I – Introduction
1La maltraitance fait référence à la violence qui appartient à l’être humain. Celle-ci peut être insidieuse, cachée, invisible, voire inconsciente, et épisodique ou au contraire manifeste, explosive, régulière voire légalisée. De plus, elle peut être physique ou psychologique.
2La violence doit être distinguée de l’agressivité bien que toutes deux fassent partie de la maltraitance. Tandis que la violence a trait à « la destruction du lien avec l’objet et à la négation de la dimension subjective de l’autre » (P. Jeammet, 1995, p. 16), dans l’agressivité le lien avec l’objet demeure en dépit de l’attaque portée contre lui. Cela dit, l’agressivité peut paraître tout aussi violente mais il s’agit alors d’une violence liée - liée à l’objet et par l’objet - telle qu’elle peut se manifester à travers le sadisme. En d’autres termes, avec la violence, on est renvoyé à la fonction désobjectalisante (A. Green, 1995) qui se met en branle chaque fois que les « objets se trouvent déqualifiés, perdent leur originalité ou leur singularité ou cessent de valoir dans ce qui les fait uniques pour être progressivement réduits à un statut anonyme, à la limite non-humain (A. Green, ibid., p. 146). De là à tomber dans le registre de la perversion narcissique, il n’y a qu’un pas. Ce pas est franchi lorsque la psyché d’autrui et son narcissisme sont piétinés, négativés, c’est-à-dire lorsqu’il y a désubjectivation et instrumentalisation de l’objet au profit du seul sujet. La maltraitance usant alors de la pulsion de mort ou de destruction est alors à son comble.
3Nous nous proposerons ci-après d’appréhender la maltraitance en gérontologie dans ses grandes lignes et sans souci d’exhaustivité, à l’appui de quelques vignettes cliniques. Dans ce cadre-là, nous nous baserons sur la dynamique pulsionnelle et narcissique des différents protagonistes en jeu, et ceci à travers non seulement l’institution, promue par les relations soignants/soignés, mais aussi à travers les relations familiales gravitant autour de l’aidant principal, sans laisser dans l’ombre les caractéristiques psychologiques propres à la sénescence et la proximité traumatique de la mort, trop souvent encore vecteur de violence. Mais cette dynamique de la maltraitance resterait bien incomplète si quelques réflexions sur l’éthique – en vue de la comprendre et de la garrotter – n’étaient pas élaborées dans un dernier volet avant de conclure.
II – L’institution et les relations soignants/soignes
4Passons tout d’abord brièvement en revue les divers paramètres contribuant à la maltraitance, en institution, tout en faisant ressortir des conditions la favorisant (R. Hugonot, 2003).
5Les contraintes de la vie collective sont nombreuses en institution, ne serait-ce que les horaires - le lever, les toilettes de très bonne heure, tout comme le souper (parfois à 18 heures !) ou le coucher (lorsqu’il fait encore grand jour) – ce qui ne convient pas à la plupart des résidents. Les toilettes peuvent au reste être faites à la vue de tout le monde alors que la personne est nue.
6La vie privée et la liberté se voient souvent menacées. Quant à la sexualité, elle se trouve la plupart du temps réprimée voire interdite (il arrive même que des couples soient séparés dès leur entrée) ; et les lieux de vie recèlent peu d’espace d’intimité.
7L’extrême familiarité (par exemple, le tutoiement des personnes âgées ou des nominations (comme « mémé », « pépé »…) dénonce le manque de respect comme aussi le fait d’entrer dans une chambre sans jamais frapper à la porte.
8La nourriture peut s’avérer pauvre, sans variété ou peu appétissante. Autre paramètre contribuant à cette maltraitance :
9Le dépouillement : habits anonymes, pire privation de vêtements, vols d’affaires personnelles (bijoux, argent…). L’escroquerie financière s’observe en général plus dans les familles.
10L’attitude négative du personnel est également à relever : indifférence ou absence de réponse aux appels réitérés des résidents ; de même, le non-respect des besoins et des désirs des patients allant jusqu’à être contrés, ou bien encore des actes anti-thérapeutiques comme celui de mettre des couches à des personnes qui ne sont pas incontinentes afin de s’éviter la corvée de les accompagner plusieurs fois aux toilettes, manière efficace de les faire régresser et de les pousser à devenir incontinente. Allongeons encore la liste.
11Le nombre insuffisant du personnel soumis à un stress considérable devant faire toujours plus vite jusqu’à fuir le dialogue et parfois jusqu’à bousculer les résidents, pire jusqu’à les brutaliser lors des douches par exemple.
