Notes
-
[1]
Pour plus de détails concernant l’historique de la Fédération de 1906 à 1946, voir C. Saldari, "Les structures de Fabrimétal", Courrier Hebdomadaire du CRISP n° 854-855 du 12 octobre 1979, et E. Deshormes, "Structures et activités de Fabrimétal 1946-1965", Mémoire de licence en Histoire contemporaine, ULB 1982-1983, p. 1-14.
-
[2]
Fédération des entreprises de l’industrie des fabrications métalliques, statuts, article 4.
-
[3]
Les structures de la Fédération sont étudiées plus en détail dans E. Deshormes, op.cit., p. 15-19, 143-154. Pour la description des structures actuelles, voir, C. Saldari, op.cit., p. 12-32.
-
[4]
Procès-verbaux du Conseil d’administration de Fabrimétal, Bulletins Hebdomadaires de Fabrimétal, Rapports annuels du Conseil d’administration de Fabrimétal.
-
[5]
Georges Velter a été directeur général de Fabrimétal de 1946 à 1952, administrateur-directeur général de 1952 à 1959 et administrateur-délégué de 1959 à 1965.
-
[6]
G. Velter, "Un bel avènement", Editorial in Bulletin hebdomadaire, n° 2, 1946, pp. 23-24.
-
[7]
Procès-verbal de la réunion du conseil d’administration du 15 janvier 1947.
-
[8]
Ce fonds devait être utilisé en partie pour payer les allocations familiales. Le solde constitua une réserve de conjoncture remis au Fonds de chômage et mobilisé en vue de poursuivre une politique de logements à bon marché.
-
[9]
G. Velter, "L’industrie des fabrications métalliques et le financement des investissements", Bulletin d’information du Comité national pour le développement de l’épargne mobilière, février 1954.
-
[10]
N. Loeb, Le patronat industriel belge et la CEE, Editions de l’Institut de Sociologie de l’U.L.B., Bruxelles, 1965, p. 29.
-
[11]
G. Velter, "Benelux", Editorial in Bulletin Hebdomadaire, 31 octobre 1960, p. 883.
-
[12]
G. Velter, "Benelux", Editorial in Bulletin Hebdomadaire, 31 octobre 1960, p. 883.
-
[13]
Lettre de C. Velter a Jean Duvieusart, ministre des Affaires Economiques et des Classes Moyennes in Bulletin Hebdomadaire de Fabrimétal du 28 janvier 1952, p. 80.
-
[14]
G. Velter, "Dommage !" Editorial in Bulletin Hebdomadaire de Fabrimétal du 20 janvier 1958, p. 24.
-
[15]
"Marché Commun et ententes internationales", in Bulletin Hebdomadaire du 24 juin 1957, p. 494.
-
[16]
"Marché Commun et ententes internationales" in Bulletin Hebdomadaire du 24 juin 1957, p. 500.
Introduction
1 La Fédération des entreprises de l’industrie des fabrications métalliques (Federatie van de ondernemingen der metaalwerkende nijverheid), en abrégé Fabrimétal, voit le jour en 1946. Elle regroupe les entreprises produisant des fabrications mécaniques, métalliques et électromécaniques et remplace la Fédération des constructeurs créée en 1906 [1].
2 Elle a pour objet : "de grouper les entreprises des fabrications métalliques. D’entretenir et de renforcer l’esprit et les liens de solidarité professionnelle entre ses membres. De favoriser la création d’ententes industrielles entre eux. D’étudier, d’encourager et de réaliser, tout ce qui en matière sociale, économique, technique, juridique et fiscale dans les domaines matériel et moral, peut être professionnellement utile à ses membres, en particulier, et à l’industrie des fabrications métalliques, en général, ou à l’une ou plusieurs de ses branches et de contribuer à l’expansion et à la prospérité de l’industrie des fabrications métalliques, élément fondamental de l’économie nationale. D’assurer la représentation, la protection et la défense de leurs intérêts professionnels" [2].
3 Au moment de sa création, Fabrimétal réunit plus de 2.000 affiliés, parmi lesquels un grand nombre d’entreprises de petite dimension.
4 La Fédération est gérée par un Conseil d’administration composé du Président et des cinq vice-présidents de l’organisation. Le Comité de direction est chargé de la gestion des affaires courantes. L’Assemblée générale constitue le pouvoir souverain de la Fédération. Les affiliés sont groupés en associations régionales selon l’endroit où ils ont le siège de leur entreprise et en sections professionnelles selon la ou les activités qu’ils exercent. Ces sections sont elles-mêmes rassemblées en groupes professionnels qui poursuivent un double objectif : d’une part, promouvoir les ententes entre industriels et les échanges d’information concernant les réglementations et les techniques de fabrication et de vente ; d’autre part, participer à l’élaboration de la politique de Fabrimétal en matières économiques. Les responsables du groupe se réunissent au sein d’un comité consultatif le comité économique, afin de rechercher des solutions aux problèmes qui ne peuvent être résolus que sur le plan collectif.
5 Dans le domaine social, l’organisation est assez similaire. Les entreprises sont réparties en associations régionales qui exercent, elles aussi, deux types d’activité. Il s’agit, d’un côté, de fournir aux industriels tous les renseignements en matière de législation sociale, d’application des barêmes et des conventions, etc. D’un autre côté, l’association régionale représente et défend les patrons. Ses représentants siègent dans les Commissions paritaires régionales là où elles existent, et interviennent dans les conflits d’ordre social. Ils se réunissent également au sein d’un comité social, comité consultatif, chargé de fixer la politique générale de Fabrimétal en matière sociale et d’établir une doctrine patronale dont un des moyens d’expression réside dans la publication du Bulletin Hebdomadaire [3].
6 Fabrimétal est une des organisations les plus importantes au sein de la Fédération des industries belges. Elle prend position sur toutes les questions économiques et sociales qui touchent l’industrie qu’elle représente. Les contacts qu’elle entretient avec les diverses administrations publiques et sa présence au sein de nombreux organismes qui participent à la décision économique et sociale (Conseil central de l’économie, Conseil paritaire général puis Conseil national du travail, Conférences nationales du travail, Office belge du commerce extérieur, Office national du Ducroire, Commission des prix etc.) lui permettent de faire connaître ses opinions aux milieux intéressés.
7 Le présent Courrier Hebdomadaire se propose d’étudier quelle a été l’action de Fabrimétal dans les domaines économique et social pendant la période 1946-1965. Cette étude a été réalisée sur base de documents émanant, pour la plus grande partie, de Fabrimétal [4]. Aussi les évènements sont-ils décrits principalement tels qu’ils ont été vécus à l’intérieur de la Fédération et les prises de positions qui sont présentées sont-elles celles du patronat.
8 La période analysée prend fin en 1965 pour deux raisons. D’abord, l’activité de Fabrimétal pendant toute la période d’après-guerre est indissociable de celle de son directeur général, Georges Velter. En effet, on trouve celui-ci à la base de la plupart des initiatives prises par la Fédération. Il connaît parfaitement tous les problèmes auxquels est confrontée l’industrie des fabrications métalliques et c’est lui qui représente Fabrimétal dans toutes les réunions importantes et dans la plupart des organismes qui participent aux décisions de politique économique et sociale dans le pays. C’est en 1965 que Georges Velter abandonne son rôle de premier plan au sein de Fabrimétal. Cette même année, on assiste à la première modification des statuts depuis 1946. Aussi, l’année 1965 apparaît-elle un peu comme la fin d’une époque marquée par des hommes qui ont connu l’économie d’avant-guerre et qui ont participé de manière active à la mise sur pied d’un nouveau système des relations économiques et sociales. La modification des statuts de 1965 fut un premier pas vers une nécessaire adaptation.
I – ACTIVITES ET POSITIONS DE FABRIMETAL EN MATIERE ECONOMIQUE
1 – Les années de reconstruction
9 Les bases de la politique de Fabrimétal en matière économique ont été énoncées dès juin 1943 par Georges Velter [5], dans un discours prononcé à la tribune de la Société Royale Belge des Ingénieurs et Industriels. Selon G. Velter les principaux objectifs à atteindre après la fin de la guerre, pouvaient se répartir en trois catégories. D’une part, il considérait que l’époque était révolue où les entreprises tentaient de lutter les unes contre les autres cherchant à s’approprier la plus grande part du marché. Il estimait que l’économie avait atteint un stade d’évolution industrielle auquel seul l’effort conjugué de l’industrie toute entière pouvait donner des résultats satisfaisants. Il soulignait la nécessité d’une plus grande collaboration entre industriels, tant sur le plan économique que sur le plan technique, et la nécessité d’un rapprochement entre les hommes de science et les hommes de l’industrie. La Belgique représentant un marché limité, l’importance des exportations pour l’industrie des fabrications métalliques nécessitait, en outre, une harmonisation des techniques de production et une adaptation aux normes de la demande étrangère mais aussi, et nous en arrivons ici au second point, une collaboration accrue entre l’industrie et les pouvoirs publics.
10 Cette collaboration s’avérait nécessaire tant pour le financement des exportations que pour l’aide que pouvait accorder l’Etat dans la prospection de nouveaux marchés. Pour G. Velter, le rôle de Fabrimétal était d’assurer la liaison entre les industriels et les pouvoirs publics en fournissant à ces derniers toute la documentation et toute l’aide nécessaires. Au surplus, le seul moyen d’obtenir que l’industrie ne soit pas mise sous la tutelle politique, consistait selon lui, à l’organiser de manière telle qu’elle soit capable de résoudre, elle-même, sans perdre le souci de l’intérêt général, les problèmes qui lui sont posés.
11 Enfin, la troisième préoccupation de G. Velter concernait les bouleversements que devait connaître l’économie d’après-guerre au point de vue social.
