Couverture de CRIS_1005

Article de revue

La politique du logement social

Pages 1 à 38

Notes

  • [1]
    Une exception à ce principe a été introduite en région flamande par l’A.R. du 18 décembre 1979.
  • [2]
    De Ridder V.A. et Minon P., Aspects économiques et sociologiques des activités du logement, Fonds du Logement de la Ligue des Familles Nombreuses, 1979
  • [3]
    Deleeck et al., Répartition sociale des dépenses publiques dans le secteur du logement social, Programme national de recherches en sciences sociales, 1981, 8D. On y trouvera une bibliographie de recherches similaires réalisées à l’étranger.
  • [4]
    S.N.L., Rapports annuels. Voir en particulier celui de 1971.
  • [5]
    Durez M., Les bénéficiaires de la politique du logement social, Institut National du Logement, septembre 1982
  • [6]
    C.G.E.R., Mémorial 1865-1965, Bruxelles, 1965, p. 247
  • [7]
    De 1892 à nos jours, l’indice du coût de la vie a été multiplié par un coefficient de l’ordre de 110.
  • [8]
    S.N.L., La Société Nationale des Habitations et Logements à Bon Marché a 30 ans, 1950
  • [9]
    L’emprunteur ne peut posséder d’autre habitation en propriété ou en usufruit et doit s’engager à occuper personnellement l’habitation concernée par le prêt.
  • [10]
    Ces restrictions concernent à la fois la valeur vénale, la superficie et le volume extérieur. Se référer à Durez M., Les bénéficiaires de la politique du logement social, op. cit.
  • [11]
    C.E.P.I., Bulletins trimestriels du Centre pour l’encouragement de l’épargne et des placements immobiliers.
  • [12]
    I.N.L. "La fiscalité directe et indirecte en matière de logement", Cahiers de documentation générale, 1975
  • [13]
    En 1981, le nombre de primes payées à des particuliers était de 3.898 pour les primes à l’achat et de 24.842 pour les primes à la construction.
  • [14]
    S.N.L., "Revenus des locataires S.N.L.", Document à usage interne, septembre 1976.
  • [15]
    Meulders D., Tollet R., "L’inégalité et la structure des revenus en Belgique : exercice d’imposition 1970", Cahiers Economiques de Bruxelles, n° 67, 1975.
  • [16]
    Nous avons considéré, pour les revenus en t, les plafonds fixes en t+2 car la demande d’admission se fonde sur les revenus de l’avant-dernière année précédant la demande ; de plus, nous avons considéré les plafonds en vigueur en fin d’année.
  • [17]
    Arrêtés royaux du 18.12.1979 en Flandre, du 28.12.1979 en Wallonie et du 30.6.1981 en région bruxelloise.
  • [18]
    Le projet de loi n° 623 (session 1982-1983) déposé sur le bureau de la Chambre des Représentants porte suppression ou restructuration d’organismes d’intérêt public, parmi lesquels la S.N.L., compte tenu du transfert de leurs compétences aux régions (ou aux communautés). Il appartient donc à ces dernières de décider du cadre dans lequel ces compétences seront désormais exercées.
  • [19]
    Ils s’établissent actuellement comme suit :
    • ? région wallonne (A.R. du 28.12.1979, M.B. du 24.1.1980)
      Revenu maximum :
      • 360.000 frs pour une personne vivant seule
      • 580.000 frs pour un couple marié
      Majoration par enfant à charge :
      • 60.000 frs pour le premier enfant
      • 50.000 frs pour les enfants suivants
      Priorités : revenus inférieurs à 305.000 frs majorés de 60.000 frs pour le premier enfant à charge et 50.000 frs pour les suivants. Le montant de 305.000 frs est porté à 350.000 frs lorsque chacun des conjoints bénéficie d’un revenu professionnel au moins égal à 50.000 frs.
      L’arrêté du 28.12.1979 est abrogé par l’arrêté du 19.5.1983, qui doit entrer en vigueur au 1.1.1984. Les nouvelles conditions seront les suivantes :
      Revenu maximum :
      • 500.000 frs pour une personne isolée
      • 850.000 frs pour un couple marié ou des personnes qui vivent ensemble maritalement
      Majoration par enfant à charge : 50.000 frs
      Priorités : revenus inférieurs à 360.000 frs pour la personne isolée et à 550.000 frs pour un couple marié ou des personnes qui vivent ensemble maritalement. Ces montants sont majorés de 50.000 frs par enfant à charge.
    • ? région flamande (A.R. du 18.12.1979, M.B. du 22.12.1979)
      Revenu maximum :450.000 frs (*) majorés de 22.000 frs (*) par enfant à charge
      Exceptions : les conditions de revenu ne sont pas exigées des mineurs belges en service actif dans un charbonnage ni de l’équipage des bâtiments de pêche belges.
      Priorités : revenus inférieurs à 350.000 frs (*) majorés de 22.000 frs (*) par enfant à charge
      (*) les montants sont rattachés à l’indice 124,02 de l’indice des prix à la consommation.
    • ? région bruxelloise (A.R. du 30.6.1981, M.B. du 24.7.1981)
      Revenu maximum :
      • 400.000 frs pour un isolé
      • 500.000 frs pour un couple dont un seul des partenaires dispose d’un revenu
      • 550.000 frs pour un couple dont les deux partenaires disposent chacun d’un revenu
      • Ces montants sont majorés de 30.000 frs par enfant à charge.
      Priorités : revenus inférieurs à 350.000 frs majorés de 30.000 frs par enfant à charge.
  • [20]
    M.O.C., Le loyer des logements sociaux, Bruxelles, 1980.
  • [21]
    Commission des Communautés européennes, "L’information relative aux revenus et aux patrimoines dans les pays de la Communauté", Série politique sociale, n° 22, 1972.
  • [22]
    Se référer à l’annexe.
  • [23]
    Durez M., Lux B., Vandeville V., Modélisation de l’offre et de la demande de logements neufs et de prêts hypothécaires, I.N.L., septembre 1980.
  • [24]
    Prevot P., "Rapport relatif à la deuxième enquête sur la qualité du logement en Belgique", Habiter, n° 66-67 et 70-71, 1975 et 1976.
  • [25]
    Aballea F., "De la crise du logement à la crise de l’habitat", Recherche sociale, octobre-décembre 1978.

I – INTRODUCTION

1Depuis le vote des lois de réformes institutionnelles, les dispositions légales et réglementaires en matière de logement se sont multipliées. Toutefois, ces dispositions portent davantage sur les modalités de l’aide au logement que sur sa finalité ; on peut considérer que, dans les trois régions du pays, la politique du logement poursuit les mêmes objectifs :

  • encourager l’accession à la propriété ;
  • mettre à la disposition des personnes de condition modeste un logement du secteur locatif ;
  • promouvoir l’assainissement du patrimoine immobilier.

2Si le bien-fondé de cette politique est peu contesté, des controverses se sont fait jour sur l’adéquation des moyens utilisés. En effet, dans l’esprit du législateur, les bénéfices de l’aide au logement devaient être réservés aux ménages peu aisés. Or vu l’augmentation des coûts de construction, certains estiment que les primes à l’achat, la construction et l’assainissement sont insuffisantes pour permettre aux personnes de condition modeste d’accéder à la propriété ou d’améliorer leur habitat. Les ménages qui sont en mesure de construire, d’effectuer des travaux d’assainissement et bénéficient de l’aide au logement profiteraient de certaines lacunes du système en vigueur. Ainsi, les revenus pris en considération par l’Administration du Logement pour l’octroi de la plupart des aides ne portent que sur une seule année civile : l’avant-dernière année précédant celle de la demande de l’avantage financier. Or des personnes peuvent percevoir, au cours d’une année particulière, des revenus faibles, qui ne correspondent nullement à leurs revenus "normaux" ou à ceux qu’elles peuvent escompter dans un proche avenir ; c’est notamment le cas des étudiants ou des personnes qui ont cessé temporairement leurs activités. De même, si l’admission d’un ménage comme locataire d’un logement social est généralement soumise à des conditions de revenu maximum, les locataires qui voient leurs revenus augmenter par la suite peuvent continuer à disposer de leur logement moyennant le paiement d’un loyer réadapté [1]. Enfin, certains avantages tels les prêts hypothécaires à taux réduits accordés par les sociétés agréées de la C.G.E.R. et certains organismes privés sont octroyés quels que soient les revenus des demandeurs.

3Ces exemples mettent l’accent sur une des principales critiques adressées à la politique du logement : elle ne bénéficierait pas, en priorité, à des personnes de condition modeste.

4On ne dispose malheureusement que de très peu d’études sur la situation effective des bénéficiaires de la politique du logement ; on peut citer l’enquête du Fonds du Logement de la Ligue des Familles Nombreuses [2], les recherches dirigées par le professeur Deleeck sur la répartition des dépenses sociales [3], une publication de la S.N.L. relative aux revenus de ses locataires en 1965 et en 1968. [4].

5L’analyse de la situation des familles aidées constitue pourtant un préalable indispensable à une réforme éventuelle du système existant. S’il apparaît que ce dernier profite à des personnes différentes de celles visées par la réglementation, il importe de repenser l’ensemble de la politique du logement. Par contre, si les bénéficiaires aisés sont marginaux, on risque, en modifiant les dispositions en vigueur, de pénaliser une part importante des personnes peu aisées ; en l’absence d’éléments quantitatifs fiables, toute réflexion et toute tentative pour modifier la réglementation ne peuvent déboucher sur des propositions concrètes défendables.

6C’est pourquoi, à la demande de l’Institut National du Logement, nous avions essayé d’analyser la situation socio-économique des bénéficiaires de la politique du logement et, en particulier, de déterminer la structure de leurs revenus [5]. Dans ce Courrier Hebdomadaire, nous tenterons de synthétiser les principales conclusions de cette étude, de les actualiser et d’en déduire certaines propositions aptes à réorienter la politique du logement.

II – DIFFICULTES D’UNE ANALYSE DE LA POLITIQUE DU LOGEMENT

7Si l’aide au logement vise, en principe, des "personnes de condition modeste", ce concept est délicat à circonscrire et il n’a pas reçu, dans les textes légaux et réglementaires, de définition unique : les critères retenus pour caractériser les bénéficiaires différent selon les régions et les aides considérées. En fait, pour comprendre la complexité du système actuel, il faut le resituer dans son contexte historique.

8Il apparaît ainsi que dès la mise en place de la politique du logement, le pouvoir législatif a voulu privilégier les personnes défavorisées : la loi de 1889 accorde certaines réductions fiscales aux sociétés et travailleurs qui acquièrent ou font construire des "habitations ouvrières" ; elle autorise la C.G.E.R. à consacrer une partie de ses ressources à l’octroi de prêts destinés à l’achat ou la construction de maisons par des ouvriers ; au départ, le conseil d’administration de la C.G.E.R. avait limité son intervention aux habitations dont le coût n’excédait pas 5.000 F. À partir de 1892, les prêts de la C.G.E.R. ne se limitent plus aux seuls ouvriers mais s’étendent également aux autres personnes de condition modeste. Des documents du début des années 90 permettent de se faire une idée du champ d’action de la C.G.E.R. ; on y lit [6] que des prêts de 2.855,18 F et 3.919,10 F, à rembourser respectivement en 10 et 20 ans, ont été accordés à des filateurs ; 4.500 F, à 3 %, pour un domestique, 2.200 F, toujours à 3 %, pour un houilleur [7].