12La contention physique : ligotage ou attachement des personnes âgées afin de mettre un terme aux déambulations par exemple ou pour limiter les risques de chute, ou pour ne pas avoir à surveiller… ou tout simplement par manque de temps – anéantissant ainsi leur liberté.
13L’entrée imposée, forcée, au futur résident sans aucune préparation d’ordre psychologique.
14L’emplacement inadéquat de l’institution : à la périphérie d’une ville ou à la campagne, loin des centres commerciaux, des marchés, des cinémas etc. – ce qui coupe court à toute vie sociale.
15Enfin un mot sur l’animation : « solution » qui se veut dynamisante, palliative mais qui souvent s’adapte peu ou mal à la personne âgée qui peut ne pas la désirer ou qui peut la trouver infantilisante et qui se voit parfois contrainte d’y assister. Quant à la stimulation, elle se confond parfois avec une stimulation outrancière ou forcée. Il faut « renoncer à stimuler, sauf à vouloir stimuler l’intérêt, l’attention et le désir… et ne jamais stimuler en soumettant les personnes âgées par le biais d’attitudes autoritaires » (L. Ploton, 1990, p. 88).
16La liste de ces attitudes négatives est longue. Nous pourrions encore la prolonger mais nous arrêterons là cette énumération un peu fastidieuse pour faire remarquer deux choses : d’abord qu’il faut prendre en compte la façon dont nous considérons ou vivons la vieillesse à la fois sur le plan de la société et personnellement, les deux étant la plupart du temps liés, et comment les vieux se vivent – ces derniers pouvant au reste se sentir coupables d’exister, ce que Jérôme Pellissier assimile à des « existences fardeaux » (J. Pellissier, 2013) ; ensuite, nous ferons remarquer qu’il y a dans cet éventail de conduites néfastes des degrés fort différents de maltraitance pouvant aller, comme on peut le constater, d’une maltraitance mineure (tel le tutoiement de la personne âgée) à une extrême gravité comme des violences sexuelles ou comme le meurtre. Ouvrons à ce point une parenthèse : lorsqu’une maltraitance grave, plus ou moins cachée, a eu lieu dans un service – on finit par découvrir par exemple de nombreux hématomes sur le corps d’un résident – il n’est pas rare qu’un silence de plomb s’abatte sur les membres de l’équipe. Si l’on peut trouver plusieurs raisons à cette conduite collective, dont la culpabilité, la honte, la lâcheté, la peur dont la peur de la délation… il en est une à relever et pas des moindres, celle ayant trait à la potentialité traumatique de la mise en mots. Parler équivaudrait à remettre en scène le trauma… plutôt essayer alors d’oublier.
17Quoi qu’il en soit, dans bon nombre de ces maltraitances, ce qui ressort surtout, c’est l’ignorance et l’écrasement narcissique de la personne âgée qui doit se plier au fonctionnement de l’institution ou du soignant, mais pas seulement car l’institution peut également maltraiter le soignant – ce qui ne peut pas ne pas avoir de répercussions sur le patient.
18En effet, si l’institution apporte sans conteste des bénéfices secondaires lorsqu’elle soutien ou renforce l’identité du soignant ou son idéal du moi (R. Kaës, 1996), les blessures narcissiques ne manquent cependant pas d’advenir. Désubjectivation et désappropriation narcissique marquent fréquemment le rapport du sujet à l’institution bien que celles-ci ne soient pas les visées premières de l’établissement. L’adhésion requise du personnel au projet institutionnel implique son assujettissement (J.P. Pinel, 1996) et donc une certaine amputation de soi. L’adhésion au projet commun élimine les déviances, les dissidences ou les dangers d’un désaccord ou d’une remise en question de ses objectifs. C’est un projet qui se veut fédérateur autour d’un idéal du moi à accomplir par le biais d’une « recherche de la concorde » (R. Kaës, ibid.). Souvent dénommé « projet de vie », il s’érige contre la peur de la dissolution, de la violence ou de la mort, particulièrement prégnante en gérontologie. Aussi s’apparente-t-il plus à une formation réactionnelle qu’à une véritable sublimation qui, elle, prend à bras le corps le pulsionnel.
19Cela dit, l’institution autorise aussi l’affirmation narcissique - qui peut néanmoins se faire aux dépens de l’autre, soignant ou résident - à condition qu’elle se moule dans l’idéologie de l’établissement ou qu’elle passe par l’identification au modèle soignant ; sinon l’institution finira par la broyer provoquant son lot de souffrance. Des luttes de pouvoir narcissique entre ses différents membres ou entre le corps administratif et le corps médical sont, comme nous le savons, monnaie courante, évidence sur laquelle nous ne nous appesantirons pas sauf pour faire ressortir que la pulsion d’emprise s’y exerce, « pulsion de domination et d’appropriation totalitaire de l’objet – ce qui suppose que l’autre comme tel soit nié » (R. Dorey, 1988, p.147). La désappropriation ou la dépossession dénarcissisante, moteur de violence comme on l’aura compris, s’étend bien au-delà du personnel hospitalier. Elle touche aussi les personnes âgées.
