Notes
-
[1]
Véronique Nahoum-Grappe, « L’usage politique de la cruauté : l’épuration ethnique (ex-Yougoslavie, 1991- 1995), dans Françoise Héritier, De la violence I, Paris, Odile Jacob, 1996, p. 273-323 ; Raphaëlle Branche, « Des viols pendant la guerre d’Algérie », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 75, 2002, p. 123-132.
-
[2]
J. Robert Lilly, La Face cachée des GI’s : les viols commis par des soldats américains en France, en Angleterre et en Allemagne pendant la seconde guerre mondiale : 1942-1945, Paris, Payot, 2004.
-
[3]
Des cas de viols dans les camps de l’ANC en Afrique australe ont été rapportés. Témoignages recueillis par l’auteure lors d’enquêtes menées entre 2003 et 2006 en Afrique du Sud.
-
[4]
Cynthia H. Enloe, Does Khaki Become You? The Militarisation of Women’s Lives, Boston, South End Press, 1983, p. 10.
-
[5]
Sur les différentes théories féministes, voir Paige Whaley Eager, From Freedom Fighters to Terrorists. Women and Political Violence, Aldershot, Ashgate, 2008, p. 16.
-
[6]
C’est l’approche défendue dans l’introduction de Caroline O. N. Moser et Fiona C. Clark (eds), Victims, Perpetrators or Actors? Gender, Armed Conflict and Political Violence, Londres, New York, Palgrave Macmillan, 2001.
-
[7]
Reine guerrière berbère qui combattit les Omeyades en Afrique du Nord au VIIe siècle.
-
[8]
Unité d’élite chargée de la protection de Mouammar Khadafi, cette force militaire a pu servir de caution à l’engagement féministe du Guide de la Révolution. Annick Cojean révèle qu’une partie d’entre elles étaient réduites à l’état d’esclaves sexuelles du dirigeant libyen. Annick Cojean, Les proies : dans le harem de Khadafi, Paris, Grasset, 2012.
-
[9]
Jean-Clément Martin, « Travestissements, impostures et la communauté historienne. À propos des femmes soldats de la Révolution et de l’Empire », Politix, 74, 2006, p. 31-48.
-
[10]
En ce sens, les Conflict Studies et les Gender Studies ne dialoguent pas suffisamment. Les travaux portant sur les femmes combattantes posent rarement la question de leur efficacité, alors que cette dimension est essentielle dans l’analyse de la guerre.
-
[11]
Pauline Schmitt-Pantel, « La différence des sexes : histoire, anthropologie et cité grecque », dans Michelle Perrot (dir.), Une histoire des femmes est-elle possible ?, Paris, Rivages, 1984, p. 98-119.
-
[12]
Voir Assia Djebar, La femme sans sépulture, Paris, Albin Michel, 2002.
-
[13]
Néologisme aujourd’hui utilisé en Algérie.
-
[14]
Laura Sjoberg, Caron E. Gentry, Women, Gender and Terrorism, Athènes/Londres, The University of Georgia Press, 2011, p. 15.
-
[15]
Cindy Ness, « Introduction », dans C. Ness (ed.), Female Terrorism and Militancy: Agency, Utility, and Organization, Londres, Routledge, 2008, p. 4.
-
[16]
Ibid., p. 6.
-
[17]
Ibid., p. 16.
-
[18]
C. Ness, « In the Name of the Cause. Women’s Work in Secular and Religious Terrorism », dans C. Ness (ed.), Female Terrorism and Militancy: Agency, Utility, and Organization, op. cit., p. 24.
-
[19]
La direction des Brigades rouges était composée de 12 hommes et de 7 femmes. Cf. Luisella de Cataldo Neuberger, Tiziana Valentini, Women and Terrorism, New York, St Martin’s Press, 1996, p. 8. Quant à la Fraction armée rouge, Gudrun Ensslin et Ulrike Meinhof s’y sont imposées comme des leaders de premier plan. P. Whaley Eager précise que les femmes sont beaucoup moins nombreuses dans les mouvements néofascistes et n’accèdent pas aux postes de pouvoir. P. Whaley Eager, From Freedom Fighters to Terrorists. Women and Political Violence, op. cit., p. 71-91.
-
[20]
P. Whaley Eager, From Freedom Fighters to Terrorists. Women and Political Violence, op. cit., p. 29 et le texte de Camille Boutron dans ce dossier.
-
[21]
Carolina Vergel-Tovar, « Entre lutte armée et féminisme : les difficultés autour de la “double militance” pour les femmes en Colombie », communication à la journée d’étude intitulée « Les femmes dans les conflits armés », CERI, Paris, 12 mai 2011. L’ensemble de ce dossier fait suite à cette journée d’étude.
-
[22]
Jules Falquet, « Entre rupture et reproduction : femmes salvadoriennes dans la guerre révolutionnaire (1981-1992) », Nouvelles Questions féministes, 17 (2), 1996, p. 5-38.
-
[23]
Djamila Amrane, Les femmes dans la guerre d’Algérie, Paris, Plon, 1991.
