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Article de revue

Au-delà du corps-machine : l'expérience extrême du sujet hospitalisé

Pages 61 à 75

Notes

  • [1]
    Flamant C., Chevalier J.-Y., Costil J., Hallalel F., Nolent P., Renolleau S., Service de réanimation néonatale et pédiatrique, hôpital d’enfants Armand-Trousseau, Paris, « Soins de l’enfant sous AREC ou ECMO » (2003), Cahiers de la puériculture, n°171, pp. 31-35.
  • [2]
    Freud S., L’inquiétante étrangeté et autres essais, (1919), trad. B. Feron, (1ère édition dans cette collection :1988), coll. « Folio/Essais », Gallimard, 2004, p. 215.
  • [3]
    Ibid., p. 213.
  • [4]
    Ibid., p. 234.
  • [5]
    Anzieu D., Monjauze M., Francis Bacon ou le portrait de l’homme désespécé (1993), L’aire/Archimbaud, 1994, p. 5.
  • [6]
    Ibid.
  • [7]
    Soljenitsyne A., Le pavillon des cancéreux (1968), coll. « Pocket », Julliard, 2004, p. 104.
  • [8]
    Beckett S., Comment c’est, (1961), Minuit, Paris, 1992. 717171
  • [9]
    Brun D., L’enfant donné pour mort (nouvelle édition remaniée), coll. « Remise en Question », éd. Eshel, 2001,193 p.
  • [10]
    Perec G., W ou le souvenir d’enfance (1975), 1993, coll. « L’imaginaire Gallimard », Denoël, 2006, p. 145.
  • [11]
    De Courcelles D., « Stigmates : argument », in Cahiers de l’Herne, Stigmates, l’Herne, Paris 2001, pp. 11-15, p. 12.
  • [12]
    Laufer L., « L’événement traumatique. Une transe mélancolique et silencieuse » (2005), Psychologie clinique, Penser, rêver, créer, op. cit., p. 148.
  • [13]
    Ibid.
  • [14]
    Ibid., p. 154.
  • [15]
    Dolto F., La cause des enfants (1985), Robert Laffont, Paris, 1991, p. 391-392.
  • [16]
    Ibid., p. 388.
  • [17]
    Ibid., p. 391-392.
  • [18]
    Ibid., p. 254.

1A l’hôpital, le corps se donne à voir dans tous ses états. Grâce aux progrès scientifiques sans cesse croissants, des avancées techniques permettent de sauver de plus en plus de vies. Pour cela, on déploie autour et sur le corps du patient de nombreux dispositifs de soin de plus en plus perfectionnés et performants. Deux terrains cliniques nous permettront d’illustrer notre propos : celui d’un service de cancérologie d’une part, où le corps malade se donne à voir comme cible de divers soins et traitements, et de façon singulière en tant que, notamment par la chirurgie, il apparaît comme « réparable ». La réanimation néonatale, d’autre part, sauve la vie de nombre de nouveau-nés minuscules en proie à des états de grande précarité physique, en déployant sur leur corps un arsenal médical qui les relie à d’impressionnantes machines. L’aspect saisissant de l’appareillage de ces corps n’est pas sans venir soulever un certain nombre d’interrogations, concernant tant le sujet confronté à la vue de ces corps malades, que le patient pris lui-même dans ces dispositifs. En effet, si cet environnement singulier fait partie du quotidien du personnel soignant, pour un sujet profane en matière médicale, la plongée dans un tel univers n’est pas sans susciter de vives réactions lors de la découverte de ces sujets hospitalisés. C’est ainsi souvent le cas pour les familles des patients, mais aussi pour le clinicien qui, en tant qu’observateurs, se trouvent frappés par la vision de ces corps bardés d’appareillages, pouvant donner lieu à divers mouvements psychiques. Par ailleurs, qu’en est-il du sujet hospitalisé lui-même ? Nous nous intéresserons à ces divers dispositifs déployés sur des sujets pris dans un régime d’intrusion et de sur-stimulation sensorielle continuelle, qui viennent soulever la question des implications éthiques ainsi que des potentielles retombées psychiques de ce vécu précoce sur leur développement.

LE CORPS HOSPITALISÉ : EFFRACTION SENSORIELLE POUR LE SUJET OBSERVATEUR

2Ces services médicaux donnent à voir des corps malades, des corps altérés, décharnés, minuscules, déformés. Pour un sujet extérieur à l’univers médical, cette vision interpelle, trouble, souvent choque. Plus singulièrement, à l’hôpital, le regard se porte nécessairement au-delà de l’enveloppe charnelle même, en ce sens que le corps n’y est pas dissociable de l’environnement dans lequel il se trouve pris, cet univers hospitalier, impliquant les différents appareillages qui se déploient autour mais aussi sur et à l’intérieur même du corps.

