Couverture de CPE_064

Article de revue

Albanie 2005-2006

Tenir le cap

Pages 164 à 179

Notes

  • (1)
    Parlement européen (rapporteur Elmar Brok), Rapport sur le document de stratégie pour l’élargissement 2005 de la Commission, A6-0025/2006,13 p.
  • (2)
    Se reporter à l’article très édifiant de Chris Corrin, « Transitional Road for Traffic : Analysing Trafficking in Women From and Through Central and Eastern Europe », Europe-Asia Studies, vol. 57, n° 4, juin 2005, pp. 543-560. Voir également, Arta Seiti, « Les facteurs sociaux de la criminalité en Albanie », Centre de géostratégie, août 2005, hhttp :// www. geostrategie. ens. fr/ actualités/criminalisation-Seiti.php.
  • (3)
    Cf. Andi Bejtja, « Albanie : chassé-croisé de dinosaures », Korrieri, 23 août 2005, traduit par Mandi Gueguen, Le Courrier des Balkans, http ://balkans.courriers.info/articles5715.html.
  • (4)
    Ex-ministre de la Défense, l’homme a acquis, comme Edi Rama, une réputation d’efficacité. Il sut gérer l’accueil, au printemps 1999, de plusieurs milliers de réfugiés kosovars. Agés d’une quarantaine d’années, tous deux appartiennent à la jeune génération des responsables politiques.
  • (5)
    Lucia Pantella, « Albanie : la métamorphose des bidonvilles de Tirana », Osservatorio Sui Balcani, 10 mai 2006, traduit par M. Gueguen, http ://balkans.courriers.info/article 733.html.
  • (6)
    Cf. Fatos Lubonja, « Urbanisme : Tirana a besoin de respirer », Korrieri, 6 juin 2006, traduit par M. Gueguen, http ://Balkans.courriers.info/article6880.html.
  • (7)
    La personnalité de S. Berischa reste très controversée. Si, dans un entretien récent accordé à la revue Politique internationale (n° 111, printemps 2006), il affirme avoir tiré, sans totalement convaincre, les leçons du passé, son autoritarisme, ses relations difficiles avec la presse continuent entre autres critiques de lui être reprochés, cf. notamment, Fatos Terifa et Peter Lucas, « Albania : Authoritarianism without Oil », Mediterranean Quarterly, vol. 17, n° 2, été 2006, pp. 32-39.
  • (8)
    Selon un ancien juge albanais, Kreshnik Spahiu, devenu le directeur d’une ONG de lutte contre la corruption (le CAO), « l’une des fonctions les plus lucratives [en Albanie] est celle de juge et ils ne le cachent pas », Le Monde (Christophe Châtelot, « Corruption et crime organisé, un défi à régler en « cent jours »»), 6 juillet 2005.
  • (9)
    Cf. Communication de la Commission, document de stratégie pour l’élargissement, Bruxelles, 9 novembre 2005, COM (2005) 561 final, 38 p. et le rapport consacré spécifiquement à l’Albanie, Albania 2005 Progress Report, European Commission, 9 novembre 2005, SEC (2005) 1421,73 p.
  • (10)
    Il s’agit du Pacte pour la formation auquel les Balkans occidentaux pourront avoir accès dès 2007. La Lettre de la Fondation Schuman, n° 248,13 mars 2006.
  • (11)
    Andrea Stefani, « Contre la politique européenne des visas : un ghetto appelé Albanie », Panorama, 12 juillet 2006, traduit par M. Gueguen, http ://balkans.courriers.info/article6902.htl.
  • (12)
    L’Albanie figure, selon l’Eurobaromètre, à l’avant-dernier rang (devant la Turquie) des pays que les personnes interrogées dans les vingt-cinq Etats membres de l’UE voudraient voir entrer l’UE, une large majorité se prononçant contre celle-ci.
  • (13)
    Pékin affirme, pour sa part, qu’ils appartiennent à l’organisation terroriste du « Turkestan de l’Est » qui figure sur la liste des organisations passibles de sanctions selon la résolution 1267 du Conseil de sécurité de l’Onu. Cf. Fatos Coçoli, « Un direct Guantanamo-Albanie pour cinq Ouïgours du Xinjiang », Panorama, 10 mai 2006, traduit par M. Gueguen, http ://balkans. courriers.info/article6718.html.
  • (14)
    Cf. sur ce sujet, le chapitre consacré à l’apport que représente dans le PIB des économies est-européennes, les transferts des travailleurs émigrés. Sur les vingt-sept pays couverts par l’analyse, l’Albanie figure à la 4e place derrière la Moldavie, la Bosnie-et-Herzégovine et la Serbie-et-Monténégro, et légèrement devant le Tadjikistan. in Berd, Transition Report Update, mai 2006, pp. 2-8.
  • (15)
    Cf. son intervention lors d’une réunion en novembre 2005 dans le cadre de l’European Training Foundation. http :// www. etf. europa. eu.
  • (16)
    Cf. l’exposé de Patrick Maghin, adjoint au Chef du pôle d’analyse économique des pays émergents, Direction générale du Trésor et de la politique économique (DGTPE), séminaire Ubifrance, Paris, 8 février 2006. Se reporter également aux analyses de Mirela Mata, correspondante pour l’Albanie de la Mission économique de Sofia, Minefi-DGTPE. hhttp :// www. diffusion. dree.org/.

1Dans un pays comme l’Albanie où la stabilité politique et économique reste d’une extrême fragilité, la contrainte extérieure ? qu’il s’agisse de celle exercée par l’Union européenne (UE) pour améliorer le fonctionnement des institutions, ou de celle imposée par le FMI en matière de stabilisation macroéconomique ? est devenue, depuis le début des années 2000, un élément de plus en plus décisif de l’évolution intérieure du pays. Selon le discours des officiels albanais comme des différents acteurs internationaux, cette pression, légitimée par le projet d’intégration, à plus ou moins long terme, aux structures euro-atlantiques, ne peut se relâcher au risque d’engendrer de nouvelles tensions politiques et, surtout, une nouvelle régression économique. Pourtant, sur ce plan, en dépit des aides financières extérieures, notamment celles venant de l’UE et de la Banque mondiale, dont l’efficacité continue de susciter ? de façon moindre, certes, que dans les années quatre-vingt-dix ? un certain nombre de réserves, les chiffres cachent mal une stagnation économique dont témoigne, par contre, le niveau de vie toujours très bas de la population.

2En 2005-2006, la perspective d’adhésion à l’UE, telle un mirage, s’est à la fois rapprochée et éloignée. La finalisation entre Bruxelles et Tirana, en février 2006, de l’Accord de stabilisation et d’association (ASA) dont les négociations avaient débuté en 2003, est considérée comme un pas décisif dans la voie d’une entrée de ce pays du Sud-Est européen dans l’UE ; cette dernière ne s’est-elle d’ailleurs pas engagée, lors du Conseil de Thessalonique le 21 juin 2003, à offrir un avenir à toute cette région des Balkans occidentaux au sein de l’espace communautaire, un engagement que plusieurs sommets européens ont, depuis, réaffirmé ? Cependant, dans le même temps, les rejets français et néerlandais du projet de Constitution européenne, ajoutés à une certaine « fatigue » après l’élargissement de mai 2004, ont conduit l’UE, non à se désavouer à l’égard de cette région, mais à renvoyer à une date indéterminée le débat sur son adhésion à l’UE : telle fut en substance l’orientation du rapport Brok, rédigé sous le timbre de la Commission des Affaires étrangères du Parlement européen et endossé par ce dernier en novembre 2005 [1]. Face à la difficulté d’« absorber » de nouveaux Etats, il serait en quelque sorte devenu « urgent d’attendre »...

