Notes
- (1)René Cagnat, « Kirghizstan 2006. Une démocratie menacée », Le courrier des pays de l’Est, n° 1059, janvier-février 2007, pp. 145-157.
- (2)Ainsi l’opposant particulièrement virulent Melis Echimkanov se voit-il offrir la direction de la radio nationale et l’accepte !
- (3)Bermet Akaeva, la fille de l’ex-Président, profite de l’affaiblissement du pouvoir, fin mars, pour poser sa candidature au siège de député de Kemine, le fief familial. Fin avril, il lui est reproché d’avoir lancé ses partisans contre le tribunal local qui venait, en toute injustice, de l’invalider. Elle est interrogée sans ménagement neuf heures d’affilée et assignée à résidence. Elle ne sera autorisée à quitter le pays que le 17 septembre.
- (4)Le prix de la «lepiochka» ?la galette de pain ?qui, depuis près de dix ans, était stable autour de 5 soms, s’est élevé brusquement à l’automne jusqu’à 8 soms. La crise, mal gérée à ses débuts, vaudra au pouvoir un certain discrédit dans les couches populaires.
- (5)A. Atambaev est remplacé par Iskenderbek Aïdaraliev qui devient Premier ministre par interim.
- (6)Il est vrai que la loi électorale interdit la création de blocs. Mais cette mesure pouvait être contournée.
- (7)Il existe un grave contentieux entre K. Bakiev et le dirigeant du parti Ata Meken, Omourbek Tekebaev depuis que ce dernier, en 2006, alors qu’il était président de l’Assemblée, a injurié à la tribune le chef de l’Etat. Voir René Cagnat, « Kirghizstan. Une démocratie menacée », Le courrier des pays de l’Est, n° 1059, janvier-février 2007, p. 146.
- (8)Selon la Banque mondiale, les transferts « officiels » des Kirghizes travaillant à l’étranger ont représenté, en 2007,27,4 % du PIB. En tenant compte des transferts non déclarés, la part des «remittances» pourrait atteindre 40 % de ce PIB !
- (9)Augmentation du prix des céréales au Kazakhstan comme en Russie, réduction de l’offre intérieure à la suite d’une demande extérieure accrue pour les produits agricoles et les matériaux de construction kirghizes, coût accru du gaz importé, etc.
- (10)Certaines estimations tablent sur 60 % et même 70 % !
- (11)La Banque mondiale a donné au Kirghizstan la 152e place sur 163 Etats pour la complication administrative.
- (12)Pour son niveau de corruption, le Kirghizstan est classé 142e sur 163 Etats par Transparency International.
- (13)10 tonnes en 2007 (le quart des exportations) contre 12 en 2006,17 en 2005,20 en 2004. Les pressions du gouvernement, qui s’acharne à améliorer sa part de revenu dans l’exploitation des différentes mines, ont gêné l’extraction et ne sont pas étrangères à cette baisse.
- (14)Selon la Banque mondiale, le taux était de 64 % en 2000. A partir de 2003, l’accroissement des pensions, des paiements sociaux mais surtout l’apparition des «remittances» auraient amélioré la situation. Pourtant dans les banlieues de Bichkek, dans les villages ou sur les bazars, le progrès est à peine perceptible.
- (15)Notamment par la construction d’hôtels pour l’accueil des touristes kazakhs. Une autoroute de montagne est prévue entre Almaty et l’Issyk-Koul. Elle fera de ce lac le lieu de villégiature des Almatiens.
- (16)Il est à noter que le 2 octobre 2007, pour la première fois, un Kirghize a obtenu l’asile politique. Il s’agit de Kayrat Birimkulov qui, avec sa proche famille, s’est réfugié en Suisse. Ce journaliste, auteur de révélations sur la corruption, a été agressé en mars et, depuis, « était constamment menacé par téléphone ».
- (17)Alicher Saïpov, brillant journaliste de 26 ans, a été assassiné à Och le 24 octobre sans que l’on ait su, depuis, si les commanditaires du crime étaient de nationalité ouzbèke ou kirghize. Les journalistes kirghizes continuent malgré tout à publier ce qu’ils pensent et leur pays a été classé en 2007 par Freedom House en 142e position sur 195 pour la liberté de la presse.
- (18)Les Itchkiliks, localisés dans le Sud, constituent une tribu distincte des deux grandes confédérations kirghizes de l’aile droite (Nord) et de l’aile gauche (Sud).
- (19)Ces forces concernent la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan.
- (20)Arta Janyryk, janvier 2007.
- (21)Ce sont des entreprises chinoises qui assurent la prospection pétrolière dans le Sud et la construction de l’autoroute Irkechtam-Och.
1Politicien habile et rusé, Kourmanbek Bakiev est devenu, en 2007, l’homme fort du Kirghizstan. Ayant su placer ses affidés aux postes-clés de l’administration, profiter des faiblesses de l’opposition et se ménager de puissants appuis extérieurs, le Président kirghize ne cesse, au nom du retour à l’ordre, d’étendre son emprise sur un pays lassé par les troubles. Pour cela, tous les moyens sont bons : quitte à faire douter de la démocratie kirghize, le processus ne se déroule pas sans excès, cumulant fraude électorale, manipulations, pressions, et même voies de fait. Conjuguée au dynamisme économique relatif, cette reprise en main n’est pourtant pas garante d’une future prospérité. Le Kirghizstan, que l’inflation commence à ronger, demeure un pays divisé, miséreux, en proie à la corruption et au népotisme. Dans ce contexte, la stabilisation en cours pourrait être de courte durée, à moins qu’elle ne soit imposée par le pouvoir autoritaire installé à la tête de l’Etat.
Les derniers soubresauts de l’opposition
2L’année 2007 semble commencer dans de mauvaises conditions pour K. Bakiev : l’agitation de la fin de 2006 a montré aussi bien la pugnacité du Parlement que la force de l’opposition incarnée, dans les rangs du pouvoir, par le Premier ministre, Félix Koulov [1].