-
[24]
Cécile Dauphin, Arlette Farge, De la violence et des femmes, Paris, Albin Michel, 1997, p. 11-12.
-
[25]
C. Dauphin, « Fragiles et puissantes, les femmes dans la société du XIXe siècle », dans ibid., p. 94.
-
[26]
Laura Sjoberg, Caron E. Gentry, Mothers, Monsters, Whores: Women’s Violence in Global Politics, Londres, Zed Books, 2007.
-
[27]
C. Dauphin montre qu’au XIXe siècle la jurisprudence fit preuve d’une indulgence particulière à l’égard des mères et des femmes enceintes. C. Dauphin, « Fragiles et puissantes, les femmes dans la société du XIXe siècle », cité, p. 94.
-
[28]
Dominique Godineau, « Citoyennes, boutefeux et furies de guillotine », dans C. Dauphin, A. Farge, De la violence et des femmes, op. cit., p. 33-49.
-
[29]
Ibid., p. 42.
-
[30]
Caron E. Gentry, Laura Sjoberg, « The Gendering of Women Terrorism », dans L. Sjoberg, C. E. Gentry, Women, Gender and Terrorism, op. cit., p. 57-80.
-
[31]
C’est l’approche de Barbara Victor dans Army of Roses: Inside the World of Palestinian Women Suicide Bombers, Emmaus/New York, Rodale Books, 2003 ou de Mia Bloom dans Dying to Kill. The Allure of Suicide Terror, New York, Columbia, University Press, 2005. Plus critique est Yoram Schweitzer dans « Palestinian Female Suicide Bombers: Virtuous Heroines or Damaged Goods? », dans C. Ness (ed.), Female Terrorism and Militancy: Agency, Utility, and Organization, op. cit., p. 131-145.
-
[32]
Coco Fusco, « Extension du domaine de la femme », dans C. Fusco, Petit Manuel de torture à l’usage des femmes-soldats, Paris, Les Prairies ordinaires, 2008, p. 25-96.
-
[33]
Nira Yuval-Davis, « Front and Rear: The Sexual Division of Labour in the Israeli Army », Feminist Studies, 11 (3), 1985, p. 656.
-
[34]
Lætitia Bucaille, Le pardon et la rancœur. Algérie-France, Afrique du Sud : peut-on enterrer la guerre ?, Paris, Payot, 2010, p. 180.
-
[35]
Luc Capdevila, « L’identité masculine et les fatigues de la guerre (1914-1945) », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 75, 2002, p. 97-108 ; L. Bucaille, « Armed Resistance and Self-Esteem: Ex-combatants in Palestine and South Africa », International Political Sociology, 5 (1), 2011, p. 52-67. Voir aussi le personnage américain du vétéran de la guerre du Vietnam dans le roman de Philip Roth, La tache, Paris, Gallimard, 2002.
-
[36]
Friedhelm Neidhardt, « Left-Wing and Right-Wing Terrorist Groups: A Comparison for the German Case », dans Donatella Della Porta, Social Movements and Violence: Participation in Underground Organizations, vol. 4, Greenwich, Conn., JAI Press, 1992, p. 219.
1 Les armées des États comptent de plus en plus de femmes et les mouvements de guérilla ou de libération nationale les intègrent parfois largement dans leurs rangs. Pourtant, la conduite de la guerre demeure un domaine essentiellement masculin. Que font alors les femmes dans la guerre ? Un certain nombre d’analyses laissent à penser qu’elles subissent la violence et la dureté des combats, sans jamais être elles-mêmes acteurs des conflits. Esseulées par le départ des hommes au front, elles luttent à l’arrière pour la survie de leur famille et pour préserver le foyer parfois menacé par l’intrusion de l’ennemi. Bien qu’elles soient le plus souvent à l’écart des champs de bataille, elles peuvent devenir les cibles privilégiées de la cruauté de l’ennemi. Le viol des femmes, en particulier, constitue une arme de guerre qui sert à la fois à humilier l’adversaire, à réaffirmer sa supériorité et à rompre l’ordre de la filiation dans le cadre d’une politique de nettoyage ethnique, de massacre ou de génocide [1]. La violence sexuelle à l’égard des femmes peut également se déployer de manière plus « résiduelle », soit de la part des forces armées occupantes, qu’elles soient ennemies ou alliées [2], soit au sein même du groupe combattant [3]. La spécificité de la répression sous sa forme sexuelle et les risques que les femmes encourent dans la guerre, à travers leur corps, constituent, aux yeux de la société concernée, des arguments essentiels contre leur engagement dans les conflits armés. Un certain nombre de travaux issus des études féministes considèrent que, même intégrées dans les organisations combattantes, les femmes n’accèdent pas à l’égalité et sont à nouveau victimes d’un ordre militaire hiérarchique, fondé sur la domination masculine [4]. Un autre courant de la littérature issu du féminisme différentialiste souligne et célèbre l’engagement féminin dans les mouvements pour la paix (Black Sash en Afrique du Sud, Madres de la Plaza de Mayo en Argentine, Women in Black en Israël). La surreprésentation des femmes dans ces organisations s’expliquerait par leur nature pacifique, leur capacité à établir des compromis et leur rejet de la violence, qualités liées à leur aptitude « à donner la vie » [5].
