Couverture de CPE_041

Article de revue

Azerbaïdjan 2003

La démocratie sacrifiée

Pages 107 à 120

Notes

  • (1)
    Cet article ne reflète pas nécessairement et en tous points les positions de l’International Crisis Group et n’engage que son auteur.
  • (2)
    Le Parti islamique d’Azerbaïdjan a été créé en 1992 et interdit en 1995. Son président, Alikram Aliev, a été condamné en avril 2003 à six ans de prison pour espionnage au profit de l’Iran, puis libéré en novembre.
  • (3)
    Des fonds américains pour le rachat de la Socar, qui ne s’est toujours pas fait, ont abouti à une énorme escroquerie dont les auteurs sont difficilement identifiables. Voir Peter Elkind, « The Incredible Half-Billion-Dollar-Oil Swindle », Fortune International, vol. 141, n° 6, 2000, pp. 34-47.
  • (4)
    Créé à l’instigation du FMI, ce fonds doit permettre d’affecter une partie des recettes provenant de la vente des hydrocarbures au secteur social.
  • (5)
    The Economist Intelligence Unit, Country Report « Azerbaijan », novembre 2003.
  • (6)
    Pour une analyse critique de ce programme, voir Damien Helly « Azerbaïdjan 2001-2002, Chronique d’une succession annoncée », Le courrier des pays de l’Est, n° 1030, novembredécembre 2002, pp. 106-119.
  • (7)
    L’importance de ces chiffres s’explique par le grand nombre de représentants de la minorité azérie d’Iran.

1Pendant toute l’année 2003, l’Azerbaïdjan a retenu son souffle en suivant la dégradation de l’état de santé du président Heïdar Aliev et en se préparant aux échéances électorales d’octobre 2003. Appuyé par la communauté internationale, le chef de l’Etat a mis en place un plan de succession dynastique en faveur de son fils Ilham. La campagne présidentielle a été marquée par une répression systématique des opposants au clan Aliev, tant dans les partis politiques que parmi les journalistes. Le pays s’est éloigné des engagements qu’il avait pris en devenant membre du Conseil de l’Europe et le virage autoritaire du régime rappelle étrangement la situation des pays d’Asie centrale. Ce serrage de vis a néanmoins pour contrepartie une stabilité qui devrait faciliter le développement économique. La population est déçue par le comportement des diplomaties occidentales qui se satisfont de la « succession familiale ». En 2004, le nouveau Président devra prouver qu’il est capable d’engager des réformes démocratiques profondes. Il devra aussi s’efforcer de résoudre les difficultés sociales du pays pour éviter l’apparition d’oppositions radicales enclines à se tourner vers des alternatives politiques et religieuses extrêmes.

Le roi est mort, vive le roi !

2La passation de pouvoir annoncée et préparée depuis plusieurs années a donc bien eu lieu en Azerbaïdjan. Le président Aliev, qui s’était déclaré candidat a un troisième mandat, a lancé une campagne électorale en s’appuyant sur les acquis de son règne : stabilité du pays, développement du secteur pétrolier, équilibre entre Russie et Etats-Unis, construction d’un Etat fort. Mais le scénario d’une troisième réélection a été remis en cause par l’attaque cardiaque qui a frappé le Président lors d’un discours public le 21 avril 2003. Son affaiblissement physique a déclenché prématurément la mise en route d’une stratégie alternative destinée à transmettre la présidence à Ilham Aliev. Ce dernier a ainsi été nommé Premier ministre en août 2003. Cette manœuvre, préparée dès l’été 2002 par des amendements constitutionnels qui furent approuvés par un référendum largement contesté, visait à transférer le pouvoir à Ilham en cas d’incapacité du président Heïdar Aliev. Ilham a ensuite présenté sa candidature à l’élection présidentielle parallèlement à celle de son père. Cette campagne conjointe s’est illustrée par un matraquage médiatique sans précédent et l’apparition dans tout le pays d’affiches électorales montrant côte à côte Heïdar et Ilham, regardant ensemble l’avenir radieux de l’Azer-baïdjan sur fond d’infrastructures pétrolières.

3Afin d’assurer le plus grand soutien populaire à Ilham, la campagne a consisté à associer systématiquement les réussites politiques du père à l’image du fils.

4La santé de Heïdar Aliev n’a cessé de se détériorer après sa crise cardiaque du 21 avril : depuis cette date, il n’est quasiment plus apparu à la télévision.

5Le Président s’est d’abord rendu en Turquie pour un séjour à l’hôpital militaire de Gulhane, qui s’est prolongé.

6Après un bref retour chez lui, une rechute, au mois de juillet, le contraint à retourner dans ce pays. Il ne rentrera plus vivant en Azerbaïdjan, puisqu’il est transféré le 6 août, dans un état déjà très grave, aux Etats-Unis dans une clinique de Cleveland. Pendant tout l’été 2003, il semble que les autorités azerbaïdjanaises aient tenu à cacher le véritable état de santé du président Aliev pour éviter que l’instabilité ne gagne le pays. Mais, dès le mois d’août, des rumeurs couraient à Bakou selon lesquelles le Président était maintenu artificiellement en vie.

7Cette absence a créé un vide du pouvoir dans les mois précédant des élections jugées décisives, et a accentué les tensions politiques internes.

8De sourdes confrontations ont opposé les différentes composantes de l’élite dirigeante. Par voie de presse, des conservateurs (probablement des proches du ministère de la Sécurité nationale ou du chef de l’administration présidentielle) ont mis en exergue l’existence d’une question kurde en Azerbaïdjan, en dénonçant les activités supposées de cellules clandestines du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Des accusations indirectes ont également été formulées par des journaux d’opposition comme Yeni Mousavat et Hurriyet qui dénonçaient l’existence de liens entre le PKK et une liste d’entreprises non spécifiées dans le pays (seule la compagnie Azersun Holding Company était citée). Ces révélations touchaient précisément l’entourage du président Heïdar Aliev et, en particulier, le responsable de sa garde personnelle, Baylar Eyoubov, d’origine kurde. Bien que ces allégations aient été démenties à demi-mot par les responsables du ministère de la Sécurité à Bakou, cette question sensible pour Istanbul a été évoquée à deux reprises lors de visites officielles de personnalités turques (et notamment au cours de celle effectuée par le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, en janvier 2003).

