’ont amenée à réduire son aide et l’émission communale a été provisoirement suspendue.

Vidéoscope - Rochefort

Historique, philosophie du projet

110Vidéoscope est une émanation de la Maison des Jeunes et de la Culture de Rochefort. C’est la seule télévision rurale : Rochefort est loin de toute ville importante, il existe fort peu de grandes entreprises dans la région, ce qui modifie beaucoup les préoccupations des téléspectateurs potentiels de la TVC.

111Les débuts du Vidéoscope remontent peu avant 1975 : la Maison des Jeunes et de la Culture de Rochefort (M.J.C.) organisait des stages de formation et des animations vidéo sur la fusion des communes. "Quand nous avons appris qu’il serait possible de passer des émissions sur le câble, nous avons déposé un dossier au Ministère" [38]. Pour les besoins de cette candidature, une nouvelle ASBL, "Vidéoscope Rochefort", est fondée en 1975. Les premières émissions ont été diffusées en mai 1977 (sujet : la présentation des conseillers communaux issus des élections de 1976).

112Vidéoscope est situé dans le même bâtiment que la M.J.C., c’est-à-dire dans la Maison communale, au-dessus des locaux administratifs. Cette cohabitation est fortuite. Pour comprendre la place de Vidéoscope à Rochefort, il faut préciser que l’entité compte 12.200 habitants ; les organisateurs d’animations socio-culturelles, les hommes politiques locaux, … tout le monde se connaît et se retrouve. Nul étonnement, donc, d’apprendre que Marie-Louise de Loncin, animatrice de la M.J.C., est aussi coordinatrice de Vidéoscope, organisatrice du Festival du Rire de Rochefort et membre de multiples commissions consultatives.

113La commune de Rochefort apporte une aide matérielle appréciable (ouvriers communaux, camionnette, …) et une aide financière symbolique (30.000 francs en 1983, 50.000 francs en 1982).

114Depuis 1975, les objectifs généraux de l’expérience rochefortoise n’ont pas changé : l’information locale et la participation des groupes sont toujours à l’ordre du jour, mais sous des modalités différentes. L’information locale était traitée en collaboration étroite avec les groupes, ces derniers ont davantage utilisé cette collaboration au profit de leur promotion, et au détriment de la stricte information de la population [39]. D’un autre côté, la participation des groupes s’est essoufflée ; le travail de l’équipe d’animation s’en trouve augmenté. Cette situation est compensée par la possibilité d’employer des CST, mais obérée par la difficulté de trouver des collaborateurs (réalisateurs, cameramen, monteurs, licenciés en communication) qui acceptent de (re)venir à Rochefort. La "professionnalisation" de Vidéoscope est ralentie par l’isolement de la ville. Les productions - hebdomadaires à présent - sont néanmoins de meilleure qualité grâce au perfectionnement du matériel (3/4 pouce U-Matic couleur au lieu du 1/2 pouce noir et blanc des débuts) et aussi à une meilleure maîtrise du langage vidéo.

115Autre caractéristique notable de Vidéoscope : le bénévolat. Alors que les volontaires de la TVC se font rares - et ne sont pas toujours désirés ailleurs - de nombreux Rochefortois apportent gracieusement leur aide à "leur" télévision.

116Vidéoscope s’oriente maintenant vers des "publics-cibles" : les agriculteurs, les enseignants (émissions illustrant des cours),… Les enseignants sont demandeurs, mais le Ministère de la Communauté française a mis le Vidéoscope en garde, car cette activité ressort de la compétence de l’Education nationale.

117Malgré ses projets et ses réalisations, Vidéoscope n’a toujours pas signé de convention ni avec le Ministère de la Communauté française (pour la formation permanente), ni avec le Ministère de l’Agriculture (en 1981, il était question que Vidéoscope réalise et diffuse des "cours-conférences" destinés aux agriculteurs).

Situation actuelle

La structure de décision

118L’assemblée générale est constituée par les représentants des clubs, des associations et des partis politiques présents au sein du Conseil communal. Le conseil d’administration comprend, outre les membres de l’équipe de Vidéoscope, trois représentants de partis politiques, deux représentants d’associations de jeunes, deux représentants d’associations sportives, deux représentants des associations socio-culturelles.

119Il y avait un conseil de programmation "regroupant toutes les personnes intéressées d’une manière ou d’une autre par l’expérience" : il semble que ces "personnes intéressées" aient été de moins en moins nombreuses, car, faute de participants, ce conseil s’est réduit aux membres de l’équipe.

Les programmes

120Le rythme de la programmation de Vidéoscope est fixé pour 1984 à une émission hebdomadaire d’une heure et demie rediffusée une fois. Le samedi, l’émission commence à 13H00, sur le canal de Télé 2, par un dossier dont la durée varie entre 20 et 30 minutes sur un sujet d’intérêt local (la pollution de Jemelles par le plomb par exemple). L’équipe décide des sujets traités ; il arrive qu’un groupe apporte sa collaboration à l’élaboration du dossier : c’est la seule possibilité de participation ouverte aux groupes. L’équipe conserve la maîtrise des opérations (scénarisation, tournage, choix des séquences, montage). Le dossier est suivi par de brèves séquences d’information locale de une à deux minutes (leur nombre varie en fonction de l’actualité). Dans l’émission qui suit un Conseil communal, un des animateurs bénévoles de l’équipe en fait un compte-rendu illustré par des images. Le programme se clôture avec l’agenda culturel. Marie-Louise de Loncin souligne le fait que "le public rochefortois est peu intéressé par des émissions de provenance extérieure, ce qui limite les possibilités d’échange de programmes avec les autres TVC".

121Les émissions dont le sujet est suggéré par les groupes sont de plus en plus rares - aucune périodicité n’a été fixée - et il s’agit plutôt d’une participation au travail de l’équipe de Vidéoscope que de la confection d’une émission par un groupe.

Un document d’évaluation

122Vidéoscope a, lors des élections législatives et provinciales de 1981, procédé à un sondage dans les bureaux de vote des communes de Jemelle, Villers-sur-Lesse, Wavreille, Han-sur-Lesse, Eprave et Rochefort (zone desservie par Brutélé) [40]. Ce sondage, avait surtout une utilité pratique : savoir quand il valait mieux diffuser un programme TVC. Nous pouvons présenter les résultats comme suit :

tableau im1
Nombre d’électeurs : 6.510 Nombre de bulletins Vidéoscope reçus : 2.764 Nombre de personnes % Regardent toujours : 477 17,56 Regardent parfois : 1.690 62,20 Ne regardent jamais : 512 18,84  Bulletins nuls : 38 1,4

123Pour apprécier ces résultats à leur juste mesure, il faut tenir compte des éléments suivants : ce sondage remonte à une époque où les émissions avaient lieu chaque mois ; les électeurs des bureaux de vote ne sont pas tout à fait représentatifs de la population ; certaines catégories de population n’y figurent pas (les jeunes en-dessous de 21 ans, les étrangers, les personnes se déplaçant difficilement (malades, personnes âgées, handicapés, …)) ; et on ignore tout de la répartition sociale et professionnelle des personnes qui ont rempli les bulletins de Vidéoscope.

L’équipe

124L’équipe du Vidéoscope comprend trois CST, trois bénévoles, un permanent, un objecteur de conscience et un chômeur dispensé de pointage, soit neuf personnes auxquelles il faut ajouter la coordinatrice, Marie-Louise de Loncin, bénévole (rémunérée comme animatrice de la M.J.C.).

125Pratiquement tous les membres de l’équipe ont été formés sur le tas : un assistant social est devenu technicien et un froebelien … réalisateur. Les personnes bénévoles, Marie-Louise de Loncin exceptée, sont tous des enseignants.

Les moyens financiers et matériels

126Vidéoscope Rochefort a une seule source de financement : le Ministère de la Communauté française, qui attribue un subside de fonctionnement de 1.575.000 francs (avec Vidéo 600, Vidéoscope est la TVC qui reçoit le moins de subsides de la Communauté). En 1983, Vidéoscope recevait "en prêt" l’équivalent de 615.000 francs en matériel. Il faut ajouter une commande de la Région wallonne (comme à toutes les TVC) qui inclut la production d’un vidéogramme sur un problème d’environnement, la diffusion de celui-ci et de ceux réalisés ailleurs, suivis de débats.

127Le matériel comprend un banc de montage, une table d’effets spéciaux, deux équipements de tournage complets (caméra, magnétoscope, …).

Le câble

128Vidéoscope Rochefort injecte ses émissions sur un réseau appartenant à l’intercommunale de télédistribution Brutélé avec laquelle les rapports sont bons.

129L’injection des programmes se fait au pied de l’antenne, sur des hauteurs de Rochefort, où a été construit un studio de fortune permettant la transmission en direct. L’aire de diffusion recouvre le Grand Rochefort et Nassogne, soit 4.500 foyers câblés.

Les rapports avec l’administration communale

130L’administration communale et Vidéoscope cohabitent dans la maison communale. En dépit des apparences, Vidéoscope était et est toujours une association indépendante. Ses relations avec la commune sont bonnes, puisque celle-ci fournit ses services (et des locaux), mais son aide financière est peu élevée (une commune de cette importance ne peut apporter de soutien substantiel).

131Au début de l’expérience, en 1977, la commune avait demandé 10 à 15 minutes dans les programmes - les émissions étaient alors mensuelles - pour parler aux Rochefortois. "Ils (les échevins) étaient très raides, cela faisait "déclaration gouvernementale", quand on leur a demandé d’être un peu plus dynamiques, ils ont purement et simplement renoncé à leur émission" [41].

No Télé - Tournai

Historique, philosophie du projet

132No Télé est considérée comme une "vitrine" de la télévision locale et communautaire en Belgique francophone, très fréquemment visitée par tous ceux qui s’intéressent aux expériences de télévisions locales câblées (plusieurs délégations de la commission du Plan-câble français sont venues à Tournai). No Télé est volontiers considérée, selon les points de vue, comme une exception ou comme un exemple à cause de la qualité de ses émissions, de la relative ampleur de ses moyens (No Télé est la seule TVC belge à disposer d’un car de régie), de la stabilité de son équipe coordonnée par Jean-Pierre Winberg.

133Le départ difficile de cette TVC ne laissait pas présager un tel succès. Tout commence à la fin des années soixante, quand la RTB hésitait pour l’implantation d’un centre régional de production à l’ouest de la Wallonie entre deux villes : Tournai et Charleroi. Cette dernière l’emporta ; ce choix révéla l’existence d’un "vide audio-visuel" dans cette partie de la Wallonie : Tournai est plus proche de Lille que de n’importe quelle ville belge francophone importante.

134Quelques années plus tard, un groupe de vidéo-animation, Vidéotertous, associé à Vidéoption, présentait dans différents lieux publics du Tournaisis des vidéogrammes réalisés par des gens. Au même moment, la Maison de la Culture, dont le bâtiment était en construction comprenait en son sein un groupement audio-visuel intéressé par le lancement d’une télévision locale à Tournai. Ces deux groupes se retrouvèrent à la commission de l’audio-visuel (C.A.V.) de la Maison de la Culture et organisèrent en 1974 une journée sur le thème : "une télévision locale et communautaire à Tournai".

135Au moment de l’"ouverture" du câble aux expériences de TVC, Vidéotertous négocia avec la Maison de la Culture, fin 1976, la convention quadripartite était prête. La ville de Tournai repoussa périodiquement la signature, posant des conditions peu acceptables (visionnement préalable des vidéogrammes, …). Sur la pression du Ministère, la convention sera enfin signée le 26 septembre 1977. De son côté. l’intercommunale mixte de télédistribution Intelouest (devenue ensuite IGEHO) a toujours manifesté un intérêt positif à l’expérience : sa signature fut rapidement acquise.

136La TVC tournaisienne, baptisée plus tard No Télé ("Notre Télévision" en picard), diffuse sa première émission le 12 novembre 1977.

137En 1977, comme en 1984, No Télé vise deux objectifs :

  • produire des émissions d’information locale : "donner aux citoyens des outils d’analyse pour leur permettre de participer efficacement au développement de leur région sur le plan politique, économique, social et culturel" ;
  • ouvrir le câble à la participation des gens : "offrir à tout groupe de citoyens qui désire un mieux-être dans la vie quotidienne et sociale la possibilité de s’exprimer par la télévision" [42].

138En quelques années. No Télé passe d’une émission mensuelle aux images en noir et blanc, réalisée avec du matériel 1/2 pouce, à un programme bi-hebdomadaire (exclusion faite des rediffusions et des séquences quotidiennes "Job service") réalisé avec du matériel 3/4 pouce U-Matic Broadcast (professionnel) couleurs.

139Le 20 mars 1982 No Télé s’installe dans des locaux aménagés (de studios, de locaux techniques et administratifs) dans la nouvelle Maison de la Culture de Tournai. Pour la première fois, les animateurs de No Télé ne doivent plus se déplacer jusqu’à la tête de câble du réseau IGEHO située à Maulde : un faisceau hertzien acquis grâce à l’aide financière du télédistributeur, relie No Télé à l’antenne du réseau.

