Couverture de CRII_077

Article de revue

Comprendre la mobilisation financière internationale autour de l’aide à l’adaptation au changement climatique

Pages 121 à 139

Notes

  • [1]
    En 2015, l’effort des pays membres du Comité d’aide au développement de l’OCDE s’est établi en moyenne à 0,3 % de leur revenu national brut. Pour un historique éclairant de cet objectif des 0,7 %, voir Michael A. Clemens, Todd J. Moss, Ghost of 0.7 % : Origins and Relevance of the International Aid Target, Working Paper n°68, Washington, D.C., Center for Global Development, 2005.
  • [2]
    Robert O. Keohane, Marc A. Levy, Institutions for Environmental Aid : Pitfalls and Promise, Cambridge, The MIT Press, 1996.
  • [3]
    CCNUCC, Décision 2/CP.15, Copenhague, Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, 2009, paragr. 8.
  • [4]
    Smita Nakhooda, Taryn Fransen, Takeshi Kuramochi, et al., Mobilising International Climate Finance : Lessons from the Fast-Start Finance Period, Londres, Overseas Development Institute, 2013, p. 2.
  • [5]
    CCNUCC, Décision 2/CP.15, op. cit., paragr. 8.
  • [6]
    Roadmap to US$100 Billion, 2016 (http://dfat.gov.au/international-relations/themes/climate-change/Documents/climate-finance-roadmap-to-us100-billion.pdf). La conférence de Paris de décembre 2015 a prévu la poursuite de l’objectif de mobilisation annuelle de 100 milliards de dollars jusqu’en 2025 et l’établissement d’un objectif supérieur au-delà de cet horizon temporel. CCNUCC, Décision 1/CP.21, Paris, Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, 2015, paragr. 54.
  • [7]
    Ministère indien des Finances, Climate Change Finance, Analysis of a Recent OECD Report : Some Credible Facts Needed, Delhi, Ministry of Finance, Government of India, 2015 (http://pibphoto.nic.in/documents/rlink/2015/nov/p2015112901.pdf) ; J. Timmons Roberts, Romain Weikmans, « Postface : Fragmentation, Failing Trust and Enduring Tensions over What Counts as Climate Finance », International Environmental Agreements : Politics, Law and Economics, 17 (1), 2017, p. 129-137.
  • [8]
    Les enjeux de la production des statistiques en la matière dépassent la portée de cet article. Pour une introduction à ces questions, voir Romain Weikmans, J. Timmons Roberts, Jeffrey Baum, et al., « Assessing the Credibility of How Climate Adaptation Aid Projects Are Categorised », Development in Practice, 27 (4), 2017, p. 458-471.
  • [9]
    Cette comparaison doit cependant être nuancée : l’engagement des pays développés à l’horizon 2020 vise en effet la mobilisation de financements provenant de sources publiques et privées, sans qu’aucune précision relative à leurs parts respectives n’ait été donnée.
  • [10]
    Lisa Schipper, « Conceptual History of Adaptation in the UNFCCC Process », RECIEL, 15 (1), 2006, p. 82-92.
  • [11]
    S. Nakhooda, T. Fransen, T. Kuramochi, et al., Mobilising International Climate Finance : Lessons from the Fast-Start Finance Period, op. cit., p. 11 ; OCDE-CPI, Le financement climatique en 2013-2014 et l’objectif des 100 milliards de dollars, Paris, Organisation de coopération et de développement économiques et Climate Policy Initiative, 2015, p. 21.
  • [12]
    OCDE, 2020 Projections of Climate Finance towards the USD 100 Billion Goal : Technical Note, Paris, Organisation de coopération et de développement économiques, 2016, p. 21.
  • [13]
    Mizan R. Khan, J. Timmons Roberts, « Adaptation and International Climate Policy », Wiley Interdisciplinary Reviews : Climate Change, 4 (3), 2013, p. 171-189.
  • [14]
    Dans la lignée des plus récents Rapports d’évaluation du GIEC (2012 ; 2014), le risque climatique est ici compris de façon générique comme la probabilité que surviennent des effets néfastes impulsés par le climat sur des individus, groupes sociaux, pays ou écosystèmes. GIEC, Special Report on Managing the Risks of Extreme Events and Disasters to Advance Climate Change Adaptation, Genève, Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, 2012 ; GIEC, Climate Change 2014. Impacts, Adaptation, and Vulnerability, Genève, Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, 2014.
  • [15]
    Cette hypothèse est reprise de Jean-David Naudet qui souligne que les diagnostics de la pauvreté, présentés sous forme d’analyses positives et résultant effectivement d’analyses de situations factuelles reflètent des positions normatives. Jean-David Naudet, « Les OMD et l’aide de cinquième génération : analyse de l’évolution des fondements éthiques de l’aide au développement », Afrique contemporaine, 218 (2), 2006, p. 144-146. Pour les besoins de notre argumentation, nous appliquons cette hypothèse aux diagnostics de situations de hauts niveaux de risque climatique.
  • [16]
    J. Timmons Roberts, Amy Bellone Hite, Nitsan Chorev, The Globalization and Development Reader : Perspectives on Development and Global Change, Oxford, Wiley Blackwell, 2015, p. 4-5 ; J.-D. Naudet, « Les OMD et l’aide de cinquième génération : analyse de l›évolution des fondements éthiques de l’aide au développement », art. cité, p. 141-174 ; Stuart Carr, Eilish McAuliffe, Malcolm MacLachlan, Psychology of Aid, Londres, Routledge, 1998, p. 24.
  • [17]
    Valentine van Gameren, Romain Weikmans, Edwin Zaccai, L’adaptation au changement climatique, Paris, La Découverte, 2014, p. 29.
  • [18]
    S. Carr, E. McAuliffe, M. MacLachlan, Psychology of Aid, op. cit. ; J.-D. Naudet, « Les OMD et l’aide de cinquième génération : analyse de l›évolution des fondements éthiques de l’aide au développement », art. cité.
  • [19]
    Jochen Hinkel, « Indicators of Vulnerability and Adaptive Capacity : Towards a Clarification of the Science-policy Interface », Global Environmental Change, 21 (1), 2011, p. 198-208 ; Sarah Wolf, Jochen Hinkel, Mareen Elisabeth Hallier, et al., « Vulnerability : A Meta-analysis of Definitions and Methodologies. A Clarification by Formalisation », International Journal of Climate Change Strategies and Management, 5 (1), 2013 p. 54-70.
  • [20]
    Programme des Nations unies pour le développement, Rapport mondial sur le développement humain 2007/08 : la lutte contre le changement climatique, un impératif de solidarité humaine dans un monde divisé, Paris, La Découverte, 2007 ; Banque mondiale, Rapport sur le développement mondial 2010 : changement climatique et développement, Paris, Pearson Education, 2010.
  • [21]
    Mick Kelly, Neil Adger, « Theory and Practice in Assessing Vulnerability to Climate Change and Facilitating Adaptation », Climatic Change, 47 (4), 2000, p. 325-352 ; Hans-Martin Füssel, « Vulnerability : A Generally Applicable Conceptual Framework for Climate Change Research », Global Environmental Change, 17 (2), 2007, p. 155-167 ; Karen O’Brien, Siri Eriksen, Lynn P. Nygaard, et al., « Why Different Interpretations of Vulnerability Matter in Climate Change Discourses », Climate Policy, 7 (1), 2007, p. 73-88.
  • [22]
    H. M Füssel, « Vulnerability : A Generally Applicable Conceptual Framework for Climate Change Research », art. cité.
  • [24]
    N. Adger, « Social Vulnerability to Climate Change and Extremes in Coastal Vietnam », World Development, 27 (2), 1999, p. 249-269.
  • [25]
    Plutôt que d’une réduction de la vulnérabilité, certains auteurs préfèrent parler d’une augmentation de la résilience, c’est-à-dire de « la capacité d’un système à absorber des perturbations tout en conservant sa structure de base et ses modes de fonctionnement » V. van Gameren, R. Weikmans, E. Zaccai, L’adaptation au changement climatique, op. cit., p. 24. L’exploration du concept de résilience dépasse cependant la portée de cet article.
  • [26]
    CCNUCC, Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, New York, 1992, art. 2.
  • [27]
    V. van Gameren, R. Weikmans, E. Zaccai, L’adaptation au changement climatique, op. cit.
  • [28]
    Lisa Schipper, Mark Pelling, « Disaster Risk, Climate Change and International Development : Scope for, and Challenges to, Integration », Disasters, 30 (1), 2006, p. 19-38.
  • [29]
