Couverture de CPE_064

Article de revue

Lettonie 2005–2006

Le pays de tous les records

Pages 23 à 38

Notes

  • (1)
    Olivier Truc, « La surchauffe éloigne la Lettonie de l’euro », La Tribune, 22 mars 2006.
  • (2)
    Emmanuel Mathias, « Lettonie », Les études du CERI, n° 120, décembre 2005, pp.31-35.
  • (3)
    EIU, « Latvia », Country Report, avril 2006, p. 8.
  • (4)
    EIU, « Latvia », Country Report, avril 2006, p. 30.
  • (5)
    Ventspils Nafta est détenue à 49,3 % par la société Latvijas Naftas Tranzits et regroupe le terminal pétrolier Ventspils Naftas Terminals, la société de transport de pétrole et de produits pétroliers LatRosTrans, la société d’oléoducs Rietumu Caurulvadu Sistema, la compagnie maritime Latvijas Kugnieciba et, notamment, la maison d’édition Mediju Nams. wwww. vnafta. lv (source consultée le 12 juillet 2006).
  • (6)
    Business Eastern Europe, 8 mai 2006; The Baltic Times, 11-17 mai 2006.
  • (7)
    wwww. esfondi. lv,(source consultée le 11 juillet 2006).
  • (8)
    Ministère letton des Affaires étrangères, wwww. am. gov. lv(source consultée le 21 décembre 2005).
  • (9)
    The Baltic Times, 23-29 mars 2006 et 30 mars-4 avril 2006.
  • (10)
    Novo News, 6 avril 2006.
  • (11)
    Voir notamment le compte rendu de la visite à Paris, le 8 novembre 2005, de la Présidente lettone, Le courrier des pays de l’Est, n° 1052, novembre-décembre 2005, pp. 83-85.
  • (12)
    Données Eurostat, 15 juin 2006.
  • (13)
    Emmanuel Mathias, « Lettonie », Les études du CERI, n° 120, décembre 2005.
  • (14)
    Olivier Truc, « Les Lettons, peuple trop migrateur », Le Monde, 18 mai 2006.
  • (15)
    Céline Bayou, « La Lettonie se vide de ses jeunes », Regard sur l’Est, 15 janvier 2006, www. regard-est. com.
  • (16)
    Diena, 20 juin 2006.
  • (17)
    Telegraf, 26 juin 2006.
  • (18)
    Céline Bayou, « Lettonie 2004-2005 : « Que personne ne décide pour nous »», Le courrier des pays de l’Est, n° 1050, juillet-août 2005, pp. 101-115.
  • (19)
    Einars Repse, leader à la fois charismatique et controversé de Nouvelle ère, après avoir été évincé de ce poste en raison de sa forte personnalité, avait repris la direction du parti en novembre 2005. Centré sur des options ultra-libérales et la lutte contre la corruption, Nouvelle ère est très populaire dans le pays. Il l’est moins au sein de la classe politique, précisément du fait de la personnalité controversée de E. Repse.
  • (20)
    EIU, « Latvia », Country Report, avril 2006, p. 15.
  • (21)
    Telegraf, 26 juin 2006.

1Alors que l’économie lettone connaît un rythme de croissance impressionnant, ce dynamisme, s’il profite aux partis au pouvoir, n’a toutefois en rien apaisé les tensions qui les opposent.

2Certes, le gouvernement dirigé par Aigars Kalvitis (Parti du peuple), en place depuis décembre 2004, a battu des records de longévité pour un pays qui se caractérise par l’instabilité de sa scène politique. Même le retrait du parti Nouvelle ère, en avril 2006, ramenant la coalition au pouvoir à trois formations et, surtout, mettant celle-ci en minorité au Parlement, n’a pas provoqué la chute du gouvernement.

3Mais les débats politiques, focalisés sur des luttes partisanes qui vont croissant à mesure que s’approche l’échéance des élections législatives d’octobre 2006, dégénèrent les uns après les autres en scandales ; les électeurs, pour le moment séduits par les résultats économiques affichés, pourraient bien, à moyen terme, se désintéresser d’une classe politique crispée sur des enjeux de pouvoir qui ne les concernent pas.

4Se positionnant en arbitre, la Présidente lettone, Vaira Vike-Freiberga, a d’ailleurs à maintes reprises rappelé à l’ordre ministres et élus de tous niveaux. En vain pour le moment, malgré son francparler.

Une croissance qui rime encore avec pauvreté

5Si les élites politiques voient leur popularité dopée par la vague de croissance que connaît la Lettonie, elles ont encore fort à faire avant que le pays ne soit économiquement stabilisé et, surtout, débarrassé de cette image d’« Etat le plus pauvre de l’UE ».

? Une croissance spectaculaire

6Depuis le début de la décennie, le taux de croissance du PIB a invariablement été supérieur à 6 %. Il a atteint 8,5 % en 2004, soit le niveau le plus élevé de l’Union européenne à vingt-cinq (UE-25), position que la Lettonie a conservée en 2005 (avec 7,5 %) et qui devrait être maintenue en 2006 (avec 9,7 % prévus).

7Ce rythme pourrait, selon les experts lettons, retomber à 7,5% en 2007. Cette croissance est en effet portée en partie par l’investissement et par la consommation soutenue par l’extension du recours au crédit. Les prêts bancaires, généreusement accordés aux particuliers, ont augmenté de 59 % en 2005 [1] et leur encours a représenté 57,4 % du PIB pour le premier trimestre de 2005, soit le niveau le plus élevé des nouveaux Etats membres, après l’Estonie [2].

8Cette tendance risque toutefois d’être de courte durée et l’on observe déjà un léger tassement dans la demande de crédits, de la part à la fois des entreprises et des ménages.

9Les trois quarts de la croissance sont à mettre au compte des services, en particulier le commerce, les transports et les communications. La production a néanmoins augmenté de façon significative au cours du deuxième trimestre de 2005 dans la plupart des secteurs industriels, les matériels de radio, de télévision et de communication enregistrant notamment un accroissement spectaculaire, mais celle de métaux et de textiles a stagné. Sous l’effet d’une politique du logement active, le secteur du bâtiment et des travaux publics a connu un dynamisme certain.

tableau im1
Principaux indicateurs économiques de la Lettonie en 1998-2005 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 PIB (variation en %) 4,7 3,3 6,9 8,0 6,4 7,5 8,5 7,5 Production industrielle (variation en %) 6,4 - 2,4 5,4 8,7 8,8 9,4 8,9** 8,6** Production agricole (variation en %) - 3,4 - 3,3 11,5 6,4 4,4 1,0 4,3** 3,3** Consommation des ménages (variation en %) 0,7 4,3 6,3 7,3 7,4 8,6 9,3* 9,2** Formation brute de capital fixe (variation en %) 61,4 - 6,8 10,2 11,4 13,0 10,9 23,8* 20,5** Taux de chômage (en % des actifs, en décembre) 14,3 14,0 13,7 12,9 12,6 10,4 8,5* 7,4* Indice des prix à la consommation (moyenne annuelle, %) 4,7 2,4 2,6 2,5 1,9 3,0 6,3 6,4 Solde budgétaire (en % du PIB) - 0,7 - 5,3 - 2,7 - 1,6 - 2,7 - 1,5 - 0,8 - 1,7 Exportations de marchandises (en millions de dollars) 2 011 1 889 2 058 2 216 2 576 3 171 4 185 4 978 Importations de marchandises (en millions de dollars) 3 141 2 916 3 116 3 567 4 020 5 169 6 935 7 750 Balance commerciale (en millions de dollars) - 1 130 - 1 027 - 1 058 - 1 351 - 1 444 - 1 998 - 2 750 - 2 772 Balance des transactions courantes (en % du PIB) - 9,8 - 9,1 - 6,4 - 8,9 - 6,5 - 8,6 - 12,4 - 10,5 Dette extérieure brute (en % du PIB) 46,8 58 66 73 77 83 82,4** 88,8** Investissements directs étrangers nets (en millions de dollars) 303 331 400 170 374 328 538 622 Note - Sauf indication contraire, les données présentées dans ce tableau proviennent de la Berd, celles pour 2004 étant des estimations et celles pour 2005 des projections. Les chiffres accompagnés d’astérisques émanent de The Economist Intelligence Unit (* : résultat ; ** : estimation). Sources : Berd, Transition Report 2005 ; EIU, Country Report Latvia, avril 2006.