140Côté matériel, c’est en 1981 que No Télé se convertit au standard Broadcast U-Matic 3/4 pouce - aucune TVC n’avait encore sauté le pas : "nous avons fait le choix d’acquérir au plus vite un matériel performant car on est quand même dans une situation de concurrence : il faut être à la hauteur" [43]. Pour ce faire, No Télé ira jusqu’à aménager un car mobile de reportage.

141Pour Jean-Pierre Winberg, il n’y a pas eu de miracle à Tournai : "ce qui s’est passé ici aurait pu se passer ailleurs. Dans notre projet, nous avons toujours été cohérents : nous avons acquis du matériel de qualité ; nous en assurons nous-mêmes la maintenance : deux techniciens ont suivi des stages de formation chez Sony en Grande-Bretagne et à Anvers. Côté personnel, nous avons commencé petit et notre équipe s’est progressivement étoffée. Les gens commençaient CST, devenaient CMT (chômeurs mis au travail) et pouvaient être engagés ensuite comme permanents. Nous n’avons jamais fait l’erreur d’engager un gros paquet de CST : cela a provoqué de véritables drames dans d’autres TVC, où il a fallu interrompre les émissions, …".

142No Télé a proposé sa collaboration à la RTBF pour fournir des séquences d’information locale. Cette dernière a donné son accord, mais les mêmes problèmes qui se sont posés à Charleroi et à Liège entre RTC, TEAC et les centres régionaux de la RTBF, surviennent à Tournai et portent sur la différence dans le statut des équipes de No Télé et celles de la RTBF.

143No Télé - un peu par provocation - a pris contact avec RTL pour proposer les mêmes services : accord immédiat de Luxembourg. RTL achète les vidéogrammes de No Télé. ‘Nous l’avons fait en partie pour secouer le cocotier-RTBF, déclare Jean-Pierre Winberg. De toute manière, nous n’allons pas attendre que la RTBF bouge pour être fixé sur notre politique de collaboration, d’information, … Notre politique, c’est de foncer tous azimuts, le terrain acquis est acquis, car j’ai très peur que les négociations ne traînent en longueur".

144L’A.G.J.P.B. (Association générale des journalistes professionnels de Belgique), de son côté, a réservé un accueil favorable à la demande de No Télé concernant cinq personnes de l’équipe, lesquelles deviendraient journalistes-stagiaires, les premiers reconnus de toutes les TVC belges.

145No Télé émet sur le territoire des trois communes qui la subsidient : Tournai, Antoing, Brunehaut. D’autres communes, desservies par IGEHO, envisagent la signature de la convention quadripartite avec No Télé aux mêmes conditions : la télévision tournaisienne deviendrait ainsi une TVC régionale. Au cas où la publicité commerciale serait autorisée, on assure du côté de No Télé que les clients attendent.

Situation actuelle

La structure de décision

146La Maison de la Culture, structure institutionnelle de No Télé est une ASBL. Son conseil d’administration délègue ses pouvoirs pour No Télé à la commission de l’audio-visuel (CAV). Elle se compose de trois parties :

  • le secteur animation information comprenant l’équipe des permanents et les représentants de la Maison de la Culture ;
  • le secteur public où les délégués du télédistributeur siègent avec les représentants des communes ; ces derniers sont représentatifs des tendances politiques présentes aux conseils communaux ;
  • le secteur des associations socio-culturelles, des mouvements d’éducation permanente et des différents groupes ayant réalisé une émission à No Télé.

147La CAV organise la politique de la programmation, la fréquence des émissions, donne son accord sur tout projet d’émission. Elle prend les décisions en matière d’engagement de personnel et de gestion. "En fait, la commission, véritable cordon ombilical entre la Maison de la Culture et No Télé, joue pour la télévision tournaisienne à la fois le rôle d’un conseil d’administration et d’un conseil de programmation. Aux dires de certains membres de l’équipe, le système décisionnel de la CAV est lourd" [44].

148Les bailleurs de fonds de No télé ont leur mot à dire. Parmi eux, les mandataires politiques locaux sont très attentifs aux projets d’émissions proposés par les groupes : certaines de ces candidatures ont un caractère revendicatif (groupes d’habitants demandant un meilleur curage des égoûts de leur quartier, etc.). Il arrive que les désirs de certains groupes soient rencontrés avant que le projet d’émission ne soit mis à exécution.

Les programmes (1984)

149Chaque jour, de 11H30 à 12H00 et de 19H00 à 19H30, les téléspectateurs de No Télé peuvent suivre l’émission Job-service réalisée en collaboration avec l’ONEM (Tournai). Les offres d’emploi défilent sur un télétexte et certaines d’entre elles sont commentées en direct, en studio, par une personne représentant l’ONEM.

150Le mardi, de 20 à 21 heures. No Télé diffuse le Magazoom. Il est composé de trois ou quatre séquences communautaires. Les sujets appartiennent au domaine de l’information locale. D’après le relevé fait par Philippe Chavalle la plupart des vidéogrammes sont consacrés à l’information locale socio-économique (87 % des sujets en 1983). Sur 63 reportages diffusés en 1983, 18 étaient réalisés par des groupes. L’émission Magazoom est périodiquement remplacée, selon l’actualité et les voeux de la CAV, soit par un Dossier, émission qui approfondit un point de l’actualité (vidéogramme suivi d’un débat), soit par la Carte de visite, émission de durée équivalente – 50 minutes - où un groupe se présente (Amnesty International, etc.), soit par Info-service, programme réalisé par l’équipe de No Télé et destiné à informer les téléspectateurs des possibilités qu’offrent certaines administrations, soit par Portrait, émission qui a pour objectif, comme son nom l’indique, de mieux faire connaître un artiste, un artisan, … Enfin, le Magazoom peut aussi être remplacé par Emission spéciale, programme exceptionnel au contenu très variable : le vote du budget au Conseil communal de Tournai, … L’Emission spéciale est diffusée au moment le plus opportun de la semaine. L’émission transmise le mardi soir est rediffusée le mercredi, à partir de 22H30.

151Le samedi, le programme de No Télé débute à 12H30 avec Exthecimufes. Cette émission au titre difficile est l’agenda culturel de No télé, où l’on traite des expositions, du théâtre, du cinéma, de musique et de festivités. L’émission comprend six à neuf séquences d’environ trois minutes. La présentation de l’émission se fait généralement en différé, hors des studios de No Télé. Toujours dans le relevé fait par Philippe Chavalle, deux séquences sur trois concernent des animations se déroulant dans la ville de Tournai. À 13 heures, le programme se poursuit avec un journal télévisé d’une demi-heure qui fait la synthèse des actualités locales de la semaine à travers une série de séquences de 50 secondes à 5 minutes. La présentation du J.T. se fait en direct ou avec un léger différé.

152En novembre 1983, l’équipe de No Télé a voulu introduire "du neuf" dans le J.T. en invitant à chaque émission une personne différente, un homme de la rue qui propose deux sujets de reportage, les commente et donne éventuellement son avis sur les autres séquences du J.T.. Après six semaines d’essai. No Télé a interrompu cette expérience, à la demande de la CAV qui y voyait un mélange entre un programme d’information et un programme communautaire. De son côté, l’équipe de No Télé éprouvait quelques difficultés à trouver des candidats, de telle sorte qu’un compromis est intervenu : un invité (différent) est présent chaque mois au J.T.. L’émission Exthecimufes et le J.T. sont rediffusés en début de soirée le même jour, à 19 heures.

153Le lundi, le J.T. est rediffusé à 22H30. À l’avenir, l’équipe de No Télé compte bien multiplier le nombre de J.T. chaque semaine avec, pour ligne d’horizon, la fréquence quotidienne. Dans un premier temps, un nouveau J.T. pourrait être diffusé chaque mardi.

La participation et l’animation

154La partie des programmes réservée à l’expression des groupes est relativement limitée, la demande étant relativement réduite. On peut classer les groupes demandeurs en deux catégories :

  • les groupes qui ont "pignon sur rue", comme "la coordination tournaisienne pour la paix et le développement", un cercle de sport pour handicapés, … qui ont des animations régulières et font appel à la télévision pour faire connaître leurs activités ;
  • les groupes qui se créent spontanément pour faire droit à une revendication déterminée : par exemple des personnes expropriées contre des indemnités insignifiantes, des habitants d’un quartier estimant leur rue mal éclairée, etc. Dans ce cas, No Télé joue un peu le rôle d’un "dernier recours" auquel les personnes font appel quand elles ont tout essayé.

Un document d’évaluation

155Le Service de l’enquête permanente de la RTBF a procédé en 1984, sur demande du Ministère de la Communauté française et de Vidéotrame, à une enquête par sondage pour chaque télévision locale et communautaire. Les premiers résultats disponibles concernent No Télé ; ce sondage a été réalisé entre le 6 et le 10 février 1984 auprès de 370 personnes habitant le Grand Tournai, Antoing, Brunehaut et Celles. Le questionnaire a été établi en collaboration avec l’équipe de No Télé, suite à une discussion avec un groupe tournaisien de 21 personnes qui avait été invité à commenter un montage d’émissions.

156Les résultats de l’enquête montrent la forte implantation de No Télé dans son aire de diffusion. 90 % des personnes interrogées connaissent ou ont déjà vu une émission de No Télé et près de la moitié de celles-ci la regardent chaque semaine ou presque. Dans ce cas, ils sont plus nombreux à choisir de suivre le J.T. ou Exthecimufes.

157Ce qui semble intéresser les spectateurs sont essentiellement les informations ou émissions ayant trait à l’actualité locale.

a

Connaissance de No Télé

a
- Connaissent et ont déjà vu une émission de No Télé : : 90 % - Ont entendu parler de No Télé, mais n’ont jamais vu d’émission : 7,5 % - Ne savent pas ce qu’est No Télé : 2,5 %

Connaissance de No Télé

b

Habitudes de vision par rapport à No Télé

b
Dans l’ensemble de l’échantillon Parmi ceux qui ont déjà regardé No Télé Regardent chaque semaine ou presque 36,4 % 41 % - Deux fois par mois 11 % 12 % - Une fois par mois 5,4 % 6 % - Rarement 17,2 % 19 % - Quand il y a un événement exceptionnel 12,4 % 14 % - Une ou deux fois par hasard 6,7 % 8 %

Habitudes de vision par rapport à No Télé

c

Fréquence de vision des différents programmes

c
Magazoom (programmation du mardi à 20 H) J.T. Exthecimufes - Quasi chaque semaine 16 % 47 % 38 % - Environ deux foix par mois 7 % 11 % 9 % - Une fois par mois 9 % 9 % 8 % - Rarement 24 % 24 % 21 % - Jamais 44 % 9 % 24 %

Fréquence de vision des différents programmes

158Cette dernier question n’a pas été posée aux personnes regardant No Télé uniquement lors d’événements exceptionnels ou par hasard ; les pourcentages concernent un échantillon de 260 personnes.

d

Intérêt pour les émissions

d
Magazoom J.T. Exthecimufes Parmi ceux qui ont déjà regardé, sont intéressés Beaucoup 60 % 66 % 55 % Assez bien 24 % 22 % 31 % Un peu 10 % 6 % 13 % Pas du tout 6 % 4 % 1 %

Intérêt pour les émissions

e

Participation à la télévision communautaire

e
Aimeraient Parmi ceux qui ont regardé au moins une émission Parmi ceux qui regardent chaque fois Parmi ceux qui regardent une semaine sur deux Parmi ceux qui regardent rarement Être interrogé, interviewé sur un problème, un sujet qui tient à cœur 18 % 24 % 27 % 11 % Proposer à No télé de réaliser une émission sur un sujet qui tient à cœur 17 % 20 % 27 % 13 % Présenter à l’écran un sujet qui tient à cœur 6 % 10 % 5 % 2 % Réaliser (avec l’aide de No Télé) une émission sur un sujet qui tient à cœur 14 % 15 % 22 % 11 %

Participation à la télévision communautaire

159Notons que cette enquête ne définit pas l’audience de No Télé (public d’une émission bien précise). Elle révèle un niveau de connaissance très élevé de No Télé chez les téléspectateurs du Tournaisis. Ce résultat - 97,5 % - dépasse de loin tous ceux publiés à ce jour pour les autres TVC belges…

L’équipe

160L’équipe de No Télé comprend 18 personnes : 8 permanents et 11 CST. Le taux exceptionnel de personnel permanent règle le problème de l’adaptation au travail en TVC.

161Parmi les huit permanents, on compte deux techniciens (électroniciens A2), le coordinateur (régent en français), quatre "journalistes-animateurs" provenant pour une bonne part de l’IHECS et un graphiste-décorateur.

162Les onze CST de No Télé sont répartis comme suit : six journalistes animateurs, deux secrétaires, deux techniciens et un graphiste-décorateur.