3La rencontre du sujet cancéreux hospitalisé s’inscrit en premier lieu dans cette atmosphère singulière bourdonnant de sollicitations sensorielles inconnues. L’ouïe, l’odorat, sont saturés, le service étant baigné d’un fond sonore continu, d’alarmes, de signaux, mais aussi d’odeurs âcres et insidieuses. Pourtant, c’est principalement au niveau du regard, que le sujet extérieur au domaine médical se trouve immédiatement frappé, percuté par l’exposition de ces corps altérés, méconnaissables, donnés à voir, et qui choquent, surtout en tant qu’ils se trouvent pris dans de singuliers dispositifs.

4En effet, à l’hôpital, le corps malade ne peut s’appréhender autrement que comme ciblé, criblé même, par toutes sortes de « tuyaux » à la fonction difficile à identifier pour le profane. Le traitement du cancer implique la mise en œuvre de lourds traitements, tant sur les plans physique que psychique. Alité, le patient est souvent assisté par divers moyens médicaux. Perfusions continues, sondes urinaires, anales, gastriques, lardent le corps de leurs dards aiguisés. Chimiothérapie, radiothérapie ; le corps devient la cible de ces produits et appareillages qui tentent de le guérir. Mais paradoxalement, ces actes destinés à soigner le corps peuvent s’avérer en eux-mêmes douloureux, violents, effractants. Prises de sang, radiographies, scanner, ponctions, attaquent le corps de leurs assauts répétés, le laissant épuisé, meurtri. Par ailleurs, le corps est parfois également l’objet d’interventions chirurgicales. Il est alors incisé, ouvert, découpé. On procède à l’ablation de certaines zones altérées. Parfois, on réalise même des ajouts : on fixe des broches, des agrafes, on greffe de nouveaux morceaux de peau. Reconstructions. Chirurgie réparatrice. Ablations. Implants. Afin de repousser toujours plus loin les limites de la vie, le corps semble soumis, telle une machine, à des « réparations » toujours plus performantes, tel une mécanique aux rouages de mieux en mieux maîtrisés.

5De façon assez similaire, la découverte d’un service de réanimation néonatale saisit l’observateur. Là aussi, c’est principalement la dimension visuelle de cet environnement qui vient percuter le sujet, dont la vue se trouve assaillie par un inquiétant arsenal d’appareillages déployés sur les corps souvent inertes de nouveau-nés minuscules. La plupart nus, allongés et souvent maintenus immobiles, ces bébés apparaissent pour la première fois au regard extérieur comme les proies miniatures d’un entrelacs saisissant d’écrans, de fils et de sondes prenant tous pour cible ces corps qui semblent si dérisoirement petits au milieu de ces broussailles ultra-technicisées. L’un de ces dispositifs notamment, déployé pour les cas les plus graves, frappe immanquablement le sujet observateur. Il met en œuvre sur le corps du nouveau-né un appareillage extrêmement lourd et perfectionné, dont la rareté n’a d’égale que l’immense détresse physique du nourrisson. Ultime recours lorsqu’une ventilation mécanique conventionnelle s’avère insuffisante pour les cas particulièrement sévères, il s’agit d’un dispositif ultra-technique d’Assistance Respiratoire Extracorporelle (appelée AREC ou ECMO [1], selon les spécificités de l’installation), qui implique une dépendance totale de l’enfant à un appareil destiné à remplacer artificiellement les poumons naturels insuffisamment développés ou infectés, en assurant l’oxygénation du sang qui passe alors dans un système externe au corps. Afin de permettre la circulation du sang, celui-ci sort, est oxygéné puis réinjecté dans le corps du bébé par l’intermédiaire d’une canule placée dans son cou, permettant au sang d’entrer dans la veine (jugulaire interne) ou l’artère (carotide). Cette technique de soin, considérée comme celle de la dernière chance, et de fait parmi les plus lourdes, implique de maintenir l’enfant dans un coma artificiel, et ne peut être prolongée plus de quelques semaines sans courir le risque de causer certains dommages fonctionnels ou cérébraux à l’enfant.

L’INQUIÉTANTE ÉTRANGETÉ, LE DOUBLE : IDENTIFICATION

6La vue d’un tel arsenal ne peut laisser indifférent le sujet observateur. Ainsi « branché » à une machine, le nouveau-né, souvent prématuré, intubé, sédaté, immobilisé, convoque ici de façon saisissante un sentiment dérangeant quant à la présence, dont on manquerait douter, de la vie en lui. Les appareils et ventilateurs qui lui permettent de respirer secouent son corps, qui sans cela resterait inerte, de mouvements mécaniques et artificiels, conférant ainsi à celui-ci l’apparence effrayante d’une marionnette inanimée à laquelle seules ces machines seraient capables d’insuffler un irréel semblant de vie. Cette vue vient convoquer ainsi massivement la notion freudienne d’inquiétante étrangeté, cette « variété particulière de l’effrayant qui remonte au depuis longtemps connu, depuis longtemps familier » [2], et qui ressortit à « ce qui suscite l’angoisse et l’épouvante » [3]. Freud souligne ainsi l’idée selon laquelle on peut voir « une condition particulièrement propice à la production de sentiments d’inquiétante étrangeté dans le fait qu’est suscitée une incertitude intellectuelle quant à savoir si quelque chose est animé ou inanimé, et que l’inanimé pousse trop loin sa ressemblance avec le vivant » [4].