    Laurence Tubiana, François Gemenne, Alexandre Magnan, Anticiper pour s’adapter : le nouvel enjeu du changement climatique, Paris, Pearson Education, 2010.
  • [30]
    Neil Adger, Jon Barnett, « Four Reasons for Concern about Adaptation to Climate Change », Environment and Planning A, 41 (12), 2009, p. 2800-2805.
  • [31]
    CCNUCC, Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, op. cit., art. 2.
  • [32]
    Roger Pielke, Gwyn Prins, Steve Rayner, et al., « Climate Change 2007 : Lifting the Taboo on Adaptation », Nature, 445 (7128), 2007 p. 597-598 ; Lisa Schipper, Maria Paz Cigarán, Merilyn McKenzie Hedger, L’adaptation au changement climatique : le nouveau défi pour le développement dans le monde en développement, New York, Programme des Nations unies pour le développement, 2008.
  • [33]
    R. Pielke, « Misdefining “Climate Change” : Consequences for Science and Action », Environmental Science & Policy, 8 (6), 2005, p. 550.
  • [34]
    GIEC, Changements climatiques 1990 : rapport de synthèse, Genève, Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, 1990.
  • [35]
    GIEC, Bilan 2001 des changements climatiques : rapport de synthèse, Genève, Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, 2001.
  • [36]
    Jessica Ayers, David Dodman, « Climate Change Adaptation and Development I : The State of the Debate », Progress in Development Studies, 10 (2), 2010, p. 161-168.
  • [37]
    Stephen Schneider, « What Is “Dangerous” Climate Change ? », Nature, 411 (6833), 2001, p. 17-19 ; Brian O’Neill, Michael Oppenheimer, « Dangerous Climate Impacts and the Kyoto Protocol », Science, 296 (5575), 2002, p. 1971-1972.
  • [38]
    Roger Pielke, Daniel Sarewitz, « Bringing Society Back into the Climate Debate », Population and Environment, 26 (3), 2005, p. 255-268.
  • [39]
    Suraje Dessai, Neil Adger, Mike Hulme, et al., « Defining and Experiencing Dangerous Climate Change », Climatic Change, 64 (1-2), 2004, p. 11-25.
  • [40]
    Neil Adger, Suraje Dessai, Marisa Goulden, et al., « Are There Social Limits to Adaptation to Climate Change ? », Climatic Change, 93 (3-4), 2009, p. 335-354.
  • [41]
    CCNUCC, Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, op. cit., art. 1er. Il faut cependant noter que le premier Rapport d’évaluation du GIEC adoptait une définition similaire à celle de la CCNUCC. GIEC, Changements climatiques 1990 : rapport de synthèse, op. cit., art. 1er.
  • [42]
    GIEC, Changements climatiques 1995 : rapport de synthèse, Genève, Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, 1995, p. 21 ; GIEC, Bilan 2001 des changements climatiques : rapport de synthèse, op. cit., p. 80 ; GIEC, Bilan 2007 des changements climatiques : rapport de synthèse, Genève, Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, 2007, p. 77 ; GIEC, Special Report on Managing the Risks of Extreme Events and Disasters to Advance Climate Change Adaptation, op. cit., p. 557 ; GIEC, Climate Change 2014. Impacts, Adaptation, and Vulnerability, op. cit., p. 1760.
  • [43]
    James Hansen, Makiko Sato, Andrew Lacis, et al., « Climate Forcings in the Industrial Era », Proceedings of the National Academy of Sciences, 95 (22), 1998, p. 12753-12758 ; R. Pielke, « Overlooked Issues in the U.S. National Climate and IPCC Assessments », Climatic Change, 52 (1), 2002, p. 1-11.
  • [44]
    H. M. Füssel, « Vulnerability : A Generally Applicable Conceptual Framework for Climate Change Research », art. cité, p. 163.
  • [45]
    V. van Gameren, R. Weikmans, E. Zaccai, L’adaptation au changement climatique, op. cit.
  • [46]
    GIEC, Bilan 2007 des changements climatiques : rapport de synthèse, op. cit., p. 89.
  • [47]
    GIEC, Special Report on Managing the Risks of Extreme Events and Disasters to Advance Climate Change Adaptation, op. cit., p. 4.
  • [48]
    V. van Gameren, R. Weikmans, E. Zaccai, L’adaptation au changement climatique, op. cit., p. 26-27.
  • [49]
    Ce changement de définition a pourtant alimenté des débats passionnés entre les auteurs du Special Report on Managing the Risks of Extreme Events and Disasters to Advance Climate Change Adaptation (op. cit.), comme nous l’a rapporté Mark Pelling (un des « coordinating authors » de ce rapport du GIEC) en octobre 2014.
  • [50]
    Dans son Rapport spécial, le GIEC indique : « Reflétant les progrès accomplis par la science, l’évolution de la compréhension du problème du changement climatique et la diversité croissante des milieux scientifiques ayant participé à l’élaboration des Rapports du GIEC, certaines définitions centrales pour la compréhension de la question de l’adaptation ont évolué au fil des Rapports ». Special Report on Managing the Risks of Extreme Events and Disasters to Advance Climate Change Adaptation, op. cit., p. 4. Il était en revanche fait référence à ce changement dans le brouillon du cinquième Rapport d’évaluation du GIEC : « Le concept de vulnérabilité mis en avant dans le SREX [Rapport spécial sur la gestion des risques de catastrophes et de phénomènes extrêmes pour les besoins de l’adaptation au changement climatique] va au-delà de la définition proposée dans les Rapports d’évaluation précédents dans le sens où il se centre davantage sur les êtres humains et sur la vulnérabilité des éléments sociaux et culturels, ainsi que sur les biens économiques et physiques. Le SREX peut être crédité d’avoir rapproché les deux définitions de la vulnérabilité utilisées par les communautés des catastrophes et du changement climatique (…). En définissant la vulnérabilité, le SREX met explicitement en avant le contexte social de la vulnérabilité et donc sa valeur “prédictive”, considérant aussi la vulnérabilité comme indépendante des événements physiques ». Ce texte n’apparaît cependant pas dans la version définitive du cinquième Rapport d’évaluation. GIEC, Climate Change 2014. Impacts, Adaptation, and Vulnerability, op. cit.
  • [51]
    Il est en effet fait référence à ce terme à de nombreuses reprises dans le texte de la CCNUCC et dans les décisions des Conférences des Parties. L’article 4.4 de la CCNUCC, en particulier, appelle les pays développés à aider les pays en développement « particulièrement vulnérables » à faire face au coût de leur adaptation aux effets néfastes du changement climatique.
  • [52]
    R. Weikmans, « Dimensions éthiques de l’allocation du financement international de l’adaptation au changement climatique », VertigO, 16 (2), 2016, p. 1-32.
  • [53]
    FEM, Clarification on the Concept of Additional Costs of Adaptation to Climate Change, Washington, D.C., Fonds pour l’environnement mondial, 2012.
  • [54]
    Jessica Ayers, Saleemul Huq, « Supporting Adaptation to Climate Change : What Role for Official Development Assistance ? », Development Policy Review, 27 (6), 2009, p. 675-692.
  • [55]
    M. Kelly, N. Adger, « Theory and Practice in Assessing Vulnerability to Climate Change and Facilitating Adaptation », art. cité.
  • [56]
    J. Ayers, D. Dodman, « Climate Change Adaptation and Development I : The State of the Debate », art. cité.
  • [57]
    R. Weikmans, Le financement international de l’adaptation au changement climatique : quelle vision de l’aide au développement ?, Bruxelles, Université libre de Bruxelles, 2015, p. 133.
  • [58]
    R. Weikmans, « Le rôle de la coopération au développement dans le financement international de l’adaptation », dans Arnaud Zacharie (dir.), La nouvelle géographie du développement. Coopérer dans un monde en mutation, Bruxelles, Éditions Le Bord de l’Eau, 2016, p. 175-185.
  • [59]
    La rédaction de cet article a été rendue possible grâce au soutien financier de la Belgian American Educational Foundation et de l’Université libre de Bruxelles (bourse de recherche Mini-ARC). L’auteur tient à remercier Lucas Demuelenaere, François Gemenne, Étienne Hannon, Jean-Paul Ledant, Philippe Marbaix, Edwin Zaccai et Arnaud Zacharie pour leurs commentaires sur une version antérieure de cet article. L’auteur remercie également les évaluateurs anonymes de la revue Critique internationale pour leurs relectures avisées.