163Les dimensions réduites de l’équipe imposent une certaine mobilité interne ; aussi existe-t-il une certaine polyvalence : un journaliste doit pouvoir manipuler une caméra, une table de montage, …

Les moyens financiers et matériels

164Pour l’année 1983, le montant total des avoirs de No Télé s’élevait à 16.128.000 francs, dont 5.000.100 de francs provenant du Ministère de la Communauté française, 2.700.000 francs de la Maison de la Culture, 4.104.000, 468.500, 559.250 et 396.250 francs provenant respectivement des communes de Tournai, Antoing, Brunehaut et Celles qui accordent une subvention égale à 250 F par abonné à la télédistribution. L’ONEM intervient pour l’émission Job-Service pour un montant de 2.000.000 francs et, enfin, No Télé a reçu 1.000.000 de francs pour des productions extérieures et des locations de matériel.

165Il faut ajouter l’aide apportée par le télédistributeur qui se traduit par un apport de matériel (faisceau hertzien, etc. et par la Maison de la Culture qui prête locaux et studios, …).

166Le matériel vidéo de No Télé se compose de deux unités complètes de tournage, d’un équipement de montage ad hoc. Le studio dispose de ses propres caméras (2), la régie comprend une table d’effets spéciaux (cache, couleurs, …), un générateur de caractères et un télécinéma 16 et Super 8. No Télé utilise deux T.B.C.

167Enfin, la régie mobile - une camionnette Mercedes réaménagée - regroupe quatre caméras, une unité de montage, le matériel de mixage son-image et … un faisceau hertzien (No Télé peut donc réaliser des émissions "en direct" hors de ses studios). Tout le matériel précité fonctionne sur le standard ¾ pouce U-Matic Broadcasting.

Le câble

168Dès le départ, le télédistributeur Intelouest, devenu par la suite IGEHO, a manifesté un vif intérêt pour No Télé. IGEHO développe son réseau qui touche 40.970 abonnés et devrait atteindre 55.000 foyers dans les prochaines années. Pour un réseau de télédistribution en constitution, l’apport d’une télévision locale professionnelle, uniquement captable par le câble, est un argument supplémentaire pour récolter des abonnements. No Télé dispose depuis mars 1982, bien avant les autres TVC, d’un canal réservé.

Les rapports avec l’administration communale

169La méfiance des premiers jours a disparu rapidement au profit de la bienveillance : la commune de Tournai, suivie par trois autres entités desservies par le câble, apporte une aide financière à No Télé au prorata du nombre d’abonnés (depuis 1981).

RTA-Canal C-Namur

Historique, philosophie du projet

170Malgré ses initiales, RTA (Radio-Télévision-Animation) n’a pas de lien privilégié avec la RTB (comme RTC ou TEAC). À la suite d’un stage vidéo organisé par le S.P.E.J. (Service provincial de la jeunesse) de la province de Namur, dès 1973, des personnes se regroupent en ASBL, avec l’intention de faire appel, entre autres moyens, à la vidéo et à la TVC pour développer des animations (dans des logements sociaux, dans des quartiers défavorisés, dans des écoles, auprès des immigrés, …). Parmi les militants de la première heure on retrouve Maurice Abitbol [45].

171Dès que les portes s’ouvrent pour des expériences de TVC, RTA Jambes (l’association était d’abord basée à jambes) introduit un dossier devant le GRAV. Le projet a une coloration plus communautaire que locale : "RTA a pour objet de favoriser la participation et l’animation par l’expression audio-visuelle et plus spécialement télé-visuelle par câble et circuits fermés, ainsi que de promouvoir et organiser l’utilisation des moyens de télécommunication en les mettant à la disposition de tous sans distinction aucune" [46].

172Si RTA Jambes obtint rapidement l’accord du ministre de la Culture française, le télédistributeur fut plus difficile à convaincre : l’intercommunale mixte, Inatel, gérée par Coditel, s’opposa longtemps à L’injection d’un signal vidéo RTA sur son réseau, avançant des raisons d’ordre technique. RTA ne put entamer ses diffusions sur le câble qu’à partir du 15 avril 1978 (deux ans après Gembloux). Les difficultés ne s’arrêtent pas là : "il faut avoir connu ce qu’on a connu pour comprendre ce que c’est, les TVC en Belgique : la RTBF qui refuse d’abord catégoriquement de nous laisser diffuser nos programmes sur le canal de télé 2 et qui nous accuse plus tard de favoriser la concurrence en émettant sur le canal de RTL" [47].

173RTA Jambes connut des difficultés également au niveau des programmes mensuels alimentés par des vidéogrammes d’expression réalisés par des gens qui, sans aucune expérience de la vidéo partaient la caméra au poing filmer les sujets qu’ils avaient choisi, avec comme résultats une mauvaise qualité technique, aggravée par les faibles performances du matériel.

174En 1982, le passage des émissions sur le Grand Namur et le déménagement de RTA-Canal C dans une grande maison proche de la gare ont donné une nouvelle dimension - et de nouvelles ambitions - à RTA-Canal C, devenue à la fois locale et communautaire. RTA a également développé des activités extérieures à la TVC (on considère à RTA que la télévision est un moyen d’animation parmi d’autres) : formation de travailleurs sans emploi infrascolarisés, animation de quartiers, animations en entreprises, etc., avec du matériel vidéo sonore. D’autre part, le développement de RTA-Canal C imposait l’obtention d’un canal réservé et des possibilités d’injection des programmes depuis le siège de RTA à Namur-Centre. C’est chose faite depuis peu : Inatel a fait suite au désir de RTA, les obstacles "techniques" avancés auparavant par Inatel ont été levés. Le soutien de la ville de Namur a permis tout récemment à RTA de faire poser une ligne de son studio jusqu’à la tête du câble, sur les hauteurs de Champion.

175Pour la programmation, RTA-Canal C a conclu fin 1984, une convention avec le Centre régional de la RTBF et les Facultés Notre-Dame de la Paix à Namur (qui disposent de matériel vidéo et peuvent collaborer notamment à des programmes de formation).

176Fin 1983, RTA apprenait qu’il ne recevra pas de subside du Fond social européen pour ses activités de formation permanente et que le Ministère de l’Emploi et du Travail ne renouvellera pas certains CST. En janvier 1984, les émissions étaient suspendues pour cause d’équipe réduite et de problèmes internes. L’équipe de RTA essaya d’oublier cette mauvaise période en démarrant les programmes de la saison 1984-85 avec des émissions quotidiennes, notamment dans le cadre du festival de Wallonie (dans ce dernier cas, il s’agissait d’une coproduction avec la RTBF et les Facultés Notre-Dame de la Paix).

Situation actuelle

La structure de décision

177L’assemblée générale et le conseil d’administration comprennent des représentants de différents groupes politiques, syndicaux, d’animation culturelle de Namur. Pour la gestion quotidienne, un comité de direction regroupe les responsables des quatre cellules de RTA (animation et productions extérieures, TVC, formation et informatique communautaire : cette dernière développe un télétexte-service-agenda culturel, annonces ONEM, courrier des lecteurs, météo, … - et nourrit le projet d’une banque de données de service local), et deux membres du conseil d’administration ainsi que le coordinateur. À cette structure s’ajoute un comité de programmation qui compte, après la signature de la convention, 18 personnes dont neuf cooptées dans le respect du pluralisme par le premier groupe (représentants de groupes socio-culturels, de comités de quartiers, … namurois).

Les programmes

178La saison dernière, RTA-Canal C diffusait un programme original par semaine, le samedi de 18 à 19H30. Il se composait d’une séquence d’informations locales d’environ 15 minutes (cette partie de l’émission comprend des sujets d’environ trois minutes chacun, présentés par un animateur, précédés par un sommaire avec des images fixes et voix off et suivis par les "brèves" en images fixes et voix off) ; de messages d’intérêt général ; et de l’émission Canal C-Hebdo (plus ou moins 28 minutes), dossier d’intérêt local. C’est dans le cadre de cette émission que peut s’insérer, le cas échéant, un dossier de type communautaire coproduit avec un ou des groupes relais. Le programme se clôture avec un agenda culturel d’environ 15 minutes.

179Suite à la signature de la convention RTA-RTBF-Facultés Notre-Dame de la Paix, le programme a été modifié comme suit :

  • tous les jours de la semaine, excepté le dimanche : télétexte (matin, midi et avant-soirée) ;
  • les lundi, mercredi, vendredi et samedi : relais en direct de l’émission Ce Soir et du J.T. de la RTBF ; suivi - sauf le samedi - d’un quart d’heure d’informations locales produit par RTA (Canal Info ; deuxième édition en milieu de soirée, vers 20H45 - 21H00) ;
  • le lundi à 20H15 : soir Circonférence de presse, Super 8-super câble, A vos fourneaux ou Mémoire ;
  • le mercredi à 20H15 : Transit ; à 20H30 : alternativement Fac - TV présente ou RTBF présente (émission participative, en quelque sorte …) ;
  • le vendredi à 20H15 : Magazine ;
  • le samedi : rediffusion de l’émission du lundi (20H00).

La participation et l’animation

180Deux circonstances ont modifié le travail de RTA dans ce domaine : la complexité du matériel et le déménagement au Centre de Namur. La télévision travaille à un tout autre niveau et tend à laisser la plus grande partie de la production à la charge de l’équipe. Plus question pour les groupes ou les associations de prendre totalement en charge la réalisation de leur vidéogramme : l’équipe de RTA joue un rôle de médiateur entre les idées du groupe et le résultat filmé et assure l’aspect technique (tournage, montage).

L’équipe

181Sur les 38 personnes qui sont employées à RTA (2 permanents, 4 objecteurs de conscience et 32 CST), 22 sont affectées à la TVC (20 en 1982). Cette équipe se partage en réalisateurs, en techniciens et en journalistes-animateurs.

Les moyens financiers et matériels

182Pour l’année 1982, RTA recevait un subside de 2.660.000 francs : 2.350.000 francs du Ministère de la Communauté française et 310.000 francs de la ville (subvention et aide en nature) [48]. Le Ministère a porté en 1984 sa participation à 3.150.000 FB (3.000.000 F en 1983). Selon les derniers chiffres disponibles, le matériel prêté par le même Ministère en 1983 a une valeur de 1.006.0000 francs. Maurice Abitbol estime qu’il faudrait un budget de 30 à 35 millions de francs pour faire "tourner" une TVC comme RTA.

183Le matériel se compose d’un studio (plateau, régie complète avec matériel de diffusion), de quatre unités complètes de reportage (caméra et magnétoscope) et de deux unités de montage (U-Matic standard ¾ pouce).

Le câble (voir ci-dessus). Les rapports avec l’administration communale

184La ville de Namur (coalition PSC - PS) soutient financièrement et matériellement RTA (locaux et charges) mais cette participation reste plus modique que celles dispensées à Tournai ou Charleroi.

185La ville de Namur n’est pas représentée en tant que telle dans les structures de RTA. Son aide n’est pas subordonnée à une quelconque intervention ou participation dans la programmation. Toutefois, la ville ne se prive pas, quand elle l’estime nécessaire, d’user du droit de réponse.

Vervideo - Video 600 - Verviers

Historique, philosophie du projet

186Vidéo 600 est la seule télévision communautaire de quartier en Belgique. Son aire de production est limitée à un quartier de la commune de Dison, dans la proche périphérie de Verviers. Une association, CTL (Culture-Tourisme-Loisirs) se charge de l’animation du quartier et de la défense de l’environnement. Le Centre régional de Verviers du CTL organise des écoles de devoirs, des ateliers créatifs, etc. En 1974, l’équipe du CTL fait l’acquisition d’un matériel vidéo-portable (Portapack) utilisé comme instrument d’animation et d’expression.

187Quand le ministre Henri-François Van Aal annonce le lancement de quelques expériences TVC, la section de Verviers du CTL dépose un projet de télévision communautaire de quartier. Verviers est une ville qui a connu la disparition progressive des industries textiles, et dont certains quartiers sont dans un état de vétusté avancée. Le projet CTL s’appuyait sur la rénovation d’un vieux quartier ouvrier appelé "le quartier des 600 fabriques" (d’où l’appellation Vidéo 600). Cette réhabilitation devait se faire progressivement : les bâtiments devaient être restaurés un à un, en sorte qu’aucune famille ne doive quitter la commune de Dison.

188Le projet s’inscrivait tout naturellement dans cette rénovation "non violente" et devait permettre aux gens de prendre connaissance de l’évolution des travaux, de s’exprimer, de recréer la place publique (l’ensemble de ce quartier comprend 2.500 habitants).

189La première émission est diffusée le 17 juin 1978, après de longues discussions avec le télédistributeur, Coditel, pour les mêmes raisons qu’à Namur (RTA). Mais Vidéo 600 n’était pas au bout de ses peines : la rénovation qui justifiait la faible base de l’expérience traîne, la programmation s’épuise, les sujets traités - chaque mois - tournent autour de problèmes de logement (location, isolation, …) et Vidéo 600 s’essouffle tout doucement.

