Notes
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[1]
Référence est faite aux années de recensement 1959 et 1970, qui ont servi de base dans les précédentes analyses du même auteur, voir Courrier Hebdomadaire du CRISP n° 610, du 29 juin 1973, "L’évolution de la population agricole belge de 1959 à 1972" et n° 731, du 27 août 1976, "La régionalisation de la valeur de la production agricole belge".
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[2]
"Evolution de l’économie agricole et horticole (1983-1984)", rapport du gouvernement, Cahiers de l’Institut Economique Agricole, n° 246, 1984.
-
[3]
Evolution de l’économie agricole et horticole (1982-1983), rapport du gouvernement, Cahiers de l’Institut Economique Agricole, n° 239, décembre 1983 p. 29.
-
[4]
Moniteur belge du 1er février 1985.
Introduction
1 L’importance de l’agriculture dans le produit national brut et en terme d’emploi occupé à décru depuis 1959. Cette année-là l’agriculture représentait 6,1 % du PNB et occupait quelque 8 % de la population active. La valeur ajoutée brute de l’agriculture au prix du marché, à prix courant, s’élevait dix ans plus tard à 3,3 % et en 1983 à 2,39 % du PNB (en 1982, à 2,46 %, en 1981 à 2,33 % et en 1980 à 2,18 %) [1]. "Sur base des évolutions du Ministère de l’Emploi et du Travail, la population active en agriculture, horticulture et sylviculture s’élevait en 1983 à environ 105.000 personnes ou 2,6 % de la population active totale" [2].
2 Cette constatation est à nuancer :
3 1. Il s’agit surtout du rapport entre la valeur ajoutée du secteur et la production finale de celui-ci qui a diminué : il s’établissait à 56 % en 1965, à 46 % en 1970 et à 44 % en 1983. La valeur des produits intermédiaires s’est donc accrue. Ces derniers sont produits en grande partie en Belgique, on peut donc considérer qu’une part de la valeur finale de l’agriculture est réalisée au niveau de l’industrie au détriment de l’exploitation agricole.
4 2. Le secteur agricole reste le plus important utilisateur de notre espace, environ 50 % du territoire national.
5 3. La crise économique semble toucher l’agriculture de manière différente des autres secteurs économiques. Les pertes d’emploi y ont connu une évolution plus lente car une activité, même peu rémunératrice, était souvent maintenue. Dans presque tous les pays de la CEE un ralentissement des pertes d’emploi en agriculture est observé. Un appauvrissement général moyen des travailleurs du secteur en découle, le produit global devant être redistribué entre un nombre relativement trop important de main-d’œuvre.
6 Des études menées tant en Belgique que pour l’ensemble de la Communauté européenne ont montré qu’avant 1976, la principale raison de l’accroissement moyen des revenus des travailleurs agricoles observé jusqu’alors était à trouver dans une diminution de l’emploi total, les autres causes étant respectivement l’évolution des prix et l’augmentation des rendements.
7 L’augmentation de la production agricole (quantités produites) est principalement due au progrès technique ; la productivité du secteur bénéficie, en terme d’évolution des prix, surtout aux consommateurs.
1 – L’évolution du revenu
Au niveau du royaume
8 La méthode utilisée pour évaluer la situation des revenus des agriculteurs - la situation par rapport à la "parité" - a été modifiée depuis 1978. Jusqu’alors cette situation était caractérisée par un rapport entre le revenu du travail par unité de travail en agriculture et les coûts salariaux par travailleur salarié dans l’ensemble de l’économie. Il y avait dans cette comparaison certaines imperfections par l’absence de données statistiques valables. De ce fait l’Institut économique agricole a été amené à utiliser les données disponibles, non plus en les comparant de manière absolue, mais en comparant entre elles leurs évolutions respectives. Une telle procédure, qui pour les mêmes raisons est acceptée au niveau international, est le seul moyen de tirer des conclusions valables en rapport avec la situation des revenus des agriculteurs.
9 L’évolution du revenu du travail agricole par tête est donc comparée à celle du revenu comparable, celui-ci étant le revenu des autres agents économiques. La notion de revenu comparable a été introduite dans le cadre de la C.E. pour les besoins de la politique agricole. Grâce à cette comparaison, on met en évidence le rapport entre les objectifs de la politique agricole communautaire relatifs aux revenus des agriculteurs et le résultat d’exploitation imposé pour la situation économique de l’agriculture.
10 Pour la comparaison des évolutions respectives des indicateurs ainsi retenus, la période 1972-1973, lors de laquelle les revenus des agriculteurs étaient de l’avis général considérés comme satisfaisants, a été choisie comme référence" [3].
11 Suivant l’ancienne méthode de calcul le revenu agricole par unité de travail était estimé pour 1972-73 à 83,5 % de la rémunération des salariés dans les autres secteurs. Dans quelle mesure peut-on le considérer égal au "revenu comparable" ?
12 Le tableau 1 reprend les indices d’évolution du revenu du travail agricole et du "revenu comparable". Depuis la période de référence le revenu agricole a accumulé un retard sensible (surtout pendant les années 1977 à 1980) par rapport à l’évolution des autres revenus. Le revenu du travail agricole se situe, pour les trois dernières années à environ 70 % de celui des autres secteurs. Les fluctuations qui apparaissent dans le tableau sont dues à l’ampleur des récoltes et à l’évolution des prix.
Comparaison des évolutions du revenu du travail en agriculture et dans l’ensemble des secteurs de l’économie, 1975-1983 (1972 - 1973 = 100)
Comparaison des évolutions du revenu du travail en agriculture et dans l’ensemble des secteurs de l’économie, 1975-1983 (1972 - 1973 = 100)
13 Le revenu par unité s’est élevé en 1982 à 524.000 FB ; il se différencie du revenu des entrepreneurs (par emploi indépendant à temps complet) qui s’élevait à 633.000 FB en 1982 (ce montant plus élevé résulte de la rémunération imputée pour le capital d’exploitation en propriété). D’autres méthodes de calcul peuvent être choisies. Ainsi, en considérant les comptabilités d’entreprise (niveau micro-économique) le revenu du travail agricole se chiffrait, pour l’exercice 1982-1983, à 789.721 FB (à 592.864 FB en 1981-1982 et à 384.944 FB en 1980-1981). Cette source statistique permet des globalisations par régions agricoles.
Au niveau des régions agricoles
14 Sur base des résultats comptables globalisés par régions agricoles, le tableau 2 (p.8) propose l’évolution du revenu par travailleur occupé pour les périodes 1980-1983 et 1967-1972 qui permet une évaluation du niveau de vie des agriculteurs. La deuxième partie du tableau porte sur le revenu par hectare de surface utilisée, établi pour les mêmes périodes de référence, l’importance du facteur sol peut ainsi être évaluée.
L’évolution du revenu agricole par région agricole (exploitations agricoles)
L’évolution du revenu agricole par région agricole (exploitations agricoles)
15 Les revenus, par travailleur agricole, les plus élevés sont obtenus dans les Polders, la Campine et la région limoneuse. En moyenne, dans les Polders et en Campine, ils étaient supérieurs en 1980-1983 à leur niveau de 1967-1972. Les régions agricoles dont les revenus par habitant sont les plus faibles sont la Haute Ardenne, l’Ardenne, la région jurassique et la Famenne, la situation s’est même dégradée entre les deux périodes de référence. Ces régions sont également celles où le revenu par hectare est le plus bas. Parmi les autres régions agricoles, dont le revenu par habitant se situe autour de la moyenne du pays, seuls le Condroz et la région herbagère ont vu le niveau de vie des agriculteurs s’améliorer en 1980-1983.
Les régions agricoles
Les régions agricoles
Légende1-2. : Dunes et Polders
3. : région sablonneuse
4. : Campine
5. : région sablo-limoneuse
6. : région limoneuse
7. : Campine hennuyère
8. : Condroz
9. : région herbagère de Liège
10-11. : Famenne
12. : Ardenne
13. : région jurassique
14. : plateau des Ardennes
16 Si la région herbagère et la région limoneuse ont, en Wallonie, le revenu par hectare le plus élevé, ce dernier reste en dessous de la moyenne nationale. Par contre le revenu par hectare est supérieur à la moyenne nationale dans les régions de Flandre, la région sablonneuse bénéficiant du plus haut revenu par hectare. L’agriculture est donc plus intensive en Flandre.
17 L’évolution du revenu par hectare a été la plus positive en Campine et la moins favorable en Ardenne, dans la région jurassique, en Haute Ardenne et dans le Condroz. Toutes ces régions agricoles ont pourtant comme caractéristique commune d’être orientées vers un même secteur de production : le secteur bovin.
18 La région qui a connu l’évolution la plus favorable du revenu par unité de travail - la Campine - a pu réaliser ce résultat par une intensification poussée, tandis que celle-ci n’a pas été réalisée dans le Sud-Est. C’est la région herbagère de Liège qui a connu l’augmentation du revenu la plus importante de Wallonie ; c’est également la région qui a connu en Wallonie l’augmentation la plus importante du revenu par hectare.