9En 1912, les pouvoirs publics instituent une commission chargée d’étudier les problèmes de logement de la "classe très nombreuse des ouvriers à bas salaire, des habitants des taudis, des familles nombreuses et nécessiteuses, des employés modestes et de la petite bourgeoisie" [8]. Les travaux de cette commission aboutissent, en 1919, à la constitution de la Société Nationale des Habitations et Logements à Bon Marché, l’actuelle Société Nationale du Logement (S.N.L.). Son objet est de faire construire des logements à bon marché, destinés à être loués à des "personnes peu aisées", la notion de bon marché se référant à un maximum de revenu cadastral et celle de personne peu aisée à un maximum de revenu.

10Dès l’origine donc, des critères distincts furent retenus pour définir les bénéficiaires de la politique du logement ; la diversité des aides et des conditions d’octroi s’est encore considérablement accrue au cours du temps. En effet, le souci de satisfaire des besoins en logement spécifiques a donné naissance à une pluralité d’institutions dotées d’une structure d’organisation et d’une réglementation propres. Ainsi, le Fonds du Logement fut créé en 1929, par la Ligue des Familles, pour faciliter l’accession à la propriété des familles nombreuses et nécessiteuses, notamment par l’octroi de prêts à taux dégressifs en fonction du nombre d’enfants. La Société Nationale de la Petite Propriété Terrienne, fondée en 1925, devait étendre aux régions rurales l’action entreprise par la Société Nationale du Logement en région urbaine : le gouvernement espérait lutter contre le chômage et contribuer à la restauration économique par la mise en valeur de terres incultes, la construction d’habitations rurales et l’extension d’exploitations agricoles.

11Pour tenter de fixer les ouvriers mineurs sur leur lieu de travail, un arrêté royal de 1945 leur octroie des prêts à faible taux d’intérêt en vue de l’achat, de la construction ou de l’assainissement de leur habitation. Cette législation est complétée par un ensemble de mesures en faveur du logement des ouvriers mineurs : dérogation à la condition de revenus pour l’obtention des primes à l’achat, la construction ou l’assainissement, crédits spéciaux accordés à la S.N.L. pour la construction de logements destinés aux mineurs,…

12À la fin des années 40, la pénurie endémique de logements, exacerbée par les conséquences de la guerre, justifie le vote de la loi De Taeye (1948) ; les encouragements prévus dans cette loi sont de deux ordres : d’une part, la garantie de bonne fin de l’État pour les prêts hypothécaires au logement modeste et, d’autre part, les primes à fonds perdus pour l’achat et la construction d’une habitation. Si les conditions patrimoniales exigées de l’emprunteur [9] et les restrictions formulées à l’égard du bien financé [10] visent à réserver le bénéfice des prêts garantis aux personnes peu aisées, aucune condition de revenu n’est exigée du demandeur. Par contre, l’octroi des primes à la construction et à l’achat d’une habitation neuve est subordonné à des conditions de revenu maximum.

13L’amélioration du patrimoine immobilier constitue le troisième axe de la politique du logement. Il faut toutefois attendre la loi du 7 décembre 1953 pour que se dessine une véritable politique de lutte contre les logements insalubres. La destruction des taudis s’appuie sur l’action du secteur public (communes, sociétés de construction nationales, …) mais également sur l’initiative privée. Ainsi, une prime de démolition peut être accordée aux propriétaires, personnes physiques, qui font démolir une habitation insalubre par nature. Des allocations de déménagement, d’installation et de loyer sont prévues en faveur des personnes qui quittent des logements insalubres ; depuis le 10 juillet 1970, des allocations similaires sont instaurées en faveur des personnes âgées ou handicapées qui s’installent dans des habitations adaptées à leur condition physique. Enfin, la garantie de l’État peut être attachée aux prêts consentis pour l’achat ou la construction d’habitations par d’anciens taudisards ou pour les prêts contractés en vue de la transformation ou de l’assainissement de logements insalubres améliorables.

14La politique d’assainissement du patrimoine immobilier est par ailleurs complétée, depuis 1967, par un ensemble de mesures visant plus particulièrement les logements améliorables. Actuellement, les incitants à l’amélioration diffèrent sensiblement selon les régions, à la fois quant aux conditions exigées des demandeurs et quant à la nature des aides accordées : primes à l’assainissement à Bruxelles et en Flandre, prime à la réhabilitation en Wallonie, prime à la rénovation en région wallonne [11].

15Cet inventaire des aides au logement n’est pas exhaustif : il faut encore citer notamment les interventions des provinces, des communes, les encouragements fiscaux, dont certains (réduction du précompte immobilier pour habitation modeste, déductibilité des sommes affectées à l’amortissement ou à la reconstitution d’emprunts hypothécaires, réduction du droit d’enregistrement pour les ventes de petites propriétés terriennes et d’habitations modestes [12] ont un objet social évident. Enfin, des mesures conjoncturelles de soutien de la construction résidentielle ont été votées récemment : réduction du taux de T.V.A. de 17 à 6 %, déductibilité partielle, des revenus nets imposables, des dépenses consenties pour l’isolation thermique.

16Même en excluant ces mesures conjoncturelles, il apparaît que la politique du logement se caractérise par une extrême complexité ; bien sûr, la rédaction du Code du Logement a permis une certaine coordination des dispositions légales ; on aurait néanmoins pu espérer que la régionalisation allait se traduire, dans le domaine du logement, par un effort de simplification et de restructuration important. Si certaines dispositions vont dans ce sens (remplacement, en région wallonne, des primes à l’amélioration, à l’assainissement et à l’isolation thermique par la prime à la réhabilitation), la plupart des incitants qui existaient avant 1976 ont été maintenus. Une pluralité de critères régissent ainsi l’aide au logement : les prêts à l’habitation modeste sont accordés quels que soient les revenus du demandeur ; l’octroi des primes à l’achat et à la construction suppose que soient satisfaites des conditions de revenus maxima qui, elles-mêmes, varient sensiblement selon les régions (annexe 1) ; la prime à la rénovation est accordée indépendamment des revenus des bénéficiaires ; dans certains cas, la qualité du demandeur (ouvrier mineur, par exemple) lui permet de déroger à la condition de revenu ; la réduction des droits d’enregistrement dépend du revenu cadastral de l’habitation concernée ; la déductibilité des sommes affectées à l’amortissement ou à la reconstitution des emprunts n’a trait qu’aux habitations sociales ou assimilées …

17Il est donc très difficile d’apprécier si l’aide au logement atteint son objectif, c’est-à-dire de comparer les personnes originellement visées par la législation et les bénéficiaires effectifs.

18Cette analyse se heurte, par ailleurs, à de sérieux problèmes de disponibilité statistique ; l’information sur les aides est éparse vu le nombre d’organismes concernés par la politique du logement au niveau de l’État, des régions, des provinces et des communes ; une grande part des statistiques ne sont pas publiées ; ainsi, les données relatives aux prêts devraient être recueillies auprès des sociétés prêteuses : Fonds du Logement de la Ligue des Familles Nombreuses, Société nationale terrienne, Caisse centrale de crédit rural du Boerenbond, INCA, Institut national des invalides de guerre, sociétés de crédit ayant reçu l’agréation pour la garantie de l’État, … ; la plupart des données fiscales sont confidentielles ; en outre, lorsque des informations existent, elles se limitent généralement aux renseignements figurant dans la demande d’aide ; enfin, il faut tenir compte de ce qu’un ménage peut cumuler les bénéfices de plusieurs subventions. Ainsi, le ménage qui achète un logement social suivant le système "construction sur promesse d’acquisition" peut bénéficier non seulement de la prime à l’achat mais également de prêts à des conditions favorables, d’une réduction des droits d’enregistrement sur la valeur du terrain, d’une réduction des honoraires sur l’acte de prêt si celui-ci est contracté auprès de la C.G.E.R., de la S.N.T. ou du Fonds du Logement de la Ligue des familles nombreuses ; il profite, le cas échéant, de ce que l’équipement public est pris en charge par l’État et, éventuellement, de ce que la politique foncière et de construction groupée permet de réduire les coûts de construction. Des dispositions fiscales favorisent encore le propriétaire d’une habitation sociale : possibilité de déduction partielle de l’amortissement de l’emprunt hypothécaire, réduction du précompte immobilier pour habitation modeste …

19Pour garder à l’analyse de la politique du logement des dimensions raisonnables, il faut donc restreindre l’univers de la recherche. Dans cette étude, nous nous sommes limités à la mise en location d’habitations sociales par la Société nationale du logement et à l’octroi de primes à la construction par l’Administration du logement. Deux raisons ont dicté ce choix. D’une part, le tableau 1 montre le coût, pour la collectivité, de ces deux types d’aides au logement ; ainsi, en 1981, sur une charge budgétaire globale (à fonds perdus) de quelque 17 milliards de francs, les primes à la construction et à l’achat totalisent près de 3 milliards de francs [13] ; la différence d’intérêt en faveur des sociétés nationales (S.N.L. et S.N.T.) majorée des remises de loyer dépasse les 8 milliards de francs. D’autre part, la location d’une habitation sociale et l’octroi de primes à la construction s’adressent à deux clientèles différentes, on pourrait dire aux deux clientèles extrêmes de la politique du logement : dans le premier cas, il s’agit de fournir un logement décent aux personnes les plus démunies, c’est-à-dire celles qui peuvent au plus s’acquitter d’un loyer modique ; les primes à la construction visent des personnes de condition modeste mais qui disposent d’une capacité de remboursement suffisante pour acquérir un nouveau logement.

TABLEAU 1

CHARGES BUDGETAIRES DE LA POLITIQUE DU LOGEMENT SOCIAL : SOMMES MISES EN LIQUIDATION EN COURS D’EXERCICE EN MILLIONS DE FRANCS (1975-1981)(1),(2)

TABLEAU 1
Années Nature de la dépense 1975 1975 1977 1973 1979 1980 1981 I. Subventions à fonds perdus : A. Primes (1) constructions achat 1 518,0 1 795,7 2 047,6 2 329,5 2 518,1 2 622,0 2 838,2 Total partiel : 1 518,0 1 795,7 2 047,6 2 329,5 2 518,1 2 622,0 2 838,2 B. Lutte contre les logements insalubres Prises de démolition allocation de l’évacuation d’un logement insalubre 30,5 28,8 32,9 24,7 19,1 28,6 38,8 Allocation de déménagement 1,9 1,3 5,1 6,8 5,4 7,2 4,4 Allocation de loyer 15,9 16,5 24,8 22,8 28,2 28,1 29,2 Allocation d’installation (2) 1,2 1,4 7,6 - - - - ? Prime d’assainissement 41,0 64,4 161,1 169,4 284,3 459,9 472,9 ? Communes (art. 11) 238,9 182,8 67,6 101,9 201,4 126,2 212,5 ? Sociétés agréées (art. 8) 3,7 0,8 1,8 - - 2,6 3,4 Allocations de loyer pour personnes âgées 7,6 10,1 24,6 47,5 74,0 113,4 113,1 Allocations de déménagement et d’installations pour personnes âgées 2,0 1,5 12,7 21,8 26,4 22,0 25,9 Primes d’isolation - 5,7 111,7 183,7 47,2 19,6 4,8 Total partiel : 342,7 313,3 449,3 583,6 686,0 808,5 805,0 C. Intervention pour l’abaissement du loyer ou de la charge hypothécaire : 1°) d’ordre général : ? différence d’intérêt en faveur des deux Sociétés nationales 3 205,2 3 754,6 3 978,6 5 038,3 7 731,5 6 580,2 7 913,8 ? dépenser de voirie (budget travaux publics) 2 328,2 3 376,4 3 298,9 3 273,4 2 901,0 3 634,6 3 406,0 2°) d’ordre familial : ? remises de loyer 139,3 172,4 181,1 120,5 217,1 268,1 144,5 ? paiement des intérêts sur emprunts du Fonds du logement de la Ligue des familles nombreuses 335,7 409,6 511,7 687,4 1 133,2 915,3 1 392,2 3°) d’ordre économique : ? remise d’intérêts aux ouvriers mineurs 107,3 117,2 111,2 118,2 140,8 174,4 749,4 Total partiel : 6 115,7 7 830,2 8 081,5 9 237,8 12 123,6 11 572,6 13 805,9 Total général des dépensée à fonda perdus (A+B+C) 7 976,4 9 939,2 10 579,0 12 150,9 15 327,7 15 003,1 17 349,1 II. Dépenses de financement récupérables : ? avances de l’État aux deux Sociétés nationales - - - - - - - ? souscription de l’État aux emprunts des deux Sociétés nationales - - - - - - - ? différence d’amortissement 931,5 1 089,1 1 208,7 1 131,3 1 754,5 10 307,3 2 939,3 ? remboursement d’emprunts à terme fixe 2 288,8 2 760,6 2 373,0 2 741,1 2 032,7 2 077,5 2 962,0 Total des dépensée récupérables 3 220,3 3 849,7 3 581,7 3 872,4 3 787,2 12 384,8 5 901,3 TOTAL GENERAL 11 196,7 13 788,9 14 160,7 16 023,3 19 114,9 27 387,9 23 250,4