3Pourtant, en 2006, sans qu’il y paraisse, le Président a pu répartir ses partisans au sein de l’administration, des grands corps de l’Etat et, surtout, dans les diverses structures de force. Presque tous ses appuis, tels le secrétaire d’Etat chargé des questions idéologiques, Adakhan Madoumarov, natif d’Ouzguen, ou le ministre de la Défense, le général Ismaïl Issakov, venu de la vallée de l’Altaï, sont comme lui originaires du Sud. Par l’intermédiaire ou non de ces responsables, les Kirghizes du Nord ont été peu à peu évincés des postesclés des ministères de l’Intérieur et de la Défense ou du SNB ?le Service de sécurité nationale ?, remplacés par des « méridionaux » bénéficiant de la confiance du Président.
4Par ailleurs, Kourmanbek Bakiev jouit d’un atout considérable : le Parlement et l’opposition ne sont pas dans le même camp. On le voit bien lorsque, en janvier 2007, les députés refusent par deux fois de renouveler l’investiture du Premier ministre, Félix Koulov.
5Le Président en profite, le 26 janvier, pour nommer à sa place le terne Azim Issabekov qu’il écarte pourtant, dès le 29 mars, installant à la tête du gouvernement, toujours avec l’aide des députés, Almazbek Atambaiev, l’un des plus brillants opposants.
6Il est alors grand temps pour K. Bakiev de diviser de cette manière l’opposition, car Félix Koulov et Omourbek Tekebaev, qui viennent de créer le Front uni pour un avenir décent du Kirghizstan, se préparent à investir le pouvoir. Ainsi, le 11 avril, entament-ils sur la place centrale de Bichkek une « manifestation illimitée » qui a pour but ultime d’acculer le Président à la démission. Mal leur en prend, car la population de la capitale, notamment les partisans d’A. Atambaev, ne se joignent pas au mouvement qui ne tarde pas à s’étioler. Dès le 19 avril, les troupes du ministère de l’Intérieur, qui disposent de munitions et de matériels fournis par la Chine, dispersent avec maestria les émeutiers.
7Dès lors, l’opposition discréditée, affaiblie en permanence par des défections [2] et parfois réprimée [3], n’a plus assez de force face au camp présidentiel. A l’automne, K. Bakiev a tout loisir de porter l’estocade aussi bien aux opposants qu’au Parlement.
8La Cour constitutionnelle ayant annulé, le 14 septembre, les lois de novembre et décembre 2006 révisant la Constitution de 2003, le Président profite de l’impasse pour décréter le 19 un référendum sur l’approbation d’un projet de Constitution et d’un nouveau Code électoral. Le 21 octobre, ces nouvelles mesures sont adoptées par 76,45 % des électeurs (seulement 3,73% des votants se sont prononcés contre). Une telle unanimité surprend alors même que nombre de Kirghizes avaient fait savoir leur mécontentement suite à la forte augmentation du prix du pain subie à l’automne [4]. De là à envisager une fraude, il n’y a qu’un pas que l’opposition franchit allègrement, quelque peu suivie par l’OSCE et les Etats-Unis.
9En position de force après ce référendum, Kourmanbek Bakiev signe, dès le 22 octobre, un décret portant sur la dissolution de son vieil ennemi, le Parlement. Le lendemain, il fixe la date des élections législatives au 16 décembre 2007, et pour faire bonne mesure, le 24 octobre, il décrète la démission du gouvernement, tout en demandant à ses membres de continuer à remplir leurs fonctions sous l’autorité du Premier ministre. Le piège se referme sur ce dernier qui est démis à son tour le 28 ; il est trop tard alors pour que A. Atambaev puisse se porter candidat aux élections à la tête du Parti socialdémocrate, puisque le dépôt des listes a été clos deux jours auparavant [5].
10Conformément à la nouvelle Constitution, le futur Parlement sera élu au scrutin proportionnel de listes établies par les partis politiques. Sur les vingt-deux partis qui fournissent un dossier d’enregistrement, douze sont finalement retenus. L’opposition, une fois de plus, part au combat en ordre dispersé : incapable de s’unir, elle est représentée par cinq partis [6]. Elle aura d’autant plus de mal à arracher quelques sièges au parti présidentiel Ak Jol (Voie lumineuse), créé à l’occasion du référendum d’octobre, que la Commission électorale centrale, interprétant le nouveau Code électoral, a pris ex abrupto les décisions suivantes : tout parti, pour avoir un député, devra, d’une part, dépasser le cap des 5 % du nombre des inscrits au niveau national et, d’autre part, dans chacune des sept régions et dans les villes de Bichkek et Och, obtenir un total de votes supérieur à 0,5 % de l’électorat.
11L’opposition, impuissante, n’a guère réagi et, le 16 décembre, essuie le désastre attendu. Alors que son succès était de toutes façons assuré, le camp présidentiel est peut-être allé trop loin en tolérant, voire en organisant, les fraudes constatées à travers tout le pays à son profit. Probablement grâce à ces manoeuvres, la participation a atteint 73,25 %, dont 46,99 % en faveur d’Ak Jol. La manipulation suprême se produit lorsque le parti d’opposition Ata Meken, arrivé second avec 8,29 % des inscrits, est cependant éliminé sous le prétexte qu’il lui manquerait à Och environ 20 voix pour atteindre les 0,5 %, ce dont on peut douter [7]. En revanche, le Parti communiste, crédité, le 17, de 2,86 % des votants (sur 95,44 % des suffrages dépouillés) se retrouve le 19 avec 5,12% (sur 99,96 %). Les pourcentages définitifs des partis social-démocrate et communiste ne sont même pas publiés.
12Ils leur permettent néanmoins d’obtenir à l’Assemblée respectivement 11 et 8 sièges contre 71 au parti Ak Jol. La présence des partis social-démocrate et communiste est un moindre mal pour le pouvoir que celle d’Ata Meken. Au total, en trois mois et dix jours d’offensive et de manipulations, Kourmanbek Bakiev a obtenu un Parlement et un gouvernement à sa dévotion.