19 La liaison entre l’évolution du revenu et l’intensification de la production par unité de superficie a été également constatée au niveau de la Communauté européenne, où depuis 1976-1977 l’évolution de la valeur ajoutée est due, à raison des 2/3, à l’intensification. Auparavant l’évolution structure (diminution du nombre des exploitations) intervenait pour une part plus importante dans l’évolution de la valeur ajoutée.
20 Ceci est confirmé par le tableau 3 : la superficie par unité de travail a augmenté plus fortement en Ardenne, en région jurassique et en Haute Ardenne qu’en Campine. Alors que l’augmentation de la superficie est, normalement, un des facteurs importants de l’amélioration du revenu de l’agriculture, le phénomène n’a pas joué d’une manière décisive dans ces régions. L’intensification du système laitier pratiqué en Campine a donc porté ses fruits par rapport au système mixte viande-lait, resté extensif dans le Sud-Est.
Superficie par unité de travail
Superficie par unité de travail
21 D’autre part dans le Condroz l’augmentation importante de la superficie par unité de travail a certainement contribué à l’amélioration du revenu par travailleur tout en conservant un système plutôt extensif.
22 L’augmentation modérée de la superficie par unité de travail à une certaine intensification ont permis d’améliorer le revenu dans les Polders et dans la région herbagère de Liège.
23 En régions sablonneuse, sablo-limoneuse, limoneuse et en Famenne l’évolution du facteur terre et de l’intensification n’a pas été suffisante (tout comme en Haute Ardenne, et en région jurassique) une diminution dans l’échelle des revenus par rapport au Royaume entre 1967-1972 et 1980-1983 en est résulté.
2 – La production agricole
Les grandes cultures
La superficie
24 Les grandes cultures occupaient, en 1983, 38 % de la superficie agricole totale (S.A.U. = superficie agricole utile) et en 1972, 40,5 % (tableau 4). Cette relative stabilité de l’occupation du sol par les grandes cultures apparaissant dans les données globales, recouvre d’importants changements intervenus dans les types de culture pratiqués. Deux cultures dominent, le froment (13,4 % de la superficie agricole) et la betterave sucrière (7,8 %). Ces deux cultures ont connu une augmentation de leur superficie et donc une augmentation de leur part relative. Par contre, la forte diminution des céréales fourragères est responsable de la diminution globale observée : parmi elles surtout l’avoine (qui occupe 1,5 % de la superficie agricole contre 8 % en 1959), et dans une moindre mesure, l’orge. Il faut toutefois signaler que l’orge avait connu une forte progression entre 1959 et 1970. Le seigle continue à occuper moins d’espace mais cette situation existait déjà en 1970.
Évolution des surfaces cultivées (en ha)
Évolution des surfaces cultivées (en ha)
25 Les cultures industrielles autres que les betteraves sucrières n’occupent que 1 % de la S.A.U. et sont en légère régression (il s’agit de cultures comme la chicorée à café, le houblon, le tabac et le lin) à l’exception du colza qui occupe aujourd’hui 3.914 ha (492 ha en 1959). Cette culture bénéficie d’un prix d’intervention, depuis 1972, dans le cadre de la politique agricole commune. La culture de la pomme de terre continue à régresser, mais toutefois cette régression est moins forte entre 1970 et 1983 qu’entre 1959 et 1970.
26 L’orientation vers la culture du froment (dont le prix au kilo a toujours été plus favorable que celui des céréales secondaires tandis que le rendement à l’hectare était plus élevé) et vers celle de la betterave sucrière s’est accentuée. Ces deux cultures tombent sous la réglementation des prix de la C.E.E., et ont dépassé le niveau d’autosuffisance pour l’ensemble de la C.E.E.. La progression, intéressante jusqu’ici, de leurs prix, semble donc arriver à son terme. La surproduction est un problème qui se pose pour la plupart des productions agricoles, une possibilité du substitution s’avère donc difficile.
27 La Belgique produit 1,8 % de la valeur de production des céréales de la C.E.E. et 6,3 % de celle des betteraves sucrières. Le quota de production de sucre de la Belgique se monte à 7 % environ.
La valeur de production
28 La production des grandes cultures représente environ 15 % de la valeur de production finale de l’agriculture (contre 40 % de la superficie) (voir tableau 5). A prix courants, la part de la valeur des grandes cultures a tendance à diminuer. Ce phénomène s’explique par une progression plus lente des prix des produits des grandes cultures par rapport aux produits de l’élevage.
Valeur de la production finale du secteur agricole et horticole produisant pour la vente
A prix constants, 1980, TVA non comprise, en milliards de FB
A prix constants, 1980, TVA non comprise, en milliards de FB
A prix courants, TVA non comprise, en %
A prix courants, TVA non comprise, en %
Valeur de la production finale du secteur agricole et horticole produisant pour la vente
Les productions horticoles
29 La superficie occupée par l’horticulture pour la vente occupait 3,2 % de la superficie totale en 1959 et en 1970, et 2,8 % en 1983. Le maintien d’une superficie constante entre 1959 et 1970 et la diminution observée après cette date est le résultat d’évolutions divergentes des différentes productions horticoles.
Les cultures fruitières
30 Les cultures fruitières occupaient, en 1959, 39.950 ha dont 31.454 ha de hautes tiges et 4.444 ha de basses tiges. Les premières ont pratiquement disparu en 1983 (il n’en reste que 1.550 ha). La superficie des basses tiges a augmenté mais n’atteint que 9.075 ha en 1983. Au total, la superficie des cultures fruitières (fraises et baies comprises) en 1983 représente seulement 30 % de la superficie qu’elles occupaient en 1959.
Les cultures de légumes
31 Les cultures de légumes ont, par contre, connu une très forte expansion entre 1959 et 1970 : la superficie occupée est passée de 11.376 ha à 25.205 ha. L’industrie de la conserve en constitue le principal débouché. Depuis 1970, la superficie occupée par les cultures de légumes n’a guère augmenté mais reste néanmoins fort importante. La répartition de cette superficie par légume est la suivante : petits pois (9.000 ha), haricots-princesse (2.250 ha), salsifis (2.200 ha), carottes (1.170 ha). Outre ces cultures destinées à la conserverie, on compte 3.400 ha de witloof, légume qui représente plus de 20 % de la valeur de la production totale des légumes.
32 Entre 1959 et 1970 un glissement d’une certaine ampleur des cultures pour la conserverie a été observé de la Flandre vers la moyenne Belgique (mécanisation plus poussée, notamment de la culture des petits pois). Ces dernières années, un mouvement s’est dessiné en sens inverse et en particulier vers la Flandre occidentale, à la suite d’une part, du rachat, de Marie Thumas par une société française (auparavant Marie Thumas était localisée pour sa fabrication principalement à Leuven et à Malines, mais avait des contrats d’approvisionnement avec des fournisseurs situés en Hesbaye) et d’autre part de l’expansion de l’industrie des surgelés en Flandre occidentale.
33 Les environs de Malines gardent leur importance pour le maraîchage intensif. 75 % de la culture de witloof sont réalisés dans le Brabant flamand, particulièrement au Nord-Est de Bruxelles ; la localisation allant même au-delà de Louvain. Un nouveau pôle de croissance (200 ha) s’est développé en Flandre occidentale où la culture se pratique dans des conditions de production plus modernes que dans le Brabant. En 1982, la Belgique a exporté pour une valeur de 1,9 milliard FB de witloof ou 30 % de la valeur d’exportation des légumes frais.
Les produits horticoles non-comestibles de plein air
34 Les produits horticoles non-comestibles de plein air n’occupent que 0,26 % de la superficie agricole totale. La superficie des pépinières progresse tandis que celle de la floriculture de plein air stagne depuis 1959 (il s’agit de plantes ornementales, de fleurs à couper (en forte régression) et de bulbes.
Les cultures sous verre
35 Les cultures sous verre ont progressé entre 1959 et 1970. Leur superficie est passée de 1.204 ha à 1.758 ha pour se stabiliser depuis lors sous l’influence de la crise énergétique. Ce sont les cultures de légumes en serre qui ont augmenté jusqu’en 1970, la superficie maximale qu’elles ont occupée a été atteinte en 1979 (937 ha) ; en 1982 elles occupaient encore 880 ha.
36 La constante diminution de la culture du raisin (qui occupait 361 ha en 1970 et 123 ha en 1982) a influencé l’évolution de la superficie des cultures de fruits depuis 1970. Les exploitations orientées exclusivement vers la culture du raisin au sud-est de Bruxelles, en particulier à Overijse et à Hœilaart, sont fortement touchées. Les serres y sont d’un type ancien, une reconversion vers d’autres produits exigerait d’importants investissements qui n’ont pas toujours été réalisés en raison de la forte urbanisation, de la rentabilité actuelle moins favorable qu’auparavant du secteur légumier et de l’âge moyen élevé des exploitants.
37 Par contre, la culture de fraises en serre occupe une superficie qui a quasiment doublé entre 1970 (56 ha) et 1982 (107 ha). Cette production est localisée principalement au nord de la province d’Anvers, notamment à Hoogstraten et environs.