Berd, Transition Report 2005 ; EIU, Country Report Latvia, avril 2006.

10Le déficit budgétaire n’a été, en 2005, que de 92 millions de lats (162 millions de dollars), représentant 1 % du PIB, soit un résultat encore meilleur que prévu (1,7 %). Cette performance est essentiellement imputable aux rentrées fiscales inattendues liées à la croissance ainsi qu’aux transferts de l’UE, qui ont compté pour 10 % dans les revenus de l’Etat. Ces derniers ont crû de 27 % et les dépenses de 28 %.

11La Loi de finances pour 2006 fixe le déficit à 1,5 % du PIB, malgré une hausse notable des dépenses publiques, liée à la campagne électorale en vue des élections législatives de l’automne.

12Après avoir procédé, au début de 2006, à une augmentation du salaire minimum, passé de 80 lats (117 euros) à 90 lats (131 euros), le gouvernement s’est engagé à relever la barre du revenu minimum non imposable, ainsi qu’à accroître les salaires dans la fonction publique et les prestations familiales. Il a notamment modifié au 1er mars 2006 l’allocation pour jeune enfant et les conditions d’attribution du congé parental.

? La surchauffe

13Le pendant classique de cette croissance est évidemment le développement rapide de tendances inflationnistes difficilement maîtrisables, à l’œuvre depuis 2004. Là aussi, la Lettonie détiendrait un record, avec un taux d’inflation en 2006 évalué à 7 %, soit le plus élevé de l’UE-25. Renforcées par la hausse du cours mondial des hydrocarbures, ces pressions inflationnistes devraient, bien sûr, s’atténuer avec le tassement de la demande. En attendant, pour contrer la hausse des prix, la Banque centrale de Lettonie tente de contenir la progression du crédit en augmentant ses taux d’intérêts. Malgré cela, il est peu probable que l’on assiste à une désinflation rapide.

14Dans le même temps, une bulle immobilière s’est développée à Riga et pourrait gagner les autres villes. En 2005, le coût de la construction a augmenté de 11 % en moyenne et les transactions se font, de plus en plus, directement en euros. Par ailleurs, les autorités ont décidé, à l’approche des élections, de relâcher quelque peu leur politique fiscale : en février 2006, les partis de la coalition gouvernementale ont ainsi annoncé une réduction du taux de l’impôt sur le revenu, qui passera de 25 à 22 % en 2007, puis à 19 % en 2008 et à 15 % en 2009 [3]. On s’attend à ce que le prochain gouvernement revienne à la rigueur en matière fiscale afin de lutter contre l’inflation.

15La Lettonie a réalisé un pas décisif, le 29 avril 2005, avec son entrée dans le Mécanisme de change européen (MCE II). La monnaie nationale est, depuis cette date, rattachée à l’euro, au taux de 0,70 lat pour 1 euro. Envisagé initialement pour le 1er janvier 2008, l’introduction de la monnaie européenne pourrait être repoussée : la Lettonie satisfait aux critères de convergence imposés par Bruxelles concernant les taux d’intérêts ou les finances publiques, mais le rythme de l’inflation est fort éloigné de la norme, surtout à l’heure où la Commission européenne a décidé de se montrer intransigeante. Qu’à cela ne tienne !

16Les Lettons ne semblent pas si pressés de changer de monnaie, surtout si le prix doit en être le ralentissement d’une croissance jugée dans l’immédiat autrement plus précieuse ; c’est donc sans état d’âme que les autorités ont annoncé un report de l’échéance, vraisemblablement à 2010.

? Une économie ouverte

17La balance commerciale, structurellement déficitaire, a continué de se dégrader en 2005 (- 2,7 milliards de dollars). Il est cependant probable qu’elle connaisse une légère amélioration en 2006 et 2007, sous l’effet conjugué du ralentissement de la croissance de la consommation, générateur d’une baisse des importations, et de la poursuite de la réorientation des ventes lettones des marchés de l’UE-15 vers ceux, en forte croissance, de la CEI. En effet, si les trois quarts du commerce letton se font avec des partenaires de l’UE-25, on a pu observer, en 2005, une montée en puissance de partenaires comme la Russie, mais aussi les voisins baltes : ainsi, l’Estonie et la Lettonie ont absorbé chacune près de 11 % des exportations lettones, dépassant les deux clients traditionnels que sont l’Allemagne (10,3 %) et le Royaume-Uni (10,1 %). La Russie a ainsi été destinataire de 8 % des ventes lettones.

18Le plus gros fournisseur de la Lettonie reste l’Allemagne (13,8 % des importations lettones en 2005), talonnée désormais par la Lituanie (13,7 %) et la Russie (8,6 %) [4].

19Malgré l’interruption, depuis janvier 2003, des fournitures de pétrole par la compagnie russe Transneft, qui n’alimente plus l’oléoduc reliant la Russie à la Lettonie jusqu’à Ventspils, le pays reste très tourné vers l’activité de transit. L’augmentation du transit de charbon en provenance de la CEI et l’approvisionnement du terminal pétrolier par rail ont même permis un accroissement de l’activité des ports lettons. En effet, même si Moscou tend à privilégier ses propres installations portuaires sur la Baltique, l’augmentation du volume de fret dans cette région est telle que, malgré un potentiel de croissance limité, l’activité dans les ports estoniens, lituaniens et lettons se situe, pour le moment, à un niveau satisfaisant.

20Pour contribuer à contenir le déficit de la balance courante (- 12,7 % du PIB en 2004, - 1,4 % en 2005), les autorités comptent sur la hausse des transferts en provenance de l’UE au titre à la fois des fonds structurels et des envois d’argent réalisés par les Lettons expatriés dans un pays de l’Union.

21En outre, la Lettonie, où les salaires sont toujours très bas, demeure attractive pour les investisseurs étrangers.

22On le constate, par exemple, lors des opérations de privatisation. La vente, annoncée de longue date, de la part de l’Etat (38,6 %) dans le complexe Ventspils Nafta, qui exploite le terminal pétrolier du port du même nom, est à cet égard un peu particulière du fait des relations houleuses entre cette société et la Russie [5]. L’embargo imposé par Transneft sur les livraisons de pétrole au complexe est vraisemblablement lié au souhait de la compagnie russe d’y acquérir une part majoritaire, souhait contré à la fois par le manque d’enthousiasme des Lettons, peu disposés à céder à la Russie un enjeu financier d’un tel poids, et par la structure réputée opaque de la compagnie lettone.