1 l’histoire des transferts financiers Nord-Sud est marquée par un grand nombre de promesses non tenues. Le sempiternel objectif visant à porter l’aide publique au développement à 0,7 % du revenu national brut des pays développés en est sans doute l’exemple le plus éloquent, même si certains donateurs sont momentanément ou durablement parvenus à ce niveau de mobilisation financière [1]. Dans le domaine de l’aide à l’environnement aussi, les promesses ont été rarement respectées. Au Sommet de la Terre de Rio en 1992, les pays développés s’engagèrent à fournir des ressources nouvelles et supplémentaires à hauteur de 15 milliards de dollars par an pour aider les pays en développement à participer à la résolution des problèmes environnementaux globaux, mais moins d’un cinquième de ce montant fut délivré [2].

2 À l’opposé, les promesses financières récentes visant à soutenir les pays en développement dans l’atténuation de leurs émissions de gaz à effet de serre et dans leur adaptation aux effets néfastes du changement climatique semblent connaître une concrétisation pour le moins surprenante. Alors qu’ils s’étaient engagés lors de la conférence de Copenhague de 2009 à fournir pour ces deux domaines 30 milliards de dollars entre 2010 et 2012 [3], les pays développés ont finalement rapporté avoir fourni 35 milliards de dollars au cours de ces trois années [4]. Quelques semaines avant la conférence de Marrakech de novembre 2016, ces mêmes pays développés se sont déclarés confiants dans l’atteinte de l’objectif – également formulé à Copenhague en 2009 [5] – visant à mobiliser collectivement 100 milliards de dollars par an d’ici 2020 afin de soutenir les efforts des pays en développement dans la lutte contre le changement climatique et ses effets [6].

3 Aucun système de comptabilisation n’ayant été établi sous la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), les chiffres relatifs au financement climatique avancés par les pays développés sont âprement contestés [7] et doivent être considérés avec circonspection [8]. Ces promesses financières – parfois comparées en termes d’ordre de grandeur à l’ensemble des flux annuels d’aide publique au développement qui se montaient en 2014 à environ 135 milliards de dollars [9] – illustrent cependant l’affirmation de l’aide comme un instrument majeur de la coordination internationale mise en place autour du climat. Les engagements financiers formulés en soutien à l’adaptation des pays en développement sont en particulier tout à fait remarquables. En effet, dans les négociations internationales portant sur le changement climatique, l’adaptation a longtemps été considérée de façon très négative, comme une attitude de passivité, voire de renoncement face aux défis posés par la réduction des émissions de gaz à effet de serre [10]. Or les chiffres les plus récents laissent apparaître que les transferts financiers émanant des pays développés et visant l’adaptation des pays en développement sont passés de moins de 2 milliards de dollars en 2010 à 12 milliards de dollars en 2014 [11]. Des analyses menées par l’OCDE sur la base des engagements fermement exprimés par les pays développés indiquent que l’aide à l’adaptation atteindra plus de 20 milliards de dollars en 2020 [12].

4 Comment comprendre cette mobilisation financière en faveur de l’adaptation des pays en développement ? Plusieurs éléments peuvent être avancés pour expliquer l’émergence de cette question à l’échelle internationale : une prise de conscience plus large de l’ampleur et de la rapidité du changement climatique, des évolutions géopolitiques, l’utilisation de cette aide financière comme monnaie d’échange permettant d’obtenir le consentement des pays pauvres dans les négociations climatiques [13]. Notre objectif ici n’est pas de chercher à élucider les causes de cette montée en puissance, mais d’examiner le glissement du diagnostic dominant du problème climatique qui l’a accompagnée. Nous proposons pour ce faire une clé de lecture du « devoir » et des formes d’intervention de la communauté internationale face à des situations de hauts niveaux de risque climatique vécues par un certain nombre de pays en développement [14]. Notre hypothèse est que les diagnostics du changement climatique et des réponses à y apporter, s’ils s’appuient sur des situations factuelles, reflètent aussi des positions normatives [15]. Nous souhaitons précisément reconstituer ces positions à partir de l’analyse des discours qui dominent la littérature académique et les débats politiques internationaux relatifs au changement climatique.

5 Nous décrirons tout d’abord les choix normatifs potentiellement décelables dans l’identification des causes et des réponses à apporter à des situations de hauts niveaux de risque climatique. Nous examinerons ensuite comment ces choix se manifestent dans les diagnostics dominants du problème climatique, et quelles en sont les conséquences sur l’importance et la portée de l’adaptation, la responsabilité de la communauté internationale et le rôle de l’aide à l’adaptation.

Des diagnostics situationnels ou dispositionnels ?

6 Tout discours sur les risques que fait peser le changement climatique sur les pays en développement identifie des causes à ces situations de hauts niveaux de risque climatique et des moyens pour ces pays de s’en sortir. Ces « diagnostics » peuvent sembler anodins. Ils fondent pourtant le « devoir » et les formes d’intervention de la communauté internationale. Dans le champ des études du développement, il est courant de procéder à la distinction entre causes situationnelles (ou externes) et causes dispositionnelles (ou internes) de la pauvreté des nations [16]. Nous appliquons cette distinction aux situations de hauts niveaux de risque climatique. Le sentiment d’injustice face à de telles situations et l’intensité du devoir d’intervention de la communauté internationale seront d’autant plus grands qu’elles seront considérées comme d’origine situationnelle, c’est-à-dire comme échappant à la responsabilité des pays en développement.

7 Dans un diagnostic situationnel, les causes peuvent être perçues comme exogènes à la communauté internationale, dans le cas notamment des pays situés à de basses latitudes, où les sécheresses et les vagues de chaleur sont habituellement plus fréquentes et prononcées. Elles peuvent aussi être considérées comme endogènes à la communauté internationale, si l’on considère par exemple que c’est le changement climatique d’origine anthropique qui augmente l’exposition aux stress climatiques de certains pays ou révèle des facteurs de vulnérabilité qui ne s’étaient jamais manifestés auparavant [17]. On peut également penser à toute une série de facteurs non climatiques qui conditionnent l’exposition et la vulnérabilité des pays en développement : les politiques migratoires des pays développés, les règles commerciales internationales, les héritages de la colonisation, entre autres. Un diagnostic situationnel établissant des causes endogènes à la communauté internationale fera peser un devoir d’intervention maximal sur la communauté internationale.

8 Dans un diagnostic dispositionnel au contraire, les causes sont pensées comme relevant de la responsabilité des pays considérés. L’accent sera mis ici sur les « mauvaises » politiques des pays concernés. Pensons par exemple à l’absence ou à la faible application de législations restreignant l’aménagement de zones particulièrement exposées à des aléas climatiques (inondations, cyclones, etc.). Le sentiment d’injustice et l’intensité du devoir d’intervention vis-à-vis de ces pays seront dès lors beaucoup plus faibles.

9 Comment intervenir pour réduire les risques climatiques que subissent certains pays en développement ? Les possibilités d’intervention peuvent à nouveau être examinées selon une grille d’analyse situationnelle/dispositionnelle [18]. Les voies de sortie seront qualifiées de situationnelles si elles sont externes aux pays considérés. Il pourra s’agir par exemple d’actions d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre, motivées par la perspective d’une diminution à terme de l’exposition de ces pays à des niveaux intenses de stress climatique, ou de modifications des politiques agricoles des pays du Nord susceptibles de permettre à certains pays du Sud de réduire leur vulnérabilité au changement climatique.

10 À l’inverse, les solutions seront dispositionnelles si elles reposent principalement sur des changements de politiques ou de gouvernance des pays en développement considérés. Si le diagnostic établit qu’un pays peut se sortir lui-même de situations de hauts niveaux de risque climatique, il y a fort à parier que les interventions de la communauté internationale relèveront plutôt de l’incitation – teintée de paternalisme –, voire de la coercition.

11 Des diagnostics mixtes sont également possibles, des causes plutôt situationnelles aboutissant à des voies de sortie plutôt dispositionnelles. Ainsi, de hauts niveaux de risque climatique pourront être considérés comme découlant principalement du changement climatique, mais la solution préconisée pourra être une modification des politiques de gestion de l’eau du pays concerné.

Vulnérabilité résultante et vulnérabilité contextuelle : d’une interprétation à l’autre ?

12 Depuis deux décennies environ, la vulnérabilité s’est imposée comme une notion centrale non seulement de la recherche académique [19], mais aussi des études et rapports produits par les institutions internationales sur le changement climatique [20]. Dans cette littérature, différents auteurs ont mis en évidence l’existence de deux interprétations du concept de vulnérabilité : celle-ci serait soit « résultante » ou « end-point », soit « contextuelle » ou « starting-point » [21].

13 La « vulnérabilité résultante » désigne les conséquences résiduelles du changement climatique, celles qui persistent après que des actions d’adaptation ont été menées ou que des formes d’adaptation sont spontanément apparues. La situation de vulnérabilité est alors considérée comme le résultat des effets physiques du changement climatique sur une unité d’exposition donnée, même si ces effets sont partiellement contrebalancés par des réponses adaptatives. L’évaluation de la vulnérabilité est ainsi le point final d’une séquence d’analyses qui commence par l’élaboration de scénarios d’atténuation d’émissions de gaz à effet de serre, se poursuit par des scénarios climatiques, puis par des études d’impacts biophysiques, et s’achève par l’identification d’adaptations susceptibles de se produire ou d’être mises en œuvre. La vulnérabilité peut alors être exprimée quantitativement par son coût financier, productif (changement dans les récoltes), humain (mortalité) ou écologique (dégâts sur les écosystèmes, notamment). Cette approche permet de mettre en évidence l’« impact net » du dérèglement climatique. Elle est particulièrement pertinente pour déterminer la façon dont différents scénarios d’émissions de gaz à effet de serre mènent à une « perturbation dangereuse du système climatique », selon l’expression de la CCNUCC. Dès lors, la réduction de la vulnérabilité passe, d’une part, par l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre, d’autre part, par la mise en œuvre de mesures d’adaptation ciblées sur tel ou tel impact physique projeté du changement climatique anthropique.

