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Article de revue

Peut-on se souvenir et parler d’une expérience traumatique ?

Les risques de l’investigation

Pages 225 à 242

Notes

  • [*]
    Psychologue clinicien.
    Docteur en psychologie. Maître de Conférences Associé.
    Département de Psychologie Clinique. Université Lumière Lyon 2.
    Chercheur associé au C.R.P.P.C. EA 65311 B Cours Fauriel. 42100 SAINT-ETIENNE. FRANCE.
    e.calamote@free.fr
  • [1]
    En droit français la minute est l’original d’un acte authentifié que le greffe d’une juridiction doit obligatoirement conserver.
  • [2]
    Des chercheurs toulousains auraient ainsi vérifié son efficacité sous la supervision du Professeur Phillipe Brumes, directeur du laboratoire du stress traumatique de Toulouse. Ce test a notamment été proposé à huit personnes ayant subi l’explosion d’A.Z.F. en 2001. Une quarantaine de personnes à Toulouse, Montréal et Boston ont bénéficié de recherches qui devraient s’étendre beaucoup plus largement.
  • [3]
    D.W. Winnicott (1971). « La crainte de l’effondrement », in La crainte de l’effondrement et autres situations cliniques, tr. fr., Paris, Gallimard, 2000, p. 205-216.
  • [4]
    C. et S. Botella (2001). La figurabilité psychique, Lausanne, Delachaux et Niestlé, p. 157.
  • [5]
    R. Roussillon (1991). Paradoxes et situations limites de la psychanalyse, Paris, P.U.F., p. 196-197.
  • [6]
    C. Garland et al. (1998). Comprendre le traumatisme : une approche psychanalytique, tr. fr., Larmor-Plage, Ed. du Hublot, 2001, p. 119.
  • [7]
    C. Balier (2005). La violence en abyme, Paris, P.U.F., p. 310.
  • [8]
    R. Roussillon (1999). Agonie, clivage et symbolisation, Paris, P.U.F., p. 20.
  • [9]
    S. Ferenczi (1932). Journal clinique (Janvier-octobre 1932), tr. fr., Paris, Payot, 1990, p. 52.
  • [10]
    S. Freud (1918). « Extraits de l’histoire d’une névrose infantile (L’homme aux loups) », in Cinq psychanalyses, tr. fr., Paris, P.U.F., 1954, p. 361.
  • [11]
    S. Ferenczi (1932). « La catharsis s’enlise –comment y remédier ? », note du 31-01-1932, in S. Ferenczi, Le traumatisme, tr. fr., Paris, Payot, 2006.
  • [12]
    Ibid., p. 75.
  • [13]
    M. Schneider (1992). La part de l’ombre. Approche d’un trauma féminin, Paris, Aubier, p. 25.
  • [14]
    S. Freud (1937). « Constructions dans l’analyse », in Résultats, idées, problèmes, t. II, tr. fr., Paris, P.U.F., 1985, p. 278.
  • [15]
    V. Lemaitre (2005). « Les présupposés du concept de recours à l’acte. Confrontation avec les données de la clinique périnatale », in Balier (dir.). La violence en abyme, Paris, P.U.F., p. 27.

1La recherche en criminologie s’intéresse souvent à la psychopathologie des auteurs ou des victimes, peut-être plus rarement à la question du souvenir et du récit des événements traumatiques, qu’ils concernent l’auteur ou la victime du crime. Lorsqu’il en est question, il s’agit plutôt de vérifier et d’enregistrer les faits au sein d’une procédure. Cette tâche, en général déléguée aux acteurs de la scène policière ou judiciaire, trouve sa forme aboutie dans les fameuses minutes [1]. La scène criminelle offre aussi l’occasion d’exposer une conception du soin psychique de plus en plus présente dans nos sociétés occidentales : tout raconter le plus rapidement possible serait la meilleure voie thérapeutique, cette idéologie se vérifiant dans la mise en œuvre d’actions protocolisées (débriefings, cellules d’intervention immédiate...).

2Les minutes du greffe comme l’urgence sur laquelle se fondent les interventions immédiates ont souvent en commun de court-circuiter la temporalité du sujet (a fortiori de son inconscient) et parfois même le sujet tout entier. Là où le socius pense en minutes et dans l’urgence, j’essaierai de montrer comment une investigation trop rapide et trop fondée sur les mots et les souvenirs pourrait bien passer à côté de l’essentiel de l’expérience traumatique impliquée dans tout crime.

3Commençons par une énigme : quel est le point commun entre Keith Richards, le guitariste des Rolling Stones qui raconte en avril 2007 un étrange « souvenir de sniff » au magazine britannique New Musical Express (le sniff des cendres de son père mélangées avec de la cocaïne), Baudelaire écrivant son poème L’Horloge (ce dieu sinistre et effrayant, impassible, dont le doigt nous menace et nous dit : « Souviens-toi ! ») et cette patiente qui, dès notre première rencontre à mon cabinet, me dit que des souvenirs de violences sexuelles subies quand elle avait 5 ans lui sont revenus et que depuis ces derniers ne la quittent plus, des flashes de la main de son oncle et des odeurs se rappelant quasi constamment à son mauvais souvenir ?