CHARGES BUDGETAIRES DE LA POLITIQUE DU LOGEMENT SOCIAL : SOMMES MISES EN LIQUIDATION EN COURS D’EXERCICE EN MILLIONS DE FRANCS (1975-1981)(1),(2)

(1) Il a été encaissé en contrepartie : 1975 : 320,3 ; 1976 : néant ; 1977 : 370,9 ; 1978 : 407,8 ; 1979 : 98,0 (en millions de F)
(2) L’allocation d’installation est cumulée avec l’allocation de loyer depuis l’année 1977.
Source : Statistiques de la Construction et du Logement, n° 15.

III – LES LOCATAIRES DE LOGEMENTS SOCIAUX

a – Méthodologie d’analyse

20L’analyse de la situation des locataires de logements sociaux se fonde sur des données récoltées par la Société nationale du logement lors de ses contrôles de revenus.

21La représentativité des échantillons aux plans national et régional est assurée par trois éléments :

  • l’importance des échantillons (tableau 2) ;
  • une homogénéité plus grande dans la population des locataires que dans la population totale (de par l’existence de critères mis à l’admission dans les logements sociaux) ;
  • le mode de tirage des échantillons : les logements prospectés ont été sélectionnés par tirage aléatoire stratifié afin de respecter notamment la proportion d’appartements et de maisons existant dans la population mère.

TABLEAU 2

EFFECTIFS DES ECHANTILLONS DE LOCATAIRES

TABLEAU 2
Année des revenus Effectifs des échantillons Royaume Flandre Wallonie Bruxelles 1968 105.138 1971 35.158 15.196 14.818 5.144 1974 13.922 4.903 5.341 3.678 1976 13.922 4.903 5.341 3.678 1977 6.751 1.961

EFFECTIFS DES ECHANTILLONS DE LOCATAIRES

22De plus, les données de revenus émanant de la S.N.L. proviennent des avertissements-extraits de rôle et on peut supposer qu’elles fournissent une vue assez fiable de la situation financière des locataires S.N.L.

b – Composition sociologique des locataires

23Une analyse de la composition socio-professionnelle des locataires S.N.L. publiée en 1971 et des données partielles pour les années récentes montrent que la population locataire se compose presque exclusivement d’ouvriers, d’employés et d’inactifs : les indépendants ne représentent qu’un pour cent environ des locataires. La proportion de pensionnés connaît, au cours des dernières années, une hausse sensible. Ainsi, à Bruxelles, ils représentaient 35,5 % des locataires en 1971 et 43,2 % en 1977. On ne dispose d’aucune statistique par âge des locataires S.N.L. mais l’on peut interpréter la part croissante des pensionnés comme un indice de vieillissement de la population locataire. Ce phénomène s’explique sans doute par la réglementation des logements sociaux ; en effet, si on excepte des cas très particuliers (faute grave du locataire ou revenu supérieur à 800.000 frs dans le régime actuellement en vigueur en région flamande), les locataires qui ont été admis dans un logement social peuvent disposer de ce logement leur vie durant.

24Ce vieillissement de la population semble d’ailleurs confirmé par l’évolution de la composition des familles locataires (tableau 3) : de 1967 à 1979, leur taille moyenne passe de 3,33 personnes à 2,75 ; fin 1981, la taille moyenne des familles bruxelloises n’était plus que de 2,41 personnes. Il apparaît ainsi que l’effort de la S.N.L. porte de moins en moins sur les familles nombreuses et davantage sur les personnes seules. Comme l’indique le Fonds du logement dans son rapport de 1978 : "sans doute est-il possible d’insérer les familles nombreuses dans le programme des sociétés agréées par la Société nationale du logement. Mais il se révèle à la pratique, qu’innombrables sont celles qui ne réussissent pas à se faire admettre dans le circuit des logements sociaux". Aussi, le Fonds du logement a institué, depuis 1975, un régime d’aide locative en vertu duquel il achète des immeubles anciens, les remet en état et les donne en location aux familles nombreuses de condition modeste. Il semble toutefois qu’une attitude plus volontariste de la S.N.L. en faveur des familles nombreuses permettrait d’éviter cette dispersion supplémentaire des moyens matériels et financiers.

TABLEAU 3

REPARTITION DES LOGEMENTS LOUES SELON LEUR NOMBRE D’OCCUPANTS

TABLEAU 3
Dates 1 personne 2 personnes 3 personnes 4 personnes 5 personnes 6 personnes 7 personnes 8 personnes 9 personnes ou plus Composition moyenne des ménages 31.12.1967 13,83 29,06 19,07 14,12 9,84 6,48 3,63 2,02 1,95 3,33 31.12.1968 14,39 29,32 19,04 14,06 9,64 6,28 3,50 1,95 1,82 3,29 31.12.1969 14,93 29,12 19,06 14,10 9,59 6,21 3,42 1,88 1,69 3,26 31.12.1970 15,69 29,59 18,55 13,82 9,47 6,13 3,34 1,81 1,60 3,22 31.12.1971 16,32 29,76 18,52 13,77 9,35 5,93 3,21 1,69 1,45 3,18 31.12.1972 16,66 29,98 18,67 13,82 9,16 5,71 3,07 1,61 1,32 3,14 31.12.1973 17,01 30,96 18,55 13,61 8,82 5,44 2,89 1,48 1,24 3,09 31.12.1974 18,00 31,07 18,33 13,53 8,63 5,25 2,71 1,37 1,11 3,04 31.12.1975 18,65 30,92 18,79 13,56 8,43 4,94 2,48 1,24 1,00 2,99 31.12.1976 19,35 31,59 18,66 13,10 8,23 4,64 2,36 1,16 0,92 2,94 31.12.1977 19,93 31,26 18,72 13,46 7,95 4,44 2,21 1,12 0,92 2,92 31.12.1978 20,47 32,17 18,24 13,29 7,83 4,20 2,05 1,05 0,70 2,86 31.12.1979 21,07 31,81 18,47 13,49 7,61 4,04 1,95 0,95 0,61 2,75 31.12.1980 région wallonne 19,68 30,20 19,17 14,60 8,29 4,34 2,11 1,02 0,59 2,92 région flamande 21,45 33,42 17,79 13,38 7,22 3,69 1,79 0,79 0,50 2,64 région bruxelloise 30,49 32,09 15,89 10,72 5,85 2,74 1,14 056 0,52 2,48 31.12.1981 région wallonne 20,09 29,25 19,67 15,16 8,14 4,09 2,04 0,98 0,58 2,91 région flamande 21,95 32,80 17,78 13,47 7,29 3,74 1,69 0,77 0,51 2,76 région bruxelloise 32,22 32,36 15,08 10,48 5,56 2,35 1,14 0,45 0,36 2,41

REPARTITION DES LOGEMENTS LOUES SELON LEUR NOMBRE D’OCCUPANTS

Total des logements loués = 100

c – Les revenus des locataires S.N.L.

25Dans le tableau 4, la moyenne et la dispersion des revenus des locataires S.N.L., sur la période 1965-1976, sont comparées aux revenus de l’ensemble de la population belge. Ces derniers sont estimés sur base des statistiques fiscales.

TABLEAU 4

COMPARAISON DES REVENUS DES LOCATAIRES S.N.L. ET DE L’ENSEMBLE DES MENAGES BELGES(a),(b)

TABLEAU 4
Année des revenus MOYENNE MÉDIANE COEFFICIENT INTERQUARTILE Montant Indice Montant Indice S.N.L. St. fisc. S.N.L. St. fisc. S.N.L. St. fisc. S.N.L. St. fisc. S.N.L. St. fisc. 1965 83.500 109.200 100,00 100,00 74.000 79.500 100,00 100 ,00 89,57 90,89 1968 95.900 128.100 (a) 114,85 117,31 (a) 85.600 97.500 (a) 115,68 122,54 (a) 101,80 83,11 (a) 1971 111.580 172.408 133,63 157,98 109.779 130.210 148,35 150,99 104,09 88,75 1974 162.491 216.941 (b) 194,60 198,66 (b) 154.840 164.705 (b) 209,24 207,18 (b) 131,66 98,3 (b) 1976 242.365 350.811 290,26 321,25 228.058 289.200 308,46 363,77 137,02 93,5

COMPARAISON DES REVENUS DES LOCATAIRES S.N.L. ET DE L’ENSEMBLE DES MENAGES BELGES(a),(b)

(a) Revenus de 1967
(b) Revenus de 1973

26La moyenne arithmétique des revenus est sensiblement plus faible pour les locataires de logements sociaux ; ce résultat s’explique notamment par la forte dissymétrie à gauche des distributions de revenus : on sait que la moyenne arithmétique est fortement influencée par les valeurs aberrantes et constitue un paramètre de position peu robuste dès que la distribution sousjacente s’écarte de la loi normale. Or les distributions de revenus sont typiquement non normales ; une étude de la S.N.L. [14] concluait d’ailleurs que : "l’on peut considérer, en première approximation, que la distribution des revenus des locataires S.N.L. suit une loi log-normale à partir de la deuxième tranche de revenus, c’est-à-dire au-delà de 50.000 frs". Si l’on utilise la médiane pour comparer la situation financière des deux populations, les différences de revenus apparaissent assez faibles, les revenus des locataires S.N.L. se situant néanmoins en-deçà de la moyenne des ménages belges.

27Le tableau 5 donne, pour les années les plus récentes, la répartition des ménages au sein des différentes classes de revenus. Il semble que les ménages disposant d’un revenu inférieur à 50.000 frs soient beaucoup plus fréquents chez les locataires S.N.L. que dans l’ensemble de la population. Peut-on en déduire que la S.N.L. a atteint l’objet social qu’elle s’était fixé, l’aide aux plus démunis ? La réponse doit être très nuancée. En effet, si les chiffres de la S.N.L. tiennent compte de tous les locataires, quel que soit le niveau de leurs revenus, les statistiques fiscales excluent les exonérés notoires, c’est-à-dire les contribuables non enrôlés en raison de la modicité de leurs revenus ou de leurs charges familiales ; dans les classes de revenus les plus faibles, les statistiques fiscales reprennent essentiellement des personnes ayant eu une activité professionnelle inférieure à douze mois : personnes qui sont décédées ou ont débuté leur activité professionnelle au cours de l’exercice fiscal considéré ; leurs revenus n’ont été enrôlés que pour permettre le remboursement d’un précompte ou d’un versement anticipé.