14 Lorsqu’elle est « contextuelle », la vulnérabilité est considérée comme l’incapacité actuelle ou future à faire face à des événements externes tels que le changement climatique. Elle est alors tenue pour une caractéristique interne des systèmes écologiques et sociaux, générée non seulement par des altérations des conditions biophysiques mais aussi par des structures et processus sociaux, économiques, politiques, institutionnels et technologiques. Dans cette perspective, la réduction de la vulnérabilité implique de modifier le contexte dans lequel se produit le changement climatique, pour permettre aux individus et aux groupes sociaux de répondre de manière plus appropriée aux transformations en cours.

15 Ces deux interprétations de la vulnérabilité ont vocation à fournir des réponses différenciées aux besoins d’informations des décideurs (tableau). Ainsi, pour « doser » les efforts d’atténuation des émissions de gaz à effet de serre qui doivent être réalisés, il est nécessaire d’avoir des données pertinentes sur la gravité de l’impact incrémental du changement climatique d’origine anthropique. Et pour pouvoir déterminer l’ampleur d’une hypothétique compensation des « victimes » de la pollution par les « pollueurs », il est nécessaire de pouvoir isoler les dommages imputables au seul changement climatique anthropique par rapport à la variabilité naturelle du climat. À l’inverse, si l’adaptation ne nécessite que des informations relatives aux projections climatiques, des informations sur l’impact additionnel du changement climatique anthropique ont moins de pertinence [22].

Deux interprétations de la vulnérabilité dans la recherche sur le changement climatique [23]

Vulnérabilité résultante Vulnérabilité contextuelle
Problème de base Changement climatique anthropique Vulnérabilité sociale
Contexte politique Atténuation du changement climatique, compensation, adaptation technique Adaptation sociale, développement durable
Exemple de question politique Quels sont les bénéfices de l’atténuation du changement climatique ? Comment la vulnérabilité des sociétés aux risques climatiques peut-elle être réduite ?
Exemple de question académique Quels sont les impacts attendus du changement climatique dans les différentes régions du monde ? Pourquoi certains groupes sont-ils davantage affectés par les stress climatiques ?
Vulnérabilité et capacité d’adaptation La capacité d’adaptation détermine la vulnérabilité La vulnérabilité détermine la capacité d’adaptation
Capacité d’adaptation Comprise par rapport à l’adaptation aux changements climatiques futurs Comprise par rapport à l’adaptation à la variabilité climatique actuelle
Point de départ de l’analyse Scénarios climatiques Vulnérabilité actuelle aux stimuli climatiques
Disciplines d’ancrage Sciences naturelles Sciences sociales
Signification de la « vulnérabilité » Dommages attendus pour un niveau donné de changement climatique Faiblesse face à la variabilité actuelle du climat et au changement climatique déterminée par des facteurs socioéconomiques
Politiques promues Minimiser les impacts précisément identifiés par une réduction de l’exposition (via l’atténuation des émissions ou des mesures d’adaptation principalement techniques) Interventions qui modifient le contexte dans lequel le changement climatique prend place pour que les individus et les pays puissent mieux répondre aux conditions changeantes
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[23] Adapté de S. Eriksen, M. Kelly, « Developing Credible Vulnerability Indicators for Climate Adaptation Policy Assessment », Mitigation and Adaptation Strategies for Global Change, 12 (4), 2006, p. 495-524 ; H. M. Füssel, « Vulnerability : A Generally Applicable Conceptual Framework for Climate Change Research », art. cité ; K. O’Brien, S. Eriksen, L. P. Nygaard, et al., « Why Different Interpretations of Vulnerability Matter in Climate Change Discourses », art. cité ; Elise Remling, Åsa Persson, « Who Is Adaptation for ? Vulnerability and Adaptation Benefits in Proposals Approved by the UNFCCC Adaptation Fund », Climate and Development, 7 (1), 2014, p. 16-34.

Deux interprétations de la vulnérabilité dans la recherche sur le changement climatique [23]

16 Les deux interprétations présentées ici ont probablement toujours coexisté depuis la prise en compte de la question du changement climatique à l’échelle internationale [24]. Cette coexistence est d’ailleurs à l’origine de bon nombre d’ambiguïtés dans les discours relatifs au financement international de l’adaptation et de critiques émises à l’encontre des pratiques en la matière. Certes, la réduction de la vulnérabilité au changement climatique peut apparaître comme un objectif politique consensuel, mais ce qu’elle entraîne dans la pratique dépend de l’interprétation que l’on donne au concept de vulnérabilité [25].

17 L’approche en termes de vulnérabilité résultante a longtemps dominé de façon quasi exclusive la recherche et les discours sur le changement climatique. Le texte de la CCNUCC [26] reflète clairement un tel cadrage. Cependant, progressivement, l’interprétation contextuelle de la vulnérabilité a émergé dans les débats scientifiques et politiques internationaux. En témoigne le changement opéré par le GIEC en 2012, qui est passé d’une compréhension résultante à une compréhension contextuelle de ce concept.

La CCNUCC : une interprétation fondatrice du problème climatique

18 L’inscription du texte de la CCNUCC, rédigé en 1992, dans une approche de vulnérabilité résultante se traduit principalement par l’accent mis sur l’atténuation en tant que réponse presque exclusive au changement climatique, par l’articulation de l’objectif ultime de la Convention autour de la notion de « perturbation anthropique dangereuse du système climatique » et par la distinction stricte entre le changement climatique d’origine anthropique et la variabilité naturelle du climat. Dans cette section, nous passons successivement en revue ces trois éléments.

19 Au début de sa prise en compte à l’échelle internationale, le phénomène du changement climatique fut considéré comme faisant partie des problèmes environnementaux globaux au même titre que les pluies acides ou l’appauvrissement de la couche d’ozone [27]. La coopération internationale ne paraissait alors nécessaire que pour atténuer les causes – et non les conséquences – de la pollution [28]. L’atténuation constituait la réponse au changement climatique d’origine anthropique. La formulation de la Convention laissait d’ailleurs peu de place à l’adaptation. L’idée était que les effets du changement climatique pourraient – si les actions d’atténuation étaient suffisamment précoces et vigoureuses – être absorbés par les sociétés humaines. Celles-ci, et à condition que les évolutions catastrophiques soient évitées, élaboreraient, comme elles l’avaient d’ailleurs toujours fait, des réponses plus ou moins adéquates aux modifications climatiques, sans nécessité particulière de les anticiper [29]. La capacité d’adaptation était donc considérée comme inhérente aux écosystèmes et aux sociétés et, à ce titre, ne nécessitait pas de politiques explicites [30]. La question de l’adaptation n’avait principalement de sens que pour déterminer les efforts d’atténuation qu’il était nécessaire de fournir, ce qui revenait à poser la question suivante : jusqu’à quel niveau de réchauffement les sociétés pourraient-elles « naturellement » absorber les effets du changement climatique sans connaître d’effondrements ?

20 La logique contenue dans la CCNUCC était très claire : les émissions de gaz à effet de serre d’origine anthropique menaient à des changements dans le climat de la Terre et ces changements risquaient d’avoir des effets dangereux sur l’environnement et les sociétés. L’« objectif ultime » de la Convention était donc de « stabiliser (…) les concentrations de gaz à effet de serre dans l’atmosphère à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse du système climatique (...) dans un délai suffisant pour que les écosystèmes puissent s’adapter naturellement aux changements climatiques, que la production alimentaire ne soit pas menacée et que le développement économique puisse se poursuivre de manière durable » [31]. Une telle formulation pose un biais à l’encontre de l’adaptation, laquelle n’est préconisée que lorsque les stratégies d’atténuation ne peuvent prévenir les effets du changement climatique [32].

21 Dans la logique de la CCNUCC, la réduction des émissions – qui se résume largement à une question de politique énergétique puisque ces émissions d’origine anthropique proviennent majoritairement de la combustion d’énergies fossiles – est considérée comme l’instrument principal de contrôle de la « machinerie climatique » [33]. La politique énergétique est dès lors vue comme le « panneau de contrôle » des décideurs mondiaux cherchant à moduler le comportement du système climatique afin d’en contrôler les effets futurs.

22 Au fil des années, cette position est toutefois devenue progressivement intenable. Lorsque la CCNUCC fut adoptée il y a vingt-cinq ans, seul le premier Rapport d’évaluation du GIEC [34] avait été établi. Or, dès la publication du troisième Rapport [35], il est apparu de façon évidente que les efforts d’atténuation ne pourraient à eux seuls prévenir les effets du changement climatique (entre autres causes, la décision des États-Unis de ne pas ratifier le Protocole de Kyoto ne permettait plus d’espérer un renversement rapide des tendances d’émissions des pays développés), que ces effets se produiraient plus rapidement que prévu et qu’ils toucheraient de manière disproportionnée les pays à revenus faibles et moyens [36]. Depuis, le GIEC a synthétisé à plusieurs reprises l’état des connaissances, révélant avec de plus en plus de détails la gravité des effets attendus et avec de plus en plus de certitude le rôle des activités humaines sur le climat. La compréhension du phénomène du changement climatique ainsi que son ampleur ont donc largement évolué, et le cadrage de la question climatique s’en est trouvé considérablement affecté.

