Les migrations entre la France hexagonale et les « vieilles colonies », aujourd’hui administrées en tant que départements d’outre-mer, questionnent certaines catégorisations habituelles de la sociologie des migrations. N’impliquant ni visa ni franchissement d’une frontière nationale, elles ne s’inscrivent pas dans le régime juridique de la migration internationale. Pour autant, elles constituent des mobilités géographiques de longue distance entre des sociétés représentées comme culturellement différentes et structurées par des hiérarchies sociales distinctes. Par ailleurs, ces mobilités géographiques s’inscrivent souvent dans des carrières migratoires ponctuées de séjours internationaux : c’est notamment le cas des militaires ou des professeurs du secondaire, dont les affectations outre-mer empruntent des circuits similaires aux affectations dans les bases et les établissements français à l’étranger. Enfin, quand elles viennent de l’Hexagone, les personnes qui s’installent dans les sociétés d’outre-mer sont généralement perçues comme étrangères à celles-ci. L’étude des migrations vers les outre-mer permet donc d’interroger des oppositions souvent tenues pour acquises et structurant le milieu académique : entre l’international et le national, les migrations et les mobilités professionnelles ou estudiantines, les expatrié·es, les migrant·es et les métropolitain·es, la sociologie des migrations et les autres champs de la sociologie.Dans cette perspective, nous abordons ces migrations à la lumière de deux champs de travaux peu connus en France : d’une part, ceux qui portent sur l’expatriation et les migrations privilégiées, et s’intéressent aux titulaires de passeports des Nords résidant dans des sociétés des Suds, d’autre part, ceux qui portent sur les rapports sociaux de race, souvent focalisés sur les États-Unis, mais dont certains ont examiné les positions sociales des personnes blanches vivant dans des sociétés majoritairement non blanches…
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