12 Au lendemain de l’assemblée constitutive de la nouvelle fédération, en 1946, le directeur général définissait la position de Fabrimétal et de ses divers interlocuteurs au sein de l’économie de la manière suivante :
"1) Nous postulons la nécessité d’une forte organisation industrielle et patronale, capable de parler au nom de tous, compréhensive des nécessités du moment et n’ayant en vue, à travers sa propre prospérité, que le bien général ;
2) Suivant la nature des industries, le cadre de cette organisation doit varier. Dans l’industrie des fabrications métalliques, il importe qu’elle permette aux petites entreprises d’être entendues et défendues comme les grandes, de participer aux travaux et, par conséquent, aux solutions ;
3) Au-dessus des groupements d’industries doit exister une Fédération générale. C’est la Fédération des Industries Belges, récemment constituée. Cette Fédération, dont nous serons de loyaux soldats, doit être puissante. Elle doit être dynamique. Son rôle est d’affirmer la position de l’industrie dans la vie économique et sociale, de faire en sorte qu’il en soit tenu compte. Son rôle est aussi de faire la synthèse des intérêts particuliers fondus dans le creuset de l’intérêt général. Son rôle est encore, sur le plan national, de donner aux groupements industriels et aux hommes qui les composent des directives et des mots d’ordre ;
4) Le devoir primordial d’un groupement comme le nôtre est de tout mettre en œuvre pour que l’industrie qu’il représente soit aussi prospère que possible. Ce but, noblement conçu, ne comporte aucun esprit de réaction ou de gain sordide.
Il signifie, au contraire, que vivant avec son temps, conscient de ses responsabilités et de ses devoirs, l’industriel s’efforcera, avec la collaboration de ses confrères, de faire en sorte qu’aucun reproche ne puisse lui être adressé dans l’exercice de ses fonctions économiques et sociales ;
5) Les progrès à accomplir pour atteindre cette souhaitable perfection impliquent que le groupement et les industriels soient conscients de leurs devoirs envers la masse de leurs collaborateurs. Rien ne se fait sans l’homme ; tout se fait finalement par et pour lui. Nous professons ouvertement notre volonté de large collaboration avec les organisations ouvrières. Nous sommes conscients des réformes profondes qu’elle implique et nous ne les craignons pas. Mais nous voulons aussi que la collaboration, suivant sa signification étymologique, soit double, loyale et sincère. Nous voulons qu’elle reconnaisse l’existence et la nécessité d’une hiérarchie dans les fonctions et, par conséquent, d’une autorité qui dirige et qui commande ;
6) Nous demandons à l’Etat, gardien de l’intérêt national, de normaliser son action directrice, de ne pas confondre les notions de conception et d’exécution, de laisser aux professions elles-mêmes, lorsqu’elles sont bien organisées, le soin d’assumer les multiples besognes pour lesquelles elles sont faites. Nous lui demandons aussi d’être logique et de ne pas essayer, en ce siècle d’organisation collective, de voir clair dans le dédale des problèmes économiques à travers les opinions individuelles. Au niveau de l’Etat, la vision doit être panoramique" [6].
14 Le rôle que s’assignait Fabrimétal était donc d’intervenir chaque fois que les problèmes rencontrés par ses membres dépassaient l’intérêt individuel. Les dirigeants de la fédération avaient pour souci de s’en tenir à une règle de conduite générale et d’inscrire leur politique dans le cadre de l’évolution économique et sociale telle qu’ils la concevaient. Ils proclamaient leur volonté de servir toutes les entreprises affiliées de manière égale et de ne pas négliger les petites entreprises. Il s’agissait, en effet, pour eux de renforcer la solidarité entre les industriels, que ce fût au niveau de la branche d’activité ou au niveau interprofessionnel. La constitution d’un bloc homogène représentant le patronat était devenue, leur semble-t-il, nécessaire pour faire face au développement des organisations syndicales et aux interventions croissantes de l’Etat dans la vie économique. Ces interventions, qui s’avéraient souvent indispensables dans le contexte économique de l’après-guerre, n’étaient cependant pas toujours considérées de manière favorable par les partisans de la libre entreprise. Le patronat était pleinement conscient que s’ouvrait une période économique caractérisée, entre autres, par une collaboration accrue avec les pouvoirs publics. Cependant, les paroles de G. Velter montrent que les industriels n’étaient pas prêts à donner à l’Etat des responsabilités qui limiteraient leurs prérogatives. Il leur paraissait néanmoins important que l’industrie entretienne d’excellentes relations avec les représentants de l’Etat et des organisations syndicales. C’est pourquoi, les dirigeants de la fédération avaient invité à leur première Assemblée générale, le ministre des Affaires Economiques et le ministre du Rééquipement, des hauts fonctionnaires, des délégués de la FIB, des délégués de grandes organisations syndicales et la presse. Les discours prononcés à cette occasion par Georges Velter, Maurice van der Rest, président de la FIB et Albert Devèze, ministre des Affaires Economiques, soulignaient le désir de collaboration entre industriels, entre l’industrie et le gouvernement et entre l’industrie et les organisations syndicales.
a – Approvisionnement
15 La présence du ministre du Rééquipement à cette séance montre l’importance que revêtaient aux yeux de la fédération les problèmes relatifs au redémarrage de l’activité économique. Pendant la période de pénurie de matières premières, la répartition de celles-ci entre les diverses industries était strictement réglementée par un système de contingents.
16 Fabrimétal a cherché d’abord à augmenter, ensuite à supprimer les contingents. Les produits dont l’industrie des fabrications métalliques manquait le plus, étaient surtout les combustibles et les produits laminés. Dès octobre 1945, la fédération venait en aide à l’Office Central des Contingentements débordé, en répartissant les contingents entre les entreprises de fabrications métalliques. A partir d’août 1946, Fabrimétal obtint le droit de déterminer ses propres contingents. Cependant elle estimait ceux-ci insuffisants et reprochait au système d’entraver l’essor de l’industrie. L’action de Fabrimétal dans ce domaine s’est concrétisé par de fréquents contacts avec la sidérurgie, par des lettres adressées au Comité des Priorités, organisme chargé de déterminer vers quelles branches d’industrie devaient être canalisés l’achat ou la production des matières premières, par des lettres et des entrevues avec le ministre des Affaires Economiques et les hauts fonctionnaires de son Ministère.
17 La thèse défendue par le conseil d’administration de Fabrimétal était le "retour à la liberté" dans tous les domaines où les conditions le permettaient et notamment dans l’approvisionnement du marché intérieur en produits ferreux. Ce "retour à la liberté" devait être accompagné de l’obligation de publier des statistiques d’expédition afin qu’un contrôle subsiste. Selon les dirigeants de Fabrimétal la priorité devait être réservée au marché intérieur et à l’exportation indirecte.
18 Les besoins des industries belges avaient doublé et parfois triplé par rapport à l’avant-guerre, la fédération considérait donc qu’il fallait fixer de nouvelles quantités pour chaque secteur. Fabrimétal reprochait à la politique gouvernementale d’aller à l’encontre de ce principe en favorisant les exportations directes d’acier et de charbon.
19 Devant la réduction des contingents de charbon et de coke qui menaçaient de fermeture un certain nombre d’usines, Fabrimétal lança une vaste campagne de solidarité entre ses membres afin que, ceux dont les besoins n’étaient pas considérés comme vitaux renoncent à leur part. Ainsi pour le mois de décembre 1946, 898 firmes ont renoncé à toute attribution de charbon et 855 à toute attribution de coke. De plus, dans certains groupes, le tonnage demandé était inférieur de 50 % à celui des mois précédents [7]. Cependant, les contingents demeuraient insuffisants, d’autant plus que, comme le révélait une enquête menée par l’organisation patronale des producteurs de charbon, certains industriels établissaient de fausses déclarations de besoins ou possédaient des stocks cachés. Fabrimétal ne désirait pas aider ces industriels peu scrupuleux.
20 Le Ministère des Affaires Economiques ne resta pas insensible aux efforts menés par la fédération et s’évertua à satisfaire les demandes de Fabrimétal.
21 Au cours de l’année 1947, l’approvisionnement en charbon et en coke s’améliora progressivement et finalement les contingents furent supprimés.
22 Les difficultés allaient se maintenir plus longtemps pour l’approvisionnement en produits laminés. La distribution d’acier se faisait par l’intermédiaire de la Commission des besoins immédiats qui recevait les demandes des industriels et qui leur délivrait des bons d’achat. En raison de la production restreinte d’acier, les demandes devaient être accompagnées d’une attestation du laminoir s’engageant à inscrire la commande. Ainsi les industriels dépendaient des sidérurgistes, et le problème se posait plus particulièrement pour les entreprises affiliées à Fabrimétal qui absorbaient environ 60 % de la consommation intérieure en produits laminés. Afin d’empêcher que la situation s’aggrave et d’éviter que l’interventionnisme de l’Etat ne prenne des proportions jugées trop considérables, Fabrimétal décida d’établir des relations permanentes avec la sidérurgie. Ainsi les deux industries ont mis sur pied un conseil général comprenant les membres des deux Comités de direction, une commission sociale et une commission commerciale, outre la commission technique (commission mixte des aciers) qui avait été créée pendant la guerre.
23 Progressivement, au cours de l’année 1947, la pratique d’achat des bons a été supprimée pour certaines catégories de produits ; elle l’a été pour l’ensemble des produits, début 1948. La production sidérurgique n’avait pas pour autant encore atteint le niveau d’avant-guerre. Cependant la convention de collaboration avec la sidérurgie permettait aux industriels de voir l’avenir avec un certain optimisme. Les difficultés d’approvisionnement pour certains produits, tels les fontes de moulage, les mitrailles et les tôles, se maintinrent jusqu’en 1951 mais tendaient à s’aplanir.
b – Politique des prix
24 Fabrimétal était hostile à toute politique de contrôle des prix par le gouvernement, tant pour les prix en fabrication métallique, que pour les prix des matières premières. Les prix de l’acier étaient considérés comme excessifs. Les démarches de Fabrimétal ont été dans le sens d’une fixation des prix directement entre producteurs et consommateurs, car c’est, selon ses dirigeants, un problème qui doit être réglé uniquement par des considérations économiques. La fédération reprocha en outre au gouvernement de ne pas faire la distinction entre biens d’équipement industriel et biens de consommation.