23Conscient que cette opération de privatisation ne serait pas simple, le gouvernement letton l’a reportée à maintes reprises. Ce contexte politique, mais aussi la concurrence de ports tels que Tallinn (Estonie), Butinge (Lituanie), Saint-Pétersbourg, Vyssotsk ou Primorsk (Russie) risquaient de rendre Ventspils Nafta peu attractif. En outre, même si nombre de compagnies russes contournent l’embargo de Transneft et acheminent leur pétrole jusqu’à Ventspils par voie ferrée, l’oléoduc, non utilisé depuis trois ans, se détériore. Autant d’arguments pour faire craindre une privatisation sans enthousiasme, ni repreneur. Or, à la fin d’avril 2006, trois entreprises étrangères avaient manifesté leur désir de participer à cette opération : une société britannique (Fleming Family and Partners), une autrichienne (VCP Capital Partners) et une allemande (filiale du consortium international Citigroup). En fait, derrière chacune d’elles se cacherait, selon les rumeurs, un acquéreur préférant garder l’anonymat. L’Etat espère retirer au moins 70 millions de lats (99,6 millions d’euros) de cette privatisation.

24Dans une autre opération d’envergure, le gouvernement a préféré, là aussi, prendre les devants en annonçant ses intentions : en mai 2006, le ministre de l’Economie, Aigars Stokenbergs, a déclaré que les autorités lettones donnaient leur accord à la reprise par TeliaSonera de 100 % des actifs de LMT, l’opérateur letton de téléphonie mobile, mais s’opposeraient à ce que la compagnie suédo-finlandaise acquière en sus les 51 % que doit céder l’Etat dans l’opérateur de lignes fixes, Lattelekom. Le gouvernement ne souhaite pas, en effet, que les deux opérateurs se trouvent entre les mains d’un même investisseur (TeliaSonera détient déjà 49 % de Lattelekom et 49 % de LMT), qui aurait ainsi un quasi-monopole sur le secteur, avec 90 % de la téléphonie fixe et 70 % du segment mobile [6].

25D’autres privatisations sont à prévoir, mais reportées au-delà des élections.

Les relations France ?? Lettonie

La tenue, du 30 octobre au 5 décembre 2005, du festival culturel « Etonnante Lettonie », décliné dans plusieurs villes françaises, a été un véritable succès. Il aura sa réplique en Lettonie, le « Printemps français », qui se déroulera de mars à juin 2007, conformément à l’accord signé le 30 mars 2006 à Riga entre la ministre française déléguée aux Affaires européennes, Catherine Colonna, le ministre letton des Affaires étrangères, Artis Pabriks, et la ministre lettone de la Culture, Helena Demakova.
La Présidente lettone, V. Vike-Freiberga, a effectué une visite officielle à Paris du 6 au 9 novembre 2005, à l’occasion de laquelle elle a pu évoquer avec son homologue français les questions bilatérales mais aussi européennes, à la suite du rejet par la France du traité constitutionnel européen et avant l’ouverture des discussions sur le projet de budget européen.
Le 1er mai 2006, la Lettonie s’est félicitée de la décision adoptée par certains pays de l’UE, dont la France, d’ouvrir partiellement leurs frontières aux travailleurs des nouveaux Etats membres. Le service de presse du ministère letton des Affaires étrangères a émis le vœu que les restrictions maintenues soient levées avant l’échéance du 30 avril 2011.

tableau im2
Les échanges France ?? Lettonie, 2003-2005 (millions d’euros) 2003 2004 2005 Exportations (fob) 143,0 123,9 152,3 Importations (cif) 76,3 256 8 322,5 Solde + 66,7 - 132,9 - 170,2 Source : Douanes françaises

Douanes françaises
Sur le plan commercial, le déficit de la balance française avec la Lettonie continue de se creuser (- 170,2 millions d’euros en 2005), essentiellement sous l’effet du renchérissement de la facture énergétique.
En 2005, les ventes françaises de produits agricoles et alimentaires, ainsi que celles d’équipements mécaniques ont réalisé de belles performances.

? Les effets économiques de l’adhésion européenne

26A l’issue d’âpres négociations lors du Conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement des 15-17 décembre 2005, la délégation lettone a pu rentrer à Riga doublement satisfaite : à la fois de la somme obtenue (4,5 milliards d’euros seront engagés par l’UE sur la période 2007-2013) et du crédit acquis auprès de la population grâce à sa défense acharnée des intérêts du pays (le ministre des Affaires étrangères, A.Pabriks, avait en effet qualifié d’inacceptables les propositions avancées par la présidence britannique et s’était battu bec et ongles pour parvenir à ce résultat qu’il a lui-même jugé « très satisfaisant »). Sur la totalité des fonds qui seront dégagés pour la période, 2,8 milliards d’euros relèveront du Fonds européen de développement régional (FEDER), 1,36 milliard du Fonds de cohésion et 457 millions du Fonds social européen (FSE). Durant la période 2004-2006, sur le total de 625 millions d’euros engagés, 369 millions ont été alloués par le FEDER ; 32 % des financements ont été consacrés à la cohésion territoriale, et 25 % à la promotion des entreprises et à l’innovation [7]. Les projets les plus en vue concernent les transports : il s’agit, en particulier, de la ligne ferroviaire à grande vitesse qui doit relier Varsovie à Tallinn en passant par Riga, la Rail Baltica, mais aussi d’un nouveau pont sur la Daugava à Riga, dont le coût est estimé à 250 millions d’euros. Le ministre des Affaires étrangères a souhaité orienter une partie des fonds vers les régions les moins développées du pays, afin de réduire les disparités à la fois entre les régions lettones, et entre ces dernières et celles du reste de l’UE [8]. Comme dans les autres pays, la principale difficulté présentée par ces fonds est celle de leur absorption.

27L’augmentation des transferts en provenance de l’UE n’est pas sans poser problème, notamment pour la conduite de la politique budgétaire : ils se sont élevés à 2,1 % du PIB en 2004, mais déjà à 5 % en 2005.

28Ces difficultés sont apparues en pleine lumière en mars 2006, quand l’Agence lettone d’investissement et de développement (Latvijas investicijus attistibas agentura, LIAA) a annoncé que les candidats à un financement devraient présenter leurs projets le 20 mars.

29Prévoyants, un certain nombre de Lettons ont formé une file d’attente devant l’Agence dès le 17 mars. Le 20 au matin, ils étaient des centaines au pied du bâtiment, chacun espérant recevoir une part des 23,5 millions de lats (33,8 millions d’euros) mis en jeu au titre des fonds structurels. La Présidente lettone a qualifié cette situation d’« illogique » et le ministre de l’Economie, Krisjanis Karins, a demandé à l’Agence d’accepter tous les projets présentés, quitte à faire appel à des fonds nationaux. Le 23 mars, il révoquait le directeur de la LIAA pour violation des procédures : certaines personnes qui avaient patienté moins longtemps que d’autres auraient bénéficié de passe-droits pour entrer déposer leur dossier, au mépris du principe du premier arrivé, premier servi [9]. Quelques jours plus tard, le personnel de l’Agence adressait une lettre au ministre, l’accusant, lui, d’incompétence et de manque de professionnalisme pour n’avoir rien fait pour prévenir cette mini-crise [10].