?? Le pouvoir se durcit de plus en plus

9Contrairement à leurs engagements pris devant le Conseil de l’Europe, les autorités ont procédé à un véritable musellement de la presse en adoptant plusieurs mesures extrêmement efficaces. Dans un premier temps, en novembre 2002, des crédits ont été accordés aux organes de presse progouvernementaux, tandis que tout soutien financier public était négocié contre une allégeance politique.

10Certains journaux, comme Echo, tenus jusqu’alors pour impartiaux, ont ainsi réorienté leur ligne éditoriale pour des raisons financières, provoquant le départ de leurs journalistes qui refusaient tout compromis. La nomination par le président Aliev, le 22 janvier 2003, de six des neuf membres du Comité pour les médias, dont les compétences et la neutralité furent aussitôt contestées, a constitué le deuxième temps d’une stratégie d’élimination d’un éventuel quatrième pouvoir. Dès la fin de juillet 2003, les persécutions contre des journalistes se sont intensifiées. Journaux confisqués, agressions physiques, menaces téléphoniques ont été signalés régulièrement. De nombreux dossiers ont été ouverts et sont suivis par l’ONG Reporters sans frontières. En 2003, on ne pouvait plus parler de télévision indépendante en Azerbaïdjan : soit les chaînes appartiennent à de hauts personnages de l’Etat (Lider, Space), soit elles se soumettent à la ligne progouvernementale pour éviter des représailles éventuelles contre les intérêts économiques de leurs propriétaires (ANS).

11La façon dont a été utilisée par les autorités la révolte, en juin 2002, des habitants de Nardaran, haut lieu de pèlerinage, est également révélatrice de leurs pratiques. Leur mouvement de colère n’était, en effet, pas motivé par un activisme islamiste menaçant pour le régime Aliev, mais par le mauvais état des installations électriques et des équipements d’approvisionnement en eau, toutes choses essentielles à la culture des fleurs, qui constitue la principale activité de ce village, en raison du pèlerinage. Par ailleurs, ils s’insurgeaient également sans doute contre la mise sous contrôle des dons versés par les pèlerins au profit des mosquées.

12Toujours est-il que la responsabilité de ce mouvement a été publiquement imputée en janvier 2003 au Parti islamique [2] (celui-ci sera ensuite disculpé) et que son leader sera accusé d’avoir reçu 40 000 dollars des services de renseignement iraniens.

13Dans le cadre de la préparation de l’élection présidentielle, les autorités ont trouvé un tour de passe-passe pour empêcher les ONG azerbaïdjanaises d’avoir le statut d’observateur. En effet, la loi sur les « unions publiques et les fondations » (juin 2000) stipulait que les organisations financées à plus de 30 % par des Etats étrangers ne pourraient pas obtenir ce statut pour l’élection présidentielle d’octobre 2003. Seuls leurs membres pourraient être investis de cette fonction à titre individuel. De nombreuses ONG et organisations internationales se sont publiquement opposées à de telles mesures, contraires à la Constitution et aux engagements internationaux pris par l’Azerbaïdjan, et ont engagé une démarche auprès de la Cour suprême en juin 2003 pour les faire annuler. Par ailleurs, un groupe d’ONG a relevé qu’environ un millier d’organisations consœurs, généralement proches de l’opposition, travaillaient dans le pays sans être enregistrées et a dénoncé la partialité des autorités lors des procédures d’enregistrement au ministère de la Justice.

?? Une élection présidentielle sous tension

14Dès la mi-décembre 2002, trois des principaux partis d’opposition (Moussavat, Indépendance nationale, l’aile réformatrice du Front populaire), réunis au sein d’un Centre de coordination de l’opposition, refusaient de participer aux tables rondes organisées par l’OSCE et censées instaurer un dialogue entre autorités et opposition. Ils exigeaient notamment la mise en place d’une commission mixte (oppositionautorités) pour trouver un accord sur la réforme de la loi électorale. Ces conditions n’étant pas remplies, ils ont choisi de boycotter les instances de concertation proposées par l’OSCE et continué à préparer, de leur côté, l’élection présidentielle. Chaque nouvelle tentative pour renégocier la loi électorale s’est soldée par un échec.

15Les formations de l’opposition et le Parti du nouvel Azerbaïdjan (pro~présidentiel) se sont affrontés directement et parfois physiquement au sein du Parlement à ce propos. Les partis d’opposition ont, en particulier, critiqué la composition partiale de la Commission électorale centrale dans laquelle ils sont minoritaires. En mars, près de 10 000 personnes s’opposaient à la loi électorale et la protestation a connu son apogée quelques semaines avant les élections, avec une importante manifestation du Moussavat (plusieurs dizaines de milliers de personnes) qui s’est déroulée dans le calme.

16La création de partis fantoches censés concurrencer l’opposition sur son propre terrain a avivé les luttes politiques. Ainsi celle du Parti du nouveau Moussavat n’a fait que semer le trouble dans les esprits. Parallèlement, une troisième branche du Front populaire, d’obédience pro-Aliev, a été enregistrée officiellement à la mijanvier 2003 afin de délégitimer la branche réformiste dirigée par Ali Kerimli, mais cette mesure du ministère de la Justice a été ensuite annulée par le président Heïdar Aliev. Le 5 mars, son leader, Gudrat Gassangouliev a été élu député lors d’élections parlementaires partielles.