4La réponse à l’énigme est la suivante : tous les trois parlent de souvenirs alors qu’il n’en est absolument pas question ! Tous se débrouillent avec leurs traumatismes comme ils peuvent mais ne parviennent pas, ou très mal, à constituer des souvenirs. Processus mélancoliques, incorporations ou hallucinations viennent pour Keith Richards, Baudelaire et ma patiente en lieu et place des souvenirs. Le père de Keith Richards, mort 5 ans avant d’être sniffé par son fils, mais aussi le temps de l’Horloge et l’oncle incestueux ne se sont pas constitués en souvenirs pas plus que les événements traumatiques auxquels ils sont associés ne sont refoulés. Ils sont intégrés dans une économie où tout est toujours là et jamais absenté ou jamais là mais halluciné.

5Il en est ainsi de toute expérience désastreuse, forcément paradoxale : le sujet traumatisé cherche désespérément à retrouver quelque chose qui ne s’est pas produit pour lui ou est harcelé par quelque chose de cet événement qui se rappelle sous une forme violente alors même qu’il souhaiterait pouvoir l’oublier. Il ne peut pas se rappeler mais il ne peut pas oublier non plus, rien à voir avec le souvenir donc.

6Il faut donc être très prudent quant à l’idée de plus en plus avancée qu’il faudrait par exemple immédiatement évaluer les acteurs d’une scène traumatique ou criminelle (présumés coupables ou victimes) par un récit détaillé de faits ou de souvenirs alors que cette scène, lorsqu’elle a été traumatique, s’est jouée sur un autre registre, d’abord inaccessible au langage verbal et aux souvenirs.

7La presse s’est emparée en 2012 de nouvelles recherches effectuées sur le Propanolol. Le Propanolol est le premier bêta-bloquant non sélectif découvert en 1960 par le Dr James Black (prix Nobel en 1988), molécule bloquant le système sympathique. À l’issue d’études expérimentales, des chercheurs toulousains ont ainsi avancé l’idée que cette molécule atténuait ou annihilait les effets traumatiques. Médicament générique destiné au traitement de la migraine, des troubles cardiaques, de l’hypertension ou de l’anxiété, le Propanolol est ainsi détourné en pilule de l’oubli.

8Environ 90 minutes après la prise de Propanolol, ce dernier agirait sur le cerveau de façon « efficace » et ferait disparaître une partie des effets traumatiques grâce à des souvenirs n’engendrant plus les mêmes effets émotionnels qu’auparavant [2]. Plus précisément, ce médicament, déjà testé en 2001 et nommé « pilule anti-trauma », éviterait l’encodage traumatique, les souvenirs intrusifs, les flash-backs ou les hallucinations. De nombreux chercheurs évoquent son utilité après un accident de voiture ou un viol par exemple. Il y aurait ainsi une pilule de l’oubli, un médicament permettant la sauvegarde d’un souvenir de l’agression vidé de tout contenu négatif.

9Il faut aussi noter que ce médicament a été très utilisé pendant la guerre du Viêt-Nam devant l’ampleur des suicides de soldats. Ce conflit a grandement favorisé le développement du concept d’État de Stress Post Traumatique et des techniques de débriefing visant aussi bien à évacuer l’expérience traumatique et ses effets toxiques qu’à remettre les soldats sur les champs de batailles.

10Il semble bien étrange de considérer que le sujet traumatisé souffre de ses souvenirs (et n’en souffrirait même plus grâce à cette molécule) là où justement l’expérience traumatique a empêché qu’il s’en constitue ! Bien étrange efficacité également constatée quand on songe que le projet thérapeutique pourrait viser à une prise de médicament à domicile pour que le patient ne passe que quelques minutes chez le médecin. Là où l’inconscient ne s’est pas constitué la molécule viderait le sujet, mais de quoi donc ? De sa capacité à être humain, à souffrir, représenter et se représenter.

11J’essaierai d’abord de décrire ce qu’est une expérience traumatique, je développerai ensuite la question de la mémoire et des traces laissées par ce type d’expériences, j’examinerai enfin quelques incidences de mon propos sur nos dispositifs cliniques.