3Pour Bruxelles, l’enjeu, par-delà le sort de l’Albanie proprement dit et d’une région dont la porosité des frontières l’inquiète en permanence, consiste aussi, voire surtout, selon les sensibilités politiques et les Etats membres, à se prémunir contre une immigration clandestine dont une partie provient ou transite par le territoire albanais ; l’UE a également pour préoccupation de lutter contre les différents trafics (êtres humains, drogues) dans lesquels des réseaux albanais sont impliqués de façon avérée [2].

4Alors que le rôle d’aiguillon que joue la perspective de l’intégration européenne pourrait risquer, faute de calendrier précis, de s’émousser, la tâche pour le gouvernement de centre droit de Sali Berisha, nommé à l’issue des élections législatives de juillet 2005, apparaît pour le moins titanesque : il lui faut tenir le cap de réformes institutionnelles et économiques qui, aussi indispensables soient-elles sur le plan intérieur, ne lui garantissent pas à moyen terme l’entrée dans les structures euroatlantiques. Dans un tel contexte, l’engagement solennel du Premier ministre de mener un combat sans merci contre la corruption et le crime organisé, représente un test décisif de la capacité de ce pays à trouver les forces nécessaires pour relever un tel défi.

Un renouvellement politique relatif

5Il aura fallu attendre près de deux mois pour que l’Albanie parvienne, en septembre 2005, à se doter d’un gouvernement. Pourtant, le verdict des urnes, à l’issue des élections législatives du 3 juillet, avait donné gagnant, sans ambiguïté, le Parti démocratique (PDSH) ; mais, le refus de l’équipe sortante, menée par le Parti socialiste (PSSH), de reconnaître sa défaite, les divers marchandages avec les petites formations, ayant contribué à la victoire de l’opposition, pour l’attribution de quelques strapontins ministériels, enfin, le temps nécessaire pour faire la lumière sur les nombreuses irrégularités qui avaient entaché certaines opérations de vote ont entretenu, huit semaines durant, une certaine confusion. Le 21 août, la tenue d’un troisième tour de scrutin dans trois circonscriptions où le PSSH avait fermement espéré l’emporter, consacrait son cuisant échec.

6Entré en fonctions le 7 septembre 2005, le nouveau gouvernement conduit par le leader du PDSH, Sali Berisha, témoigne d’un rajeunissement très relatif de l’équipe dirigeante. On assiste surtout au retour d’anciennes figures du parti ayant déjà occupé, entre 1993 et 1997, de hautes responsabilités : parmi eux, l’écrivain Besnik Mustafaj, co-fondateur du PDSH, qui fut ambassadeur d’Albanie en France de 1992 à 1997, est nommé aux Affaires étrangères ; l’économiste Genc Ruli qui, ministre des Finances en 1997, avait rompu, à l’époque, avec Sali Berisha alors chef de l’Etat, en raison de son jusqu’au-boutisme face à la crise des pyramides financières, est chargé de l’Economie, du Commerce et de l’Energie; ou encore Genc Pollo, vice-président du PDSH qui, rival de S. Berisha, avait fini par créer sa propre formation, reçoit le portefeuille de l’Education et des Sciences. On note néanmoins l’arrivée de quelques nouveaux visages, à commencer par celui de la jeune ministre chargée de l’Intégration européenne, Arenca Trashani.

7Dans ce gouvernement que le leader du PDSH a voulu resserré et qui a recueilli le soutien de 84 députés sur 140, quatre portefeuilles sur seize vont à des petits partis dont l’audience, depuis la restauration du pluripartisme en Albanie (1990), n’a jamais dépassé les 10 % de voix.

8Même le Mouvement socialiste pour l’intégration, formation créée par l’ex-Premier ministre (2001-2002) et dissident du PSSH, Ilir Meta, que certains observateurs croyaient promis à un certain avenir, n’est pas parvenu à se faire une place sur une scène politique toujours dominée par les deux grandes forces issues du giron communiste.

9Si cette alternance qu’un quotidien albanais a qualifié non sans ironie de « chassé-croisé de dinosaures » [3], n’aboutit pas à une recomposition du champ partisan, elle met cependant un terme au combat de deux frères ennemis (Sali Berisha d’une part, Fatos Nano, ex-Premier ministre et leader du PSSH, d’autre part) dont l’animosité a monopolisé et envenimé le débat politique, quinze années durant.

10Se considérant comme personnellement désavoué, Fatos Nano a préféré se retirer de la direction du PSSH dès le lendemain de la publication des résultats définitifs par la Commission électorale, le 1er septembre, un retrait qui, sans signifier la fin de son emprise sur l’appareil du Parti, devrait cependant permettre à cette formation, héritière directe du Parti du travail d’Albanie (1945-1990), de se rénover.

11En témoigne l’arrivée à sa tête du maire de Tirana, Edi Rama, à l’issue du congrès d’octobre 2005. Elu par 297 voix, face au candidat soutenu par Fatos Nano, l’ancien chef d’Etat, Rexhep Mejdani (151 voix), le nouveau leader qui passe pour un outsider au sein du parti auquel il n’a adhéré qu’en 2003, conforte l’hypothèse d’une évolution interne de cette structure, tandis que la désignation au poste de secrétaire général de Pandeli Majko [4], ex-ministre de la Défense, témoignerait des résistances de l’appareil. Le fait que le nouveau chef du PSSH n’ait pas de mandat parlementaire renforcerait sa marge de manœuvre à l’égard du parti, selon les uns ou, au contraire, selon d’autres, le fragiliserait à l’approche des élections locales qui doivent se tenir à la fin de 2006.

12Elu à deux reprises à la tête de la capitale (octobre 2000 puis décembre 2003), Edi Rama est très vite entré en conflit avec Sali Berisha sur la question de l’attribution des permis de construire dans une ville qui passe pour l’une des plus surpeuplées d’Europe. Les bidonvilles, qui se sont multipliés depuis le milieu des années quatre-vingt-dix et où s’entassent des milliers de familles déshéritées fuyant la misère des régions du Nord [5], ne sont qu’un des aspects les plus préoccupants d’une situation qu’Edi Rama s’emploierait à améliorer, pour certains, tandis que pour d’autres, il n’en aurait cure. Ses détracteurs lui reprochent, en effet, de n’avoir rien fait pour éviter le développement anarchique de la ville, ses liens avec les entreprises de construction ? qui feraient, par ailleurs, écran à des opérations de blanchiment ?, ayant pris le pas sur ses promesses électorales de sauvegarder espaces verts et monuments culturels dans le cadre d’un plan d’urbanisme qui tarde, il est vrai, à voir le jour [6]. En avril 2006, le gouvernement s’est empressé de faire voter une loi légalisant les habitations édifiées sans permis de construire dont le nombre est estimé à près de 200 000, considérant qu’il était urgent de mettre fin à une situation juridiquement et socialement inextricable.

13La construction d’un boulevard périphérique, commencée à l’initiative de la mairie avant les élections de juillet 2005, constitue un autre sujet de mésentente. Après avoir ordonné la suspension des travaux, le gouvernement a nommé une commission d’enquête sur cet ouvrage qui, selon lui, présentait plusieurs irrégularités, dont l’absence d’un permis de construire, ce qui pouvait entraîner l’inculpation de E. Rama.

14Soutenu par un expert en matière de pouvoirs locaux et régionaux du Conseil de l’Europe, Giovanni Di Stasi, qui jugea qu’une telle enquête contrevenait à la Charte européenne de l’autonomie locale, le maire de Tirana a dû cependant se résoudre à renoncer au projet.