23 L’inscription du texte de la CCNUCC dans une approche de vulnérabilité résultante est également manifeste dans l’articulation de l’objectif ultime de la Convention autour de la notion de « perturbation anthropique dangereuse du système climatique ». Cette notion – au demeurant largement commentée dans la littérature [37] – implique en effet de déterminer un niveau de concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère au-dessus duquel le changement climatique devient effectivement « dangereux ». Formellement, le champ d’application de la CCNUCC est ainsi limité au changement climatique pouvant être attribué au forçage des gaz à effet de serre d’origine anthropique sur le système climatique. Cette notion est toutefois problématique dans la mesure où elle néglige le fait que le changement climatique anthropique n’est ni le seul ni souvent le principal déterminant d’effets néfastes sur les systèmes humains et naturels. Par opposition avec ce cadrage de vulnérabilité résultante, le cadrage de vulnérabilité contextuelle permet de mettre au jour les nombreuses raisons pouvant faire qu’une communauté ou un écosystème particulier sont confrontés à des impacts climatiques, même sous un climat stationnaire. Ainsi, l’occurrence d’une inondation dans une plaine inhabitée n’aura pas les mêmes conséquences que dans une plaine très peuplée. C’est l’occupation humaine grandissante de la plaine en question qui constitue ici la perturbation anthropique menant à des effets néfastes du changement climatique sur les systèmes humains ou naturels. Sous la CCNUCC, pareille perturbation anthropique ne constitue pas une base pour agir [38].

24 En outre, la notion de « perturbation anthropique dangereuse » suggère qu’il existe un niveau universel séparant une perturbation dangereuse d’une perturbation non dangereuse. Ce faisant, elle obscurcit le fait que le climat peut déjà être objectivement considéré comme dangereux pour de nombreux individus ou subjectivement considéré comme dangereux par de nombreux individus [39]. L’approche de vulnérabilité contextuelle pointera au contraire l’existence de différents niveaux de vulnérabilité entre les individus ou entre les pays, qui pourraient être mesurés de façon objective en ayant recours par exemple à des indicateurs. Il apparaîtra ainsi que la définition du caractère dangereux d’une perturbation anthropique du système climatique dépend de la façon dont les différentes communautés appréhendent la sécurité et le risque [40].

25 La distinction stricte entre le changement climatique d’origine anthropique et la variabilité naturelle du climat dans la CCNUCC constitue une autre illustration de l’inscription de cette Convention dans une approche de vulnérabilité résultante. En effet, dans la CCNUCC, les « changements climatiques » sont définis comme « des changements de climat qui sont attribués directement ou indirectement à une activité humaine altérant la composition de l’atmosphère mondiale et qui viennent s’ajouter à la variabilité naturelle du climat observée au cours de périodes comparables » [41]. Cette définition contraste de façon significative avec celle du GIEC [42] pour lequel les « changements climatiques » sont des « [variations] de l’état du climat, que l’on peut déceler (…) par des modifications de la moyenne et/ou de la variabilité de ses propriétés et qui persistent pendant une longue période, généralement pendant des décennies ou plus. Les changements climatiques peuvent être dus à des processus internes naturels, à des forçages externes ou à des changements anthropiques persistants dans la composition de l’atmosphère ou dans l’utilisation des terres ».

26 La CCNUCC fait donc une distinction entre les changements climatiques attribuables aux activités humaines altérant la composition de l’atmosphère, d’une part, et la variabilité du climat imputable à des causes naturelles, d’autre part. Schématiquement, toute influence de l’homme sur le climat se « superpose » au « bruit de fond » représenté par sa variabilité naturelle. Celle-ci résulte de fluctuations internes du système climatique et de causes externes naturelles telles que des éruptions volcaniques. Des changements du climat terrestre résultant, par exemple, d’une modification de l’activité solaire ne constituent donc pas des changements climatiques aux termes de la Convention, de même que les changements de climat résultant d’activités humaines autres que celles affectant la composition de l’atmosphère, telle une nouvelle affectation des terres pouvant avoir notamment une influence sur l’albédo de la surface du globe [43].

L’adoption d’une compréhension contextuelle de la vulnérabilité par le GIEC

27 Si les premiers rapports du GIEC se concentraient principalement sur la caractérisation des effets biophysiques du changement climatique, les rapports les plus récents montrent une compréhension plus élaborée de ses conséquences économiques et sociales. De fait, la définition de la vulnérabilité présentée par le GIEC dans ses rapports les plus récents relève d’une compréhension contextuelle du concept, alors que celle de ses précédents rapports relevait d’une approche résultante [44]. Cette évolution n’est vraisemblablement pas étrangère au fait que la littérature scientifique consacrée à la vulnérabilité et à l’adaptation au changement climatique a plus que doublé entre 2005 et 2010 [45].

28 Dans ses troisième et quatrième Rapports d’évaluation respectivement publiés en 2001 et 2007, le GIEC définissait la vulnérabilité comme la « mesure dans laquelle un système est sensible – ou incapable de faire face – aux effets défavorables des changements climatiques, y compris la variabilité du climat et les phénomènes extrêmes ». Et il précisait que « la vulnérabilité est fonction de la nature, de l’ampleur et du rythme de l’évolution et de la variation du climat à laquelle le système considéré est exposé, de la sensibilité de ce système et de sa capacité d’adaptation » [46]. Cette définition, la plus communément admise pendant longtemps, est devenue plus générique dans son Rapport spécial sur la gestion des risques de catastrophes et de phénomènes extrêmes pour les besoins de l’adaptation au changement climatique publié en 2012. Le GIEC y présentait la vulnérabilité comme la « propension ou prédisposition à subir des dommages » [47]. Cette définition, provenant des études sur le risque de catastrophe, est reprise dans son cinquième Rapport d’évaluation de 2014. Elle met en évidence une connotation fondamentalement sociale et une valeur « prédictive » à la vulnérabilité [48]. La définition utilisée précédemment par le GIEC faisait des causes physiques et de leurs effets un aspect explicite de la vulnérabilité alors que le contexte social était considéré dans les notions de sensibilité et de capacité d’adaptation. Dans la nouvelle définition, la vulnérabilité est considérée comme étant indépendante des événements physiques (l’exposition n’est pas une dimension de la vulnérabilité). À notre connaissance, ce changement récent n’a pas encore été commenté dans la littérature [49]. Il reste également largement inexpliqué par le GIEC lui-même [50], alors que le concept de vulnérabilité a une importance toute particulière à l’échelle des négociations politiques internationales établies autour du changement climatique [51].

Coexistence des diagnostics et ambiguïtés

29 Ce changement de définition de la vulnérabilité illustre-t-il la prédominance du cadrage de vulnérabilité contextuelle dans les discours scientifiques et politiques internationaux actuels ? Plus que du remplacement d’un diagnostic dominant par un autre, il s’agit vraisemblablement d’une superposition de ces deux interprétations. Une explication partielle peut être avancée à cet état de fait : la question de l’adaptation – et en particulier de son financement – s’est pour une très large part construite autour de la CCNUCC. Le texte de la Convention, adopté il y a vingt-cinq ans, a créé le cadre général – aussi étroit fût-il – des négociations en la matière. Il est dès lors possible que la compréhension du problème climatique et des réponses à y apporter qui était présente dans la Convention ait durablement influencé le cadrage de l’adaptation.

30 Celui-ci est manifeste dans le mandat de certains fonds (Fonds pour les pays les moins avancés et Fonds spécial pour les changements climatiques) établis sous la Convention afin de financer des projets d’adaptation au changement climatique dans les pays en développement [52]. Ces fonds ne visent en effet qu’à financer les coûts d’adaptation induits par les seuls changements climatiques d’origine anthropique [53]. Cela donne lieu en pratique à de multiples difficultés et contestations liées à l’identification de la composante des coûts d’adaptation d’un projet donné qui vise spécifiquement à répondre au changement climatique d’origine anthropique par rapport à un scénario business as usual (c’est-à-dire en l’absence de changement climatique anthropique) [54].

31 Quoi qu’il en soit, ce changement de définition consacre, selon nous, la montée en puissance des sciences humaines et sociales dans l’étude du changement climatique. La domination du cadrage atténuation/impacts biophysiques (vulnérabilité résultante) a limité la portée des politiques d’adaptation, qui ont été majoritairement interprétées de façon étroite. Ce cadrage persiste encore chez de nombreux chercheurs et décideurs. Dans un domaine de recherche aussi interdisciplinaire que celui du changement climatique, il importe sans doute d’être particulièrement attentif au fait que les terminologies utilisées ne sont pas interprétées par tous de la même façon, et donc de préciser le sens des concepts employés. Le GIEC aurait sans doute pu – ou dû – être plus explicite dans l’explication des raisons de ce changement de définition de la vulnérabilité.