L’expérience traumatique, essai de définition : la terreur de perdre la représentation. Survivre avant de se souvenir

12Ma conception (2014) de l’expérience traumatique et de son éventuel partage s’appuie sur des auteurs présentant une communauté d’esprit dans l’approche métapsychologique et clinique de cette expérience, mais aussi du souvenir et de la temporalité. Prolongeant les derniers travaux freudiens sur l’idée de construction (1937), tous parlent de retours du passé se faisant sous forme sensorielle, souvent hallucinatoire, retours incapables de s’inscrire dans une économie de refoulement, de mots et de souvenirs. Certains, comme César et Sarah Botella (2001), envisagent une psyché percée, une béance aussi bien perceptive que représentative et font du négatif un des fondements de la pensée. C’est bien à partir de ce négatif exploré par Ferenczi (1932), Winnicott (1971) ou encore Green (2000) que je propose de penser une investigation qui ne se dirigerait pas vers des contenus qu’il faudrait évacuer mais qui décrirait un sujet terrorisé par le risque de perdre sa capacité de pensée et dont il serait bien inutile de vouloir, d’abord, explorer des souvenirs qu’il est bien incapable de fabriquer.

13Le traumatisme n’est pas affaire de langage verbal. Par définition, est traumatique ce qui dépasse les capacités de symbolisation du sujet, a fortiori son langage verbal. Dans l’économie traumatique les choses ne s’absentent pas, au mieux elles manquent et le sujet a alors besoin d’une dose (comme un toxicomane en état de manque) plutôt que d’un souvenir. L’expérience désastreuse empêche le souvenir et le récit, elle laisse le sujet, atomisé par la catastrophe, dans l’incapacité de s’en souvenir. Parfois même rien ne s’est passé pour le sujet là où pourtant quelque chose aurait dû se produire.

14Je pense évidemment à la Crainte de l’Effondrement de Winnicott (1971). Je rappelle que pour Winnicott la crainte de l’effondrement est la crainte d’un effondrement qui a déjà été éprouvé, la crainte de l’angoisse extrême qui a déclenché les troubles pathologiques. Il faut, à un moment, dire au patient que l’effondrement dont la crainte détruit sa vie a déjà eu lieu : « Le patient doit s’en « souvenir », mais il n’est pas possible de se souvenir de quelque chose qui n’a pas encore eu lieu, et cette chose du passé n’a pas encore eu lieu parce que le patient n’était pas là pour que ça ait lieu en lui. Dans ce cas, la seule façon de se souvenir est que le patient fasse pour la première fois, dans le présent, c’est-à-dire dans le transfert, l’épreuve de cette chose passée. […] C’est l’équivalent de la remémoration, […] l’équivalent de la levée de refoulement qui survient dans l’analyse des patients névrosés. [3] »

15Et, même lorsqu’il en parle abondamment, raconte, est débriefé par des protocoles visant à faire l’économie du temps, de la subjectivité et de la souffrance, le sujet se vide, se shoote ou hallucine plus qu’il ne se souvient. Les éléments de l’expérience traumatique sont en nombres illimités, presque intraduisibles et impossibles à reproduire parfaitement. L’analyste doit être polyglotte, savoir parler toutes les langues de l’inconscient dit André Green, mais celle utilisée pour communiquer avec l’expérience traumatique n’est pas le langage verbal ; l’injonction de Baudelaire n’essaie-t-elle pas dans son poème de se traduire désespérément dans toutes les langues : « Remember ! Souviens-toi, prodigue ! Esto memor ! » Le gosier de métal du traumatisme parle toutes les langues.

16Dans l’expérience traumatique il est le plus souvent question de silence, de vide et de négatif, même lorsque les événements sont apportés très bruyamment par le patient (ce n’est pas parce qu’il vous raconte tout ou presque, qu’il manifeste de nombreux symptômes, qu’il est d’abord question des supposés contenus qu’il apporte). Ce sont d’abord des affaires de corps, de fragments de corps même, de corps déformés, étirés, attachés et arrachés à l’espace : c’est pour la compréhension de ces métamorphoses que les signifiants formels décrits par Didier Anzieu sont particulièrement intéressants (Anzieu, 1987 ; Ciavaldini, 1999 ; Calamote 2014).

17Le plus grand risque pour le sujet vient moins des contenus supposés toxiques ou débordants que du danger de perdre la pensée : ce ne sont pas les contenus des représentations qui sont dangereux (ça c’est plutôt pour le névrosé) mais le danger de perdre la capacité à représenter. « On reconnait le traumatisme dans le silence » disait Ferenczi, j’ajouterai qu’on le reconnait dans la négativité.

18Cela nous donne une indication technique : face à une expérience traumatique, il est souvent très néfaste de rester silencieux car le thérapeute est alors souvent de connivence avec la pathologie du sujet. Cela ne veut pas dire non plus qu’il faut être bavard ou maniaque, s’agiter ou converser. Il y a des moyens d’assurer sa présence au patient sans être trop bruyant ou intrusif. Des moyens métaphoriques par exemple. Et parfois même il faut dépasser la métaphore.

19L’expérience traumatique se définit pour moi non pas avant tout par un excès mais dans la négativité. C’est une expérience non reconnue par le Moi au alors de façon superficielle (le sujet va par exemple reconnaître l’événement mais pas son impact psychique). Il s’est passé quelque chose de désastreux qui n’a pas été approprié subjectivement : c’est « Une béance dans le perceptif et le représentationnel » disent César et Sarah Botella [4]. Quelque chose ne s’est pas produit pour le sujet, inutile donc d’en chercher trop vite un souvenir ou un récit. En tout cas pas tout de suite. Quelles sont donc alors les traces laissées par de telles expériences ? Quelle mémoire le sujet en a-t-il ?