2 Ces différents regards sur les femmes dans les conflits contribuent à les maintenir dans un rôle de victimes par excellence de la guerre. Pourtant, ce sont aussi parfois des combattantes, des individus qui infligent une violence à l’adversaire [6]. Et si elles sont beaucoup moins nombreuses que les hommes, leur engagement ne peut se réduire à un phénomène de déviance ou de manipulation. Il est même persistant dans le temps et dans l’espace : de Jeanne d’Arc et Kahina [7] aux « Amazones » libyennes [8], en passant par les soldates, parfois travesties, des armées de la Révolution [9] et les républicaines espagnoles, ces femmes, figures mythiques mais souvent anonymes, montrent une détermination à se battre et une aptitude à se confronter à la brutalité et à la mort. Il convient donc de dégager quelques pistes pour comprendre dans quelles circonstances les femmes sont amenées à faire la guerre et comment elles la font. Tout en recourant à une perspective de genre, je ne m’y limiterai pas car je considère que l’objet est double : je tâcherai en effet de saisir ce que la conduite de la guerre révèle de la condition féminine et des rapports de genre et je m’interrogerai sur ce que l’étude des combattantes nous apprend sur les conflits [10].
Logiques de guerre : un éclairage à partir des femmes
3 La question des femmes dans les conflits armés n’est pas l’exclusive d’une démarche féministe ou d’une approche en termes de genre. Comme le rappelle Pauline Schmitt-Pantel dans son étude sur la différence des sexes dans l’Antiquité, la prise en compte par les historiens de « la place des femmes n’a pas forcément pour but une quelconque réhabilitation des femmes », mais, en analysant « l’ensemble des rôles assumés par les deux sexes », en saisissant leur articulation, on peut « en tirer toutes les conséquences pour l’interprétation du système social » [11]. De manière analogue, l’étude des parcours de femmes combattantes permet de mettre en relief certaines dynamiques du conflit, à savoir, d’une part, l’affaiblissement, voire la disparition de la frontière entre espace public et espace privé, d’autre part, les choix de recrutement des organisations combattantes s’inscrivant dans une stratégie plus large de conduite de la guerre.
4 Dans un certain nombre de conflits, les modes de combat clandestins propres aux mouvements de rébellion ou de libération nationale ainsi que les techniques de répression invasives de l’État ou de la puissance occupante diluent la notion de champ de bataille et envahissent la société. La frontière est alors ténue entre le monde des combattants et celui des civils, a fortiori lorsque la guerre s’installe dans la durée et pénètre à l’intérieur des foyers, où femmes, enfants et anciens ne sont alors plus à l’abri. À partir du moment où la guerre polarise la société, où la répression s’élargit aux groupes sociaux dont proviennent les rebelles, le nombre de recrues dans les rangs des combattants s’étend considérablement et inclut les femmes. Quand la vie devient précaire et la mort probable, rejoindre la lutte est une issue rationnelle, non seulement pour de plus en plus d’hommes mais aussi pour des femmes qui n’ont pas fait initialement le choix de l’engagement. Leur présence dans les rangs de la lutte, induite par l’irruption de la violence dans les foyers, renforce la porosité entre sphères publique et privée. Devenues combattantes, elles ne renoncent pas pour autant à leur rôle « naturel » en tant qu’épouse, gardienne du foyer et mère de famille ; elles circulent, lorsque cela est possible, entre les deux espaces, sans doute parce qu’il est plus coûteux pour elles – au moins sur le plan social – de délaisser ces fonctions pour s’engager et risquer leur vie [12]. Par ailleurs, étudier les parcours de femmes combattantes nous permet d’interroger les modes de recrutement des mouvements de rébellion ainsi que les significations que ceux-ci accordent à leur lutte, et d’explorer les relations qu’ils entretiennent avec la communauté politique qu’ils entendent représenter. Le recrutement des femmes répond, d’abord et souvent, à des considérations tactiques, parce qu’il permet de jouer sur les stéréotypes culturels auxquels elles renvoient. Agents de liaison, elles transmettent des messages, des armes, ravitaillent et hébergent les combattants, c’est-à-dire assument des missions essentielles mais restent confinées à un second rôle, discret, visant à apporter soutien et réconfort, tâches « féminines » par excellence. Elles peuvent aussi être sollicitées pour perpétrer des actions violentes : celles du Front de libération nationale (FLN) deviennent alors « bombistes » [13], celles du Sentier lumineux mettent à mort des civils, d’autres commettent des attentats suicides comme sous le commandement des Tigres tamouls (LTTE), du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) ou de groupes tchétchènes, et même au sein d’al-Qaida en Irak. En tant que femmes, elles sont censées déjouer la méfiance de l’ennemi, aussi bien celle des militaires qui exercent les contrôles que celle de leurs cibles. En Irlande du Nord, des mères grosses de leur progéniture à venir ou poussant des landaus masquent des militantes nationalistes transportant armes ou bombes. L’action terroriste repose essentiellement sur la ruse qui consiste ici à s’approprier les stéréotypes féminins en vigueur dans sa propre société et à les retourner contre l’adversaire.