15Participant de la volonté du nouveau gouvernement d’examiner le bienfondé de certaines décisions avalisées durant la législature antérieure, cette affaire n’est qu’une illustration de l’opération « mains propres » que Sali Berisha s’est engagé à mener.

? Haro sur la corruption !

16Selon l’organisation Transparency International, l’Albanie se rangeait, en 2005, au 126e rang pour l’indice de la perception de la corruption sur les 159 pays observés, alors qu’elle occupait, dans le classement de l’année précédente, la 108e place sur 149.

17La détermination affichée par Sali Berisha durant sa campagne électorale de s’attaquer à la corruption et au crime organisé ne peut se concrétiser que si son équipe maîtrise les principaux rouages de l’appareil exécutif et, surtout, parvient à épurer les rangs d’une justice qui n’a jamais été vraiment dépoussiérée, depuis la chute du communisme. Comment faire, cependant, pour que cette « croisade » contre des méfaits qui ont pu être commis, des années durant, avec le soutien des plus hauts personnages de l’Etat, ne se transforme en chasse aux sorcières ?

18Par ailleurs, quel crédit, sinon quelle efficacité accorder à cette opération « mains propres » lancée par celui qui, à la tête de l’Etat de 1992 à 1997, ne peut se targuer d’avoir toujours été au-dessus de tout soupçon même si sa réputation d’incorruptibilité a apparemment fini, aujourd’hui, par convaincre ses partenaires extérieurs [7] ?

19Parmi les principales mesures prises dès l’automne 2005, figurent la création d’une cellule directement placée sous l’autorité du Premier ministre, composée notamment des directeurs des services douaniers et fiscaux, ainsi que le durcissement de la loi sur le délit d’initié, loi dont le vote avait longtemps été différé par le gouvernement précédent. Un autre texte législatif permettant de lever l’immunité des députés a soulevé un tollé parmi les élus du PSSH, au motif que cela constituait une violation de la Constitution de 1998. Le gouvernement s’est trouvé contraint de demander l’avis de la Commission de Venise du Conseil de l’Europe, instance qui avait contribué à la rédaction de la Loi fondamentale.

20Par ailleurs, les ministres de la Culture et du Tourisme, sitôt nommés, ont été sommés de vendre les parts qu’ils possédaient dans un hôtel et l’ensemble de l’équipe gouvernementale priée de se « mettre à la diète » en diminuant de 30 % son train de vie.

21S’appuyant sur une des critiques du rapport de novembre 2005 de la Commission européenne, qui reprochait aux autorités albanaises de n’avoir pas mis à exécution plusieurs décisions de justice, le Premier ministre s’est vanté, en décembre 2005, d’être parvenu à obliger les tribunaux à réduire sensiblement le nombre des jugements restés sans suite.

22Le jour même où le gouvernement Berisha recevait l’investiture du Parlement (7 septembre 2005), la police arrêtait Leonard Koka, l’un des hommes d’affaires les plus influents du pays, pour trafic de cigarettes. Ami personnel de l’ancien Premier ministre, Fatos Nano, frère du maire de Dürres, lui-même soupçonné de malversations, L. Koka sera-t-il le seul à devoir répondre devant une justice qui, manifestement, traîne les pieds [8] ?

23Très rapidement, en effet, Sali Berisha est entré en conflit avec le procureur général, Theodhori Sollaku, ne cachant pas qu’il voulait son éviction. Les députés du PDSH ont voté un amendement à la loi qui soumettait la révocation par le Parlement d’un responsable, nommé par le chef de l’Etat et reconnu coupable d’une grave violation de la Constitution, à un vote à bulletin secret, vote qui devait, en outre, être avalisé par le président de la République. Le porte-parole du Parlement, Jozefina Topalli, avait auparavant tenté de faire pression sur T. Sollaku pour l’amener à démissionner, ce que ce dernier a catégoriquement refusé. Le 2 mai, le Parlement albanais votait une résolution portant création d’une commission ad hoc de 13 membres (sept membres de partis au pouvoir, six de l’opposition) chargée d’évaluer le travail mené par le procureur depuis sa nomination en 2002 et de faire la lumière sur les raisons de son laxisme à l’égard des milieux du crime organisé, vote auquel l’opposition n’a pas participé.

24Pour sa part, le chef de l’Etat, Alfred Moisiu, a laissé entendre qu’il ne jugeait pas cette révocation nécessaire.

25Des mesures plus spectaculaires, voire plus démagogiques, telles que la création de numéros d’appel gratuits pour les citoyens désirant dénoncer un cas de corruption ou l’interdiction d’employer plus d’un membre d’une même famille dans les services des douanes ont également été adoptées. Celle prise en avril 2006, d’interdire, durant trois ans, l’utilisation de bateaux à moteur de plaisance, afin de diminuer les trafics en tous genres par voie maritime, notamment avec l’Italie et la Grèce, a été l’occasion d’un nouveau bras de fer avec l’opposition qui a fait valoir que ces embarcations étaient très souvent employées à des fins touristiques et, de ce fait, étaient source de revenus.

26Conscient de jouer sur cette question fondamentale de la lutte contre la corruption son va-tout politique face à une opinion publique sans grande illusion sur ses élites dirigeantes, Sali Berisha sait aussi que ce combat est, aux yeux de ses partenaires extérieurs, d’une importance décisive.

A l’ombre de l’UE et des Etats-Unis

27Le rapport consacré aux Balkans occidentaux, publié par la Commission européenne en novembre 2005, qui comportait, en annexe, un rapide état de l’avancée des réformes institutionnelles et économiques dans quatre Etats de l’Europe du Sud-Est, en Turquie et au Kosovo [9] a émis, sur l’Albanie, un jugement nettement plus positif que par le passé, prenant acte des efforts accomplis par le gouvernement Berisha en matière de lutte contre la corruption et le crime organisé. Et si le bilan, sur le plan économique, était plus mitigé, la tonalité encourageante du rapport a manifestement ouvert la voie à la finalisation des négociations sur l’Accord de stabilisation et d’association (ASA), intervenue en février 2006, puis officialisée par le Conseil européen de mars 2006. La signature de l’ASA, moment « historique » marquant, selon les officiels albanais, « la fin d’une longue et pénible transition qui a duré quinze années », a eu lieu le 12 juin au Luxembourg. A cette occasion, la ministre de l’Intégration a insisté sur le rôle croissant qu’aurait désormais son ministère dans la conduite des réformes, visant à rapprocher la législation albanaise de l’acquis communautaire. La ratification de l’Accord par le Parlement européen devrait intervenir en septembre et celle par chacun des vingt-cinq Etats membres s’étaler sur deux ans ; un accord intérimaire, qui vient se substituer à l’accord de coopération commerciale et économique de 1992, permet, durant cette période, la mise en œuvre des différentes modalités contractées entre les deux parties, à commencer par les dispositions relatives à la libéralisation progressive et asymétrique des échanges entre l’UE et l’Albanie, qui devrait se faire en faveur de cette dernière. Le discours prononcé, lors de cet événement, par le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, du haut de la tribune du Parlement albanais, a surtout mis l’accent sur le rôle constructif que le pays était en mesure de jouer dans la région.

28Appelant les forces politiques albanaises à travailler de concert pour accélérer, entre autres, l’adoption d’une réforme électorale que l’OSCE recommande depuis plusieurs scrutins et qui permettrait notamment d’améliorer les procédures d’inscription des électeurs, J. M. Barroso s’est engagé, de son côté, à faciliter l’obtention des visas d’entrée dans les pays de l’UE pour les étudiants et les chercheurs albanais.