13Ak Jol propose au poste de Premier ministre lacandidature de I. Tchoudinov, Kirghizstanais de nationalité russe et ministre de l’Industrie, de l’Energie et des Combustibles dans le précédent gouvernement. Ce choix, accepté le 27 par le Président, souligne à la fois l’orientation pro-russe du pouvoir et la priorité donnée à la construction des grands barrages hydro-électriques de Kambarata 1 et 2.
14Le côté spectaculaire des jeux politiques ne doit pas cacher le quotidien terne et miséreux du peuple kirghize qui ne profite guère d’un certain rétablissement économique, détourné par l’économie parallèle.
Economie : un tableau contrasté
15Qualifiée de « miracle kirghize » par le journal russe Vedomosti, la croissance du PIB au cours du premier semestre de 2007 a été de 9,2 % en termes réels, accompagnée d’un taux d’inflation raisonnable de 4,6 %. Simultanément, par rapport à la même période, les investissements directs étrangers (IDE) se sont accrus de 50 %.
16Ces bons résultats préliminaires s’expliquaient, en milieu d’année, par une croissance spectaculaire de 9 % du secteur électrique et par le dynamisme de la construction. De même, les investissements kazakhs massifs (89 millions de dollars) et surtout l’importance des « remittances » ?les transferts financiers des 500 000 à 600 000 Kirghizes émigrés [8] ?avaient stimulé l’économie.
17Les spécialistes étaient cependant très réservés face à cette croissance « trop belle pour être vraie » et soulignaient qu’elle découlait surtout des mauvais bilans précédents : une progression du PIB de 2,7 % en 2006 et 0,2 % en 2005.
18Ils indiquaient par ailleurs que « l’investissement n’allait pas à la production, mais au secteur financier » avec un risque certain de spéculation.
19Les résultats du second semestre semblent avoir confirmé ces alarmes. En effet, si, en novembre, la croissance réelle de l’économie est encore de 8,7%, un phénomène depuis longtemps étranger à l’économie kirghize s’est déclenché dès l’été : alors que les prévisions réalisées fin 2006 faisaient état d’un taux d’inflation de 5 à 6 % pour 2007, l’estimation en septembre était déjà de 9 %. En fait, la hausse des prix a atteint 20,1 % pour la période janvier-octobre.
20Des facteurs non monétaires externes [9] à l’origine d’une hausse de 10 % des prix à la consommation, expliquent cette brusque progression dont on annonce, cependant, qu’elle devrait être jugulée à court terme.
21Mais le pouvoir maîtrise-t-il vraiment la situation économique alors que, dans une étude récente, le Pnud évalue au bas mot à 53 % du PIB [10] la part de l’économie parallèle kirghize ? Alors qu’elle ne contrôlait que 27% de l’économie en 1990, cette dernière serait désormais la plus florissante de tous les Etats d’Asie centrale. Elle emploie aujourd’hui illégalement, notamment dans le sud du pays, plus de 30% de la main-d’oeuvre. Traduisant un manque de confiance dans les institutions, le désir de fuite face à une fiscalité et une réglementation excessives [11], et l’adaptation à une législation opaque et une corruption incoercible [12], elle étend peu à peu son influence et se diversifie dans des trafics de toutes sortes : il n’est que de voir, à Bichkek, la prolifération des casinos et des magasins de luxe destinés au blanchiment pour sentir la force et l’impact de cette économie de l’ombre.
22Elle constitue un concurrent déloyal pour le commerce légal. Elle engloutit par ailleurs les dividendes des bons résultats économiques actuels, dont le peuple ne bénéficie guère. Il devient d’autant plus difficile de l’affronter qu’elle profite à beaucoup et offre du travail là où il n’y en a pas. Pourtant, elle rend le Kirghizstan très vulnérable au crime organisé et à la finance terroriste. Aussi le FMI tout comme l’Onu ont-ils poussé le conseil des ministres à approuver, le 11 septembre, un programme de légalisation de l’économie parallèle étalé sur la période 2007-2010 : le gouvernement s’efforcera de créer des conditions favorables au secteur privé afin d’amener les entrepreneurs clandestins à sortir de l’ombre.
Principaux indicateurs économiques du Kirghizstan en 2000-2007
Principaux indicateurs économiques du Kirghizstan en 2000-2007
23Un autre sujet de préoccupation concerne le déficit du commerce extérieur qui, d’année en année, ne cesse de se creuser. Ainsi, alors que les importations, fin octobre, avaient connu une augmentation de 50 % par rapport à la même période de 2006, les exportations, grevées par le déclin de la production d’or [13], présentaient une progression moindre, mais néanmoins notable (42,6 %).
24Enfin, le problème de la dette extérieure ? 2,2 milliards de dollars ? en stagnation depuis deux ans au niveau nominal, continue à envenimer la vie politique. Le Kirghizstan a été reconnu en avril 2006 éligible à l’initiative engagée par le FMI et la Banque mondiale « Pays pauvres très endettés » (PPTE). Au terme de la mise en oeuvre de ce programme, le pays pouvait espérer une réduction globale de sa dette de 900 millions de dollars. Mais, pour l’opinion publique comme pour la majorité des responsables, adhérer à cette initiative reviendrait à classer le Kirghizstan au niveau des Etats africains les plus pauvres. C’est pourquoi le 20 février, le conseil des ministres unanime (à l’exception notable du ministre des Finances) a décidé de refuser l’initiative, prétextant les conditions trop sévères du programme.
25Le Kirghizstan a donc versé, pour la seule année 2007,44 millions de dollars pour les intérêts de la dette. De tels règlements, si du moins rien ne vient compliquer la situation, devraient s’échelonner jusqu’en 2045 !
Déréliction sociale
26De telles pressions conjuguées de la politique et de l’économie ne sont pas sans conséquence pour la population.