38 La superficie occupée par la culture de fleurs a progressé entre 1970 et 1983, cela concerne surtout les azalées et les plantes de serre et dans une moindre mesure les fleurs à couper.
La valeur de production
39 Bien que les cultures horticoles n’occupent que 3 % de la superficie agricole, elles représentaient en 1982 16,4 % de la valeur de production totale ; la valeur élevée de production à l’hectare souligne le caractère intensif de la production horticole.
40 Environ 55 % de la valeur de production horticole proviennent des légumes, 15 % des fruits et 30 % des produits non-comestibles. En 1970, la part des légumes était légèrement plus importante et celle des produits non-comestibles l’était moins.
41 La part de la production horticole exprimée à prix courants dans le total est restée sensiblement stable ; à prix constants cela a diminué. Ceci s’explique par la stagnation du volume de production horticole (tandis que le volume de la production totale augmente) compensée par une augmentation des prix plus élevée que la moyenne.
La production animale
Les prairies et les cultures fourragères
42 La part des prairies dans la superficie agricole totale reste stable, entre 48 et 49 %. Par contre les fourrages augmentent tant en chiffres absolus que relatifs. Parmi ceux-ci les racines fourragères occupaient 3,3 % de la superficie agricole en 1959 et les fourrages verts 2,7 %. En 1983 elles n’occupaient plus que 1,1 % mais les seconds 8 %. Le maïs fourrager, à lui seul, occupait 7,2 % de la superficie agricole totale.
Le cheptel bovin
43 Le cheptel bovin a progressé, en nombre, jusqu’en 1979. En 1975 déjà, le cheptel laitier avait atteint un maximum. Une certaine reconversion du secteur laitier vers le secteur de la viande est observée. Ainsi, le nombre de vaches allaitantes pour la production de veaux au pis est passé de 40.000 en 1970, à 75.000 en 1975 et à 140.000 en 1982.
44 La diminution du nombre de vaches laitières n’a pas entraîné de baisse de la production de lait, le rendement par vache laitière s’étant amélioré. De 1959 à 1970, la croissance de la production laitière était proportionnelle à l’acroissement du cheptel. Depuis lors, la baisse du nombre du cheptel est compensée par une amélioration du rendement par vache (3.596 kg en 1970, 3.940 kg en 1982).
45 Les livraisons aux laiteries sont restées très importantes : en 1982 elles représentaient environ 80 % de la production laitière, le reste étant transformé à la ferme en beurre (11 %) consommé ou vendu directement à la ferme (3 %) ou employé dans l’alimentation animale (3 %). Entre 1959 et 1970 ces livraisons avaient doublé, cette évolution s’est ralentie depuis lors, la progression entre 1970 et 1982 avoisinant les 17 %. Toutes les quantités de lait livrées ne trouvent pas de débouchés, elles sont transformées en beurre et en poudre de lait écrémé (ces 2 productions sont liées) et stockées. Ces deux produits font l’objet d’intervention de la CEE dans le cadre de la politique agricole commune.
46 Comme le montre le tableau 9 la production de beurre de laiterie a augmenté de 50 % entre 1959 et 1982 ; celle de beurre de ferme a fortement diminué pour atteindre en 1982 45 % de celle de 1959.
47 Les vaches allaitantes (13,5 % du total des vaches) sont présentes principalement en Wallonie. La reconversion de certaines exploitations vers la vente d’animaux, plutôt que vers la vente de lait, s’explique soit par une volonté d’assumer moins de travail pour l’exploitant âgé, soit par la dimension de l’exploitation trop restreinte pour faire partie des circuits de ramassage de lait (il y a en Wallonie autant de vaches allaitantes que de vaches laitières dans les exploitations avec 5 vaches et moins : en Flandre, dans celles avec 3 vaches ou moins), soit encore pour employer une main-d’œuvre moins nombreuse dans le cas des grandes exploitations. Cette spécialisation se retrouve dans les exploitations purement bovines, et en moyenne Belgique dans des exploitations mixtes (en combinaison avec la grande culture dont on récupère les déchets pour l’alimentation du bétail).
48 L’orientation viandeuse de la blanc-bleu, principale race de vaches présente en Wallonie, renforce cette tendance. En Flandre, en région herbagère et en Haute Ardenne dominent des races mixtes ou laitières.
49 L’orientation viandeuse de la blanc-bleu occasionne certains problèmes dans les exploitations bovines qui, dans le Sud-Est, constituent le type d’exploitation le plus fréquent. En effet, le rendement laitier de cette race est nettement inférieur ; or, pour des raisons financières (trésorerie et remboursement des emprunts) tout jeune agriculteur est presque obligé de produire du lait. La production de viande suppose une certaine capitalisation et n’apporte que peu d’argent frais les premières années. Certains exploitants acquièrent des animaux d’autres races (Hollstein par exemple) qui ont un rendement laitier plus élevé.
50 La production de viande bovine a progressé de 16 % entre 1959 et 1970 et de 8 % entre 1970 et 1982. Le nombre d’abattages a en moyenne peu varié, malgré les fluctuations annuelles. En 1982, on constate un nombre d’abattages anormalement bas. Le poids moyen à l’abattage a tendance à croître, de l’ordre de 17 % par tête entre 1970 et 1982, en raison d’une utilisation plus importante d’aliments concentrés (un poids plus élevé étant ainsi atteint sans augmentation de la durée de l’engraissement).
51 L’Ardenne commercialise surtout des animaux maigres en raison des caractéristiques du fourrage (les conditions climatiques sont moins favorables dans le Sud-Est du pays à la production de maïs) tandis que le produit final pour l’abattage est commercialisé essentiellement en moyenne Belgique et en Flandre. Ces différences dans les structures du cheptel et de la commercialisation apparaissent à la lecture du tableau 6.
52 Par ailleurs, le nombre de bovins par détenteur croît régulièrement depuis 1959 ; la moyenne s’élevait à 12,7 bovins en 1959, à 22,6 bovins en 1970 et à 42,5 bovins en 1983 (voir tableau 8).
Le cheptel porcin
53 Le cheptel porcin a connu sa plus forte expansion entre 1959 et 1970, elle était encore importante jusqu’en 1975. L’évolution du cheptel (tableau 8) donne, une image plus précise de ce secteur que les abattages repris dans le tableau de la production commercialisable de viande (tableau 9), l’exportation d’animaux vivants est en effet non négligeable. Ainsi par exemple en 1970, les exportations dépassaient les importations ; aujourd’hui la situation commerciale est plus équilibrée.
54 Chaque exploitant possède en moyenne un nombre de plus en plus important de porcs (10 en 1959, 45 en 1970 et 152 en 1983).
La volaille
55 Le cheptel volaille a connu entre 1959 et 1970 une expansion spectaculaire qui a été encore plus forte pour les poulets de chair (x 5,3) que pour les poules pondeuses (x 2,4). On a assisté après 1970 à une baisse importante du cheptel des poules pondeuses et à une faible diminution du cheptel des poulets de chair. A cause de l’évolution des systèmes de production et de la productivité, les indices de l’évolution du cheptel et de la production commercialisable, exprimée en poids, ne sont pas identiques. Ainsi, la diminution du cheptel d’engraissement entre 1970 et 1983 ne va pas de pair avec une diminution de la production, et dans le secteur de la ponte la baisse de production d’oeufs est moins forte que celle du cheptel. On peut attribuer ce phénomène à une hausse de la productivité. La diminution relative de la production de viande de volaille signifie que depuis 1978 le taux d’auto-suffisance n’est plus atteint et que le commerce extérieur pour ce produit est devenu déficitaire alors qu’il était nettement positif auparavant.
56 L’évolution des prix (voir tableau 7) a été particulièrement défavorable dans le secteur des oeufs. La crise structurelle de ce secteur et la concurrence accrue sur le marché mondial sont responsables de cette évolution. Les investissements consentis dans ce secteur par les producteurs occasionnent un manque de souplesse d’adaptation au marché. Les producteurs ayant investi pendant les années 60 ont dû continuer à produire - même à perte - afin de pouvoir rembourser le capital emprunté. La concentration de la production est forte. Seules les grandes unités ont la possibilité de produire avec profit. On compte 371 exploitations possédant plus de 10.000 poules pondeuses. Elles ont ensemble 7,2 millions d’animaux ou 62 % du cheptel. Dans le secteur des poulets à rôtir on ne compte que 142 exploitations de plus de 20.000 poulets (de présence moyenne ; la production annuelle est au moins 6 fois plus importante). Elles concentrent 46 % du cheptel.
Évolution de l’indice des prix
Évolution de l’indice des prix
Évolution du cheptel
Évolution du cheptel
Production commercialisable : produits animaux (1)
Production commercialisable : produits animaux (1)
(1) Poids en carcasseLa valeur de production
57 Les produits de l’élevage représentent environ 2/3 de la production totale. Le secteur bovin (viande + lait) atteint 37 % et le secteur porcin 24 %. Le secteur de la volaille (viande + oeufs) est nettement moins important (moins de 7 %).