25 Fabrimétal lança, en 1947, une campagne de baisse des prix, en fabrications métalliques, afin de rendre les entreprises belges compétitives sur le marché extérieur et d’empêcher la course des prix et des salaires. Dans l’optique de ses dirigeants, Fabrimétal devait servir de modèle aux autres branches industrielles et c’était "le moment de montrer que cette organisation est efficace lorsque l’avenir du pays est en jeu".
26 La campagne de Fabrimétal porta ses fruits et au fur et à mesure que les difficultés d’approvisionnement disparaissaient, le niveau des prix en fabrications métalliques se stabilisait. L’arrêté du 4 avril 1949 proclama le retour au prix normal pour presque tous les produits des fabrications métalliques.
27 Le prix de l’acier demeura, toutefois, trop élevé aux yeux des dirigeants de Fabrimétal. Le 19 octobre 1949, le conseil d’administration demanda à Jean Duvieusart, ministre des Affaires Economiques et des Classes Moyennes de se poser en arbitre dans le conflit qui opposait Fabrimétal à la sidérurgie. La fédération considérait d’une part que l’entrée de la Belgique dans le Benelux ne devait pas engendrer une hausse du prix de l’acier qui défavorisait la vente des produits de fabrications métalliques en Hollande. D’autre part, elle estimait que la dévaluation de 30,5 % de la livre, le 18 septembre 1949, qui avait entraîné la dévaluation du florin, du FF et du DM respectivement de 30,5 %, 22 % et 25 %, (la Belgique avait dévalué sa monnaie de 12,345 %), avait fortement faussé la concurrence et diminué les prix de revient en sidérurgie. La situation nécessitait que le gouvernement intervienne afin de défendre l’industrie des fabrications métalliques, première industrie exportatrice et meilleur client de la sidérurgie.
28 Finalement, un arrêté de novembre 1949, mettra fin à la polémique en mettant l’acier sous le régime du prix normal.
c – Dommages de guerre, récupération des biens, Office des séquestres
29 Parmi les autres préoccupations de Fabrimétal, spécifiques à l’immédiat après-guerre, il faut mentionner le rôle que la fédération a joué comme intermédiaire entre ses affiliés et le Ministère des Affaires Economiques pour évaluer les dommages de guerre, pour établir les listes des industries allemandes qu’il serait "intéressant" de voir démontées et transplantées en Belgique et pour l’attribution des quelques voitures, camions, locomotives importés ou fournis par l’Organisation Militaire Alliée qui s’occupe de la liquidation des biens américains.
30 De 1946 à 1951, Fabrimétal ne cessa de protester contre les procédés de l’Office des Séquestres qui, selon elle, gérait les entreprises séquestrées pour son propre compte, en allant même parfois jusqu’à produire des fabrications nouvelles.
31 Ces entreprises sous séquestre étaient soit d’anciennes firmes allemandes, soit des entreprises dont les dirigeants avaient été condamnés pour faits de collaboration. Fabrimétal craignait que les entreprises allemandes soient reprises par leurs anciens propriétaires si on tardait à procéder à leur liquidation, et reprochait à l’Office des Séquestres de mal gérer les entreprises saisies pour collaboration économique. Ces biens seront finalement liquidés en 1951.
d – Le commerce extérieur
32 L’industrie des fabrications métalliques est fortement exportatrice. La mission que se fixait Fabrimétal dans le domaine des accords commerciaux est vaste. Elle consistait surtout à préparer les négociations commerciales, à y participer et à suivre l’exécution des accords conclus.
33 Les divers aspects de l’activité de la fédération en matière d’exportation étaient coordonnés par le Comité économique. Pour mener à bien sa tâche, celui-ci encourageait les affiliés à lui transmettre tous les renseignements qui pouvaient être utiles et à faire appel au service des licences de Fabrimétal qui se chargeait des formalités à accomplir auprès de l’administration. Dès que le Ministère des Affaires Economiques faisait savoir que des pourparlers commerciaux allaient s’ouvrir, Fabrimétal publiait une note dans le bulletin hebdomadaire demandant aux affiliés d’envoyer leurs desiderata. Elle incita, en outre, les industriels à se grouper en syndicats d’exportation. Fin 1947, une soixantaine d’ententes fonctionnaient déjà, allant du simple comité où les industriels échangeaient entre eux de la documentation, jusqu’aux syndicats qui organisaient la participation collective aux foires et aux expositions, avaient des agents et des bureaux en commun à l’étranger, etc. Fabrimétal considérait, en effet, qu’il est primordial pour l’industrie des fabrications métalliques de s’assurer de nouveaux débouchés par la propagande et la prospection à l’étranger. Divers moyens ont été mis en œuvre à cet effet : publicité collective, expositions, étude systématique des marchés, envoi de missions, bureaux à l’étranger, etc.
34 Fabrimétal encouraga les affiliés à faire appel au service de l’Office du Ducroire dont G. Velter était administrateur depuis le 25 avril 1947. Le rôle du Ducroire est d’accorder des garanties aux industriels qui veulent traiter avec des clients étrangers résidant dans des pays où la situation économique et politique est peu sûre. La fédération estimait que trop d’industriels méconnaissaient ce rôle et abandonnaient ainsi des affaires intéressantes. C’est pour remédier à cette situation que début 1948, le Comité économique créa une commission du Ducroire chargée de mieux faire connaître cet organisme aux industriels.
35 Mais la fédération ne se limitait pas à organiser des services pour ses affiliés ; elle menait également une politique de promotion des exportations, qui s’adressait aux pouvoirs publics et qui avait pour but d’améliorer la situation du commerce extérieur de la Belgique. En effet, pendant les années d’immédiat après-guerre, et cela jusqu’en 1947, la Belgique se trouvait dans une situation telle qu’elle pouvait vendre ses produits aux prix souhaités. Les industries des pays voisins qui avaient davantage souffert des effets de la guerre avaient besoin de biens d’équipement et de produits semi-finis pour assurer leur reconstruction. Ainsi les industriels belges pouvaient, même, exiger d’être payés à l’avance.
36 Cette situation se transforma dès que les entreprises étrangères redevinrent compétitives. L’industrie belge qui n’avait pas eu recours aux investissements de remplacement nécessaires et dont les produits à l’exportation ne rencontraient pas toujours les normes de la demande étrangère, allait connaître quelques difficultés, d’autant plus qu’en raison de ses structures industrielles vieillies, ses prix étaient trop élevés. La Belgique qui avait consenti de larges crédits à ses clients pour pouvoir vendre, ne put plus assumer ce rôle de banquier. Les partenaires en proie à des difficultés financières, se trouvaient dans l’obligation de restreindre leurs achats. Aussi l’industrie des fabrications métalliques vit une baisse de ses exportations, principalement dans le secteur des biens de consommation.
37 Face à cette situation, Fabrimétal s’attacha, principalement, à améliorer les accords commerciaux. Elle considérait, en effet que dans la plupart des cas les industriels belges se trouvaient lésés lors de la conclusion de ces accords. L’action de Fabrimétal consista à défendre auprès du Ministère des Affaires Economiques un certain nombre de principes destinés à améliorer les accords et à rendre les négociateurs belges plus exigeants lors de la négociation de ceux-ci. C’est dans un tel contexte que voit le jour le plan Marshall.
38 Le plan avait pour objet d’accorder à l’Europe une aide en dollars au moyen de dons et de prêts à long terme pour combler la pénurie de cette monnaie. La position de Fabrimétal à l’égard du Plan, lors de la signature de celui-ci, était mitigée. En effet, en raison des exportations congolaises vers les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, la Belgique ne souffrait pas de pénurie de dollars. L’intérêt du Plan n’a donc pas paru immédiat et la fédération nourrissait certaines craintes. Tout d’abord celle de voir les Etats-Unis prendre une partie de la place de l’industrie des fabrications métalliques belges sur le marché intérieur et sur les marchés traditionnels d’exportation. (Les deux principaux importateurs de produits de fabrications métalliques belges étaient les Pays-Bas et la France, tous deux bénéficiaires du Plan). Ensuite, la crainte de voir un certain dirigisme s’imposer puisque l’aide était centralisée au niveau de l’Etat via l’Administration Belge de Coopération Economique. Cependant, Fabrimétal perçevait les avantages du Plan puisqu’il allait permettre à ses partenaires commerciaux de régler leurs dettes et de conclure de nouveaux accords.
39 Après un an, les effets du Plan apparurent plus clairement. Les prêts consentis avaient permis aux pays européens d’opérer un redressement économique et à la Belgique d’économiser plusieurs dizaines de millions de dollars. Cependant, Fabrimétal considérait que la situation des échanges commerciaux pour la Belgique ne s’était toujours pas améliorée. Le problème provenait du fait que les pays n’utilisaient pas leurs droits de tirage pour rétablir l’équilibre de leur balance de paiement car ils savaient que l’aide s’adressait surtout aux pays en difficulté. L’industrie des fabrications métalliques constata un ralentissement des enregistrements des commandes à l’exportation. Les débats du Comité économique ont mis en avant deux constatations. Non seulement le Plan Marshall n’avait pas éliminé les problèmes provoqués par le bilatéralisme des échanges mais en plus le reéquipement de l’Europe avait permis à un certain nombre de pays de redevenir protectionnistes et de produire eux-mêmes ce qu’ils importaient auparavant.
