Couverture de CPE_036

Article de revue

Lettonie 2002-2003

Un second souffle après l'ascension des sommets

Pages 93 à 106

Notes

  • (1)
    C. Bayou, « Lettonie 2001-2002. Les fruits de l’obstination », Le courrier des pays de l’Est, n° 1026, juin-juillet 2002, pp. 97-110.
  • (2)
    La composition du gouvernement ne se fit pas plus dans la sérénité que la préparation des élections, la proposition de E. Repse de nommer au poste de ministre des Affaires étrangères Grigorijs Krupnikovs ayant provoqué l’ire de A. Skele : ce dernier a reproché à G. Krupnikovs d’avoir affirmé qu’il faudrait ralentir le rythme de la marche lettone vers l’UE, ce dont l’intéressé s’est défendu. Le Parti du peuple a en outre accusé G. Krupnikovs d’avoir collaboré avec les services de sécurité soviétiques avant 1991. Le ton a rapidement dégénéré, lorsque E. Repse a traité A. Skele d’antisémite, faisant allusion à l’ancienne responsabilité de G. Krupnikovs, en tant que leader de la communauté juive de Lettonie.
  • (3)
    Diena, 27 juin 2003.
  • (4)
    C. Bayou, J. Blaha, D. Heimerl, M. Kahn, I. Kamenka, E. Lhomel, L. Rucker, « La crise irakienne. Positions et réactions dans les pays de la CEI et d’Europe centrale et orientale », Le courrier des pays de l’Est, n° 1033, mars 2003, pp. 48-59.
  • (5)
    La Lettonie est affectée depuis 2002 par la réorientation des exportations russes de pétrole au profit du port de Primorsk. En 2002, le port de Ventspils a connu la plus forte contraction de toute son histoire, avec une baisse des volumes traités de 24 % par rapport à l’année précédente. Par exemple, en octobre 2002, le port a traité 78 000 barils par jour de pétrole brut, contre 296 000 à la même période de 2001. Le trafic des autres ports lettons a augmenté en 2002, mais pas suffisamment pour compenser les pertes de Ventspils qui est le port principal du pays et a contribué en 2001 à 66 % des activités de fret maritime.
  • (6)
    Le 5 juin 2003, le Parlement letton a toutefois adopté une loi établissant des quotas et des droits de douane plus élevés sur les importations de viande porcine. Le pays est en effet submergé par des importations de porc à bas prix, qui met en péril ses propres producteurs. Cette mesure devrait s’appliquer jusqu’au 1er mai 2004 à tous les pays, mais on sait qu’elle vise en particulier l’Estonie et la Lituanie voisines (87 % des exportations estoniennes de viande porcine en 2002, par exemple, sont allées en Lettonie).
  • (7)
    « Repse Casts Doubt on Ventspils Owners », The Baltic Times, 3-9 avril 2003.
  • (8)
    « Oil Embargo Angers Mayor, Ministers », The Baltic Times, 6-12 février 2003.
  • (9)
    BBC Monitoring, 14 avril 2003.
  • (10)
    Par ailleurs, en mai 2003, une société enregistrée aux Pays-Bas, Macasyng Holding B. V., a renoncé à prendre part à la privatisation de la Krajbanka, banque contrôlée à 26 % par trois autres banques, situées à Ventspils (dont Ventbunkers) et à 3 % par A. Lembergs. Macasyng a accusé les banques de Ventspils de tenter de l’attirer dans un accord secret aux termes duquel la compagnie paierait les autres actionnaires pour ne pas participer à la vente. Les trois banques dénoncées cherchaient alors à racheter les 5 % de Ventspils Nafta afin d’y être majoritaires ; elles auraient tenté à plusieurs reprises de faire échouer la vente de la Krajbanka. Enfin, on rappellera que Ventspils Nafta détient, depuis sa privatisation en avril 2002, la majorité des actions de Latvija Kugnieciba (LASCO), la plus grande compagnie maritime de Lettonie, qui a déclaré son intention de remplacer entièrement sa flotte pétrolière (36 navires) au cours des sept ans à venir, de se maintenir parmi les six premières flottes mondiales de pétroliers de taille moyenne et de prendre le leadership sur le marché d’Europe du Nord.
  • (11)
    Juris Paiders, « Sleser’s Intrigues or Global Processes ?», Dienas Bizness, 10 avril 2003.
  • (12)
    « Integration Finally Gets Budgeted », The Baltic Times, 3-9 avril 2003.

1Après une année 2002 figée dans l’attente d’événements politiques essentiels, la Lettonie semble reprendre vie et a retrouvé un dynamisme étonnant. Elle a désormais les mains plus libres, puisqu’elle a traversé avec succès les remous des échéances électorales, législatives et présidentielle, et qu’elle a devant elle les perspectives, enfin concrètes et proches, des adhésions à l’Union européenne et à l’Otan. Cette conjoncture favorable lui a donné un second souffle, qui lui permet dans une certaine mesure d’affronter, voire de surmonter, d’autres difficultés. Le pays prend de l’assurance, conscient de l’ordre nouveau qui se met en place dans cette région enfin européenne et sécurisée, où la Russie abat ses cartes avec de plus en plus de clarté.

Elections avec et sans surprise

2La perspective des élections législatives du 5 octobre 2002 a indéniablement ralenti le rythme des réformes tout au long de cette année, le gouvernement en place depuis mai 2000 et dirigé par Andris Berzins (Voie lettone) s’efforçant de faire taire ses divisions jusqu’à l’échéance électorale. La coalition gouvernementale, composée du Parti du peuple (TP, dirigé par Andris Skele), de Voie lettone (LC) et de l’Union pour la patrie et la liberté/Mouvement pour l’indépendance nationale de la Lettonie (TB/LNNK), a fait preuve d’une longévité inégalée depuis l’indépendance du pays [1]. Elle détenait 64 des 100 sièges du Parlement.

3La campagne électorale fut agitée, émaillée de quelques scandales, dont celui qui a poussé le Premier ministre à limoger, le 30 septembre 2002, son ministre de la Défense, Mareks Seglins (TP), après l’arrestation de deux responsables de Voie lettone, accusés d’avoir diffusé des encarts dénonçant le Parti du peuple comme une « équipe de voleurs » qui aurait dérobé des millions de lats à l’Etat. Cet affrontement entre les deux principaux partis de la coalition, que Voie lettone a analysé comme une tentative de déstabilisation de la part de son adversaire/partenaire, donne une idée de la tension qui régnait au sein de la classe politique à la veille de l’échéance du 5 octobre.

4Les résultats du scrutin en ont étonné plus d’un, accordant 26 sièges au parti Nouvelle ère (JL), créé en février 2002 par le jeune (41 ans) exgouverneur de la Banque centrale, Einars Repse. Alors qu’elle semblait, par les positions qu’elle défend, un allié naturel de Voie lettone et du Parti du peuple, Nouvelle ère s’est trouvée privée de ces deux partis pour créer une alliance forte : les élections ont en effet fait sortir du Parlement Voie lettone, pour la première fois depuis dix ans. Bénéficiant de 16,71 % des suffrages, soit 21 sièges au Parlement, le Parti du peuple n’entre pas non plus dans la coalition gouvernementale et son leader, A. Skele, ennemi personnel de E. Repse, a en outre quitté la formation en janvier 2003, remplacé à sa tête par l’ancien ministre de l’Agriculture, Atis Slatkeris. Les élections ont amené en deuxième position (18,94 % des voix et 24 sièges au Parlement) le parti Pour les droits de l’homme dans une Lettonie unie (PCTVL), alliance de trois formations de gauche qui défendent les intérêts de la population russophone de Lettonie et sont favorables à l’adhésion européenne. Le PCTVL est désormais dans l’opposition.