30Enfin, la population lettone et les élites convergent dans leurs critiques à l’égard d’une Union européenne qui leur apparaît de plus en plus comme une énorme machine contraignante.

31V. Vike-Freiberga a fréquemment fait état de son irritation face aux dérives procédurières de l’UE [11], révélant la difficulté à défendre les intérêts et la compétitivité d’un pays qui reste en grande difficulté dans un ensemble européen lui-même en proie aux défis de la mondialisation.

32Le cas de l’industrie sucrière est à cet égard emblématique : sous la pression de l’OMC, l’UE a annoncé en juin 2005 qu’elle allait devoir réduire ses subventions à la filière sucre de 40 % d’ici 2008. Or, la Lettonie fournit 0,38 % du sucre produit dans l’UE. La Commission européenne propose donc aux 600 agriculteurs lettons impliqués dans la culture de la betterave et aux deux usines de production de sucre, Liepajas Cukurfabrika et Jelgavas Cukurfabrika, des compensations d’un montant total de 48,2 millions d’euros pour l’abandon de cette activité.

33Mécontents, les responsables des sucreries arguent des 14,7 millions de lats et les agriculteurs des 6 millions de lats qu’ils ont investis dans la filière sucre depuis 2000.

L’émigration, conséquence de la pauvreté ou de la liberté ?

34Les intransigeances de l’UE sont d’autant plus mal perçues que la Lettonie est, pour le moment, le plus pauvre des Etats membres : en 2005, son PIB par habitant (en parité de pouvoir d’achat) n’était que de 47 euros (43 euros par habitant en 2004), soit moins de la moitié de la moyenne de l’UE, ce qui place le pays à la toute dernière place parmi les 25 Etats membres [12]. Malgré le rattrapage permis par la forte croissance de son économie, la Lettonie qui, selon l’indicateur de développement humain des Nations unies, a gagné deux places en un an, restait classée au 48e rang en 2003, soit le plus mauvais score d’un pays de l’UE [13].

35La Présidente lettone a déclaré à maintes occasions que remédier à ce retard de développement, qui ne touche pas que les campagnes mais concerne aussi assez largement les villes, devra être la priorité du prochain Parlement, et elle a dénoncé l’incapacité des équipes au pouvoir, tout au moins pour le moment, à favoriser l’émergence d’une classe moyenne.

36Le pays traverse en outre la plus grave crise démographique de l’Union, avec une croissance négative (- 0,51 %), résultant à la fois d’un faible taux de natalité (9,3 pour 1000 en 2005, contre, par exemple, 13 pour 1 000 en France) et d’une forte émigration. Selon les prévisions d’Eurostat, la population, qui est actuellement de 2,3 millions d’habitants et ne cesse de diminuer depuis 1991, devrait reculer de près de 20 % d’ici 2050. Si ces tendances persistent, en 2100, elle sera réduite à 1 million et le rapport entre actifs et retraités nettement défavorable.

37Les pouvoirs publics se montrent fort préoccupés de ce déclin démographique, qui alimente les débats depuis quelques mois : comment agir pour faire remonter le taux de natalité, s’interrogent les gouvernants, à défaut de poser ouvertement la question des moyens à mettre en œuvre pour retenir la main-d’œuvre.

38Car c’est cette conjonction d’un faible taux de natalité et d’une forte émigration qui est inquiétante : en l’absence de statistiques officielles, les conjectures vont bon train, mais on estime généralement que, depuis l’adhésion du pays à l’UE, entre 40 000 et 70 000 Lettons (soit 5 à 10 % de la main-d’œuvre totale du pays) auraient quitté le pays, pour offrir leur force de travail à ceux des pays de l’Union qui acceptent, sans restriction aucune, les ressortissants des nouveaux Etats membres, à savoir en priorité la Suède, le Royaume-Uni et l’Irlande [14]. Cette dernière, tout particulièrement, a vu affluer sur son territoire une main-d’œuvre lettone, à la recherche d’un emploi plus ou moins qualifié, mais à coup sûr mieux payé, le plus souvent dans le secteur des services. Les pays d’accueil sont d’ailleurs parfois quelque peu déstabilisés par le dumping salarial provoqué par ces nouveaux arrivants [15].

39Le taux de chômage (7,5 %) est en légère baisse du fait de la croissance économique, mais il demeure élevé.

40On évoque pourtant en Lettonie une fuite des cerveaux et un manque de salariés dans certains secteurs. La situation révèle surtout une inadéquation entre offre et demande d’emplois en termes de qualifications : les employeurs lettons se plaignent de la pénurie de main-d’œuvre qui, conjuguée aux effets de la croissance, entraîne les salaires à la hausse, ces derniers augmentant plus vite que la productivité du travail (tout en restant, pour le moment, les plus bas de l’UE). Déjà, dans le bâtiment, le commerce et les services de santé, les manques sont criants. Ce déséquilibre a également une dimension régionale importante, puisque si le déficit de main-d’œuvre est dores et déjà très sensible à Riga, en revanche, certaines régions sont plutôt confrontées, elles, au chômage :
dans le district de Ludza par exemple (à l’extrême est du pays), le taux de chômage atteint 27 % [16] et de nombreux autres districts enregistrent des chiffres supérieurs à 20%. Cet écart s’explique, entre autres, par la pénurie de logements à Riga. Un début de solution pourrait donc consister à mettre en œuvre une politique immobilière plus active dans la capitale, et à encourager la délocalisation d’entreprises en province.

41Certains, en Lettonie, appellent de leurs vœux l’instauration d’une politique d’immigration, qui présenterait, en outre, l’avantage de clarifier la situation, puisque ? et c’est de notoriété publique ? nombre d’entreprises lettones emploient des étrangers clandestins, moins bien rémunérés que les Lettons. La question est sensible dans un pays très attentif à l’évolution du rapport numérique entre population lettophone et population russophone.

42L’idée d’une arrivée plus ou moins massive de travailleurs russes, biélorussiens et ukrainiens ne fait pas l’unanimité dans un pays qui se bat encore aujourd’hui pour le maintien du letton comme seule langue officielle. Cette éventualité ravive les angoisses, comme si l’arrivée de cette main-d’œuvre risquait de déstabiliser de nouveau une société encore bien fragile.

43Prenant le contre-pied de ces débats, V. Vike-Freiberga s’est réjouie, pour sa part, lors de la visite officielle qu’elle a effectuée en Finlande en avril 2006, de l’ouverture des frontières européennes aux travailleurs lettons. Sans minimiser le problème et reconnaissant que la Lettonie perd actuellement une main-d’œuvre précieuse, bien formée et ambitieuse, attirée par des salaires plus élevés à l’étranger, elle a toutefois quelque peu déplacé la question : la Présidente a en effet noté que ce phénomène résulte de la libre circulation des hommes, qui est, selon elle, l’essence même de l’Union européenne. Et de préciser que cette liberté n’a pas de prix.

Des élites politiques sans ambition ?

44Les dirigeants semblent bien décidés à profiter des bénéfices de la conjoncture économique et, de même que le reste des élites politiques se préparent aux élections législatives qui devraient se tenir le 7 octobre. Les membres de la coalition gouvernementale auraient donc, selon les commentateurs lettons, cruellement manqué d’ambition au cours des derniers mois, laissant notamment filer la politique fiscale et reportant certaines réformes importantes.