40 Fabrimétal préconisa un retour à la libre convertibilité des monnaies et au multilatéralisme des échanges, ce en quoi elle était très proche des thèses du gouvernement belge.
41 En définitive, Fabrimétal reconnaissait que le Plan avait été fort utile pour tous les pays connaissant des difficultés d’ordre monétaire, mais en ce qui concerne l’industrie des fabrications métalliques belges, il avait déçu les espoirs.
42 Nous avons vu que Fabrimétal mena une action soutenue auprès des pouvoirs publics afin d’améliorer les accords commerciaux. A la même époque, la fédération, tout en maintenant cette revendication allait s’opposer vigoureusement à une mesure prise par le gouvernement : la taxe à l’exportation.
43 Cette taxe a pour origine une décision prise par le gouvernement lors de la Conférence Nationale du Travail des 16 et 19 juin 1947, en vertu de laquelle un fonds de FB 1 200 millions serait constitué par prélèvement sur les entreprises bénéficiaires [8]. L’arrêté du 21 août 1947, publié au Moniteur belge, le 23 août, instituant une taxe de transmission à l’exportation de 3 % destinée à constituer ce fonds, provoqua un véritable tollé au sein de l’industrie belge et particulièrement dans le secteur des fabrications métalliques, une des principales industries exportatrices. Alors que les résolutions prises à la Conférence Nationale du Travail visaient à taxer toutes les entreprises bénéficiaires sans exception, la taxe de l’exportation pénalisait seules les entreprises exportatrices, qu’elles soient bénéficiaires ou non.
44 Pendant les années 1947 et 1948, Fabrimétal considéra la taxe à l’exportation comme son ennemi numéro 1. Elle s’associa à la Fédération des Industries Belges dans ce combat, et ensemble elles multiplièrent les démarches pour obtenir sa suppression.
45 Du 16 au 22 juin 1948, la métallurgie connaîtra une grève générale. Le prix à payer pour les patrons du secteur qui refusaient toute concession de hausse de salaires, a été le maintien pendant six mois de la taxe à l’exportation dont le produit était destiné à des fins sociales.
46 Cette décision prise en accord avec la sidérurgie et le Premier ministre entraîna des discussions animées au sein du Conseil d’administration car le maintien de la taxe frappait exclusivement un petit nombre de membres de Fabrimétal. Pour atteindre un résultat qui, de l’avis général, était considéré comme bon, il avait fallu, en quelque sorte, "sacrifier" une minorité.
47 Le Conseil d’administration et le Comité social qui demeuraient farouchement opposés à la taxe donnèrent mandat au Comité de direction de continuer son action auprès de l’administration afin d’obtenir l’assurance que cette mesure soit définitivement supprimée à la fin 1948. Finalement, l’Arrêté du Régent du 28 décembre 1948, publié au Moniteur belge, le 31 décembre, mit fin à la polémique en supprimant la taxe à l’exportation dans l’industrie métallurgique.
2 – De la guerre de Corée à 1958
a – Politique des prix
48 Cette période a été marquée par un effort constant d’expansion sur les marchés intérieur et extérieur. Des événements tels que la signature du Pacte Atlantique, le redressement économique de la République Fédérale d’Allemagne, principal concurrent de l’industrie belge des fabrications métalliques, la création de la CECA puis du Marché Commun ont été à la base d’un tel effort.
49 Fabrimétal engagea une double action pour promouvoir l’expansion de l’industrie des fabrications métalliques. D’une part, elle tenta d’obtenir des pouvoirs publics que ceux-ci mènent une politique économique cohérente dont le but serait non seulement de permettre aux entreprises de conquérir de nouveaux marchés mais aussi de favoriser l’industrie des fabrications métalliques en tant que fournisseur de l’Etat. D’autre part, elle insista auprès des industriels sur la nécessité de diminuer leurs prix en instaurant une plus grande productivité, de mener une politique d’investissements judicieuse et de ne pas se limiter au marché belge mais de se faire connaître partout où de réelles possibilités de vente existaient.
50 En ce qui concerne les prix, il faut remarquer l’effort fourni en 1950 par toute l’industrie belge pour enrayer les effets inflationnistes de la guerre de Corée. Fabrimétal se joignit à cet effort en demandant à tous les affiliés ayant augmenté leur prix depuis le 1er juillet de procéder à une baisse d’au moins 5 %. Cependant, cette politique de baisse des prix était due à des circonstances exceptionnelles et n’a été que temporaire.
51 A partir de 1949 Fabrimétal mena une action plus en profondeur afin de faire diminuer les prix de revient en développant le thème de l’accroissement de la productivité.
52 De nombreux articles paraissaient régulièrement dans le Bulletin hebdomadaire de Fabrimétal expliquant comment parvenir à accroître la productivité. Cet intérêt pour l’accroissement de la productivité n’était pas propre à Fabrimétal : en 1954 les représentants de la FIB, de la FENIB, de la FGTB, de la CSC établirent une déclaration commune sur la productivité dans laquelle ils énonçaient les principes qui devaient constituer la base d’un accroissement de la productivité. Bien que ce protocole soit considéré comme trop théorique et manquant de souplesse par les "hommes d’action" de Fabrimétal, on peut en déceler l’empreinte dans la plupart des prises de position des dirigeants de Fabrimétal sur le sujet.
b – Politique d’investissements
53 Fabrimétal constata que les investissements en fabrication métallique étaient nécessaires car le matériel était plus âgé que dans les autres pays. La promotion d’une politique d’investissements devint une préoccupation importante de la fédération. Il s’agissait de réaliser des investissements de modernisation et de perfectionnement des moyens de production. Cependant, dans ce domaine, l’étroitesse du marché des capitaux, pour les investissements privés posait un problème. Les émissions publiques ou quasi-publiques faisaient concurrence aux émissions privées, dans des conditions jugées défavorables au secteur privé. L’industrie belge recourait le plus souvent à l’auto-financement. Fabrimétal estimait que cela exerçait une action nocive sur le fonctionnement du marché financier et provoquait des déséquilibres entre secteurs favorisés et secteurs en dépression.
54 La situation de l’industrie des fabrications métalliques présentait la caractéristique de compter un très grand nombre d’entreprises de dimension modeste et d’entreprises familiales qui ne font pas d’appel public à l’épargne. En 1954, parmi les 1 800 entreprises affiliées à Fabrimétal, seules 69 sociétés avaient émis des titres cotés en bourse, mais elles employaient le tiers de la main-d’œuvre occupée par les entreprises groupées au sein de Fabrimétal [9]. Cela ne signifiait pas pour autant que l’industrie des fabrications métalliques n’avait pas besoin de capitaux, mais que l’accès au marché des capitaux était découragé par la fiscalité et que les taux d’intérêts élevés incitaient peu les petites et moyennes entreprises à avoir recours au crédit. C’est pourquoi pendant de nombreuses années Fabrimétal s’efforça, non sans succès d’ailleurs, d’obtenir une politique de crédit moins cher accompagnée d’un rallongement des périodes de remboursement.
55 Afin de promouvoir le recours au marché des capitaux, Fabrimétal s’adressa simultanément aux industriels et à l’Etat : les industriels pouvaient attirer les actionnaires en leur donnant une meilleure information et en veillant à avoir une situation financière saine. En ce qui concerne l’Etat, Fabrimétal considérait que celui-ci devait faire en sorte que la décision d’investir puisse être exécutée dans les meilleures conditions pour l’entreprise. Il devait également faciliter et stimuler les investissements par des mesures fiscales et financières. Dans le domaine fiscal, Fabrimétal préconisa une réforme complète de la conception fiscale de l’amortissement et du bénéfice.
56 Pour les mesures financières, Fabrimétal considérait que le rôle de l’Etat était de stimuler les investissements là où ils étaient économiquement justifiés. Elle considérait comme souhaitable d’envisager, dans ce domaine, certaines formes d’associations entre le secteur public et le secteur privé et la fédération était tout à fait favorable à la création d’organismes tels la Société nationale d’investissements.
c – Adjudications publiques
57 Comme nous l’avons dit précédemment, la politique d’expansion de Fabrimétal la poussait à développer le marché intérieur et le marché extérieur du secteur qu’elle représentait. Voyons d’abord ce qu’il en est du marché belge représentant environ 65 % de la production de l’industrie des fabrications métalliques.
58 La pénétration sur le marché national des principaux pays concurrents de l’industrie belge des fabrications métalliques, la République Fédérale d’Allemagne et les Pays-Bas, incita Fabrimétal à se tourner vers l’Etat, principal client du secteur, afin que celui-ci prenne des mesures pour favoriser l’industrie nationale par des adjudications publiques. Fabrimétal souhaitait que l’Etat établisse un programme de grands travaux à long terme destiné à renouveler le potentiel industriel du pays : réaménagement du port d’Anvers, rééquipement des charbonnages, renouvellement du matériel ferroviaire, politique d’armement, etc. Fabrimétal désirait être associée de manière étroite à la préparation de ces plans d’investissement, afin de pouvoir défendre les intérêts de ses affiliés. L’industrie des fabrications métalliques belges se trouvait, en effet, face à un problème important car elle proposait des prix supérieurs à ceux demandés par les entreprises étrangères. Aussi, certaines administrations ne passaient commande à un fournisseur belge que si celui-ci acceptait d’aligner ses prix sur les prix étrangers. Il existait une Commission permanente des Adjudications, organisme chargé d’examiner les dossiers d’adjudications publiques et avec lequel Fabrimétal entretenait de bons rapports. Cependant, de l’avis de la fédération, cette commission ne fonctionnait par bien, elle était souvent mise devant des faits accomplis, défavorables à l’industrie belge.