29Mais quelques semaines plus tard, la décision de l’UE de quasiment doubler le prix des visas pour les ressortissants des Etats non membres allait jeter une ombre sur cette promesse. On est donc encore loin de la liberté de circulation à laquelle aspirent les Albanais ; et même si les plus chanceux et les plus instruits parmi les jeunes auront la chance de bénéficier de certains programmes européens d’enseignement du type Erasmus ? décision dont s’est vivement félicitée la présidence autrichienne de l’UE (premier semestre 2006) qui avait inscrit en tête de son agenda le resserrement des liens avec les Balkans occidentaux [10] ?, l’opinion publique albanaise a parfois du mal à contenir son ressentiment à l’égard de « la forteresse Europe » [11].

30Afin de lutter contre les trafics de toutes natures, l’immigration clandestine et le terrorisme international, les pays de l’UE ont durci, de fait, leur politique d’octroi de visas aux ressortissants d’un pays considéré comme un « lieu de transit majeur pour les stupéfiants » et dont l’image à l’extérieur est particulièrement négative [12]; or, le nombre très important de familles albanaises ayant un parent à l’étranger accroît d’autant ce sentiment de marginalisation. Dans le cas d’un pays vers lequel l’émigration est forte, comme la Grèce, avec qui, en outre, les relations ont toujours été problématiques, cette amertume peut se transformer en franche hostilité, celle-ci étant d’ailleurs parfois partagée par les populations locales.

31Parallèlement à la finalisation de l’ASA, Tirana s’est engagé, aux termes d’un accord de réadmission signé avec l’UE, le 3 mars 2006, à rapatrier ses ressortissants vivant illégalement dans les Etats membres, y compris ceux ayant renoncé à la nationalité albanaise. Cet engagement s’étend aux ressortissants d’Etats tiers qui se trouvent dans une situation identique et sont en possession d’un visa ou d’un permis de séjour délivré en Albanie, voire qui sont entrés dans l’UE via le territoire albanais. Se félicitant de l’adoption prochaine d’une telle mesure, le rapport de la Commission européenne de novembre 2005 précisait cependant que les procédures prévues nécessiteraient des moyens financiers conséquents.

32Les Etats-Unis, autre partenaire majeur aux yeux de Tirana, ont aussi matière à se féliciter de la bonne volonté démontrée par le pays dans la lutte contre le terrorisme : à preuve, la présence très modeste, mais néanmoins symbolique, de quelque 120 soldats albanais en Irak, mais aussi la décision, à la demande de Washington, d’offrir l’asile, pour les soustraire à la répression de Pékin, à cinq membres de la minorité ouïgoure (vivant dans la province chinoise du Xinjiang), libérés de la prison de Guantanamo après avoir été soupçonnés, à tort, d’appartenir à des réseaux terroristes [13]. Cet acte d’allégeance à Washington dont Tirana espère qu’il lui ouvrira les portes de l’Otan, hypothèse peu vraisemblable à court terme, n’a pas manqué de rejaillir sur les relations sino-albanaises, notamment économiques. Certes, la Chine n’est que le 4e fournisseur de l’Albanie, avec une part relativement modeste (6,6 % du total des importations de cette dernière, contre 68 en provenance de l’UE), mais ses livraisons sont vitales, car avant tout destinées à la maintenance d’un parc industriel, encore composé pour l’essentiel de machines importées de Chine dans les années soixante-dix.

33Sans compter l’intérêt récent d’entreprises privées et publiques chinoises pour l’Albanie où elles disent vouloir investir un milliard de dollars d’ici à 2010 !

34Pour l’heure, le développement économique passe aussi par une intégration régionale accrue qui, en 2005-2006, semble enfin commencer à prendre de la consistance. Après s’être alignée sur la position de la communauté internationale qui appelait le territoire du Kosovo sous administration internationale à satisfaire à un certain nombre de standards avant de poser la question de son statut, Tirana a continué d’afficher un profil bas sur la question de l’indépendance de l’entité ? qu’elle souhaite d’ailleurs ?, considérant que la décision revenait aux grandes puissances (Etats-Unis, Grande-Bretagne, France et Russie). L’accroissement sensible des échanges commerciaux avec ses voisins de l’Europe du Sud-Est en 2005 (+18%), et notamment avec le Kosovo, qui absorbe 43 % des exportations du pays vers cette région, illustre la volonté de Tirana de donner corps à une coopération régionale que l’UE n’a de cesse d’encourager.

Derrière les chiffres, la stagnation économique

35La croissance économique a beau continuer de flirter avec des taux se situant aux alentours de 6 %, aucune des tendances négatives, observées durant ces dernières années, n’est parvenue à s’inverser, ni même à s’atténuer, exception faite du déficit budgétaire qui, en passant de l’équivalent de 5 du PIB en 2004 à 4,5 % en 2005, a valu à l’Albanie les encouragements du FMI.

36Celui-ci a donc décidé d’accorder à Tirana un nouveau crédit au titre de la Facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance, accompagné d’un accord élargi de crédit (1er février 2006-31 janvier 2009) pour, selon la formule consacrée, garantir « une croissance soutenable à long terme ». Outre le suivi des outils classiques de pilotage macroéconomique, le nouvel accord triennal (2006-2009) avec l’institution de Bretton Woods doit permettre la mise en œuvre de plusieurs réformes structurelles (justice, cadastre et droits de propriété), tout en contraignant les autorités albanaises à établir un nouvel échéancier pour le remboursement de la dette publique et à évaluer plus précisément les priorités qu’elles ont fixées, notamment sur les plans fiscal et énergétique.

37La hausse des cours mondiaux de l’énergie couplée avec les conséquences de la sécheresse sur la production des centrales hydroélectriques est à l’origine d’une nouvelle aggravation du déficit de la balance des transactions courantes qui atteint 7,2 % du PIB en 2005, malgré l’apport constant et massif des transferts des travailleurs émigrés albanais (10 à 13 % du PIB en 2005) [14].

38Une autre raison de la dégradation du compte courant réside dans le creusement continu du déficit commercial qui a triplé depuis 1998 et s’élève désormais à près de 2 milliards de dollars, soit un quart du PIB. L’Albanie important 75% de ce qu’elle consomme, le montant des exportations, pourtant en augmentation malgré la concurrence des produits asiatiques (textiles, habillement, bois), parvient à peine à couvrir un tiers des achats du pays.