58 A prix courants, la part des produits de l’élevage a nettement augmenté entre 1959 et 1970 pour réduire après cette date. L’augmentation entre 1959-1970 est due à la croissance de la production de viande tandis que la part relative du lait et des oeufs diminue. La croissance est surtout due au secteur porcin, qui représentait 12,8 % de la production finale en 1959 et 24,3 % en 1970.
59 Après 1970, la valeur de production des oeufs a baissé et a été insuffisamment compensée par la légère augmentation de la part de la viande de bovidés et du lait.
60 A prix constants, la part des oeufs a moins diminué et celle des porcs a légèrement augmenté par rapport à l’évolution observée à prix courants, ceci à cause d’une évolution moins favorable des prix pour ces deux produits. Pour le lait et les bovidés c’est le contraire qui est relevé.
3 – La consommation des biens intermédiaires
61 La consommation intermédiaire représentait en 1983 55,3 % de la production finale, soit 120 milliards FB. Ce chiffre est important pour notre économie car la fourniture de biens intermédiaires correspond à une activité industrielle et commerciale considérable.
62 Exprimés à prix constants, la consommation de biens intermédiaires a atteint un maximum en 1978. Depuis lors on peut considérer que le volume a baissé, et ce, d’environ 3 % entre 1978 et 1982.
63 Entre 1973 et 1978 le volume a peu changé alors qu’entre 1965 et 1973 il avait augmenté de moitié. Cette augmentation de la consommation intermédiaire était, pour cette période, imputable à la croissance des aliments pour bétail en relation avec celle de la production porcine et avicole. La diminution de 3 % constatée entre 1978 et 1982 indique un certain essoufflement dans la consommation intermédiaire pour des raisons physiques (loi du retour diminuant) mais aussi économiques (augmentation des prix de certains de ces biens par rapport à une augmentation moins forte des produits agricoles dont ils conditionnent le rendement). Il y a d’autre part une meilleure utilisation de la consommation intermédiaire ("qualité" croissante des aliments pour le bétail ; utilisation plus rationnelle de l’énergie), sans que cette diminution ait une influence négative sur le produit final.
64 Le tableau 10 donne l’évolution de la structure de la consommation (exprimée en valeur) des biens intermédiaires.
Consommation intermédiaire
Consommation intermédiaire
65 Les aliments pour bétail représentent plus de la moitié avec un maximum atteint au début des années 70. Depuis, une baisse relative a été enregistrée. En volume une forte hausse est constatée entre 1965 et 1970, suivie par un ralentissement (1970-1975), par une stabilisation (1975-1980) et une tendance à la diminution.
66 Théoriquement il devrait y avoir une corrélation entre l’utilisation des aliments pour bétail et l’évolution du cheptel. Ceci n’est que partiellement vrai. Une première explication réside dans la modification de l’importance respective des consommateurs. Jusqu’en 1977, ce sont les aliments pour porcs qui dominent devant ceux pour la volaille et pour les bovidés. Depuis lors, les aliments pour bovidés ont devancé ceux donnés à la volaille. Ceci n’est pas dû à un accroissement du cheptel bovin, mais bien à un emploi croissant d’aliments par bovin ; l’accroissement étant le plus important dans le secteur laitier (tableaux 11 et 12).
Production et utilisation d’aliments composes pour animaux (x 1.000 T) (1),(2),(3)
Production et utilisation d’aliments composes pour animaux (x 1.000 T) (1),(2),(3)
(1) compris al. pour dindons, pigeons, lapins …(2) production + stocks + commerce extérieur
(3) rupture de série
Composition du cheptel (x 1.000)
Composition du cheptel (x 1.000)
67 Les prix moyens des aliments composés ont augmenté moins fortement que le prix de la viande bovine et du lait (tableaux 13 et 14) ce qui a relativement encouragé leur emploi et contribué à l’augmentation du rendement par vache (3.596 kg/vache en 1970, 3.940 kg/vache en 1982). Jusqu’en 1970, il y eut corrélation entre la consommation des aliments et l’évolution du cheptel porcin. Depuis 1975, la consommation d’aliments pour porcs a tendance a diminuer. Les fabricants d’aliments composés ont cherché à améliorer la qualité et l’effet sur la croissance et l’engraissement des porcs. Le rapport kg viande/kg aliment est favorable.
Prix moyen des aliments composés pour bétail (F/100kg)
Prix moyen des aliments composés pour bétail (F/100kg)
Prix payes aux producteurs
Prix payes aux producteurs
68 L’augmentation de la productivité des exploitations a résulté principalement de la consommation accrue d’aliments dans le secteur laitier et de leur amélioration dans le secteur porcin.
69 Jusqu’en 1980 les engrais et amendements représentaient le deuxième poste des biens intermédiaires. La valeur des produits énergétiques et lubrifiants les devançant depuis lors. A prix constants, aucune modification n’est observable depuis 1965. Les variations relatives sont donc imputables aux variations absolues des autres rubriques.
70 Compte tenu de la diminution de la superficie agricole durant la période indiquée on note néanmoins une augmentation de l’utilisation d’engrais par hectare (environ 1 % par an en moyenne). Une tendance à la substitution des engrais azotés aux engrais phosphatés et potassiques apparaît.
71 L’augmentation nettement plus élevée des prix des produits énergétiques par rapport aux autres biens intermédiaires explique leur part croissante (9,2 % en 1982) dans les charges totales, et ce, malgré une diminution de leur emploi en chiffres absolus. A prix constants et après 1975, une diminution de consommation des carburants et des combustibles est observée. Ainsi, par exemple, la consommation de carburants pour les cultures sous verre a baissé de plus de 20 % entre 1975 et 1982. Deux facteurs y ont joué un rôle : d’une part les mesures d’économie (isolation, …) et d’autre part une nouvelle répartition des cultures et de leur commercialisation au cours de l’année (ainsi par exemple, les cultures fortement chauffées ont été abandonnées).
72 La consommation de produits phytosanitaires et pharmaceutiques a doublé depuis 1965 : elle représentait alors 2 % de la valeur totale de la consommation intermédiaire et en 1982 5,1 % (soit une valeur de 5.520 millions). A prix constants, l’augmentation de la consommation de ces produits était de 52 % entre 1975 et 1980.
73 Parmi les frais de production les plus élevés figurent l’énergie, les salaires, les entretiens et constructions (voir tableau 15) et parmi les plus faibles, les fermages.
Indices des frais de production
Indices des frais de production
74 Le tableau 16 permet de comparer les indices des prix à la production à ceux des frais de production.
Indices des prix à la production
Indices des prix à la production
4 – Production, consommation et balance commerciale
La consommation par habitant
75 En vingt ans, la consommation moyenne de la population belge a subi quelques changements importants. La consommation de céréales et de pommes de terre a diminué fortement, toutefois celle des céréales s’est stabilisée après 1970. La consommation de sucre montre de légères fluctuations. Tandis que la consommation d’agrumes augmente entre 1959 et 1970, elle se stabilise entre 1970 et 1982. La consommation des autres fruits montre de fortes variations, influencées par celles annuelles de la production. Il en est de même pour la consommation de légumes.
76 Les changements les plus importants ont été enregistrés dans le secteur de la viande : la consommation de viande est passée de 57 kg à 89 kg, toutefois l’augmentation a été plus forte entre 1959 et 1970 que pendant la période suivante, et en particulier pendant cette dernière période une stabilisation de la consommation de la viande bovine est observée. La viande porcine et la volaille ont connu, pendant les deux périodes, une nette augmentation. La consommation s’est, donc, relativement orientée vers des viandes moins chères. Pour les produits laitiers, on note une diminution de la consommation des produits frais, une stabilisation de celle de beurre et une nette augmentation de la consommation de fromage. La consommation d’oeufs a baissé de 1959 à la fin des années 70, depuis on remarque une légère reprise.
77 L’orientation relative vers des viandes moins chères (stabilisation de la consommation de la viande bovine), l’arrêt de la diminution de la consommation de froment et d’oeufs, correspondent-ils à des facteurs de crise ?
Le degré d’auto-approvisionnement
78 D’une manière générale, le degré d’auto-approvisionnement a augmenté (voir tableau 17). En ce qui concerne les produits végétaux, l’auto-approvisionnement est atteint pour les pommes de terre, il est largement dépassé pour le sucre mais n’atteint que 50 % pour les céréales. Le déficit est aigu pour les céréales employées dans les aliments pour animaux.
Le degré d’auto-approvisionnement et la consommation humaine par habitant (1),(2),(*)
Le degré d’auto-approvisionnement et la consommation humaine par habitant (1),(2),(*)
(1) Poids carcasse, abats comestibles exceptés(2) En kg ; 257 œufs/personne en 1959 ; 239 en 1970 ; 241 en 1982
(*) Rupture de série, donnée non comparable
79 Tandis que notre production de légumes continue à dépasser les besoins (mais la plus grande progression a été réalisée entre 1959 et 1970) c’est le contraire qui se passe pour notre approvisonnement en fruits.