59 Fabrimétal envoya fréquemment des rapports à la commission résumant les suggestions qu’elle proposait afin d’améliorer le régime des adjudications publiques. En 1950, elle obtint du ministre des Affaires Economiques que celui-ci écrive aux gouverneurs de province afin qu’ils rappellent aux bourgmestres qu’ils devaient s’adresser à la Commission des Adjudications avant d’acheter des produits. Fabrimétal ne se borna pas à s’adresser au gouvernement ; la fédération elle-même écrivit aux bourgmestres et lança une campagne d’information dans la presse destinée à défendre l’industrie belge.
60 A partir de 1954, cette action commença à porter ses fruits : les doléances de Fabrimétal eurent un certain effet et des mesures ont été prises pour éviter les abus. Les plaintes des affiliés se raréfiaient et parallèlement, les dossiers soumis à la Commission des Adjudications se multiplièrent.
d – Commerce extérieur
61 Le 1er juillet 1950, l’Union Européenne des Paiements est mise en route. Rapidement, les crédits accordés par la Belgique aux pays déficitaires de l’UEP dépassaient ce qui était prévu, ce qui poussa le gouvernement belge à bloquer, par un arrêté du 16 septembre 1951, 5 % du montant des exportations de l’Union Economique Belgo-Luxembourgeoise vers les pays de l’UEP afin de maintenir le cours du FB et d’éviter l’inflation. Cette retenue suivie, peu après, de l’instauration d’une taxe à l’exportation provoqua à nouveau un émoi considérable parmi les industriels de Fabrimétal qui considéraient qu’elle pénalisait ceux qui essayaient de conquérir de nouveaux marchés extérieurs à l’UEP. L’action énergique menée par Fabrimétal et la FIB auprès des pouvoirs publics a été sans grand effet puisque ces mesures n’ont été supprimées qu’en 1953.
62 A côté des démarches entreprises par Fabrimétal auprès du Ministère des Affaires Economiques et du Premier ministre pour supprimer les entraves à l’exportation, la fédération a développé toute une série d’études tendant à démontrer aux administrations et aux industriels comment procéder pour développer le commerce extérieur. Il ressort de ces études que le pouvoir compétitif de l’industrie belge était en cause dans un marché mondial, devenu nettement vendeur depuis le début des années’50. Les difficultés rencontrées par l’industrie exportatrice belge dérivaient, selon ces études, des causes suivantes. Tout d’abord les prix de revient belges dépassaient largement ceux des principaux concurrents étrangers, principalement en raison du niveau élevé des salaires. Ensuite, la Belgique ne parvenait pas à négocier des accords commerciaux avec certains pays, elle était handicapée par une politique trop libérale à l’importation.
63 Par contre, les principaux concurrents étrangers bénéficiaient d’une aide gouvernementale plus ou moins accentuée qui leur apportait des réductions de prix de revient par des exonérations de charges sociales et fiscales, et par de larges facilités en matière de crédit à l’exportation et d’assurance de risques. Afin de rendre l’industrie belge compétitive, Fabrimétal prônait le développement d’une politique commerciale cohérente qui impliquait la collaboration des pouvoirs publics et des industriels. En ce qui concerne la politique de l’Etat, Fabrimétal déplora l’absence d’une stratégie d’ensemble liant les problèmes de l’importation à ceux de l’exportation.
64 La Fédération envisagea une série de domaines dans lesquels l’initiative publique pouvait soutenir l’effort d’expansion des industriels. Il s’agissait tout d’abord des accords commerciaux. Fabrimétal souhaitait voir le gouvernement plus intransigeant dans la négociation de ceux-ci. Ainsi lorsqu’un accord était conclu, il était primordial, selon l’organisation patronale, que l’exportateur puisse couvrir une partie de ses risques. Dans ce domaine, la Fédération s’estimait fort satisfaite des services de l’Office du Ducroire, et du Fonds du Commerce extérieur.
65 Enfin, Fabrimétal souhaitait voir l’Etat aider les entreprises exportatrices de manière directe par des crédits à l’exportation, par des subsides et par l’aide commerciale des postes diplomatiques.
66 En ce qui concerne l’initiative privée, la Fédération prôna le développement de la publicité, la participation aux foires et aux expositions, l’organisation de bureaux de prospection à l’étranger par l’intermédiaire des groupements professionnels. Fabrimétal était très active dans ce dernier domaine puisqu’en 1957, elle possédait de tels bureaux à Paris, New-York, Léopoldville, Bagdad, Mexico et Bogota.
67 L’année 1952, vit la naissance, au sein de Fabrimétal d’une commission d’expansion à l’exportation. La politique de coopération de Fabrimétal avec les pouvoirs publics en matière d’expansion était dé terminée par cette commission. Pour celle-ci, il était primordial d’obtenir le soutien financier des institutions publiques. Ainsi, les dirigeants de Fabrimétal qui craignaient par dessus tout que l’Etat n’intervienne trop, fit néanmoins appel à celui-ci lorsqu’il était clair qu’ils ne pouvaient se passer de son aide. Au lendemain de la guerre, alors que tous les marchés étrangers étaient acheteurs il était encore possible, pour les entreprises de mener une politique d’exportation plus ou moins indépendante. A partir du début des années’50, par contre, les moyens requis par une concurrence exacerbée et par l’ouverture de marchés toujours plus lointains devinrent trop considérables pour être supportés par une seule entreprise. C’est dans une telle situation que prenait tout son sens l’existence d’un groupement professionnel mais cela avait aussi pour corollaire, selon la Fédération, la nécessité de recourir de plus en plus à l’assistance des pouvoirs publics. Les contacts avec les fonctionnaires se multiplièrent et tout était fait pour améliorer les relations entre l’Etat et l’industrie dans le domaine du commerce extérieur. On ne comptait plus les entrevues entre membres du Comité de direction et fonctionnaires des Ministères des Affaires Economiques et du Commerce Extérieur, les invitations à Fabrimétal de représentants de missions diplomatiques, d’organismes internationaux, etc.
3 – 1959-1965
68 Durant la période 1959-1965, la fédération va poursuivre la politique d’expansion qu’elle avait amorcée au cours de la décennie précédente. A la base de cette politique, on trouve une triple préoccupation : améliorer les relations commerciales avec les administrations publiques, promouvoir les investissements, ouvrir l’action de pénétration sur les marchés extérieurs.
a – Les marchés publics et la programmation économique
69 Fabrimétal formula deux grandes revendications concernant les marchés de l’administration. La première était relative à l’établissement d’un programme de prévision des commandes et des besoins probables des services publics. La seconde visa la réforme du régime des adjudications publiques.
70 L’Etat étant le premier client de l’industrie des fabrications métalliques, il était primordial pour les dirigeants de Fabrimétal que celui-ci mène une politique économique cohérente, ce qui impliquait une meilleure coordination entre services publics mais aussi entre les administrations de l’industrie. Le meilleur moyen de renforcer les liens entre l’Etat et l’industrie était la participation de cette dernière à l’élaboration des plans de développement économique. La planification était, en effet, vue d’un œil très favorable par toute l’industrie, mais elle nécessitait, de la part de l’Etat, un réel effort de stabilité.
71 Le 14 octobre 1959, un arrêté royal crée un Bureau de Programmation économique. Ce bureau a pour mission de définir les objectifs généraux que le gouvernement doit tenter d’atteindre en matière d’investissements, d’emploi, de prix et de salaires, et de préciser dans un programme les moyens à mettre en œuvre pour atteindre des objectifs.
72 Fabrimétal décida d’apporter sa collaboration aux travaux du Bureau de Programmation. Cette attitude était dictée par plusieurs considérations : la conviction qu’il était indispensable d’associer d’aussi près que possible les industriels aux travaux de prévisions afin qu’ils tiennent compte des réalités des affaires ; l’espoir que les industriels peuvent retirer des contacts avec ces travaux des renseignements utiles à la conduite de leurs affaires ; enfin, et surtout l’espoir de pouvoir, grâce à ces travaux, orienter l’action gouvernementale dans un sens favorable au développement de l’industrie des fabrications métalliques.
73 La participation de Fabrimétal aux travaux se fit de la manière suivante. Une fois le projet de programme de développement élaboré par le Bureau pour l’ensemble des fabrications métalliques, une série de commissions groupant des industriels de Fabrimétal et des fonctionnaires du Bureau de Programmation et du Ministère des Affaires Economiques étaient chargées de l’examiner. L’objet de cette étude était de donner un avis sur le projet de programme et d’indiquer les conditions auxquelles sa réalisation serait subordonnée.
74 L’élaboration de programmes de développement était une première étape vers la collaboration plus étroite de l’Etat et l’industrie. Cependant, pour Fabrimétal, l’Etat avait aussi pour rôle de mettre en valeur les capacités de l’industrie nationale.
75 Au moment de l’ouverture du Marché Commun, il était, pour Fabrimétal, d’importance vitale pour l’industrie belge que l’Etat procède à une réforme du régime des adjudications publiques de manière à ce que les industriels belges ne soient plus défavorisés par rapport à leurs concurrents étrangers.
76 L’action menée pendant plusieurs années par Fabrimétal, mais aussi par la Fédération des Industries Belges, pour une réforme du système n’a pas été vaine. En effet, le 1er janvier 1965, entra en vigueur un nouveau régime des marchés de l’Etat qui, dans les grandes lignes, correspondait aux revendications émises depuis longtemps par les fédérations industrielles intéressées.
b – Politique d’investissements
77 Toujours dans le cadre de sa politique d’expansion économique, Fabrimétal poursuivit ses efforts pour favoriser la croissance des investissements. Les lois de relance économique des 17 et 18 juillet 1959 qui accordaient aux investisseurs des facilités de crédit et des aménagements fiscaux avaient constitué certainement un sérieux encouragement au développement des investissements et l’industrie des fabrications métalliques en a largement profité. Cependant, il restait toujours un certain nombre d’obstacles aux investissements, spécialement pour les petites et moyennes entreprises qui ne procédaient pas à des émissions publiques d’actions, et qui ne pouvaient fournir des garanties suffisantes en cas d’emprunt.