7Mais au-delà du malaise convoqué par le sentiment d’inquiétante étrangeté, face à ces petits êtres « branchés » à des machines, comme face aux sujets cancéreux, c’est surtout lui-même que le sujet observateur contemple. Car difficile de ne pas s’identifier à ces corps alités, mouvement psychique spontané qui saisit l’observateur. Dans ces corps abîmés, le sujet observateur, en miroir, se reconnaît. En tant que projection fantasmatique de son propre corps, celui de l’autre constitue un double, dans l’acception freudienne de ce terme. Il vient ainsi concrétiser, dans la réalité, ses propres angoisses relatives à l’altération fantasmée de son corps, et lui renvoie comme en miroir sa propre destruction potentielle.

PÉTRIFICATION PSYCHIQUE : LES REPRÉSENTATIONS FANTASMATIQUES SOUS-JACENTES

8Face à ces corps, c’est donc surtout la terreur qui saisit le sujet observateur. Les mots manquent. Le réel de ces enveloppes charnelles effractées, manipulées, mécanisées, qui se donne à voir, envahit tout le champ de la perception, sature l’espace psychique d’un trop de corps qui saute au visage et provoque l’effroi. Les œuvres du peintre Francis Bacon, par la force des atteintes corporelles qu’elles dépeignent, illustrent, cela offrant une expression particulièrement représentative de cette terreur qui saisit l’observateur et venant interroger de façon frappante la question du double. En un temps soudain figé, face à ces toiles, comme à ces corps « branchés », l’observateur se trouve heurté, pétrifié. « Prostration de l’esprit. Vacillement de la perception. […] Effroi. Appels muets au secours. [...]. Chocs redoublés, à la tête, au ventre, par la surface de tout le corps. Hurlements des victimes rendus visibles mais inaudibles. Arrêts sur image, bande son débranchée » [5]. Devant ce spectacle, un mouvement d’identification à ces corps intrusés semble faire ressentir à l’observateur, dans son corps même, la violence de ce que ses yeux contemplent. En effet, « c’est son reflet que le visiteur voit sur la toile » [6], de façon d’autant plus frappante ici que les tableaux de Francis Bacon sont recouverts de vitres, plaçant ainsi le sujet qui contemple le tableau face à son propre reflet superposé, confondu, identifié à ces figures, à ces corps d’épouvante.

9Pourtant, la massivité du mouvement défensif de gel psychique pouvant avoir lieu face à cette réalité insupportable laisse supposer que l’aspect visuel seul de ces corps pris dans ces dispositifs effrayants ne suffit pas à justifier la sidération. Face au corps abîmé, le sujet ne se confronte pas seulement à une image, si violente et angoissante soit-elle. Mais alors, que rencontre-t-il ? Par quoi les affects suscités chez le sujet observateur, à la vue de ces corps appareillés, peuvent-ils être sous-tendus ? Au regard de certains témoignages recueillis auprès de proches des patients au sein de ces services, est venue à jour l’idée selon laquelle la violence que recèle la vue de ces corps extrêmes serait de nature à venir convoquer chez le sujet observateur certaines représentations fantasmatiques, parfois conscientes, le plus souvent insues.

LE PARADOXE DES SOINS : LES TRAITEMENTS COMME « TORTURE »

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« Alors, à travers ce carré de peau de ventre que rien ne protégeait, puis à travers des tissus intermédiaires, à travers des organes, dont leur possesseur le premier ignorait le nom, à travers le corps de la tumeur, tapie comme un crapaud, à travers l’estomac ou l’intestin, à travers le sang qui parcourait veines et artères, à travers la lymphe, à travers les cellules, à travers la colonne vertébrale et les vertèbres, à travers de nouvelles couches de tissus, des vaisseaux et la peau du dos, puis à travers la couchette, les lattes de quatre centimètres du plancher, à travers doubleaux et hourdis, et plus loin, plus loin encore, s’enfonçant dans les fondements de la pierre et dans la terre se déversèrent les rayons X durs, vecteurs vibrants des champs électrique et magnétique, difficilement concevables pour l’esprit humain, ou encore plus intelligibles à l’homme, projectiles-quanta, qui déchiquetaient et criblaient tout sur leur passage ». [7]

11L’aspect visuel de ces dispositifs médicaux pousse en effet au fantasme, dans ce lieu singulier où la réalité semble déjà dépasser la fiction. Au chevet de son bébé branché en AREC, suspendu entre la vie et la mort, un jeune père, le regard vide, d’un ton où perçaient fascination et incrédulité mêlées, disait : « J’ai l’impression qu’ils font des expériences sur eux… ». Ici parvenus jusqu’à la conscience, c’est bien précisément dans ce registre que certains fantasmes semblent pouvoir se trouver convoqués, plus fréquemment sur un mode inconscient.