39Emblématique de cette situation de dépendance à l’égard de l’extérieur, l’agro-industrie qui pourrait tirer parti de conditions géoclimatiques favorables à nombre de productions méditerranéennes (huile d’olive, agrumes, cultures sous serre, agriculture biologique) ne satisfait que 10 % de la demande intérieure et n’a pas réussi, jusqu’à présent, à attirer le moindre investissement extérieur.

tableau im1
Principaux indicateurs économiques de l’Albanie en 1998-2005 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 PIB (variation en %) 12,7 10,1 7,3 7,2 3,4 6,0 5,9 6,0 Production industrielle (variation en %) 4,1 34,2 0,5 7,1 - 7,9 2,7 5,0* 4,5* Production agricole (variation en %) 5,0 0,4 4,5 2,2 2,1 3,0 3,0* 2,0** Consommation des ménages (variation en %) 7,0 2,7 5,3 Nd nd nd nd nd Formation brute de capital fixe (variation en %) 11,5 14,9 17,9 Nd nd nd nd nd Taux de chômage (en % des actifs, en décembre) 17,8 18,4 16,8 14,5 15,8 15,0 14,4* 14,2(1) * Indice des prix à la consommation (moyenne annuelle, %) 20,6 0,4 0,1 3,1 5,2 2,4 2,9 2,1 Solde budgétaire (en % du PIB) - 12,0 - 12,2 - 9,2 - 8,5 - 7,2 - 4,4 - 5,0 - 4,5 Exportations de marchandises (en millions de dollars) 208 275 255 305 330 447 603 766 Importations de marchandises (en millions de dollars) 812 938 1 076 1 332 1 485 1 783 2 182 2 699 Balance commerciale (en millions de dollars) - 604 - 663 - 821 - 1 027 - 1 155 1 336 - 1 579 - 1 933 Balance des transactions courantes (en % du PIB) - 6,8 - 7,7 - 7,4 - 6,4 - 9,7 - 8,2 - 6,1 - 7,2 Dette extérieure brute (en % du PIB) 29 26 30 28 23 22 20 nd Investissements directs étrangers nets (en millions de dollars) 45 51 143 204 135 178 343 288 (1) Au 30 septembre Note – Sauf indication contraire, les données présentées dans ce tableau proviennent de la Berd, celles pour 2004 étant des estimations et celles pour 2005 des projections. Les chiffres accompagnés d’astérisques émanent de The Economist Intelligence Unit (* : résultat; ** : estimation). Sources : Berd, Transition Report 2005; EIU, Country Report Albania, février 2006.

Berd, Transition Report 2005; EIU, Country Report Albania, février 2006.

Les relations France ?? Albanie

Cinquième client et quinzième fournisseur, la France est, pour l’Albanie, un partenaire peu important, avec un montant global d’échanges très modeste (27,1 millions d’euros en 2005), dont le solde est traditionnellement en faveur de la France.
Le commerce bilatéral a enregistré, en 2005, une baisse de 6,2 %, en raison essentiellement d’une chute des ventes de produits agricoles et agro-alimentaires de part et d’autre. Cette contraction des échanges s’accompagne cependant de quelques opérations de coopération dont se sont félicités, tour à tour, le ministre des Affaires étrangères, Besnik Mustafaj, puis le Premier ministre albanais, Sali Berisha, lors de leurs visites officielles à Paris (respectivement les 27 et 28 février 2006 et le 26 avril 2006).
La société parisienne Sagem Communication a remporté un contrat de fourniture, d’installation et de mise en service d’un réseau de transmission de données pour la police nationale albanaise, réseau destiné à relier les cinquante sites dont cette dernière dispose sur l’ensemble du territoire albanais. Signé fin octobre 2005, ce contrat se monte à environ 4,7 millions d’euros. Par ailleurs, dans le cadre d’un séminaire organisé à Paris par Ubifrance, le 28 février 2006, intitulé prudemment « Un marché modeste mais digne d’attention », plusieurs expériences, aussi téméraires que concluantes, ont donné une idée des opportunités qu’offre ce pays à qui sait faire preuve d’opiniâtreté. C’est le cas, notamment, du groupe KLP Industries, dirigé par Michel Pavoine, qui a repris, en 2000, la mine de bitumes naturels Selenice Bitumi Sha (près de Vlora, au sud-ouest du pays) dont la production, destinée au revêtement des routes, a été référencée selon les normes européennes, sous le label « selenizza »; la mine a franchi en 2005, le cap des 10 000 tonnes de bitumes exportées.

tableau im2
Les échanges France ?? Albanie, 2003-2005 (millions d’euros) 2003 2004 2005 Exportations (fob) 22,0 19,6 17,3 Importations (cif) 16,0 9,3 9,8 Solde + 6,0 + 10,3 + 7,5 Source : Douanes françaises

Douanes françaises

40Depuis des années, le lek s’apprécie en termes réels et nominaux, fait unique dans la région, mais il est très surévalué par rapport au dollar, ce qui pénalise les exportations albanaises. Très critiques sur l’opacité et le caractère mouvant de l’environnement juridique et administratif, les entreprises étrangères se félicitent, par contre, de la stabilité monétaire du pays, due essentiellement à la gestion rigoureuse de la Banque centrale qui, dotée de réserves en devises à même de couvrir 5,2 mois d’importations, n’a rencontré aucune difficulté pour maintenir la hausse de l’indice des prix autour de 2 % en glissement annuel.

41Avec une augmentation de 82 % en 2005, le crédit bancaire, dopé par une réduction sensible des taux d’intérêt, a connu un véritable boom, même si ceux qui en ont bénéficié ne représentent qu’un segment très restreint de la population. Le premier grand centre commercial (30000 m², 20000 produits référencés) s’est ouvert, à Tirana, en octobre 2005, attirant 120000 personnes en deux jours. Pour le distributeur français à l’origine de cette implantation pour laquelle la principale difficulté tient à l’approvisionnement (90% des produits viennent d’Italie et de Grèce), 7 % des Albanais sont très riches,13% sont aisés et 20% disposent de revenus moyens. Que dire des 60 % restants dont la moitié vit au-dessous du seuil de pauvreté ? Avec un PIB par habitant de l’ordre de 2 450 dollars, le pouvoir d’achat de la population, à peine supérieur à celui enregistré en Bosnie-et-Herzégovine, demeure l’un des plus faibles de la région, l’économie informelle (30 à 50 % du PIB selon les estimations) permettant, ici comme làbas, de compenser un dénuement qui, dans les zones montagneuses du Nord, contraint au départ les habitants, à commencer par les jeunes. La persistance d’un taux de chômage élevé (14,2% de la population active en 2005, selon les statistiques officielles) illustre l’incapacité du secteur industriel comme des services à créer de nouveaux emplois.

42Un autre problème pour la décennie à venir a trait au faible niveau de qualification de la main-d’œuvre : outre un phénomène de déscolarisation inquiétant, la formation et l’enseignement professionnels ont été totalement délaissés depuis quinze ans, au point que le nombre d’établissements dans ces domaines aurait diminué de 85 %, selon le ministre de l’Education, Genc Pollo [15].

43L’absence de ressources énergétiques suffisantes entrave toute restructuration de l’industrie : ainsi, aucune nouvelle production n’a été lancée depuis 1985. Les importations d’énergie ne cessent d’augmenter et l’essence, qui plus est de mauvaise qualité, coûte plus cher qu’en Grèce. Le réseau de distribution de l’électricité est totalement obsolète, alors que la consommation des ménages va croissant, que les factures impayées sont de plus en plus nombreuses et les pertes en ligne de plus en plus fréquentes. Près de 145 000 usagers ne sont pas encore dotés de compteurs électriques individuels et il n’existe qu’une seule interconnexion des réseaux avec l’étranger.