80 La part de la production intérieure dans la consommation s’est améliorée pour la viande bovine, le veau et le porc. La Belgique est restée autosuffisante pour les oeufs, une diminution nette des surplus est constatée après 1970. L’auto-approvisionnement pour les poules et les poulets n’est plus assuré au cours de la période 1980-1983. Pour la viande de cheval et de mouton, la production est insuffisante pour répondre à la demande : dans le premier cas, il s’agit d’une production diminuant face à une consommation constante ; dans le second, la progression de la production ne suit pas la demande intérieure grandissante.
81 On soulignera ici que la production de viande, qui représente environ la moitié de la valeur totale de notre agriculture, est à raison de 20 % excédentaire par rapport aux besoins intérieurs.
82 Dans le secteur laitier, les excédents continuent à augmenter pour les produits frais, le beurre, la poudre de lait écrémé. La production de fromage augmente elle aussi mais elle ne couvre que 41 % d’une demande encore en progression.
83 La croissance de notre agriculture permet donc d’assurer pour une bonne partie des produits un auto-approvisionnement. On remarquera toutefois que cette tendance a été plus marquée pendant la période 1960-70 que pendant la période 1970-80. Le déficit reste important pour les céréales et pour les fruits et agrumes.
84 D’autre part la Belgique reste importatrice de nombreux produits qui ne font pas partie de notre gamme de production comme les graisses végétales, les protéines, les produits divers entrant dans les aliments composés, les produits tropicaux… Il est donc important de considérer la balance commerciale globale des produits agricoles et horticoles.
Le commerce extérieur
Commerce extérieur de l’U.E.B.L., des produits agricoles et horticoles (en milliards de F) (indice : période 1969-73 = 100) et quote-part dans la balance commerciale totale
Commerce extérieur de l’U.E.B.L., des produits agricoles et horticoles (en milliards de F) (indice : période 1969-73 = 100) et quote-part dans la balance commerciale totale
85 Sur l’ensemble de la période considérée, les importations n’ont pas cessé d’augmenter dans une proportion plus élevée que les exportations. Des fluctuations caractérisent les différentes périodes considérées, ainsi entre 1959-63 et 1969-73, les exportations ont en fait augmenté plus fortement que les importations, le solde négatif est donc relativement plus faible (5,8 % des importations totales en 1959-63 et 2,4 % en 1969-73). Le solde par rapport à la valeur de production était de l’ordre de 23 % en 1959-63, 16 % en 1969-73, 24 % en 1974-78 et 27,5 % en 1980-82.
86 Une forte croissance des importations marque le début des années 70, suivie par une certaine stabilisation. Toutefois le solde négatif a évolué plus fortement que la valeur de production.
87 Ce solde est la résultante de deux courants, la valeur annuelle des importations en 1979-83 est à peu près égale à la valeur de la production totale indigène ; la valeur des exportations atteint environ 75 % de la valeur de production. En 1959-63 ces proportions étaient respectivement de 38 % et 15 %.
88 En fait le rapport entre la valeur des exportations (ou des importations) et la valeur finale de production ne peut être interprété "à la lettre" en ce sens que la valeur finale citée correspond à la valeur au niveau de l’exploitation, tandis que les chiffres au niveau des exportations ou d’importations comprennent également des produits manufacturés (légumes surgelés ou en conserve, viande découpée…) caractérisés par une valeur ajoutée plus élevée.
89 Le flux du commerce international devient donc de plus en plus important par rapport à la valeur de production. Le solde -négatif - s’est accru entre 1969-73 et 1979-83 par rapport à la valeur de production agricole mais est devenu moins important par rapport aux importations globales. Le rapport exportations/importations s’est amélioré entre 1959-63 et 1969-73. Il s’est stabilisé ensuite.
90 Le tableau 19 qui prend en compte la balance commerciale par groupes de produits montre que notre déficit global est surtout occasionné par celui des échanges des produits des grandes cultures : ce déficit est du même ordre de grandeur que la valeur des exportations. Dans le secteur horticole le déficit est proportionnellement plus restreint par rapport aux flux d’exportations et d’importations. Le solde fortement positif du secteur animal pendant la période 1969-73 s’est réduit depuis. Les transactions sont dans ce secteur importantes tant à l’importation qu’à l’exportation.
Commerce extérieur de l’U.E.B.L. par groupe de produits (en millions F)
Commerce extérieur de l’U.E.B.L. par groupe de produits (en millions F)
91 L’Institut économique agricole établit une balance commerciale des matières premières agricoles. Celle-ci est positive (74 milliards FB d’exportations en 1982 ; 57 milliards FB d’importations) grâce aux exportations d’engrais et de matériel agricole et malgré un déficit au niveau des aliments pour bétail.
92 Le rapport exportation-importation est positif pour la viande de porc, le lait et la crème, les farines, la viande bovine, les légumes frais et les oeufs. Les exportations de viande de porc ont connu un accroissement important entre 1969-73 et 1979-83 (le solde exportation/importation se chiffre à 16,9 milliards pour la période 1979-83).
93 Le rapport exportation-importation est négatif pour les graines oléagineuses, les fromages, le froment, le poisson, l’orge, les fruits exotiques, les fruits frais…
5 – La structure des exploitations
La superficie et les types d’exploitations
94 Les conditions dans lesquelles la production agricole est réalisée évoluent continuellement. Un volume toujours croissant est réalisé par un nombre de travailleurs et dans un nombre d’exploitations toujours plus restreint. La superficie moyenne des exploitations (tableau 20) est passée de 6,2 ha en 1959 à 13,4 ha en 1983. La superficie des exploitations professionnelles agricoles a plus que doublé (de 9,3 ha en 1959 à 19,6 ha en 1983).
Répartition et superficie des exploitations agricoles en fonction de la catégorie d’exploitant
Répartition et superficie des exploitations agricoles en fonction de la catégorie d’exploitant
95 La Wallonie et la Flandre ont, à cet égard, des profils différenciés : la superficie moyenne des exploitations professionnelles agricoles atteint 29,6 ha en Wallonie contre seulement 13,5 ha en Flandre. Le tableau 21 répartit les exploitations en fonction de leur superficie. Au niveau du pays, on note entre 1959 et 1983 un glissement des classes d’une superficie restreinte vers celles d’une superficie plus élevée.
Répartition des exploitations professionnelles agricoles par classe de superficie (en %)
Répartition des exploitations professionnelles agricoles par classe de superficie (en %)
96 En 1983, 20 % des exploitations avaient en Flandre plus de 20 ha contre pas moins de 58 % en Wallonie. Les exploitations de plus de 20 ha occupaient 34 % de la superficie totale pour la Flandre et pas moins de 84 % pour la Wallonie. Les exploitations de plus de 50 ha occupaient en Wallonie 37 % de la superficie agricole des exploitations agricoles professionnelles et 35 % de la superficie agricole totale de la région.
97 L’agrandissement des exploitations agricoles a été entre 1970 et 1983 légèrement plus rapide en Wallonie (+ 53 %, de 19,3 ha à 29 ha) qu’en Flandre (+ 44 %, de 9,4 ha à 13,5 ha). Tous les chiffres du tableau 21 se rapportent seulement aux exploitations agricoles professionnelles : celles-ci représentent 62,5 % du nombre total des exploitations produisant pour la vente et 91,5 % de la superficie agricole. A côté de celles-ci on ne peut oublier les 8.127 exploitations horticoles professionnelles (dont 94 % sont situées Flandre) qui représentent 7,7 % du nombre total des exploitations et seulement 1,5 % de la superficie agricole mais qui, vu leur production fort intensive, occupent une place importante dans la réalisation de la production finale du pays. Elles ont une superficie moyenne de 2,7 ha. Par ailleurs 29.949 exploitations sont gérées par un chef d’exploitation non occupé en permanence (dénomées dans le tableau "non-professionnelles"). Elles représentent 28,6 % du nombre total des exploitations, leur superficie moyenne est de 3 ha et elles occupent 6,5 % de la superficie agricole du pays. 70 % de ces exploitations sont situées en Flandre.
La mécanisation
98 L’évolution du parc de quelques machines agricoles fait l’objet du tableau 22. L’augmentation importante du nombre des tracteurs relevée entre 1959 et 1970 s’est ralentie du fait de la diminution du nombre des exploitations (elles étaient 180.000 en 1970 et 105.000 en 1982). L’Institut économique agricole considère que seuls 60 à 70 % du parc des tracteurs sont utilisés pleinement, le solde étant soit sous-employé soit vétusté. La puissance moyenne des tracteurs est passée de 64,9 chevaux en 1978 à 71,1 chevaux en 1982.
Les machines agricoles (1)
Les machines agricoles (1)
(1) chiffre pour 1967 (2) chiffre pour 1975 (3) chiffre pour 198099 Par contre le parc des machines spécialisées (pulvérisateurs, presses-ramasseuses, récolteuses de betteraves) s’étoffe, elles deviennent également plus perfectionnées et plus onéreuses (les charges d’amortissement restent importantes).