190L’équipe cherche à réorienter la télévision vers l’information (très) locale : présence à toutes les manifestations de quartier, enquête auprès des habitants pour connaître leurs besoins en "émissions-services", développement de l’animation de quartier par la vidéo hors du contexte de la rénovation. En 1980, la diffusion déborde le quartier des 600 fabriques pour toucher Verviers. Jusque-là, Vidéo 600 diffuse des images en noir et blanc de médiocre qualité. En 1981, l’équipe composée jusqu’alors de 4 chômeurs mis au travail (CMT) est renforcée par 8 CST (Vidéotrame). De plus, sur initiative du Ministère de la Communauté française, Vidéo 600 obtient, comme les autres TVC, un nouveau matériel ¾ pouce U-Matic couleur en prêt.

191D’un autre côté, le responsable de Vidéo 600, Paul Dacier, est persuadé que la TVC de Dison devra accroître son aire de production aux dimensions du Grand Verviers pour ne pas être oubliée dans un éventuel projet d’institutionnalisation des expériences de TVC. Paul Dacier a entamé d’infructueuses démarches avec Verviers afin d’obtenir une nouvelle signature à la convention quadripartite, sans reconsidérer les structures non pluralistes de Vidéo 600 (qui s’appuie juridiquement sur le CTL). À cela s’ajoutent des problèmes internes qu’ont connus toutes les TVC au moment de l’élargissement de leur équipe.

192Passé cette phase difficile, l’équipe de Vidéo 600 entame de longues négociations en vue de devenir la télévision locale et communautaire de Verviers, Pepinster et Dison. À cet effet, Vidéo 600 doit reconsidérer sa structure pour répondre à l’exigence de pluralisme. C’est pourquoi, le CTL/Verviers propose aux échevins de la Culture de Dison (majorité PS), de Verviers (coalition PSC-PRL), et de Pepinster (coalition PRL-PS-ECOLO) un texte de proposition de statut et de règlement d’ordre intérieur qui reçoit en avril 1984 leur accord de principe. Toujours à l’initiative du CTL/Verviers, un second groupe de travail composé de représentants d’organisations d’éducation permanente et de syndicats se met en place et étudie depuis le mois d’août dernier le texte du CTL.

193Entretemps Vidéo 600 continue de diffuser des programmes à intervalles de plus en plus rapprochés : depuis septembre 1983, le rythme hebdomadaire a été maintenu jusqu’aux vacances d’été.

194Depuis 1981, Vidéo 600 a signé une convention avec la RTBF Liège (RTC-Canal Plus et Canal Emploi en font aussi partie). Cet accord n’apporte guère de changement aux programmes de Vidéo 600, si ce n’est la diffusion ponctuelle d’un vidéogramme cédé par la RTBF.

195Point de J.T. produit par la RTBF sur le réseau verviétois ; l’émission Liège midi 30 ne couvre que l’actualité liégeoise et les réseaux des deux villes ne sont pas connectés. La collaboration reste donc limitée.

Situation actuelle

La structure de décision

196L’ASBL CTL dont le siège est à Bruxelles est la structure juridique porteuse de Vidéo 600 qui néanmoins, bénéficie d’une autonomie de facto. Un conseil de gestion composé de 5 membres (CTL régional) prend toutes les décisions concernant la télévision (engagement, politique des programmes, …).

197Il est prévu la création prochaine d’une structure juridique propre pour la TVC qui répondra à des critères de pluralisme nécessaires à l’élargissement de la convention quadripartite à Verviers et Pepinster.

198Les communes et les associations de formation permanente seraient présentes au sein d’un conseil d’administration auquel les choix d’un conseil de programmation seraient soumis pour approbation.

Les programmes

199Les programmes sont actuellement diffusés sur tout le territoire de Verviers mais ne concernent que le quartier des 600 fabriques à Dison. La diffusion est hebdomadaire : tous les samedi à 13H00. Un sommaire (présenteur face-caméra) précède des vidéogrammes comprenant des informations locales, des infos-service ou destinées à renseigner les consommateurs, et l’agenda culturel.

200L’émission dure environ 45 minutes. Une fois par mois, elle est remplacée par une émission-débat (un vidéogramme d’environ 20 minutes et un débat de plus ou moins 25 minutes) sur des thèmes tels que les handicapés dans les logements, etc.

201Dans le nouveau statut, Vidéo 600 qui changera sans doute de nom, programmera des émissions d’information locale, d’info-service/consommation, de séquences d’éducation permanente.

-La participation et l’animation

202Vidéo 600 travaille en collaboration avec des groupes et réalise avec eux des vidéogrammes (pour les débats par exemple), mais l’accès au câble ne débouche pas sur une émission spécifique (comme "Canal Ouvert" à RTC-Canal Plus).

203Il faut signaler par ailleurs que les activités du CTL de Verviers ne se limitent pas à la TVC : il y a aussi l’animation d’un terrain d’aventure, d’une maison de quartier, …

204Une certaine osmose s’établit entre ces animations.

L’équipe

205L’équipe de Vidéo 600 comprend 9 personnes sous statut de CST : 1 réalisateur, 4 animateurs (dont 1 photographe de formation, un assistant social, …), 1 graphiste, 1 journaliste (IHECS), 1 secrétaire-comptable.

Les moyens financiers et matériels

206Vidéo 600 a reçu en 1984 un subside de 1.575.000 francs du Ministère de la Communauté française et de 600.000 francs du Ministère de la Région wallonne (pour deux vidéogrammes respectivement sur l’emploi et l’environnement). En outre, le ministre de la Communauté française "prête" du matériel pour une somme de 783.000 F (en 1983) et de 100.000 F (en 1982).

207En matériel, Vidéo 600 dispose de l’équipement pour 3 unités (caméra + magnétoscope), un banc de montage complet, les régies ad hoc et une table d’effets spéciaux (U-Matic 3/4 pouce standard).

Le câble

208Dans un premier temps, Vidéo 600 diffusait ses programmes sur le seul quartier des 600 fabriques (soit 450 foyers). Le "bouchonnage" du réseau a été fait par Coditel aux frais de Vidéo 600. Depuis 1981, les images de Vidéo 600 parviennent dans tous les foyers de Verviers reliés au réseau Coditel (46.000 prises) sur le canal de télé 2. L’injection du signal se fait depuis les locaux de Vidéo 600, via une ligne qui mène à la tête du câble, au pied de l’antenne.

Les rapports avec l’administration communale

209Vidéo 600 entretient de bons rapports avec la commune de Dison (signataire de la convention quadripartite). Par contre Verviers et Pepinster ont longtemps manifesté de la méfiance à l’égard de Vidéo 600. Un changement de structure de Vidéo 600 pourrait modifier l’attitude des autorités communales de Verviers et de Pepinster qui sont intéressées par une télévision locale et communautaire pluraliste.

Canal emploi-Liège

Philosophie du projet, historique

210Canal Emploi occupe une place particulière parmi les TVC belges car elle est la seule expérience focalisée sur un public très défini : les travailleurs sans emploi. La TVC n’est qu’un des aspects des activités de Canal Emploi ; des cycles de formation sont organisés par ailleurs.

211Le projet de Canal Emploi qui faisait partie de celui de RTC-Canal Plus, fut finalement présenté comme projet autonome, dépendant juridiquement de l’ASBL le Foyer Culturel du Sart Tilman.

212Il était entendu que Canal Emploi bénéficierait d’une large autonomie au sein de cette association. En 1975, l’Université de Liège cherchait à s’ouvrir sur la région et ses problèmes socio-économiques. Elle s’adresse à la Fondation André Renard, à l’I.S.C.O. (Institut supérieur de Culture ouvrière) pour chercher une réponse aux besoins de formation des sans emploi en faisant appel aux ressources de la vidéo et du câble. Le Ministère de la Culture française s’intéressera à ce projet sans pour autant donner l’accès au câble à Canal Emploi ; ce dernier projet devait donc se réaliser via RTC-Canal Plus. Les premières émissions de Canal Emploi furent diffusées le 22 septembre 1978. Au départ, les programmes s’orientaient vers les émissions donnant la parole aux travailleurs privés de leur emploi, les émissions-service (conseil juridique, …), les émissions d’éducation (réinsertion professionnelle des chômeurs) et les émissions d’analyse (sur la situation économique).

213On reconnaît volontiers à Canal Emploi que la diffusion sur le câble d’une émission de formation ne suffit pas ; cela exige une attention soutenue et il n’y a aucun feed-back. Canal Emploi a donc développé des activités qui font appel à la vidéo, mais pas nécessairement au câble. Ainsi :

  • des cycles de formation de mise à niveau : qui consistent en l’apprentissage du français pratique, de notions d’économie (chèque, emprunt) etc. "Il faut savoir que 60 % des chômeurs n’ont pas dépassé le stade de l’école primaire" [49]. Environ 3.000 personnes ont suivi ces cycles depuis 1979 ;
  • un cycle de télé-formation (1980-1981) : ce cycle est notamment suivi par des personnes qui ont achevé la "mise à niveau". La télé-formation est en quelque sorte l’enseignement "de la seconde chance". Chaque cycle comporte une centaine d’heures. Trente heures de cours sont diffusées sur le câble (un même cours est diffusé cinq fois par semaine). Une cinquantaine d’heures de formation sont dispensées dans les locaux de Canal Emploi et vingt heures sont consacrées au travail et au suivi individuel. Ce cycle allie l’emploi souple des moyens audio-visuels et les cours collectifs et individuels.
  • l’alphabétisation : cette activité est située en amont de la "mise à niveau" "il arrive que les personnes qui viennent pour suivre un cycle de "mise à niveau" ne soient pas ou peu alphabétisées" "nous avons donc été amenés à nous préoccuper de cela. (C’est un secteur que nous ne comptons pas développer, car de nombreuses associations s’en chargent déjà").
  • ateliers régionaux : ces ateliers sont développés avec le concours financier du Fonds social européen. Ils ont pour objectif d’aider ceux qui veulent créer leur propre emploi : (comme indépendant). Ce cycle comprend une formation aux notions du droit des entreprises, à la comptabilité, etc. Ces différents secteurs font appel à l’audio-visuel et peuvent, selon les objectifs, avoir un prolongement sur le câble (cf. Télé-formation). Pour l’avenir, Canal Emploi souhaite devenir un canal éducatif à part entière.

214Pour promouvoir ses activités et sensibiliser le public, chômeur ou non, aux problèmes de l’emploi, Canal Emploi produit un magazine hebdomadaire qui permet aussi de mieux faire connaître les activités hors câble de cette expérience.

Situation actuelle

La structure de décision

215L’ASBL Le Foyer culturel du Sart Tilman est la structure juridique de Canal Emploi. Le conseil de gestion, outre ses autres fonctions, émet un avis sur les projets des émissions et sur les émissions diffusées. Il comprend des représentants de l’Université de Liège (des tendances politiques sociale-chrétienne et socialiste du Foyer culturel du Sart Tilman).

Les programmes

216Canal Emploi diffuse un magazine hebdomadaire tous les vendredi de 13H00 à 14H00, qui est rediffusé le mardi suivant aux mêmes heures. Ce magazine comporte des offres d’emploi, des reportages sur les aspects socio-économiques (Cockerill …), des séquences services sur des problèmes médicaux (les enfants, la consommation de médicaments, …), des séquences sur des problèmes de formation (quels sont les réseaux existants, les formations prérequises, …), une séquence culturelle (présentation d’un film qui passe dans une salle liégeoise avec bande annonce) et un dossier d’environ 20 minutes suivi d’un débat en direct (les téléspectateurs peuvent téléphoner).

La participation et l’animation

217Canal Emploi n’a pas de programme réservé à l’expression des personnes ou des groupes : c’est le rôle de RTC. "Cela ne signifie pas que l’expression de la population des chômeurs n’existe pas, mais Canal Emploi conserve la maîtrise de l’ensemble de la programmation".

L’équipe

218Canal Emploi a une équipe importante : 85 personnes dont 22 sous contrat d’emploi. Une équipe de 26 personnes est affectée à la production vidéo et à la TVC.

Les moyens financiers et matériels

219Il faut distinguer dans les ressources financières de Canal Emploi celles qui sont dévolues au travail de TVC et celles qui soutiennent les autres activités. Le Ministère de la Communauté française attribue pour 1984 1.715.000 francs pour Canal Emploi TVC et 13.000.000 de francs pour Canal Emploi-formation permanence, télé-formation. Le Fonds social européen dispense de son côté une aide de 37.000.000 de francs (l’équivalent des subsides nationaux, CST compris).

220Le matériel comporte trois unités ENG (Electronic News Gathering) ; 1 U-Matic 3/4 pouce standard et 2 U-Matic 3/4 pouce Broadcasting. Le matériel de montage comprend 3 bancs U-Matic standard (les montages en Broadcasting se font dans une société indépendante).

Le câble

221Les émissions Canal Emploi sont diffusées sur le câble via RTC-Canal Plus.

Les rapports avec l’administration communale

222Canal Emploi n’a aucune relation avec les autorités communales.