45En revanche, les élites politiques ont fait preuve d’une belle énergie pour se positionner en vue des échéances électorales ; on a ainsi pu assister à un renforcement de la guerre partisane qui oppose, d’une part, majorité et opposition, d’autre part et peut-être surtout, les membres de la coalition. Les « affaires », qui se sont multipliées depuis la fin de 2005, n’ont fait qu’accentuer l’image d’un pays corrompu et mené par des élites paraissant plus préoccupées de leur carrière politique que des intérêts du pays.

46Au printemps de 2006, Transparency International a rendu public son rapport annuel, dans lequel la Lettonie est présentée comme le pays connaissant le niveau de corruption le plus élevé de l’UE. Ce phénomène gangrène à la fois la vie quotidienne (en particulier, la pratique des pots-de-vin serait quasiment généralisée dans le secteur de la santé)

47et le monde des affaires, où beaucoup ont tendance à confondre intérêts privés et publics. Les frontières entre le pouvoir et les affaires sont peu étanches et les accusations mutuelles de corruption au sein de la classe politique monnaie courante.

48Lors de son discours annuel devant le Parlement, le 20 juin 2006, V. Vike-Freiberga a adressé de très vives critiques aux élus, citant la corruption, les manquements du système judiciaire et la pauvreté au nombre des problèmes intérieurs les plus graves que connaissait le pays. Elle a évoqué la généralisation de cette corruption dans les régions, dans les diverses sphères de l’économie et dans le système judiciaire [17].

? Un gouvernement chancelant

49Tirant avantage des réussites économiques, la coalition de centre droit au pouvoir depuis décembre 2004 [18] a réussi une belle performance en s’y maintenant aussi longtemps. On a même pensé un moment qu’elle resterait en place jusqu’à l’automne 2006.

50Rassemblés contre leur gré, le Parti du peuple, Nouvelle ère, l’Union des Verts et des paysans et le Premier parti n’ont jamais pu ou voulu cacher leurs désaccords, tout particulièrement ceux opposant le Parti du peuple et Nouvelle ère qui se disputent le leadership du centre droit. Un an durant, les quatre formations sont toutefois parvenues à éviter tout sujet majeur d’affrontement. Mais l’approche des élections a nettement tendu les relations.

51Le 19 octobre 2005, le ministre de l’Intérieur, Eriks Jekabsons (Premier parti) a donné sa démission, car soupçonné d’entretenir des liens trop étroits avec l’homme d’affaires russe exilé Boris Berezovksi, qui venait de se voir refuser l’entrée sur le territoire letton, mesure à laquelle E. Jekabsons s’était ouvertement opposé. En outre, peu auparavant, le ministre s’était fait vertement tancer par la Présidente, qui avait qualifié de « catastrophique » le retard pris par la Lettonie dans sa marche vers l’adhésion à la zone Schengen.

52E. Jekabsons a également quitté le parti.

53Mais la première véritable offensive a été lancée par le Premier ministre, Aigars Kalvitis (Parti du peuple), qui, en décembre 2005, a révélé que le Bureau de prévention et de lutte contre la corruption (KNAB) ouvrait une enquête sur le portefeuille que s’était constitué le ministre de la Défense, Einars Repse (Nouvelle ère). Celui-ci a démenti les accusations de malversation et démissionné en signe de protestation le 22 décembre, renonçant simultanément à son siège de député et évoquant un retrait possible de Nouvelle ère de la coalition, ce qui aurait placé cette dernière en position minoritaire au Parlement (depuis les élections d’octobre 2002, c’est Nouvelle ère qui détient le plus grand nombre de sièges au Seimas). Le parti est resté mais le coup fut dur pour lui qui avait fait de la lutte contre la corruption l’une de ses priorités [19].

54En février 2006, le Premier ministre a cette fois critiqué le travail du ministre de l’Economie, Krisjanis Karins, relançant les spéculations sur un éventuel abandon par Nouvelle ère de la coalition. L’affaire demeura sans suite.

55Toujours en février, les députés de Nouvelle ère ont violé l’accord de coalition aux termes duquel les partis membres ne doivent en aucun cas s’allier à l’opposition : en effet, ils avaient pris la décision, contre toute attente, de voter en faveur d’un amendement fiscal présenté par le parti nationaliste TB/ LNNK. Nouvelle ère se défendra en affirmant que cette proposition correspondait à la ligne politique adoptée par le gouvernement. L’Union des Verts et des paysans et le Premier parti réclameront alors la tenue d’une réunion de crise sur l’avenir de la coalition.

56Après la démission d’E. Jekabsons (Premier parti) en octobre, puis celle de E.Repse (Nouvelle ère) en décembre, l’attaque contre K. Karins (Nouvelle ère) en février, puis la « trahison » de Nouvelle ère, on pouvait légitimement se poser la question du maintien au pouvoir de cette coalition de plus en plus « baroque ».

? Le « Jurmalgate »

57C’est alors qu’une nouvelle crise, plus grave encore, a éclaté, qui allait mener à la démission d’un autre ministre du Premier parti. Révélé un an après les faits, ce scandale fera dangereusement vaciller la fragile équipe au pouvoir.

58La chaîne de télévision LTV1 a en effet dévoilé, le 12 mars 2006 que, lors de l’élection municipale organisée dans la prospère ville balnéaire de Jurmala, en mars 2005, des voix avaient été achetées (20 000 euros auraient été versés à un membre du Conseil municipal) au profit du maire sortant, Juris Hlevickis (Premier parti). LTV1 a diffusé l’enregistrement d’une conversation téléphonique entre le ministre des Transports Ainars Slesers (Premier parti) et l’ancien Premier ministre, reconverti dans les affaires, Andris Skele, prouvant qu’ils étaient parfaitement informés de ce « Watergate letton ». Si les deux hommes n’ont pas été inculpés, faute de preuves, le ministre des Transports n’en a pas moins dû démissionner, le 17 mars.

59Cette affaire a jeté une ombre supplémentaire sur l’ensemble de la classe politique, l’opposition s’emparant évidemment de l’affaire pour vilipender la corruption des hommes au pouvoir. La question s’est aussi posée de savoir comment cet enregistrement était parvenu à la chaîne de télévision (certains ont même soupçonné une intervention du KNAB) et pourquoi cette affaire éclatait un an après les événements et, surtout, six mois avant les élections législatives.

60Le Premier parti a alors sérieusement envisagé son retrait de la coalition (auquel cas, celle-ci, réduite à trois partis, aurait néanmoins conservé la majorité au Parlement). Le Premier ministre et la Présidente lettone l’ont exhorté à rester, au nom de la stabilité du pays. Il a finalement obtempéré, non sans avoir auparavant demandé à A. Kalvitis de présenter des excuses pour la dureté avec laquelle il avait demandé à A. Slesers de démissionner.

61Nouvelle ère, qui ne voulait pas être en reste, demandait au même moment au Premier parti d’expliquer quel rapport existait entre ses membres et le « Jurmalgate » et menaçait d’opposer son veto à la nomination d’un membre du Premier parti en remplacement de A. Slesers, du moins tant que la formation n’aurait pas fait amende honorable.

62Puis, le 3 avril, Nouvelle ère a exigé du Premier ministre qu’il prenne position, alors qu’une enquête pour crime économique était ouverte contre le ministre de l’Economie, K. Karins (Nouvelle ère) à l’initiative du ministère de l’Intérieur, affilié ainsi que nombre de ses collaborateurs au Premier parti.