100 L’évolution des machines à traire a suivi un mouvement semblable à celui des tracteurs : augmentation correspondant à la période de la disparition de nombreuses exploitations et de la concentration de la production sur un nombre plus restreint d’exploitations.
101 La présence de tanks refroidisseurs de lait est généralisée chez les producteurs de lait d’une certaine importance. Ceci traduit les changements intervenus dans le ramassage du lait afin d’en diminuer les coûts : ramassage par camion-citerne (l’emploi de cruches, ou plutôt l’acceptation de cruches par les laiteries est devenu rare), ramassage moins fréquent (grâce à la réfrigération) d’autre part.
Le morcellement
102 La répartition des exploitations professionnelles agricoles par classe de superficie (tableau 23) montre qu’en moyenne le nombre des parcelles par exploitation s’est accru (de 7,14 à 7,74) dans un contexte où le nombre même d’exploitations a baissé (de 106.557 à 71.670) ; la superficie en moyenne par parcelle passe de 1,85 ha à 2,36 ha.
Évolution du morcellement (1)
Évolution du morcellement (1)
(1) Exploitations professionnelles, agricoles103 Pour les exploitations dont la superficie est inférieure à 20 hectares, le nombre moyen de parcelles a par contre diminué et leur superficie moyenne s’est accrue.
6 – Concentration et spécialisation
La concentration régionale s’accentue
104 La répartition régionale des superficies cultivées et du cheptel fait apparaître les spécialisations et leur évolution.
105 Une concentration plus poussée en Wallonie (tableau 24) existe pour les prairies et les prés, les céréales (en particulier le froment), les betteraves sucrières (cependant les autres cultures industrielles sont moins représentées en Wallonie) par rapport à la superficie agricole totale de cette région.
Répartition régionale des superficies cultivées et du cheptel : évolution de la part de la Wallonie
Répartition régionale des superficies cultivées et du cheptel : évolution de la part de la Wallonie
106 Dans les cultures industrielles, le lin est réparti d’une manière équivalente en Flandre et en Wallonie. Il faut remarquer que le lin cultivé en moyenne Belgique l’est surtout sous contrat pour des commerçants ou industriels du Courtraisis.
107 La part de la Wallonie dans la culture du houblon et de la chicorée à café est négligeable, celle du tabac diminue. Il faut ajouter qu’en Flandre toutes ces cultures n’occupent plus qu’une superficie absolue restreinte.
108 En Wallonie, la part des céréales cultivées augmente de manière constante. Cette "spécialisation" est causée non seulement par une augmentation relative de ces productions en moyenne Belgique mais aussi par un délaissement de la céréaliculture en Flandre.
109 Les cultures horticoles sont de plus en plus concentrées en Flandre ; la part des vergers, de la culture de la fraise, de la floriculture et des cultures sous verre dans la superficie totale diminue régulièrement en Wallonie. Celle des pépinières est plus stable, une partie de celles-ci étant axée vers la production de plants forestiers.
110 Un déplacement de la culture des légumes de plein air pour la vente vers la Wallonie (Moyenne Belgique) a été réalisé entre 1959 et 1979 ; la culture des petits pois et des haricots-princesse pour la conserverie se concentre dans la région limoneuse et le Condroz à la suite notamment d’une mécanisation plus poussée effectuée dans des exploitations de plus grandes dimensions. Par la suite, la culture d’autres légumes (carottes, salsifis, …) pour la conserverie s’est localisée principalement en Flandre occidentale.
111 La situation n’a guère évolué pour les prairies tandis qu’une diminution relative est constatée pour les fourrages. Les racines fourragères ont perdu de leur importance dans tout le pays et en particulier en région wallonne. Par contre, les fourrages verts ont triplé de superficie de 1970 à 1983 à la suite de l’expansion importante du maïs, réalisée en grande partie en région flamande (ce qui explique la relative régression relevée pour la Wallonie).
112 Le cheptel bovin et en particulier les vaches laitières ont longtemps été majoritairement localisés en Wallonie. Une intensification plus poussée de l’élevage bovin et de la consommation de maïs comme fourrage en Flandre a inversé cette tendance.
113 Une certaine reconversion s’est opérée du secteur laitier vers le secteur de la viande : ainsi 19 % des vaches présentes en Wallonie sont des vaches allaitantes, elles représentent 73 % du cheptel des vaches allaitantes du pays.
114 L’élevage non lié au sol, celui des porcs, des poules pondeuses et des poulets de chair, est aujourd’hui principalement concentré dans la région flamande.
115 Ces modifications correspondent à des adaptations à l’évolution de la superficie des exploitations et à celle des structures existantes en amont et en aval de l’agriculture, qui conduisent à des spécialisations au niveau des exploitations agricoles et des régions.
La concentration au niveau des exploitations
116 L’évolution de la concentration du cheptel au niveau des exploitations par province fait l’objet du tableau 25. Si la concentration relative des bovins n’a pas changé entre 1970 et 1983, la spécialité laitière est nettement moins accentuée en 1983, particulièrement dans la province de Luxembourg.
Évolution de la concentration du cheptel au niveau des exploitations (1970-1983) (1)
Évolution de la concentration du cheptel au niveau des exploitations (1970-1983) (1)
(1) Par rapport au total des exploitations Source : I.N.S.Tableau 25A. Concentration de la production évolution 1970-1983
Tableau 25A. Concentration de la production évolution 1970-1983
117 Par ailleurs, il ne reste plus aujourd’hui qu’un tiers des exploitations avec porcs. L’interprétation des chiffres est ici délicate. Si 20 % des exploitations wallonnes élèvent encore des porcs, elles ne représentent que 7 % du cheptel porcin. Un certain nombre de ces exploitations élèvent ou engraissent les porcs d’une manière artisanale.
118 Seule la Flandre occidentale voit plus de la moitié de ses exploitations élever des porcs aujourd’hui.
119 Le degré de concentration des productions, en terme de pourcentage d’exploitations les pratiquant (tableau 26) est élevé. La plupart des exploitations se sont dirigées vers un petit nombre, voire une seule production. Il en est ainsi particulièrement dans le secteur horticole.
Degré de concentration des productions (1983) (x du nombre total des exploitations avec …)
Degré de concentration des productions (1983) (x du nombre total des exploitations avec …)
120 De même les exploitations mixtes deviennent moins nombreuses ; le cas de l’exploitation des porcs en témoigne : 23 % des exploitations élèvent des truies contre 15 % des porcs à l’engrais.
7 – Le facteur de production « terre »
Le prix des terres (cartes 2 et 3)
121 Le facteur de production "terre" est fort important pour l’agriculture. Dans un pays urbanisé comme le nôtre, il existe souvent à cet égard des conflits entre le secteur agricole et les autres secteurs. Le tableau 27 montre qu’à partir de 1964 la perte annuelle des terres disponibles pour l’agriculture a été fort importante et ce jusque 1980 environ. Un net changement de cette tendance s’est opéré ces dernières années.
Évolution de la superficie agricole
Évolution de la superficie agricole
122 La relative rareté des terres est responsable de leur prix élevé dans les arrondissements fortement urbanisés. Les arrondissements de la province d’Anvers, les arrondissements de Roulers, de Courtrai, de Tielt et de Saint-Nicolas sont caractérisés par un prix moyen des terres élevé et par une augmentation de ce prix. Le prix des terres est influencé non seulement par des facteurs externes, comme la densité de la population, mais aussi par les structures agricoles (superficie moyenne des exploitations) et par l’intérêt porté par les agriculteurs eux-mêmes. Les valeurs des terres peu élevées dans la province du Limbourg pourtant fortement urbanisée, s’expliquent par la faible pression interne, tandis que celles de Flandre occidentale sont plus élevées que prévu.
Le prix du fermage (carte 4)
123 Les facteurs agricoles qui dominent le prix légal de la location des terres sont d’une part la fertilité du sol, d’autre part les possibilités de rentabilité en fonction de la structure d’exploitation.
124 Théoriquement le prix du fermage est défini légalement en fonction du revenu cadastral des terres, sur lequel un certain coefficient (de 1,67 en moyenne pour la période 1980-85) est appliqué. Le prix du fermage calculé de cette façon est le plus élevé dans les régions limoneuse et sablo-limoneuse et les Polders. Il est le plus bas dans le Jura, la Campine et l’Ardenne.
125 La définition des fermages à partir du revenu cadastral est entrée en vigueur en 1970. Les coefficients sont définis pour une période de 5 ans. Les coefficients viennent d’être définis pour la 4e période et entrent en vigueur à partir du 1er janvier 1985 [4]. La nouvelle péréquation des coefficients de fermage confirme la tendance à la hausse. Cette hausse n’est néanmoins pas la même dans les différentes régions agricoles et les provinces.
126 D’après les données fournies par les correspondants de l’I.N.S. répartis sur tout le territoire, les prix de fermage les plus élevés sont pratiqués dans la plus grande partie de la Flandre occidentale, ils y sont supérieurs à ceux en application en Flandre orientale. Ils sont élevés dans les régions herbagère de Liège et limoneuse ainsi que dans certaines communes du nord de la Campine anversoise.