TV Com-Ottignies

Historique et philosophie du projet

223Bien qu’elle soit située dans l’entité d’Ottignies-Louvain-la-Neuve, TV Com n’est pas un projet d’origine universitaire. Les fondateurs de TV Com habitaient surtout à Ottignies.

224En 1976, une ASBL a été créée par 21 groupes de la région d’Ottignies-Louvain-la-Neuve (y compris Mont-Saint-Guibert et Court-Saint-Etienne) dans le but de constituer une TVC contribuant à la transformation de la société. Cette vision radicale excluait la représentation de la commune et des partis politiques en tant que tels au sein des structures de la future TV Com. Le bourgmestre de la commune M. du Monceau de Bergendael (PSC) quant à lui, pour donner son accord au projet, réclamait un droit de regard sur les programmes diffusés. L’association songe un moment à abandonner son projet de TVC et à s’adonner exclusivement à la vidéo-animation. Finalement l’ASBL TV Com fut constituée le 29 septembre 1979 et son conseil d’administration comprenait un représentant de la commune d’Ottignies.

225En cinq ans, TV Com a développé un programme très comparable à celui des autres TVC : informations locales, agenda culturel et expression des groupes.

226Un télétexte en diffusion continue Cécile est émis depuis janvier 1983. À côté de ces activités de diffusion, TV Com organise des stages d’initiation à l’audio-visuel et des activités vidéo dans les écoles.

227Si TV Com dispose à présent du matériel nécessaire pour produire des émissions de bonne qualité technique (studio, caméra couleur, magnétoscope 3/4 pouce U-Matic standard), la diffusion pose encore certains problèmes : l’équipe de TV Com doit aller injecter le signal vidéo au pied de l’antenne du réseau Unerg, le matériel dans le coffre d’une voiture. Impossible de faire du "direct".

228TV Com a connu, comme bien d’autres TVC, une crise de croissance. Par l’engagement de CST, l’équipe est passée de 10 à 16 personnes. La coordination de l’équipe a changé de titulaire. Deux cellules, formation et production, ont été constituées. Des conflits de compétence entre les équipes des deux cellules se sont superposés à des conflits de "génération" entre les "anciens", militants de la TVC et formés sur le tas, et les nouveaux arrivés diplômés des écoles de communication audio-visuelle.

229La programmation a été alors confiée à un comité de programmation composé de 3 membres du conseil d’administration, l’équipe ayant voix consultative. Le conseil d’administration est intervenu également dans le recrutement et la définition des fonctions des membres de l’équipe.

Situation actuelle

La structure de décision

230L’assemblée générale et le conseil d’administration de l’ASBL TV Com comprend, en nombre égal, des représentants des associations à vocation locale (par exemple, dans la surface de Limelette, de la ville d’Ottignies-Louvain-la-Neuve), des représentants des associations à vocation régionale (par exemple de Vie Féminine, de la Ligue des familles, du PAC, …) et des représentants des associations de Louvain-la-Neuve (comme le groupe vidéo de Louvain-la-Neuve, Radio Louvain-la-Neuve, le Groupe de sociologie wallonne).

231L’assemblée générale rassemble une cinquantaine de personnes, le conseil d’administration est composé de 15 personnes.

Les programmes

232La micro-informatique permet à TV Com de diffuser un télétexte Cécile depuis janvier 1983. Actuellement, le télétexte est diffusé tous les jours de la semaine, entre 15 et 24H00.

233Le passage des programmes de TV Com sur un canal propre début janvier 1985 a permis de reculer les émissions de l’heure de midi vers l’avant-soirée.

  • Le mardi à 18H00 : les informations locales et régionales.
  • Le jeudi à 18H00 : roulement de quatre émissions : un dossier réalisé par l’équipe de TV Com sur un sujet d’actualité locale (ex. : les logements sociaux) ; une émission "participative" ; une production extérieure (provenant d’une autre TVC, …) et plusieurs séquences magazine.
  • Le samedi à 17H00 : rediffusion du programme des mardi et jeudi.

La participation et l’animation

234Une semaine sur quatre, TV Com propose aux associations ou aux groupes qui en font la demande de s’exprimer sur le câble. L’équipe de TV Com aide les groupes à scénariser le sujet qu’ils souhaitent traiter et procède à la réalisation technique - tournage et montage - du vidéogramme. Ces émissions d’expression ne sont pas toujours le fruit d’une demande spontanée ; "il arrive aussi que TV Com stimule la mise sur pied occasionnelle d’un groupe pour traiter d’une question".

Un document d’évaluation

235À deux reprises, en novembre 1982 et en octobre 1984, le Groupe de sociologie wallonne de l’UCL a réalisé une enquête par sondage portant respectivement sur des échantillons de 807 et 699 personnes. Bien que de portée limitée - elles ne mesurent pas l’audience proprement dite -, ces études fournissent une idée de l’évolution du public occasionnel ou permanent.

tableau im7
Connaissance de TV Com 1982 1984 Connaissent TV Com 63,2 % 60,5 % Ne connaissent pas TV Com 36,78 % 39,5 %
tableau im8
Regardez-vous des émissions de TV Com ? 1982 1984 Jamais 74,10 % 59,4 % C’est arrivé 19,8 % 27,0 % Souvent 4,96 % 9,0 % Chaque fois 0,62 % 1,6 % Sans réponse 1,24 %
tableau im9
Parmi ceux qui ont regardé au moins une émission de TV Com, vers quel type de programme va leur préférence ? 1982 1984 Les informations 32,1 % 11,8 % Les dossiers 21,3 % 4,7 % Emissions des groupes et des associations 42,0 % 78,7 % Autres 4,6 % 4,7 %

236Comme le site de Louvain-la-Neuve est peu câblé, l’analyse du sondage publié en 1984 ne porte que sur les habitants des zones avoisinantes (échantillon de 256 personnes).

237Il semble donc y avoir un statu quo au niveau de la connaissance de TV Com, malgré l’augmentation de l’offre de programmes (en 1982, il y avait une émission mensuelle en couleur) et la campagne de promotion pour le télétexte Cécile. En revanche, 38 personnes sur 100 déclarent avoir régardé au moins une fois une émission de TV Com en 1984, contre 25 sur 100 en 1982. Cette croissance sensible de l’auditoire s’accompagne d’une polarisation des goûts du public sondé.

L’équipe

238L’équipe comprenait, - en août 1984 – 10 personnes : 9 CST et 1 permanent, 8 personnes ont été engagées à la rentrée, sous un statut de CST. La formation des membres de l’équipe correspond généralement au travail qu’ils assurent : un ingénieur-technicien s’occupe du matériel, l’équipe de réalisation compte un ingénieur du son (IAD), un réalisateur (INSAS), un photographe, un licencié en communication sociale (UCL) et une institutrice.

Les moyens financiers et matériels

239Le Ministère de la Communauté française attribue pour 1984 un subside de fonctionnement de 2.257.500 francs (2.150.000 en 1983). La ville d’Ottignies-Louvain-la-Neuve, longtemps distante à l’égard de TV Com subsidie la TVC en achetant des pages d’information municipale sur le télétexte. En 1983, TV Com avait reçu un subside de 25.000 francs (le premier). Cette nouvelle attitude est liée à la présence dans le collège de bourgmestre et échevins de l’une des fondatrices de TV Com (l’échevin des finances). Quelques petits subsides ont été obtenus pour la formation (initiation à l’audio-visuel, stages dans les écoles). L’ONEM participe aux frais de fonctionnement du télétexte (300.000 francs pour 1983).

240TV Com dispose depuis la fin 1983 d’un studio, ainsi que de l’équipement de régie image et son, d’une table d’effets spéciaux, d’un banc de montage complet et du matériel nécessaire pour composer deux unités légères de prise de vue et d’enregistrement en vidéo. Comme presque partout le standard est le 3/4 pouce U-Matic … + TBC.

Le câble

241Le réseau de télédistribution d’Ottignies (et des communes environnantes) appartient à Brutélé ; sa gestion est confiée à Unerg (intercommunale mixte). TV Com entretient avec ce dernier d’excellents rapports. TV Com dispose depuis la mi-janvier 1985 d’un canal réservé.

242TV Com touche 33.000 foyers dans les communes de Lasnes, Waterloo, Rixensart, La Hulpe, Court-Saint-Etienne, Ottignies-Louvain-la-Neuve, Genappe.

Les rapports avec l’administration communale

243Les rapports entre la ville d’Ottignies et TV Com ont longtemps été très froids. Cela dura jusqu’à 1982-1983, où une certaine ouverture se substitua à l’indifférence.

Antenne Centre-La Louviere

Historique et philosophie du projet

244Antenne Centre est la plus jeune télévision locale et communautaire, elle a diffusé ses premiers programmes le 18 décembre 1982.

245Vers 1978, un animateur du Foyer culturel louvièrois, Centre d’Etudes socio-culturelles d’Information et de Formation Service, ESCIFS se préoccupe de la présence nombreuse de matériel vidéo dans les associations, les écoles, … À l’issue d’une enquête sur les besoins en audio-visuel de l’entité, les personnes et les associations intéressées forment une commission audio-visuelle au sein du Centre ESCIFS, où germe l’idée d’une télévision locale et communautaire.

246Le projet dont l’étude est réalisée par un groupe de travail en 1980-1981, est présenté par le Foyer culturel au Ministère de la Communauté française. La convention quadripartite est signée fin septembre 1982. Entretemps, les ASBL Centre ESCIFS, Théâtre communal louvièrois et Foyer culturel des Deux Haine ont constitué ensemble un centre culturel classé en juillet 1983 comme Maison de la Culture. Cette dernière est actuellement la structure juridique dont dépend Antenne Centre.

247La commune de La Louvière participe financièrement et matériellement à l’expérience. Cette situation est comparable à celle de No Télé.

248La programmation bimensuelle d’Antenne Centre s’articule autour de l’information locale et de l’expression des groupes. Il s’agit encore d’un programme minimum car Antenne Centre est toujours dans une phase de développement. L’équipe s’est étoffée de 10 à 17 personnes, un studio vient d’être aménagé.

249Les programmes sont injectés au pied de l’antenne du réseau IDEA à Bellecourt, loin des locaux de la télévision. Antenne Centre négocie avec la RTT l’autorisation d’exploiter un faisceau hertzien. Des émissions en direct et une programmation hebdomadaire seront alors envisageables.

250Antenne Centre dispose d’ores et déjà d’une grande latitude de travail car elle bénéficie d’un canal réservé, occupé en permanence, en dehors des émissions, par un télétexte à défilement continu : Ritournelle. Ce dernier diffuse 48 pages d’information service, d’agenda culturel et d’offres d’emploi.

251Dès que les circonstances matérielles le permettront la télé louvièroise développera un troisième axe de travail : la formation permanente. Antenne Centre compte également étendre son aire de production, limitée pour le moment à l’entité de La Louvière (l’aire de diffusion couvre également Le Roeulx, Binche, Manage, Morlanwez, Anderlues, Estinnes, Seneffe, Erquelinnes), ce qui implique la signature d’une (ou de plusieurs nouvelle(s) convention(s) quadripartite(s), avec participation financière des communes intéressées.

Situation actuelle

La structure de décision

252Antenne Centre dépend structurellement de la Maison de la Culture de La Louvière. Pour les activités liées à la télévision, les instances de la Maison de la Culture délèguent certains pouvoirs à un comité de gestion pluraliste, que préside Jean-Pierre Hubert (président de la Maison de la Culture et aussi échevin de la Culture de La Louvière et directeur du Centre culturel du Botanique à Bruxelles) et qui comprend : 9 représentants des partis politiques représentés au conseil communal ; 11 représentants des associations ; 1 représentant de la RTBF ; 1 délégué du Ministère de la Communauté française (M. Deprez) ; 1 représentant du télédistributeur (IDEATEL) ; 2 personnes de l’équipe : la coordinatrice et un animateur ; 2 représentants de la Maison de la Culture et 2 représentants de la commission de l’audio-visuel de la Maison de la Culture.

253Ce comité de gestion établit chaque mois un rapport d’évaluation sur les programmes diffusés, accepte - ou refuse - les projets d’émissions communautaires et certains projets d’émission-dossier (l’équipe décide du contenu des informations locales et culturelles).

Les programmes

254Les programmes d’Antenne Centre sont diffusés 2 samedi par mois (le 2e et le dernier) à 12H00, et rediffusés le dimanche et le lundi suivants respectivement à 11H00, à 18H00 et 22H30. Ils ont une durée de 60 minutes à 1H30. Les émissions se divisent en trois parties :

  • Les actualités : séquences de 2 à 5 minutes sur les événements qui touchent l’entité (avec présentation face-caméra) ;
  • Le magazine : vidéogrammes traitant de sujets plus intemporels ("Mémoires des rues" : série sur l’origine du nom de quelques rues), soit des émissions de type communautaire. Cette partie peut comporter plusieurs vidéogrammes ;
  • Eclats : agenda culturel illustré par des interviews et des images (extraits de pièces, …)

Un document d’évaluation

255Une enquête a été réalisée début 1984 [50]. L’évaluation est basée sur un sondage réalisé auprès de 100 personnes. Cet échantillon est relativement représentatif de la population louvièroise selon les critères d’âge, de localisation, de profession, de nationalité (belge-étranger).