17Au printemps 2003, nombre de membres de l’opposition ont déclaré qu’ils allaient concourir pour la magistrature suprême. Mais dès le 17 juin 2003, les candidatures de l’ancien Président, Ayaz Moutalibov, et de l’ex-président du Parlement, Rassoul Gouliev, ont été rejetées par la Commission électorale centrale, en dépit du soutien de leur parti respectif et d’une pétition en faveur du retour de Rassoul Gouliev, exilé aux Etats-Unis, signée par 250 000 personnes. Le Parti islamique, malgré la condamnation de son leader, Alikram Aliev, à plusieurs années de prison, a présenté comme candidat son numéro deux, Rovshan Akhmedov. Le Parti de l’indépendance nationale intronisait son chef, Etibar Mamedov, le 8 juin tandis que Lala Sheufket Gadjieva, a démissionné de son poste de présidente du Parti libéral pour se présenter en tant que candidate indépendante. La principale erreur de l’opposition aura été de se montrer finalement incapable, après de nombreuses tentatives, de présenter un candidat unique.

18En septembre 2003, l’inculpation d’un banquier suisse, Hans Bodmer, dans le cadre d’une enquête sur des actes de corruption dont auraient bénéficié de hauts dirigeants azerbaïdjanais a mis le pouvoir en difficulté. La Cour fédérale du district Sud de New York a inculpé Hans Bodmer pour avoir organisé le versement de pots-de-vin à quatre responsables azerbaïdjanais (dont un de la compagnie pétrolière nationale, la Socar) afin de permettre à des investisseurs occidentaux de participer à la privatisation de la Socar au milieu des années 1990. Certes, la présence du président Heïdar Aliev et de son fils Ilham parmi ces quatre personnalités a été très vigoureusement démentie, mais ce scandale a indirectement rappelé les manœuvres de l’aventurier millionnaire Viktor Kozeny et du sénateur américain George Mitchell, qui avaient racheté un nombre considérable de coupons de privatisation de la Socar, avant de tout perdre à la suite de l’annulation de l’opération [3]. L’affaire, connue de la Maison Blanche dès l’été, a semble-t-il été suffisamment prise au sérieux par Washington pour que George W. Bush évite de rencontrer Ilham Aliev au mois d’août 2003.

19L’élection présidentielle s’est déroulée dans un climat tendu le 15 octobre 2003. Loin d’être démocratique et libre, ce scrutin a débouché sur une crise politique sans précédent. La contestation maladroite des résultats par le parti Moussavat s’est retournée contre l’opposition au soir même du scrutin. De violents affrontements entre police et partisans du Moussavat, qui se sont poursuivis le lendemain avec le renfort d’autres partis d’opposition, ont traumatisé la population. Les autorités, à l’aide d’une campagne médiatique sans précédent, ont fustigé le parti Moussavat en qualifiant son chef, Isa Gambar, de fasciste, et ont lancé une vague très dure de répression qui a touché de près ou de loin tous les opposants au régime Aliev. Plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées.

20Cette attitude décevante du pouvoir n’a été que timidement critiquée par la communauté internationale présente à Bakou (à l’exception notable de la Norvège), avant tout soucieuse du maintien d’un climat favorable aux affaires.

Une politique étrangère orientée vers l’Ouest

21De hauts responsables de la défense américaine ont affirmé en juin 2003 que les Etats-Unis avaient l’intention de redéployer à terme pour partie dans le Caucase leurs forces stationnées en Allemagne, dont 15 000 hommes.

22L’Azerbaïdjan est considéré comme l’un des pays les mieux à même d’accueillir une base américaine en 2004, celle-ci pouvant assurer, entre autres, la protection des ressources énergétiques de la mer Caspienne.

23L’élite politique azerbaïdjanaise semble plutôt favorable à une présence américaine et la perçoit autant comme un moyen d’isoler la Russie et l’Iran que comme une façon de sécuriser les intérêts énergétiques américains dans la région. L’envoi d’un contingent de 150 Azerbaïdjanais en Irak, partiellement financé par les Etats-Unis et initialement prévu pour juin 2003 puis repoussé à septembre, a joué un rôle décisif dans le soutien de Washington à Bakou. L’annonce du plan américain de redéploiement a été suivi, selon la presse azerbaidjanaise, par des mouvements de troupes iraniennes le long de la frontière avec l’Azerbaïdjan et par l’installation de postes de renseignements dans les zones frontalières.

24Des violations du cessez-le-feu ont été signalées à plusieurs reprises en 2003, entretenant un climat de tensions entre les parties du conflit du Haut-Karabakh. Par ailleurs, aucun progrès significatif n’a eu lieu dans les négociations en raison des échéances électorales en Arménie et en Azerbaïdjan.

25En 2003, l’Azerbaïdjan ne s’est guère montré plus pressé que les années précédentes de remplir ses engagements en matière de droits de l’homme pris vis-à-vis du Conseil de l’Europe.

26Ainsi, la question du sort des prisonniers politiques n’a pas été véritablement résolue, en dépit des rapports sévères de l’Assemblée parlementaire rédigés avec l’aide d’organisations azerbaïdjanaises de défense des droits de l’homme. Fin juin 2003, l’Assemblée de Strasbourg a donné deux mois au président Aliev pour faire libérer quelques centaines de prisonniers politiques, menaçant le pays de sanctions au cas où cela ne serait pas fait, mais trop timidement pour effrayer véritablement Bakou.

27Le dossier du statut de la mer Caspienne a connu quelques avancées modestes, avec la ratification par le Sénat kazakh du traité bilatéral sur la délimitation des fonds marins entre le Kazakhstan et l’Azerbaïdjan, en juin 2003, et le vote par la Douma russe entérinant un accord similaire signé avec Moscou en septembre 2002.

Des investissements étrangers favorisés par la continuité politique

?? Des déséquilibres structurels de la croissance

28La réouverture du marché pétrolier irakien va sans soute remettre en cause les perspectives d’investissements occidentaux dans la région caspienne. Les pays producteurs et soucieux d’attirer les opérateurs étrangers, comme l’Azerbaïdjan ou le Kazakhstan, devront améliorer le climat des affaires. Les principaux engagements étrangers sur les gisements les plus prometteurs d’Azerbaïdjan datant du milieu des années 1990, le pays ne devrait pas souffrir directement des événements irakiens. La faiblesse du pétrole azerbaïdjanais résidera néanmoins toujours dans ses coûts relativement élevés de production, en comparaison de ceux de la région du Golfe.