Traumatisme et mémoire, la qualité des traces paradoxales

20Ce que l’on prend pour des souvenirs avec ces patients, ce sont souvent des traces réinvesties de façon hallucinatoire. Ce sont des traces-non-traces, psychiques-prépsychiques dit Roussillon à propos du traumatisme perdu[5], des traces paradoxales.

21Ce qui fait alors sens ce sont des empreintes sensorielles (Konicheckis, 2002) : nos patients viennent souvent avec un bruit, une odeur, une image qui condensent de nombreux éléments et qui vont permettre des associations. La sensorialité métaphorise, donne sens, attracte les éléments traumatiques. Évidemment ces traces sont un peu dégénérées dirait Roussillon, elles sont appauvries, génèrent moins d’associativité qu’un souvenir. En fait, tout se passe comme si la perception était un peu déconnectée du psychisme, figée, empêchant l’inscription de toute trace : « C’est une impression qui n’est pas perçue » dit justement Ferenczi.

22La mémoire du traumatisé est rigide, figée sur des aspects perceptifs, elle manque de souplesse. C’est aussi un piège dans la technique psychanalytique et même dans l’investigation judiciaire : ce ne sont pas ceux qui racontent le mieux, avec le plus de détails, toujours parfaitement bien et à l’identique qui se souviennent le mieux. L’hypermnésie, l’hyper-précision ne sont pas toujours de bons signes. Dans l’expérience traumatique l’événement est enregistré tel quel, à l’identique. Il n’en va pas ainsi des souvenirs. Les éléments se présentent alors comme des perceptions actuelles et ont donc un aspect un peu délirant, c’est ce qui explique l’intensité des aspects transféro-contre-transférentiels dans les thérapies des sujets traumatisés.

23De nombreux psychanalystes ont proposé des modèles de compréhension des liens entre mémoire et traumatisme. On trouve par exemple chez certains l’idée d’un corps porteur de la mémoire du traumatisme. Nathalie Dumet (2005) par exemple parle de l’obésité comme d’une forme de mémoire, d’autres auteurs intéressés comme elle par la mémoire somatique essaient de montrer à quel point le sujet peut souffrir pour se souvenir mais aussi faute de se souvenir. Le corps du patient somatique pourrait bien engrammer, stocker des expériences traumatiques souvent très archaïques, infra-verbales (on se réfèrera par exemple aux travaux de Mac Dougall sur l’hystérie archaïque, 1989).

24Plutôt que dans le souvenir de l’expérience traumatique, c’est en reconnaissant l’effort du sujet pour la qualifier que l’on reconnait ses tentatives de symbolisation. J’ajoute que c’est aussi dans l’effort du sujet (et notamment des auteurs d’actes criminels) pour éviter de qualifier cette expérience qu’on reconnait le trauma. Le langage verbal est le plus souvent insuffisant pour rendre compte des moments traumatiques, nos patients ne cessent de nous le rappeler. Certains ne s’expriment qu’avec un mot intraduisible de leur langue maternelle, d’autres par un néologisme, d’autres métaphorisent ou condensent leurs éprouvés avec des images ou en squattant les univers d’artistes.

25Comment nos dispositifs cliniques peuvent-ils accueillir cet indicible ?

Dispositifs et techniques thérapeutiques

26Dans la clinique du traumatisme, le modèle thérapeutique qui fonctionne n’est pas essentiellement celui de la reconnaissance du conflit mais celui de la reconnaissance mutuelle, entre humains (Wainrib, 2007). Le sujet traumatisé ne se pose pas d’abord des questions d’identifications avec ses parents, ne s’interroge pas pour savoir s’il se comporte correctement avec ses enfants, mais il se demande à chaque seconde s’il est vivant ou pas, s’il risque de devenir fou. Ses questions sont existentielles, c’est aussi pour cela que cette clinique est souvent comparable à celle des états-limites. Je précise évidemment que le traumatisme n’est pas réservé, dans un contexte criminel, au sujet victime des faits ; l’auteur (fut-il pédophile ou bourreau) est lui aussi traumatisé puisque ses actes ont dépassé ses capacités de symbolisation. Inutile de rappeler que parler d’expériences traumatiques pour tous ces sujets (auteurs ou victimes) ne revient évidemment pas à faire fi de ce qui les différencie.