Fermage des terres labourées en F/ha 1982 (en valeur réelle)
Fermage des terres labourées en F/ha 1982 (en valeur réelle)
127 Une différence entre le prix du fermage tel qu’il est pratiqué et celui défini légalement existe dans presque toute la Belgique, et particulièrement dans les arrondissements du centre de la Flandre occidentale (en raison d’une pression interne liée à la superficie d’exploitation) et dans le Sud-Est et le Nord-Est (à cause du fermage "légal" peu élevé, les possibilités actuelles d’amendements des sols permettant une rentabilité plus élevée que celle qui est habituellement prévue : le calcul de la rentabilité était auparavant surtout basé sur les rendements céréaliers alors que ces régions - Campine et Ardenne - sont actuellement orientées vers les herbages).
128 La définition des nouveaux fermages devrait diminuer la différence entre fermage réel et légal. Bien que les coefficients diffèrent régionalement, ils ne correspondent pas toujours aux écarts relevés à la carte 4. La hausse est particulièrement faible pour la province du Luxembourg (+ 7 % pour l’Ardenne) où l’écart est grand. Par contre la hausse est plus élevée en région limoneuse (entre 28 % et 43 % selon les provinces) où les écarts étaient en 1981 plus restreints. L’augmentation légale est d’environ 25 à 40 % dans les différentes parties de Flandre (les coefficients sont définis par région agricole à l’intérieur des provinces) et n’égalisent donc pas les différences plus prononcées entre les fermages réels et légaux.
129 Une des raisons pour lesquelles les agriculteurs sont disposés à payer une somme supérieure au fermage "légal" réside dans la nécessité pour ceux-ci d’agrandir la superficie de leur exploitation.
130 L’adjonction d’un hectare à la superficie existante d’une exploitation permet de supporter des coûts locatifs importants (les coûts fixes étant répartis sur une plus grande surface). Sur base des comptabilités agricoles on a observé que le bénéfice additionnel est plus élevé dans le cas d’exploitations de moins de 25 ha, la marge bénéficiaire restant néanmoins intéressante au-delà. De par la mécanisation, la superficie moyenne des exploitations reste, excepté en région limoneuse et au Condroz, inférieure au seuil de rentabilité et gagne à être augmentée. Par ailleurs la rentabilité s’améliore avec la productivité par hectare (rendement laitier élevé, haute densité de bovins, cultures semi-intensives comme les légumes pour la conserverie).
131 Un autre facteur intervient encore, celui des indemnités, généralement payées "en noir", par le nouvel occupant du sol au précédent et/ou au propriétaire. Des facteurs similaires à ceux expliquant les différences observées entre les prix pratiqués et les prix "légaux" interviennent ici.
Le rendement des terres agricoles
132 Environ 70 % des terres agricoles ressortissent du régime du fermage.
133 Deux éléments interviennent dans les faibles mouvements de vente et d’achat de terres agricoles : d’une part la loi sur les baux des terres agricoles protège l’agriculteur, d’autre part un rendement peu élevé et légalement fixé des terres agricoles n’encourage pas l’investissement (pour l’agriculteur elles sont trop chères, pour l’investisseur elles ne rapportent pas assez).
134 Calculé sur base des fermages et des prix de vente pour l’année 1981, le rendement direct s’élevait à 1,03 % en moyenne pour l’ensemble du pays, avec des différences entre la Flandre (0,78 % à cause des prix de vente élevés) et la Wallonie (1,5 %).
135 Il y a souvent peu d’amateurs pour les ventes de terres agricoles - malgré tout certains agriculteurs achètent encore des terres pour leur sécurité de production - et depuis 1979-80 on note une tendance à la baisse.
136 Nous sommes donc en présence de deux attitudes apparemment contradictoires : les agriculteurs ont besoin de terres et semblent prêts à payer un certain niveau de fermage mais peu d’entre eux semblent intéressés à investir dans des terres agricoles.
Ventes de gré a gré de terres de cultures et prairies (1.000 F/ha)
Ventes de gré a gré de terres de cultures et prairies (1.000 F/ha)
8 – Exploitations et main-d’œuvre
L’évolution de la main-d’œuvre
137 La population active agricole et horticole est passée de 360.000 unités de travail à temps plein en 1959, à 176.000 unités en 1970 et à 106.000 en 1981. Les pertes d’emploi se sont ralenties au cours de la dernière décennie, elles étaient de 41.895 unités entre 1970 et 1975 (soit 24 % de l’emploi de 1970) et de 28.170 unités entre 1975 et 1980 (soit 21 % de l’emploi de 1975).
138 Une évolution similaire a caractérisé, au cours de la dernière décennie, l’emploi permanent et non permanent (voir tableau 30). Entre 1960 et 1970, la main-d’œuvre permanente et non permanente a baissé respectivement de 48 % et de 33 % (dans le cas des chefs d’exploitation, les pourcentages de perte d’emploi étaient de 35 % et 19 % entre 1960 et 1970 et de 33 % et 47 % entre 1970 et 1980).
Évolution de la main-d’œuvre
Évolution de la main-d’œuvre
139 Au cours de la première décennie la main-d’œuvre occupée diminue plus rapidement que le nombre d’exploitations ; cette différence est moins prononcée, depuis lors, pour les emplois permanents tandis que le nombre d’exploitations non- permanentes connaissent une baisse supérieure à celles des emplois y afférents.
140 En 1983, 74 % de la main-d’œuvre permanente étaient chefs d’exploitation (contre 68 % en 1970), la baisse des autres personnes occupées en permanence a donc été plus rapide, même si elle est de moins en moins prononcée.
141 L’inverse se produit pour la main-d’œuvre non-permanente. En 1970, 55 % de celle-ci étaient chefs d’exploitation pour 45 % en 1983.
142 Cette main-d’œuvre non-permanente est occupée en grande partie dans des exploitations permanentes.
143 Dans un contexte de crise économique et de chômage. Les exploitants agricoles quittent plus difficilement leur secteur d’activités. Ceci explique le ralentissement, observé au cours de la seconde période, des diminutions d’emploi.
144 Cette situation varie-t-elle selon les régions ?
145 En ce qui concerne les chefs d’exploitation permanents la différenciation spatiale (carte 5) n’est pas fort prononcée. Elle est néanmoins plus importante dans la partie centrale et méridionale de la Flandre (de l’arrondissement d’Alost jusqu’à l’arrondissement de Hasselt) et dans certains arrondissements du Sud-Est de la Belgique. Ce sont en général des arrondissements caractérisés par des revenus moyens peu élevés ou qui sont fortement urbanisés.
146 Les cartes 6 et 7 confirment la tendance relevée au niveau du pays : dans pratiquement tous les arrondissements du pays, le taux de diminution est moindre entre 1980 et 1983 qu’entre 1973 et 1976. On remarquera que sur les deux cartes les arrondissements du Centre et du Sud de la Flandre occidentale et de Turnhout et de Maaseik en Campine, arrondissements à caractère agraire prononcé, ont connu la baisse la moins prononcée.
147 Pour les autres personnes occupées de manière permanente (carte 8), les pertes d’emploi sont les plus importantes dans le Sud-Est du pays et dans de nombreux arrondissements de Flandre ; et les moins fortes dans les arrondissements de Flandre occidentale et dans le Nord-Est du pays. Ce sont donc en général des arrondissements caractérisés par un revenu agricole favorable mais qui, de plus, sont caractérisés par l’existence de grandes exploitations (région limoneuse) ou par des exploitations de superficie plus modeste mais avec un système de production intensif (au chiffre d’affaires important) comme en Flandre occidentale. Les cartes 9 et 10 montrent la tendance de diminution nettement moins prononcée en 1980-83 qu’en 1973-76.
148 La main-d’œuvre non-permanente a connu des pertes d’emploi supérieures en Wallonie qu’en Flandre. Il est toutefois difficile de relever des disparités sous-régionales marquantes. Cependant la diminution est peu prononcée en Flandre occidentale et elle est inférieure à la moyenne du pays dans les provinces de Flandre orientale et d’Anvers.
Les successions
149 Dans le recensement agricole effectué par l’I.N.S. figure depuis 1979 une question relative à la succession des chefs d’exploitation âgés de 50 ans et plus. Au 15 mai 1983, elle concernait 58 % des chefs d’exploitation. Parmi ceux-ci 16 % déclaraient avoir un successeur de 14 ans ou plus, 57 % n’en avaient pas et 27 % ne savaient pas encore se prononcer. La carte 11 donne le pourcentage des exploitations ayant un successeur par rapport au nombre total des exploitants. Ce sont les arrondissements de la moyenne Belgique et de Flandre occidentale qui sont caractérisés par le taux de succession le plus important. Les taux les plus faibles sont enregistrés dans les arrondissements au centre méridional de la Flandre : d’Alost à Hasselt. Cette configuration spatiale est logique. La succession est la mieux assurée là où les revenus moyens dans l’agriculture sont favorables et où il y a de nombreuses exploitations professionnelles.