5Par leur vote, les Lettons ont montré leur rejet de l’équipe précédente, incarnée dans une certaine mesure par A. Skele qui, depuis 1996, a dirigé trois gouvernements successifs et éphémères, tous accusés de corruption. Si le bilan du Parti du peuple est remarquable sur le plan de la politique étrangère, les électeurs ont sanctionné les difficultés de leur vie quotidienne (le fort taux de chômage, le faible niveau des salaires et des retraites) et les scandales qui ont émaillé le processus de privatisations. A la veille des sommets de Prague et de Copenhague, c’est-à-dire juste avant d’être totalement assurés de leur prochaine adhésion à l’Otan et à l’UE, en montrant qu’il fallait maintenant tourner une page et se concentrer avant tout sur la vie quotidienne des citoyens, les Lettons ont fait preuve d’une remarquable maturité politique.

6Le 5 novembre 2002, la Présidente lettone, Vaira Vike-Freiberga, a nommé E. Repse au poste de Premier ministre. Celui-ci a composé un gouvernement de coalition de centre droit [2] rassemblant quatre partis, à savoir Nouvelle ère, Premier parti de Lettonie (LPP, 10 sièges au Parlement), l’Union des verts et des paysans (ZZS, 12 sièges) et l’Union pour la patrie et la liberté/Mouvement pour l’indépendance nationale de la Lettonie (TB-LNNK, 7 sièges), ce dernier étant le seul des quatre à avoir été créé avant 2002.

7Dès son investiture, le nouveau Premier ministre a annoncé qu’il entendait poursuivre les orientations précédentes, en faveur de l’adhésion du pays à l’UE, de l’amélioration du climat d’affaires et de la lutte contre la corruption, insistant sur le fait que la politique menée par son gouvernement serait plus transparente et plus proche des préoccupations des citoyens. Composée pour partie d’hommes d’affaires jeunes et peu expérimentés en politique, cette équipe a été choisie à dessein : E. Repse espère obtenir avec eux plus d’efficacité, en particulier pour mettre fin à la corruption qui ronge le pays et nuit à sa réputation. En réalité, cette coalition, qui ne détient que 55 des 100 sièges du Parlement, est très fragile. Les quatre partis qui la composent ont bien du mal à s’accorder sur la cadence des réformes, même si tous se prononcent en faveur de l’adhésion européenne et de la dérégulation comme moteur de croissance de l’activité économique. Elle se divise de plus en plus en deux groupes, les partis les plus à droite de l’échiquier politique (JL et LPP), souvent opposés aux deux autres, relativement plus eurosceptiques (ZZS) et nationalistes (TB-LNNK). Mais cette césure est loin d’être nette et on a vu à plusieurs reprises Nouvelle ère et le Premier parti de Lettonie se désavouer au Parlement, le second allant jusqu’à voter parfois avec l’opposition.

8La popularité du gouvernement est plutôt bonne, juste entachée, en mars 2003, par le limogeage du ministre de la Santé, Aris Auders, accusé de corruption. Un sondage réalisé par l’Institut Latvijas Fakti montrait alors que le ministre le plus populaire était Maris Gulbis (Intérieur), suivi de Inguna Ribena (Culture), de Girts Valdis Kristovskis (Défense) et de Sandra Kalniete (Affaires étrangères) ; touché lui aussi par le scandale pour avoir un peu tardé à limoger son ministre de la Santé, E. Repse était alors en mauvaise posture. Fin juin 2003, la presse lettone [3] évoquait la possibilité que le Premier ministre soit forcé de se débarrasser de certains ministres, le gouvernement n’ayant pas obtenu de grands résultats depuis son investiture, du moins au regard des promesses faites durant la campagne électorale. Le travail réalisé par ce gouvernement ne démérite sans doute pas par rapport à ce qu’avaient fait ses prédécesseurs, mais la population est en droit de demander des comptes à un homme politique qui s’était engagé à augmenter les salaires beaucoup plus fortement qu’il n’a pu le faire ou à lancer une réforme du système de protection sociale qui se fait toujours attendre. Toutefois, la popularité du Premier ministre et de son gouvernement reste bonne, auréolés qu’ils sont d’une réputation d’honnêteté particulièrement appréciée dans le contexte letton. La maladresse qu’ils mettent à présenter des mesures impopulaires est généralement imputée à leur manque d’expérience politique. En revanche, E. Repse sait qu’il doit prendre garde aux dissensions croissantes au sein de sa coalition, qui le mettent dans une position de plus en plus délicate.

9Si l’échéance des élections législatives était porteuse d’incertitudes, en revanche, on s’attendait à ce que l’élection présidentielle de juin 2003 soit sans surprise. Après un mandat de quatre ans particulièrement réussi et en l’absence d’autre candidat, V. Vike-Freiberga était assurée d’être réélue. Pourtant, le 4 mars 2003, le gouvernement et la présidence du Parlement annonçaient qu’ils avaient pris la décision d’avancer le scrutin au 12 mars, justifiant ce choix par la nécessité d’avoir un Président bien en place avant d’organiser le référendum sur l’adhésion à l’UE, prévu pour l’automne 2003. L’opposition, elle, a émis l’hypothèse d’une tentative d’organiser l’élection avant le déclenchement de l’action militaire contre l’Irak. La Présidente lettone, en effet, s’était très fermement engagée aux côtés des Etats-Unis dès le début de la crise, alors que tous les sondages réalisés dans le pays montraient que les Lettons se disaient opposés à la guerre [4]. Craignant des opérations militaires plus difficiles que prévu et sentant que l’opinion publique avait le sentiment de ne plus être entendue par ses dirigeants, les autorités politiques auraient ainsi tenté de faire réélire V. Vike-Freiberga avant que le fossé entre elle et les Lettons ne devînt trop manifeste. Finalement, l’avancée du scrutin étant illégale (la Présidente n’aurait alors pas rempli les 4 ans de son mandat), le 6 mars le gouvernement a brutalement fait volte-face, annonçant que l’élection se déroulerait à la date prévue, à savoir le 20 juin 2003. Comme attendu, la Présidente a été réélue, avec 88 des 100 voix du Parlement. Les quatre partis de la coalition, ainsi que le Parti du peuple, se sont unanimement prononcés en sa faveur. Ce scrutin sans surprise a été analysé comme la manifestation d’une grande stabilité politique, l’absence d’autre candidat étant perçue comme la preuve du consensus général qui règne parmi les principales forces politiques. Dans son discours devant le Parlement, V. Vike-Freiberga a fixé trois buts au pays pour les années à venir : la consolidation des structures démocratiques, la hausse du niveau de vie de la population par le maintien d’une croissance économique forte et la défense des intérêts de la Lettonie dans l’arène internationale, cette dernière tâche lui incombant particulièrement.