5 Le recours aux femmes peut également se produire dans un contexte où les hommes font défaut soit parce qu’ils ont subi une sévère répression, soit parce qu’ils manquent à l’appel. Ainsi, les femmes tamoules et tchétchènes qui ont mené des attaques suicides l’ont fait notamment à cause d’une pénurie masculine. Quant au chef d’al-Qaida en Irak, son utilisation des stéréotypes culturels sur les femmes est à double détente : il s’agit dans un premier temps d’être plus efficace dans l’action terroriste, et dans un second temps de provoquer chez les hommes un sentiment de honte pour qu’ils se décident à rejoindre la lutte. Al-Zarqawi aurait ainsi doublé son recrutement [14].
La guerre émancipe-t-elle les femmes ?
6 Si les mouvements de rébellion ou de libération nationale ont bel et bien besoin des femmes, les femmes tirent-elles vraiment un bénéfice de leur participation au conflit ? Le fait de parvenir à surmonter une division sexuelle des tâches en devenant combattantes est-il pour elles une conquête ? Leur suffit-il d’infliger des violences à l’adversaire et par là même de transgresser des normes conventionnelles de genre pour s’émanciper au sein de leur propre société ? Enfin, et pour paraphraser Frantz Fanon, l’usage de la violence conduit-il la femme à se libérer de la domination qu’elle subit ?
7 Rares sont les signes qui nous indiquent que les droits féminins progressent dans les sociétés où les femmes perpétuent des actes terroristes ou qu’une égalité de genre existe à l’intérieur de l’organisation responsable de cette violence [15]. L’exemple le plus éloquent est celui des femmes kamikazes en Irak : recrutées parmi les proches de militants masculins, leur participation n’a rien changé à la structure de l’organisation, exclusivement masculine [16]. Des organisations laïques, comme le PKK ou le LTTE, qui comptent une part importante de militantes et qui ont envoyé un grand nombre de femmes commetttre des attentats suicides, n’ont guère promu de femmes à des postes de commandement [17]. En fait, ces mouvements veillent, eux aussi, à donner un sens acceptable à la violence des femmes, afin de préserver leur légitimité au sein de la société. Ils ne présentent pas l’acte brutal des combattantes comme un geste s’inscrivant dans une logique d’émancipation, ils lui confèrent au contraire un sens compatible avec les valeurs traditionnelles en vigueur : la combattante est chaste, pure, elle défend l’honneur du groupe et se sacrifie pour sa communauté. L’important est de ne pas entretenir l’idée selon laquelle le rôle des femmes dans la lutte armée pourrait déboucher sur un bouleversement de l’ordre social [18].
8 L’évaluation des gains et des pertes en termes de conquête des droits des femmes varie selon les organisations et selon la position de vainqueur ou de vaincu de ces dernières à l’issue du conflit. Comme l’explique Paige Whaley Eager, les mouvements d’extrême gauche implantés dans les pays occidentaux – par exemple Weather Underground aux États-Unis, Fraction armée rouge en Allemagne de l’Ouest, Brigades rouges en Italie – ont été réceptifs d’un point de vue idéologique aux théories féministes. Le pourcentage de femmes dans leurs rangs se situait entre 25 % et 50 %, et les militantes étaient nombreuses au sein de la direction de ces mouvements [19]. Comme le Sentier lumineux au Pérou, ces organisations se sont implantées à des périodes où les combats féministes se développaient et ont absorbé des femmes qui avaient été sensibilisées à cette cause [20]. Le temps du combat, qui a pu être vécu par les protagonistes comme une libération féministe, n’a été pourtant qu’une parenthèse que la défaite semble avoir refermée. Finalement, la figure de la femme violente n’a pas fait progresser la condition féminine dans la société. Au contraire, comme l’explique Camille Boutron au sujet du Pérou, la fin du conflit et la répression de l’État ont pour but de domestiquer à nouveau des femmes qui ont transgressé non seulement l’ordre social et politique mais aussi les normes conventionnelles de genre. En Colombie, les programmes de démobilisation du gouvernement s’adressent aux femmes de la guérilla en leur présentant un modèle de réinsertion centré sur la figure de la femme traditionnelle, épanouie dans sa famille et dans sa maternité [21].
9 Aux femmes qui appartiennent au camp victorieux se pose par ailleurs la question du caractère durable de leurs acquis dans la période d’après-guerre. Au Salvador, leur participation massive à la guérilla a modifié les rapports sociaux de sexe et leur a permis de s’imposer dans l’espace public, mais ces conquêtes demeurent fragiles et constamment menacées par les logiques patriarcales [22]. Quant aux mouvements de libération nationale qui utilisent les femmes pendant le conflit, il n’est pas rare qu’ils renoncent ensuite à leur appliquer le principe d’égalité et qu’ils renouent avec des conceptions traditionnelles. Le cas du FLN est à cet égard exemplaire puisque, malgré leur participation significative à la lutte contre la puissance coloniale, les femmes ont été exclues des positions politiques de pouvoir et, plus largement, de l’espace public dans l’Algérie indépendante. Le Code de la famille promulgué en 1984 les a même confinées à un statut de mineures à vie [23].