29En 2003, avec plus de 10 %, la croissance est restée soutenue. L’inflation a continué à augmenter (2,9 %), mais tout en restant dans des limites très raisonnables. Les réserves financières du pays, alimentées par le Fonds pétrolier [4], sont estimées à 800 millions de dollars. La dette extérieure, en légère hausse, a atteint 1,5 milliard de dollars en 2003 et elle ne devrait pas s’accroître de façon significative compte tenu du niveau des investissements directs étrangers. Ceux destinés au secteur énergétique et le bond de la croissance attendu pour 2005 (mise en service de l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan, BTC) devrait accentuer encore la dichotomie entre les secteurs pétroliers et non pétroliers. La part de ces derniers dans l’activité devrait encore diminuer dans les années à venir. Ces déséquilibres structurels, s’ils ne sont pas corrigés par une politique économique volontariste, conduiront sans doute à une plus forte contrainte extérieure et à une dépendance accrue vis-à-vis des prix du brut et des taux de change.

Principaux indicateurs économiques de l’Azerbaïdjan en 1995-2002

tableau im1
Principaux indicateurs économiques de l’Azerbaïdjan en 1995-2002 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 PIB (variation en %) -11,8 0,8 6,0 10,0 9,5 11,1 9,9 10,6(1) Production industrielle (variation en %) -17,2-6,7 0,3 2,2 3,6 6,9 5,1 3,6(1) Production agricole (variation en %) -6,8 3,0 6,1 6,2 7,0 12,1 9,7 nd Ventes au détail (variation en %) 2,3 14,1 14,9 10,3 13,3 9,8 9,9 9,6 Formation brute de capital fixe (variation en %) -18,0 111,4 67,0 45,0-2,0 2,6 20,6 nd Taux de chômage officiel (en % des actifs, en décembre) 1,1 1,1 1,3 1,4 1,2 1,2 1,3 1,3 Indice des prix à la consommation (moyenne annuelle, %) 411,5 19,8 3,6-0,8-8,6 1,8 1,5 2,8 Solde budgétaire (en % du PIB) -3,7-2,3-1,0-1,9-4,5-2,2-1,5-0,1(1) Exportations de marchandises (en millions de dollars) 637 631 781 606 929 1 745 2 314 2 168 – vers la CEI 285 290 378 232 211 235 223 244 – vers le reste du monde 352 341 403 374 718 1 510 2 091 1 924 Importations de marchandises (en millions de dollars) 668 961 794 1 077 1 036 1 172 1 431 1 666 – de la CEI 228 340 351 405 325 375 445 651 – du reste du monde 440 621 443 672 711 797 986 1 015 Balance commerciale (en millions de dollars) -31-330-13-471-107 +573 +883 +502 Balance des transactions courantes (en % du PIB) -16,6-29,2-23,1-30,7-13,3-3,2-0,9-8,4(2) Dette extérieure brute (en % du PIB) nd Nd 11 13 21 22 22 23(3) Investissements directs étrangers nets (en millions de dollars) 330 627 1 115 1 023 510 119 227 1 417(1) (1) Estimation (2) Janvier-septembre (3) Fin septembre Sources : Commission économique pour l’Europe (Onu), Economic Survey of Europe, 2003, no 1 et années antérieures ; Berd, Transition Report Update, mai 2003 ; Comité interétatique des statistiques de la CEI.

Principaux indicateurs économiques de l’Azerbaïdjan en 1995-2002

Commission économique pour l’Europe (Onu), Economic Survey of Europe, 2003, no 1 et années antérieures ; Berd, Transition Report Update, mai 2003 ; Comité interétatique des statistiques de la CEI.

30Le projet du BTC a progressé de façon spectaculaire au cours de 2003. En premier lieu, le Kazakhstan a décidé d’utiliser cette conduite à partir de 2005 pour évacuer le brut de son gisement de Kashagan ; ensuite deux institutions majeures, l’IFC (groupe Banque mondiale) et la Berd, ont annoncé en juin 2003 et confirmé à l’automne leur participation aux travaux, chacune à hauteur de 125 millions de dollars.

31Leurs prêts sont probablement très avantageux, mais les conditions de remboursement ne sont pas encore connues. Sur le terrain, plusieurs entreprises, dont le Français Spie Capag, sous-traitant de British Petroleum, travaillent d’arrache-pied à la construction de l’oléoduc.

32Le retrait de Lukoïl d’Azerbaïdjan, amorcé en 2002, s’est confirmé l’année suivante avec la vente par la compagnie russe au Japonais Inpex d’un paquet d’actions correspondant à 10 % du capital de la société d’exploitation de Azeri-Shirag-Guneshli et l’annonce, en juin, de l’ouverture de négociations avec la Socar en vue d’abandonner ses parts (50 %) dans la firme chargée de mettre en valeur le gisement de pétrole de Govsany-Zykh. Les progrès réalisés par les projets de BP et des compagnies asiatiques semblent accréditer l’idée selon laquelle les compagnies pétrolières russes auraient renoncé à une politique expansionniste pour se replier sur leurs capacités en exploitation. Les autorités de Russie ont, en outre, rappelé à plusieurs reprises à l’Azerbaïdjan qu’il pouvait utiliser l’oléoduc Bakou-Novorossiïsk pour exporter son pétrole.

33Selon des estimations de British Petroleum, le gazoduc BTE (Bakou-Tbilissi-Erzurum), destiné à exporter les réserves du gisement de Shah Deniz (625 milliards de m3 ), aurait un coût de 3,2 milliards de dollars. En juin 2003, le représentant spécial russe pour la mer Caspienne, Viktor Kalioujny, a rappelé que l’Azerbaïdjan n’avait pas intérêt économiquement à réaliser le BTE. Il a en outre proposé à Bakou d’évacuer le gaz de Shah Deniz par la Russie en utilisant les réseaux existants du Blue Stream pour atteindre la Turquie. L’Azerbaïdjan a rétorqué qu’il souhaitait mettre en place son propre système de transport du gaz, tandis que British Petroleum précisait que le la construction du BTE avait déjà commencé.