Une économie en bonne santé

10Si le rythme des réformes a été quelque peu ralenti en 2002, leur cap général a été maintenu, afin en particulier de mettre l’économie et la législation lettones en conformité avec les exigences de l’UE. Malgré un contexte européen morose, la demande interne, épaulée par des exportations croissantes à destination des pays voisins de la CEI, est désormais suffisamment forte et stable pour soutenir l’économie du pays. Si elle génère la croissance, cette demande a entraîné également inflation et déficit de la balance des transactions courantes.

? Le PIB poursuit son envolée

11Il était certes difficile de faire aussi bien en matière de croissance en 2002 qu’au cours des deux années précédentes, qualifiées d’exceptionnelles. Mais la hausse du PIB de 4,0 % enregistrée en 2002 est tout à fait honorable, et les prévisions de la Commission européenne (5,5 % en 2003 et 6 % en 2004) contribuent au maintien de la confiance dans le pays. Cette croissance est soutenue par la demande aussi bien interne qu’externe, et touche tant les services que la production industrielle et le bâtiment.

12Ce dernier secteur a connu en 2002 une véritable flambée, avec une croissance en volume de 10,8 %. La plupart des ouvrages neufs ont été réalisés à Riga et, dans une moindre mesure, à Ventspils ou Liepaja. En outre, du fait de son soutien inconditionnel à l’intervention américaine en Irak, la Lettonie espère décrocher des contrats pour la reconstruction du pays. L’industrie du bois a connu également une année exceptionnelle, essentiellement due à la hausse des exportations, qui semble se confirmer en 2003 (vers l’Europe, mais aussi les Etats-Unis et le Japon), imputable à une stratégie basée sur les produits à valeur ajoutée (les exportations de bois scié ont crû en 2002 de 30 %).

13Le secteur agricole letton a bénéficié en 2002 d’une hausse de la demande dans la CEI. Les agriculteurs lettons sont assez inquiets de l’accession du pays à l’UE ; afin de rendre le pays apte à mettre en œuvre la Politique agricole commune, les structures administratives agricoles lettones sont modernisées, avec notamment la création récente d’un service vétérinaire et alimentaire.

? Tensions sur le front financier

14La demande interne forte, mais aussi la généralisation de la TVA et la nouvelle dépréciation du lat face à l’euro sont autant de facteurs qui rendent difficile la lutte contre la hausse des prix. Ainsi, la réduction du taux d’inflation en 2002 (1,9 % contre 2,4 % l’année précédente), imputable en grande partie à la baisse du prix des communications téléphoniques par satellite, ne semble pas devoir se confirmer en 2003.

15En revanche, à la fin du premier semestre de 2003, le ministre letton des Finances pouvait se targuer d’avoir amélioré la collecte des impôts, de telle sorte que le montant planifié avait été dépassé. La lutte engagée contre les fraudes (notamment le transit illégal de produits pétroliers) et la hausse générale du paiement de l’impôt sur le revenu en sont les causes principales. En 2002 déjà, les revenus fiscaux avaient crû de 10 % par rapport à 2001, essentiellement du fait de l’augmentation des recettes de l’impôt sur le revenu. Les dépenses de l’Etat ont, elles aussi, augmenté, en particulier celles consacrées à l’éducation, la santé et la défense (+ 40 % en 2002), cette dernière se situant dans la logique des 2 % du PIB exigés par l’Otan.

16Dotée d’un déficit public important, la Lettonie s’est vue rappelée à l’ordre par la Commission européenne, qui lui a demandé de veiller à sa politique budgétaire. Le 1er ars 2003, le gouvernement a adopté un projet de budget envisageant un déficit égal à 3 % du PIB et basé sur une prévision de croissance de ce dernier de 5,5 %.

17Par ailleurs, consolidant sa position dans la région, la Bourse d’Helsinki (Helsinki Stock Exchange), après avoir repris en 2001 la Bourse de Tallinn, a racheté 93 % des actions de la Bourse de Riga (Riga Stock Exchange) en juin 2002.

tableau im1
Principaux indicateurs économiques de la Lettonie en 1995-2002 1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 PIB (variation en %) - 0,9 3,7 8,4 4,8 2,8 6,8 7,7(1) 4,0(1) Production industrielle (variation en %) - 3,7 5,5 13,8 3,1 - 5,4 4,7 9,2 5,5(1) Production agricole (variation en %) 11,7 - 7,0 6,4 - 3,6 - 3,7 11,3 5,0 nd Ventes au détail (variation en %) - 0,3 - 9,0 21,5 26,5 12,0 9,0 9,5 17,2(2) Formation brute de capital fixe (variation en %) 8,7 22,3 20,7 11,1 - 4,0 20,0 17,0 7,9(3) Taux de chômage officiel (en % des actifs, en décembre) 6,6 7,2 7,0 9,2 9,1 7,8 7,7 7,6 Indice des prix à la consommation (moyenne annuelle, %) 25,0 17,7 8,5 4,7 2,4 2,8 2,4 1,9 Solde budgétaire (en % du PIB) nd - 1,5 + 1,2 + 0,1 - 4,0 - 5,2 - 4,3 - 2,5(1) Exportations de marchandises (en millions de dollars 1 368 1 488 1 838 2 011 1 889 2 058 2 216(1) 2 437(1) Importations de marchandises (en millions de dollars) 1 947 2 286 2 686 3 141 2 916 3 116 3 566(1) 3 887(1) Balance commerciale (en millions de dollars) - 579 - 798 - 848 - 1 130 - 1 027 - 1 058 - 1 350(1) - 1 450(1) Balance des transactions courantes (en % du PIB) - 0,4 - 5,4 - 6,1 - 10,7 - 9,7 - 6,9 - 9,7 - 6,7(3) Dette extérieure brute (en % du PIB) nd nd 49 nd 58 66 67 77(4) Investissements directs étrangers (en millions de dollars) 245 379 515 303 331 400 170(1) 250(1) (1) Estimation (2) Janvier-novembre (3) Janvier-septembre (4) Fin septembre. Source : Commission économique pour l’Europe (Onu), Economic Survey of Europe, 2003, n° 1 et années antérieures ; Berd, Transition Report 2002.

Commission économique pour l’Europe (Onu), Economic Survey of Europe, 2003, n° 1 et années antérieures ; Berd, Transition Report 2002.

? L’ouverture, contre vents et marées

18Traditionnellement importants, les flux d’investissements directs étrangers (IDE) ont couvert en 2002 les deux tiers du déficit de la balance des transactions courantes. Le quart des IDE a consisté en réinvestissements des profits, témoignant de la volonté des entreprises présentes sur ce marché de développer leurs activités. Si, globalement, des progrès importants ont été réalisés concernant le climat d’investissements, les efforts doivent être poursuivis en vue de mettre en application le nouveau code commercial, entré en vigueur en janvier 2002, d’accroître la transparence économique et de lutter contre la corruption. Parmi les mesures destinées à améliorer le climat d’affaires, on peut noter la création, en mai 2002, de l’Office pour la prévention et la lutte contre la corruption.

19Le 3 avril 2003, le Parlement a adopté une loi interdisant aux étrangers d’acheter des terres agricoles et des forêts, durant sept ans à compter de la date d’entrée du pays dans l’UE. Mais les étrangers pouvant justifier d’une activité agricole dans le pays au cours des trois dernières années ne sont pas concernés par cette interdiction, qui touche en revanche les non-citoyens.