27La société kirghize est plus que jamais en crise. Alors que l’alcoolisme demeure un fléau absolu qui détruit des villages entiers, la drogue exerce, elle aussi, désormais ses ravages : selon un responsable de l’agence kirghize de contrôle des stupéfiants « entre 50000 et 100000 citoyens kirghizes ?soit près de 1 % de la population ? se droguent, dont 12 % ont moins de 18 ans. Presque un quart des stupéfiants produits en Afghanistan transitent par le Kirghizstan, dont une part y reste... Ces cinq dernières années, le nombre des drogués s’est accru dans le sud de 125 %».
28La tuberculose est une autre calamité. Maladie de la misère, elle s’abat surtout sur les 40 % de Kirghizes qui, en dépit d’un certain progrès social [14], vivent encore en dessous du seuil de pauvreté.
29Mais on l’observe aussi dans les prisons, où se développe un bacille de Koch qui résiste à tous les antibiotiques connus.
30Une mission de Médecins sans frontières s’est installée à Bichkek pour lutter tout spécialement contre ce fléau.
31L’état de saleté dans lequel la population laisse les localités et tout lieu fréquenté (y compris les sites touristiques) témoigne de la déréliction générale. Les rivages du lac Issyk-Koul pâtissent d’une urbanisation sauvage [15] à l’origine d’un début de pollution des eaux lacustres. Les richesses naturelles sont pillées : la panthère des neiges est chassée pour sa fourrure, l’aigle et le faucon font l’objet d’un négoce très profitable en direction des pays arabes.
32Les gens simples de la montagne n’échappent pas à ces trafics : en 2007, un « esclave kirghize » valait 300 dollars sur les chantiers de construction d’Astana.
33Mais le prix d’une jeune femme kirghize pouvait atteindre 5 000 dollars aux Proche et Moyen-Orient. Le Président lui-même s’est insurgé plus d’une fois contre la saleté de Bichkek devenue, et de loin, la capitale la plus sale d’Asie centrale. Des inspections ministérielles se sont succédé sur les rives saccagées de l’Issyk-Koul...
34Mais on a tôt fait d’attribuer à ces responsables des tâches plus essentielles : contrer l’agitation politique par exemple !
35Sans cesse dans l’urgence, ces autorités peuvent prendre des décisions à l’emporte-pièce qui, parfois, ne rehaussent pas la réputation déjà bien entamée de la démocratie kirghize [16]. Ainsi, tout au long de l’année, des journalistes ou des opposants auront été attaqués, brutalisés, voire assassinés [17], sans que les enquêtes aboutissent ne serait-ce qu’à la désignation des coupables. Le phénomène a culminé, le 11 mai, avec une tentative d’empoisonnement à l’encontre du Premier ministre, Almazbek Atambaiev : même à ce niveau, l’affaire garde tout son mystère...
36L’incontestable poussée de l’activité religieuse, tant musulmane que chrétienne, ressemble fort au dernier recours laissé à un peuple déboussolé qui y trouve réconfort. Mais l’opposition entre Kirghizes du Nord, plus ouverts à l’Occident, donc au christianisme, et Kirghizes du Sud plus tournés vers l’islam, s’en trouve accrue. Les clivages au sein de la population s’accentuent, jusque dans les villages. La remontée actuelle des Kirghizes méridionaux vers le Nord et leur installation dans la plaine du Tchou en est compliquée : ces nouveaux venus y sont perçus comme un élément étranger. Le phénomène a des retombées jusque sur la popularité de K. Bakiev qui, Kirghize itchkilik [18] de Djallalabad, peine à s’imposer à Bichkek. Par ailleurs, l’organisation islamiste clandestine Hizbut-Tahrir, dont l’influence était jusqu’alors cantonnée au Sud, fait désormais parler d’elle au nord des monts Tian-Shan.
37Si beau soit-il, le Kirghizstan est ainsi devenu un pays que l’on quitte : aux 500 000 à 600 000 travailleurs partis vers la CEI, aux Slaves qui continuent à émigrer, s’ajoute une diaspora d’intellectuels, d’artistes, de spécialistes qui doivent fuir une société qui, si elle ne les met pas au chômage, les paye mal et ne leur offre aucun avenir.
38Il est à noter que, pour la première fois, en février 2007, le chômage a fait l’objet d’une étude précise du comité d’Etat pour les migrations et l’emploi : le pays compterait au moins 424000 chômeurs, en majorité des hommes, alors que seulement 71 000 sont enregistrés officiellement. Malgré une baisse récente du sous-emploi, on peut en inférer que, grosso modo, pour un Kirghize qui exerce une activité dans son pays, un autre chôme, tandis que le troisième travaille à l’étranger.
Le Kirghizstan et l’étranger
39Démuni, le peuple kirghize ne peut se passer de l’aide étrangère. Aussi ses responsables ont-ils développé une politique axée sur la recherche systématique et tous azimuts de soutiens extérieurs. Le principe selon lequel « être indépendant consiste à ne pas dépendre d’un seul » régit cette politique dite « plurivectorielle » : elle a pour résultat original, par exemple, la présence simultanée dans la banlieue de Bichkek d’une base américaine et d’une base russe. La politique étrangère kirghize a donc maintenu, en 2007, son « orientation prioritaire » en direction à la fois de la Russie, des Etats-Unis, de la Chine et du Kazakhstan, recevant de ces différents pays une aide considérable.
40Alors que les Slaves quittent toujours, mais en moins grand nombre, le pays, la Russie continue de renforcer son influence, sinon sa présence. Il semble bien que l’installation, en 2002, d’une base américaine sur l’aéroport de Bichkek-Manas ait galvanisé Moscou.
41Le déploiement de l’aviation russe en 2003, à moins de trente kilomètres, sur la base de Kant, fut une première réponse. Aujourd’hui, les aviateurs russes ne sont que 400 à Kant ?contre 1 200 Américains et 50 Français à Manas ?et seuls cinq chasseurs SU-25 servent, au bénéfice des Forces de réaction rapide [19] de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC).