12Pris dans ces dispositifs de soin, ces corps perforés, analysés, branchés peuvent sembler, pour l’observateur, devenus objets de science. Par la violence visuelle et corporelle qu’ils recèlent, les divers traitements peuvent en effet paradoxalement venir évoquer certaines images d’expériences médicales. Le corps apparaît comme la proie de cet arsenal scientifique, de ces protocoles thérapeutiques mystérieux, fantasmatique d’autant plus massive que renforcée par des croyances populaires, la plupart des sujets, profanes en matière médicale, ne possédant qu’un bagage minime de connaissance à ce sujet. Même les dispositifs destinés à soulager la douleur et limiter les effets secondaires des traitements semblent eux-mêmes venir renforcer ces fantasmes. Ainsi en est-il par exemple du casque réfrigérant qui, pour les patients cancéreux, au cours des traitements de chimiothérapie, vise à endiguer la chute des cheveux. Paradoxalement destiné à améliorer le bien-être du patient, cet outil n’en est pas moins inconfortable et douloureux, épreuve qui vient s’ajouter à l’angoisse déjà générée par les croyances relatives à la violence de la chimiothérapie.

13Sur le plan du fantasme, ces situations semblent ainsi parfois pouvoir venir convoquer des images de torture. Dans cette idée, les traitements semblent se trouver assimilés, dans un registre imaginaire, à des sévices corporels, où la position du patient prendrait les traits de celle d’une « victime ». En effet, l’hospitalisation implique pour le patient une dépossession de son corps propre, qui le mène à devoir renoncer, parfois totalement, à son contrôle sur ce qui lui est pourtant le plus intime. Il se trouve alors, dans un registre fantasmatique, « à la merci » des soignants qui, sur son corps devenu objet de soin, déploient leur arsenal scientifique.

LE RAPPORT SOIGNANT-SOIGNÉ COMME RELATION BOURREAU-VICTIME : LA QUESTION DU SADISME

14Filant cette métaphore fantasmatique pouvant avoir cours chez le sujet observateur, le pendant actif de cette position passive de « patient-victime » serait donc celle du corps soignant, prenant les traits d’un « bourreau ». Le corps-objet du patient deviendrait ainsi la cible des pulsions agressives et destructrices de ce dernier, au sein d’un rapport corps soigné-corps soignant devenant fantasmatiquement une relation victime-bourreau. Ces fantasmes inconscients transparaissent parfois à travers le discours, ainsi que ce fut le cas chez un proche d’un patient hospitalisé en cancérologie, brandissant comme une « preuve » le dossier médical de ce dernier : « je vais vous montrer ce qu’ils lui ont fait », nous dit-il, ce « ils » énigmatique semblant évoquer inconsciemment l’œuvre sadique de tortionnaires fantasmés.

15Les positions de victime et de bourreau appellent l’idée d’un sujet, en position passive, confronté à l’action d’un autre, le couple activité-passivité étant d’abord pensé dans l’œuvre freudienne au sein du couple d’opposés sadisme-masochisme. Au regard des propos avancés plus haut, la situation d’hospitalisation du patient hospitalisé semble en réalité mettre en scène deux types de couple actif-passif : d’une part, la relation corps soignant-corps soigné, pouvant être fantasmée par le sujet observateur comme une relation victime-bourreau ; mais aussi, le couple formé par le patient et l’observateur lui-même, patient passif sur lequel, fantasmatiquement, le sujet observateur pose son regard actif. En cela, le corps soignant se trouverait à double titre dans cette position active, à la fois en tant que prodiguant des soins et traitements, mais aussi en tant que voyeur, venant se confronter activement à la vue du corps malade hospitalisé, position qui vient ainsi convoquer sur ces deux plans, dans un registre inconscient, la dimension du sadisme.

16Cependant, ainsi que le souligne Freud, le sadisme ne peut s’appréhender indépendamment de son corollaire passif, ces deux opposés venant ainsi constituer comme les deux faces d’une même médaille. En cela, la position du sujet actif, sadique, recèle également une dimension de passivité masochiste, par identification à la position du patient qui, afin de lier la charge d’excitation insupportable portée par la douleur, peut en venir, de façon inconsciente, à investir psychiquement les parties lésées de son corps comme des zones érogènes.

17Inhérente à cette position de soignant mais se trouvant, par l’exercice même de cette profession, sublimée, la dimension du sadisme vient ici mettre en lumière la nature nécessairement ambivalente de tout rapport de soin. Par ailleurs, cette dimension sadique se trouve intimement liée à la pulsion d’emprise, et de façon d’autant plus évidente dans ce registre médical où l’aggravation et le décès d’un patient confrontent le soignant à son inacceptable impuissance, venant ainsi engager le risque de l’acharnement thérapeutique.

18Sadisme et masochisme intriqués à la pulsion d’emprise viennent en réalité réactualiser de façon régressive chez les protagonistes de cette situation de soin, la phase sadique-anale du développement au cours de laquelle ils font leur apparition. Cette période de l’organisation psychique voit également se développer les pulsions scopique et épistémophilique, particulièrement convoquées ici chez le sujet actif, soignant ou non, placé en position d’observateur, révélant ici, au sein de ce couple soignant-soigné, un autre couple actif-passif dans l’opposition voyeurisme-exhibitionnisme.