20En matière d’exportations, la performance de 2002 est remarquable compte tenu de la conjoncture : ni la faible demande européenne, ni la réduction des exportations russes de pétrole par le port de Ventspils n’ont semblé affecter les résultats du commerce extérieur letton. Il est vrai que, soutenues par la dépréciation du lat face à l’euro, les ventes lettones à l’UE sont restées importantes (les revenus des exportations vers l’UE ont même augmenté de 10 %). L’embargo russe sur l’oléoduc acheminant le pétrole vers Ventspils, depuis 2003, devrait être, en partie seulement, compensé par l’accroissement du transit par train [5].

21En Russie, les entreprises lettones sont en passe de reconquérir les marchés qu’elles avaient perdus à l’issue de la crise financière de 1998. Par ailleurs, les flux d’échanges de la Lettonie ont bénéficié de l’augmentation du commerce interbalte [6], tandis que les exportations de biens agricoles ont profité en 2002 d’une hausse de la demande dans les pays de la CEI. En revanche, la libéralisation des échanges entre la Lettonie et l’UE, qui exempte certains produits agricoles de droits de douane à compter du 1er juillet 2003, ne sera pas seulement bénéfique et fera vraisemblablement des gagnants et des perdants, à la fois en Lettonie et dans les pays de l’UE.

Les relations France-Lettonie

La présidente lettone, V. Vike-Freiberga, a effectué une visite officielle en France du 30 septembre au 2 octobre 2002, afin de relancer le soutien de Paris aux candidatures du pays à l’UE et à l’Otan. Puis les déclarations, en février 2003, du Président français faisant savoir aux signataires de la lettre ouverte en faveur de la coalition américanobritannique contre Bagdad qu’ils avaient « manqué une occasion de se taire » ont entraîné un net refroidissement des relations bilatérales politiques. Lorsque N. Lenoir, ministre française déléguée aux Affaires européennes, s’est rendue dans les Etats baltes début avril 2003, afin de réaffirmer à ces pays l’importance que la France attache à l’élargissement de l’UE, la question était évidemment d’actualité. Son explication à propos de la solidarité dont ces pays auraient dû faire preuve vis-à-vis du compromis que les Quinze, malgré leurs propres divisions, avaient à l’époque élaboré, ont peu convaincu. Par ses propos, J. Chirac, a en effet touché la corde sensible des Baltes, et notamment des Lettons, à savoir la question du maintien de leur souveraineté.
La balance commerciale de la France avec la Lettonie affiche de nouveau un solde positif en 2002, les importations françaises ayant retrouvé leur niveau de 2000. Le poste principal d’achats français demeure celui des combustibles et carburants, qui s’est toutefois considérablement réduit en valeur par rapport à 2001. Le deuxième poste d’importations reste celui des produits en bois, papier et carton. Les achats de produits agricoles et textiles ont connu une forte contraction. La France vend à la Lettonie des produits pharmaceutiques, de parfumerie et d’entretien et des produits agricoles.

tableau im2
Les échanges France – Lettonie, 2000-2002 (millions d’euros) 2000 2001 2002 Exportations (fob) 129,1 135,7 141,1 Importations (cif) 69,7 180,9 70,8 Solde + 59,4 - 45,2 + 70,3 Source : Douanes françaises.

Douanes françaises.

? A qui appartient Ventspils Nafta ?

22Depuis l’arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement, le rythme des privatisations, en sommeil depuis quelques mois, s’est accéléré, malgré les réticences de l’opposition, comme on a pu le voir à la mi-novembre 2002, lors de la privatisation de Latvenergo (la restructuration de la compagnie s’est traduite par la création d’unités indépendantes les unes des autres et les directives européennes concernant la libéralisation de ce secteur ont commencé à être appliquées).

23On estimait début 2003 que 97 % des biens publics privatisés étaient détenus par des entreprises étrangères. Les dernières opérations n’ont pas dérogé à la règle : en février 2003, Rietuma Banka a trouvé un investisseur stratégique avec la prise de participation de 20 % de la Berd. Le gouvernement a annoncé qu’il comptait vendre au Finlandais Metsaliitto sa part de 33 % du capital dans le projet Baltic Pulp. A la suite de sa privatisation, Latvijas Gaze est désormais détenue à 29 % par Ruhrgas, tandis que les compagnies russes Gazprom et Itera ont acquis chacune 25 % des actions du distributeur letton de gaz.

24Mais en 2003, la chronique a surtout été défrayée par le feuilleton de la privatisation de Ventspils Nafta (VN), véritable imbroglio aux ramifications étonnantes. Aux termes d’un accord signé en 1997 dans le cadre de la première étape de la privatisation de VN, l’Etat letton détenait 43,6 % du terminal pétrolier, et Latvijas Nafta Tranzits (LNT) 37,8 %. Une clause de l’accord précisait que LNT recevrait à terme 5 % des parts de l’Etat, qui par ailleurs n’avait pas le droit de revendre le reste de sa participation (soit 38,6 % des parts), ni de voter sur les questions concernant la gestion du terminal.

25En juin 2003, le ministre de l’Economie, Juris Lujans, a officiellement dénoncé cet accord comme discriminatoire. Ce n’est pas la première fois que cette clause est critiquée, mais elle s’est toujours révélée impossible à modifier. Si les protestations de l’Etat letton se sont intensifiées en 2003, c’est parce que, depuis décembre 2002, la compagnie russe Transneft, qui alimente le terminal pétrolier, a interrompu toute livraison. Officiellement, la cause en est l’activité croissante du port russe de Primorsk. Or, en février 2003, au moment où la compagnie russe affirmait qu’il n’y avait pas assez de pétrole et qu’elle préférait servir en priorité son terminal, elle refusait d’acheminer le brut de Surgutneftegaz, faute de capacités. En Lettonie, ni les représentants de VN ni ceux de l’Etat n’ont émis le moindre doute sur le fait que l’interruption des livraisons était un embargo destiné à faire pression sur la Lettonie pour que la Russie puisse prendre pied dans le seul complexe pétrolier de la région dans lequel elle ne détenait pas de participation.

26Par presse interposée, des offres ont été formulées, les représentants de Transneft évoquant 134 millions de dollars, sans que personne ne sache pour quelle participation (partielle, majoritaire, de contrôle, totale…). Les représentants de VN ont répondu, toujours dans la presse, que le contrôle du terminal serait facturé au moins 200 millions de dollars, sans préciser non plus de quoi il était question (la part de l’Etat, celle de LNT). Les Russes ont rétorqué alors que VN ne coûtait pas ce prix, puisque, sans pétrole, le terminal ne vaut absolument rien. Les Lettons y ont vu la preuve de la pression russe : si Transneft a interrompu les livraisons, c’est pour faire baisser les prix. Au même moment, la Présidente lettone rencontrait G. W. Bush avec lequel elle évoquait le problème et qui lui promettait d’en parler à son homologue russe. Ces discussions avaient pour toile de fond la crise irakienne, ce qui fit dire à certains que la Russie voulait ainsi faire payer à la Lettonie son engagement auprès des Etats-Unis. Le maire de Ventspils, Aivars Lembergs [7], homme d’affaires influent et membre du comité de direction de VN, s’insurgeait contre la justification économique du re-routage du pétrole vers Primorsk : selon lui, en février 2003, le coût de transport d’une tonne de pétrole par le port russe était de 19 dollars, contre 9 dollars seulement par celui de Ventspils [8].