63L’affaire concernait des violations de procédures en vigueur pour l’utilisation des fonds européens. Après avoir adopté un mode de plus en plus polémique, E. Repse évoquant la « totale prostitution du pouvoir » et A. Kalvitis le sommant de changer de ton et de se calmer, les protagonistes sont néanmoins parvenus à la même conclusion : la démocratie était en danger.

64Devant le refus du Premier ministre de mettre hors jeu le Premier parti, c’est Nouvelle ère qui a retiré, le 7 avril, ses six ministres. Le lendemain, le Parlement, bien décidé à éviter une crise encore plus grave, a accepté la nomination de sept ministres (en remplacement des six de Nouvelle ère et du ministre des Transports). Al’issue de ces péripéties, le Parti du peuple a obtenu deux portefeuilles supplémentaires, le Premier parti, trois (une ministre étant membre de Voie lettone, qui a fait alliance avec le Premier parti) et l’Union des Verts et des paysans, un ; une ministre est sans étiquette.

65C’est sur ce gouvernement minoritaire (qui a le soutien de 45 des 100 élus du Parlement) que reposent tous les espoirs d’une relative stabilisation de la situation, jusqu’au 6 octobre du moins, alors que les inquiétudes montent quant à l’image projetée à l’étranger par le pays : la valse des titulaires à la tête du ministère de la Défense, par exemple, laisse dubitatifs certains commentateurs lettons quant à la fiabilité que les partenaires de la Lettonie peuvent lui accorder.

? L’électron libre Lembergs

66Les élections législatives pourraient, elles aussi, apporter leur lot de surprises, alors que les spéculations vont bon train sur les ambitions du maire de Ventspils, Aivars Lembergs, auquel on prête de plus en plus fréquemment l’intention de jouer un rôle national.

67L’homme le plus riche et le plus influent de Lettonie, qui dirige depuis quinze ans la ville de Ventspils, aurait bâti sa fortune sur le transit de produits en provenance de Russie et du reste de la CEI, et bénéficié du soutien, pendant un certain temps, du parti Voie lettone qui aurait contribué à protéger ses intérêts économiques. La loi sur le financement des partis de 2002 ne permet plus de telles accointances et, par ailleurs, le maire et Voie lettone ont pris mutuellement leurs distances, ce sont là deux bonnes raisons qui pourraient conduire A. Lembergs à donner à ses ambitions une dimension nationale. De plus, alors que le complexe pétrolier Ventspils Nafta est, depuis 2003, dans une situation difficile et que la viabilité à long terme du port est loin d’être assurée, la position de A. Lembergs est particulièrement délicate sachant que, en octobre 2005, une enquête a été ouverte sur la structure du capital de Ventspils Nafta : il n’est pas exclu que la justice conclue à des conflits d’intérêts impliquant le maire de la ville. Dès lors, une élection à la mandature de député pourrait assurer à A. Lembergs une immunité bien utile [20]. Le maire est en position de force, bien placé pour faire campagne sur le modèle, exportable dans le reste du pays, de gestion de sa ville. Surnommé le « Loukachenko de Lettonie », celui qui a quasiment muselé l’opposition dans les instances dirigeantes de Ventspils, qui flirte avec les mouvements « patriotes » et bénéficie de la logistique de l’imprimerie détenue par Ventspils Nafta, jouit d’une grande popularité auprès d’électeurs lassés des scandales et qui souhaiteraient, pour près de 50 %, selon les sondages, qu’une « main de fer » gouverne le pays.

68Les médias n’excluent pas non plus la possibilité de voir A. Lembergs préférer garder son fauteuil à la mairie de Ventspils et envisager de devenir le chef du prochain gouvernement. Tout dépendra donc des alliances éventuelles : si les partis de centre droit prêts à faire campagne à ses côtés sont rares, ceux susceptibles de s’unir dans un front « anti-Lembergs » le sont encore plus.

69Lorsqu’elle s’est adressée au Parlement, en juin 2006, pour la dernière fois avant les élections, la Présidente lettone n’a pas ménagé ses critiques. Elle a rappelé que les élus et les membres du gouvernement ont des devoirs envers les électeurs et, à ce titre, doivent s’attacher à trouver un accord sur les sujets d’importance, plutôt que de saboter le travail effectué en commun. V. Vike-Freiberga a rappelé qu’elle avait dû récemment renvoyer devant le Parlement plusieurs lois qu’elle avait jugées animées par un esprit d’intolérance et de division. Et d’invoquer le risque majeur que présente cette attitude : les électeurs pourraient finir par se tourner vers les extrêmes. « J’appelle les électeurs à étudier attentivement les listes des candidats. C’est au cirque que nous allons voir des clowns, pas à la tribune du Seimas. J’espère que les élections permettront de se débarrasser de ceux qui sapent les valeurs d’un pays démocratique et ne cherchent qu’à gagner en popularité, même au prix d’une démagogie bon marché. N’oublions pas que les comptes rendus du Seimas sont lus non seulement par les habitants de la Lettonie mais aussi par les diplomates étrangers » [21]. Alors que Riga accueillera, en novembre 2006, le sommet de l’Otan, la portée symbolique et politique de cette décision prise par l’Alliance atlantique en décembre 2005, n’a pas échappé à la Présidente.


Annexe

Chronologie

702005

712 juin
Le Parlement letton ratifie par 71 voix contre 5 (et 6 abstentions), le traité constitutionnel européen.

7211 juin
Maris Gulbis, ancien ministre de l’Intérieur, crée une nouvelle formation politique, les Nouveaux démocrates.

739 juillet
Congrès fondateur du parti Harmonie du centre (Saskanas Centrs, SC), union de centre gauche formée par les partis Alliance nationale et Nouveau centre. En décembre, le Parti socialiste letton rejoindra ses rangs. Le SC milite notamment pour l’intégration de la minorité russophone dans la société lettone.

7423 juillet
La première gay pride organisée en Lettonie rassemble une centaine de personnes dans les rues de Riga. Elle donne lieu à des échauffourées, la police devant intervenir pour contenir les opposants à la marche, dix fois plus nombreux que les manifestants. La classe politique est divisée à ce sujet et le Premier ministre, A. Kalvitis, juge inacceptable l’organisation d’une marche de représentants de minorités sexuelles dans un pays chrétien comme la Lettonie.

7519 septembre
Le gouvernement approuve les amendements à la Loi sur la citoyenneté. Désormais, les personnes dont les ascendants vivaient sur le territoire letton en 1940 mais qui n’ont pas obtenu automatiquement la citoyenneté lettone ne peuvent plus en faire la demande. En revanche, les enfants de non-citoyens dont la requête a été refusée peuvent, si leurs parents en font la demande, se voir octroyer la citoyenneté sans autre procédure. Les personnes pouvant justifier d’une formation supérieure en letton bénéficieront automatiquement de la citoyenneté lettone. Point controversé de la réforme, tout nouveau citoyen doit prêter serment et il doit être établi qu’il n’a pas manqué de loyauté à l’égard de l’Etat letton.

7621 septembre
Le groupe Konversbank acquiert 83 % des actions de Latvijas Krajbanka (Caisse d’épargne). En 2003, le groupe avait racheté Snoras, la Caisse d’épargne lituanienne.