10 L’attitude des femmes peut être, elle aussi, ambiguë. Dans le testament vidéo qu’elle a laissé la veille de son attentat suicide, la jeune Palestinienne Ayat al-Akhras demandait : « Où sont les leaders arabes ? ». Sa question s’adressait à toute la communauté qu’elle tentait de sortir d’une supposée torpeur. Faut-il l’interpréter comme un processus d’individualisation et d’affirmation de soi ou au contraire comme le sacrifice d’une jeune femme qui cherche à réveiller la conscience des hommes en leur rappelant les valeurs traditionnelles ? L’engagement féminin dans la violence contient souvent cette part d’ambivalence. Or, si la complexité des motivations de l’acteur demeure parfois impénétrable pour le chercheur, les enquêtes permettent de révéler le statut des combattantes au sein des organisations et parfois de dévoiler la domination masculine masquée derrière un discours égalitariste. C’est notamment ce que font Orna Sasson-Levy et Edna Lomsky-Feder pour l’armée israélienne ainsi qu’Olivier Grojean pour le PKK.
Douceur, fragilité et sexualité : l’impossible banalisation des femmes combattantes ?
11 L’engagement récurrent des femmes dans la guerre, l’intérêt que leur portent les mouvements de libération nationale ou de rébellion, les changements opérés par les armées nationales pour incorporer davantage de femmes dans leurs rangs… Ces différentes réalités n’aboutissent-elles pas à ce que les femmes soient des combattants comme les autres ? Trois types d’arguments s’opposent à cette banalisation.
12 Le premier est l’idée ancrée dans les représentations sociales d’une incompatibilité fondamentale entre féminité et violence. Il existe même des réticences, notamment chez une partie des féministes, à étudier ce lien. « Comment penser la violence des femmes alors que la violence sur les femmes est de loin la plus manifeste, la plus établie et qu’elle éclate atrocement lors des guerres d’hier et de maintenant ? » interrogent des spécialistes de l’histoire des femmes, qui s’intéressent néanmoins à la manière dont « les sociétés vivent, pensent et imaginent la violence féminine tandis qu’elles exercent simultanément de la violence sur les femmes » [24].
13 La brutalité des femmes choque parce qu’elle heurte les représentations communes qui les associent à la vulnérabilité. Du coup, lorsque la femme frappe, tue ou torture, « le délit apparaît d’autant plus odieux qu’il émane de l’être fragile par excellence » [25]. Parce que les sociétés imposent aux femmes de contrôler leur corps et leurs pulsions, le fait qu’elles aient recours à la violence est le plus souvent interprété en termes de déviance. Laura Sjoberg et Caron Gentry montrent que les femmes qui commettent des actes de violence pendant les conflits armés sont identifiées soit comme des « mères » qui protègent leur progéniture, soit comme des « monstres », personnages dont la déviance est poussée à son paroxysme, soit comme des « putains » qui basculent dans la brutalité pour satisfaire un manque sexuel ou pour plaire aux hommes [26]. Qu’elle soit criminelle ou politique, la violence des « mères » qui veulent défendre ou venger leurs enfants est tolérée socialement [27]. En revanche, les femmes qui combattent pour d’autres raisons ou qui délaissent leurs enfants pour rejoindre la lutte risquent d’être considérées comme monstrueuses. Dans le commentaire ou l’analyse, c’est le registre de la transgression qui domine. Ainsi, la mémoire révolutionnaire accorde une place démesurée à la « violence féminine » qui serait à l’origine des insurrections ; il semble que ce regard se soit forgé parce que l’engagement des femmes dans l’espace public était lui-même une atteinte à l’ordre social [28].
14 L’allusion au caractère sexuel du comportement des femmes est récurrent : « Les femmes provoquent, excitent » [29]. L’intérêt suscité par les femmes terroristes, qu’il s’agisse de la Palestinienne Leila Khaled, des membres de la Fraction armée rouge, Ulrike Meinhof et Gudrun Ensslin, ou encore de la militante de l’Irish Republican Army (IRA) Marion Coyle, porte avant tout sur leur sexualité : la violence qu’elles déploient s’inscrirait dans un processus de « libération sexuelle », leur cruauté aurait quelque chose à voir avec le fait qu’elles auraient été soumises sexuellement à un homme [30]. Les études consacrées aux jeunes femmes palestiniennes auteures d’attentats suicides les décrivent comme des femmes « déficientes », divorcées, stériles ou adultères, et écartent la question de la conviction politique qui sous-tend l’acte [31]. Que le recours à la violence soit pour une femme un acte rationnel se heurte donc à de très fortes réticences, y compris parmi ceux qui l’étudient et qui sont plutôt enclins à examiner chez les militantes l’affectivité, le profil psychologique et l’univers relationnel. Ces éléments sont bien sûr à prendre en compte, mais ils concernent tout autant les hommes qui rejoignent le combat. S’il convient d’étudier les différences entre les sexes, il est également nécessaire d’observer les similarités.