25688 % des personnes interrogées ont entendu parler d’Antenne Centre ; 51 % affirment connaître les jours de diffusion des programmes.

257À la question "Quand regardez-vous les émissions d’Antenne Centre ?" 14 % répondent tous les 15 jours, 18 % une fois par mois, 1 % une fois tous les deux mois, 17 % très rarement et 50 % jamais. 31 % des personnes de l’échantillon déclarent se souvenir d’une séquence ou d’un reportage.

258Les émissions les plus souvent citées sont aussi les plus anciennes.

259Quant au télétexte (qui venait juste de démarrer au moment de l’enquête), 61 % des personnes interrogées avouent ne pas le connaître, 27 % l’ont regardé au moins une fois.

260Enfin, 21 % des personnes interrogées aimeraient proposer à Antenne Centre un sujet à réaliser, 13 % sont prêtes à le présenter elles-mêmes devant la caméra et 11 % veulent bien en mener la réalisation.

261Comme pour le sondage de TV Com à Ottignies l’étude ne porte pas sur l’audience des émissions des TVC.

La participation et l’animation

262Tout groupe ou toute association désireux de réaliser une émission doivent en faire la demande auprès du comité de gestion d’Antenne Centre qui n’a jamais opposé de refus ; jusqu’à ce jour, 9 émissions communautaires ont été diffusées par Antenne Centre. La participation est donc plutôt timide. Antenne Centre compte développer l’axe communautaire de ses programmes tout en se montrant plus critique dans l’examen des demandes, pour éviter des séquences d’auto-promotion.

L’équipe

263L’équipe d’Antenne Centre comptait, - en août 1984 – 17 personnes (deux permanents, deux objecteurs de conscience, une CMT et 12 CST. Elle atteint maintenant les 20 personnes grâce à l’apport, fin 1984, de nombreux CST. Le recrutement des personnes se fait par examen.

Les moyens financiers et matériels

264Pour l’année 1983, Antenne Centre a reçu un subside de 1.700.000 F du Ministère de la Communauté française, ainsi qu’une aide de 780.000 F de la commune de La Louvière (10 F par habitant).

265Le matériel "prêté" par la Communauté française en 1983 a une valeur de 1.028.000 F.

266La commune apporte une aide matérielle substantielle : elle "prête" du matériel vidéo et donne en commoda des locaux (une ancienne maison communale).

267Le matériel vidéo utilisé : le standard 3/4 pouce U-Matic. L’équipe d’Antenne Centre dispose de deux unités portables complètes, d’un banc de montage complet, le TBC, d’une régie complète (image sur table d’effets spéciaux). Antenne Centre disposera prochainement de deux unités portables et d’un banc de montage supplémentaire, adaptés au standard 3/4 pouce U-Matic Broadcasting.

Le câble

268Les programmes d’Antenne Centre sont diffusés sur le réseau d’IDEATEL (intercommunale pure), lequel regroupe 47.000 abonnés dans la région du Centre (La Louvière, Le Roeulx, Binche, Manage, Morlanwez, Anderlues, Estinnes, Seneffe et Erquelinnes). Le télédistributeur n’a guère manifesté d’enthousiasme pour l’expérience TVC de La Louvière ; il a néanmoins accordé un canal réservé. L’injection des émissions sur le câble se fait toujours dans un local au pied de l’antenne du réseau. Un faisceau hertzien devrait autoriser la diffusion d’émission en direct depuis les locaux d’Antenne Centre.

Les rapports avec l’administration communale

269La commune de La Louvière (majorité PS), favorable à Antenne Centre participe à l’expérience.

270L’échevin de la Culture Jean-Pierre Hubert est président du conseil de gestion d’Antenne Centre.

Le cas de Bruxelles

271À Bruxelles, deux expériences avaient reçu dès 1976, l’assentiment du Ministère de la Culture française : Vidéo Saint-Josse et Wolu Vision. Elles n’ont pas connu de réalisation suite à l’opposition du ministre de la Culture flamande, qui partageait alors avec son collègue francophone la responsabilité des organismes culturels bruxellois ne relevant pas exclusivement de l’une ou l’autre communauté. Le ministre de la Culture flamande refusa de signer la dérogation à l’A.R. du 24 décembre 1966 prévue par l’A.R. du 4 mai 1976 en arguant qu’il ne pouvait autoriser aux francophones de Bruxelles ce qui est interdit aux Flamands de la même ville.

272En 1981, "quelques personnes impliquées dans la politique de l’audio-visuel" (Henry Ingberg, Michel Franssen, Bernard Debroux, …) entreprennent de contourner le veto flamand au sein d’une nouvelle ASBL Etude pour une nouvelle télévision communautaire à Bruxelles (ETB). La solution paraît simple : pourquoi ne pas diffuser les programmes d’une TVC bruxelloise via la RTBF ? Les télédistributeurs seraient également obligés de les transmettre et la RTBF a tout le loisir de confier "des émissions de radio et de télévision aux associations et aux fondations reconnues à cette fin (art. 26)" [51].

273La stratégie d’ETB comportait deux étapes : la constitution d’une ASBL Télé Bruxelles et la conclusion d’une convention entre la RTBF et Télé Bruxelles pour la diffusion des programmes.

274Le 18 mai 1982, l’ASBL Télé Bruxelles est créée. Bernard Debroux annonce cinq axes pour la programmation de la future TVC :

  • les émissions communautaires, réalisées ou non par des groupes audio-visuels extérieurs (Vidéobus, Vidéo Saint-Josse, …)
  • les émissions d’information composées de dossiers réalisés par l’équipe ou d’émissions de la RTBF (rediffusions) ;
  • les émissions service : agenda culturel, informations sociales, offres d’emploi ;
  • les émissions artistiques et culturelles ;
  • des programmes de formation et d’éducation permanente.

275Quelques émissions-test ont été réalisées.

276Il était prévu également que la RTBF apporte une aide substantielle pour le matériel (3/4 pouce U-Matic Broadcast) et que le Crédit Communal cède des locaux dans le passage 44. La transmission des programmes devait être réalisée par la RTBF, qui envisageait un système de liaison hertzienne vers les trois têtes de câble (Coditel, Radio Public et Brutélé).

277Télé Bruxelles devait fonctionner avec une équipe de dix personnes et un budget de 20 millions. Bernard Debroux annonçait le début des programmes pour 1983.

278La composition du conseil d’administration de l’ASBL, "un regroupement de personnes compétentes dans le domaine de l’audio-visuel et représentatives des différentes tendances, opinions et sensibilités en vigueur dans la Communauté française et particulièrement à Bruxelles" ne semble pas agréer tout le monde, ainsi "il (le cabinet du ministre de la Communauté française) met en balance son soutien (notamment financier) au projet avec une participation des membres plus politique, calquée sur un modèle arithmétique adapté au pourcentage des élus dans l’ensemble de la Communauté française" [52]. Le conseil d’administration ne devait, dans cette optique, réunir que des hommes politiques, des représentants de la RTBF et des commissaires de l’Exécutif de la Communauté française. Les associations étaient donc exclues de la gestion d’une télévision aux programmes de laquelle elles étaient conviées à participer. Ce blocage se prolongera jusqu’en juin 1984.

279Après des négociations politiques (notamment avec un groupement d’associations, Coordination pour une TVC bruxelloise démocratique, soutenu par le mouvement Ecolo), une nouvelle répartition du conseil d’administration reçoit l’assentiment général : 9 administrateurs sont désignés par l’Exécutif, 9 représentants des associations socio-culturelles de la région bruxelloise et 3 de la RTBF [53]. Il était prévu que Télé Bruxelles reçoive, de la Communauté française pour 1984, un subside de 2.600.000 francs.

280Début 1985, Michel Jocquet est nommé directeur de Télé Bruxelles. Il est notamment chargé de :

  • définir un projet (grille des programmes, négociation pour le canal de diffusion, association, …) ;
  • mettre en place une structure (trouver des locaux, du matériel, faire des démarches administratives, …).

281Un conseil de programmation a été également constitué ; selon Michel Jocquet, il doit "élaborer, sur proposition du directeur, une grille des programmes qu’il soumettra à l’approbation du conseil d’administration".

282Ce conseil de programmation est composé de membres permanents (les membres du bureau et deux représentants du Centre de production de Bruxelles de la RTBF ; les membres du C.A. hors bureau, représentant des associations socio-culturelles plus des représentants d’associations socio-culturelles non membres du C.A., cooptées par les deux catégories ci-dessus) et de membres invités pour leur compétence ou leur implication dans un domaine particulier traité par le CP.

283Par ailleurs, des discussions se poursuivent entre les représentants de Télé Bruxelles et de la RTBF pour définir les relations futures concernant, notamment :

  • le canal de diffusion (canal partagé ou canal propre ; TV 5 ou Télé 2) ;
  • l’aide en matériel ;
  • la cession de locaux (éventuellement à Flagey pour le studio, la rédaction et l’administration devant se situer dans une maison propre à Télé-Bruxelles) ;
  • le soutien en personnel.

284La part effective de la RTBF dans la programmation de Télé Bruxelles - y fera-t-elle toute l’information ? - sera également négociée à cette occasion.

285Ces discussions conclues, un calendrier précis pourra être élaboré pour le démarrage des programmes. On parle de l’automne prochain.

286Concernant le financement, Georges Désir indiquait que Télé Bruxelles ne pouvait se contenter du seul apport de la Communauté française et qu’un soutien du secteur privé devait être envisagé : "Il y a une majorité favorable à la sponsorisation dans notre groupe. Actuellement, la législation l’interdit mais la loi peut changer et nous n’écartons pas l’hypothèse que des firmes commerciales financent un jour nos productions. Nous pouvions aussi imaginer des "messages d’intérêt général" typiquement régional" [54].

287Parallèlement à ces tractations, un autre projet de TVC était développé à Forest avec le soutien de l’échevin de la Culture M. Boschloos et de Pierre Houtmans, responsable de Radio Contact. Ce projet est actuellement "en attente".

Conclusions

288Le temps des expériences est terminé pour les TVC : elles vont recevoir un statut définitif, sous la forme d’un décret de la Communauté française (le projet de l’Exécutif a été soumis au Conseil d’État). D’autres aspects de l’audio-visuel font aujourd’hui également l’objet de législation ou de réglementation (ou de révision de législation ou de réglementation existante), ainsi :

  • un décret de la Communauté française (6 mars 1985) autorisant la RTBF à participer à la création d’entreprises ou à prendre des participations au capital d’entreprises existantes dont les activités concourent à l’accomplissement de sa mission ;
  • un décret de la Communauté française (8 juillet 1983) relatif à l’établissement de services de télévision payants ;
  • un projet de loi autorisant la publicité commerciale à la radio-télévision dans certaines conditions (approuvé par le conseil des ministres le 5 avril 1985) ;
  • un projet de loi organisant la télédistribution et un projet de décret en cours de gestation à l’Exécutif de la Communauté française relatif aux aspects culturels du câble, …

289Au sein des débats actuels, et des évolutions tant au niveau du secteur public que du secteur privé, la question des TVC n’occupe pas une place centrale, sans doute à cause de leur caractère local et d’absence d’éléments d’appréciation de leur impact. Plus aucun parti n’est opposé au principe de la télévision locale et communautaire. Et si débat il y a, c’est au niveau local qu’il se tient, entre les communes concernées, les associations et les équipes de TVC. Mais les communes qui se sont opposées aux expériences - à Tournai, à Ottignies -ont perdu leurs préventions et leur apportent même un soutien financier. Ce changement d’attitude tient, notamment, au premier point de l’évolution des TVC, laquelle peut être décrite comme suit :

  1. Accroissement et professionnalisation des équipes, rendus possibles par les filières parallèles en matière d’emploi : CST ou chômeurs mis au travail, auxquelles on peut ajouter des objecteurs de conscience. Les permanents sont fort peu nombreux (sauf à No Télé). Il a donc été possible d’engager des diplômés (réalisateur INSAS, électronicien, licencié en communication) qui sont venus rejoindre des équipes souvent composées de militants de la vidéo-animation.
    Ceci se déroula non sans peine, car des conflits, que nous appellerons des "crises de croissance", ont éclaté un peu partout (Vidéo 600, TVC G-Zoom, …). Parallèlement, les TVC ont abandonné le 1/2 pouce noir et blanc pour un matériel de meilleure qualité (U-Matic 3/4 pouce standard ou Broadcasting). L’évolution est donc perceptible à l’écran.
    Le maintien du niveau professionnel des équipes devient un souci supplémentaire, car de nombreux CST cherchent - c’est légitime - un emploi plus stable ou/et plus rémunérateur ; les TVC tendent alors à devenir des lieux de passage ;
  2. En Belgique comme au Québec, la participation des groupes, des associations et des individus fut moins enthousiaste et abondante que prévu. Les TVC ont alors procédé à un recadrage de la programmation : moins de "communautaire", plus de "local". Les TVC réservent une place réduite à la participation directe des groupes, alors que le volume total des émissions tend à s’accroître ; les associations ne sont pas plus nombreuses à vouloir produire des vidéogrammes.
    La programmation communautaire, pour faible qu’elle soit, exige l’intervention de l’équipe au tournage et au montage, ce qui n’était pas vrai au début des expériences. Les équipes ont donc grossi au moment où leur travail augmentait.
    Enfin, d’une TVC à l’autre, la programmation se caractérise par une tendance à l’uniformisation. Toutes ces télévisions programment la triade information locale, dossier/débat et agenda culturel. Les informations se présentent souvent sur le modèle des informations nationales : présentateur en studio, vidéogrammes de deux à trois minutes, … Six TVC diffusent un programme de télétexte (offres d’emploi, agenda culturel, …), ce qui est une façon d’occuper le terrain à moindre frais. L’éducation permanente est également un secteur visé par de nombreuses télévisions, mais il exige des moyens et des partenaires (comme TEAC avec la FUNOC à Charleroi). Les associations qui reçoivent une aide particulière pour ce domaine font exception ;
  3. Toutes ces modifications ont modelé un nouveau visage aux TVC. Elles sont devenues de véritables centres de production audio-visuelle, aux capacités non négligeables, des centres fonctionnant de façon plus souple que la RTBF dans la mesure où le cloisonnement des fonctions y est moins rigide. La polyvalence, qui était à l’origine une nécessité, devient un atout ; elle pose une nouvelle forme d’organisation dans la production audio-visuelle : un journaliste fait toujours un travail de journaliste, mais s’il est capable de remplacer un cameraman ou un monteur, il appréhende mieux le processus de création d’un vidéogramme. À ce titre, le cas de No Télé est exemplaire.