7719 octobre
Le ministre de l’Intérieur, Eriks Jekabsons (Premier parti), démissionne en raison des liens trop étroits qu’il entretient avec Boris Berezovski, l’homme d’affaires russe exilé qui vient de se voir refuser le droit d’entrer sur le territoire letton.

7830 octobre - 5 décembre
Le festival culturel « Etonnante Lettonie » se déroule dans diverses villes françaises. Le festival est inauguré par le ministre letton des Affaires étrangères, Artis Pabriks, qui se rend en France du 1er au 3 novembre.

796-9 novembre
La Présidente lettone, Vaira Vike-Freiberga, se rend en visite officielle en France.

8015-17 décembre
Al’issue du Conseil européen de Bruxelles et d’âpres discussions concernant les perspectives financières de l’UE pour la période 2007-2013, le ministre letton des Affaires étrangère, Artis Pabriks, se déclare très satisfait des résultats obtenus : son pays recevra 4,5 milliards d’euros de fonds européens sur la période concernée.

8122 décembre
Einars Repse démissionne de son poste de ministre de la Défense. Le leader de Nouvelle ère, objet d’une enquête, à la demande du Premier ministre, sur ses placements financiers, affirme ne plus faire confiance à Aigars Kalvitis. L’affaire Repse est suivie par le Bureau de prévention et de lutte contre la corruption (KNAB).

822006

831er janvier
Le salaire minimum mensuel pour 40 heures de travail hebdomadaire passe de 80 à 90 lats (soit de 117 à 131 euros).

8425 janvier
L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe adopte une résolution aux termes de laquelle elle condamne les crimes commis par les régimes communistes totalitaires. Elle demande aux partis communistes et post-communistes des pays membres du Conseil de l’Europe de réexaminer l’histoire du communisme et leur propre passé.

851er mars
Les parents d’enfants âgés de moins de 1 an peuvent désormais prendre un congé parental, en ayant l’assurance de percevoir la moitié de leur salaire mensuel. Une allocation pour jeune enfant est instaurée, fixée à 70 % du salaire au cours de l’année précédente, avec un maximum de 392 lats (572 euros) par mois. Le montant de l’allocation pour les enfants âgés de 1 à 2 ans reste le même, à savoir 30 lats mensuels (44 euros).

8612 mars
La chaîne de télévision LTV1 diffuse des extraits d’une conversation téléphonique faisant apparaître que le ministre des Transports, Ainars Slesers (Premier parti), et l’ancien Premier ministre, Andris Skele, étaient informés de l’achat de voix lors de l’élection du maire de Jurmala en mars 2005.

8715 mars
A la demande du Premier ministre, Aigars Kalvitis, le ministre des Transports, Ainars Slesers (Premier parti), démissionne en raison de son implication dans le « Jurmalgate ».

8816 mars
? Malgré l’interdiction faite par les autorités de se rassembler au pied du monument à la Liberté afin d’éviter des échauffourées telles que celles de 2005, le défilé annuel des vétérans de la Légion lettone a bien lieu. 80 personnes sont arrêtées par la police, dont Aivars Garda, le leader du Front national letton, et Viktors Birze, co-président de l’Union des forces nationales.
? La Cour européenne des droits de l’homme estime, par 13 voix pour et 4 contre, que la Lettonie n’a pas violé les droits des anciens partisans d’Interfront et de la députée européenne Tatiana Jdanoka, en interdisant à cette dernière de se présenter à un scrutin législatif ou local du fait de son appartenance au parti communiste après le 13 janvier 1991. La Cour précise toutefois que cette restriction ne devra pas être maintenue indéfiniment.

8923 mars
Le ministre de l’Economie, Andris Karins, renvoie le directeur de l’Agence lettone d’investissement et de développement (LIAA), Andris Ozols, pour violation de procédures lors de l’enregistrement des projets susceptibles d’être financés par des fonds structurels européens.

908 avril
Remaniement gouvernemental. Sept nouveaux ministres sont nommés.

9118 avril
Le gouvernement annonce la répartition des fonds européens pour la période 2007-2013 : sur les 4,6 milliards d’euros engagés, 2,8 milliards relèveront du FEDER, 1,36 milliard du Fonds de cohésion et 457 millions du FSE.

9220-21 avril
Le Haut commissaire aux minorités nationales de l’OSCE, Rolf Ekeus, en visite officielle à Riga, appelle le gouvernement letton a accélérer le rythme des naturalisations.

931er mai
La compagnie nationale de gaz, Latvijas Gaze, augmente ses tarifs, avec l’aval des autorités.

949 mai
Le Comité législatif du Parlement donne son accord à la publication le 1er novembre des fichiers du KGB dans le journal gouvernemental Latvijas Vestnesis.

9528 mai
Le Patriarche de Moscou et de toutes les Russies, Alexis II, se rend à Riga en visite officielle, à l’invitation de la Présidente lettone. Lors de sa rencontre avec V. Vike-Freiberga, le Patriarche ne formule aucune revendication concernant l’intégration des minorités.

Principales formations politiques

96Partis de la coalition gouvernementale
TP (Tautas Partija) Parti du peuple
ZZS (Zalo un Zemnieku Savieniba) Union des Verts et des paysans
LPP (Latvijas Pirma Partija) Premier parti de Lettonie

97Autres partis représentés au Parlement :
LC (Latvijas Cels) Voie lettone
JL (Jaunais Laiks) Nouvelle ère
TB/LNNK (Tcvzemei un Brivibai – LNNK) Union pour la patrie et la liberté/Mouvement pour l’indépendance nationale de la Lettonie
PCTVL (Par cilveka tiesibam vienota Latvija) Parti pour les droits de l’homme dans une Lettonie unie

Résultats des dernières élections

98? Election présidentielle du 20 juin 2003
Seule candidate à l’élection, Vaira Vike-Freiberga est réélue au premier tour de scrutin, avec 88 des 100 voix du Parlement.

99Prochaine échéance présidentielle : juin 2007

100? Elections législatives du 5 octobre 2002
Taux de participation : 72,4 %

tableau im3
Partis % de voix Nombre de sièges Nouvelle ère 23,93 26 Pour les droits de l’homme dans une Lettonie unie 18,94 24 Parti du peuple* 16,71 21 Premier parti de Lettonie* 9,58 10 Union des Verts et des paysans* 9,46 12 Union pour la patrie et la liberté 5,39 7 Total 100 * Partis de la coalition gouvernementale

101Prochaines échéances législatives : 7 octobre 2006

102? Elections parlementaires européennes du 12 juin 2004
Taux de participation : 41,2 %

tableau im4
Parti % Nombre Affiliation de sièges Pour la patrie et la liberté (TB/LNNK) 29,82 4 UEN Nouvelle ère (JL) 19,68 2 PPE-DE Pour les droits de l’homme dans une Lettonie unie (PCTVL) 10,71 1 Verts/ALE Parti du peuple (TP) 6,65 1 PPE-DE Voie lettone (LC) 6,52 1 ADLE Union des Verts et des paysans (ZZS) 4,26 0 Premier parti de Lettonie (LPP) 3,25 0

103? Ratification du traité constitutionnel européen : 2 juin 2005
Le Parlement dit « oui » par 71 voix, 5 contre et 6 abstentions

Composition du gouvernement (juillet 2006)