42Mais le commandement russe a promis de porter leur effectif à 500 d’ici un à deux ans, et d’installer sur la base un complément de trois chasseurs SU-27.
43La présence militaire russe est encore renforcée par une coopération technique avec l’armée kirghize : de 2006 à 2008, l’aide dispensée a atteint 27 millions de dollars, tandis que quarante officiers kirghizes étaient formés en Russie. Le commerce russo-kirghize n’est pas en reste puisqu’en 2006 la Russie a reçu 20,2 % des exportations du Kirghizstan et lui a fourni plus de 40 % de ses importations. Enfin, sur les 500 000 à 600 000 Kirghizes présents en Russie, 40 000 viennent de recevoir la nationalité russe.
44Les Etats-Unis n’atteignent pas, et de loin, un tel bilan. Ils se contentent en fait d’assurer le maintien de leur base de Manas, réagissant énergiquement lorsqu’ils la sentent menacée. Ainsi, en juin, après le passage à Bichkek du secrétaire à la Défense, Robert Gates, un responsable américain a déclaré : « La base est liée à la coopération bilatérale entre les Etats-Unis et le Kirghizstan et elle est régie par un accord approprié. Il n’est pas nécessaire qu’une troisième partie interfère ». Dont acte : les comptes rendus officiels du sommet des chefs d’Etat de l’Organisation de coopération de Shanghaï (OCS), réuni à Bichkek le 16 août, ne mentionnent, en effet, pas une seule fois la base américaine. Les installations militaires de Manas, en plein développement, continuent donc à faire l’objet d’un bail de 15 millions de dollars, assorti d’aides diverses, comme par exemple 20 millions accordés pour la réforme du système judiciaire.
45Quant aux échanges commerciaux, les Etats-Unis en 2006 n’ont figuré qu’au quatrième rang des fournisseurs du Kirghizstan, loin derrière leurs grands rivaux.
46La Chine, qui partage avec le Kirghizstan une frontière de plus de 2 000 km, est autrement plus présente, voire envahissante. « Les Chinois semblent avoir décidé de s’emparer du Kirghizstan en toute tranquillité, sans guerre, seulement par le grand nombre de leurs émigrants », pouvait ainsi écrire un journaliste kirghize en janvier 2007 [20]. Sur le grand bazar méridional de Karasou, par exemple, les marchands chinois seraient aujourd’hui plus de 5 000. Certains ne parlent que chinois, n’ont aucun papier et la façon dont ils sont arrivés là demeure un mystère.
47Les autorités kirghizes ont essayé de réagir et, en janvier, ont adopté une loi bannissant les étrangers en situation irrégulière présents sur les marchés.
48Mais les Chinois ont leurs défenseurs discrets jusque dans l’appareil d’Etat : fin mars, le bannissement prévu pour le 1er avril a été reporté au début de 2008.
49De plus, alors que les camions kirghizes ne sont toujours pas autorisés à se rendre jusqu’à Kachgar, au Xinjiang, les camions chinois effectuent leurs livraisons à Karasou depuis un an. Enfin, les usines et chantiers chinois [21] qui fleurissent un peu partout font venir la majeure partie de leur personnel de la mère-patrie. Ainsi, derrière la façade rassurante de l’OCS, un problème grave mûrit. La Chine, qui figure officiellement au deuxième rang des fournisseurs du Kirghizstan, mais pourrait bien être, contrebande aidant, en tête des fournisseurs réels, a déjà conquis les bazars. Il sera d’autant plus difficile de l’arrêter qu’elle a ses partisans kirghizes dont le revenu ne dépend que d’elle.
50Le Kazakhstan, autre grand voisin ?mais beaucoup plus proche tant par la langue que par la culture ?, apparaît au Kirghizstan comme le « petit nouveau qui commence à jouer dans la cour des grands ». Astana profite ici du prestige de Noursoultan Nazarbaiev qui, avant même Vladimir Poutine et devant tous les hommes politiques locaux, est le leader le plus populaire parmi les Kirghizes. Ces derniers, alors que leur niveau de vie stagne, sont stupéfaits du bond en avant des Kazakhstanais.
51Ils espèrent donc tirer parti de la réussite de leurs plus proches cousins. Il faut également apprécier à sa juste valeur la proposition du Président kazakh, en visite à Bichkek le 26 avril, de créer entre le Kazakhstan et le Kirghizstan une « union d’Etats » qui préfigurerait une Union des Etats centre-asiatiques. Deux structures bilatérales ont été créées à cet effet : le Conseil interétatique suprême, au niveau des chefs d’Etat, et le Conseil des ministres des Affaires étrangères. Dès le 11 juillet, les Premiers ministres des deux pays ont décidé la création d’un fonds commun d’investissement où la part kazakhe est de 100 millions de dollars et celle des Kirghizes de 20. Il est à noter qu’en 2006, Astana a déjà investi au Kirghizstan l’équivalent de cette somme et que ses placements actuels participent largement au renouveau économique en cours dans ce pays. Au total, le Kazakhstan s’est hissé en 2006 au niveau de deuxième client et de troisième fournisseur du Kirghizstan.
52Au-delà des intérêts essentiels ainsi partagés entre quatre « Grands », le deuxième cercle de la politique plurivectorielle concerne d’autres Etats ayant, à divers titres, une importance pour Bichkek. On y trouve par exemple la Suisse, demeurée en 2006 le premier client du fait de ses achats d’or. La Turquie est aussi un partenaire de poids grâce à une coopération à la fois économique, militaire et culturelle très visible dans la capitale kirghize. Mais c’est encore avec les voisins tadjiks et surtout ouzbeks que les progrès sont le plus notables. La visite officielle du Président tadjik, les 17 et 18 septembre à Bichkek, a été l’occasion d’aborder le délicat problème des empiètements de la population tadjike à la frontière entre les deux pays et du tracé de cette frontière. Côté ouzbek, les premiers résultats obtenus à la fin de 2006 par l’accord de libre circulation des citoyens kirghizes et ouzbeks ont été confirmés et prolongés par un accord quinquennal de coopération économique, scientifique, technique et humanitaire. L’Ouzbékistan, en 2006, a par exemple augmenté de 8,4 fois ses investissements directs au Kirghizstan. Depuis l’instauration, en 2005, du pouvoir issu de la « révolution des tulipes », de meilleures relations se sont donc instaurées entre les Kirghizes et tous leurs voisins, qu’ils soient chinois, kazakhs, ouzbeks ou tadjiks. C’est certainement, pour l’instant, le résultat le plus positif obtenu par le président Bakiev.