27Cet embargo brutal était d’autant plus inattendu que LatRosTrans, la société mixte russo-lettone détenue à 66 % par VN et à 34 % par Transnefte-produkt, et qui gère les oléoducs allant de Polotsk à Ventspils et Klaipeda, venait juste d’investir 100 millions de dollars pour exécuter des réparations sur l’oléoduc de Ventspils. Cette situation aux conséquences potentiellement graves pour l’économie lettone a été en partie contournée par l’acheminement de pétrole russe par trains, ce que la Lettonie n’avait plus pratiqué depuis une vingtaine d’années.

28En avril 2003, le vice-Premier ministre letton, Ainars Slesers, entrait en scène, déclarant que la cause de l’interruption des livraisons était le conflit entre la partie russe et A. Lembergs [9]. Il estimait en effet que le gouvernement ne pourrait résoudre cette crise tant que la majorité de contrôle de VN n’appartiendrait pas à l’Etat. Pour A. Slesers, toutes les difficultés provenaient du fait qu’on ne savait pas qui était le véritable propriétaire de VN : LNT est en effet détenu par diverses sociétés basées à Ventspils, mais sa part de contrôle appartient à la banque Ventbunkers, dont les propriétaires non identifiés sont des compagnies offshore. A l’issue d’une enquête, il est apparu que, officiellement, A. Lembergs détient 0,27 % des parts de Ventbunkers et que ses deux fils sont membres du comité de direction de la banque [10]. Une autre enquête a été lancée, en avril, afin de déterminer s’il n’y a pas eu violation de la loi sur les privatisations, lors de la signature de l’accord de 1997, et qui est à l’origine de cet accord discriminatoire, A. Slesers ayant émis l’hypothèse que ce pourrait être A. Lembergs.

29Les déclarations du vice-Premier ministre ont évidemment provoqué des réactions passionnées [11]. Outre les suspicions pesant sur les véritables intérêts de A. Slesers (des intérêts privés, la volonté de nationaliser VN…), les médias ont évoqué la possibilité d’un partage des intérêts dans la région entre Russie et Etats-Unis, faisant un lien entre l’arrêt des protestations russes à l’encontre de la prochaine adhésion des Etats baltes à l’Otan et les prises de participation russes dans les complexes énergétiques baltes (les Lettons ont été très attentifs au rachat par les Russes du complexe pétrolier lituanien de Mazeikiu Nafta). Il n’y avait qu’un pas pour se lancer dans des spéculations sur un accord russo-américain, l’idée étant que la Russie accepte sa perte d’influence en matière de sécurité dans la zone, en échange du maintien de ses intérêts économiques, qui sont avant tout énergétiques.

30En juin 2003, Transneft n’avait pas repris ses livraisons de pétrole et les actionnaires privés et publics de VN, s’ils s’étaient rencontrés, n’avaient pas encore démêlé les fils de cette affaire embrouillée. Le gouvernement se disait décidé à mettre fin à l’accord de 1997 et à participer de plus près à la gestion de la compagnie. Les représentants de LNT étaient opposés à des modifications du contrat, et les compagnies russes Yukos et Lukoil avaient émis le souhait d’acheter 50 % des parts de VN, à condition de plus de transparence.

Le débat sur la langue

31Lorsqu’il a nommé son gouvernement, E. Repse l’a doté d’un poste nouveau, celui de ministre en charge des Affaires d’intégration, portefeuille échu à Nils Muiznieks, l’ancien directeur du Centre letton des droits de l’homme et des études ethniques. C’est en quelque sorte une fusion de deux organes préexistants, le Conseil à l’intégration sociale et l’Office de naturalisation. N. Muiznieks se décrit lui-même [12] comme le ministre des ONG, des minorités et du dialogue. Définissant la société lettone comme multiculturelle, son approche est celle de la recherche de l’apaisement, sous-tendue par la nécessité de rendre à la langue lettone la place qui lui revient de droit, celle d’unique langue d’Etat, ce qui, pour lui, n’est en rien contradictoire avec la promotion du bilinguisme.

32Avec l’échéance précise de l’adhésion à l’UE, se pose pour la Lettonie la question de la situation des non-citoyens, estimés, à la fin de 2002, à 500 000 personnes, soit 22 % de la population. N. Muiznieks insiste régulièrement sur le statut à venir de ces non-citoyens de Lettonie qui vont automatiquement l’être également dans l’UE : s’ils pourront se déplacer librement dans la zone Schengen, en revanche, ils n’auront pas le droit de vote lors des scrutins européens, ni celui de travailler librement dans d’autres Etats de l’UE. Va également se poser la question de leur protection sociale : certains d’entre eux sont considérés comme des résidents permanents en Lettonie et, à ce titre, bénéficient des prestations sociales offertes aux Lettons. Mais cette situation risque de ne pas être transposée immédiatement dans l’UE. Pour N. Muiznieks, la solution consiste dans l’accélération du rythme des naturalisations. Pour le moment, le processus est lent (moins de 60 000 personnes ont été naturalisées depuis 1997) et le ministre reconnaît que l’adhésion à l’UE a peu de chances de convaincre les non-citoyens de demander à être naturalisés (peu d’entre eux attendent avec impatience de pouvoir voter aux élections du Parlement européen ou de partir travailler à l’étranger). L’adhésion va créer des situations insolites, comme le fait qu’un citoyen de l’UE ayant établi sa résidence en Lettonie aura le droit de vote aux élections locales, alors que le non-citoyen vivant en Lettonie ne l’aura pas.

33N. Muiznieks a été amené à se prononcer sur le vaste projet de réforme de l’éducation, qui comprend un volet portant sur la généralisation de l’enseignement dispensé en letton. Le transfert vers le letton devrait débuter le 1er septembre 2004 et être entièrement réalisé d’ici 2007. Très controversé, ce projet a provoqué l’une des plus grandes manifestations du pays depuis l’indépendance, le 23 mai 2003 à Riga : des milliers de russophones (entre 4 000 et 16 000 selon les sources) ont défilé dans les rues de la capitale, à la veille du concours de l’Eurovision, scandant des slogans hostiles à ce plan de réforme du gouvernement qui vise à réduire l’enseignement du russe dans les écoles russophones. Les autorités justifient la réforme par le besoin de rendre le système secondaire plus démocratique, et de mettre fin à celui hérité des années 1990, les écoles russes ne dispensant pas d’enseignement en letton ou très peu. Ces écoles forment donc des diplômés qui se trouvent en compétition sur le marché du travail ou pour l’entrée à l’université avec des Lettons parlant leur propre langue. La loi envisagée vise à accroître la part de l’enseignement en letton dans les écoles publiques secondaires jusqu’à 60 %, laissant 40 % de l’enseignement dans la langue de la minorité. Le gouvernement a noté à ce sujet que le soutien de l’Etat letton à l’enseignement des langues minoritaires est largement supérieur à ce qu’il est dans la plupart des pays européens. D’ailleurs, l’OSCE, comme les organisations pour le respect des droits de l’homme ont approuvé cette réforme et le rapport 60/40 entre letton et langue de la minorité. Mais la manifestation du 23 mai a montré, par les slogans qu’on a pu y lire (« Touche pas à mon école », « Les écoles russes sont notre Stalingrad »), que les russophones craignent avant tout de perdre leur identité culturelle et d’être assimilés.