15 Coco Fusco a renouvelé l’analyse sur la question des femmes, du sexe et de la violence. En s’intéressant aux sévices sexuels qu’infligent les femmes soldates américaines aux prisonniers soupçonnés d’être des terroristes islamistes, elle montre comment les attributs sexuels de la femme qui caractérisent d’ordinaire sa vulnérabilité sont retournés en objets de puissance face à un ennemi auquel on prête un certain nombre de phobies culturelles ou religieuses. En incarnant le stéréotype de la « dominatrice occidentale émancipée par un capitalisme amoral », la militaire américaine peut humilier sexuellement un combattant présumé d’al-Qaida. L’auteure du Petit Manuel de torture à l’usage des femmes-soldats montre comment l’archétype de la douceur et de l’innocence féminine conduit l’opinion publique américaine à négliger la violence que constitue l’usage de la sexualité féminine planifié par l’institution militaire, à laquelle les soldates consentent et adhèrent parfois [32].
16 Le deuxième argument renvoie aux capacités physiques des femmes. Le fait de les écarter de la conduite de la guerre ne tient-il pas essentiellement à l’idée ou au constat que leurs aptitudes physiologiques ne leur permettent pas d’avoir l’endurance et les compétences physiques nécessaires à cette mission ? Autrement dit, les femmes sont-elles capables de combattre ? Ou plutôt sont-elles capables de combattre aussi efficacement que les hommes ? Ce sont souvent les hommes qui décident de la présence des femmes au front et certains s’opposent à leur intrusion dans le monde combattant. O. Grojean relève ainsi que les militants du PKK se plaignent de l’attitude des femmes qui se révèlent « trop lentes, trop faibles et émotives » lors des marches. De manière similaire, dans la lutte qui a précédé la création d’Israël, la présence de femmes dans les groupes armés pouvait être mal vécue par les hommes [33]. Or, si l’on peut convenir de moindres capacités physiques chez les femmes, force est de reconnaître que ce sont parfois la ruse, la dissimulation et la ténacité qui sont nécessaires dans une série de répertoires d’action. Et qu’une guerre qui repose de plus en plus sur des procédés technologiques et requiert donc de moins en moins de force physique de la part de ses combattants est d’autant plus accessible aux femmes.
17 La vulnérabilité des femmes tient cependant au fait qu’elles sont exposées à une répression qui les vise spécifiquement à travers leur corps. La perspective d’une torture qui laisse des traces physiques et mentales durables ainsi que le risque de « perdre son honneur » qui rend la réinsertion sociale impossible fonctionnent comme des freins à l’engagement. Les femmes algériennes qui ont rejoint le FLN évoquent parfois leurs difficultés à se marier ou à rester en couple [34] ; en Afrique, en Amérique latine, il n’est pas rare que les femmes engagées dans la guérilla ne trouvent pas de conjoint parce qu’elles se sont écartées du modèle féminin idéal. Dans les territoires palestiniens, la répression d’ordre sexuel a visé les femmes et dissuadé nombre d’entre elles de s’engager, mais Stéphanie Latte Abdallah montre que les militantes ont retourné le stigmate et mis en avant leur corps souffrant comme preuve de leur capacité à résister. Son étude démontre que même dans des sociétés où valeurs traditionnelles et religieuses continuent de marquer l’ordre social, il est possible que les significations accordées à l’héroïsme et à la victimisation évoluent, modifiant par là même l’idée d’une vulnérabilité caractérisant les femmes. Au demeurant, les hommes peuvent être, eux aussi, traumatisés par les tortures et les sévices sexuels qu’ils ont subis ou qu’ils ont eux-mêmes infligés aux autres. Cette souffrance psychique entrave leur capacité à se réaliser en tant qu’hommes, maris et pères [35]. Il est utile de le rappeler : la guerre abîme les femmes et les hommes.
18 Le troisième obstacle est celui du sexe. La vraie question est-elle celle de la femme et de la conduite de la guerre ou celle de l’irruption de la sexualité dans la guerre ? La réticence à intégrer les femmes ne tient-elle pas aux problèmes que soulève la cohabitation entre combattants et combattantes, dimension qui renverrait moins à la question de l’égalité qu’à celle de la sexualité ?
19 Lorsque les femmes endossent le rôle de combattantes, leur présence dans les rangs produit une situation de mixité qui débouche sur la nécessité d’une régulation de l’économie sexuelle. Certes, celle-ci s’impose également dans des univers exclusivement masculins, mais elle est beaucoup moins centrale et souvent ignorée par les organisations combattantes. En revanche, lorsque femmes et hommes montent au front côte-à-côte, les institutions organisent le partage des tâches, établissent la hiérarchie et fixent aussi les règles des relations sexuelles et matrimoniales. Que celles-ci soient tolérées, autorisées à certaines conditions ou carrément interdites, l’idée de leur possibilité demeure. Or cette idée n’est-elle pas perçue comme une perturbation de la discipline combattante ? Si le sexe et l’amour détournent du combat, affaiblissent l’efficacité des combattants, la présence des femmes dans les rangs nuit alors à la conduite de la guerre. Les organisations révolutionnaires ou nationalistes mettent en avant la nécessité du sacrifice de soi, excluant de fait la possibilité de faire coïncider aspirations politiques en termes d’engagement pour une cause et aspirations individuelles en termes de bien-être et de construction de soi.