34La renégociation des contrats gaziers entre la Turquie et la Russie, nécessitée par le recul de la demande turque, a poussé l’Azerbaïdjan à chercher d’autres débouchés. Il a ainsi mené dans cet objectif des négociations avec la Grèce tout au long de 2003. En théorie, les premières exportations de gaz vers ce pays sont prévues pour 2008, mais aucun contrat n’a encore été signé. Un gazoduc, dont le coût s’élèverait à 250 millions de dollars, reste à construire entre la Turquie et la Grèce.

35Le projet BTE comprendra, outre le gazoduc, la construction d’une plateforme offshore (2,3 milliards de dollars) et de structures de raccordement (900 millions de dollars). La société française Technip-Coflexip a remporté le contrat (500-600 millions de dollars) portant sur le design et la mise en place de la partie inférieure de la plateforme offshore. La partie supérieure devrait être construite par la compagnie singapourienne Keppel Corporation.

36En juin 2003, de nouveaux investissements ont été annoncés. Le Chinois Sinopec a signé avec la Socar son premier contrat pétrolier (140 millions de dollars) en Azerbaïdjan pour la réhabilitation et la phase terminale d’exploitation – sur vingt-cinq ans – du puits épuisé de Pirsagat.

?? Les échanges

37La part des produits pétroliers dans le commerce de l’Azerbaïdjan est de plus en plus importante et représente désormais 88,9 % des exportations (contre 75 % en 2001). Pourtant la production pétrolière de l’Azerbaïdjan ne serait à même de satisfaire que 0,4 % de la demande mondiale. Les chiffres donnés par les diverses institutions (le consortium pétrolier AIOC, la Socar, le Comité des statistiques) se contre-disent et ne permettent pas d’avoir une vision un tant soit peu précise de la situation. Hors pétrole, le déficit de la balance commerciale continue de se creuser (il a doublé entre 2002 et 2003). Les importations, liées au secteur des hydrocarbures ont beaucoup augmenté en 2003 (2,4 milliards contre 1,8 milliard en 2002), mais devraient être compensées par les investissements étrangers effectués dans le secteur énergétique. Le faible degré d’industrialisation du pays rend toute-fois probable une tendance inexorable à la détérioration de la balance commerciale dans les années à venir.

38Certaines analyses considèrent que les douanes azerbaïdjanaises sous-évaluent le volume des échanges du pays, car elles ne prennent pas en compte la contrebande, la corruption qui sévit dans leurs propres services ni le commerce transfrontalier [5]. Les échanges sont toujours orientés majoritairement vers l’UE et ce, principalement à cause des livraisons de pétrole à l’Italie. Ces dernières représentent, selon les statistiques officielles, 53 % des exportations du pays. La Russie demeure un fournisseur important (14 % des importations), avant le Royaume-Uni (11,4 %), le Turkménistan (7,7 %) et la Turquie (7,7 %).

39Le brut azerbaïdjanais est de plus en plus souvent acheté par des traders, qu’ils soient européens, américains ou asiatiques. Par ailleurs des contrats concernant les industries d’armement ont été signés avec la Russie et l’Azerbaïdjan s’attend à recevoir davantage de commandes de la part de cette dernière.

Les relations France-Azerbaïdjan

Une commission mixte régit les relations bilatérales. Elle est présidée, côté français par le ministre du Commerce extérieur, et, côté azerbaïdjanais, par le Premier ministre. Sa troisième session a eu lieu en mai 2003 sous la présidence de François Loos, ministre délégué au Commerce extérieur, et de Artur Rasizadé. Les deux pays ont signé un accord de protection mutuelle des investissements, une convention fiscale et des accords dans le domaine vétérinaire.
En juin 2003, une délégation française emmenée par UBIFrance à participé à la conférence-exposition annuelle « Caspian Oil and Gas », à Bakou. Parmi ses membres figuraient Schneider, Ipsi, Protem, IEC, S2M, Total, le Bureau Véritas, Tecnhip et Schlumberger. Le pétrole azerbaïdjanais continue d’être acheté par des opérateurs français en quantités importantes, même lorsqu’il est transporté à travers le territoire russe, comme l’a montré l’achat par Total de 140 000 tonnes de brut chargées dans le port de Novorossiïsk en juillet 2003.
En 2002 et 2003, des contrats importants (environ 450 millions d’euros) ont été remportés par Saipem-BOS (jackets des plateformes pour les trois phases du développement du gisement pétrolier offshore Azeri-Shirag-Guneshli), Entrepose (cuves du terminal de Sangachal), Amec-Spie (stations de pompage de l’oléoduc BTC), Eupec (traitement contre la corrosion des tubes destinés à un oléoduc sous-marin), Technip (plateforme du développement du gisement gazier offshore de Shah Deniz) et Eurocopter (six hélicoptères).

tableau im2
Les échanges France – Azerbaïdjan, 2000-2002 (millions d’euros) 2000 2001 2002 Exportations (fob) 30,1 33,5 111,9 Importations (cif) 188,7 133,9 157,9 Solde-158,6-100,4-46,0 Source : Douanes françaises

Douanes françaises

40Pour son premier déplacement en Europe, Ilham Aliev a choisi de se rendre en France les 22 et 23 janvier, à l’invitation de Jacques Chirac. Cette visite a permis d’évoquer le renforcement des relations bilatérales, les principaux sujets d’actualité dans le Caucase et l’évolution des négociations concernant le conflit dans le Haut-Karabakh.

?? Réformer lentement mais sûrement

41Le déficit public (qui correspond au budget consolidé moins celui de la Sécurité sociale et les dépenses financées par les crédits étrangers) représentait 0,5 % du PIB au terme des huit premiers mois de 2003. Cette même année, les arriérés de paiement ont été moins importants que d’habitude, probablement à cause du contexte électoral qui a poussé les autorités à honorer leurs dépenses en temps voulu.