27Le traumatisé ne souffre pas de ses souvenirs, il souffre de ne pas en avoir. C’est ce qui fait souffrir le névrosé dans un cas (le névrosé souffre de ses souvenirs, de ses fantasmes, des contenus, de ce qu’il représente) qui, à l’inverse, soignera le patient traumatisé (il ira mieux en se fabriquant des souvenirs, des fantasmes ou des représentations). Le sujet traumatisé souffre d’un défaut de contenant plutôt que de ses contenus de représentation ou de ses souvenirs. Je cite ici une excellente définition donnée par Caroline Garland : « Un événement traumatisant est effondrement du contenant et vice-versa. [6] »

28Se tromper sur ce sujet et s’adresser à la part supposée la plus élaborée, la plus névrotisée du sujet est non seulement inefficace mais blesse profondément et narcissiquement le patient. Parler souvenirs à un patient traumatisé, c’est le traumatiser à nouveau, il n’en est pas là. C’est agiter devant lui un miroir dans lequel il ne se voit pas, le renvoyer au vide. Le patient que vous avez en face de vous (je dis bien en face car la cure analytique-type n’est pas forcément une bonne indication, le défaut de réflexivité est tellement important qu’il a besoin de vous voir, de vous sentir), ce patient-la ne peut pas se rappeler quoi que ce soit ; il n’a enregistré l’événement désastreux qu’avec les moyens du bord au moment où cela s’est produit, in extremis, et de façon limitée et radicale.

29Se centrer parfois un peu trop sur les faits, les événements ou les supposés souvenirs d’un auteur d’agression sexuelle par exemple, peut encourager le déploiement de processus pervers, les « conversations de salon » autour de la réalité des faits, la jouissance commune autour de sujets plus faciles à aborder que ce qui pourrait, plus prêt de l’humain, dangereusement le toucher. Les rapports d’expertises, les évaluations et même les déclarations devant le tribunal servent alors d’objet de jouissance et d’innocentation faussant autant le processus thérapeutique que l’action judiciaire.

30On retrouve ici une configuration très proche de ce que Green (2000) a développé autour de la position phobique centrale, souvent rencontrée dans la cure des pathologies limites. Cette configuration défensive est utilisée par les sujets pour éviter de mettre en réseaux, en relations les différents traumatismes dont la connexion serait synonyme d’invasion trop angoissante, incontrôlable. La position phobique centrale permet en quelque sorte d’éviter la résonance de certains traumas avec d’autres, le sujet (qu’il soit auteur ou victime) empêche les correspondances entre certaines thématiques dont l’écho activerait les sanctions du Surmoi mais menacerait aussi l’équilibre du Moi. Le sujet va donc flouter, troubler les faits et les événements, asphyxier les entretiens, ce qui ne l’empêche évidemment pas d’avoir, sur la forme, des propos très clairs et articulés, des souvenirs en apparence bien constitués. Balier a rapproché les observations de Green avec celles qu’il a faites auprès des pathologies psychopathiques, admettant même que « La quasi-totalité des sujets, auteurs d’actes de violence, entrent dans le cadre de la position phobique centrale. [7] »

31Il est donc rarement question de refoulement car le sujet a dû s’amputer d’une partie de lui-même, se couper d’une part de sa subjectivité pour survivre. Tous les cliniciens qui travaillent avec le traumatisme l’observent : le sujet se retire de lui-même, se soustrait à la scène traumatique, parfois même cela ne lui arrive pas. N’allons donc pas d’abord lui demander de se souvenir de quelque chose.

32Plusieurs auteurs ont pensé ces modes de défenses face aux expériences traumatiques. Ferenczi, génial précurseur en la matière, a été le premier à avoir compris ce qui se passait dans l’expérience traumatique : ses descriptions cliniques d’anges gardiens, de patients qui observent la scène traumatique d’en haut, d’autotomies, d’atomisations de la psyché ou de dislocations du sujet sont précieuses. D’autres ont pris le relais en déclinant notamment la notion de clivage vers des clivages plus radicaux, je pense à René Roussillon et son clivage au Moi[8] qui déchire la subjectivité en une part représentée et une part non représentable expulsée hors du Moi.

La position de témoin, le thérapeute comme personne secourable

33Ferenczi a beaucoup critiqué ce qu’il appelait l’hypocrisie professionnelle des psychanalystes face aux mouvements des patients, une sorte de froideur interprétative de connivence avec le désarroi du patient. Pour supporter ces zones de contact très intenses qui mettent à rude épreuve le contre-transfert du thérapeute, il convient de repenser la position du psychologue, la façon dont il peut accepter d’être touché émotionnellement, mais aussi son propre toucher (au sens métaphorique du tact, mais pas seulement).

34On retrouve parfois cette hypocrisie professionnelle dans l’utilisation abusive et stéréotypée de certains protocoles de soins visant plus à évacuer l’expérience (et avec elle par exemple toute la scène criminelle et les sujets qui y participent) qu’à l’investiguer et la partager. Ces protocoles font flores en matière de criminologie, même si l’on doit reconnaître que certains évoluent vers des conceptions plus dynamiques en assouplissant les protocoles anglo-saxons avec plus de visées préventives et thérapeutiques.