53La nécessité de la reprise en main actuelle et de son maintien ne fait aucun doute. On peut seulement regretter qu’elle s’accompagne de manoeuvres douteuses qui témoignent d’un glissement préoccupant de la présidence vers une certaine forme de totalitarisme. De même, la mainmise des Kirghizes du Sud sur tous les organes du pouvoir aussi bien que l’exclusion du Parlement d’une part essentielle de l’opposition ont de quoi inquiéter. En effet, il existe au Kirghizstan une société civile qui n’est pas près de renoncer à la défense des libertés.
54
Sources :
? Times of Central Asia (hebdomadaire).
? Revue de presse hebdomadaire de l’ambassade de France au Kirghizstan.
? The Bishkek Observer (hebdomadaire).
? Delo (hebdomadaire en russe).
? Vetcherny Bichkek (quotidien en russe).
Annexe
Chronologie 2007
5515 janvier
56 Le président Bakiev signe la nouvelle Constitution adoptée par le Parlement le 30 décembre 2006.
5726 janvier
58 Le Parlement ayant refusé par deux fois le maintien de Felix Koulov au poste de Premier ministre, le président K. Bakiev désigne pour cette fonction Azim Issabekov, ex-ministre de l’Agriculture. Il est investi par le Parlement le 29.
5919 février
60 Un nouveau mouvement d’opposition le « Front uni pour un avenir décent du Kirghizstan », dirigé par Felix Koulov et Omourbek Tekebaiev, demande au président K. Bakiev de démissionner.
6120 février
62 Au nom de la dignité nationale, le conseil des ministres refuse l’entrée du Kirghizstan dans le Programme de réduction de la dette extérieure des pays pauvres très endettés (PPTE)
63du FMI et de la Banque mondiale.
6429 mars
65 Devant la montée du mécontentement, le président K. Bakiev nomme Almazbek Atambaiev, un des chefs de file de l’opposition, au poste de Premier ministre. Il est investi par le Parlement le 30.
6611 avril
67 En dépit des concessions du Président, le Front uni entame sur la place centrale de Bichkek une « manifestation illimitée » installée dans un village de yourtes. Les principales revendications portent sur l’organisation d’une élection présidentielle anticipée et l’adoption d’une nouvelle Constitution.
6819 avril
69 Dans la soirée, la police disperse les manifestants installés depuis une semaine sur la place centrale. Affaiblie par la défection d’Almazbek Atambaiev, l’opposition doit céder face au pouvoir.
7026 avril
71 Visite officielle du Président du Kazakhstan Noursoultan Nazarbaiev. Al’issue des entretiens, le président K. Bakiev apporte son soutien au projet nazarbaevien d’une Union des Etats centre-asiatiques. Un Conseil suprême inter-étatique ainsi qu’un conseil des ministres des Affaires étrangères sont créés entre les deux pays « afin d’encourager leur intégration économique ».
7211 mai
73 Le Premier ministre A. Atambaiev est victime d’une tentative d’empoisonnement.
7415 août
75 Réunion annuelle à Bichkek des six chefs d’Etat de l’Organisation de coopération de Shanghaï (OCS). Parmi les observateurs figurent aussi les Présidents afghan, iranien et mongol ainsi que le ministre pakistanais des Affaires étrangères et le ministre indien du Gaz et du pétrole. Le Président turkmène est également présent. Un « Marché unifié de l’énergie » est créé entre les pays membres.
7630 août
77 Après plusieurs mois de pressions et de négociations diverses, un accord est signé entre le gouvernement kirghize et la firme canadienne Centerra (Cameco) selon lequel la part du Kirghizstan dans la mine d’or de Kumtor passe de 15,66 % à 30,6 %. En compensation, la concession d’exploration de Centerra est agrandie de 25 000 hectares.
7817-18 septembre
79 Visite officielle du Président tadjik, Emomali Rakhmonov, à Bichkek.
8019 septembre
81 Le président Bakiev signe un décret portant sur la tenue d’un référendum le 21 octobre concernant un nouveau projet de Constitution. Cette initiative fait suite à l’annulation par la Cour constitutionnelle des lois de novembre et décembre 2006 révisant la Constitution de 2003.
8228 septembre
83 Réunion à Bichkek des ministres de la Défense de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC).
8421 octobre
85 80,64 % des électeurs participent au référendum concernant le nouveau projet de Constitution. 76,45 % votent pour, 3,73 % contre.
86Ces résultats ne semblent pas conformes à l’état de l’opinion. Alors que les observateurs de la CEI et de l’Organisation de coopération de Shanghaï se déclarent satisfaits du déroulement des élections, l’OSCE en revanche se fait l’écho d’informations rapportant diverses irrégularités au cours du scrutin.
8722 octobre
88 Le président K. Bakiev signe un décret portant sur la dissolution du Parlement et, dès le len-demain, décide la tenue d’élections législatives anticipées pour le 16 décembre. Selon la nouvelle Constitution, le futur Parlement sera élu au scrutin proportionnel de listes établies par les partis politiques. Le dernier délai pour le dépôt de ces listes est fixé au 26 octobre.
8924 octobre
90 Le Président décide par décret la démission du gouvernement tout en demandant aux ministres de continuer à exercer leurs fonctions. Le Premier ministre, A. Atambaiev, qui appartient théoriquement à l’opposition, n’a pas le temps de démissionner et de s’inscrire sur la liste électorale de son parti.