78 Fabrimétal préconisa toujours les mêmes remèdes : réorganisation du marché des capitaux et réaménagement du système fiscal. A partir de 1961, Fabrimétal procéda à des enquêtes auprès de ses affiliés pour pallier le manque de statistiques relatives aux investissements et pour appuyer ses thèses. La préoccupation de Fabrimétal qui consistait à voir se développer un système favorisant les investissements des petites et moyennes entreprises, mit en valeur son désir de venir en aide aux petites entreprises familiales. Cette action tout à fait légitime de la part d’une fédération qui regroupait un grand nombre de petites et moyennes entreprises, montre néanmoins que la forte représentation de la grosse industrie dans les organismes directeurs n’incitait pas ceux-ci à négliger leurs intérêts.
c – Commerce extérieur
79 La politique de la Fédération en matière de commerce extérieur avait pour but essentiel d’améliorer la position concurrentielle de l’industrie belge des fabrications métalliques au sein du Marché Commun. Fabrimétal poursuivit donc l’effort d’expansion entamé au cours de la décennie précédente. Les relations avec les services publics étaient excellentes dans ce domaine. Fabrimétal voyait avec satisfaction le remaniement des statuts du Fonds du Commerce extérieur qui permit dès lors, à cet organisme d’octroyer des subsides aux fédérations professionnelles. La création de Crédit-Export, office destiné à financer les exportations à moyen terme répondit à un autre voeu de Fabrimétal.
80 De son côté, Fabrimétal participa à de nombreuses missions de prospection et de contact dans différents pays. La période considérée vit la suppression des bureaux de Fabrimétal à Bagdad et à New-York, alors que de nouveaux postes étaient créés à Belgrade, Cologne et Madrid.
81 La Belgique entretenait des relations privilégiées avec le Congo et pour l’industrie des fabrications métalliques, ce pays représentait jusqu’à son accession à l’indépendance, le second marché d’exportation derrière les Pays-Bas.
82 Lorsqu’éclatent les troubles de 1959, le problème de l’accession du Congo à l’indépendance se pose pour un grand nombre de chefs d’entreprise. Dans les années 1959 et 1960, on trouve un grand nombre d’éditoriaux de G. Velter dans le Bulletin Hebdomadaire, dans lesquels il exhorte les industriels membres de Fabrimétal à ne pas abandonner les intérêts considérables qu’ils détiennent au Congo, en mettant l’accent sur l’effort qu’ils ont fait pour les acquérir et sur l’invraisemblable hypothèse que constituerait leur anéantissement.
83 En dépit des événements, Fabrimétal maintint son bureau à Léopoldville et continua à y envoyer une mission annuelle jusqu’en 1961. Elle considérait qu’en effet, pour Fabrimétal, en accédant à l’indépendance, le Congo allait devenir beaucoup plus sensible aux importations étrangères et qu’il importait que les Belges soient présents, Fabrimétal mit ensuite, tout en œuvre pour montrer que les besoins du Congo en biens d’équipement allaient croissant et qu’il faisait partie du "devoir" des industriels d’entretenir des relations commerciales avec l’ancienne colonie afin de participer à son développement.
84 En définitive, bien que de 1960 à 1964, les exportations de Fabrimétal vers le Congo se soient réduites des 3/4, Fabrimétal resta le principal fournisseur du pays en produits des fabrications métalliques. Par l’intermédiaire de son bureau, Fabrimétal continua à entretenir de bonnes relations avec les dirigeants congolais.
4 – L’intégration économique européenne
a – Benelux
85 Fabrimétal a toujours été favorable à la création de Benelux, même si par moment elle a pu considérer que ses intérêts y étaient mal représentés. Dès 1946, Fabrimétal pensait que l’union douanière devait être réalisée, car elle sous-tendait un élargissement appréciable des marchés pour l’industrie des fabrications métalliques. Elle décida donc de participer activement à la préparation du traité et engagea des pourparlers avec les organisations correspondantes au Grand-Duché de Luxembourg et aux Pays-Bas.
86 Rapidement, cependant, on constata que se développa une atmosphère de méfiance et que la concrétisation de l’union douanière à partir de 1948, allait soulever un certain nombre de problèmes entre les industries belges et hollandaises. Les difficultés provenaient du fait que les coûts de production étaient de loin inférieurs aux Pays-Bas et que Fabrimétal avait l’impression que la libération des exportations jouait en sens unique. Cette divergence ne portait pas préjudice aux fabrications métalliques dans leur ensemble, mais certains secteurs tels la fonderie de fer et la poêlerie connaissaient des difficultés. Les autres secteurs, ne se plaignaient pas de la différence entre les coûts de production, soit parce qu’ils ne rencontraient pas en Belgique de concurrents hollandais, soit parce qu’ils parvenaient à surmonter la concurrence par une meilleure productivité ou par la qualité supérieure de leurs produits, et étaient satisfaits de l’existence de Benelux.
87 Cependant, au bout de quatre ans, Fabrimétal constata que la création de l’union douanière n’avait pas apporté d’amélioration sensible des chiffres d’exportation vers les Pays-Bas, alors que la situation était tout à fait différente pour les importations. Les Pays-Bas avaient fortement augmenté leurs exportations vers l’UEBL, par rapport à la situation d’avant-guerre.
88 Fabrimétal en conclut que Benelux a été au cours de cette période plus avantageux pour ses partenaires hollandais que pous ses propres industriels. Cela ne signifiait pas pour autant que la fédération fut opposée à l’union douanière. Elle proclamait ouvertement son adhésion au système de la libre concurrence et elle considérait qu’à cet égard, Benelux devait être considéré comme une première réalisation, comme un exemple à suivre par les autres pays. Cependant, elle préconisait, et en cela elle rejoignit les préoccupations de la Fédération des Industries Belges, que les gouvernements prennent certaines mesures pour protéger les secteurs menacés.
89 Les négociations que menèrent les fédérations industrielles et les gouvernements en vue d’éliminer les déséquilibres sectoriels, aboutirent le 24 juillet 1953 au protocole de la Haye qui aborda trois aspects du problème de l’union douanière : la coordination des politiques économiques et sociales, la disparité dans le niveau des salaires, les mesures de sauvegarde destinées à pallier les effets de la concurrence hollandaise sur certains secteurs du marché belge. Ni Fabrimétal, ni la FIB ne furent satisfaites par les dispositions du protocole. Et ce mécontentement crût lorsqu’en 1954, malgré les protestations de la FIB et de Fabrimétal, les marchés des adjudications publiques des deux pays s’ouvrirent l’un à l’autre. Selon les fédérations industrielles, ces mesures portèrent préjudice aux industriels belges, déjà défavorisés par leurs prix de revient plus élevés, car le régime des adjudications en Belgique et aux Pays-Bas comportaient des différences propres à avantager les entreprises hollandaises.
90 On le voit, tout en mettant en évidence le bien fondé d’une telle union, Fabrimétal s’insurgeait contre les aspects du traité qui défavorisaient l’industrie belge. Cette action était menée non pas tant pour défendre ses membres qui souffraient relativement peu de la concurrence hollandaise, mais plutôt, comme le souligne Nicole Loeb [10], "parce qu’elle (l’industrie des fabrications métalliques) craint que ceux qui auraient trop souffert de l’expérience Benelux ne s’opposent farouchement à toute extension ultérieure du marché, extension qui pour elle constitue une nécessité vitale" [10]. Les difficultés allaient, cependant, s’aplanir au fur et à mesure que les disparités entre les deux pays tendaient à disparaître.
91 En 1957, se posa la question de savoir s’il était nécessaire de signer le traité de l’Union Economique Benelux puisque celui-ci s’inscrivait de toute façon dans une union économique beaucoup plus vaste. La réponse de Fabrimétal était tout à fait affirmative : la création de l’Union Economique Benelux ne pouvait que favoriser l’harmonisation des échanges à l’intérieur de la CEE. Finalement, en dépit des difficultés inévitables, le bilan se révéla tout à fait positif : "Durant de trop longues années, notre association a vécu dans une atmosphère de méfiance réciproque. Les partenaires se regardaient du coin de l’œil, essayaient un peu sournoisement de connaître les intentions du voisin et se reprochaient mutuellement d’être la cause du malaise (…). Heureusement, les faits se sont chargés de démontrer l’inanité des craintes nourries de part et d’autre. L’atmosphère s’est rassérénée et les échanges entre nos deux pays ont atteint une allure de record. Pour l’industrie des fabrications métalliques, la Hollande est tout bonnement le premier marché du monde" [11].
b – La CECA
92 Le Plan Schuman proposé par la France prévoyait de placer la production de charbon et d’acier des Six sous une "haute autorité commune". La Communauté Economique du Charbon et de l’Acier entra en vigueur le 27 mai 1952.
93 Dès 1950, Fabrimétal émit l’opinion que les milieux industriels devaient participer activement à l’élaboration du Plan Schuman. L’idée circula en effet, à cette époque que l’objectif premier de ce plan était politique : la volonté de la France d’empêcher la reconstitution d’une puissance économique en Allemagne. Or, pour Fabrimétal, l’unification de l’Europe était avant tout un problème économique et social et non pas politique. Il fallait inciter les intérêts économiques des différents pays à se rencontrer, faire participer le secteur privé aux discussions officielles car pour la fédération il ne fallait pas s’orienter vers un dirigisme international mais vers l’élargissement des marchés.
"Si, au contraire, on veut coûte que coûte transposer sur le plan international, un système de planning dirigé qui n’a encore donné que des déboires partout où il fut tenté, le premier de ses échecs étant qu’il engendre un phénomène général de lassitude et de scepticisme, on peut prédire une retentissante faillite, à la fois spirituelle et matérielle" [12].