TABLEAU 5

DISTRIBUTION DES REVENUS DES LOCATAIRES S.N.L. ET DE L’ENSEMBLE DE LA POPULATION BELGE(a),(b),(c)

TABLEAU 5
Tranches de revenus 1974 1976 (en 000 F) Locataires S.N.L. Statist. fiscales (c) Locataires S.N.L. Statist. fiscales (a) (b) (a) (b) (a) (b) (a) (b) Moins de 50.000 F 29,5 - 10,8 - 20,1 - 5,2 - 50 - 100 8,9 12,6 15,4 17,3 10,7 13,4 11,5 12,1 100 - 150 10,2 14,5 18,8 21,1 7,5 9,4 10,7 11,3 150 - 200 13,4 19,0 16,5 18,5 6,8 8,5 11,8 12,4 200 - 250 14,4 20,4 12,1 13,6 8,2 10,3 13,1 13,8 250 - 300 9,6 13,6 7,7 8,6 7,6 9,5 10,9 11,5 300 - 400 9,9 14,0 8,5 9,5 16,5 20,7 15,2 16,0 400 - 500 2,7 3,8 4,2 4,7 13,2 16,5 8,4 8,9 500 - 600 1,14 2,0 6,0 6,7 6,1 7,6 4,7 5,0 600 et plus 3,3 4,1 8,6 9,1

DISTRIBUTION DES REVENUS DES LOCATAIRES S.N.L. ET DE L’ENSEMBLE DE LA POPULATION BELGE(a),(b),(c)

(a) Compte tenu des revenus inférieurs à 50.000 F
(b) Compte non tenu des revenus inférieurs à 50.000 F
(c) Revenus de 1973, exercice fiscal 1974

28S’il est difficile d’évaluer avec précision le nombre d’exonérés notoires, on sait qu’ils représentent une part importante de la population belge : une estimation portant sur l’exercice fiscal 1970 faisait état de quelque 660.000 ménages fiscaux [15].

29En d’autres termes, pour les classes de revenus n’excédant pas le minimum imposable, les statistiques fiscales donnent une image biaisée de la réalité socio-économique car elles sous-évaluent fortement la proportion d’infra-salariés. Aussi, pour comparer la situation des familles aidées à celle de l’ensemble de la population belge, il est nécessaire d’exclure les ménages à très faibles revenus. C’est pourquoi, au tableau 5, les colonnes "b" reprennent les fréquences calculées en ne tenant pas compte des revenus inférieurs à 50.000 frs.

30Il est surprenant de constater que, pour les années 1974 et 1976, si les ménages aisés (revenus imposables supérieurs à 500.000 frs en 1974 et 600.000 frs en 1976) sont peu fréquents chez les locataires S.N.L., les ménages à faibles revenus (de moins de 200.000 frs en 1974 et moins de 300.000 frs en 1976) sont moins nombreux chez les locataires S.N.L. que dans la population ; par contre, les ménages à revenus moyens (de 200.000 à 500.000 frs pour 1974 et de 300.000 à 600.000 frs en 1976) sont mieux représentés chez les locataires de logements sociaux que dans la moyenne de la population.

31Une analyse plus fine de la structure des revenus ventilée selon le nombre d’enfants à charge indique une disparité des revenus beaucoup plus grande chez les ménages sans enfant et chez les familles très nombreuses. En particulier, le revenu imposable médian des ménages sans enfant apparaît très faible : en 1976, un quart d’entre eux disposaient de moins de 49.000 frs (tableau 6) ; par contre, les ménages comptant de 1 à 3 enfants à charge avaient des revenus imposables moyens nettement supérieurs (de l’ordre de 340.000 frs) ; de plus, un quart d’entre eux jouissaient de ressources financières supérieures à 450.000 frs. Par souci de concision, nous n’avons pas reproduit les résultats obtenus au niveau régional mais ils montrent une grande homogénéité de la structure des revenus dans les trois régions du pays. En particulier, on note à nouveau la forte représentation des locataires disposant de revenus moyens relativement élevés chez les familles comptant de 1 à 3 enfants à charge.

TABLEAU 6

VALEURS TYPIQUES DES DISTRIBUTIONS DE REVENUS DES LOCATAIRES S.N.L. : REVENUS IMPOSABLES DE 1976(a)

TABLEAU 6
Paramètres Ensemble des ménages Nombre d’enfants à charge 0 1 2 3 4 5 et + Paramètres de position Moyenne 242.367 186.324 336.937 336.319 326.331 310.466 256.889 Médiane 228.058 119.368 344.319 340.776 337.386 321.000 262.500 1er quartile 69.247 42.903 221.114 234.250 227.842 200.333 143.500 3me quartile 381.723 304.429 459.834 448.750 442.386 426.334 363.000 Paramètres de dispersion % maximum d’égalisation 0,64 0,77 0,40 0,37 0,37 0,41 0,50 Coefficient interquartiles 1,37 2,19 0,69 0,63 0,64 0,70 0,84 Écart type 181.688 172.360 167.940 159.361 151.711 160.376 159.923 Coefficient de variation en % 74,96 92,51 49,84 47,38 46,49 51,66 62,25 Paramètres d’asymétrie Yule et Kendall - 0,02 0,41 - 0,03 0,01 - 0,02 - 0,07 - 0,09 Fischer 0,53 1,05 0,17 0,08 - 0,17 0,30 0,34 Paramètres d’aplatissement Fischer - 0,31 + 0,59 0,39 0,50 - 0,22 0,94 0,10 Coefficients d’inégalité Écart type du logarithme des revenus 1,19 1,25 0,84 0,81 0,81 0,88 1,08 Gini (a) 0,42 0,50 0,28 0,26 0,26 0,28 0,35 Theil 5,63 5,08 3,87 3,68 3,15 2,46 2,16

VALEURS TYPIQUES DES DISTRIBUTIONS DE REVENUS DES LOCATAIRES S.N.L. : REVENUS IMPOSABLES DE 1976(a)

(a) Compte non tenu des revenus nuls.

32Cette forte proportion de locataires à revenus moyens provient sans doute de ce que les ménages qui ont été admis dans un logement social peuvent continuer à disposer de ce logement même si leur situation financière vient à s’améliorer ; leur loyer sera réadapté en conséquence. Une exception à ce principe général est introduite dans le régime flamand par l’arrêté royal du 18 décembre 1979 : les ménages disposant de revenus supérieurs à 800.000 frs (indexés et majorés le cas échéant pour les enfants à charge) sont tenus de quitter leur logement endéans les trois ans.

33Toutefois, si la S.N.L. remplit l’objectif qui lui a été assigné, la majorité des locataires devraient être de condition modeste et seule une minorité devrait disposer de "revenus suffisants". Ce dernier terme peut prêter à discussion mais il semble logique de supposer qu’un locataire dispose de "revenus suffisants" si ses ressources financières excèdent les plafonds fixés pour l’admission dans un loge ment social.

34Le tableau 7 reprend le pourcentage de ménages dont les revenus en 1974 et en 1976 excèdent les plafonds fixés pour l’admission dans un logement social au 31.12.1976 et au 31.12.1978 respectivement [16]. Pour les revenus de 1974, ce pourcentage s’établit à 12,2 et ne diffère pas sensiblement selon les régions concernées. En 1976, la proportion de familles disposant de revenus supérieurs aux plafonds S.N.L. dépasse 33 % : elle est un peu plus faible à Bruxelles où les conditions d’admission étaient moins sévères : la majoration par enfant à charge était de 24.300 frs au lieu de 19.400 frs en Flandre et en Wallonie. Bien sûr, les résultats consignés au tableau 7 ne tiennent pas compte des dispositions en faveur des handicapés, des ouvriers mineurs, de l’équipage des bâtiments de pêche, du personnel d’entreprises nouvelles ou en extension …

TABLEAU 7

POURCENTAGE DE MENAGES DONT LES REVENUS EN T EXCEDENT LES PLAFONDS FIXES POUR L’ADMISSION DANS UN LOGEMENT SOCIAL AU 31 DECEMBRE DE L’ANNEE T+2

TABLEAU 7
Nombre d’enfants à charge Flandre Wallonie Bruxelles Royaume Revenus de 1974 0 13,38 15,99 14,53 14,89 1 27,35 31,98 35,50 31,24 2 24,37 22,56 27,91 24,53 3 19,65 16,00 15,15 17,36 4 13,37 15,62 7,25 12,93 5 et plus 4,71 4,30 2,53 4,85 Total 12,20 12,61 12,24 12,38 Revenus de 1976 0 28,42 26,79 26,30 27,14 1 58,55 59,56 59,59 59,78 2 57,87 50,81 53,90 55,30 3 47,16 44,97 44,44 46,54 4 41,23 40,55 21,24 39,75 5 et plus 21,96 18,64 5,26 18,94 Total 33,72 33,02 26,24 32,61

POURCENTAGE DE MENAGES DONT LES REVENUS EN T EXCEDENT LES PLAFONDS FIXES POUR L’ADMISSION DANS UN LOGEMENT SOCIAL AU 31 DECEMBRE DE L’ANNEE T+2

35Il n’en reste que les estimations précédentes mettent en cause la politique de la Société nationale : une fraction importante des familles aidées et, plus particulièrement, des ménages comptant de 1 à 3 enfants à charge disposerait de revenus qui ne peuvent être qualifiés de modestes et ce phénomène tendrait à s’accentuer au cours du temps.

36Pour les dernières années, on ne dispose malheureusement pas de données aussi complètes sur la structure des revenus. Néanmoins, le nombre de ménages qui paient un loyer réadapté constitue un indicateur indirect des ressources financières des locataires. Le tableau 8 compare la situation des loyers au 31 décembre 1970 et au 31 décembre 1979. Si la proportion de loyers réadaptés reste proche de 17 %, le taux moyen de majoration des loyers passe de 30 à 43 %.

TABLEAU 8

LOYERS READAPTES

TABLEAU 8
SITUATION AU 31/12/1970 SITUATION AU 31/12/1979 Pourcentages de majoration Logements construits avant le 10/5/1940 Logements construits après le 10/5/1940 Total Logements construits avant le 10/5/1940 Logements construits après le 10/5/1940 Total Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % 10 % 962 31,09 5.183 28,57 6.145 28,77 483 11,55 4.401 14,90 4.484 14,49 20 % 647 20,90 3.805 20,84 4.452 20,85 521 12,46 4.017 13,60 4.538 13,46 30 % 416 13,44 2.675 14,65 3.091 14,47 286 6,84 1.899 6,43 2.185 6,48 40 % 311 10,05 1.776 9,73 2.087 9,77 220 5,26 1.581 5,35 1.801 5,31 50 % 203 6,59 1.229 6,73 1.432 6,71 223 5,33 1.550 5,25 1.773 5,26 60 % 556 17,96 3.593 19,68 4.149 19,43 2.450 58,56 16.080 54,47 18.530 54,97 Total 3.095 100,00 18.261 100,00 21.356 100,00 4.183 100,00 29.528 100,00 33.711 100,00 Nombre total de logements loués 30.488 101.536 132.024 27.631 169.149 196.780 Pourcentage de logements dont le loyer a été réadapté 10,15 17,98 16,16 15,14 17,46 17,13 Pourcentage moyen de la hausse 29,40 30,46 30,31 45,61 43,58 43,83

LOYERS READAPTES

37Depuis quelques années, des régimes spécifiques ont été institués dans les trois régions du pays [17]. Comme l’écrit la S.N.L. [18] dans son rapport de 1980, "si les réglementations divergent dans leurs procédures, le but poursuivi est identique, c’est-à-dire assurer une répartition aussi équitable que possible de la charge entre les locataires en fonction de leurs revenus et de la composition de leur famille, tout en assurant l’équilibre financier des sociétés agréées". En conséquence, les plafonds fixés à l’admission dans un logement social ont été relevés de façon substantielle [19]. On peut ainsi estimer que, en régions flamande et wallonne, plus des trois quarts des ménages remplissent les conditions de revenus mises à l’admission d’un logement social. Ce comptage exclut les exonérés notoires qui, par définition, disposent de revenus modiques.