35Dans la thérapie, il faut donc que le thérapeute se présente comme une personne secourable plus qu’un savant interprète ou qu’un enquêteur. Dans sa magnifique description du cas clinique de R.N. (qu’il appelle aussi Orpha), Ferenczi montre bien comment cette patiente qui a connu trois agressions sexuelles (à 1 an et demi, 5 ans et 11 ans) a été « atomisée », « disloquée jusqu’aux atomes », s’est créé une psyché artificielle pour survivre grâce à des clivages extrêmes. Il étudie de façon précise chaque fragmentation d’Orpha et notamment la façon dont elle se crée un ange gardien. Cet ange gardien, c’est un fragment psychique qui représente une personne pour qui la vie a de l’importance coûte que coûte, il permet d’halluciner la réalisation des vœux, de consoler : « Il anesthésie la conscience et la sensibilité contre des sensations qui deviennent intolérables » dit Ferenczi [9].

36Selon Ferenczi, ces clivages et fragmentations empêchent le refoulement, la production d’inconscient et de souvenirs. Le choc du trauma atomise complètement la vie psychique. Il y a donc une part exclue qui survit en secret, très clivée. Ce qui permet de réunir ces fragments, de réconcilier le sujet avec son expérience, c’est évidemment le transfert, mais le transfert avec un thérapeute se présentant comme une personne secourable.

37Être trop neutre, trop impassible, trop froid face à un traumatisme c’est le répéter. Je préfère l’expression d’Anne Alvarez (1992) qui propose une présence bien vivante, selon le titre de son très beau livre. Pour que le patient accepte de présenter son trauma à sa psyché, il faut qu’il soit certain que le désastre ne se reproduira pas, certain de trouver cette fois un secours. Alors il s’en souviendra peut-être. Mais se souvenir, c’est aussi parfois construire.

Construction et interprétation

38Freud a renoncé à dévoiler l’inconscient pour plutôt en analyser le déploiement dans la névrose de transfert. Dans L’homme aux loups, il est intéressant de voir à quel point il est attentif à la façon dont le retour au patient de ses fantasmes et de la réalité peut être fait :

39

« […] Ces scènes infantiles, si j’en crois mon expérience à ce jour, ne sont pas reproduites, au cours de la cure, sous forme de souvenirs, mais s’avèrent le résultat d’une reconstruction. […] Ces souvenirs auparavant inconscients n’ont pas même toujours besoin d’être vrais […] ; Je veux simplement dire que certaines scènes […] ne sont en général pas reproduites sous forme de souvenirs, mais doivent pas à pas et avec peine être devinées –reconstruites-, parmi un agrégat d’indices. [10] »

40Dans son questionnement sur la façon de restituer la réalité traumatique à ses patients, Ferenczi dit dans une de ses notes [11] qu’il faut « ajouter quelque chose ». Le patient ne sera jamais convaincu de la réalité de l’événement si le psychanalyste réagit de façon froide et trop raisonnée devant des événements suscitant la terreur, l’angoisse, la vengeance ou l’idée d’un réconfort par exemple.

41Ferenczi propose de se transporter dans le passé avec le patient pour « […] que nous-mêmes comme le patient croyions en cette réalité, c’est-à-dire en une réalité existante dans le présent et non momentanément transposée dans le passé. [12] » L’idée d’une construction de l’expérience traumatique est donc bien avancée par Freud et Ferenczi.

42Dans le cadre de thérapies de patients traumatisés, la place du thérapeute est peut-être d’abord plus interactive et constructive qu’interprétative. On voit d’ailleurs fréquemment des réactions parfois violentes, ironiques ou maniaques à certaines de nos interprétations. Ces interventions trop intellectualisées alimentent même très fréquemment les mouvements pervers, notamment chez les auteurs de crime, qui trouvent là une occasion en or pour disqualifier le thérapeute, mais aussi leurs victimes et plus généralement même la pensée et l’humain.

43La construction est un essai, une hypothèse que patient et thérapeute peuvent ensuite faire évoluer. Les patients traumatisés ont été soit dans l’obligation de trancher, soit dans la confusion la plus totale, souvent dans les deux situations. Si on leur en offre la possibilité dans un cadre plus sûr, ils pourront discuter de leur expérience et de leurs éprouvés avec un autre avec plus de nuances.

44La construction permet cette discussion (qui n’est pas verbale, c’est dans l’effort de construction que se produit l’échange, pas dans la joute oratoire). Elle est processuelle plutôt qu’interprétative. Donnet (1995) remarque qu’à l’inverse de l’interprétation qui pourrait trop trancher et conclure en laissant le patient dans le silence, sidéré et traumatisé, la construction s’adresse plutôt au Moi du patient qu’à son inconscient.