19Les plaisirs sadique et scopique pris dans cette position active d’observation du corps malade et impuissant viennent alors convoquer la question de la culpabilité qui leur est intimement liée, et pointer par la même l’ambivalence de cette position d’observateur. Pour le sujet extérieur au domaine médical, la satisfaction de la pulsion scopique s’assouvit dans cette position qui le place en tant que spectateur de la relation de soin, relation pouvant être fantasmée, ainsi que nous l’avons vu, comme impliquant un certain plaisir sadique, et à laquelle il participe par ailleurs inconsciemment par identification.

PULSION SCOPIQUE ET RÉACTUALISATION TRAUMA-TIQUE DE LA SCÈNE PRIMITIVE

20La position dans laquelle se trouve alors le sujet observateur n’est pas sans venir rappeler singulièrement une autre expérience, celle de l’enfant précocement confronté à la scène primitive. Souvent très jeune, observateur, actif et passif, l’enfant s’y trouve spectateur du coït parental, scène qui lui laisse une impression durable et serait perçue par lui comme impliquant un certain sadisme et la dimension de la castration. Face au corps hospitalisé qui sidère, en tant que symptôme des sévices infligés fantasmatiquement par le corps médical, pourrait ainsi se trouver réactualisée dans l’effroi pour le sujet observateur, cette expérience traumatique infantile : à la fois subissant extérieurement et passivement ce « spectacle », tout en y prenant inconsciemment, mais non sans une certaine culpabilité, un plaisir voyeuriste actif, le sujet se ferait spectateur de cette relation soigné-soignant fantasmée comme une relation victime-bourreau, réactualisant l’angoisse de castration face aux mutilations qu’arbore le corps malade. Cette torture fantasmée vient également interroger dans ce contexte les limites de l’humain, questionnement souvent convoqué chez les proches des patients en évoquant, face à ce spectacle, le traitement infligé au corps des sujets déportés dans les camps de concentration. Martyrisé par les expériences médicales, corps humain devenu matière, que l’on transporte, que l’on brûle, corps « chiffon », corps « désespécé », ainsi que l’évoque ce mot-valise créé par Samuel Beckett [8], qui vient regrouper en un même vocable ces dimensions du corps humain mis à mal dans son intégrité : désespéré, dépecé, dépossédé, « désespacé », au sens de ce qui a perdu son appartenance à l’espèce humaine ; pour le sujet observateur, le corps hospitalisé, intrusé, « mécanisé », terrifie, et vient toucher aux limites de l’humain.

GRANDIR APRÉS AVOIR VÉCU AVEC UN CORPS-MACHINE : LE DEVENIR PSYCHIQUE DU SUJET

21Derrière cette enveloppe corporelle, centre de l’attention soutenue des soignants, derrière ce réel d’un corps perdant presque parfois son apparence humaine, et qui vient envahir tout l’espace psychique du sujet qui le regarde, se pose alors la question essentielle du vécu propre au sujet ainsi appareillé, perforé, branché. Les conditions même de l’hospitalisation plongent le sujet dans un état singulier : alité, souvent immobilisé, assisté parfois jusque dans les gestes les plus intimes, le sujet se voit souvent régresser à une impuissance difficilement supportable. Affaibli, soumis, exproprié, pour ainsi dire, de son corps, relié à des appareillages indispensables à sa survie, le patient se trouve plongé dans un état de passivité qui vient le mettre à mal, pouvant parfois entraîner certains passages à l’acte visant à mettre un terme, par l’anéantissement corporel même, à un effondrement psychique et une mise à mal de l’économie pulsionnelle causés par cette position singulière pouvant être vécue comme traumatique.