32 Il y a quinze ans, Mick Kelly et Neil Adger [55] demandaient déjà que l’interprétation du concept de vulnérabilité utilisée par le GIEC soit plus explicite. Pour ces auteurs, l’emploi par le GIEC d’une interprétation résultante du concept de vulnérabilité était lié au fait que ce dernier tentait de répondre aux principales questions pertinentes pour les débats politiques de l’époque : l’évaluation de l’ampleur du problème du changement climatique anthropique et les impacts de différents scénarios d’émissions de gaz à effet de serre. Dès lors, on pourrait supposer que la modification récente de la définition de la vulnérabilité employée par le GIEC reflète à son tour l’émergence de nouvelles questions pertinentes d’un point de vue politique.

Responsabilités et formes d’intervention de la communauté internationale

33 Comment les interprétations résultante et contextuelle de la vulnérabilité se situent-elles par rapport à la clé de lecture situationnelle/dispositionnelle ? Dans un cadrage de vulnérabilité résultante, ce sont les causes et les réponses aux seuls effets induits par le changement climatique d’origine anthropique qui sont appréhendées. Les causes ainsi mises en évidence sont fortement situationnelles et fondamentalement endogènes à la communauté internationale puisqu’il s’agit uniquement des stress climatiques attribuables au changement climatique d’origine anthropique. La responsabilité de la communauté internationale est dès lors fortement soulignée mais uniquement pour la fraction des effets climatiques qui peut être attribuée au phénomène d’origine anthropique. La réponse principale est, elle aussi, situationnelle : il s’agit de diminuer les stress climatiques via l’atténuation des émissions de gaz à effet de serre des pays hautement émetteurs. Les réponses adaptatives sont également fortement situationnelles puisqu’elles se centrent théoriquement sur la frange d’impacts qui ne peut être qu’attribuée au changement climatique anthropique – en d’autres mots, les impacts qui relèvent de la « responsabilité » de la communauté internationale (uniquement dans l’occurrence du changement climatique) avec toutes les difficultés pratiques qu’une telle distinction implique. Un cadrage de vulnérabilité contextuelle dévoile un éventail beaucoup plus large de causes et de réponses. Ces causes seront situationnelles mais exogènes à la communauté internationale si les niveaux élevés de risque climatique sont perçus comme étant la conséquence de géographies hostiles. Elles seront situationnelles et endogènes à la communauté internationale si le diagnostic établit par exemple que ce sont les subventions à l’agriculture européenne qui exacerbent les facteurs de vulnérabilité au changement climatique de certains pays d’Afrique. Lorsque des causes de ce type sont mises en avant, le devoir d’agir de la communauté internationale est fort, et dépasse de loin le seul problème du changement climatique anthropique. Dans un cadrage de vulnérabilité contextuelle, de hauts niveaux de risque climatique peuvent aussi être vus comme étant d’origine dispositionnelle, c’est-à-dire comme relevant de la « responsabilité » des pays affectés, les politiques publiques ou les institutions « inadéquates » de ces derniers étant alors considérées comme déterminantes dans la production des risques climatiques. Dans pareils cas, le devoir d’intervention de la communauté internationale est fortement diminué et ses interventions risquent fort d’être menées sur le mode de l’incitation, voire de la coercition – via des sanctions économiques ou diplomatiques – pour amener les gouvernements à modifier les politiques ou institutions perçues comme « problématiques ».

L’importance et la portée de l’adaptation

34 Les deux interprétations de la vulnérabilité présentées ici accordent à l’adaptation une importance très différente dans la réponse au changement climatique. Au demeurant, la compréhension même de l’adaptation selon ces deux interprétations est, elle aussi, très différente.

35 Dans un cadrage de vulnérabilité résultante, la mise en œuvre d’actions d’adaptation n’est possible que sur la base d’une connaissance fine des impacts physiques projetés du changement climatique anthropique. L’importance et la portée de l’adaptation sont donc réduites car celle-ci est fondamentalement contrainte par la faible disponibilité de projections suffisamment précises des impacts physiques du changement climatique permettant de justifier de lourds investissements en actions d’adaptation. Et lorsque de telles projections sont disponibles, ce cadrage conduit irrémédiablement à concevoir l’adaptation comme des changements technologiques ou sectoriels (projets d’irrigation, développement de variétés résistantes à la sécheresse, construction de digues).

36 Dans un cadrage de vulnérabilité contextuelle, en revanche, la mise en œuvre d’actions d’adaptation est non seulement possible tout de suite (puisqu’elle ne nécessite pas d’information précise relative aux impacts projetés du changement climatique) mais aussi urgente car les conditions climatiques font d’ores et déjà peser un poids considéré comme insupportable sur le développement humain dans de nombreux pays en développement. Les interventions d’adaptation dépassent de loin les seules actions visant spécifiquement les impacts précisément identifiés du changement climatique. Les « points d’entrée » des interventions d’adaptation sont démultipliés puisque la vulnérabilité au changement climatique est vue comme émergeant de structures et de processus sociaux, politiques, économiques, technologiques, institutionnels, etc.

Le rôle de l’aide

37 La montée en puissance du diagnostic de vulnérabilité contextuelle dans les débats scientifiques et politiques internationaux nous semble dès lors conférer un rôle majeur en matière d’adaptation aux interventions « traditionnelles » de l’aide au développement. Dans un cadrage de vulnérabilité résultante, les interventions de l’aide à l’adaptation sont assez aisément identifiables puisqu’elles visent spécifiquement à répondre à des impacts précisément identifiés du changement climatique d’origine anthropique. Dans un cadrage de vulnérabilité contextuelle, les frontières s’estompent entre les interventions de l’aide à l’adaptation et celles de l’aide au développement « classique ». Nombre de ces dernières visent en effet d’une façon ou d’une autre à agir sur les structures et processus sociaux, économiques, politiques et/ou institutionnels afin notamment de réduire la pauvreté qui, dans son acceptation multidimensionnelle et pas seulement économique, est vue par de multiples acteurs comme largement synonyme de vulnérabilité. La proximité entre les activités de l’aide à l’adaptation et de l’aide au développement a d’ailleurs été largement mise en évidence dans la littérature [56].

38 Ce chevauchement des finalités affichées de l’aide au développement et de l’aide à l’adaptation est selon nous tout à fait remarquable. Il est cependant problématique si les questions de long terme et surtout d’incertitude face aux évolutions du climat sont insuffisamment intégrées par les acteurs [57]. Le rapprochement entre interventions d’adaptation et interventions de développement permet en tout cas aux institutions « traditionnelles » de l’aide de jouer un rôle de premier plan dans l’agenda du financement international de l’adaptation dominé par les acteurs bilatéraux et multilatéraux de la coopération au développement [58]. Il crée cependant de multiples difficultés dans le suivi des transferts financiers pour l’adaptation des pays en développement (tels que prévus lors des négociations établies sous la CCNUCC) puisqu’il est, dans un cadrage de vulnérabilité contextuelle, presque impossible de différencier une activité d’aide à l’adaptation d’une activité d’aide au développement. En outre, il enlève au financement international de l’adaptation sa spécificité originelle : soutenir des activités permettant de limiter les effets néfastes sur les sociétés humaines et les écosystèmes des impacts physiques strictement identifiés du changement climatique anthropique – l’élévation du niveau de la mer par exemple – pour lesquels la responsabilité et le devoir d’agir de la communauté internationale sont pourtant très forts.

39 Nous avons tenté de mettre en évidence les façons dont les analyses des causes de situations de hauts niveaux de risque climatique fondent le devoir d’intervention de la communauté internationale en matière de financement de l’adaptation. Face à une situation aux causes multiples, les choix relatifs aux facteurs principaux et à l’échelle de temps considérée déterminent la nature situationnelle ou dispositionnelle du diagnostic effectué. L’identification de causes situationnelles endogènes à la communauté internationale font apparaître un devoir d’agir maximal puisque les voies de sortie ne sont pas directement accessibles aux pays en développement. Les diagnostics réalisés ne déterminent pas seulement l’intensité du devoir d’agir, ils influencent aussi la nature des interventions de la communauté internationale. Ainsi, si le diagnostic établit que les individus ou les pays pourraient agir par eux-mêmes, les interventions de la communauté internationale seront vraisemblablement davantage basées sur des mesures de coercition, plutôt que sur la seule fourniture d’une aide.

40 Des diagnostics fortement situationnels mais limités au problème du changement climatique anthropique ont longtemps dominé les débats académiques et politiques internationaux. Le régime climatique international a originellement été élaboré afin de répondre au défi de l’atténuation des émissions anthropiques de gaz à effet de serre. Dans ce contexte, le concept d’adaptation avait une tout autre signification que celle qu’on lui prête actuellement. Influencée entre autres par les travaux du Club de Rome relatifs aux limites écologiques au développement humain et à la croissance, cette signification impliquait la question suivante : quels impacts les systèmes sont-ils capables de supporter ? Si le biais à l’encontre de l’adaptation est aujourd’hui largement levé, cette conceptualisation initiale a eu de profondes répercussions sur la compréhension et le traitement de la question de l’adaptation à l’échelle internationale. Cette domination des diagnostics situationnels s’est progressivement estompée au profit de diagnostics mixtes (situationnels et dispositionnels) mais accordant toujours une importance centrale aux stress climatiques, que ceux-ci soient ou non attribuables au phénomène anthropique du changement climatique.