34Par ailleurs, la situation sociale dans le pays demeure contrastée, le taux de chômage, même s’il a un peu baissé, restant élevé, avec des différences régionales persistantes. Le pays accuse un retard important concernant le niveau des salaires, qui demeure l’un des plus faibles parmi les pays candidats et ne représente que 33 % de la moyenne de celui de l’UE. Le gouvernement a toutefois augmenté le salaire minimum, passé à 70 lats (soit environ 114 euros), et celui de certains secteurs (santé, éducation). Toutefois, la décision de E. Repse, en janvier 2003, d’augmenter le salaire des ministres de 650 lats (1 055 dollars) à 2 200 lats (3 560 euros), soit 13 fois le salaire moyen (170 lats par mois, soit 275 euros) a été très peu appréciée.

Des sommets tant espérés

35Les sommets de Prague et de Copenhague ont été en quelque sorte les points d’orgue de ces dix dernières années, donnant enfin l’assurance, symbolisée par des dates précises, de l’adhésion très proche du pays à l’Otan et à l’UE.

? Toujours plus de sécurité

36Lors du sommet de Prague des 21 et 22 novembre 2002, la Lettonie a été, comme elle l’espérait, invitée, avec sept autres Etats, à rejoindre l’Otan à partir de mai 2004. Le 26 mars 2003, les autorités du pays ont signé l’accord d’adhésion à l’Alliance. Puis, le 8 mai suivant, le Sénat américain a approuvé à l’unanimité l’entrée de la Lettonie dans l’Otan. C’est la concrétisation d’un long parcours qui aura été coûteux, mais sur lequel la classe politique lettone aura, depuis dix ans, fait preuve d’une belle constance. Un sondage effectué par Latvias Fakti en juin 2003 a montré que 67,4 % des Lettons se disaient favorables à l’adhésion de leur pays à l’organisation atlantique.

37Par ailleurs, la perspective de l’installation, dans le district de Rezekne (est du pays), d’un radar très moderne, de conception américaine (Loeckhed Martin) pour un coût total de 8 millions de lats (presque 13 millions d’euros), a provoqué des critiques, à l’extérieur mais aussi à l’intérieur du pays. En 2001, le gouvernement letton s’était engagé auprès des autorités américaines à acheter ce radar à un moment où Riga estimait ne pouvoir se passer du soutien des Etats-Unis. Les principaux opposants à ce projet ont fait valoir que, s’il n’y a rien de répréhensible à acheter des armes, en revanche, il y a quelque chose de condamnable à acquérir des armes coûteuses dont on n’a pas besoin. Les principales critiques ont porté sur l’erreur de cible quant à la sécurité du pays : l’administration lettone s’est peut-être trompée en pensant que le danger est militaire et provient de Russie, quand il est sans doute avant tout économique et vient de l’intérieur (le salaire moyen letton est le plus faible des trois Etats baltes). Ce radar, qui devrait être opérationnel à la fin de l’automne 2003, sera installé à Audrini, un village de 520 habitants en grande partie russophones, situé à 60 km de la Russie, dans la province de Latgale, l’une des plus pauvres d’Europe. Le radar pourra observer dans un rayon de 450 km, donc assez loin en Russie. Il fera partie du réseau de surveillance aérienne balte, Baltnet.

? L’Union européenne en vue

38Le sommet européen de Copenhague, le 13 décembre 2002, a confirmé l’entrée de dix nouveaux pays dans l’UE, dont la Lettonie, le 1er mai 2004. En juin 2003, la Commission européenne a transmis une lettre de recommandation à la Lettonie dans laquelle elle souligne que le pays a réalisé la plupart des réformes auxquelles il s’était engagé lors des négociations d’adhésion, mais que Riga doit accélérer la réforme du système judiciaire et la lutte anti-corruption.

39Un référendum sur l’adhésion de la Lettonie à l’UE doit se dérouler le 20 septembre 2003. Le 8 mai 2003, le Parlement a voté plusieurs amendements à la Constitution afin de permettre cette consultation électorale, les référendums sur des questions internationales n’étant pas autorisés par la Loi fondamentale de 1922, reprise après l’indépendance de 1991. Le scrutin ne sera valide que si au moins la moitié des électeurs ayant voté lors de la dernière consultation (élections législatives du 5 octobre 2002) se rendent aux urnes (soit 497 543 personnes). Une campagne d’information à ce sujet, dotée de 1 million de lats (1,6 million d’euros) a été lancée au printemps. C’est la première fois que l’Etat letton consacre une telle somme à la communication avant un référendum, mais elle reste bien maigre comparée au coût des campagnes électorales supporté par les partis politiques.

40La classe politique lettone sait qu’elle doit se mobiliser, la Lettonie faisant partie des pays candidats les plus eurosceptiques, avec l’Estonie. Les autorités se disent inquiètes du nombre d’indécis, les réticences exprimées concernant généralement la date de l’adhésion, jugée prématurée, la perspective d’une concurrence trop forte, la perte de souveraineté du pays, la hausse des prix à laquelle les petites entreprises risquent de ne pas résister et la déstabilisation prévue du secteur agricole.

41Surtout, les analystes en Lettonie craignent que le fossé qui s’est creusé entre l’élite politique et la population soit beaucoup trop grand. Les sondages montrent en effet que les Lettons, même s’ils plébiscitent leur gouvernement, ne lui font pas vraiment confiance. Ils estiment souvent que les décisions prises le sont dans la plus grande opacité et qu’aucun effort d’explication ne vient les justifier. Les élites politiques lettones se sont trop souvent dissimulées derrière les prétendus diktats de Bruxelles pour faire accepter des réformes.

42Manœuvrier habile, le gouvernement a choisi d’organiser un référendum tardif, le dernier parmi les dix pays appelés à adhérer en mai 2004, afin que les Lettons prennent conscience de l’enjeu : dire « non » lors du référendum reviendrait sans doute à devenir le seul pays de la région non-membre de l’UE, avec la Russie !


Annexe Chronologie

432002

441er janvier Fermeture de la mission de l’OSCE à Riga, qui avait été ouverte en 1993.

4516 janvier Création, à l’initiative de la Présidente lettone, d’une commission chargée de faire le point sur la situation du letton dans le pays et d’identifier les moyens de renforcer son statut en tant que langue officielle.

4631 janvier Le Parlement letton adopte une loi autorisant l’avortement.

472 février Création du parti Nouvelle ère par l’ancien gouverneur de la Banque centrale, Einars Repse.

4811 février Les ministres allemand, estonien, letton et lituanien des Affaires étrangères se rencontrent à Riga pour la 6e session annuelle de consultations politiques ; ils évoquent notamment les questions de l’élargissement de l’UE et de l’Otan, ainsi que la coopération dans la région de la mer Baltique.

4921 février Rencontre, à Riga, entre la Présidente lettone et le Secrétaire général de l’Otan, Lord Robertson.