22Qu’en est-il également pour les nouveau-nés hospitalisés, des conséquences de cette « mécanisation » de leur corps dans les tout débuts de leur existence ? La mise en œuvre de ces techniques médicales hautement sophistiquées vient en effet soulever certains questionnements relatifs aux retombées psychiques effectives de ces installations pour ces enfants. Reliée à ces machines, l’enveloppe corporelle du bébé est intrusée, irritée, son rôle de pare-excitation saturé, mis à mal. La peau devient zone de souffrance. L’hyper stimulation sensorielle, auditive, olfactive, et surtout tactile, à laquelle ces nouveau-nés se trouvent livrés, vient altérer les sens et instaurer un rapport perverti au corps, notamment aux zones érogènes, les orifices corporels se trouvant, entre autres, sollicités de façon intrusive et ininterrompue, entraînant un renversement fonctionnel : par le nez passe par un tuyau l’air du respirateur, mais également la sonde de gavage pour la nourriture, détournée de la bouche qui, elle, n’est plus – et n’a par ailleurs jamais été, pour ces nouveau-nés dont ce vécu constitue la première expérience de vie sur terre – la zone de plaisirs sensoriels liée à l’alimentation, ni celle de l’expression de sons, l’intubation neutralisant les cordes vocales dans la trachée. De fait, tout plaisir oral se voit ici entravé, venant soulever un certain nombre de questions relatives aux risques potentiels de complications ultérieures dans le développement de l’enfant, notamment sur le plan de l’alimentation et du développement du langage. De même, la douleur, bien que réduite autant que possible, s’instaure au fil de ces premiers temps de vie comme une sensation corporelle permanente, imprégnant chaque instant. Quant aux soins, suite à une naissance souvent précipitée venue faire effraction dans la linéarité du temps intra-utérin, ils établissent une temporalité particulière, marquée par la rupture et la discontinuité du rythme des machines, venant ainsi interroger les potentielles retombées psychiques ultérieures de ces stimulations incessantes, qui viennent laisser dans l’inscription du temps chez le nourrisson, normalement régulée au sein de la relation au premier objet maternel, une empreinte déformante qui risque d’être durable. Marqué par la sur-stimulation corporelle continue et la mécanisation précoce des rythmes, le corps érogène semble mis à mal, pris dans ce vécu précoce chaotique qui vient potentialiser le risque du développement d’un rapport mélancolique à un corps mis à mal dans son économie pulsionnelle.

23Certains phénomènes viennent pointer de façon particulièrement violente les risques inhérents à ces expériences précoces de « mécanisation » du corps. Ainsi ces bébés dont l’état de santé s’améliore après avoir vécu les premières semaines de leur vie branchés à une machine qui pourvoit à chacun de leurs besoins, et qui, leur état de santé s’étant amélioré, lorsque celle-ci est enlevée, meurent, contre toute attente, sous le regard incrédule d’une équipe médicale désemparée. En effet, pour un nouveau-né n’ayant connu comme seule expérience que le bruit des machines, l’hyper-stimulation sensorielle de l’environnement médical et le contact des sondes et tuyaux s’introduisant dans son corps, quelque chose de l’environnement primaire est venu se constituer pour lui dans le même temps que les soins médicaux, où les machines de réanimation assurent un holding mécanique venant paradoxalement pour lui en position d’Autre. En dépit de conditions somatiques favorables à l’arrêt des machines, la séparation d’avec ce qui est venu constituer son environnement précoce, et donc vital, vient pour lui comme séparation d’avec un Autre maternel dont l’absence le laisse en proie à une détresse telle qu’elle peut venir annihiler en lui la possibilité même de vivre. Par ailleurs, cette question vient interroger la nature de la structuration du lien mère-enfant des tout premiers temps, et du développement ultérieur de celui-ci, souvent marqué pour la mère par ce passage traumatique où l’enfant fut vécu comme « donné pour mort » [9].

24Comment, alors, ne pas s’interroger à propos des incidences de ce vécu sur la structuration psychique du sujet, pour qui cet environnement précoce singulier vient soulever de façon inquiétante la question de troubles psychopathologiques ultérieurs pouvant venir s’actualiser chez l’enfant grandissant ?

CORPS-MACHINE DES PREMIERS TEMPS : LE MARQUAGE INDELEBILE DU CORPS

25La présence de ces machines, notamment lorsqu’elle vient marquer les tout débuts de l’existence, vient également engager d’autres interrogations quant au développement ultérieur du sujet. En effet, certains de ces appareils, lorsqu’ils peuvent enfin être retirés, laissent sur le corps de l’enfant des marques indélébiles. C’est le cas de l’AREC, dispositif de réanimation évoqué plus haut. Lorsqu’il est débranché, le corps du nouveau-né garde la marque, qui se transformera en cicatrice, de l’ouverture maintenue parfois des semaines durant dans la chair par les tuyaux s’introduisant dans son cou. Cette marque singulière, à la forme un peu étoilée, l’accompagnera désormais tout au long de sa vie, unique reste corporel de ce vécu précoce marqué par l’absence de trace mnésique consciente de ces premiers temps irreprésentables.

26Qu’en est-il, alors, du développement ultérieur de l’enfant qui grandit désormais avec ce mystérieux marquage corporel d’un événement dont, hormis les récits qu’on lui en fera, il ne sait rien ? Cette marque restera-t-elle tel un corps étranger, parasite insensé de son enveloppe charnelle, ou viendra-t-elle étayer un possible travail psychique ? En l’absence de souvenir, les fantasmes risquent de foisonner chez l’enfant, comme tentative de rendre figurable un vécu inscrit dans les profondeurs inconscientes. Cette marque gravée dans la chair risque alors de venir incarner en négatif un blanc, une absence d’image menaçant de venir mettre à mal le processus d’individuation du sujet.