38On peut objecter que la réadaptation des loyers pénalise les familles plus aisées : elle permettrait d’éviter la ségrégation sociale tout en réservant l’aide de la collectivité aux plus démunis. Cet argument nous semble peu convaincant. Il faudrait d’abord montrer que les loyers des logements sociaux, après réadaptation, se situent à un niveau comparable aux loyers du secteur privé. Or le tableau 9 indique qu’en moyenne, le logement social reste moins onéreux. Peut-on, par ailleurs, admettre que certains locataires disposent de revenus suffisants si, dans le même temps, la demande émanant de personnes nécessiteuses excède l’offre de logements disponibles ? D’autre part, les sociétés agréées ne seront-elles pas tentées d’assurer leur équilibre financier en privilégiant les locataires plus aisés qui leur offrent l’assurance de rentrées plus stables et plus élevées ? Si des priorités sont en principe établies en faveur des plus défavorisés, le M.O.C. [20] souligne avec raison que les candidats locataires ne disposent que de moyens de contrôle et de recours limités pour faire respecter leurs droits.

39En fait, la problématique qui se pose est de déterminer si les sociétés agréées peuvent concilier les objectifs d’équilibre financier et de politique réellement sociale. Nous serions tentés de répondre par la négative : le relèvement des plafonds d’admission réduit de facto la proportion des locataires les plus pauvres ; si l’on ne réserve pas les logements sociaux aux plus démunis en expulsant, au besoin, les ménages les plus aisés, on risque de détourner la S.N.L. de l’objet pour lequel elle a été créée et de faire supporter l’assistance locative par d’autres organismes, les C.P.A.S. notamment, qui ne disposent pas toujours de l’infrastructure adéquate.

TABLEAU 9

COMPARAISON DES LOYERS DES LOGEMENTS S.N.L. AUX LOYERS MOYENS DU ROYAUME

TABLEAU 9
LOYERS DES LOGEMENTS SOCIAUX ESTIMATIONS DE LA COMPTABILITÉ NATIONALE Loyer et charges diverses Loyer de base Montant Indice (1962=100) Montant Indice (1962=100) Montant Indice (1962=100) 1962 903 100 801 100 1.212 100 1963 921 102 813 101 1.244 103 1964 958 106 837 104 1.283 106 1965 990 110 874 109 1.348 111 1966 1.052 117 917 114 1.432 118 1967 1.097 121 957 119 1.499 124 1968 1.174 130 991 124 1.569 129 1969 1.220 135 1.024 128 1.557 137 1970 1.285 142 1.070 134 1.755 145 1971 1.381 153 1.128 141 1.853 153 1972 1.486 165 1.199 150 1.974 163 1973 1.615 179 1.373 171 2.127 175 1974 1.893 210 1.544 293 2.472 204 1975 2.124 236 1.635 204 2.898 239 1976 2.304 256 1.741 217 3.131 258 1977 2.599 289 1.941 242 3.529 291 1978 2.893 322 2.149 269 3.863 319 1979 3.092 344 2.297 288 4.168 344

COMPARAISON DES LOYERS DES LOGEMENTS S.N.L. AUX LOYERS MOYENS DU ROYAUME

Sources : I.N.S. et S.N.L.

IV – Les bénéficiaires de primes à la construction

a – Méthodologie d’analyse

40Pour analyser les caractéristiques socio-économiques des bénéficiaires de primes à la construction, nous nous sommes basés sur les fiches que complètent les ménages lorsqu’ils introduisent une demande de subside à l’Administration du logement. Les fiches consultées portent sur les données de 1970 et de 1979 et permettent d’esquisser les changements survenus au cours de la dernière décennie ; à titre de comparaison, nous avons également repris les caractéristiques des bénéficiaires de primes à l’achat et à l’assainissement.

41Pour les statistiques de revenus, nous n’avons pas retenu les données prises en compte par l’Administration du logement, c’est-à-dire les revenus de l’avant-dernière année précédant la demande de prime. Nous avons considéré les revenus perçus au moment de la demande d’avantage. Cette façon de procéder vise à analyser le bien-fondé de la critique à laquelle nous faisions allusion dans l’introduction et selon laquelle des bénéficiaires profitent de ce que l’Administration du logement ne considère que les revenus d’une seule année, qui peuvent correspondre, dans leur chef, à des revenus plus faibles que leurs revenus normaux.

42Pour connaître les revenus perçus lors de la demande de prime, deux procédures semblaient possibles. La première consiste à interviewer directement les bénéficiaires de primes à la construction. L’expérience montre cependant qu’une enquête sur les revenus se heurte aux difficultés suivantes [21] :

  • les interviewés répugnent généralement à faire état de leurs revenus, que ce soit par crainte de poursuites judiciaires ou parce qu’ils hésitent à déclarer un revenu jugé excessif ou trop modique ;
  • les refus de réponse se concentrent chez certaines catégories socio-professionnelles ;
  • la notion de revenu n’est pas toujours clairement perçue par les personnes interrogées ; en particulier, certains ménages ont des difficultés à assimiler les prestations sociales à un revenu. D’autres négligent de bonne foi certains revenus perçus irrégulièrement (primes, treizième mois, pécule de vacances, etc.) de même que certains avantages en nature (prêt hypothécaire à taux réduit, mise à disposition d’une maison, d’une voiture, etc.).

43Aussi, les revenus des personnes ayant obtenu une prime à la construction ont été estimés par la démarche suivante : un échantillon de bénéficiaires a été constitué au départ des fiches que possède l’Administration du logement ; nous avons ensuite demandé au Ministère des Finances de nous fournir la composition des ressources financières des unités échantillonnées pour l’année de la demande de la prime. Pour éviter une surcharge de travail, le Ministère des Finances a limité sa participation aux renseignements concernant 500 contribuables. À la date du début de l’étude, l’exercice fiscal 1978 était le dernier à avoir fait l’objet de vérifications par l’Administration des Contributions. Nous avons donc retenu un échantillon de ménages qui ont obtenu une prime en 1977.

44L’identité de ces contribuables (375 appartenant à la région flamande et 125 appartenant à la région wallonne) a été relevée à l’Administration du logement. Les fractions de sondage tiennent compte de l’importance relative des bénéficiaires de primes à la construction dans les deux régions. Aucun ménage de la région bruxelloise n’a été retenu : en 1977, sur 16.775 primes notifiées pour l’ensemble du pays, 109 seulement concernaient Bruxelles.

45Sur les 500 certificats envoyés à l’Administration des Contributions, 437 (soit 330 pour la Flandre et 107 pour la Wallonie) nous ont été retournés avec indication des ressources des ménages. Dans les autres cas, l’Administration n’a pu compléter le volet "revenus" du certificat pour une des raisons suivantes : revenus en cours de vérification ou en discussion, décès ou changement d’adresse du contribuable.

b – Caractéristiques socio-économiques des bénéficiaires de primes à l’achat, la construction et l’assainissement

46Au cours des dix dernières années, la composition socio-professionnelle des familles aidées s’est sensiblement modifiée (tableau 10) les employés ont bénéficié d’une part croissante des subsides au détriment de la classe ouvrière. Cette évolution résulte, en partie, d’une modification de l’environnement social, qui s’est traduite par la mensualisation progressive des salaires.

TABLEAU 10

COMPOSITION SOCIOLOGIQUE DES BENEFICIAIRES DE PRIMES A FONDS PERDUS

TABLEAU 10
Statut professionnel Primes à la construction Primes à l’achat Primes à l’assainissement Maisons Appartements Total Année 1970 Année 1970 Année 1970 Année 1970 Année 1973 Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % Ouvriers 7.883 57,4 422 28,6 8.305 54,6 2.460 70,5 595 53,5 Mineurs 191 1,4 1 0,1 192 1,3 77 2,2 21 2,1 Employés 2.667 19,4 606 41,0 3.273 21,5 495 14,2 124 12,2 Agents des services publics 1.535 11,2 226 15,3 1.761 11,6 170 4,9 53 5,2 Militaires de carrière 286 2,1 38 2,6 324 2,1 191 5,5 17 1,7 Indépendants 949 6,9 71 4,8 1.020 6,7 2 0,1 87 8,6 Pensionnés 109 0,8 27 1,8 136 0,9 59 1,7 45 4,4 Sans profession 115 0,8 87 5,9 202 1,3 36 1,0 28 2,8 Inconnu + autres 47 4,6 TOTAL 13.735 1.478 15.213 3.490
TABLEAU 10
Statut professionnel Primes à la construction Primes à l’achat Primes à l’assainissement Maisons Appartements Total Année 1979 Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % Ouvriers 8.408 50,5 373 35,2 8.781 49,6 3.284 57,2 1.042 44,9 Mineurs 187 1,1 8 0,8 195 1,1 55 1,0 2 0,1 Employés 4.803 28,8 392 37,0 5.195 29,3 1.080 18,8 472 20,3 Agents des services publics 1.906 11,4 149 14,1 2.055 11,6 614 10,7 321 13,8 Militaires de carrière 325 2,0 31 2,9 356 2,0 189 3,3 45 1,9 Indépendants 787 4,7 56 5,3 843 4,8 46 0,8 137 5,9 Pensionnés 92 0,6 18 1,7 110 0,6 112 1,9 195 8,4 Sans profession 113 0,7 28 2,6 141 0,8 49 0,8 96 4,1 Inconnu + autres 41 0,2 4 0,4 45 0,3 310 5,4 13 5,6 TOTAL 16.662 1.059 17.721 5.739 2.323

COMPOSITION SOCIOLOGIQUE DES BENEFICIAIRES DE PRIMES A FONDS PERDUS

47En 1979, la majorité des bénéficiaires de primes à l’achat et à la construction de maisons unifamiliales restent néanmoins des ouvriers ; la part des employés et agents des services publics s’établit à quelque 40 % supplémentaires, ce qui montre la faible proportion des subsides revenant aux autres catégories socio-professionnelles.

48Les primes à la construction d’appartements échoient principalement aux employés et agents des services publics, les ouvriers ne comptant que pour 35 % des bénéficiaires.

49Les primes à l’assainissement apparaissent assez bien réparties entre les différents groupes sociaux ; en particulier, la part des inactifs (pensionnés et sans emploi) avoisine 12,5 %. Il semblerait donc que la réhabilitation des logements anciens, n’exigeant qu’un apport financier progressif, puisse davantage convenir à toutes les classes sociales.

50Le tableau 11 montre que les primes à la construction bénéficient essentiellement aux familles peu nombreuses. On peut se demander si, malgré les efforts de la Ligue des Familles, les ménages modestes comptant plus de deux enfants à charge sont en mesure de faire construire une habitation de leur propre initiative. La taille réduite des familles bénéficiant de primes à la construction est liée au jeune âge des demandeurs (tableau 12) : en 1979, 90 % d’entre eux avaient moins de 35 ans. Ceci tient aux conditions de revenus particulières aux jeunes ménages : en effet, en 1979, ceux-ci voyaient leurs plafonds de revenus majorés de 40 % en région flamande et de 50 % en région wallonne.