44Goulet d’étranglement, le secteur de l’électricité va bénéficier, dans les dix années à venir, de 40 % des financements des bailleurs de fonds : des investissements d’un montant de 1,36 milliard de dollars devraient ainsi permettre d’en finir, d’ici à 2015, avec les pénuries (53 % seront destinés à la production d’électricité, 16 % à sa transmission et 31 % à sa distribution) et un appel d’offres international a été lancé, en janvier 2006, pour l’achat de 50000 compteurs individuels. Pourtant, les projets énergétiques dans lesquels l’Albanie joue un rôle non négligeable ne manquent pas, ce qui explique notamment le vif intérêt porté par les Etats-Unis à la situation géostratégique de ce pays. Ainsi, l’oléoduc qui reliera le port bulgare de Burgas à l’Adriatique passera par la Macédoine et le port albanais de Vlora, ce projet étant cordonné par le consortium américain AMBO ; au début de 2006, la construction d’un gazoduc entre l’Albanie et l’Italie, avec un terminal de gazéification et une usine thermo-électrique à Fier (sud-ouest du pays), a fait l’objet de pourparlers entre les différentes parties intéressées, parmi lesquelles figuraient les autorités macédoniennes et des représentants du monopole russe Gazprom. La signature entre l’UE et les Etats du Sud-Est européen, le 25 octobre 2005, d’un traité (ratifié par Bruxelles le 29 mai 2006) visant à créer le cadre juridique d’un marché intégré de l’énergie au niveau sud-est européen, ce qui reviendra à étendre le traité européen pour la communauté de l’énergie à l’ensemble de la péninsule balkanique, représente incontestablement un progrès important. Ce traité participe, avec le projet d’étendre l’Accord de libre-échange d’Europe centrale (ALECE) à l’ensemble des pays de l’Europe du Sud-Est, qui viendrait ainsi remplacer la pléthore d’accords bilatéraux (trente et un) conclus ces dernières années, d’une stratégie de l’UE visant à renforcer une coopération régionale dont le Pacte de stabilité pour l’Europe du Sud-Est, établi en 1999, avait fait une de ses priorités.

45Les carences des infrastructures routières et ferroviaires constituent un autre handicap majeur notamment pour les investissements étrangers qui ont à peine atteint les 300 millions de dollars en 2005. En outre, la suspension de la vente d’Albtelecom (opérateur de téléphonie fixe) au consortium turc Calik Energy Telecommunication, négociée par le gouvernement précédent, a privé, temporairement sans doute, le budget albanais d’une rentrée de capitaux substantielle.

46Sur les 18 000 kilomètres de routes, 1 500 seulement (moins de 10 %) ont été rénovés depuis le début des années quatre-vingt-dix, alors que le trafic a centuplé. Parmi les projets prioritaires, figurent notamment et depuis plusieurs années maintenant la construction d’un tronçon Dürres-Kükes-Morine qui permettra d’aller jusqu’à la frontière avec le Kosovo (180 kilomètres) et, surtout, de désenclaver la région Nord, la plus pauvre du pays ; vers le Sud, une nouvelle route reliant Fier à Gjirokaster a pour objectif de valoriser une région promise, moyennant la mise en place d’infrastructures d’accueil, à un développement touristique que le gouvernement appelle de ses vœux, vantant, dès que l’occasion lui en est donnée, les 470 kilomètres de côtes du pays.

47Par ailleurs, l’intensification des relations de coopération avec les pays voisins passe par la remise en état du réseau ferroviaire (447 kilomètres de voies ferrées sont dans un état lamentable, mais ont néanmoins été empruntés par 1,5 million de voyageurs en 2005) et par son extension. Sont ainsi en projet une ligne reliant l’Albanie à la Macédoine, dont le coût est, pour l’heure, jugé démesuré au regard des moyens limités de Skopje, et une autre devant aboutir au Monténégro, dont la mise en service est prévue pour la fin de 2006.

48Les organismes internationaux sont omniprésents dans le pays, à commencer par la Banque mondiale [16], deuxième donateur après l’UE (44,5 millions d’euros en 2005 et un montant identique en 2006 dans le cadre du programme Cards). Certains intervenants extérieurs s’efforcent d’agir de concert comme dans le cas de la réhabilitation de la centrale thermique de Vlora, qui bénéficie de financements de la Banque mondiale (20 millions d’euros), de la Berd (40 millions) et de la Banque européenne d’investissements (40 millions), auxquels s’ajoutent des capitaux locaux.

49Les élections locales prévues pour la fin de 2006 seront un nouveau test de la capacité de « la jeune démocratie albanaise » ? ainsi que se plaisent à la qualifier les organisations internationales ? à organiser un scrutin dont, sitôt annoncés, les résultats ne seraient pas contestés. Une autre échéance politique susceptible de raviver la guerre des différents clans politiques sera l’élection présidentielle de 2007 pour laquelle le candidat du PDSH devra chercher des voix en dehors de son camp.

50Sur le plan économique, le pays, dont l’ancrage à l’UE s’est nolens volens renforcé, va-t-il sortir bientôt d’une situation de marasme qui, même si elle est nettement moins grave que celle de la fin des années 1990, maintient néanmoins une majorité de la population dans la précarité ? Selon Julien Roche, entrepreneur français installé il y a seize ans en Albanie, dont les affaires, après avoir survécu à la crise des pyramides de 1997, ont prospéré en se diversifiant, « ce pays, passé de l’époque du Far West à celui de l’âge de raison, a connu en quinze ans une évolution phénoménale ». Al’entendre, il est permis d’être optimiste...


Annexe

Chronologie

512005

523 juillet
Elections législatives. Le taux de participation est de 58 % (voir les résultats infra). Le Parti démocratique (PDSH) l’emporte avec environ 45 % des suffrages, mais les résultats provisoires sont immédiatement contestés par le parti socialiste (PSSH) qui revendique également la victoire. Des procédures pour irrégularités sont engagées concernant près de 200 bureaux de vote.

5312 juillet
Olli Rehn, commissaire européen à l’Elargissement, réaffirme, lors d’un discours à Berlin à l’Institut de politique européenne qu’il est du devoir de l’UE de maintenir la stabilité dans les Balkans. Il rappelle que la perspective d’intégration dans l’Union représente « un facteur de démocratisation dans de nombreux pays », ajoutant que « l’Union respectera donc ses engagements, tout en marquant une certaine prudence quant à ceux qu’elle prendra dans le futur, et ce en raison des inquiétudes soulevées lors des référendums en France et aux Pays-Bas ».

54Juillet-août
Pourparlers entre les partis sortis vainqueurs des élections législatives, dans l’objectif de former un gouvernement de coalition où le PDSH, qui a recueilli le plus de voix, se taillera la part du lion. Le PSSH continue durant tout l’été de contester la victoire du PDSH.

5520 août
La ville de Gjirokastra, située dans la vallée de la Drini au sud du pays, dont certains bâtiments datent de la période ottomane est classée au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco.

5627 août
Un troisième tour des élections législatives se tient dans trois circonscriptions où le vote avait été annulé en raison de diverses irrégularités.

573 septembre
Le leader du PDSH, Sali Berisha, est investi dans ses fonctions de Premier ministre par le Parlement. Il présentera son gouvernement le 7. L’UE, par la voix de sa présidence britannique, se félicitera alors de la conclusion du processus électoral en Albanie qui a abouti, selon elle, au « premier transfert de pouvoir dans des conditions pacifiques depuis la chute du communisme [1990]».

5820 septembre
Voulant réexaminer les conditions dans lesquelles le gouvernement précédent avait négocié le contrat de vente de l’entreprise Albtelecom à une entreprise turque, conclu en juin 2005, le Premier ministre gèle la mise en œuvre de cette opération.

597 octobre
Edi Rama, maire de Tirana depuis 2000, succède à Fatos Nano, Premier ministre sortant, à la tête du PSSH. Ce dernier s’était retiré dès l’annonce de la défaite électorale de son parti, l’intérim ayant été assuré par Gramoz Guci.

60Mi-octobre
Un contingent de 120 soldats albanais prend position à Mosul (Irak). Il s’agit de la sixième rotation depuis l’engagement de l’Albanie, en avril 2003, aux côtés de la coalition américanobritannique.

6126 octobre
René van der Linden, président de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, se rend à Tirana. Il appelle à « une tolérance zéro » à l’égard des juges et des procureurs accusés de corruption.