290La disparité des associations et des groupements ne permet pas de dégager une position nuancée vis-à-vis des TVC ; on peut parler d’un courant positif puisque ces stations sont des canaux privilégiés pour le mouvement associatif.

291Reste trois autres partenaires directs à ce débat : les télédistributeurs, les centres de production régionaux de la RTBF, …, et le public.

292La Communauté française est compétente pour légiférer les aspects culturels du câble ; elle peut rendre obligatoire la diffusion des programmes des TVC sur un canal propre. Cela étant, le souhait manifesté par certains télédistributeurs de produire des émissions peut se réaliser dans une collaboration avec les TVC. Henry Ingberg, directeur de l’Administration de l’audio-visuel à la Communauté française : "plus le temps passe, moins il y a de chances que les télédistributeurs accèdent à la programmation. C’est un principe admis par l’ensemble des responsables politiques qui se sont succédé, quelles que soient leurs couleurs. Plus le temps passe, moins les télédistributeurs sont capables de faire des émissions. Les expériences des TVC, celles de la RTBF prouvent que cela ne va pas de soi, qu’il faut pouvoir inventer des programmes" [55]. Les télédistributeurs pourraient négocier la production de certains services - horloge, météo, … - par les TVC sur les canaux de leurs réseaux (dès que ces derniers verront leurs capacités accrues). Aucun projet de ce type n’est encore connu, mais une collaboration s’établit à Tournai et à Charleroi, et presque partout, les relations se sont améliorées.

293Trois centres de production de la RTBF ont passé convention avec des TVC, un quatrième - Bruxelles - est en passe de le faire. La télévision de la Communauté française s’intéresse aux télévisions communautaires, mais son attitude n’est pas toujours facile à saisir : tantôt prête à collaborer avec elles pour des matières très précises (l’information, l’achat, le prêt et la maintenance de matériel, la formation des équipes), tantôt réticente dès que cette collaboration se concrétise. Ici intervient le blocage imposé par les syndicats de la RTBF qui refusent la création, même momentanée, d’équipes "toixtes", où des travailleurs de statut différent se trouveraient affectés au même objectif. Sans doute existe-t-il une réticence d’un autre ordre, exprimée par Jean-Louis Roefs (CGSP-RTBF). "La RTBF a réagi en vertu de l’idée qu’elle devait et allait tout faire - y compris la télé locale -, qu’elle ne pouvait se trouver en dehors du coup" [56].

294L’ancien administrateur général, Robert Wangermée, se défendait de vouloir entretenir des rapports "léonins" avec les TVC. "Nous avons des services à offrir, mais toutes les TVC ne voient pas cette collaboration avec le même œil. Certaines la souhaitent vivement, comme à Liège ; d’autres sont plus méfiantes. Quoi qu’il en soit, nous n’avons pas l’intention de faire de la télé communautaire nous-mêmes. Il y a eu quelques expériences à Charleroi d’émissions "Portes Ouvertes", mais c’était pour la démonstration, sans aspirer à étendre et à systématiser la formule" [57].

295La RTBF fut aussi tentée dans cette collaboration par l’accès direct au câble dont elle ne bénéficie pas encore pratiquement. D’où l’expérience liégeoise de la TV à la demande. Mais il faut reconnaître que cette attention n’eut pas les effets espérés : nombre d’associations lançaient des projets de TVC par opposition aux télévisions de masse. Voir l’une d’elles se pencher sur leur sort suscita méfiance et inquiétude ; ainsi, les trop bonnes relations entretenues par RTC avec le Centre RTBF Liège furent mal accueillies par les autres télévisions.

296La situation financière de la RTBF risque de limiter le développement des collaborations, d’autant qu’elle n’a pas d’intérêt particulier à promotionner une offre de programmes concurrente.

297Les téléspectateurs, enfin. Certes, on ne saurait comparer le public d’une télévision nationale à celui d’une TVC. Mais cette constatation ne s’oppose pas à la mise en œuvre d’une étude quantitative et qualitative de l’auditoire. À ce niveau, il apparaît qu’aucun instrument autonome d’évaluation n’a été mis en place tout au long de ces huit années d’expérience. Tout au plus relève-t-on l’existence d’un comité d’accompagnement au sein du GRAV jusqu’en 1977 ; un rapport global rédigé par Michel Jocquet en 1981 ; l’une ou l’autre étude, réalisée le plus souvent par les TVC elles-mêmes, essayant de rencontrer un réel besoin de connaître le public. S’agissant surtout d’une expérience, un tel instrument aurait servi aux TVC à orienter leur travail ; il aurait également éclairé le Ministère dans l’élaboration du statut définitif.

298Cette évaluation n’aurait nullement eu pour but de soumettre les TVC à l’autorité des sondages, mais de mieux connaître les réactions, l’appréciation et les souhaits implicites et explicites du public, lequel est la finalité de ce média.

299Pour le moment, le Service de l’enquête permanente de la RTBF achève, sur la commande du Ministère de la Communauté française et en collaboration avec Vidéotrame, une étude sur l’audience de chaque TVC.

300Il semble toutefois, à la décharge des pouvoirs publics, que le décret en préparation sera relativement souple. On peut imaginer qu’il sera proche de l’avis rendu par la commission de réflexion sur l’avenir de l’audio-visuel de la Communauté française remis en juillet dernier et les statuts de la dernière TVC autorisée, Télé Bruxelles, devraient en être le reflet.

301En d’autres termes, les TVC auront toutes une même structure juridique (ASBL). Elles comporteront un comité de programmation distinct du conseil d’administration, ce dernier étant composé dans le respect du pacte culturel (loi du 17 juillet 1973) sur la protection des tendances idéologiques et philosophiques. En matière de programmation, la priorité est donnée à l’information locale, l’éducation permanente et le développement culturel ; la participation de la population - et pas seulement des associations - doit être assurée. L’aire de diffusion ne pourra dépasser, sauf exception, les limites d’un arrondissement administratif, et chaque TVC devrait disposer d’un canal propre sur le ou les réseau(x) de télédistribution. Enfin, l’Exécutif de la Communauté française attribuera autorisations et subsides. Son emprise est importante : il définit un programme d’implantation, fixe les quotas des productions propres à diffuser dans chaque TVC, établit un modèle de règlement d’ordre intérieur, désigne au moins un commissaire pour siéger dans tous les organes de gestion de chaque télévision avec voix consultative, et est chargé de contrôler le respect des lois, décrets et arrêtés spécifiques aux TVC.

302La présence et l’autorité de l’Exécutif est donc formalisée et accentuée. Il semble, par ailleurs, que le décret laissera une très large marge au pouvoir réglementaire du même Exécutif ; règle de subsidiation (les TVC seront-elles classées par catégories, comme les foyers culturels etc.), le statut du personnel, les partenaires privilégiés, …

303Le décret ne règle pas tout, il reste un important travail réglementaire en suspend, à la base de cette situation : l’évolution de l’audio-visuel. Cela n’enlève rien au caractère local du débat TVC, mais certains éléments indirects peuvent influer le sort, le champ des TVC : pourront-elles diffuser de la publicité commerciale dans le cadre du projet de loi sur la publicité à la radio-TV (elles diffusent déjà quelques publicités non-commerciales) ? Sur quelle voie s’orientera la RTBF, et quel sera alors le rôle des centres régionaux (André Hagon, ancien directeur du Centre de production de Charleroi, a été chargé par Robert Stéphane de faire un rapport sur cette dernière question) ? Quelle sera la teneur définitive des loi et décret sur la télédistribution ?


Annexe 1
tableau im10
TV Commune d’implantation Communes couvertes Population des communes couvertes Nombre d’abonnés à la télédistribution Antenne Centre La Louvière La Louvière, Le Roeulx, Binche, Manage, Morlanwez, Anderlues, Estinnes, Seneffe, Erquelinnes 176.000 47.000 No-Télé Tournai Tournai, Celles, Frasnes, Leuze, Belœil, Bernissart, Peruwelz, Antoing, Brunehaut, Rumes, Pecq 115.000 33.000 RTA Namur Grand Namur + Eghezée, Andenne, Gembloux, La Bruyère, Fernelmont, Floreffe, Profondeville, Anhée, Yvoir, Mettet, Assesse, Gesves 105.000 35.000 RTC Canal Emploi Liège Liège Ans, Awans, Beyne-Heusay, Bassenge, Blegny, Chaudfontaine, Crisnée, Donceel, Engis, Esneux, Fexhe le Ht Clocher, Flémalle, Fléron, Grace-Hollogne, Herstal, Juprelle, Liège, Neupré, Olne, Oupeye, Oreye, Remicourt, Saint-Nicolas, Seraing, Soumagne, Trooz. 450.000 150.000 TEAC Charleroi Farciennes, Charleroi, Châtelet, Alseau-Presles, Fleurus, Sambreville, Fontaine, Courcelle, Chapelle-lez-Herlaimont, Pont-à-Celles 280.000 86.000 Zoom Gembloux Gembloux, Ernage, Grand-Manil, Lonzée, Sauvenière, Corroy-le-Château, Bothey, Mazy, Bossières 18.000 7.000 TV Corn Ottignies Lasnes, Waterloo, Rixensart, La Hulpe, Court-St-Etienne, Ottignies-Louvain-la-Neuve, Genappe 100.000 33.000 Vidéoscope Rochefort Rochefort, Nassogne 12.200 4.500 Vidéo 600 Verviers Louveigné, Pépinster, Verviers, Dison, Clermont-Thimister, Plombières, Welkenraedt, Raeren, Eupen, Baelen, Kelmis + Limbourg 130.000 46.000
Annexe 2

Vidéotrame, la fédération des TVC

304Depuis 1981, l’ensemble des télévisions locales et communautaires se sont fédérées au sein de l’ASBL Vidéotrame, dont le siège est établi à Namur. Elle assure en pratique cinq émissions :

  • elle gère les CST présents et futurs accordés globalement par le Ministère de l’Emploi et du Travail à la fédération. Cette dernière les répartit en fonction des besoins (le travail administratif des TVC s’en trouve allégé) ;
  • elle coordonne les TVC, facilite la circulation des informations entre elles ;
  • elle est l’interlocuteur privilégié des pouvoirs publics ;
  • elle assure autant que possible la formation adaptée aux équipes de TVC dans deux domaines : la technique, la pratique du langage vidéo (scénarisation, …) ;
  • elle fonctionne comme une régie de programmes, collectant et distribuant les émissions "exportables" entre les TVC, achetant des vidéogrammes belges ou internationaux (fictions ou documentaires) à l’intention des TVC.

305Vidéotrame prend également des contacts avec des régies pour assurer la collecte des publicités non-commerciales (les "messages d’intérêt général") qui fourniraient des ressources supplémentaires aux télévisions communautaires.