20 Cependant, il est possible d’examiner l’hypothèse inverse, à savoir que les opportunités sexuelles provoquées par la mixité constituent une ressource pour les combattant(e)s, en leur procurant plaisir et réconfort. La mise à disposition par les armées de bordels militaires de campagne ou de « centres de délassement » témoigne de la volonté des institutions de maintenir « le moral des troupes ». Il est également possible de considérer que la forte intégration affective et sexuelle au sein de la RAF a contribué à la solidité du groupe [36]. Quoi qu’il en soit, la question des effets de la sexualité sur la conduite de la guerre est posée, et les textes réunis ici abordent d’une manière ou d’une autre sa prise en compte par les organisations. O. Grojean montre l’important dispositif de régulation énoncé et mis en place par la direction du PKK pour organiser la cohabitation des combattants des deux sexes, construction fragile qui repose sur une tentative d’annihilation de toute individualité (et donc de toute sexualité) aussi bien masculine que féminine. Au détour du texte d’O. Sasson-Levy et E. Lomsky-Feder, le phénomène du harcèlement sexuel au sein de l’armée israélienne apparaît, soulevant la question de la position et de la fonction des femmes au sein de l’institution. Enfin, S. Latte Abdallah montre comment, de manière inattendue, ce sont les femmes prisonnières, militantes islamistes, qui revendiquent au sein de la prison le droit à une vie conjugale et sexuelle. ?
Notes
-
[1]
Véronique Nahoum-Grappe, « L’usage politique de la cruauté : l’épuration ethnique (ex-Yougoslavie, 1991- 1995), dans Françoise Héritier, De la violence I, Paris, Odile Jacob, 1996, p. 273-323 ; Raphaëlle Branche, « Des viols pendant la guerre d’Algérie », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 75, 2002, p. 123-132.
-
[2]
J. Robert Lilly, La Face cachée des GI’s : les viols commis par des soldats américains en France, en Angleterre et en Allemagne pendant la seconde guerre mondiale : 1942-1945, Paris, Payot, 2004.
-
[3]
Des cas de viols dans les camps de l’ANC en Afrique australe ont été rapportés. Témoignages recueillis par l’auteure lors d’enquêtes menées entre 2003 et 2006 en Afrique du Sud.
-
[4]
Cynthia H. Enloe, Does Khaki Become You? The Militarisation of Women’s Lives, Boston, South End Press, 1983, p. 10.
-
[5]
Sur les différentes théories féministes, voir Paige Whaley Eager, From Freedom Fighters to Terrorists. Women and Political Violence, Aldershot, Ashgate, 2008, p. 16.
-
[6]
C’est l’approche défendue dans l’introduction de Caroline O. N. Moser et Fiona C. Clark (eds), Victims, Perpetrators or Actors? Gender, Armed Conflict and Political Violence, Londres, New York, Palgrave Macmillan, 2001.
-
[7]
Reine guerrière berbère qui combattit les Omeyades en Afrique du Nord au VIIe siècle.
-
[8]
Unité d’élite chargée de la protection de Mouammar Khadafi, cette force militaire a pu servir de caution à l’engagement féministe du Guide de la Révolution. Annick Cojean révèle qu’une partie d’entre elles étaient réduites à l’état d’esclaves sexuelles du dirigeant libyen. Annick Cojean, Les proies : dans le harem de Khadafi, Paris, Grasset, 2012.
-
[9]
Jean-Clément Martin, « Travestissements, impostures et la communauté historienne. À propos des femmes soldats de la Révolution et de l’Empire », Politix, 74, 2006, p. 31-48.
-
[10]
En ce sens, les Conflict Studies et les Gender Studies ne dialoguent pas suffisamment. Les travaux portant sur les femmes combattantes posent rarement la question de leur efficacité, alors que cette dimension est essentielle dans l’analyse de la guerre.
-
[11]
Pauline Schmitt-Pantel, « La différence des sexes : histoire, anthropologie et cité grecque », dans Michelle Perrot (dir.), Une histoire des femmes est-elle possible ?, Paris, Rivages, 1984, p. 98-119.
-
[12]
Voir Assia Djebar, La femme sans sépulture, Paris, Albin Michel, 2002.
-
[13]
Néologisme aujourd’hui utilisé en Algérie.
-
[14]
Laura Sjoberg, Caron E. Gentry, Women, Gender and Terrorism, Athènes/Londres, The University of Georgia Press, 2011, p. 15.
-
[15]
Cindy Ness, « Introduction », dans C. Ness (ed.), Female Terrorism and Militancy: Agency, Utility, and Organization, Londres, Routledge, 2008, p. 4.