629 novembre
Dans son rapport consacré à la situation des Balkans occidentaux dans la perspective de leur rapprochement de l’UE, la Commission européenne considère, s’agissant de l’Albanie, que « les progrès effectués ouvrent la voie à la conclusion des négociations sur l’Accord de stabilisation et d’association (ASA), constituant ainsi une première étape sur la voie de l’intégration » ; elle ne s’engage, ceci étant, sur aucun calendrier.

6310 novembre
Le Président grec, Karolos Papoulias, annule une rencontre prévue avec son homologue albanais Alfred Moisiu dans la ville albanaise de Saranda (ouest du pays), en protestation contre la tenue d’un rassemblement organisé par des membres de la communauté cham (expulsée de Grèce à la fin de la Seconde Guerre mondiale, après avoir été accusée de collaboration avec les nazis), qui réclament la restitution de leurs biens confisqués à cette époque.

6415 décembre
Le Premier ministre albanais rend visite à son homologue grec, Kostas Karamanlis.

6528 décembre
Approbation du budget qui prévoit un déficit équivalent à 4,1 % du PIB.

662006 10 janvier
La Banque mondiale approuve l’attribution à l’Albanie d’un prêt de 196 millions de dollars.

6715 janvier
Giovanni Di Stasi, représentant du Conseil de l’Europe se rend à Tirana pour tenter de trouver une solution au différend qui oppose le maire de la capitale, Edi Rama, au Premier ministre S. Berisha concernant la construction d’un boulevard périphérique.

6827 janvier
Le FMI accorde à l’Albanie un nouveau prêt de trois ans au titre de la Facilité pour la réduction de la pauvreté et la croissance, le précédent crédit, d’un montant de 40 millions de dollars, octroyé en juin 2002, était arrivé à échéance en novembre 2005.

698 février
Après trois années de laborieuses négociations, et au terme d’une septième session de pourparlers, l’Accord de stabilisation et d’association (ASA) entre l’Albanie et l’UE est finalisé sur le plan technique. Le 18, le président de la Commission, J. M. Barroso officialise devant le Parlement albanais la clôture de ces négociations.

7015 février
Une nouvelle loi sur la restitution des terres destinée à accélérer les procédures de clarification des droits de propriété est approuvée par le Parlement.

714 avril
La délégation pour l’UE du Sénat français dépose un rapport d’information concernant l’Albanie et la Macédoine.

726 avril
Le Haut représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune (PESC), Javier Solana, s’entretient avec le ministre des Affaires étrangères Besnik Mustafaj sur les moyens de mieux lutter contre le crime organisé et la corruption dans la région, et encourage les autorités albanaises « à renforcer la politique constructive » qu’elles mènent d’ores et déjà dans la région.

7329 mai
Ratification par l’UE du traité établissant une communauté de l’énergie pour l’Europe du Sud-Est, signé entre l’UE et neuf Etats de la région le 25 octobre 2005.

7422 juin
Après la signature officielle de l’ASA intervenue le 12 juin, le Premier ministre albanais s’engage devant le Parlement européen à tout mettre en œuvre pour que son pays satisfasse aux exigences de l’intégration dans l’UE et respecte les critères de Copenhague.

75Mi-juillet
Plusieurs milliers de sympathisants de l’opposition manifestent, à Tirana, contre le gouvernement, l’accusant d’atteinte aux libertés.

Principales formations politiques

76Partis de la coalition gouvernementale :
PDSHParti démocratique d’Albanie. Président : Sali Berisha
PRSH Parti républicain d’Albanie. Président : Fatmir Mediu
PBDNJ Union pour les droits de l’homme, ex-Omonia. Président : Jani Jani
NPD Nouveau parti démocrate. Président : Genc Pollo
PA Parti agrarien et environnementaliste. Président : Lufter Xhuveli

77Autres partis représentés au Parlement :
PSSH Parti socialiste d’Albanie, ex-parti communiste (intitulé Parti du Travail avant 1990). Président : Edi Rama
MSI Mouvement socialiste pour l’Intégration. Président : Ilir Meta
PSDSH Parti social-démocrate d’Albanie. Président : Skender Gjinushi
PAD Parti de l’alliance démocratique. Président : Neritan Ceka
LB Union libérale-démocrate
PD Parti chrétien-démocrate
PSDS Parti social-démocrate

78Partis non représentés au Parlement :
PL Parti royaliste de la légalité. Président : Guri Durollari
PBK Parti du Front national (le PL, le PBK et quelques autres petites formations ont constitué une alliance électorale, le Mouvement pour le développement national à l’initiative de Leka Zogu)

Résultats des dernières élections

79? Election présidentielle
Elu par l’Assemblée le 24 juin 2002, Alfred Moisiu a succédé à Rexhep Mejdani.

80Prochaine échéance présidentielle : 2007

81? Elections législatives du 3 juillet 2005
Taux de participation : 58 %

tableau im3
Formations Nombre de sièges Parti démocratique (PDSH) 56 Parti socialiste (PSSH) 42 Parti républicain (PRSH) 11 Parti social-démocrate (PSDSH) 7 Mouvement socialiste pour l’intégration (MSI) 5 Nouveau parti démocrate (NDP ?) 4 Parti agrarien et environnementaliste (PA) 4 Parti de l’alliance démocratique (PAD) 3 Parti chrétien-démocrate (PD) 2 Union pour les droits de l’homme (PBDNJ) 2 Parti social-démocrate (PSDS) 2 Union libérale-démocrate (LB) 1 Indépendants 1 Total 140

82Prochaines échéances législatives : 2008

Composition du gouvernement (août 2006)

83

  • Premier ministre : Sali Berisha
  • Vice- Premier ministre : Ilir Rusmaili
  • Ministres :
    • Intégration européenne : Arenca Trashani (PDSH)
    • Intérieur : Sokol Olldashi (PDSH)
    • Finances : Ridvan Bode (PDSH)
    • Affaires étrangères : Besnik Mustafaj (PDSH)
    • Défense : Fatmir Mediu (PRSH)
    • Economie, Commerce et Energie : Genc Ruli (PDSH)
    • Justice : Aldo Bumci (PDSH)
    • Agriculture et Alimentation : Jemin Gjana
    • PDSH)
    • Travaux publics, Transports et Télécommunications : Lulzim Basha (PDSH)
    • Santé : Maksim Cikuli (PDSH)
    • Travail, Affaires sociales et Egalité des chances : Koço Barka (PBDNJ)
    • Education et Sciences : Genc Pollo (NDP)
    • Culture et Tourisme : Bujar Leskaj (PDSH)
    • Environnement, Eau et Forêts : Lufter Xhuveli (PA)