LA CICATRICE : SURVIVANCE TRAUMATIQUE, FIGURABILITÉ PSYCHIQUE

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« La cicatrice qui résulta de cette agression est encore aujourd’hui parfaitement marquée. Pour des raisons mal élucidées, cette cicatrice semble avoir eu pour moi une importance capitale :
elle est devenue une marque personnelle, un signe distinctif […] »[10]

28Marque sur le corps à l’endroit même de la déchirure de la chair, la cicatrice vient en premier lieu laisser une empreinte de l’expérience traumatique vécue par le sujet. Elle constituerait en cela une sorte de preuve, venant témoigner, incarner, littéralement et corporellement, le traumatisme psychique lié à cette effraction physique. Dans ce contexte, la cicatrice peut également avoir valeur de stigmate. Dans le registre religieux dans lequel elles trouvent leur contexte originaire d’expression, ces marques miraculeuses sur le corps rappelant les cinq blessures du Christ donnent à voir la manifestation de Dieu, par essence irreprésentable. Ainsi, « le corps marqué et souffrant de l’empreinte divine, coupé, blessé, stigmatisé, suppose l’institution d’un régime paradoxal de visualité, puisque le divin est incommensurable, indicible, inconnaissable, tout autre, que l’on soit en religion juive, musulmane ou chrétienne » [11]. En tant que stigmate, la cicatrice viendrait ainsi porter à la visibilité, sur le corps même, l’irreprésentable de l’expérience traumatique vécue. C’est cependant en tant que trace de l’événement sur le corps que la cicatrice peut alors parfois venir paradoxalement permettre la subjectivation de l’événement traumatique. En effet, « la condition de possibilité de l’oubli est la trace » [12]. Afin que l’expérience subie puisse être intégrée au sein de l’histoire du sujet, elle doit pouvoir être refoulée. Cependant, cet oubli exige qu’une trace vienne garantir son inscription psychique. En cela, la marque de la cicatrice dans la chair devient « empreinte qui donne corps à la mémoire » [13], garante de l’inscription dans l’histoire du sujet de cet événement pouvant dès lors être relégué au rang inconscient. La cicatrice semble ainsi pouvoir être pensée comme « lieu du stigmate, un lieu d’entre-lieu, entre le charnel et le symbolique », devenant alors « l’événement de survivance qui donne à l’indicible de l’événement traumatique une matière corporelle » [14]. Le corps devient support organique du vécu traumatique, physique mais aussi psychique, lui offrant par-là même une visibilité.

29Dans les meilleurs des cas, un retour ultérieur sur les lieux de l’hospitalisation peut parfois constituer pour l’enfant l’occasion d’accéder à des représentations de ses premiers temps de vie, coupant ainsi court au fantasme, souvent plus terrifiant. Ainsi, la cicatrice peut devenir point d’ancrage dans le corps pour un travail de figurabilité psychique de l’événement, dans l’après-coup, en venant dès lors incarner symboliquement l’événement. L’expérience inconsciente que le sujet peut désormais s’approprier vient ainsi s’inscrire dans son histoire, devenant élément constitutif de son identité.

AU-DELA DU CORPS-MACHINE : UN ESPACE POUR LE SUJET

30

« Un être humain, c’est un humain dès le premier jour, donc c’est un être de parole dès le début » [15].

31De tels phénomènes viennent ainsi pointer cette dimension psychique inhérente à toute avancée scientifique, notamment pour ces premières générations d’enfants qui bénéficient aujourd’hui de ces dispositifs médicaux. Ils impliquent un questionnement éthique, relatif notamment au coût humain et psychique de ces traitements. A quel prix, en effet, faut-il maintenir en vie un enfant, à quel degré son existence ne restera-t-elle pas indélébilement marquée de cette expérience traumatique sur laquelle il s’est construit dans les tout premiers temps de sa vie ? Françoise Dolto pointait déjà les conséquences alarmantes de ces vécus précoces sur ces enfants : « Comme il n’y a plus de mortalité infantile, le corps survit, mais à force de ne considérer que lui, la relation symbolique a été méconnue comme aussi importante que le corps, on l’a étêtée, éradiquée parfois, d’où les pré-psychoses, expression inconsciente de détresse psychique chez les enfants précoces et sensibles dont la santé physique a tenu, médicalement assistée ou non » [16]. Ce point crucial vient aujourd’hui interroger les limites de la science, qui situent ces traitements médicaux sur la crête trop étroite qui sépare la survie de l’acharnement thérapeutique.

32Auprès de ces corps appareillés, bébés, enfants, comme adultes, il incombe alors au clinicien de ménager un espace d’accueil où, garant d’une écoute réceptive qui soit dégagée de la captation visuelle exercée par le réel de ces corps terrifiants, la parole du sujet, livré à un vécu psychique extrême causé par ces expériences effractrices de dépendance aux machines, puisse advenir, dans ce qu’elle a de plus douloureux, de plus insupportable, mais aussi dans ce qu’elle a de plus humain. En cela, le clinicien est celui qui vient attester de la présence du sujet désirant et de son incroyable capacité, au-delà du réel du corps, aussi appareillé soit-il, à pouvoir témoigner, même dans les situations suscitant l’horreur, de son vécu intérieur.