150 La comparaison entre la moyenne des réponses positives pour 1982 et 1983 (carte 11) et la moyenne 1979-1980 (carte 12) est intéressante : dans 37 des 43 arrondissements, la proportion des "oui" a augmenté.
151 La hausse relative des successions est une autre expression du phénomène relevé plus haut, et notamment d’une diminution moindre de la main-d’œuvre occupée. L’augmentation des "oui" est relevée dans les différentes parties du pays sans concentration géographique particulière.
152 La carte 13 illustre d’une autre manière l’influence présumée du manque d’emplois alternatifs. Elle donne la proportion des nouveaux exploitants entre les 15 mai 1982 et 1983 par rapport aux exploitants ayant déclaré avoir un successeur pour leur exploitation. Au niveau du pays, ils étaient 3.103 nouveaux exploitants tandis que le nombre d’exploitants ayant déclaré avoir un successeur s’élevait à 9.845 (16.374 personnes réservaient leur réponse) la proportion des nouveaux exploitants est élevée, l’étalement dans le temps des successions est important.
153 Les différences régionales sont ici intéressantes (carte 11). Le nombre des nouveaux exploitants est proportionnellement élevé dans les régions où le nombre de déclarations positives quant à la succession est faible. Ceci signifierait que dans certaines régions où les potentialités agricoles sont moins favorables et où les déclarations positives quant aux successions sont peu élevées, des choix de rester dans le secteur sont opérés devant les manques d’emplois alternatifs. Les nouveaux exploitants ne sont pas tous des fils d’agriculteur.
Conclusions
Évolution des principaux indices caractérisant l’agriculture belge
154 Ce tableau synthétique résume quelques grands traits de l’évolution de l’agriculture belge. La première période correspond à une évolution rapide de l’agriculture face à l’expansion de l’industrialisation et à une intensification importante (augmentation importante de la consommation intermédiaire). Le volume de l’emploi connaît une baisse supérieure aux autres périodes.
155 La deuxième période, celle des premières années du marché élargi et libre à l’intérieur de la Communauté européenne se caractérise par un volume de la production finale le plus élevé, par une amélioration structurelle (néanmoins moins forte que dans la période précédente) et par une intensification continues. En fin de période, la crise énergétique influence à la hausse les prix des produits intermédiaires.
156 La troisième période reflète un ralentissement général. La consommation de biens intermédiaires stagne, le volume de production reste donc pratiquement inchangé au cours de la période. L’emploi a moins fortement baissé. La valeur ajoutée brute à prix constants augmente nettement moins que pendant les deux périodes précédentes. Les prix à la production augmentent nettement moins vite que l’index des prix. Tous ces facteurs contribuent à une baisse du revenu réel par unité de travail.
L’évolution du revenu agricole
157 L’évolution du revenu agricole est influencé par l’amélioration structurelle (évolution du volume de l’emploi), par l’augmentation de la productivité et par l’évolution des prix (entre autre par rapport aux moyens de production et au niveau général des prix).
158 La diminution moins rapide du volume de l’emploi est un phénomène de crise face à un manque d’emplois alternatifs dans les autres secteurs. Ce phénomène pèse sur l’évolution du revenu du travail. De plus, il intervient à un moment où, pour des produits de base (céréales, lait), des seuils de production sont proposés au sein de la Communauté européenne et constituent un frein à l’intensification. Les mesures prises pour le lait pèsent sur l’évolution du revenu. Pour les produits pour lesquels il n’existe pas de seuils nationaux, la concurrence est ouverte au sein de la Communauté européenne. Au début du Marché commun, la Belgique, en particulier la Flandre, avait connu un essor certain, mais, actuellement, la concurrence s’accentue. Tandis que les Pays-Bas parviennent à maintenir leur part de production dans la production globale de la Communauté européenne, la Belgique voit sa part diminuer de 4,0 % à 3,2 % entre 1978 et 1982. A l’intérieur de la C.E.E., le Royaume-Uni consolide sa position (de 10,7 à 13,4 % par une augmentation de sa part dans la production d’oeufs, de lait, de viande bovine, de légumes, de froment, …, et devient un producteur redoutable, également pour des produits "intensifs".
159 Quant aux prix à la production pour les produits fortement soutenus, un ralentissement s’opère face aux difficultés budgétaires de la C.E.E.. Pour les produits moins soutenus (porcs, volaille, légumes …) on notera la position de force de producteurs (R.U., Pays-Bas) face à la stagnation de la consommation et à l’absence de grandes possibilités sur les marchés internationaux.
L’impact de la crise
160 L’impact de la crise, perceptible dans l’évolution de l’emploi, se traduit également dans une hausse relative des successions. Ce phénomène met, plus qu’auparavant, en relief l’importance du facteur de production sol. Les prix de fermage ne diminuent pas, au contraire. L’agriculteur est même prêt à payer plus que les taux officiels. On note également une diminution moindre de la superficie agricole durant les dernières années. Ceci n’est pas uniquement dû à des causes internes à l’agriculture mais également à une "agression" moindre des autres secteurs (industrie, communications, construction).
Spécialisation et intégration
161 Les phénomènes de spécialisation continuent à s’accentuer. Il s’agit, d’une part de la concentration spatiale causant une spécialisation régionale toujours plus poussée en fonction de la situation favorable des facteurs de production dans les différentes régions. Les différentes productions intensives, mais aussi la production laitières, sont de plus en plus situées au Nord du pays.
162 D’autre part la spécialisation est toujours plus poussée au niveau de l’exploitation.
163 De plus cette concentration et cette spécialisation vont de pair avec une intégration grandissante à l’intérieur du secteur agro-alimentaire aussi bien en aval qu’en amont de l’exploitation agricole.
164 Il convient donc de ne plus considérer l’exploitation agricole comme fait isolé mais bien en fonction de son environnement : agro-industrie et structures de commercialisation.
Prix des terres agricoles (x 1.000 F/ha) (1981)
Prix des terres agricoles (x 1.000 F/ha) (1981)
Évolution des prix des terres agricoles (indice 1981/1972)
Évolution des prix des terres agricoles (indice 1981/1972)
Fermage légal par hectare (1981)
Fermage légal par hectare (1981)
Fermage légal/fermage réel (1981)
Fermage légal/fermage réel (1981)
Évolution des chefs d’exploitation permanents (indice 1983/1973)
Évolution des chefs d’exploitation permanents (indice 1983/1973)
Évolution des chefs d’exploitation occupés en permanence (indice 1976/1973)
Évolution des chefs d’exploitation occupés en permanence (indice 1976/1973)
Évolution des chefs d’exploitation occupés en permanence (indice 1983/1980)
Évolution des chefs d’exploitation occupés en permanence (indice 1983/1980)
Évolution de la main-d’œuvre permanente (chefs d’exploitation exceptés) (indice 1983/1973)
Évolution de la main-d’œuvre permanente (chefs d’exploitation exceptés) (indice 1983/1973)
Évolution de la main-d’œuvre permanente occupée dans les exploitations agricoles (chefs d’exploitation exceptés) (indice 1983/1973)
Évolution de la main-d’œuvre permanente occupée dans les exploitations agricoles (chefs d’exploitation exceptés) (indice 1983/1973)
Évolution de la main-d’œuvre permanente occupée dans les exploitations agricoles (chefs d’exploitation exceptés) (indice 1983/1980)
Évolution de la main-d’œuvre permanente occupée dans les exploitations agricoles (chefs d’exploitation exceptés) (indice 1983/1980)
Proportion des exploitants de 50 ans et plus déclarant avoir un successeur à l’exploitation (indice 1983/1982)
Proportion des exploitants de 50 ans et plus déclarant avoir un successeur à l’exploitation (indice 1983/1982)
Proportion des exploitants de 50 ans et plus déclarant avoir un successeur à l’exploitation (indice 1980/1979)
Proportion des exploitants de 50 ans et plus déclarant avoir un successeur à l’exploitation (indice 1980/1979)
Pourcentage des nouveaux exploitants par rapport aux exploitants de 50 ans et + ayant déclaré avoir un successeur à l’exploitation (indice 1983/1982)
Pourcentage des nouveaux exploitants par rapport aux exploitants de 50 ans et + ayant déclaré avoir un successeur à l’exploitation (indice 1983/1982)
Notes
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[1]
Référence est faite aux années de recensement 1959 et 1970, qui ont servi de base dans les précédentes analyses du même auteur, voir Courrier Hebdomadaire du CRISP n° 610, du 29 juin 1973, "L’évolution de la population agricole belge de 1959 à 1972" et n° 731, du 27 août 1976, "La régionalisation de la valeur de la production agricole belge".
-
[2]
"Evolution de l’économie agricole et horticole (1983-1984)", rapport du gouvernement, Cahiers de l’Institut Economique Agricole, n° 246, 1984.
-
[3]
Evolution de l’économie agricole et horticole (1982-1983), rapport du gouvernement, Cahiers de l’Institut Economique Agricole, n° 239, décembre 1983 p. 29.
-
[4]
Moniteur belge du 1er février 1985.