42Compte tenu du niveau élevé des cours mondiaux du pétrole (ce secteur finance le budget à 40 %), le déficit budgétaire ne devrait pas se creuser davantage. La Socar est toujours le principal contributeur. Le type d’impôt à appliquer aux sociétés fait toujours débat. Le gouvernement souhaite mettre en place un système différencié selon les régions (avec trois taux différents : 35 %, 14 % et 0 %) pour encourager les investissements en dehors de Bakou et de ses environs.

43Quant au FMI, il est partisan d’un taux unique fixé à 25 % pour 2003 et à 24 % pour 2004.

44Conformément aux engagements qu’il a pris dans le cadre du « programme de réduction de la pauvreté et du développement économique » [6], établi en collaboration avec le FMI, la Banque mondiale et, semble-t-il, des ONG, le gouvernement a commencé à revoir sa politique de subvention en faveur du secteur énergétique en renonçant d’abord, en avril 2003, à soutenir les prix de gros de l’énergie. La deuxième mesure à mettre en œuvre, plus impopulaire vis-à-vis des consommateurs, consistera à répercuter en 2004 cette hausse sur les prix de détail. Jusqu’à présent, le gouvernement s’est contenté d’insister sur le fait que les ménages devaient, dans la mesure du possible, régler leur facture d’énergie. Cette attitude visant à ne pas infliger trop brutalement un nouveau fardeau à une population déjà en butte à la pauvreté se traduira sans doute par un report important dans la mise en œuvre des réformes recommandées par le FMI.

Impatiences sociales

45Le taux de chômage en Azerbaïdjan est très largement sous-évalué. Les conditions de travail dans le pays demeurent précaires (emplois pour des temps courts) et tributaires du très faible niveau d’activité dans les secteurs non pétroliers. Le recours au travail non déclaré est la règle. Le suremploi est important dans le secteur public où de nombreux fonctionnaires, s’ils sont, il est vrai, rarement payés, n’ont rien faire.

46La hausse des salaires en 2003 a fait partie des promesses de la campagne électorale ; aussi n’est-elle pas surprenante. A l’automne 2003, le salaire nominal mensuel moyen s’élevait à 76 dollars, soit une hausse de 21 % par rapport à 2002. Mais le revenu par tête est probablement moins élevé compte tenu du niveau important du chômage non officialisé.

47De nombreuses familles vivent grâce au travail de leurs proches en Russie.

48Selon le politologue azerbaïdjanais, Arif Yunus, le fait que 150 000 citoyens allemands et 130 000 Français soient d’origine azérie [7], explique les départs vers ces pays au milieu des années 1990. A partir de 2000, les émigrants ont préféré la Suède et la Belgique, après avoir séjourné en Russie. De plus en plus d’Azerbaïdjanais émigrent en Europe occidentale.

49Cette tendance devrait s’accentuer, en particulier parmi les jeunes, après la vague répressive qui s’est abattue sur le pays en octobre 2003.

50La population azerbaïdjanaise qui pouvait constater une lente amélioration de ses conditions matérielles depuis plusieurs années espérait une ouverture ou des changements politiques à l’occasion de l’élection présidentielle d’octobre 2003. Elle est déçue. Impatiente de recevoir les fruits de la croissance pétrolière, elle se trouve désormais face à un régime conservateur qui redistribue au comptegouttes le produit que rapportent les richesses énergétiques.

51Le consentement tacite de la communauté internationale à cette situation a suscité beaucoup d’amertume et nombreux sont ceux qui, à défaut d’avoir pu ou su organiser une véritable opposition soutenue par l’extérieur et libre de ses mouvements, sont prêts à se tourner vers des solutions plus radicales proches de l’islam politique. Il ne serait pas étonnant que le régime azerbaïdjanais, s’il continue d’ignorer superbement les demandes sociales du peuple, doive faire face à une résistance passive de la part de ce dernier, qui sera forcément attisée par les réseaux (ô combien plus nocifs que les oppositions démocratiques) d’un islam politique lié au terrorisme. A trop les semer, Bakou, la ville des vents, récoltera peut-être la tempête...


Annexe

52Chronologie

532003

543 janvier
Signature d’un accord de coopération avec les Etats-Unis portant sur l’octroi de 500 000 dollars pour la modernisation et la formation du personnel des ministères « de force ».

557 janvier
Visite du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan. Entretien avec le président Aliev sur : le développement des relations politiques et économiques avec les Etats turcophones de l’ex-URSS et le renforcement du « partenariat stratégique » de la Turquie avec l’Azerbaïdjan ; le bénéfice pour les parties de la mise en service de l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan et du futur gazoduc Bakou-Tbilissi-Erzerum. La Turquie soutient la position de l’Azerbaïdjan sur le Haut-Karabakh et propose des négociations tripartites Arménie, Azerbaïdjan et Turquie.

5613 janvier
Enregistrement d’une troisième branche du Front populaire, constituée par Gudrat Gassangouliev.

5717 janvier
Prorogation d’un an par Washington de la suspension de l’amendement 907 du Freedom Support Act décidée en 2002 en reconnaissance du soutien apporté par Bakou à la coalition antiterroriste.

5821 janvier
Le rapporteur de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe insiste sur la nécessité de réformer la loi électorale.

5921-23 janvier
Les vice-ministres des Affaires étrangères d’Azerbaïdjan et d’Arménie se rencontrent à Strasbourg pour la quatrième session de leurs négociations sur le Haut-Karabakh.

6025 janvier
Manifestation, organisée par le Parti démocratique d’Azerbaïdjan, pour demander la démission du président Aliev et l’organisation d’élections libres et loyales auxquelles Rassoul Gouliev, chef de ce parti et exprésident du Parlement, exilé aux Etats-Unis depuis 1996, serait autorisé à participer.

6111 février
Décret présidentiel amnistiant 116 prisonniers dont certains ont été impliqués dans les tentatives de coup d’Etat de 1994 et de 1995 et d’autres incarcérés pour avoir protesté contre la falsification des élections législatives de novembre 2000.