33Pour ces nouveau-nés, dissimulés derrière des broussailles ultra-technicisées qui les feraient presque oublier, tenter de nous frayer un passage à travers elles pour aller à leur rencontre est aussi notre rôle de clinicien. Notre présence auprès d’eux, l’échange des regards, le toucher, parfois, peuvent venir apaiser des angoisses, maintenir un contact avec un monde qui parfois, en raison de la douleur omniprésente, risque d’être désinvesti. Plus encore, elle peut être une manière d’instaurer un lien qui passe également par la parole, notre parole qui, ainsi que le démontrait Françoise Dolto dans la richesse de sa pratique, même avec les tout petits, permet l’accès de l’enfant à une vérité à laquelle il a droit, à travers une parole en cela vitalisante, qui l’inscrit dans le circuit du désir. Ainsi, disait-elle, « un être humain, c’est un humain dès le premier jour, donc c’est un être de parole dès le début » [17], soulignant ainsi le fait que « ce n’est pas parce qu’il n’émet pas des paroles que le petit enfant ne les réceptionne pas : si les finesses incluses dans le langage lui échappent encore, il en appréhende le sens grâce à son intuition directe de la personne qui lui parle, quelle que soit la langue qu’elle emploie pour s’adresser à lui. Il comprend les langues parce qu’il comprend la langue de la relation affective à sa personne, et des relations de vie ou de mort qui l’entourent » [18].

34Il nous appartient ainsi peut être d’adresser à ces bébés une parole qui nomme l’expérience, une parole trop souvent manquante ou considérée comme dérisoire. En tant que clinicien, travailler avec ces sujets en devenir ouvre devant nous de nouveaux champs cliniques qui, derrière les pionniers ayant déjà frayé cette voie, appellent à ce jour, et particulièrement dans de tels lieux, à être toujours plus loin explorés. Ils nous poussent à laisser se déployer en nous une créativité dans le contact avec ces nourrissons, une mobilité active à la manière de Winnicott, afin d’aller au plus près de ces sujets si petits mais pourtant bien là pour ressentir la détresse, et un besoin, à la même mesure, de contact humain. C’est au travers d’un langage corporel que ces bébés nous interpellent, et qu’il nous faut essayer d’entendre et de sentir leurs éprouvés. C’est aussi et surtout à travers notre parole à nous, parole apaisante mais aussi parole créatrice, qui nomme, les choses, les événements vécus et en cours, les affects de chacun, des parents, des soignants, les nôtres propres, que nous pouvons reconnaître en eux ces sujets et soutenir leur désir de vivre, souvent mis à mal par ces débuts de vie traumatiques, et que notre parole peut contribuer à humaniser.

BIBLIOGRAPHIE

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Mots-clés éditeurs : Observateur, Corps appareillé, Relation soignant- soigné, Sadisme, Fantasme, Trace

Date de mise en ligne : 01/09/2007

https://doi.org/10.3917/cpsy.044.0061

Notes

  • [1]
    Flamant C., Chevalier J.-Y., Costil J., Hallalel F., Nolent P., Renolleau S., Service de réanimation néonatale et pédiatrique, hôpital d’enfants Armand-Trousseau, Paris, « Soins de l’enfant sous AREC ou ECMO » (2003), Cahiers de la puériculture, n°171, pp. 31-35.
  • [2]
    Freud S., L’inquiétante étrangeté et autres essais, (1919), trad. B. Feron, (1ère édition dans cette collection :1988), coll. « Folio/Essais », Gallimard, 2004, p. 215.
  • [3]
    Ibid., p. 213.
  • [4]
    Ibid., p. 234.
  • [5]
    Anzieu D., Monjauze M., Francis Bacon ou le portrait de l’homme désespécé (1993), L’aire/Archimbaud, 1994, p. 5.
  • [6]
    Ibid.
  • [7]
    Soljenitsyne A., Le pavillon des cancéreux (1968), coll. « Pocket », Julliard, 2004, p. 104.
  • [8]
    Beckett S., Comment c’est, (1961), Minuit, Paris, 1992. 717171
  • [9]
    Brun D., L’enfant donné pour mort (nouvelle édition remaniée), coll. « Remise en Question », éd. Eshel, 2001,193 p.
  • [10]
    Perec G., W ou le souvenir d’enfance (1975), 1993, coll. « L’imaginaire Gallimard », Denoël, 2006, p. 145.
  • [11]
    De Courcelles D., « Stigmates : argument », in Cahiers de l’Herne, Stigmates, l’Herne, Paris 2001, pp. 11-15, p. 12.
  • [12]
    Laufer L., « L’événement traumatique. Une transe mélancolique et silencieuse » (2005), Psychologie clinique, Penser, rêver, créer, op. cit., p. 148.
  • [13]
    Ibid.
  • [14]
    Ibid., p. 154.
  • [15]
    Dolto F., La cause des enfants (1985), Robert Laffont, Paris, 1991, p. 391-392.
  • [16]
    Ibid., p. 388.
  • [17]
    Ibid., p. 391-392.
  • [18]
    Ibid., p. 254.

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