TABLEAU 11

REPARTITION DES BENEFICIAIRES DES PRIMES A FONDS PERDUS SELON LE NOMBRE D’ENFANTS A CHARGE

TABLEAU 11
Nombre d’enfants à charge Primes à la construction Primes à l’achat Primes à l’assainissement Maisons Appartements Total Année 1970 Année 1970 Année 1970 Année 1970 Année 1973 Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % 0 4.886 35,6 885 59,9 5.771 37,9 836 25,4 162 16,0 1 4.728 34,4 385 26,0 5.113 33,6 1.100 31,5 159 15,7 2 2.440 17,8 159 10,8 2.599 17,1 830 23,8 193 19,0 3 958 7,0 36 2,4 994 6,5 360 10,3 183 18,0 4 454 3,3 11 0,7 465 3,1 175 5,0 145 14,3 5 146 1,1 2 0,1 148 1,0 80 2,3 89 8,8 6 61 0,4 - - 61 0,4 41 1,2 42 4,1 7 36 0,3 - - 36 0,2 8 0,2 23 2.3 8 et + 26 0,2 - - 26 0,2 10 0,3 18 1,8 Total 13.735 1.478 15.213 3.490 1.014 Année 1979 0 6.068 36,4 695 65,6 6.763 38,2 1.884 32,8 714 30,7 1 6.178 37,1 258 24,4 6.436 38,3 2.015 35,1 487 21,0 2 3.410 20,5 84 7,9 3.494 19,7 1.178 20,5 443 19,1 3 728 4,4 16 1,5 744 4,2 411 7,2 332 14,3 4 188 1,1 5 0,5 193 1,1 155 2,7 183 7,9 5 58 0,3 1 0,1 59 0,3 44 0,8 93 4,0 6 17 0,1 - - 17 0,1 14 0,2 35 1,5 7 10 0,1 - - 10 0,1 11 0,2 22 0,9 8 et + 5 0,0 - - 5 0,0 27 0,5 14 0,6 Total 15.662 1.059 17.721 5.739 2.323

REPARTITION DES BENEFICIAIRES DES PRIMES A FONDS PERDUS SELON LE NOMBRE D’ENFANTS A CHARGE

TABLEAU 12

REPARTITION DES BENEFICIAIRES DES PRIMES A FONDS PERDUS SELON L’AGE DES DEMANDEURS

TABLEAU 12
Classes d’âge Primes à la construction Primes à l’achat Primes à l’assainissement Année 1970 Année 1970 Année 1970 Maisons Appartements Total Année 1970 Année 1973 Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % 00-25 3.570 26,0 328 22,2 3.898 25,6 681 19,5 44 4,3 26-30 5.136 37,4 382 25,8 5.518 36,3 1.043 29,9 97 9,5 31-35 2.369 17,2 244 16,5 2.613 17,2 735 21,1 177 17,4 36-40 1.213 8,8 170 11,5 1.383 9,1 505 14,5 202 19,9 41-45 661 4,8 102 6,9 763 6,0 245 7,0 209 20,6 46-50 356 2,6 93 6,3 449 3,0 173 5,0 152 14,9 + de 50 455 3,3 159 10,8 614 4,0 108 3,1 136 13,4 Total 13.735 1.478 15.213 3.490 1.017 Année 1979 00-25 4.328 26,0 274 25,9 4.602 26,0 1.673 29,2 102 4,4 26-30 7.815 46,9 386 36,4 8.201 46,3 2.125 37,0 428 18,9 31-35 2.800 16,8 174 16,4 2.974 16,8 1.060 18,5 502 21,6 36-40 845 5,1 78 7,4 923 5,2 364 6,3 358 15,4 41-45 366 2,2 38 3,6 404 2,3 233 4,1 283 12,2 46-50 208 1,2 37 3,5 245 1,4 129 2,2 191 8,2 + de 50 300 1,8 72 6,8 372 2,1 155 2,7 449 19,3 Total 16.662 1.059 17.721 5.739 2.323

REPARTITION DES BENEFICIAIRES DES PRIMES A FONDS PERDUS SELON L’AGE DES DEMANDEURS

51L’achat de logements sociaux ou l’assainissement d’habitations insalubres semblent plus facilement accessibles aux familles nombreuses : la composition des familles aidées reproduit assez fidèlement la structure des ménages belges.

52On remarque par ailleurs que près de 40 % des primes à l’assainissement vont à des personnes de plus de 40 ans ; on note donc à nouveau la répartition plus égalitaire des primes à l’assainissement.

53Enfin, si les étrangers représentaient 8,9 % de la population totale du Royaume en 1979, plus des 95 % des bénéficiaires de primes à la construction sont de nationalité belge (tableau 13).

TABLEAU 13

REPARTITION DES BENEFICIAIRES DES PRIMES A FONDS PERDUS SELON LA NATIONALITE DES DEMANDEURS

TABLEAU 13
Nationalité Primes à la construction Primes à l’assainissement Maisons Appartements Total Année 1970 Année 1970 Année 1970 Année 1973 Nombre % Nombre % Nombre % Nombre % Belge 13.349 97,2 1.444 97,7 14.793 97,2 922 90,6 Néerlandaise 99 0,7 6 0,4 105 0,7 9 0,9 Française 41 0,3 5 0,3 46 0,3 1 0,1 Luxembourgeoise 2 0,0 - - 2 0,0 - - Allemande 19 0,1 - - 19 0,1 2 0,2 Italienne 201 1,5 18 1,2 219 1,4 71 7,0 Réfugié O.N.U. 10 0,1 2 0,1 12 0,1 1 0,1 Autres 14 0,1 3 0,2 17 0,1 12 1,2 TOTAL 13.735 1.478 15.213 1.017 Année 1979 Primes à la construction Primes à l’achat Belge 15.857 95,2 1.016 95,9 16.873 95,2 4.995 87,0 Néerlandaise 110 0,7 9 0,8 119 0,7 50 0,9 Française 89 0,5 6 0,6 95 0,5 62 1,1 Luxembourgeoise 12 0,1 1 0,1 13 0,1 1 0,0 Allemande 29 0,2 - - 29 0,2 12 0,2 Italienne 449 2,7 16 1,5 465 2,6 263 4,6 Réfugié O.N.U. 12 0,1 1 0,1 13 0,1 4 0,1 Autres 104 0,6 10 0,9 114 0,6 352 6,1 TOTAL 16.662 1.059 17.721 5.739

REPARTITION DES BENEFICIAIRES DES PRIMES A FONDS PERDUS SELON LA NATIONALITE DES DEMANDEURS

54La part des immigrés est un peu plus élevée chez les demandeurs de primes à l’achat et à l’assainissement. Le rapport de 1980 du Fonds de la Ligue des familles nombreuses signale, à cet égard : "la fonction stimulante qui émane des comités d’accueil créés en faveur des étrangers ainsi que des associations qui s’occupent de l’hébergement de ces familles". Néanmoins, le nombre de primes revenant à des étrangers reste assez faible : sur près de 24.000 primes à l’achat et à la construction accordées en 1979, moins de 1.600 sont allées à des non Belges.

c – Les revenus des bénéficiaires de primes à la construction

55Le revenu médian de l’échantillon des bénéficiaires est très proche pour les ménages wallons et flamands (tableau 14) ; il s’établit, dans les deux cas, aux environs de 400.000 frs, alors que, pour 1977, le revenu médian de l’ensemble de la population belge ne s’élève qu’à 328.000 frs.

TABLEAU 14

DISTRIBUTION DES REVENUS DE L’ECHANTILLON DES BENEFICIAIRES DE PRIMES A LA CONSTRUCTION(a)

TABLEAU 14
Paramètres Wallonie Flandre Moyenne 403.867 451.743 Médiane 394.315 399.886 1er quartile 295.323 327.324 3me quartile 519.207 450.450 Pourcentage maximum d’égalisation 0,34 0,24 Coefficient interquartiles 0,57 0,31 Écart type 172.271 144.807 Coefficient de variation en % 56,78 30,79 Yule et Kendall 0,12 - 0,18 Fischer 0,07 0,59 Fischer 0,16 3,02 Écart type du logarythme des revenus (a) 0,69 0,33 Gini (a) 0,24 0,17 Theil 0,10 0,05

DISTRIBUTION DES REVENUS DE L’ECHANTILLON DES BENEFICIAIRES DE PRIMES A LA CONSTRUCTION(a)

(a) Compte non tenu des revenus nuls

56Si la moyenne des revenus ne diffère pas sensiblement selon les régions, la dispersion des distributions est supérieure en Wallonie. La hauteur du troisième quartile peut d’ailleurs surprendre : un quart des familles aidées disposait, en Wallonie, de revenus supérieurs à 520.000 frs, alors que, selon les statistiques fiscales, 20,5 % de la population wallonne jouissait, en 1977, de moyens financiers aussi importants.

57Nous nous sommes donc interrogés sur l’importance des bénéficiaires qui, au moment de la demande de prime, ne pouvaient être considérés comme de condition modeste. Pour ce faire, nous avons adopté une démarche analogue à celle suivie pour les locataires de logements sociaux : nous avons considéré qu’un bénéficiaire n’est pas réellement de condition modeste si les revenus perçus lors de la demande de prime (dans notre cas, en 1977) excèdent les plafonds fixés pour l’obtention d’une prime en t+2 (les plafonds fixés en 1979 tiennent compte des revenus de 1977). Ces plafonds diffèrent toutefois selon le type de prime (entière ou dégressive) et selon que le bénéficiaire est ou n’est pas un jeune ménage. Comme nous ne connaissons pas le type de prime demandée et la date du mariage des unités échantillonnées, nous avons calculé le nombre de ménages dont les revenus excèdent les plafonds correspondant aux quatre hypothèses suivantes : ménage ordinaire demandant soit la prime maximum, soit la prime minimum, jeune ménage demandant la prime maximum ou minimum. Les résultats sont consignés au tableau 15.

TABLEAU 15

NOMBRE DE BENEFICIAIRES DE L’ECHANTILLON DONT LES REVENUS DEPASSENT LES PLAFONDS FIXES POUR L’OBTENTION DES PRIMES A LA CONSTRUCTION

TABLEAU 15
Région Nombre de personnes à charge Plafonds compte non tenu des majorations pour jeunes ménages Plafonds compte tenu des majorations pour jeunes ménages Grande prime Prime minimum Grande prime Prime minimum Wallonie 0 2 1 1 1 1 26 22 12 6 2 16 14 5 2 3 7 4 1 - 4 1 1 - - 5 et plus - - - - Total 52 42 19 9 En % de l’échantillon 48,6 39,2 17,8 8,4 Flandre 0 3 3 - - 1 100 94 71 43 2 114 96 67 37 3 33 28 16 11 4 12 8 3 3 5 et plus 6 5 2 - Total 268 234 159 94 En % de l’échantillon 81,2 70,9 48,2 28,5

NOMBRE DE BENEFICIAIRES DE L’ECHANTILLON DONT LES REVENUS DEPASSENT LES PLAFONDS FIXES POUR L’OBTENTION DES PRIMES A LA CONSTRUCTION

58La différence entre la proportion de bénéficiaires indus flamands et wallons s’explique par les modifications introduites, en Wallonie, par les arrêtés royaux du 27 avril 1977 et du 12 avril 1978 : le plafond est augmenté de 180.000 à 200.000 frs (indice décembre 1972) et la majoration pour enfant à charge passe d’un montant global de 12.000 frs à 30.000 frs pour les deux premiers enfants à charge et 40.000 frs à partir du troisième.

59Le résultat le plus significatif qui se dégage du tableau 15 concerne le nombre élevé de ménages dont les revenus excèdent les plafonds ordinaires : l’accession à la propriété semble difficile pour ceux qui ne bénéficient pas de la condition de revenus des "jeunes ménages".

60L’Exécutif flamand ayant estimé qu’il est contre-indiqué d’encourager des couples trop jeunes de s’engager rapidement dans des projets de construction, l’arrêté royal du 25 août 1980 a supprimé les clauses particulières aux jeunes ménages mais a relevé les plafonds de revenus de façon substantielle [22]. Il entre d’ailleurs dans les intentions de la région bruxelloise de supprimer les conditions de revenus pour les primes à l’achat et à la construction.