9116 décembre
92 Les élections législatives au scrutin de liste sont entachées, selon l’OSCE, par une fraude importante (notamment au profit du parti présidentiel Ak Jol) qui permet d’afficher un taux de participation de 73,25%. Sur les douze partis en lice, quatre parviennent à dépasser le seuil requis des 5 % de l’électorat au niveau national. Le principal parti d’opposition, Ata Meken, arrivé deuxième loin derrière Ak Jol avec 8,29 % des inscrits, n’en est pas moins éliminé, car il n’aurait pas franchi à Och le seuil de 0,5 % de l’électorat régional. Dans ces conditions, Ak Jol triomphe avec le soutien de 46,99 % de l’électorat.
9324 décembre
94 Le nouveau Parlement se réunit. Il est composé de 71 députés d’Ak Jol, 11 députés du Parti social-démocrate et 8 députés communistes.
95Ak Jol propose au Président, qui accepte, la candidature du Russe Igor Tchoudinov au poste de Premier ministre.
9626 décembre
97 La composition du nouveau Conseil des ministres est approuvée par le Président.
98Les anciens ministres sont pour la plupart reconduits.
Principales formations politiques
99Les élections législatives du 16 décembre 2007 ont été l’occasion de vérifier que, sur la centaine de partis kirghizes, une vingtaine à peine est en mesure de réagir aux sollicitations de la vie politique. Alors qu’un dossier et une liste de cent candidats étaient exigés en un temps limité, seulement 22 partis ont pu les fournir. Sur ces 22 partis, seulement 12 ont été retenus.
100? Partis favorables au Président :
- Ak Jol (Voie lumineuse), fondé en octobre 2007 à l’occasion du référendum. Aujourd’hui parti au pouvoir
- Parti communiste (Iskhak Massaliev), représenté au Parlement, il pourrait s’orienter vers l’opposition
- Erkindik (Liberté) (Topchoubek Tourgounaliev)
102? Partis neutres ou centristes :
- Novaïa Sila (Force nouvelle) ou Parti des femmes (Tokon Chalieva)
- Touran (Asie centrale en iranien) (Emir-Raadik Sarpachov)
- Glas naroda (Voix du peuple) (Djenishbek Baigouttiev)
- Aalam (Univers), le parti des sans parti Arslanbek Maliev)
103? Partis d’opposition :
- Ata Meken (Patrie) (Omourbek Tekebaiev), éliminé du Parlement alors qu’il a obtenu 8,29 % des voix des inscrits
- Parti social-démocrate Almazbek Atambaiev, parti d’opposition modérée, représenté au Parlement
- Assaba (Drapeau) (Azimbek Beknazarov), parti nationaliste d’opposition radicale
- Ar-Namys (Dignité) (Félix Koulov)
- Erkin Kirghizstan (Kirghizstan libre) (Toursounbaï Bakir Uulu), parti d’opposition modérée proche des Musulmans
104 Parmi les partis non autorisés à se présenter lors des élections législatives, on trouve notamment Rodina (Patrie), qui regroupe surtout un électorat ouzbek.
Résultat des dernières élections
105? Election présidentielle (10 juillet 2005)
106Taux de participation : 74,96 % Kourmanbek Bakiev est élu Président pour cinq ans par 88,71 % des électeurs.
107? Elections législatives (16 décembre 2007)
108Taux de participation : 73,25 % Le parti présidentiel Ak Jol recueille 46,99 % des voix des inscrits et obtient 71 sièges de députés sur 90.
109Le Parti social-démocrate obtient 11 sièges (le pourcentage final des votants n’est pas publié).
110Le Parti communiste recueille 5,12 % et obtient 8 sièges (le pourcentage final des votants n’est pas publié).
111L’opposition se limite aux 11 voix des sociaux-démocrates puisque le parti Ata Meken, qui avait pourtant recueilli 8,29 %, n’a obtenu aucun siège au motif que, dans la ville d’Och, il n’aurait pas atteint la barre des 0,5 % de l’électorat local.
112Composition du gouvernement au 28 décembre 2007
- Premier ministre : Igor Tchoudinov (depuis le 24 décembre)
- Premier vice-Premier ministre : Iskenderbek Aïdaraliev
- Vice-Premier ministre : Dosbol Nour
- Ministres :
- Affaires étrangères : Ednan Karabaev
- Défense : Ismaïl Issakov
- Intérieur : Bolotbek Nogoïbaev
- Justice : Marat Kaïypov
- Finances : Tajikane Kalimbetova
- Economie et Commerce : Akylbek Japarov
- Agriculture, Eau et Industrie de transformation : Arstanbek Nogoev
- Transports et Communications : Nourlan Soulaïmanov
- Industrie, Energie et Ressources pétrolières : Saparbek Balkibekov
- Santé : Marat Mambetov
- Travail et développement social : Ouktomkhan Abdoulaeva
- Situations d’urgence : Kamtchybek Tachiev
- Education et Sciences : Ichenkoul Boldjourova
- Culture et information : Soultan Raev
Bibliographie
Sélection bibliographique
- Cagnat (René), « Kirghizstan. Une démocratie menacée », in La Russie et les autres pays de la CEI en 2006, Le courrier des pays de l’Est, n° 1059, janvier-février 2007, pp. 145-156.
- DeYoung (Alan J.), « The Erosion of Vospitanie (Social Upbringing) in Post-Soviet Kyrgyzstan : Voices from the School », Communist and Post-Communist Studies, vol. 40, n° 2, juin 2007, pp. 239-256.
- Economist Intelligence Unit, « Kyrgyzstan », Country Report (trimestriel), Country Profile (annuel).
- Fonds monétaire international, « Kyrgyz Republic », IMF Country Report, n° 07/ 135, mars 2007,126 p.
- Fumagalli (Matteo), « Framing Ethnic Minority Mobilisation in Central Asia : the Cases of Uzbeks in Kyrgyzstan and Tajikistan », Europe-Asia Studies, vol. 59, n° 4,2007, pp. 567-590.