41 Le mouvement de mise en évidence de causes situationnelles plus variées (c’est-à-dire au-delà du changement climatique anthropique) et de causes dispositionnelles émane en partie d’une meilleure compréhension scientifique des déterminants du risque climatique, mais aussi vraisemblablement de dynamiques politiques internationales. Si une analyse approfondie des causes de ce glissement de diagnostic dominant dépasse l’économie de cet article, certaines hypothèses explicatives peuvent être avancées. Ainsi, face notamment à la lenteur des efforts d’atténuation à l’échelle mondiale, la question de l’adaptation a progressivement émergé dans l’agenda des négociations internationales sur le climat. De nouvelles alliances dans les négociations établies sous la CCNUCC ont été également forgées, par exemple entre l’Union européenne et les petits États insulaires en développement pour lesquels la question de l’aide à l’adaptation revêt une importance vitale. La perception d’une urgence à agir en soutien des pays en développement, un contexte d’incertitudes relatives aux projections climatiques et la recherche de nouvelles justifications aux activités des acteurs « traditionnels » de l’aide au développement ont vraisemblablement joué en faveur d’un rapprochement conceptuel entre l’aide à l’adaptation et l’aide au développement [59].


Date de mise en ligne : 20/11/2017

https://doi.org/10.3917/crii.077.0121

Notes

  • [1]
    En 2015, l’effort des pays membres du Comité d’aide au développement de l’OCDE s’est établi en moyenne à 0,3 % de leur revenu national brut. Pour un historique éclairant de cet objectif des 0,7 %, voir Michael A. Clemens, Todd J. Moss, Ghost of 0.7 % : Origins and Relevance of the International Aid Target, Working Paper n°68, Washington, D.C., Center for Global Development, 2005.
  • [2]
    Robert O. Keohane, Marc A. Levy, Institutions for Environmental Aid : Pitfalls and Promise, Cambridge, The MIT Press, 1996.
  • [3]
    CCNUCC, Décision 2/CP.15, Copenhague, Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, 2009, paragr. 8.
  • [4]
    Smita Nakhooda, Taryn Fransen, Takeshi Kuramochi, et al., Mobilising International Climate Finance : Lessons from the Fast-Start Finance Period, Londres, Overseas Development Institute, 2013, p. 2.
  • [5]
    CCNUCC, Décision 2/CP.15, op. cit., paragr. 8.
  • [6]
    Roadmap to US$100 Billion, 2016 (http://dfat.gov.au/international-relations/themes/climate-change/Documents/climate-finance-roadmap-to-us100-billion.pdf). La conférence de Paris de décembre 2015 a prévu la poursuite de l’objectif de mobilisation annuelle de 100 milliards de dollars jusqu’en 2025 et l’établissement d’un objectif supérieur au-delà de cet horizon temporel. CCNUCC, Décision 1/CP.21, Paris, Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, 2015, paragr. 54.
  • [7]
    Ministère indien des Finances, Climate Change Finance, Analysis of a Recent OECD Report : Some Credible Facts Needed, Delhi, Ministry of Finance, Government of India, 2015 (http://pibphoto.nic.in/documents/rlink/2015/nov/p2015112901.pdf) ; J. Timmons Roberts, Romain Weikmans, « Postface : Fragmentation, Failing Trust and Enduring Tensions over What Counts as Climate Finance », International Environmental Agreements : Politics, Law and Economics, 17 (1), 2017, p. 129-137.
  • [8]
    Les enjeux de la production des statistiques en la matière dépassent la portée de cet article. Pour une introduction à ces questions, voir Romain Weikmans, J. Timmons Roberts, Jeffrey Baum, et al., « Assessing the Credibility of How Climate Adaptation Aid Projects Are Categorised », Development in Practice, 27 (4), 2017, p. 458-471.
  • [9]
    Cette comparaison doit cependant être nuancée : l’engagement des pays développés à l’horizon 2020 vise en effet la mobilisation de financements provenant de sources publiques et privées, sans qu’aucune précision relative à leurs parts respectives n’ait été donnée.
  • [10]
    Lisa Schipper, « Conceptual History of Adaptation in the UNFCCC Process », RECIEL, 15 (1), 2006, p. 82-92.
  • [11]
    S. Nakhooda, T. Fransen, T. Kuramochi, et al., Mobilising International Climate Finance : Lessons from the Fast-Start Finance Period, op. cit., p. 11 ; OCDE-CPI, Le financement climatique en 2013-2014 et l’objectif des 100 milliards de dollars, Paris, Organisation de coopération et de développement économiques et Climate Policy Initiative, 2015, p. 21.
  • [12]
    OCDE, 2020 Projections of Climate Finance towards the USD 100 Billion Goal : Technical Note, Paris, Organisation de coopération et de développement économiques, 2016, p. 21.
  • [13]
    Mizan R. Khan, J. Timmons Roberts, « Adaptation and International Climate Policy », Wiley Interdisciplinary Reviews : Climate Change, 4 (3), 2013, p. 171-189.
  • [14]
    Dans la lignée des plus récents Rapports d’évaluation du GIEC (2012 ; 2014), le risque climatique est ici compris de façon générique comme la probabilité que surviennent des effets néfastes impulsés par le climat sur des individus, groupes sociaux, pays ou écosystèmes. GIEC, Special Report on Managing the Risks of Extreme Events and Disasters to Advance Climate Change Adaptation, Genève, Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, 2012 ; GIEC, Climate Change 2014. Impacts, Adaptation, and Vulnerability, Genève, Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, 2014.
  • [15]
    Cette hypothèse est reprise de Jean-David Naudet qui souligne que les diagnostics de la pauvreté, présentés sous forme d’analyses positives et résultant effectivement d’analyses de situations factuelles reflètent des positions normatives. Jean-David Naudet, « Les OMD et l’aide de cinquième génération : analyse de l’évolution des fondements éthiques de l’aide au développement », Afrique contemporaine, 218 (2), 2006, p. 144-146. Pour les besoins de notre argumentation, nous appliquons cette hypothèse aux diagnostics de situations de hauts niveaux de risque climatique.
  • [16]
    J. Timmons Roberts, Amy Bellone Hite, Nitsan Chorev, The Globalization and Development Reader : Perspectives on Development and Global Change, Oxford, Wiley Blackwell, 2015, p. 4-5 ; J.-D. Naudet, « Les OMD et l’aide de cinquième génération : analyse de l›évolution des fondements éthiques de l’aide au développement », art. cité, p. 141-174 ; Stuart Carr, Eilish McAuliffe, Malcolm MacLachlan, Psychology of Aid, Londres, Routledge, 1998, p. 24.
  • [17]
    Valentine van Gameren, Romain Weikmans, Edwin Zaccai, L’adaptation au changement climatique, Paris, La Découverte, 2014, p. 29.
  • [18]
    S. Carr, E. McAuliffe, M. MacLachlan, Psychology of Aid, op. cit. ; J.-D. Naudet, « Les OMD et l’aide de cinquième génération : analyse de l›évolution des fondements éthiques de l’aide au développement », art. cité.
  • [19]
    Jochen Hinkel, « Indicators of Vulnerability and Adaptive Capacity : Towards a Clarification of the Science-policy Interface », Global Environmental Change, 21 (1), 2011, p. 198-208 ; Sarah Wolf, Jochen Hinkel, Mareen Elisabeth Hallier, et al., « Vulnerability : A Meta-analysis of Definitions and Methodologies. A Clarification by Formalisation », International Journal of Climate Change Strategies and Management, 5 (1), 2013 p. 54-70.
  • [20]
    Programme des Nations unies pour le développement, Rapport mondial sur le développement humain 2007/08 : la lutte contre le changement climatique, un impératif de solidarité humaine dans un monde divisé, Paris, La Découverte, 2007 ; Banque mondiale, Rapport sur le développement mondial 2010 : changement climatique et développement, Paris, Pearson Education, 2010.
  • [21]
    Mick Kelly, Neil Adger, « Theory and Practice in Assessing Vulnerability to Climate Change and Facilitating Adaptation », Climatic Change, 47 (4), 2000, p. 325-352 ; Hans-Martin Füssel, « Vulnerability : A Generally Applicable Conceptual Framework for Climate Change Research », Global Environmental Change, 17 (2), 2007, p. 155-167 ; Karen O’Brien, Siri Eriksen, Lynn P. Nygaard, et al., « Why Different Interpretations of Vulnerability Matter in Climate Change Discourses », Climate Policy, 7 (1), 2007, p. 73-88.
  • [22]
    H. M Füssel, « Vulnerability : A Generally Applicable Conceptual Framework for Climate Change Research », art. cité.
  • [24]
    N. Adger, « Social Vulnerability to Climate Change and Extremes in Coastal Vietnam », World Development, 27 (2), 1999, p. 249-269.
  • [25]
    Plutôt que d’une réduction de la vulnérabilité, certains auteurs préfèrent parler d’une augmentation de la résilience, c’est-à-dire de « la capacité d’un système à absorber des perturbations tout en conservant sa structure de base et ses modes de fonctionnement » V. van Gameren, R. Weikmans, E. Zaccai, L’adaptation au changement climatique, op. cit., p. 24. L’exploration du concept de résilience dépasse cependant la portée de cet article.