61Il semble donc, qu’en matière d’encouragement à l’accession à la propriété, on s’oriente de plus en plus vers une politique purement conjoncturelle. Si tel est le cas, il faudrait s’assurer que les primes constituent un instrument efficace de relance de la construction résidentielle. Or certaines études [23] tendent à mettre en doute cette efficacité dans la mesure où les aides ne sont accordées qu’après le début des travaux et doivent être pré-financées. Ne conviendrait-il donc pas de privilégier d’autres mesures de politique économique, en particulier les encouragements fiscaux dont l’attrait pour les ménages plus aisés est confirmé par le succès des lois Cooreman-De Clercq ? Bien que le logement soit une matière régionalisée, une bonne part des moyens de cette politique (la fiscalité notamment) reste du ressort national.

62Si les exécutifs régionaux veulent poursuivre une politique sociale d’aide à l’accession à la propriété, ne doivent-ils pas éviter un éparpillement des ressources limitées dont ils disposent et concentrer l’aide sur la politique d’assainissement qui semble plus facilement accessible aux ménages de condition modeste ? En d’autres termes, faut-il maintenir les primes à la construction, qui concernent des ménages plus aisés ? Ne convient-il pas de réallouer le montant des primes à la construction en faveur d’une réelle politique d’amélioration du patrimoine immobilier ? Cette refonte du système pourrait être l’occasion d’un réaménagement de la politique d’assainissement et, en particulier, de la lutte contre les logements insalubres, qui n’a pas donné jusqu’ici les résultats escomptés. Les tableaux 16 et 17 montrent en effet le faible impact des mesures prises face à l’ampleur des problèmes posés par la vétusté du parc résidentiel belge : l’enquête de l’I.N.L. sur la qualité du patrimoine immobilier indiquait [24] qu’en 1971-1972, on dénombrait "approximativement 1.483.000 logements salubres, 576.000 logements fonctionnellement inadaptés, 871.000 logements insalubres améliorables et 445.000 logements insalubres non améliorables". Si l’on admet généralement que les besoins quantitatifs de logements sont en voie d’être satisfaits, un effort de rénovation considérable doit donc être consenti. Pour reprendre l’expression d’Aballea [25], "nous sommes passés d’une crise du logement à une crise de l’habitat".

TABLEAU 16

LA LUTTE CONTRE LES LOGEMENTS INSALUBRES (INITIATIVE PUBLIQUE)

INTERVENTIONS DE L’ETAT DANS L’ACQUISITION ET LA DEMOLITION DE TAUDIS, PAR LES SOCIETES AGREES PAR LA SOCIETES NATIONALE PU LOGEMENT ET PAR LA SOCIETES NATIONALE TERRIENNE (1) (1965-1981) - Chiffres Cumulés

TABLEAU 16
Interventions demandées Interventions accordées Année Nombre de logements à démolir Nombre de logements à démolir Valeur des bâtiments à démolir (en millions de F) Subside à charge de l’État (en millions de F) 1965 1415 1485 178,6 2,3 1966 1468 1530 182,0 2,3 1967 1579 1538 182,0 2,3 1968 1601 1554 185,5 2,4 1969 1601 1554 185,5 2,4 1970 1766 1568 188,8 2,4 1971 1809 1719 210,0 2,6 1972 1811 1721 211,7 2,7 1973 1811 1724 214,0 2,7 1974 1868 1724 214,0 2,7 1975 1868 1724 214,0 2,7 1976 1868 1728 214,6 2,7 1977 1868 1728 214,6 2,7 1978 2230 2042 298,4 2,2 1979 2230 2042 298,4 2,2 1980 2230 2042 298,4 2,2 1981 2230 2042 298,4 2,2

INTERVENTIONS DE L’ETAT DANS L’ACQUISITION ET LA DEMOLITION DE TAUDIS, PAR LES SOCIETES AGREES PAR LA SOCIETES NATIONALE PU LOGEMENT ET PAR LA SOCIETES NATIONALE TERRIENNE (1) (1965-1981) - Chiffres Cumulés

(1) Sociétés agréées par la Société Nationale du Logement et par la Société Nationale Terrienne, appelée auparavant "Société Nationale de la Petite Propriété Terrienne".
Source : Administration du Logement

INTERVENTIONS DE L’ÉTAT DANS L’ACQUISITION ET LA DEMOLITION DE TAUDIS PAR LES COMMUNES (1965-1981) - Chiffres cumulés

TABLEAU 16
Année Interventions demandées Interventions accordées Nombre de logements â démolir Nombre de logements à démolir Valeur des bâtiments à démolir (en millions de F) Subside à charge de l’État (en millions de F) 1965 15902 12742 1569,1 1044,1 1966 18672 15137 2137,1 1437,8 1967 20588 16558 2415,5 1520,7 1968 21709 17789 2693,6 1807,6 1969 23272 19071 2998,1 2020,6 1970 24637 20333 3264,2 2187,4 1971 25709 21199 3547,2 2376,4 1972 27503 22200 3828,0 2519,6 1973 28639 23479 4177,7 2739,1 1974 30010 24468 4492,2 2961,9 1975 31361 25478 7457,7 3130,6 1976 31934 26010 4897,8 3233,9 1977 32397 26242 4947,7 3262,3 1978 33568 27119 5202,9 3439,4 1979 34103 27388 5337,5 3531,5 1980 34433 27888 5575,6 3690,7 1981 34780 28319 5866,0 3868,1

INTERVENTIONS DE L’ÉTAT DANS L’ACQUISITION ET LA DEMOLITION DE TAUDIS PAR LES COMMUNES (1965-1981) - Chiffres cumulés

Source : Administration du Logement

LA LUTTE CONTRE LES LOGEMENTS INSALUBRES (INITIATIVE PUBLIQUE)

TABLEAU 17

LUTTE CONTRE LES LOGEMENTS INSALUBRES (INITIATIVE PRIVEE)(1),(2),(3)

ALLOCATIONS - LOYER AUX PARTICULIERS (1966-1981) - CHIFFRES CUMULES

TABLEAU 17
Année Nombre d’allocations notifiées (1) Montant des allocations mises en liquidation (en millions de F) Montant des remboursements aux sociétés agréées (2) (en millions de F) 1966 615 0,7 - 1967 1647 5,2 0,9 1968 2376 13,0 1.8 1969 3361 23,6 5,3 1970 4175 37,6 8,8 1971 4986 49,3 12,4 1972 5950 68,9 17,6 1973 7825 78,5 20,6 1974 8847 90,5 25,4 1975 9412 100,7 30,9 1976 9673 110,7 37,4 1977 10263 130,8 42,0 1978 10617 136,7 47,7 1979 10948 151,4 61,1 1980 11374 168,6 72.1 1981 12015 195,9 93,7

ALLOCATIONS - LOYER AUX PARTICULIERS (1966-1981) - CHIFFRES CUMULES

Source : Administration du Logement

ALLOCATIONS D’INSTALLATION AUX PARTICULIERS (1966-1976) - CHIFFRES CUMULES

TABLEAU 17
Allocations mises en liquidation Année (3) Nombre d’allocations notifiées Nombre Montant (en millions de F) 1966 615 419 0,9 1967 1 714 1 287 2,6 1968 2 515 2 119 4,2 1969 3 604 2°929 5,9 1970 4 466 3 864 7,7 1971 5 381 4 752 9,5 1972 6 130 5 520 11,0 1973 6 780 6 125 12,3 1974 7 503 6 827 13,7 1975 8 130 7 445 14,9 1976 8 633 7 897 16,3

ALLOCATIONS D’INSTALLATION AUX PARTICULIERS (1966-1976) - CHIFFRES CUMULES

Source : Administration du Logement

PRIMES OU EMPRUNTS ACCORDES PAR L’ÉTAT AUX PARTICULIERS POUR L’ASSAINISSEMENT DE LEURS LOGEMENTS (1957-1981) - CHIFFRES CUMULES

TABLEAU 17
1er régime Année Nombre de demandes Nombre de notifications définitives Nombre de primes mises en liquidation Montant des primes mises en liquidation (en millions de F) 1967 232 - - - 1968 2 092 172 125 2,2 1969 4 234 671 648 12,2 1970 6 174 1717 1635 31,3 1971 7 939 2762 2662 50,8 1972 11 153 3652 3631 69,1 1973 13 308 4899 4798 97,8 1974 16 034 6415 6318 140,8 1975 19 831 7810 7693 181,3 1976 25 530 9188 8964 245,7 1977 32 022 11293 11562 406,8 1978 41 111 13560 13858 568,7 1979 50 799 16921 17165 853,0 1980 61 832 21934 22116 1 313,0 1981 75 245 27104 26690 1 786,0

PRIMES OU EMPRUNTS ACCORDES PAR L’ÉTAT AUX PARTICULIERS POUR L’ASSAINISSEMENT DE LEURS LOGEMENTS (1957-1981) - CHIFFRES CUMULES

Source : Administration du Logement

LUTTE CONTRE LES LOGEMENTS INSALUBRES (INITIATIVE PRIVEE)(1),(2),(3)

(1) Y compris 1937 notifications pour la 2ème période au 31 décembre 1974.
(2) Sociétés agréées par la "Société nationale du Logement" et par la "Société nationale Terrienne", appelée auparavant "Société nationale de la Petite Propriété Terrienne".
(3) À partir de 1977 compris dans le tableau 12 - Allocations de déménagements.

V – Conclusions

63Nous avons essayé de montrer ici que si la politique du logement a fait l’objet d’une attention constante de la part des exécutifs régionaux, cette politique garde l’empreinte du passé et se caractérise par la multiplicité des aides, une grande diversité des conditions d’octroi et une profonde méconnaissance de la situation des familles aidées. Il est donc extrêmement difficile d’apprécier si cette politique atteint son objectif social : favoriser les personnes de condition modeste.

64L’analyse de la situation des locataires de logements sociaux et d’un échantillon de bénéficiaires de primes à la construction indique toutefois que les relèvements successifs des plafonds de revenus fixés pour l’obtention des aides risquent de faire dévier la politique du logement de son objet premier : une part croissante des bénéficiaires disposent de revenus relativement élevés. Cette situation semble particulièrement préoccupante pour les locataires de logements sociaux : la mission assignée à la S.N.L. est en effet de venir en aide aux personnes les plus démunies, celles qui peuvent au plus s’acquitter d’un loyer modique. Or les régimes locatifs instaurés dans les trois régions du pays visent explicitement à assurer l’équilibre financier des sociétés agréées. Si des priorités à l’admission dans un logement social existent pour les familles les plus pauvres, il est à craindre que les sociétés agréées ne privilégient les ménages plus aisés, qui offrent l’assurance de rentrées stables et plus élevées ; une part croissante des personnes de condition modeste se verront ainsi exclues des logements sociaux et devront se tourner vers d’autres organismes, moins aptes à leur fournir l’assistance locative indispensable.

65D’autre part, l’étude des revenus d’un échantillon de bénéficiaires de primes à la construction montre qu’il est très difficile, pour les personnes de condition modeste, d’accéder à la propriété, même avec le concours de la prime. Avec la majoration récente des plafonds de revenus en région flamande et leur suppression probable à Bruxelles, les primes à la construction et à l’achat deviennent d’ailleurs de plus en plus des instruments purement conjoncturels de stimulation de la construction résidentielle ; or l’efficacité de ces primes comme facteur de relance du secteur logement reste sujette à caution. Il y a donc lieu de s’interroger sur le bien-fondé de leur maintien. Nous avons tenté de montrer qu’une suppression des primes à la construction et une réallocation des sommes ainsi libérées à une politique d’assainissement du patrimoine immobilier pourraient davantage s’inscrire dans une politique du logement réellement sociale.