95 Pour échapper au dirigisme que pouvait entraîner un organisme supranational tel que la Haute Autorité et pour éviter que les considérations politiques ne prennent le dessus, Fabrimétal considéra qu’il était nécessaire que les groupements professionnels des différents pays entretiennent des relations permanentes. Les premiers contacts organiques entre les dirigeants des associations professionnelles de l’industrie des fabrications métalliques d’Europe occidentale dataient de l’après-guerre. Ils avaient donné lieu à la création d’ORGALIME, organisme de liaison des industries mécaniques européennes groupant les fédérations d’Europe occidentale. Les présidents des fédérations se réunissaient une fois par an et les directeurs deux à trois fois par an. Parmi les sujets traités : le crédit à moyen terme, la concurrence anormale en provenance de certains pays, la participation aux foires et aux expositions, etc. Des groupes de travail étaient, le cas échéant, formés. Il existait aussi une commission d’experts juristes qui confrontaient les solutions nationales et internationales. Cet organisme se préoccupait de problèmes généraux relatifs à l’industrie des fabrications métalliques et il est certain qu’il a favorisé la propagation des idées d’intégration économique.
96 A l’occasion de l’établissement de la CECA, a été créé Colime, Comité de liaison des industries mécaniques européennes qui regroupait les fédérations des six pays membres de la CECA. Orgalime et Colime n’étaient pas à proprement parler des organismes professionnels. Néanmoins, ils ont contribué fortement à renforcer la collaboration entre industriels et ont permis à ceux-ci d’échanger leurs vues quant aux problèmes économiques internationaux et de les communiquer à leurs gouvernements respectifs.
97 Pendant toute la période de négociation préliminaire à la signature du traité, la CECA était perçue par Fabrimétal comme un des aspects d’une opération beaucoup plus vaste qui consistait à unifier le marché européen. Dès lors, la fédération nourrit certaines craintes quant aux barrières douanières que risquerait de soulever l’installation de la CECA, pour les produits autres que le charbon et l’acier :
"Il est à craindre, en effet, que les pratiques discriminatoires et les mesures restrictives qui frappent les produits autres que le charbon et l’acier ne trouvent, par compensation, un élément nouveau dans les sacrifices consentis pour assurer la libre circulation de ces deux matières. Si le plan Schuman réalise ses objectifs fondamentaux, il est vraisemblable que la position concurrentielle de l’industrie belge des fabrications métalliques sera améliorée. N’est-il pas à craindre, dans ces perspectives, que nos partenaires au sein de la communauté majorent les protections douanières, financières ou administratives pour contrecarrer l’importation des produits finis belges issus de l’acier ? En conséquence, on devrait se demander si les gouvernements signataires du traité ne devraient pas s’engager à renoncer à toute augmentation de droits actuellement existante ou à toute autre mesure renforçant le protectionnisme à l’importation (…)" [13].
99 Au cours des années qui suivirent, Fabrimétal fit l’écho des préoccupations des industriels quant au manque de participation de l’industrie dans l’élaboration des décisions prises par la Haute Autorité. Bien que les délégués de Fabrimétal siégeaient dans les divers organismes de la CECA et notamment au Comité Consultatif auprès de la Haute Autorité, les industriels reprochaient à celle-ci de ne pas suffisamment les consulter et craignaient qu’on ne mette l’industrie devant des faits accomplis.
100 Les articles 65 et 66 du traité de la CECA interdisant les ententes industrielles (65) et subordonnant les concertations à une autorisation préalable de la Haute Autorité (66) destinés à empêcher les atteintes à la concurrence, ont été perçus par Fabrimétal comme dangereux à cause de l’interprétation qu’on pouvait en faire. C’est dans une telle atmosphère d’espoir et de méfiance qu’ont été engages les travaux préparatoires de la CEE. Ces travaux furent suivis de manière confidentielle par le Conseil d’administration de Fabrimétal qui en connaissait les principales données par l’intermédiaire de la FIB.
c – La CEE
101 L’institution de la Communauté économique européenne, union économique et douanière qui allait contribuer à l’élargissement du marché intérieur de l’industrie, ne pouvait qu’être vue d’un bon œil par le patronat membre de Fabrimétal. L’expérience de Benelux, qui après beaucoup de tâtonnements, avait été perçue comme une réussite, ne pouvait qu’encourager les industriels à être favorables à un élargissement des frontières économiques.
102 Tout au long de la période de préparation de la CEE, l’accent a été mis sur les avantages et les dangers liés à la création de cette institution. Ce n’est qu’à partir de 1957, que l’on commença à se poser la question de savoir comment l’industriel devait réagir face à cette nouvelle conception des échanges. A partir de cette époque, en effet, Fabrimétal publia dans son bulletin des extraits d’articles de diverses revues industrielles, organisa des conférences et se mit à donner ses propres directives sur l’effort d’adaptation à fournir par les industriels. Le problème se posa de manière critique pour l’industrie des fabrications métalliques, industrie fortement tournée vers l’exportation. En effet, cette industrie ne produisait rien qui ne se fasse pas dans d’autres pays et le niveau de vie en Belgique était un des plus élevés de la CEE.
103 Pour Georges Velter, "la Belgique est donc mal placée au départ. Elle devra se décider à faire un grand effort d’adaptation. En tout premier lieu, répétons-le très nettement, les industriels devront entreprendre eux-mêmes une besogne de rationalisation, de spécialisation et, pour tout dire, de mise en ordre de leurs entreprises. Il est trop évident que nous ne sommes pas organisés à l’échelle d’un marché de 160 millions d’habitants et que beaucoup de secteurs exigent une concentration des moyens de production" [14].
104 La nécessité de la concentration était renforcée au sein de l’industrie des fabrications métalliques par les articles 85 et 86 du Traité de Rome sur les règles de concurrence. Nous avons vu comment avaient été considérés les articles 65 et 66 du traité instituant la CECA. A cet égard, Fabrimétal constata en 1957, soit cinq ans plus tard que "le bilan des interventions de la Haute Autorité en cette matière indique l’embarras très réel des fonctionnaires de la Haute Autorité devant des mécanismes juridiques étrangers à nos conceptions traditionnelles" [15].
105 Le traité CEE, qui a bénéficié de l’expérience de la CECA, est comme le soulignait Fabrimétal " beaucoup moins "dirigiste" que le traité CECA" [16].
106 Les entreprises de fabrications métalliques étaient malgré tout soumises à l’article 85 du traité qui interdit les ententes susceptibles d’affecter le commerce entre les Etats membres et qui ont pour effet de fausser le jeu de la concurrence et à l’article 86 qui interdit l’exploitation abusive d’une position dominante sur le marché commun.
107 L’article 85, surtout, posa un réel problème aux petites et moyennes entreprises. Fabrimétal préconisa donc deux solutions, la spécialisation et la concentration. La spécialisation permettait une meilleure répartition des tâches au sein de l’industrie des fabrications métalliques, alors que la concentration par voie de fusion d’entreprises faisait bénéficier celles-ci d’économies d’échelle et entraînait la rationalisation des procédés de production et des méthodes de distribution. Si Fabrimétal vit de manière défavorable l’article 85, son rôle n’était pas de provoquer une polémique à son sujet ; elle abandonna cette tâche à la FIB. Les articles qui paraissaient dans le Bulletin étaient plus destinés à faire connaître la réglementation aux industriels et à leur expliquer les moyens de s’y adapter.
108 Ces articles ont continué à paraître régulièrement jusqu’en 1960 environ, lorsque le Marché Commun était déjà lancé. La plupart des écrits de Fabrimétal sur la CEE au cours de cette période étaient consacrés à montrer aux industriels comment s’adapter à cette nouvelle conception de l’économie européenne.
109 Les renseignements et les conseils fournis par Fabrimétal étaient d’autant plus nécessaires que la fédération regroupe un très grand nombre de petites et moyennes entreprises. Ces dernières sont, en effet, les plus menacées par la concurrence. Or, ces petites et moyennes entreprises qui ont bien souvent un caractère familial sont les plus portées vers l’individualisme et le conservatisme. Le but de Fabrimétal était donc de vaincre les réticences de ces industriels à modifier la structure de leur production.
110 Le mouvement d’intégration économique était, en outre, l’occasion pour Fabrimétal de participer à de nombreux travaux et à divers organes consultatifs ou professionnels chargés d’établir la liaison entre l’industrie et les organismes supra-nationaux. Ces organes sont principalement :
- Sur le plan général : le Comité Economique et Social de la CEE et de l’Euratom, le Comité Consultatif de la CECA, l’Union des Industries des Communautés européennes (UNICE), la Fédération des Industries Belges et en particulier sa Commission Intégration.
- Sur le plan de l’industrie des fabrications métalliques : Orgalime, Colime et les Comités européens des diverses branches industrielles. Ces comités reflètent des initiatives prises par des branches industrielles homogènes qui ont parfois des objectifs très précis tels que : organisation d’expositions internationales, établissement de normes internationales, échange de statistiques de production, etc.
111 Ainsi, Fabrimétal contribua à élaborer les positions européennes de l’industrie sur des questions telles que l’accélération du Marché Commun, la politique économique à moyen terme de la communauté, la politique des transports et en général tout ce qui intéresse de près ou de loin les activités de l’industrie des fabrications métalliques.
112 On assista donc à un élargissement des compétences de l’organisation. La création d’une entité économique européenne donna une importance nouvelle à un tel groupement. Cette évolution du rôle de Fabrimétal est caractéristique non seulement au niveau européen, mais aussi au niveau national. L’intégration de l’industrie des fabrications métalliques belges dans une communauté économique plus vaste nécessite que la fédération entretienne des relations plus étroites avec les pouvoirs publics nationaux. Il est significatif de voir que c’est à cette époque que se développent les idées de programmation économique et sociale. Le rôle de l’Etat et des organisations professionnelles est d’orienter l’activité économique de manière à ce que l’industrie reste ou devienne compétitive face à la concurrence étrangère.