- Kutaneva (Nuria), « Armed Forces and Military Reform in Kyrgyzstan », Central Asia and the Caucasus, n° 47/5,2007, pp. 116-127.
- Ruget (Vanessa), Usmanialeva (Burul), « The Impact of State Weakness : a Case Study of Kyrgyzstan », Communist and Post-Communist Studies, vol. 40, n° 4, 2007, pp. 441-458.
- Schuler (Martin), « Les migrations de population au Kirghizstan », in Les populations d’Asie centrale (dossier), Espace populations sociétés, n° 1,2007, pp. 3-126.
- Rabinovic (Adriana), «Mountain Atlas of Kyrgyzstan : six ans de coopération scientifique » [entre chercheurs suisses et kirghizes]. Entretien avec deux des auteurs de l’ouvrage, paru en 2004, Martin Schuler et Pierre Dessemontet, EspacesTemps. net, janvier 2007 http ://espacestemps.net/document2152.html
- Taranchieva (Anna), « Fiscal Decentralization and Local Development in the Kyrgyz Republic », Problems of Economic Transition, vol. 49, n° 12, avril 2007, pp.6-36.
- Wolters (Alexander), « Elections au Kirghizstan : renouveau du système ou manoeuvres du pouvoir ?» www. caucaz. com, 5 décembre 2007.
Notes
- (1)René Cagnat, « Kirghizstan 2006. Une démocratie menacée », Le courrier des pays de l’Est, n° 1059, janvier-février 2007, pp. 145-157.
- (2)Ainsi l’opposant particulièrement virulent Melis Echimkanov se voit-il offrir la direction de la radio nationale et l’accepte !
- (3)Bermet Akaeva, la fille de l’ex-Président, profite de l’affaiblissement du pouvoir, fin mars, pour poser sa candidature au siège de député de Kemine, le fief familial. Fin avril, il lui est reproché d’avoir lancé ses partisans contre le tribunal local qui venait, en toute injustice, de l’invalider. Elle est interrogée sans ménagement neuf heures d’affilée et assignée à résidence. Elle ne sera autorisée à quitter le pays que le 17 septembre.
- (4)Le prix de la «lepiochka» ?la galette de pain ?qui, depuis près de dix ans, était stable autour de 5 soms, s’est élevé brusquement à l’automne jusqu’à 8 soms. La crise, mal gérée à ses débuts, vaudra au pouvoir un certain discrédit dans les couches populaires.
- (5)A. Atambaev est remplacé par Iskenderbek Aïdaraliev qui devient Premier ministre par interim.
- (6)Il est vrai que la loi électorale interdit la création de blocs. Mais cette mesure pouvait être contournée.
- (7)Il existe un grave contentieux entre K. Bakiev et le dirigeant du parti Ata Meken, Omourbek Tekebaev depuis que ce dernier, en 2006, alors qu’il était président de l’Assemblée, a injurié à la tribune le chef de l’Etat. Voir René Cagnat, « Kirghizstan. Une démocratie menacée », Le courrier des pays de l’Est, n° 1059, janvier-février 2007, p. 146.
- (8)Selon la Banque mondiale, les transferts « officiels » des Kirghizes travaillant à l’étranger ont représenté, en 2007,27,4 % du PIB. En tenant compte des transferts non déclarés, la part des «remittances» pourrait atteindre 40 % de ce PIB !
- (9)Augmentation du prix des céréales au Kazakhstan comme en Russie, réduction de l’offre intérieure à la suite d’une demande extérieure accrue pour les produits agricoles et les matériaux de construction kirghizes, coût accru du gaz importé, etc.
- (10)Certaines estimations tablent sur 60 % et même 70 % !
- (11)La Banque mondiale a donné au Kirghizstan la 152e place sur 163 Etats pour la complication administrative.
- (12)Pour son niveau de corruption, le Kirghizstan est classé 142e sur 163 Etats par Transparency International.
- (13)10 tonnes en 2007 (le quart des exportations) contre 12 en 2006,17 en 2005,20 en 2004. Les pressions du gouvernement, qui s’acharne à améliorer sa part de revenu dans l’exploitation des différentes mines, ont gêné l’extraction et ne sont pas étrangères à cette baisse.
- (14)Selon la Banque mondiale, le taux était de 64 % en 2000. A partir de 2003, l’accroissement des pensions, des paiements sociaux mais surtout l’apparition des «remittances» auraient amélioré la situation. Pourtant dans les banlieues de Bichkek, dans les villages ou sur les bazars, le progrès est à peine perceptible.
- (15)Notamment par la construction d’hôtels pour l’accueil des touristes kazakhs. Une autoroute de montagne est prévue entre Almaty et l’Issyk-Koul. Elle fera de ce lac le lieu de villégiature des Almatiens.
- (16)Il est à noter que le 2 octobre 2007, pour la première fois, un Kirghize a obtenu l’asile politique. Il s’agit de Kayrat Birimkulov qui, avec sa proche famille, s’est réfugié en Suisse. Ce journaliste, auteur de révélations sur la corruption, a été agressé en mars et, depuis, « était constamment menacé par téléphone ».
- (17)Alicher Saïpov, brillant journaliste de 26 ans, a été assassiné à Och le 24 octobre sans que l’on ait su, depuis, si les commanditaires du crime étaient de nationalité ouzbèke ou kirghize. Les journalistes kirghizes continuent malgré tout à publier ce qu’ils pensent et leur pays a été classé en 2007 par Freedom House en 142e position sur 195 pour la liberté de la presse.
- (18)Les Itchkiliks, localisés dans le Sud, constituent une tribu distincte des deux grandes confédérations kirghizes de l’aile droite (Nord) et de l’aile gauche (Sud).
- (19)Ces forces concernent la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizstan et le Tadjikistan.
- (20)Arta Janyryk, janvier 2007.
- (21)Ce sont des entreprises chinoises qui assurent la prospection pétrolière dans le Sud et la construction de l’autoroute Irkechtam-Och.