104

  • Premier ministre : Aigars Kalvitis, Parti du peuple)
  • Ministres :
    • Défense : Atis Slakteris (Parti du peuple)
    • Affaires étrangères : Artis Pabriks (Parti du peuple)
    • Economie : Aigars Stokenbergs (Parti du peuple)
    • Finances : Oskars Spurdzins (Parti du peuple)
    • Intérieur : Dzintars Jaundzeikars (Premier parti de Lettonie)
    • Education et Sciences : Baiba Rivza (Union des paysans de Lettonie)
    • Culture : Helena Demakova (Parti du peuple)
    • Transports : Krisjanis Peters (Premier parti)
    • Justice : Guntars Grinvalds (Premier parti)
    • Environnement : Raimonds Vejonis (Union des Verts et des paysans)
    • Agriculture : Martins Roze (Union des paysans de Lettonie)
    • Questions sociales : Dagnija Stake (Union des paysans de Lettonie)
    • Santé : Gundars Berzins (Parti du peuple)
    • Développement régional et Gouvernement local : Maris Kucinskis (Parti du peuple)
    • Affaires familiales : Ainars Bastiks (Premier parti de Lettonie)
    • Ministre extraordinaire pour l’Intégration sociale : Karina Petersone (Union de la Voie lettone)
    • Ministre extraordinaire pour les affaires de gouvernement électronique : Ina Gudele (sans affiliation)

Sélection bibliographique

  • Ouvrages
  • Akademiskais Apgads, How Democratic is Latvia – Audit of Democracy, Latvijas Universitate, Riga, 2005,310 p.
  • Institute of the History of Latvia, The Hidden and Forbidden History of Latvia under Soviet and Nazi Occupations 1940-1991 : Symposium of the Commission of Historians of Latvia, (vol. 14), Riga, 2005,383 p.
  • McGarry (John), Keating (Michael) (Ed. By), European Integration and Nationalities Question (Lettonie et Estonie), Routledge, Taylor and Francis Group, 2006,320 p.
  • Orcier (Pascal), La Lettonie en Europe - Atlas de la Lettonie, Zvaigzne ABC, Riga, 2005,219 p.
  • Revues
  • Bayou (Céline), « Lettonie . Que personne ne décide pour nous », in Europe centrale et orientale 2004-2005, Le courrier des pays de l’Est, n° 1050, juillet-août 2005, pp. 101-115.
  • Bayou (Céline), « Le Musée letton des occupations. Ecrire le passé, pour construire l’avenir », Le courrier des pays de l’Est, n° 1052, novembre-décembre 2005, pp. 75-78.
  • Droit (Emmanuel), « Lettonie. Les russophones entre intégration et repli identitaire », in Minorités à l’Est. Variations sur la reconnaissance identitaire (dossier), Le courrier des pays de l’Est, n° 1052, novembre-décembre 2005, pp. 42-51.
  • Economist Intelligence Unit, « Latvia », Country Report (trimestriel), Country Profile (annuel).
  • Fonds monétaire international, « Republic of Latvia : Selected Issues », IMF Country Report, n° 05/277, août 2005,32 p.
  • Hansen (Morten), « The Irish Growth Miracle : Can Latvia Replicate ?», Baltic Journal of Economics, summer/autumn 2005, pp. 3-14.
  • Kronenfeld (Daniel A.), « The Effects of Interethnic Contact on Ethnic Identity : Evidence from Latvia », Post-Soviet Affairs, vol. 21, n° 3, juillet-septembre 2005.
  • Lappuke (Rolands), « La Lettonie et l’Europe », Nordiques, hiver 2005-2006, n° 9, pp. 9-16.
  • Matthias (Emmanuel), « Lettonie », in Tableau de bord des pays d’Europe centrale et orientale 2005, Les Etudes du CERI, n° 120, décembre 2005, pp. 31-35.
  • Pabriks (Artis), « Valeurs, intérêts et influences de la politique étrangère lettone », in Les fondements de la politique étrangère des pays européens (dossier), La revue internationale et stratégique, n° 61, printemps 2006, pp. 187-198.
  • Pisarenko (Olga), « The Acculturation Modes of Russian Speaking Adolescents in Latvia : Perceived Discrimination and Knowledge of the Latvian Language », Europe-Asia Studies, vol. 58, n° 5, juillet 2006, pp. 751-774.
  • Masson (Evangeline), Diez (Patricio), « Carnet de route en Lettonie », juillet-août 2006, hhttp :// www. 15ans15pays. com/ news letter/lettre14.html Plasseraud (Yves), « La Lettonie, principal ennemi de la Russie ?», Nordiques, n° 7, printemps-été 2005, pp. 83-88.

Notes

  • (1)
    Olivier Truc, « La surchauffe éloigne la Lettonie de l’euro », La Tribune, 22 mars 2006.
  • (2)
    Emmanuel Mathias, « Lettonie », Les études du CERI, n° 120, décembre 2005, pp.31-35.
  • (3)
    EIU, « Latvia », Country Report, avril 2006, p. 8.
  • (4)
    EIU, « Latvia », Country Report, avril 2006, p. 30.
  • (5)
    Ventspils Nafta est détenue à 49,3 % par la société Latvijas Naftas Tranzits et regroupe le terminal pétrolier Ventspils Naftas Terminals, la société de transport de pétrole et de produits pétroliers LatRosTrans, la société d’oléoducs Rietumu Caurulvadu Sistema, la compagnie maritime Latvijas Kugnieciba et, notamment, la maison d’édition Mediju Nams. wwww. vnafta. lv (source consultée le 12 juillet 2006).
  • (6)
    Business Eastern Europe, 8 mai 2006; The Baltic Times, 11-17 mai 2006.
  • (7)
    wwww. esfondi. lv,(source consultée le 11 juillet 2006).
  • (8)
    Ministère letton des Affaires étrangères, wwww. am. gov. lv(source consultée le 21 décembre 2005).
  • (9)
    The Baltic Times, 23-29 mars 2006 et 30 mars-4 avril 2006.
  • (10)
    Novo News, 6 avril 2006.
  • (11)
    Voir notamment le compte rendu de la visite à Paris, le 8 novembre 2005, de la Présidente lettone, Le courrier des pays de l’Est, n° 1052, novembre-décembre 2005, pp. 83-85.
  • (12)
    Données Eurostat, 15 juin 2006.
  • (13)
    Emmanuel Mathias, « Lettonie », Les études du CERI, n° 120, décembre 2005.
  • (14)
    Olivier Truc, « Les Lettons, peuple trop migrateur », Le Monde, 18 mai 2006.
  • (15)
    Céline Bayou, « La Lettonie se vide de ses jeunes », Regard sur l’Est, 15 janvier 2006, www. regard-est. com.
  • (16)
    Diena, 20 juin 2006.
  • (17)
    Telegraf, 26 juin 2006.
  • (18)
    Céline Bayou, « Lettonie 2004-2005 : « Que personne ne décide pour nous »», Le courrier des pays de l’Est, n° 1050, juillet-août 2005, pp. 101-115.
  • (19)
    Einars Repse, leader à la fois charismatique et controversé de Nouvelle ère, après avoir été évincé de ce poste en raison de sa forte personnalité, avait repris la direction du parti en novembre 2005. Centré sur des options ultra-libérales et la lutte contre la corruption, Nouvelle ère est très populaire dans le pays. Il l’est moins au sein de la classe politique, précisément du fait de la personnalité controversée de E. Repse.
  • (20)
    EIU, « Latvia », Country Report, avril 2006, p. 15.
  • (21)
    Telegraf, 26 juin 2006.

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