20Tournons-nous du côté des résidents, objets souvent manipulables : ils peuvent être objets d’une odieuse matérialisation (M. Manonni, 1991) ou de comptabilisation, ce qui s’éloigne d’une visée humanisante. Nous savons tous que le souci prévalent de la rentabilité économique est incompatible avec des considérations éthiques. Dans cet esprit, l’idéal de soins peut être broyé par la machine économique qui décide de tout, des conditions d’hébergement et de travail ne permettant pas d’individualiser la relation de soins ou la fin de vie. Par exemple, un couple peut être séparé dès son entrée, l’un relevant d’un long séjour, l’autre d’un moyen séjour ; autre exemple, un décès peut faire immédiatement place à un nouvel arrivant sans qu’il y ait un temps minimal nécessaire pour pouvoir amorcer un travail de deuil par les membres de l’équipe ou par les autres résidents. Par ailleurs, l’idéologie d’un service peut carrément prendre une tournure perverse. Elle peut par exemple inciter le patient à régresser afin que soient éprouvées les bonnes qualités maternelles de l’équipe (P. Charazac, 2005). C’est dire combien la manipulation d’autrui est ici perverse s’effectuant au profit du seul narcissisme de l’équipe et sur un mode parfois inconscient.
21Enfin, afin de mieux saisir les maltraitances en gérontologie, nous relèverons les principales caractéristiques de cette population qui peuvent influencer un contre-transfert négatif allant parfois jusqu’à la violence. Parmi ces caractéristiques, on notera l’affaiblissement mental et physique, la détérioration mentale qui à la longue peut attaquer son propre système de pensée, ou les dépressions très fréquentes chez la personne âgée induisant chez elle un désinvestissement majeur risquant de conduire à la démence sénile de type Alzheimer (M. Péruchon, 2011) ou aux suicides (les plus nombreux et les plus réussis des différentes tranches d’âge), les maladies somatiques et l’hypocondrie si épuisante pour l’équipe soignante, la dépendance dénarcissisante et la prégnance anxiogène de la mort qui fait souvent fuir. Cette symptomatologie particulièrement lourde peut à force accroître les excitations des soignants et user leurs capacités de contenance (J.P. Pinel, 1996). C’est dire combien elle peut être facteur de violence en faisant narcissiquement effraction. Autrement dit, toutes ces singularités-là mettent en général à rude épreuve l’adaptation et les efforts du soignant ou de l’aidant qui peut en arriver à se sentir impuissant, incompétent ou inutile. Son équilibre psychique peut s’en trouver fort ébranlé.
22Qui plus est les vieillards – qui en général se rejettent entre eux – tendent souvent à accaparer le soignant pour eux tout seuls dans un mouvement égocentrique régrédient qui capte massivement l’objet à ses dépens. Cette avidité incorporative à l’adresse du soignant conduit souvent ce dernier à fuir la relation pour ne pas se dissoudre dans l’autre, et afin d’éviter l’expression d’une violence difficilement contenable. Cette avidité, mais aussi l’indifférence de la personne âgée, traduisent souvent une souffrance psychique liée à un vide existentiel. Qui plus est, retiré de son domicile et coupé de ses objets d’investissement, le sujet sénescent devient de plus en plus anonyme jusqu’à « perdre ses repères et son statut de sujet » (M. Mannoni, 1991, p. 139). Et dans ces lieux où souvent le vieillard n’a plus d’intimité et où « il n’y a plus d’ancrage pour lui de son désir dans le désir de l’autre » (M. Mannoni, ibid.), sa vie n’a plus de sens. Aussi ne lui reste-t-il plus qu’à sombrer dans une irrémédiable démentification voire à s’engager sur la voie des somatisations ou de l’hypocondrie, ou encore à nuire au personnel soignant qui le maintient en quelque sorte prisonnier et dont il peut se venger, manière de se créer ainsi une nouvelle voie d’investissement. Ultimes défenses qui autorisent encore, comme dans les deux derniers cas, un semblant d’affirmation narcissique.