Annexe 3

Subventions directes allouées aux télévisions locales et communautaires pour leur fonctionnement par le Ministère de la Communauté française

tableau im11
1981 1982 1983 1984 Indice (1981 = 100) Vidéoscope Rochefort 1.350.000 1.350.000 1.500.000 1.575.000 116,7 RTA Namur 2.350.000 2.350.000 3.000.000 3.150.000 134,0 TV Com Ottignies 1.500.000 2.050.000 2.150.000 2.257.500 150,5 Zoom Gembloux 2.000.000 2.000.000 2.150.000 2.257.500 112,9 Vidéo 600, Verviers 1.350.000 1.350.000 1.500.000 1.575.000 116,7 TEAC Charleroi 2.350.000 2.350.000 3.000.000 3.150.000 134,0 RTC Liège 2.350.000 2.350.000 3.000.000 3.150.000 134,0 Canal Emploi Liège 900.000 900.000 1.700.000 1.785.000 198,3 No Télé Tournai 2.350.000 2.350.000 3.000.000 3.150.000 134,0 Antenne Centre La Louvière - 500.000 1.700.000 1.785.000 - ETB Bruxelles 1.500.000 1.500.000 - - - Télé Bruxelles - - 2.600.000 - Total 18.000.000 19.050.000 22.700.000 26.435.000 Subvention SABAM (*) 530.000 530.000 530.000 Subvention paiement CST (**) 14.300.000
(*) En décembre 1981, le Ministère de la Communauté française a signé avec la SABAM une convention au terme de laquelle les télévisions locales et communautaires peuvent utiliser les œuvres appartenant au répertoire international de cette société d’auteurs, moyennant le paiement annuel d’une somme forfaitaire de 530.000 francs.
(**) Pour 1983, les TVC doivent payer 25 % de la rémunération des CST
Source : Ministère de la Communauté française et les télévisions locales et communautaires.
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Notes

  • [1]
    Robert Wangermée, Holde Lhoest, L’apres télévision, une anti-mythologie de l’audio-visuel, Hachette Littérature, Paris, 1973, p. 118.
  • [2]
    Voir notamment "Libres antennes, écrans sauvages" Autrement n° 17, Paris, 1979 ; et Marie de Schaetzen, "Le phénomène "télévision communautaire" en Europe", mémoire de fin d’études, Département de communication sociale, UCL, 1975.
  • [3]
    Les premiers essais de télévision remontent à l’entre-deux guerres : c’est en 1929 à Londres que le premier programme a été reçu sur des postes récepteurs. D’autres expériences furent réalisées tant en France qu’aux États-Unis, mais il faudra attendre le début des années cinquante pour assister à l’expansion industrielle de ce média et au développement de programmations régulières. Ainsi, le premier journal télévisé est émis en France en 1949 ; les premiers programmes belges le seront en 1953, cette même année, la télévision britannique retransmettait en direct le couronnement de la Reine Ellisabeth II.
  • [4]
    Robert Wangermée, Holde Lhoest, op. cit., p. 25.
  • [5]
    Voir Chantal Deltenre, "La télédistribution en Belgique", Courrier Hebdomadaire du CRISP n° 1039 du 4 mai 1984.
  • [6]
    Extrait d’Access, bulletin de Société nouvelle (Challenge for change) National Film Board of Canada, n° 10, automne 1970, cité en annexe par Robert Wangermée et Holde Lhoest, op. cit. pp. 234-235.
  • [7]
    Cité par Francis Balle et Gérard Eymery, "Les nouveaux médias" PUF - Que sais-je ?, Paris, 1973, p. 193.
  • [8]
    Jean-Paul Gourévitch, "Clefs pour l’audio-visuel", Seghers, Paris, 1973, p. 193.
  • [9]
    Rudi Barnet, "La vidéographie au Québec" : nouvelles réalités", Vidéodoc n° 10, novembre 1977.
  • [10]
    Gilles Brunel, "Une leçon de chose : la télévision communautaire de Drummondville", Etudes de Radio-Télévision, n° 26, 1978.
  • [11]
    Le Foyer culturel de Salnt-Josse, "La télévision communautaire : mythe ou réalité ?". Savoir-vivre n° 24, Charleroi, 1976-1977, p. 3.
  • [12]
    Le G.R.A.V. se composait de représentants de divers départements ministériels (Culture, Communications, Intérieur, Réformes institutionnelles, Économie régionale et Travaux publics) ; de représentants des universités (ULB, UCL, UIg et Mons) ; de représentants de l’AGJPB (association générale des journalistes de la presse belge) ; de représentant de la RTB ; de représentants de la Médiathèque ; de représentants des mouvements d’éducation permanente (PAC, ILFAC,…) ; des groupes vidéo (Rochefort, St-Josse,…) ; d’experts de la RTT, des télédistributeurs et de la RTB et des représentants des associations créées aux côtés des centres de production régionaux de la RTB et de leur coordination en Wallonie : RTC-Liège, RTC-Namur, TEAC-Charleroi, RTL-Wallonie (RTC = Radio Télévision Culture).
  • [13]
    Discours prononcé par H.F. Van Aal à l’occasion de l’installation du groupe de réflexion sur l’audio-visuel, 12 février 1975, Bruxelles.
  • [14]
    Discours prononcé par H.F. Van Aal à l’occasion de la réunion du groupe de réflexion sur l’audio-visuel, 3 mars 1976.
  • [15]
    Le G.R.A.V. avait demandé au ministre, qui n’a pas suivi cet avis, d’obliger les télédistributeurs à véhiculer les programmes des TVC autorisées.
  • [16]
    Entretien avec Henri-François Van Aal, 17 juillet 1984.
  • [17]
    Michel Joquet et Myriam Lenoble, "La télévision communautaire en Belgique francophone", Pointillé n° 5-6, 1978, p. 18.
  • [18]
    Gabriel Thoveron, "Video ergo sum", Études de Radio-Télévision n° 21, Bruxelles, 1976, pp. 145 et ss.
  • [19]
    Cité par Alain Reyniers, "Le développement des télévisions locales et communautaires", Dossier Comu n° 7, Louvain-la-Neuve, 1982, p. 10 ; voir aussi Gabriel Thoveron, op. cit., pp. 156-157.
  • [20]
    Alain Reyniers, op. cit., p. 21.
  • [21]
    Le TBC, ou Time Base Corrector, appareil relativement coûteux (de l’ordre d’un million de francs) permet de corriger le signal vidéo afin de conserver, au montage comme à la diffusion, des images stables, sans appel de "drapeau".
  • [22]
    Entretien avec Michel Castaigne, coordinateur de TVC G-Zoom, le 31 juillet 1984.
  • [23]
    Les bandes vidéo de 3/4 pouce type U-Matic sont de qualité intermédiaire au plan de la définition des images, de leur stabilité à la copie entre les standards domestiques (VHS, Betamax, V 2000) et la bande utilisée par les équipes de vidéo légère de reportage des chaînes de télévision telles que la RTBF, TF1, RTL, …
  • [24]
    Entretien avec Michel Castaigne, op. cit.
  • [25]
    "On ne peut plus se permettre de confier des caméras complexes à 400.000 FB pièce à des gens" explique le réalisateur Guy Reyter, entretien 26 juillet 1984.
  • [26]
    Statuts parus au Moniteur belge, le 19 avril 1973.
  • [27]
    Holde Lhoest, "La video d’animation en Belgique francophone", Conseil de l’Europe, Strasbourg, 1973, p. 32.
  • [28]
    Gérard Weissenstein, "Oser poser des questions douloureuses, Entretien avec Jacques Noël", Vidéodoc n° 36, septembre 1980, p. 16.
  • [29]
    "Information et Formation avec utilisation de média" - Rapport Intérimaire, Octobre 1983, avril 1984 de Menka Bogeska et Charly Dutry, p. 9 et ss.
  • [30]
    Entretien avec Menka Bogeska, 31 juillet 1984.
  • [31]
    Jean-Claude Renda, Projet de rapport au Congrès national des 26 et 27 avril 1983 sur les télévisions locales et communautaires, Bruxelles, 1983.
  • [32]
    Le bourgmestre de Charleroi, J.C. Van Cauwenberghe, est vice-président de Brutélé.
  • [33]
    Un autre projet émanant du Foyer culturel du Sart Tilman est aussi retenu. Par contre les projets du télédistributeur ALE-Télédis et de la ville le Liège n’ont pas été acceptés.
  • [34]
    Voir à cet égard Marie-Cécile Royen, "Approche des rapports de RTC-Canal Plus et de la RTBF Liège dans la jungle du câble", mémoire de fin d’études, IHECS, Ramegnies-Chin-Lez-Tournai, 1982, pp. 26-37 ; et Benoît Lahaye, "Le câble, qui en veut ?", Vidéodoc, n° 38, novembre 1981.
  • [35]
    "Déclaration d’intention en vue de renforcer la convention de collaboration entre les partenaires du "câble" dans la province de Liège et de leur permettre de rencontrer des besoins nouveaux", Liège, 19 avril 1984.
  • [36]
    Selon Monsieur Creuen, responsable de RTC-Canal Plus, ce mode de programmation "à la carte " a deux débouchés : le choix de programmes à caractère pédagogique (pour des écoles) et la rediffusion "à chaud" d’une émission qui a fait du bruit. Entretien, 28 août 1984.
  • [37]
    "Liège midi 30, enquête menée durant la semaine du 7 au 13 mars 1983", service de l’Enquête permanente de la RTBF, Bruxelles, 1983.
  • [38]
    Entretien avec Marie-Louise de Loncin, coordinatrice de Vidéoscope, 3 août 1984.
  • [39]
    Ibidem et Vidéotrame, "Dossier de coordination", Namur, 1983, pp. 21 et 22.
  • [40]
    Vidéoscope Rochefort, "Référendum Vidéoscope le 8 novembre 1981" Rochefort, 1981.
  • [41]
    Entretien avec Marie-Louise de Loncin, op. cit.
  • [42]
    Maison de la Culture de Tournai "No Télé", Tournai, 1982, p. 10.
  • [43]
    Entretien avec Jean-Pierre Winberg, coordinateur de No Télé, 23 1984.
  • [44]
    Philippe Chavalle, "No Télé, une télévision locale et communautaire dans le Tournaisis", mémoire de fin d’études, Université libre de Bruxelles, 1984, p. 38.
  • [45]
    Ancien président de RTA, de la commission consultative des radios locales, de Vidéotrame, ancien secrétaire régional de la FGTB-Namur.
  • [46]
    Alain Reyniers, op. cit., p. 18.
  • [47]
    Entretien avec Maurice Abitbol, 23 août 1984.
  • [48]
    Source : Vidéotrame, Note de transparence, Namur, septembre 1982 et Ministère de la Communauté française.
  • [49]
    Entretien avec Christian Bourgoignie, Liège, 30 juillet 1984.
  • [50]
    Laurence Klein, "Approche d’une télévision communautaire dans la région de Charleroi : analyse de son impact sur la population, de son observation a l’action dans les émissions, Mons, 1984.
  • [51]
    Décret du 12 décembre 1977 portant statut de la radio-télévision belge de la Communauté française, Moniteur belge du 14 janvier 1978.
  • [52]
    Bernard Debroux, "Une TVC pour Bruxelles en 1983 », Bruxelles, 28 juin 1982, p. 4.
  • [53]
    Composition du conseil d’administration :
    • Administrateurs nommés, sur proposition du membre de l’Exécutif de la Communauté française qui a les matières culturelles à Bruxelles dans ses attributions, par l’Exécutif : Marie de Briey (PSC), Pierre Levie (PSC), Willy Decourty (PS), Michel Henrion (PS), Georges Désir (FDF), Jean-Pierre Poupko (FDF), Philippe Smits (FDF), Jean-Claude Rombeaux (PRL) et Pierre Houtmans (PRL).
    • Représentants des associations socio-culturelles et audio-visuelles reconnues par le Ministère de la Communauté française et/ou la Commission française de la Culture : Paul Vermeylen (Inter-environnement Bruxelles), Jacques Moins (Fondation Jacqmotte), Jacques Zwick (Ligue des familles), Francis Burstin (ILFAC), Guy Gossuin (CPC), Alain Leduc (DEFIS), Etienne Derue (GSARA), Jean-Luc Outers (Centre de ressources Vidéo de Bruxelles) et Henri Carpentier (CEPAG).
    • Représentants de la RTBF : Michel Franssen (directeur du Centre de Production de Bruxelles), Holde Lhoest (chef de service) et Alain Nayaert (journaliste).
    • Commissaires de l’Exécutif : Henry Ingberg (directeur de l’Administration de l’audio-visuel) et Myriam Van Roosbroeck (directeur du cabinet du ministre Monfils).
      Le bureau du C.A. se compose comme suit : Georges Désir, président ; Michel Henrion, Guy Gossuin et Paul Vermeylen, vice-présidents ; Pierre Houtmans, secrétaire ; Willy Decourty, trésorier et Michel Franssen. Michel Joquet, directeur de Télé-Bruxelles siège à titre consultatif.
  • [54]
    Le Soir, 5-6 janvier 1985.
  • [55]
    Entretien avec Henry Ingberg, Bruxelles, 10 avril 1984.
  • [56]
    Entretien avec J.L. Roefs, 8 août 1984.
  • [57]
    Entretien avec R. Wangermée, 7 août 1984.
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