Bibliographie

Sélection bibliographique

  • Ouvrages
  • Ambassade de France en Albanie, Mission économique Ubifrance, L’Albanie, un marché modeste mais digne d’attention, dossier séminaire, 28 février 2006, Ubifrance, 38 p.
  • Clayer (Nathalie), Aux origines du nationalisme albanais. La formation d’une nation majoritairement musulmane en Europe», Khartala, Paris, 2006 (à paraître).
  • Fonds monétaire international, Albania : Sixth Review under the Extended Arrangement Under the Poverty Reduction and Growth Facility, Request for a Waiver of Nonobservance of Performance Criterion and Financing Assurance Review – Staff Report ; Supplementary Information ; and Press Release on the Executive Board Consideration, IMF Country Report, n° 5/267, août 2005,72 p.
  • Fonds monétaire international, Albania : Poverty Reduction Strategy Paper- Annual Progress Report, IMF Country Report, n° 06/23, janvier 2006,125 p.
  • Fonds monétaire international, Albania : Request for a Three-Year Arrangement Under the Poverty Reduction and Growth Facility, and Use of Fund Resources - Request for an Extended Arrangement - Staff Report, Staff Statement ; Press Release on the Executive Board Discussion ; and Statement by the Exe-cutive Director for Albania, IMF Country Report, n° 06/54, février 2006,96 p.
  • Revues
  • Azzari (Carlo), Carletto (Gero), Davis (Benjamin), Zezza (Alberto), « Monitoring Poverty Without Consumption Data. An Application Using Albania Panel Survey », Eastern European Economics, janvierfévrier 2006, vol. 44, n° 1, pp. 59-82.
  • Berisha (Sali) (entretien avec), « Albanie : le grand nettoyage », Politique internationale, n°111, printemps 2006, pp.337-350.
  • Boulaud (Didier), « Albanie et Macédoine : deux pays à ne pas oublier », Rapport d’information, n° 287, rédigé au nom de la délégation pour l’Union européenne du Sénat, 4 avril 2006,26 p., http ://senat.fr/ rap/r05-287_mono.html.
  • Campobasso (Corrado), « Albania : Parliamentary Elections Ratify Democratic Party’s Coming Back », Est-Ovest, n° 4/ 2005, pp. 25-42.
  • Campobasso (Corrado), « Albania », Est-Ovest, n° 3/2006, pp. 131-139. Economic Intelligence Unit, « Albania », Country Report (trimestriel), Country Profile (annuel).
  • Feilcke-Tiemann (Adelheid), « Albania : Gradual Consolidation Limited by Internal Political Struggles », Southeast European and Black Sea Studies, vol. 6, n° 1, mars 2006, pp.25-41.
  • Lhomel (Edith), « Albanie. L'espoir ténu d'une amélioration », in Europe centrale et orientale 2004-2005, Le courrier des pays de l'Est, n° 1050, juillet-août 2005, pp. 4-17.
  • Lucas (Peter), Tarifa (Fatos), « Albania : Authoritarianism without Oil », Mediterranean Quarterly, vol. 17, n°2, été 2006, pp. 32-39.
  • Tabaku (Arben), « Organised Crime in Albania : a Detrimental Force to its Social and Economic Development », South-East Europe Review, vol.8, n°4,2005, pp.123-132.
  • Telo (Ilia), « Reform of the State Pension System in Albania », South-East Europe Review, vol. 8, n° 4,2005, pp. 133-138.

Notes

  • (1)
    Parlement européen (rapporteur Elmar Brok), Rapport sur le document de stratégie pour l’élargissement 2005 de la Commission, A6-0025/2006,13 p.
  • (2)
    Se reporter à l’article très édifiant de Chris Corrin, « Transitional Road for Traffic : Analysing Trafficking in Women From and Through Central and Eastern Europe », Europe-Asia Studies, vol. 57, n° 4, juin 2005, pp. 543-560. Voir également, Arta Seiti, « Les facteurs sociaux de la criminalité en Albanie », Centre de géostratégie, août 2005, hhttp :// www. geostrategie. ens. fr/ actualités/criminalisation-Seiti.php.
  • (3)
    Cf. Andi Bejtja, « Albanie : chassé-croisé de dinosaures », Korrieri, 23 août 2005, traduit par Mandi Gueguen, Le Courrier des Balkans, http ://balkans.courriers.info/articles5715.html.
  • (4)
    Ex-ministre de la Défense, l’homme a acquis, comme Edi Rama, une réputation d’efficacité. Il sut gérer l’accueil, au printemps 1999, de plusieurs milliers de réfugiés kosovars. Agés d’une quarantaine d’années, tous deux appartiennent à la jeune génération des responsables politiques.
  • (5)
    Lucia Pantella, « Albanie : la métamorphose des bidonvilles de Tirana », Osservatorio Sui Balcani, 10 mai 2006, traduit par M. Gueguen, http ://balkans.courriers.info/article 733.html.
  • (6)
    Cf. Fatos Lubonja, « Urbanisme : Tirana a besoin de respirer », Korrieri, 6 juin 2006, traduit par M. Gueguen, http ://Balkans.courriers.info/article6880.html.
  • (7)
    La personnalité de S. Berischa reste très controversée. Si, dans un entretien récent accordé à la revue Politique internationale (n° 111, printemps 2006), il affirme avoir tiré, sans totalement convaincre, les leçons du passé, son autoritarisme, ses relations difficiles avec la presse continuent entre autres critiques de lui être reprochés, cf. notamment, Fatos Terifa et Peter Lucas, « Albania : Authoritarianism without Oil », Mediterranean Quarterly, vol. 17, n° 2, été 2006, pp. 32-39.
  • (8)
    Selon un ancien juge albanais, Kreshnik Spahiu, devenu le directeur d’une ONG de lutte contre la corruption (le CAO), « l’une des fonctions les plus lucratives [en Albanie] est celle de juge et ils ne le cachent pas », Le Monde (Christophe Châtelot, « Corruption et crime organisé, un défi à régler en « cent jours »»), 6 juillet 2005.
  • (9)
    Cf. Communication de la Commission, document de stratégie pour l’élargissement, Bruxelles, 9 novembre 2005, COM (2005) 561 final, 38 p. et le rapport consacré spécifiquement à l’Albanie, Albania 2005 Progress Report, European Commission, 9 novembre 2005, SEC (2005) 1421,73 p.
  • (10)
    Il s’agit du Pacte pour la formation auquel les Balkans occidentaux pourront avoir accès dès 2007. La Lettre de la Fondation Schuman, n° 248,13 mars 2006.
  • (11)
    Andrea Stefani, « Contre la politique européenne des visas : un ghetto appelé Albanie », Panorama, 12 juillet 2006, traduit par M. Gueguen, http ://balkans.courriers.info/article6902.htl.
  • (12)
    L’Albanie figure, selon l’Eurobaromètre, à l’avant-dernier rang (devant la Turquie) des pays que les personnes interrogées dans les vingt-cinq Etats membres de l’UE voudraient voir entrer l’UE, une large majorité se prononçant contre celle-ci.
  • (13)
    Pékin affirme, pour sa part, qu’ils appartiennent à l’organisation terroriste du « Turkestan de l’Est » qui figure sur la liste des organisations passibles de sanctions selon la résolution 1267 du Conseil de sécurité de l’Onu. Cf. Fatos Coçoli, « Un direct Guantanamo-Albanie pour cinq Ouïgours du Xinjiang », Panorama, 10 mai 2006, traduit par M. Gueguen, http ://balkans. courriers.info/article6718.html.
  • (14)
    Cf. sur ce sujet, le chapitre consacré à l’apport que représente dans le PIB des économies est-européennes, les transferts des travailleurs émigrés. Sur les vingt-sept pays couverts par l’analyse, l’Albanie figure à la 4e place derrière la Moldavie, la Bosnie-et-Herzégovine et la Serbie-et-Monténégro, et légèrement devant le Tadjikistan. in Berd, Transition Report Update, mai 2006, pp. 2-8.
  • (15)
    Cf. son intervention lors d’une réunion en novembre 2005 dans le cadre de l’European Training Foundation. http :// www. etf. europa. eu.
  • (16)
    Cf. l’exposé de Patrick Maghin, adjoint au Chef du pôle d’analyse économique des pays émergents, Direction générale du Trésor et de la politique économique (DGTPE), séminaire Ubifrance, Paris, 8 février 2006. Se reporter également aux analyses de Mirela Mata, correspondante pour l’Albanie de la Mission économique de Sofia, Minefi-DGTPE. hhttp :// www. diffusion. dree.org/.
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