Conditions de revenus relatives aux primes à la construction

Région bruxelloise

tableau im22
Montant maximum de la prime ? majoration par enfant à charge ? prime entière : 60.000 F ? prime diminuée : 32.500 F (logement à une chambre à coucher) 20 % Montant maximum des revenus ? majoration par enfant à charge Prime dégressive selon les revenus 381.600 F à l’indice 230,95 au 1er décembre 1982 (Cf. ci-dessous pour prochains indices) Revenus : ce sont les revenus cumulés du demandeur et du conjoint éventuel, relatifs à ceux de l’avant-dernière année précédant celle de la demande de la prime (à l’exclusion des allocations familiales) à l’indice : 230,95 25.400 F 233,13 25.700 F 235,31 25.900 F 237,49 26.200 F 239,67 26.400 F Montant maximum des revenus à l’indice : Prime entière  Prime diminuée 230,95 233,13 235,31 237,49 239,67 60.000 F 32.500 F 381.600 F 383.200 F 388.800 F 392.400 F 396.000 F 50.000 F 27.000 F 391.600 F 395.200 F 398.800 F 402.400 F 406.000 F 35.000 F 19.000 F 401.600 F 405.200 F 408.800 F 412.400 F 416.000 F 20.000 F 11.000 F 411.600 F 415.200 F 418.800 F 422.400 F 426.000 F Conditions spéciales ? pour jeunes ménages ? pour les ouvriers mineurs moins de 4 ans de mariage : abattement de 40 % sur les revenus cumulés. pas de conditions de revenus

Région wallonne

tableau im23
Montant de bare de 3 a prime Plafonds des revenus Construction isolée Construction groupée d’habitations : Indice de base 103,87 Indice 235,31 au 1.2.1583 Indice 237,49 au 1.4.1983 Indice 239,67 non jointives jointives 70.000 90.000 100.000 200.000 max. 432.000 max. 436.000 max. 440.000 max. 60.000 70.000 80.000 200.001-210.000 432.001-442.000 436.001-445.000 440.001-450.000 40.000 50.000 60.000 210.001-220.000 442.001-452.000 446.001-456.000 450.001-460.000 20.000 30.000 40.000 220.001-230.000 452.001-462.000 456.001-466.000 460.001-470.000 Majoration des plafonds des revenus : ? par enfant jusqu’au 2e enfant : 30.000 64.800 65.400 66.000 ? par enfant à partir de 3e enfant : 40.000 86.400 87.200 83.000 Construction isolée Construction groupée d’habitations : Indice 241,85 Indice 244,03 Indice 246,21 Indice 248,39 non jointives jointives 70.000 80.000 100.000 444.000 max. 448.000 max. 452.000 max. 456.000 max. 60.000 70.000 80.000 444.001-454.000 448.001-458.000 452.001-462.000 456.001-466.000 40.000 50.000 60.000 454.001-464.000 458.001-468.000 462.001-472.000 466.001-476.000 20.000 71.000 40.000 464.001-474.000 468.001-478.000 472.001-482.000 476.001-486.000 Majoration des plafonds des revenus : ? par enfant jusqu’au 2e enfant : 66.600 67.200 67.800 68.400 ? par enfant à partir de 3e enfant : 88.800 89.600 90.400 91.200

Région flamande

Voorwaarden betreffende het INKOMEN

66De premie kan slechts bekomen worden op voorwaarde dat het inkomen van de aanvrager (eventueel samen met dat van de persoon met wie hij wettelijk of feitelijk samenwoont) 1.250.000 fr. niet overschrijdt.

67Onder inkomen wordt verstaan : het inkomen van de aanvrager als hij alleenstaand is of het samengevoegde inkomen van de aanvrager en de persoon met wie hij op de datum van de aanvraag wettelijk of feitelijk samenwoont, dat vatbaar is voor de personenbelasting (netto-belastbaar inkomen) van het voorlaalste jaar dat het jaar van de aanvraag voorafgaat.

68Dus iemand die in 1983 een aanvraag instuurt voor het bekomen van een bouwpremie mag in 1981 (eventueel gecumuleerd) niet meer dan op 1.250.000 fr. als netto-belastbaar inkomen belast zijn.

BEDRAG van de BOUWPREMIE + supplement SLOPING

69Het bedrag van de premie is afhankelijk van het netto-belastbaar inkomen (van het voorlaatste jaar dat het jaar van de aanvraag voorafgaat) :

tableau im24
Netto-belastbaar inkomen Premiebedrag tot en met 500.000 fr. 250.000 fr. van 500.001 fr. tot en met 625.000 fr. 200.000 fr. van 625.001 fr. tot en net 750.000 fr. 160.000 fr. van 750.001 fr. tot en met 1.000.000 fr. 130.000 fr. van 1.000.001 fr. tot en met 1.250.000 fr. 120.000 fr.

70Voor ieder kind ten laste en voor elk kind dat binnen 300 dagen na datum van aanvraag wordt geboren of geadopteerd, wordt het premiebedrag verhoogd met 20 %. Het premiebedrag wordt met 50.000 fr. verhoogd wanneer de aanvraag betrekking heeft op een wederopbouw op de plaats waar de aanvrager een voning heeft gesloopt die, VOOR de sloping, door de koning of de burgemeester onbewoonbaar is verklaard of door de minister ongezond nietverbeterbaar is erkend. Het premiesupplement bij heropbouw wordt echter NIET toegekend indien de begunstigde de slopingspremie heeft bekomen (ingesteld bij het K.B. van 14.11.1979).

Notes

  • [1]
    Une exception à ce principe a été introduite en région flamande par l’A.R. du 18 décembre 1979.
  • [2]
    De Ridder V.A. et Minon P., Aspects économiques et sociologiques des activités du logement, Fonds du Logement de la Ligue des Familles Nombreuses, 1979
  • [3]
    Deleeck et al., Répartition sociale des dépenses publiques dans le secteur du logement social, Programme national de recherches en sciences sociales, 1981, 8D. On y trouvera une bibliographie de recherches similaires réalisées à l’étranger.
  • [4]
    S.N.L., Rapports annuels. Voir en particulier celui de 1971.
  • [5]
    Durez M., Les bénéficiaires de la politique du logement social, Institut National du Logement, septembre 1982
  • [6]
    C.G.E.R., Mémorial 1865-1965, Bruxelles, 1965, p. 247
  • [7]
    De 1892 à nos jours, l’indice du coût de la vie a été multiplié par un coefficient de l’ordre de 110.
  • [8]
    S.N.L., La Société Nationale des Habitations et Logements à Bon Marché a 30 ans, 1950
  • [9]
    L’emprunteur ne peut posséder d’autre habitation en propriété ou en usufruit et doit s’engager à occuper personnellement l’habitation concernée par le prêt.
  • [10]
    Ces restrictions concernent à la fois la valeur vénale, la superficie et le volume extérieur. Se référer à Durez M., Les bénéficiaires de la politique du logement social, op. cit.
  • [11]
    C.E.P.I., Bulletins trimestriels du Centre pour l’encouragement de l’épargne et des placements immobiliers.
  • [12]
    I.N.L. "La fiscalité directe et indirecte en matière de logement", Cahiers de documentation générale, 1975
  • [13]
    En 1981, le nombre de primes payées à des particuliers était de 3.898 pour les primes à l’achat et de 24.842 pour les primes à la construction.
  • [14]
    S.N.L., "Revenus des locataires S.N.L.", Document à usage interne, septembre 1976.
  • [15]
    Meulders D., Tollet R., "L’inégalité et la structure des revenus en Belgique : exercice d’imposition 1970", Cahiers Economiques de Bruxelles, n° 67, 1975.
  • [16]
    Nous avons considéré, pour les revenus en t, les plafonds fixes en t+2 car la demande d’admission se fonde sur les revenus de l’avant-dernière année précédant la demande ; de plus, nous avons considéré les plafonds en vigueur en fin d’année.
  • [17]
    Arrêtés royaux du 18.12.1979 en Flandre, du 28.12.1979 en Wallonie et du 30.6.1981 en région bruxelloise.
  • [18]
    Le projet de loi n° 623 (session 1982-1983) déposé sur le bureau de la Chambre des Représentants porte suppression ou restructuration d’organismes d’intérêt public, parmi lesquels la S.N.L., compte tenu du transfert de leurs compétences aux régions (ou aux communautés). Il appartient donc à ces dernières de décider du cadre dans lequel ces compétences seront désormais exercées.
  • [19]
    Ils s’établissent actuellement comme suit :
    • ? région wallonne (A.R. du 28.12.1979, M.B. du 24.1.1980)
      Revenu maximum :
      • 360.000 frs pour une personne vivant seule
      • 580.000 frs pour un couple marié
      Majoration par enfant à charge :
      • 60.000 frs pour le premier enfant
      • 50.000 frs pour les enfants suivants
      Priorités : revenus inférieurs à 305.000 frs majorés de 60.000 frs pour le premier enfant à charge et 50.000 frs pour les suivants. Le montant de 305.000 frs est porté à 350.000 frs lorsque chacun des conjoints bénéficie d’un revenu professionnel au moins égal à 50.000 frs.
      L’arrêté du 28.12.1979 est abrogé par l’arrêté du 19.5.1983, qui doit entrer en vigueur au 1.1.1984. Les nouvelles conditions seront les suivantes :
      Revenu maximum :
      • 500.000 frs pour une personne isolée
      • 850.000 frs pour un couple marié ou des personnes qui vivent ensemble maritalement
      Majoration par enfant à charge : 50.000 frs
      Priorités : revenus inférieurs à 360.000 frs pour la personne isolée et à 550.000 frs pour un couple marié ou des personnes qui vivent ensemble maritalement. Ces montants sont majorés de 50.000 frs par enfant à charge.
    • ? région flamande (A.R. du 18.12.1979, M.B. du 22.12.1979)
      Revenu maximum :450.000 frs (*) majorés de 22.000 frs (*) par enfant à charge
      Exceptions : les conditions de revenu ne sont pas exigées des mineurs belges en service actif dans un charbonnage ni de l’équipage des bâtiments de pêche belges.
      Priorités : revenus inférieurs à 350.000 frs (*) majorés de 22.000 frs (*) par enfant à charge
      (*) les montants sont rattachés à l’indice 124,02 de l’indice des prix à la consommation.
    • ? région bruxelloise (A.R. du 30.6.1981, M.B. du 24.7.1981)
      Revenu maximum :
      • 400.000 frs pour un isolé
      • 500.000 frs pour un couple dont un seul des partenaires dispose d’un revenu
      • 550.000 frs pour un couple dont les deux partenaires disposent chacun d’un revenu
      • Ces montants sont majorés de 30.000 frs par enfant à charge.
      Priorités : revenus inférieurs à 350.000 frs majorés de 30.000 frs par enfant à charge.
  • [20]
    M.O.C., Le loyer des logements sociaux, Bruxelles, 1980.
  • [21]
    Commission des Communautés européennes, "L’information relative aux revenus et aux patrimoines dans les pays de la Communauté", Série politique sociale, n° 22, 1972.
  • [22]
    Se référer à l’annexe.
  • [23]
    Durez M., Lux B., Vandeville V., Modélisation de l’offre et de la demande de logements neufs et de prêts hypothécaires, I.N.L., septembre 1980.
  • [24]
    Prevot P., "Rapport relatif à la deuxième enquête sur la qualité du logement en Belgique", Habiter, n° 66-67 et 70-71, 1975 et 1976.
  • [25]
    Aballea F., "De la crise du logement à la crise de l’habitat", Recherche sociale, octobre-décembre 1978.
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