5030 avril
• Le Premier ministre réclame la démission du ministre de la Santé et des Affaires sociales, A. Pozarnovs.
• Le Parlement adopte des amendements à la Constitution, visant à renforcer le statut du letton comme langue officielle de l’Etat. Les amendements précisent que le letton est la langue de travail du Parlement et des instances locales.

513 mai Le ministre des Affaires étrangères, I. Berzins, signe lors d’une session du Conseil de l’Europe à Vilnius, le protocole n° 13 à la Convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales, relatif à l’abolition de la peine de mort.

529 mai Le Parlement amende la loi électorale qui exigeait de tout candidat aux élections législatives ou locales la maîtrise du letton. La communauté internationale, qui avait été très critique à l’égard de cette restriction linguistique, félicite la Lettonie pour son choix, qui la rapproche de l’adhésion à l’UE et à l’Otan.

5325 mai La chanteuse lettone d’origine russe, Marija Naoumova, gagne le concours de l’Eurovision à Tallinn.

5428 juin Lancement de la deuxième campagne d’information en faveur de la naturalisation des non-citoyens.

551er juillet Succédant à l’Allemagne, la Lettonie prend la présidence de la Commission pour la protection de l’environnement en mer Baltique (HELCOM).

565-6 juillet Conférence, à Riga, réunissant les chefs d’Etat et de gouvernement des dix pays candidats à l’adhésion à l’Otan, intitulée « Riga 2002 : le pont vers Prague ». A son issue, ils adoptent la « Déclaration de Riga ».

5719 août Rencontre annuelle des chefs de gouvernement des pays nordiques et baltes, à Riga.

5830 août M. Riekstins, secrétaire d’Etat au ministère des Affaires étrangères, rencontre A. Oudaltsov, directeur du Deuxième département des affaires européennes du ministère russe des Affaires étrangères, à Riga. Ils évoquent les perspectives de coopération russo-lettone. M. Rikstins invite la Russie à signer l’accord de délimitation des frontières.

5911 septembre La Banque mondiale autorise un prêt de 20 millions de dollars pour la réalisation du Programmatic Structural Adjustement Loan (PSAL II). Il doit favoriser la mise en place des réformes économiques. Un prêt semblable, de 400 millions de dollars, avait été accordé à la Lettonie en mars 2000.

6030 septembre Le Premier ministre, Andris Berzins, limoge son ministre de l’Intérieur, Mareks Seglins.

615 octobre Elections législatives (voir les résultats cidessous).

625 novembre La Présidente lettone nomme Einars Repse Premier ministre.

6321-22 novembre Sommet de l’Otan à Prague. La Lettonie est invitée à rejoindre l’Alliance atlantique.

6413 décembre Sommet de Copenhague : l’UE confirme l’adhésion de dix pays, dont la Lettonie, le 1er mai 2004.

652003

6626 mars La Lettonie, de même que six autres pays candidats, signe l’accord d’adhésion à l’Otan, à Bruxelles.

673 avril Le Parlement approuve une loi aux termes de laquelle les étrangers ne pourront pas acquérir de terres agricoles et de forêts pendant une période de sept ans, à compter du 1er mai 2004.

6810 avril Ingrida Circene est nommée ministre de la Santé, en remplacement de Aris Auders (Nouvelle ère), limogé pour corruption.

6915 avril La Russie instaure de nouvelles règles concernant l’immigration, qui rendent plus difficile l’obtention de visas, en particulier pour les non-citoyens des Etats baltes. Les procédures simplifiées qui leur permettaient d’obtenir rapidement un visa sont désormais supprimées et ils doivent présenter une invitation, une assurance médicale et d’autres documents pour obtenir le précieux sésame.

7016 avril la Lettonie et sept autres pays candidats signent, à Athènes, le traité d’adhésion à l’Union européenne.

7118 mai Le parti Voie lettone organise son congrès annuel, au cours duquel il élit son nouveau leader, en la personne de Janis Naglis, ancien responsable de l’Agence de privatisations.

7223 mai Plusieurs milliers de russophones manifestent à Riga pour protester contre le projet de réforme de l’enseignement dans les écoles russophones.

7324 mai 48e édition du Concours de l’Eurovision organisé à Riga.

7429 mai Des militants de Greenpeace tentent d’empêcher un pétrolier à coque simple d’accoster dans le port de Ventspils. Le pétrolier, enregistré à Chypre et en activité depuis 27 ans, quitte le port deux jours plus tard, les soutes pleines.

756 juin La Cour constitutionnelle de Lettonie supprime les restrictions concernant la diffusion d’émissions radiophoniques et télévisées en langues étrangères, notamment en russe.

7620 juin V. Vike-Freiberga est réélue pour un second mandat de quatre ans à la présidence de la Lettonie.

7730 juin - 6 juillet Festival de chant choral de Riga, mobilisant plus de trois cents formations amateurs. Ce festival a lieu tous les cinq ans.

Principales formations politiques

78Coalition gouvernementale :

  • JL (Jaunais laiks) Nouvelle ère.
  • ZZS (Zaïo un Zem, ieku Savienîba) Union des Verts et des paysans
  • LPP (Latvijas Pirmâ Partija) Premier parti de Lettonie
  • TB-LNNK (Tçvzemei un Brîvîbai-LNNK) Union pour la patrie et la liberté/Mouvement pour l’indépendance nationale de la Lettonie

79TP (Tautas partija) Parti du peuple

80LC (Latvijas Ceïd) Voie lettone

81LSDSP (Latvijas Sociâldemokrâtiskâs strâdnieku partijas) Parti social-démocrate des travailleurs.

82PCTVL (Par cilvçka tiesîbâm vienotâ Latvijâ) Parti pour les droits de l’homme dans une Lettonie unie.

Résultats des dernières élections

? Election présidentielle du 20 juin 2003

83Seule candidate à l’élection, Vaira Vike-Freiberga est réélue au premier tour de scrutin, avec 88 des 100 voix du Parlement.

84Prochaine échéance présidentielle : 2007

? Elections législatives du 5 octobre 2002

85Taux de participation : 72,4 %)

tableau im3
Partis % de voix Nombre de sièges Nouvelle ère* 23,93 26 Pour les droits de l’homme dans une Lettonie unie 18,94 24 Parti du peuple 16,71 21 Premier parti de Lettonie* 9,58 10 Union des Verts et des paysans* 9,46 12 Union pour la patrie et la liberté* 5,39 7 Total 100 * Partis de la coalition gouvernementale.