113 La récession que connut la Belgique dans les années 1957 et 1958 contribua d’ailleurs à renforcer la nécessité de réduire les incertitudes et de mener une politique de collaboration entre l’industrie, les pouvoirs publics et les organisations syndicales.
5 – Conclusion
114 Fabrimétal a joué un rôle fondamental dans le développement de l’industrie des fabrications métalliques. Pendant les années de reconstruction, la principale préoccupation de la Fédération a été de permettre à l’industrie belge de maintenir sa position avantageuse.
115 Fabrimétal mit tout en œuvre pour que ses membres puissent disposer en quantité suffisante des matières premières nécessaires non seulement pour répondre au marché intérieur mais aussi pour pénétrer les marchés étrangers. Fabrimétal s’est peu préoccupée, à cette époque, de l’appareil industriel vieilli de certaines entreprises.
116 Lorsque les principaux concurrents sont "réapparus" sur le marché avec un outillage plus moderne et plus performant, les industriels de Fabrimétal ne se sont pas rendus compte immédiatement qu’ils étaient techniquement en retard et ont imputé leur perte de compétitivité à un niveau de vie trop élevé et à des entraves fiscales telles que la taxe à l’exportation.
117 Cependant, dès le début des discussions sur l’intégration européenne, il était devenu nécessaire de voir dans quelle mesure les entreprises belges pouvaient améliorer leur compétitivité. Dans un premier temps les débouchés africains et principalement au Congo permettaient un développement qui rendait cette question non cruciale. La politique d’expansion encouragée par Fabrimétal par l’envoi de missions économiques et l’installation de bureaux à l’étranger a pu pendant la première moitié des années’50 pallier au retard technique que connaissaient surtout les petites et moyennes entreprises. Cependant, l’avènement de la CECA fit prendre conscience à des industries telles la sidérurgie et les charbonnages qu’il était impératif de se moderniser. L’industrie des fabrications métalliques, avec son grand nombre d’entreprises à caractère familial qui développaient une politique industrielle conservatrice, a dû envisager de nouvelles formes de production.
118 Dans les années précédant la signature du Traité de Rome mais surtout à partir du moment où celui-ci devint effectif, on constata dans les publications de Fabrimétal la volonté de plus en plus marquée de promouvoir une spécialisation, une rationalisation et une concentration plus poussées des moyens de production. Les exportations continuèrent à progresser pendant cette période, mais de manière moindre que pour des pays concurrents tels la République fédérale d’Allemagne et les Pays-Bas.
119 Parallèlement à cette évolution, on constata un changement dans la façon d’envisager le rôle des pouvoirs publics. La conception qu’avaient les industriels, pendant les années 1945-1950, différa peu des idées d’avant-guerre. L’Etat devait intervenir le moins possible dans la vie économique et les tentatives des pouvoirs publics de réglementer l’économie dans les années d’après-guerre, étaient perçues comme des entraves au développement de l’industrie.
120 Cependant, à partir des années’50, il devint clair que la politique d’expansion menée par Fabrimétal ne pouvait se réaliser sans l’aide des pouvoirs publics. C’est donc dans un premier temps, la volonté de développer les exportations qui poussa la Fédération à se rapprocher des administrations. Les fonctionnaires du Commerce extérieur étaient probablement ceux avec qui Fabrimétal entretint les meilleurs rapports et ceux à qui elle a fourni le plus de documentation.
121 La plupart des positions prises par Fabrimétal ont été très proches de celles défendues par la FIB, particulièrement sur les questions concernant les entraves à l’exportation pour lesquelles on constate que Fabrimétal joua véritablement un rôle moteur au sein de l’industrie belge. Cependant, pour tout ce qui concerne la prospection de nouveaux marchés et leur pénétration, l’action de Fabrimétal ne s’inscrivit plus comme telle dans le cadre de la FIB puisque ces questions intéressaient directement sa propre industrie et d’autre part l’ont amenée à resserrer ses liens avec les pouvoirs publics.
122 La position de Fabrimétal vis-à-vis des pouvoirs publics franchit une seconde étape lors de la formation d’un marché européen. L’ouverture des frontières renforça la cohésion des industriels et poussa ceux-ci à s’adresser à l’Etat afin qu’il permette à l’industrie d’élaborer des plans de développement à moyen terme via une programmation économique et sociale. Cette conception n’était pas particulière à Fabrimétal, elle était celle du patronat tout entier.
123 Cette évolution dans les relations entre industrie et pouvoirs publics eut pour conséquence de renforcer le rôle du groupement professionnel au sein de la structure de Fabrimétal.
124 Dans les années d’après-guerre, les industries avaient recours à Fabrimétal essentiellement pour régler le problème d’approvisionnement. L’action de Fabrimétal ne se limita pas à cela, bien entendu, mais ses autres activités qui revêtaient un caractère plus global (politique des prix, taxe à l’exportation) avaient une utilité moins bien perçue par ses affiliés qui se demandaient parfois si les cotisations qu’elles versaient étaient à la mesure des services rendus. La politique de promotion des exportations engagée par Fabrimétal dans les années’50 s’adressait déjà à un plus grand nombre d’affiliés, mais, même si l’industrie des fabrications métalliques était une industrie exportatrice, il existait quantité de petites et de moyennes entreprises non tournées vers les marchés extérieurs qui ne bénéficiaient donc pas de ces services. C’est véritablement avec l’avènement du Marché commun que la Fédération en vint à prendre un sens pour tous ses affiliés. Elle représenta toute l’industrie des fabrications métalliques belge auprès des organismes officiels de la CEE et auprès de ses homologues européens.
125 Dans un tel cadre, l’industriel ne peut plus mener une politique individuelle ; il est contraint de s’adresser au groupement professionnel pour obtenir des renseignements nécessaires, pour s’y retrouver parmi les réglementations mais surtout pour être encadré par une organisation qui lui permette d’orienter sa politique commerciale à l’intérieur d’un marché qui risque de le dépasser.
Volume de l’emploi (1),(2)
Volume de l’emploi (1),(2)
Nombre moyen de travailleurs occupés Indices 1947-1949 = 100(1) Il faut tenir compte dans ces chiffres, du fait qu’au lendemain de la guerre les petites entreprises artisanales ont été affiliées afin de pouvoir disposer des contingents de matières premières. Cela n’apporte malgré tout pas de grands changements.
(2) Au 31 décembre.
Commandes inscrites et expéditions
Commandes inscrites et expéditions
Total commandes inscrites et expéditions
Total commandes inscrites et expéditions
(en milliards)Consommation nationale des produits des fabrications métalliques
Consommation nationale des produits des fabrications métalliques
Exportations – Répartition par industrie (en %)
Exportations – Répartition par industrie (en %)
Valeur ajoutée brute au coût des facteurs
Valeur ajoutée brute au coût des facteurs
Importance relative des fabrications métalliques, construction navale, et garages dans le PNB au coût des facteursNotes
-
[1]
Pour plus de détails concernant l’historique de la Fédération de 1906 à 1946, voir C. Saldari, "Les structures de Fabrimétal", Courrier Hebdomadaire du CRISP n° 854-855 du 12 octobre 1979, et E. Deshormes, "Structures et activités de Fabrimétal 1946-1965", Mémoire de licence en Histoire contemporaine, ULB 1982-1983, p. 1-14.
-
[2]
Fédération des entreprises de l’industrie des fabrications métalliques, statuts, article 4.
-
[3]
Les structures de la Fédération sont étudiées plus en détail dans E. Deshormes, op.cit., p. 15-19, 143-154. Pour la description des structures actuelles, voir, C. Saldari, op.cit., p. 12-32.
-
[4]
Procès-verbaux du Conseil d’administration de Fabrimétal, Bulletins Hebdomadaires de Fabrimétal, Rapports annuels du Conseil d’administration de Fabrimétal.
-
[5]
Georges Velter a été directeur général de Fabrimétal de 1946 à 1952, administrateur-directeur général de 1952 à 1959 et administrateur-délégué de 1959 à 1965.
-
[6]
G. Velter, "Un bel avènement", Editorial in Bulletin hebdomadaire, n° 2, 1946, pp. 23-24.
-
[7]
Procès-verbal de la réunion du conseil d’administration du 15 janvier 1947.
-
[8]
Ce fonds devait être utilisé en partie pour payer les allocations familiales. Le solde constitua une réserve de conjoncture remis au Fonds de chômage et mobilisé en vue de poursuivre une politique de logements à bon marché.
-
[9]
G. Velter, "L’industrie des fabrications métalliques et le financement des investissements", Bulletin d’information du Comité national pour le développement de l’épargne mobilière, février 1954.
-
[10]
N. Loeb, Le patronat industriel belge et la CEE, Editions de l’Institut de Sociologie de l’U.L.B., Bruxelles, 1965, p. 29.
-
[11]
G. Velter, "Benelux", Editorial in Bulletin Hebdomadaire, 31 octobre 1960, p. 883.
-
[12]
G. Velter, "Benelux", Editorial in Bulletin Hebdomadaire, 31 octobre 1960, p. 883.
-
[13]
Lettre de C. Velter a Jean Duvieusart, ministre des Affaires Economiques et des Classes Moyennes in Bulletin Hebdomadaire de Fabrimétal du 28 janvier 1952, p. 80.
-
[14]
G. Velter, "Dommage !" Editorial in Bulletin Hebdomadaire de Fabrimétal du 20 janvier 1958, p. 24.
-
[15]
"Marché Commun et ententes internationales", in Bulletin Hebdomadaire du 24 juin 1957, p. 494.
-
[16]
"Marché Commun et ententes internationales" in Bulletin Hebdomadaire du 24 juin 1957, p. 500.