6224 février
Visite aux Etats-Unis du président Aliev. Entretiens avec : 1) le co-président du Groupe de Minsk chargé de trouver une solution négociée au conflit du Haut-Karabakh ; 2) le secrétaire au Commerce sur un soutien américain à l’oléoduc Bakou-Tbilissi-Ceyhan. Le Président azerbaïdjanais affirme lors d’une conférence que la non-résolution du conflit du Karabakh nuit au développement économique du Sud-Caucase ; selon lui, de plus en plus de ses concitoyens exigent une solution militaire ; 3) avec le directeur de la CIA, George J. Tenet, sur la coopération avec les Etats-Unis pour assurer la sécurité sur la frontière azerbaïdjanaise.

6326-27 février
Lors de la huitième session des groupes de travail sur le statut de la mer Caspienne, les cinq Etats riverains s’accordent sur huit articles d’un document final. L’Azerbaïdjan et le Kazakhstan signent un accord bilatéral sur la démarcation de leurs secteurs respectifs des fonds marins.

6427 février
Signature avec la Russie d’un accord bilatéral sur la coopération militaire comprenant notamment la vente d’armes russes et un programme de formation.

653 mars
Le président Heïdar Aliev est opéré d’une hernie aux Etats-Unis.

666 mars
Le FMI débloque un crédit de 17 millions de dollars en échange de l’engagement d’augmenter les prix locaux du pétrole et du gaz et d’instaurer une plus grande transparence dans la gestion du Fonds pétrolier.

6715 mars
Premier congrès des journalistes azerbaïdjanais. Constitution d’un Conseil de la presse chargé de régler les litiges entre la profession et le pouvoir.

6826 mars
Signature d’un accord portant sur la fourniture d’électricité par l’Iran au Nakhitchevan.

6929 mars
Les partis d’opposition constituant le Congrès démocratique désignent le président de Moussavat, Isa Gambar, comme candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2003.

705 avril
Manifestation, organisée par le Parti démocratique d’Azerbaïdjan pour exiger le retour au pays de Rassoul Gouliev.

7118 avril
Le président Aliev déclare pour la première fois en public que l’Azerbaïdjan met en place les réformes pour son intégration à l’Otan.

7221 avril
Le président Aliev est frappé d’une crise cardiaque alors qu’il prononçait un discours dans une réunion publique. Le 3 mai, il se rend en Turquie pour des examens médicaux.

737 mai
Le Parlement approuve, par 92 voix contre 2, l’envoi de 150 hommes en Irak au titre du maintien de la paix.

7412 mai
Isa Gambar, président de Moussavat, proposé par le Congrès démocratique comme son candidat à l’élection présidentielle, demande la démission du président Aliev en raison de son état de santé.

7527 mai
Adoption par le Parlement de la loi électorale en vue de l’élection présidentielle du 15 octobre.

7614 juin
Les principaux partis d’opposition s’accordent pour présenter un candidat unique à l’élection présidentielle. Cette entente s’est défaite par la suite.

7717 juin
39 prisonniers politiques sont graciés.

7820 juin
L’Azerbaïdjan participe à des manœuvres de l’Otan au large d’Odessa.

7923 juin
Le parti du nouvel Azerbaïdjan désigne Heïdar Aliev comme son candidat à l’élection présidentielle du 15 octobre.

804 juillet
La Commission électorale centrale enregistre la candidature de Ilham Aliev, le fils du Président, à l’élection présidentielle.

818 juillet
Le président Aliev se rend à nouveau en Turquie pour un traitement médical. Il sera transféré le 6 août dans une clinique de Cleveland (Etats-Unis).

8214 juillet
La Cour suprême rejette la requête du Parti démocratique d’Azerbaïdjan demandant l’enregistrement de la candidature de Rassoul Gouliev.

834 août
Ilham Aliev est investi par le Parlement (102 voix pour, une contre) au poste de Premier ministre ; l’opposition voit dans cette nomination un coup d’Etat de velours et organise, le 9, des manifestations de protestation.

8410 septembre
Ilham Aliev, nouveau Premier ministre, affirme que Bakou n’établira pas de relations économiques avec l’Arménie tant que le conflit du Haut-Karabakh ne sera pas résolu.

8523 septembre
Visite du Premier ministre Ilham Aliev aux Etats-Unis. Rencontre avec le président Bush.

8630 septembre
Réunion à Bruxelles de la cinquième session du Conseil de coopération Azerbaïdjan-UE sur l’élection présidentielle à venir, la mise en œuvre des obligations posées par l’UE, les questions de transport et d’énergie.

872 octobre
Le président Heïdar Aliev renonce à se présenter à l’élection présidentielle du 15 octobre pour raisons de santé et se désiste en faveur de son fils, Ilham. Il décède le 12 décembre.

8815 octobre
Election présidentielle (participation 71,23 %).

89Selon la Commission électorale centrale, le Premier ministre, Ilham Aliev, obtient 76,84 % des suffrages. Les observateurs nationaux et internationaux dénoncent des fraudes massives, des décomptes indépendants mettant I. Gambar en tête. Les formations battues refusent de reconnaître la validité du scrutin. Le 16, manifestations des partisans d’Isa Gambar, réprimées par la force et suivies de nombreuses arrestations.

90Le 31, le nouveau Président prête serment sur la Constitution et le Coran et jure de préserver l’indépendance nationale et l’intégrité territoriale. Le 4 novembre, le Parlement vote l’investiture de Artur Rasizadé au poste de Premier ministre.

913 décembre
Entretiens à Bakou entre le président I. Aliev et le secrétaire américain à la Défense sur la coopération militaire. Donald Rumsfeld déclare que les Etats-Unis continueront d’aider l’Azerbaïdjan à contrôler sa frontière maritime en mer Caspienne.

9216-20 décembre
Rencontre en Ecosse entre des parlementaires d’Azerbaïdjan et d’Arménie. Les discussions ont porté sur six points : futur statut du Haut-Karabakh ; ouverture de voies de communication ; relations diplomatiques et économiques ; retour des réfugiés et des personnes déplacées ; territoires sous contrôle arménien adjacents au Haut-Karabakh.