86Prochaines échéances législatives : 2006

Composition du gouvernement (juillet 2003)

87

  • Premier ministre : Einars Repse (Nouvelle ère)
  • Vice-Premier ministre : Ainars Slesers (Premier parti de Lettonie)
  • Défense : Girts Valdis Kristovskis (Pour la patrie et la liberté)
  • Affaires étrangères : Sandra Kalniete (non affiliée)
  • Economie : Juris Lujans (Premier parti de Lettonie)
  • Finances : Valdis Dombrovskis (Nouvelle ère)
  • Intérieur : Maris Gulbis (Nouvelle ère)
  • Education et Sciences : Karlis Sadurskis
  • Nouvelle ère)
  • Culture : Inguna Ribena (Nouvelle ère)
  • Transports : Roberts Zile (Pour la patrie et la liberté)
  • Justice : Aivars Aksenoks (Nouvelle ère)
  • Environnement : Raimonds Vejonis (Union des Verts et des paysans)
  • Agriculture : Martins Roze (Union des Verts et des paysans)
  • Affaires sociales : Dagnija Stake (Union des Verts et des paysans)
  • Santé : Ingrida Circene (Nouvelle ère)
  • Développement régional et Collectivités locales : Ivars Gaters (Nouvelle ère)
  • Ministre extraordinaire pour les Enfants et les Affaires familiales : Ainars Bastiks (Premier parti de Lettonie)
  • Ministre extraordinaire pour l’Intégration sociale : Nils Muiznieks (Premier parti de Lettonie)

Bibliographie

Sélection bibliographique

  • Ouvrages
  • Sandra Kalniete, En escarpins dans les neiges de Sibérie (traduction V. Skujina), Editions des Syrtes, Paris, 2003,268 p.
  • Central Statistical Bureau of Latvia, Agriculture of Latvia in 2001 : A Brief Collection of Statistical Data, Riga, 2002,50 p. (en letton et en anglais)
  • Ministry of Economics, Economic Development of Latvia Report, Riga, 2002,141 p.
  • Central Statistical Bureau of Latvia, Latvia’s Regions in Figures : Statistical Yearbook 2001, Riga, 2002,149p. (en letton et en anglais).
  • Central Statistical Bureau of Latvia, Transport and communications in 2001, Riga, 2002,100 p. (en letton et en anglais).
  • Revues
  • Susanne Nies, « Quelle sécurité pour la région baltique ?», Le courrier des pays de l’Est, n° 1035, mai 2003, pp. 58-70.
  • IMF, « Republic of Latvia : Staff Report for the 2003 Article IV Consultation », IMF Country Report, n° 03/113, avril 2003,58 p.
  • IMF, « Republic of Latvia : Statistical Appendix », IMF Country Report, n° 03/ 112, avril 2003,59 p.
  • Geoffrey Swain, « Deciding to Collectivize Latvian Agriculture », Europe-Asia Studies, vol. 55, n°1, janvier 2003, pp. 39-58.
  • IMF, « Republic of Latvia : First and Second Reviews Under the Stand-By Arrangement and Request for Waiver of a Performance Criterion », IMF Country Report, n° 02/149, juillet 2002,51 p.
  • Céline Bayou, « Lettonie. Les fruits de l’obstination », in « Europe centrale et orientale 2001-2002. Une croissance pérenne, un jeu politique rodé, des sociétés désenchantées », Le courrier des pays de l’Est, n° 1026, juin-juillet 2002, pp. 97-110.
  • Mark Chicock, « Transitionalism vs. Transnationalism : Conflicting Trends in Independent Latvia », East European Politics and Societies, vol. 16, n° 2, printemps 2002, pp. 446-464
  • IMF, « Republic of Latvia : Staff Report for the 2001 Article IV Consultation », IMF Country Report, n° 02/10, janvier 2002, 55 p.
  • Economist Intelligence Unit, Country Report (trimestriel), ountry Profile (annuel), « Latvia ».

Notes

  • (1)
    C. Bayou, « Lettonie 2001-2002. Les fruits de l’obstination », Le courrier des pays de l’Est, n° 1026, juin-juillet 2002, pp. 97-110.
  • (2)
    La composition du gouvernement ne se fit pas plus dans la sérénité que la préparation des élections, la proposition de E. Repse de nommer au poste de ministre des Affaires étrangères Grigorijs Krupnikovs ayant provoqué l’ire de A. Skele : ce dernier a reproché à G. Krupnikovs d’avoir affirmé qu’il faudrait ralentir le rythme de la marche lettone vers l’UE, ce dont l’intéressé s’est défendu. Le Parti du peuple a en outre accusé G. Krupnikovs d’avoir collaboré avec les services de sécurité soviétiques avant 1991. Le ton a rapidement dégénéré, lorsque E. Repse a traité A. Skele d’antisémite, faisant allusion à l’ancienne responsabilité de G. Krupnikovs, en tant que leader de la communauté juive de Lettonie.
  • (3)
    Diena, 27 juin 2003.
  • (4)
    C. Bayou, J. Blaha, D. Heimerl, M. Kahn, I. Kamenka, E. Lhomel, L. Rucker, « La crise irakienne. Positions et réactions dans les pays de la CEI et d’Europe centrale et orientale », Le courrier des pays de l’Est, n° 1033, mars 2003, pp. 48-59.
  • (5)
    La Lettonie est affectée depuis 2002 par la réorientation des exportations russes de pétrole au profit du port de Primorsk. En 2002, le port de Ventspils a connu la plus forte contraction de toute son histoire, avec une baisse des volumes traités de 24 % par rapport à l’année précédente. Par exemple, en octobre 2002, le port a traité 78 000 barils par jour de pétrole brut, contre 296 000 à la même période de 2001. Le trafic des autres ports lettons a augmenté en 2002, mais pas suffisamment pour compenser les pertes de Ventspils qui est le port principal du pays et a contribué en 2001 à 66 % des activités de fret maritime.
  • (6)
    Le 5 juin 2003, le Parlement letton a toutefois adopté une loi établissant des quotas et des droits de douane plus élevés sur les importations de viande porcine. Le pays est en effet submergé par des importations de porc à bas prix, qui met en péril ses propres producteurs. Cette mesure devrait s’appliquer jusqu’au 1er mai 2004 à tous les pays, mais on sait qu’elle vise en particulier l’Estonie et la Lituanie voisines (87 % des exportations estoniennes de viande porcine en 2002, par exemple, sont allées en Lettonie).
  • (7)
    « Repse Casts Doubt on Ventspils Owners », The Baltic Times, 3-9 avril 2003.
  • (8)
    « Oil Embargo Angers Mayor, Ministers », The Baltic Times, 6-12 février 2003.
  • (9)
    BBC Monitoring, 14 avril 2003.
  • (10)
    Par ailleurs, en mai 2003, une société enregistrée aux Pays-Bas, Macasyng Holding B. V., a renoncé à prendre part à la privatisation de la Krajbanka, banque contrôlée à 26 % par trois autres banques, situées à Ventspils (dont Ventbunkers) et à 3 % par A. Lembergs. Macasyng a accusé les banques de Ventspils de tenter de l’attirer dans un accord secret aux termes duquel la compagnie paierait les autres actionnaires pour ne pas participer à la vente. Les trois banques dénoncées cherchaient alors à racheter les 5 % de Ventspils Nafta afin d’y être majoritaires ; elles auraient tenté à plusieurs reprises de faire échouer la vente de la Krajbanka. Enfin, on rappellera que Ventspils Nafta détient, depuis sa privatisation en avril 2002, la majorité des actions de Latvija Kugnieciba (LASCO), la plus grande compagnie maritime de Lettonie, qui a déclaré son intention de remplacer entièrement sa flotte pétrolière (36 navires) au cours des sept ans à venir, de se maintenir parmi les six premières flottes mondiales de pétroliers de taille moyenne et de prendre le leadership sur le marché d’Europe du Nord.
  • (11)
    Juris Paiders, « Sleser’s Intrigues or Global Processes ?», Dienas Bizness, 10 avril 2003.
  • (12)
    « Integration Finally Gets Budgeted », The Baltic Times, 3-9 avril 2003.
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