  • [26]
    CCNUCC, Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, New York, 1992, art. 2.
  • [27]
    V. van Gameren, R. Weikmans, E. Zaccai, L’adaptation au changement climatique, op. cit.
  • [28]
    Lisa Schipper, Mark Pelling, « Disaster Risk, Climate Change and International Development : Scope for, and Challenges to, Integration », Disasters, 30 (1), 2006, p. 19-38.
  • [29]
    Laurence Tubiana, François Gemenne, Alexandre Magnan, Anticiper pour s’adapter : le nouvel enjeu du changement climatique, Paris, Pearson Education, 2010.
  • [30]
    Neil Adger, Jon Barnett, « Four Reasons for Concern about Adaptation to Climate Change », Environment and Planning A, 41 (12), 2009, p. 2800-2805.
  • [31]
    CCNUCC, Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, op. cit., art. 2.
  • [32]
    Roger Pielke, Gwyn Prins, Steve Rayner, et al., « Climate Change 2007 : Lifting the Taboo on Adaptation », Nature, 445 (7128), 2007 p. 597-598 ; Lisa Schipper, Maria Paz Cigarán, Merilyn McKenzie Hedger, L’adaptation au changement climatique : le nouveau défi pour le développement dans le monde en développement, New York, Programme des Nations unies pour le développement, 2008.
  • [33]
    R. Pielke, « Misdefining “Climate Change” : Consequences for Science and Action », Environmental Science & Policy, 8 (6), 2005, p. 550.
  • [34]
    GIEC, Changements climatiques 1990 : rapport de synthèse, Genève, Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, 1990.
  • [35]
    GIEC, Bilan 2001 des changements climatiques : rapport de synthèse, Genève, Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, 2001.
  • [36]
    Jessica Ayers, David Dodman, « Climate Change Adaptation and Development I : The State of the Debate », Progress in Development Studies, 10 (2), 2010, p. 161-168.
  • [37]
    Stephen Schneider, « What Is “Dangerous” Climate Change ? », Nature, 411 (6833), 2001, p. 17-19 ; Brian O’Neill, Michael Oppenheimer, « Dangerous Climate Impacts and the Kyoto Protocol », Science, 296 (5575), 2002, p. 1971-1972.
  • [38]
    Roger Pielke, Daniel Sarewitz, « Bringing Society Back into the Climate Debate », Population and Environment, 26 (3), 2005, p. 255-268.
  • [39]
    Suraje Dessai, Neil Adger, Mike Hulme, et al., « Defining and Experiencing Dangerous Climate Change », Climatic Change, 64 (1-2), 2004, p. 11-25.
  • [40]
    Neil Adger, Suraje Dessai, Marisa Goulden, et al., « Are There Social Limits to Adaptation to Climate Change ? », Climatic Change, 93 (3-4), 2009, p. 335-354.
  • [41]
    CCNUCC, Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, op. cit., art. 1er. Il faut cependant noter que le premier Rapport d’évaluation du GIEC adoptait une définition similaire à celle de la CCNUCC. GIEC, Changements climatiques 1990 : rapport de synthèse, op. cit., art. 1er.
  • [42]
    GIEC, Changements climatiques 1995 : rapport de synthèse, Genève, Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, 1995, p. 21 ; GIEC, Bilan 2001 des changements climatiques : rapport de synthèse, op. cit., p. 80 ; GIEC, Bilan 2007 des changements climatiques : rapport de synthèse, Genève, Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, 2007, p. 77 ; GIEC, Special Report on Managing the Risks of Extreme Events and Disasters to Advance Climate Change Adaptation, op. cit., p. 557 ; GIEC, Climate Change 2014. Impacts, Adaptation, and Vulnerability, op. cit., p. 1760.
  • [43]
    James Hansen, Makiko Sato, Andrew Lacis, et al., « Climate Forcings in the Industrial Era », Proceedings of the National Academy of Sciences, 95 (22), 1998, p. 12753-12758 ; R. Pielke, « Overlooked Issues in the U.S. National Climate and IPCC Assessments », Climatic Change, 52 (1), 2002, p. 1-11.
  • [44]
    H. M. Füssel, « Vulnerability : A Generally Applicable Conceptual Framework for Climate Change Research », art. cité, p. 163.
  • [45]
    V. van Gameren, R. Weikmans, E. Zaccai, L’adaptation au changement climatique, op. cit.
  • [46]
    GIEC, Bilan 2007 des changements climatiques : rapport de synthèse, op. cit., p. 89.
  • [47]
    GIEC, Special Report on Managing the Risks of Extreme Events and Disasters to Advance Climate Change Adaptation, op. cit., p. 4.
  • [48]
    V. van Gameren, R. Weikmans, E. Zaccai, L’adaptation au changement climatique, op. cit., p. 26-27.
  • [49]
    Ce changement de définition a pourtant alimenté des débats passionnés entre les auteurs du Special Report on Managing the Risks of Extreme Events and Disasters to Advance Climate Change Adaptation (op. cit.), comme nous l’a rapporté Mark Pelling (un des « coordinating authors » de ce rapport du GIEC) en octobre 2014.
  • [50]
    Dans son Rapport spécial, le GIEC indique : « Reflétant les progrès accomplis par la science, l’évolution de la compréhension du problème du changement climatique et la diversité croissante des milieux scientifiques ayant participé à l’élaboration des Rapports du GIEC, certaines définitions centrales pour la compréhension de la question de l’adaptation ont évolué au fil des Rapports ». Special Report on Managing the Risks of Extreme Events and Disasters to Advance Climate Change Adaptation, op. cit., p. 4. Il était en revanche fait référence à ce changement dans le brouillon du cinquième Rapport d’évaluation du GIEC : « Le concept de vulnérabilité mis en avant dans le SREX [Rapport spécial sur la gestion des risques de catastrophes et de phénomènes extrêmes pour les besoins de l’adaptation au changement climatique] va au-delà de la définition proposée dans les Rapports d’évaluation précédents dans le sens où il se centre davantage sur les êtres humains et sur la vulnérabilité des éléments sociaux et culturels, ainsi que sur les biens économiques et physiques. Le SREX peut être crédité d’avoir rapproché les deux définitions de la vulnérabilité utilisées par les communautés des catastrophes et du changement climatique (…). En définissant la vulnérabilité, le SREX met explicitement en avant le contexte social de la vulnérabilité et donc sa valeur “prédictive”, considérant aussi la vulnérabilité comme indépendante des événements physiques ». Ce texte n’apparaît cependant pas dans la version définitive du cinquième Rapport d’évaluation. GIEC, Climate Change 2014. Impacts, Adaptation, and Vulnerability, op. cit.
  • [51]
    Il est en effet fait référence à ce terme à de nombreuses reprises dans le texte de la CCNUCC et dans les décisions des Conférences des Parties. L’article 4.4 de la CCNUCC, en particulier, appelle les pays développés à aider les pays en développement « particulièrement vulnérables » à faire face au coût de leur adaptation aux effets néfastes du changement climatique.
  • [52]
    R. Weikmans, « Dimensions éthiques de l’allocation du financement international de l’adaptation au changement climatique », VertigO, 16 (2), 2016, p. 1-32.
  • [53]
    FEM, Clarification on the Concept of Additional Costs of Adaptation to Climate Change, Washington, D.C., Fonds pour l’environnement mondial, 2012.
  • [54]
    Jessica Ayers, Saleemul Huq, « Supporting Adaptation to Climate Change : What Role for Official Development Assistance ? », Development Policy Review, 27 (6), 2009, p. 675-692.
  • [55]
    M. Kelly, N. Adger, « Theory and Practice in Assessing Vulnerability to Climate Change and Facilitating Adaptation », art. cité.
  • [56]
    J. Ayers, D. Dodman, « Climate Change Adaptation and Development I : The State of the Debate », art. cité.
  • [57]
    R. Weikmans, Le financement international de l’adaptation au changement climatique : quelle vision de l’aide au développement ?, Bruxelles, Université libre de Bruxelles, 2015, p. 133.
  • [58]
    R. Weikmans, « Le rôle de la coopération au développement dans le financement international de l’adaptation », dans Arnaud Zacharie (dir.), La nouvelle géographie du développement. Coopérer dans un monde en mutation, Bruxelles, Éditions Le Bord de l’Eau, 2016, p. 175-185.
  • [59]
    La rédaction de cet article a été rendue possible grâce au soutien financier de la Belgian American Educational Foundation et de l’Université libre de Bruxelles (bourse de recherche Mini-ARC). L’auteur tient à remercier Lucas Demuelenaere, François Gemenne, Étienne Hannon, Jean-Paul Ledant, Philippe Marbaix, Edwin Zaccai et Arnaud Zacharie pour leurs commentaires sur une version antérieure de cet article. L’auteur remercie également les évaluateurs anonymes de la revue Critique internationale pour leurs relectures avisées.

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