Principales formations politiques

93Parti du nouvel Azerbaïdjan. Parti du président Aliev Parti Moussavat (Isa Gambar)
Parti du front populaire, aile réformatrice (Ali Kerimli)
Parti du front populaire, aile conservatrice (Mirkhmamud Fattaiev)
Parti de l’indépendance nationale (Etibar Mamedov)
Parti démocratique d’Azerbaïdjan (Rasoul Gouliev)
Parti de la solidarité civique (Ayaz Moutalibov)
Parti communiste (Firudin Hasanov)
Parti social-démocrate (Zvardouch Ali-Zadé)
Parti libéral (Lala Sheufket Gadjieva)

Résultats des dernières élections

94? Election présidentielle (15 octobre 2003)*
Taux de participation : 71,23 %
Le Président sortant, Heïdar Aliev, avait été élu en 1998 avec 76,1 % des voix.

tableau im3
Candidats Suffrages en % Ilham Aliev 76,84 Isa Gambar 13,97 Lala Gadjieva 3,31 Etibar Mamedov 2,92 * Les autres candidats ont obtenu moins de 1 % des suffrages. Les observateurs internationaux ont fait état de fraudes massives et les candidats de l’opposition n’ont pas reconnu la validité du scrutin.

95? Elections législatives (5 novembre 2000 et 7 janvier 2001) *
Taux de participation : 68 %
Le Parlement, monocaméral, compte 125 députés élus pour cinq ans : 100 au scrutin uninominal par circonscription, 25 à la proportionnelle.

tableau im4
Partis Suffrages Nombre au scrutin total uninominal de sièges en % Parti du nouvel Azerbaïdjan 62,3 75 Parti du front populaire (aile réformatrice) 11,0 6 Parti de la solidarité civique 6,4 3 Parti communiste 6,28 2 Parti Moussavat 4,91 2 Parti de l’indépendance nationale 3,92 2 Parti libéral 1,31 - Parti démocratique d’Azerbaïdjan 1,1 - Alliance pour la sauvegarde de l’Azerbaïdjan 1,0 1 Parti de la prospérité sociale - 1 Parti de la patrie - 1 Parti du front populaire (aile conservatrice) - - Parti Yurddash (Parti des compatriotes) - 1 Parti national démocratique d’Azerbaïdjan - 1 Indépendants - 29 * L’opposition a accusé le pouvoir de fraudes, d’intimidations au cours des deux phases de ces élections, accusations reprises par les observateurs de l’OSCE. Cependant, le boycottage observé après les élections a volé en éclats avec la décision des réformateurs du Front populaire de participer aux sessions du Parlement.

Composition du gouvernement en décembre 2003 (principaux ministres)

96Premier ministre :Artur Rasizadé
Premier vice-Premier ministre : Abbas Abbasov
Vice-Premiers ministres : Elcin I. Efendiev, Iagoub Eïoubov, Ali Hasanov, Abid Cherifov
Finances :Avaz Alekperov
Impôts : Fazil Mamedov
Affaires étrangères :Vilaiat Gouliev
Défense : Safar Abiev
Intérieur : Ramil Ousubov
Sécurité nationale : Namiq Abbasov
Développement économique : Farhad Aliev
Combustibles et Energie : Majid Kerimov
Education : Misir Mardanov
Justice : Fikret Mamedov

Bibliographie

Sélection bibliographique

  • « Les questions et les politiques de sécurité de l’Azerbaïdjan », Arif Yunusov, in Le Sud-Caucase : un défi pour l’UE, Cahiers de Chaillot, no 65, décembre 2003, pp. 145-159.
  • « Azerbaijan in Transition to the New Age of Democracy », Alec Razizade, Communist and Post-Communist Studies, vol. 36, no 3, septembre 2003, pp. 345-372.
  • « Azerbaijan Republic-Select Issues and Statistical Appendix », International Monetary Fund, IMF Country Report, no 03/130, mai 2003,92 p.
  • « Azerbaijan Republic : Poverty Reduction Strategy Paper », International Monetary Fund, IMF Country Report, no 03/105, avril 2003,52 p.
  • « Azerbaijan Republic : Report ont the Observance of Standards and Codes (ROSC) – Data Module », International Monetary Fund, IMF Country Report, no 03/86, mars 2003,119 p.
  • « Azerbaïdjan. Chronique d’une succession annoncée », Damien Helly, in La Russie et les autres pays de la CEI 2001-2002, Le courrier des pays de l’Est, no 1030, novembre-décembre 2002, pp. 106-119.
  • « The Global-Local Intersection of Feminin in Muslim Societies : The Cases of Iran and Azerbaijan », Nayereh Tohid, Social Research, vol. 69, no 3, automne 2002, pp. 851-888.
  • The Economist Intelligence Unit, Country Report (trimestriel), Country Profile (annuel) « Azerbaijan ».

Notes

  • (1)
    Cet article ne reflète pas nécessairement et en tous points les positions de l’International Crisis Group et n’engage que son auteur.
  • (2)
    Le Parti islamique d’Azerbaïdjan a été créé en 1992 et interdit en 1995. Son président, Alikram Aliev, a été condamné en avril 2003 à six ans de prison pour espionnage au profit de l’Iran, puis libéré en novembre.
  • (3)
    Des fonds américains pour le rachat de la Socar, qui ne s’est toujours pas fait, ont abouti à une énorme escroquerie dont les auteurs sont difficilement identifiables. Voir Peter Elkind, « The Incredible Half-Billion-Dollar-Oil Swindle », Fortune International, vol. 141, n° 6, 2000, pp. 34-47.
  • (4)
    Créé à l’instigation du FMI, ce fonds doit permettre d’affecter une partie des recettes provenant de la vente des hydrocarbures au secteur social.
  • (5)
    The Economist Intelligence Unit, Country Report « Azerbaijan », novembre 2003.
  • (6)
    Pour une analyse critique de ce programme, voir Damien Helly « Azerbaïdjan 2001-2002, Chronique d’une succession annoncée », Le courrier des pays de l’Est, n° 1030, novembredécembre 2002, pp. 106-119.
  • (7)
    L’importance de ces chiffres s’explique par le grand nombre de représentants de la minorité azérie d’Iran.
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