-
[16]
Ibid., p. 6.
-
[17]
Ibid., p. 16.
-
[18]
C. Ness, « In the Name of the Cause. Women’s Work in Secular and Religious Terrorism », dans C. Ness (ed.), Female Terrorism and Militancy: Agency, Utility, and Organization, op. cit., p. 24.
-
[19]
La direction des Brigades rouges était composée de 12 hommes et de 7 femmes. Cf. Luisella de Cataldo Neuberger, Tiziana Valentini, Women and Terrorism, New York, St Martin’s Press, 1996, p. 8. Quant à la Fraction armée rouge, Gudrun Ensslin et Ulrike Meinhof s’y sont imposées comme des leaders de premier plan. P. Whaley Eager précise que les femmes sont beaucoup moins nombreuses dans les mouvements néofascistes et n’accèdent pas aux postes de pouvoir. P. Whaley Eager, From Freedom Fighters to Terrorists. Women and Political Violence, op. cit., p. 71-91.
-
[20]
P. Whaley Eager, From Freedom Fighters to Terrorists. Women and Political Violence, op. cit., p. 29 et le texte de Camille Boutron dans ce dossier.
-
[21]
Carolina Vergel-Tovar, « Entre lutte armée et féminisme : les difficultés autour de la “double militance” pour les femmes en Colombie », communication à la journée d’étude intitulée « Les femmes dans les conflits armés », CERI, Paris, 12 mai 2011. L’ensemble de ce dossier fait suite à cette journée d’étude.
-
[22]
Jules Falquet, « Entre rupture et reproduction : femmes salvadoriennes dans la guerre révolutionnaire (1981-1992) », Nouvelles Questions féministes, 17 (2), 1996, p. 5-38.
-
[23]
Djamila Amrane, Les femmes dans la guerre d’Algérie, Paris, Plon, 1991.
-
[24]
Cécile Dauphin, Arlette Farge, De la violence et des femmes, Paris, Albin Michel, 1997, p. 11-12.
-
[25]
C. Dauphin, « Fragiles et puissantes, les femmes dans la société du XIXe siècle », dans ibid., p. 94.
-
[26]
Laura Sjoberg, Caron E. Gentry, Mothers, Monsters, Whores: Women’s Violence in Global Politics, Londres, Zed Books, 2007.
-
[27]
C. Dauphin montre qu’au XIXe siècle la jurisprudence fit preuve d’une indulgence particulière à l’égard des mères et des femmes enceintes. C. Dauphin, « Fragiles et puissantes, les femmes dans la société du XIXe siècle », cité, p. 94.
-
[28]
Dominique Godineau, « Citoyennes, boutefeux et furies de guillotine », dans C. Dauphin, A. Farge, De la violence et des femmes, op. cit., p. 33-49.
-
[29]
Ibid., p. 42.
-
[30]
Caron E. Gentry, Laura Sjoberg, « The Gendering of Women Terrorism », dans L. Sjoberg, C. E. Gentry, Women, Gender and Terrorism, op. cit., p. 57-80.
-
[31]
C’est l’approche de Barbara Victor dans Army of Roses: Inside the World of Palestinian Women Suicide Bombers, Emmaus/New York, Rodale Books, 2003 ou de Mia Bloom dans Dying to Kill. The Allure of Suicide Terror, New York, Columbia, University Press, 2005. Plus critique est Yoram Schweitzer dans « Palestinian Female Suicide Bombers: Virtuous Heroines or Damaged Goods? », dans C. Ness (ed.), Female Terrorism and Militancy: Agency, Utility, and Organization, op. cit., p. 131-145.
-
[32]
Coco Fusco, « Extension du domaine de la femme », dans C. Fusco, Petit Manuel de torture à l’usage des femmes-soldats, Paris, Les Prairies ordinaires, 2008, p. 25-96.
-
[33]
Nira Yuval-Davis, « Front and Rear: The Sexual Division of Labour in the Israeli Army », Feminist Studies, 11 (3), 1985, p. 656.
-
[34]
Lætitia Bucaille, Le pardon et la rancœur. Algérie-France, Afrique du Sud : peut-on enterrer la guerre ?, Paris, Payot, 2010, p. 180.
-
[35]
Luc Capdevila, « L’identité masculine et les fatigues de la guerre (1914-1945) », Vingtième Siècle. Revue d’histoire, 75, 2002, p. 97-108 ; L. Bucaille, « Armed Resistance and Self-Esteem: Ex-combatants in Palestine and South Africa », International Political Sociology, 5 (1), 2011, p. 52-67. Voir aussi le personnage américain du vétéran de la guerre du Vietnam dans le roman de Philip Roth, La tache, Paris, Gallimard, 2002.
-
[36]
Friedhelm Neidhardt, « Left-Wing and Right-Wing Terrorist Groups: A Comparison for the German Case », dans Donatella Della Porta, Social Movements and Violence: Participation in Underground Organizations, vol. 4, Greenwich, Conn., JAI Press, 1992, p. 219.