45Dans Construction dans l’analyse (1937) Freud remarque qu’il n’est plus seulement question d’investiguer à partir des souvenirs du patient, de dévoiler et d’abréagir. Le thérapeute doit construire l’expérience traumatique avec son patient d’après le peu d’indices laissés. La clinique du traumatisme ne peut être abordée seulement avec le refoulement, le travail psychique exigé chez le patient comme chez son thérapeute nécessite de penser les implications techniques de cette mise en contact très brutale et inhabituelle avec l’expérience. Le travail thérapeutique ne peut suivre la métaphore freudienne de Pompéi, il ne suffit pas d’exhumer les cendres pour trouver l’expérience ensevelie. L’expérience traumatique n’est pas ensevelie mais sinistrée, comme après un bombardement :

46

« Impossible de se contenter d’exhumer ; des indices subsistent, mais qui rendent nécessaire un travail de construction : imaginer ce qui s’est passé, proposer des hypothèses, ramener à la vie ce qui a été détruit [13]. »

47Sur les conséquences de ce travail de construction, Freud rappelle qu’: « […] une analyse correctement menée le convainc fermement de la vérité de la construction, ce qui, du point de vue thérapeutique, a le même effet qu’un souvenir retrouvé [14]. » Lemaitre rappelle bien l’intérêt de la technique de construction, notamment dans la clinique du traumatisme sexuel. Les constructions, dit-elle, ne sont valides que lorsqu’elles sont appuyées par la « […] réanimation dans la relation, et le partage des émotions vécues [15]. » Là où le sujet était atomisé, fasciné ou sidéré par le traumatisme ou le crime l’expérience parvient quelquefois ainsi à se constituer en souvenir.

48Les patients traumatisés n’ont pas plus de souvenirs de leur expérience désastreuse qu’ils n’en ont de nous, de leurs thérapeutes. Une fois passée la séance, ils ne nous oublient pas (dans ce cas ils pourraient penser à nous et ce serait alors supportable). Ou plutôt ils apprendront peu à peu à nous oublier et donc à supporter nos absences. En attendant, nous disparaissons. Il faut donc penser les conditions de métaphorisation et de matérialisation de notre absence autrement que dans une économie névrotique (je pense notamment à l’usage du téléphone, des courriers ou du répondeur téléphonique par exemple, à toutes les possibilités de manifester notre permanence).

49Le climat transférentiel n’est pas tempéré dans l’économie traumatique, le contre-transfert du psychologue l’amène donc à vivre des situations de détresses extrêmes. Parce que ces sujets n’ont que peu ou pas de souvenirs, ils utilisent des moyens de présentation du cataclysme subi qui sont souvent très brutaux et radicaux, à coup d’identifications projectives.

50Mais l’identification projective n’est pas qu’un processus toxique visant à se vider dans l’autre, à évacuer tous les aspects toxiques, à intruser et manœuvrer l’autre de son intérieur, elle sert aussi à communiquer. Après M. Klein, Bion a bien montré le potentiel de communication de ce processus. Avec Caroline Garland (1998) je voudrais rappeler que ces contre-transferts pénibles ne font pas qu’indiquer la revanche, le renversement du traumatisme ou l’envie de se débarrasser de l’horreur et de la détresse dans le psychologue. Selon elle, le survivant peut n’avoir que ce moyen pour communiquer son expérience, à coup d’identifications projectives. C’est une solution in extremis, coûteuse, radicale, violente, très embarrassante pour le thérapeute, mais que reste-t-il d’autre à ces patients ?

51Il est en effet plus facile de croire pouvoir échanger des souvenirs, des rêves ou des fantasmes avec eux, mais les sujets ayant connu de véritables expériences traumatiques en sont rarement là. Si on se laisse prendre au piège de ce type de conversation trop intellectualisée ou trop névrotisée, on joue au psychologue en entretenant de très belles mais inutiles conversations de salon avec les patients, parfois pendant de nombreuses années. L’erreur dans la technique psychanalytique est pourtant évidente : on a alors confondu contenant et contenu.

Pour conclure

52La clinique du traumatisme n’est pas d’abord une clinique du refoulement et du souvenir, elle est une clinique de la survie. Le soin tient avant tout à un travail de contenance et de partage. Avant de s’intéresser à sa mémoire, il faut garantir au sujet qu’il a encore une capacité de penser, de présenter son expérience à sa psyché et à celle de ses thérapeutes, aussi désastreuse soit elle. L’expérience a été si désastreuse qu’elle a conduit le sujet à douter de tout, et avant tout de ses capacités de symbolisation et de consolation. De telles expériences ne sont pas constituées en souvenir.

53Keith Richards ne se souvient pas de son père, il l’ingère ; Baudelaire est un magnifique poète parce qu’il hallucine plus qu’il ne se souvient. Les expériences traumatiques font parfois faire de belles choses, dans le meilleur des cas le sujet les esthétise ou les sublime pour une part seulement. Il peut aussi en mourir ou devenir fou. S’adresser d’abord aux souvenirs, aux fantasmes ou aux contenus des sujets traumatisés, c’est être de connivence avec l’expérience désastreuse.

54De nombreux dispositifs parfois mis en œuvre auprès des sujets traumatisés, que ce soit dans le cadre d’expertises ou de médiations demandées par la justice, d’aides immédiates proposées par le socius (par exemple les cellules d’urgence proposées par les collectivités locales ou les centres hospitaliers) tendent à court-circuiter le temps nécessaire à la bonne évaluation et au traitement de ces victimes de délits, crimes et plus généralement d’expériences catastrophiques. Le risque serait que les cliniciens s’alignent sur un tempo trop rapide, fondé sur une volonté d’évacuation de l’expérience et parfois du sujet, de sa souffrance.

55Temps judiciaire et temps thérapeutique obéissent évidemment à des logiques parfois différentes, et c’est bien normal. Mais l’écart ne doit pas se creuser entre ceux qui parlent de victimologie ou de criminologie et ceux qui parlent de subjectivation. Des positions trop militantes (de part et d’autre), l’exacerbation médiatique des témoignages, la volonté juridique et sociétale de reconnaître au plus vite le préjudice (et quelquefois d’en espérer d’importants dédommagements) font parfois prendre des vessies pour des lanternes, des hallucinations pour des souvenirs ou des faits réels. L’expérience traumatique atomise le sujet et son rapport à l’expérience, les acteurs de la scène, qu’ils soient policiers, juristes, thérapeutes ou intervenants sociaux, doivent prendre garde à ne pas croire trop vite rassemblées les pièces d’un puzzle, de la scène criminelle ou traumatique en général.

56Bien avant d’être une clinique du souvenir, la clinique du traumatisme est une clinique de la réanimation, du secours et de la consolation. Je le répète en guise de conclusion : ces patients-la ne souffrent pas de leurs souvenirs, ils souffrent de ne pas en avoir.

Bibliographie

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Mots-clés éditeurs : négativité, construction, mémoire, souvenir, traumatisme

Date de mise en ligne : 16/09/2016.

https://doi.org/10.3917/cpc.047.0225

Notes

  • [*]
    Psychologue clinicien.
    Docteur en psychologie. Maître de Conférences Associé.
    Département de Psychologie Clinique. Université Lumière Lyon 2.
    Chercheur associé au C.R.P.P.C. EA 65311 B Cours Fauriel. 42100 SAINT-ETIENNE. FRANCE.
    e.calamote@free.fr
  • [1]
    En droit français la minute est l’original d’un acte authentifié que le greffe d’une juridiction doit obligatoirement conserver.
  • [2]
    Des chercheurs toulousains auraient ainsi vérifié son efficacité sous la supervision du Professeur Phillipe Brumes, directeur du laboratoire du stress traumatique de Toulouse. Ce test a notamment été proposé à huit personnes ayant subi l’explosion d’A.Z.F. en 2001. Une quarantaine de personnes à Toulouse, Montréal et Boston ont bénéficié de recherches qui devraient s’étendre beaucoup plus largement.
  • [3]
    D.W. Winnicott (1971). « La crainte de l’effondrement », in La crainte de l’effondrement et autres situations cliniques, tr. fr., Paris, Gallimard, 2000, p. 205-216.
  • [4]
    C. et S. Botella (2001). La figurabilité psychique, Lausanne, Delachaux et Niestlé, p. 157.
  • [5]
    R. Roussillon (1991). Paradoxes et situations limites de la psychanalyse, Paris, P.U.F., p. 196-197.
  • [6]
    C. Garland et al. (1998). Comprendre le traumatisme : une approche psychanalytique, tr. fr., Larmor-Plage, Ed. du Hublot, 2001, p. 119.
  • [7]
    C. Balier (2005). La violence en abyme, Paris, P.U.F., p. 310.
  • [8]
    R. Roussillon (1999). Agonie, clivage et symbolisation, Paris, P.U.F., p. 20.
  • [9]
    S. Ferenczi (1932). Journal clinique (Janvier-octobre 1932), tr. fr., Paris, Payot, 1990, p. 52.
  • [10]
    S. Freud (1918). « Extraits de l’histoire d’une névrose infantile (L’homme aux loups) », in Cinq psychanalyses, tr. fr., Paris, P.U.F., 1954, p. 361.
  • [11]
    S. Ferenczi (1932). « La catharsis s’enlise –comment y remédier ? », note du 31-01-1932, in S. Ferenczi, Le traumatisme, tr. fr., Paris, Payot, 2006.
  • [12]
    Ibid., p. 75.
  • [13]
    M. Schneider (1992). La part de l’ombre. Approche d’un trauma féminin, Paris, Aubier, p. 25.
  • [14]
    S. Freud (1937). « Constructions dans l’analyse », in Résultats, idées, problèmes, t. II, tr. fr., Paris, P.U.F., 1985, p. 278.
  • [15]
    V. Lemaitre (2005). « Les présupposés du concept de recours à l’acte. Confrontation avec les données de la clinique périnatale », in Balier (dir.). La violence en abyme, Paris, P.U.F., p. 27.
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