III – Les relations familiales
23Si la famille peut se révéler un milieu chaleureux, elle peut aussi se montrer « le creuset de toutes les violences » (R. Hugonot, 2003, p.34) et du danger. De surcroît, cette violence peut être légitimée (R. Hugonot, ibid.). N’entendons-nous pas quelquefois l’expression « qui aime bien, châtie bien ! » ou « Bats ta femme, si tu ne sais pas pourquoi, elle, elle le sait » (R. Hugonot, ibid., p. 49). Dans cette même trame, soulignons qu’il existe parfois chez les vieux couples une « perversité banalisée » (P. Charazac, 2005) où il s’agit d’exercer sur le ou la conjointe (le plus souvent c’est la conjointe) « une emprise et de protéger son narcissisme au détriment de celui de l’autre mais en faisant en sorte que cette conduite ne menace jamais ouvertement le lien conjugal » (P. Charazac, ibid., p.202).
24Par ailleurs, notons aussi que les enfants adultes maltraitants ont souvent été eux-mêmes maltraités dans leur jeunesse. Aussi, il n’est pas exceptionnel d’assister à un retournement de situation lorsque la personne âgée devient affaiblie, déficitaire, régressée ou dépendante. Sans doute ces caractéristiques-là constituent-elles des conditions propices à l’émergence d’une maltraitance vis-à-vis de la personne âgée au même titre d’ailleurs que l’isolement et la précarité sociale ou l’existence d’une démence (J. Pellerin et coll., 2005). Mais pas seulement, car la personnalité du maltraitant intervient également comme on peut s’en douter : une certaine fragilité individuelle et narcissique, une faible tolérance, des antécédents psychiatriques, l’alcoolisme ou la drogue, une mentalisation ténue (difficultés à verbaliser) allant de pair avec des passages à l’acte (J. Pellerin et coll., ibid.).
25Pour autant, le maltraitant n’est pas toujours l’aidant ; il peut être aussi le vieillard qui s’emploie à exercer son sadisme ou sa pulsion d’emprise sur les membres de son entourage ou sur des soignants qu’il prend plaisir à manipuler. Egocentrique, il fait en général preuve d’une hypertrophie du narcissisme au détriment de l’aidant instrumentalisé, dévalorisé ou disqualifié – ce dernier n’en fait jamais assez – aidant qu’il culpabilise et dont la vie privée est amputée à cause de lui. En général, exigeant et tyrannique, le vieillard maltraitant se montre incapable de la moindre introspection ou compassion et il jouit de sa méchanceté. Cette conduite perverse peut être parfaitement illustrée par le film de Danielle Thompson « Tatie Danielle », personnage maltraitant sa famille en affichant une omnipotence narcissique extrême.
26Cette violence du vieillard existe aussi bien entendu en institution, en particulier vis-à-vis des autres résidents. Ainsi en est-il du compagnon de chambre d’un patient de 80 ans, indemne de troubles cognitifs et psychiatriques, tué à coups de canne. Toutefois, cette violence peut ne pas être aussi explosive, directe ou manifeste. L’égocentrisme, l’exigence et l’impatience du vieillard réclamant sans cesse de l’attention et des soins peuvent à la longue peser de tout leur poids sur l’aidant envahissant à tel point sa vie, ses besoins et ses désirs, bref son espace intime, que la violence ou la maltraitance en retour risque de sourdre. Le film « Amour » de Haneke rend compte de ce phénomène, mais insidieusement, notamment avec la scène de l’épouse qui, une fois de retour à domicile et devenue dépendante, exige à table et sur le champ que son mari, déjeunant à côté d’elle, se lève immédiatement pour aller lui chercher l’album de photos (il ne sait plus où il l’a mis) alors que son plat est chaud. Il finit par s’exécuter non sans réticence – ce dont elle ne tient nullement compte.
27Caractéristique majeure et fréquente de la personne âgée, la dépendance mérite qu’on s’y attarde un instant. La dépendance déstabilise et transforme les liens familiaux en modifiant en général le statut et les rôles des membres de la famille, notamment entre l’aidant principal et la personne âgée, précisément en inversant les positions dominant-dominé (P. Charazac, 2005). Par exemple, la personne qui n’est plus en possession de tous ses moyens ne peut plus soutenir, comme elle le faisait auparavant, les membres de sa famille, et attend désormais aide et soutien de leur part. Par ailleurs, qu’elle soit physique ou psychique, la dépendance requiert un nursing de la part de l’aidant qui se doit d’assurer la sécurité de la personne âgée (P. Charazac, 2011). Surtout quand il vit à domicile, l’aidant (enfant ou conjoint) risque de se trouver progressivement entraîné dans un processus régressif (P. Charazac, ibid.) véhiculé la plupart du temps par une identification fusionnelle ou empathique avec l’objet dépendant. Et à force de soins ou d’aide régulière empiétant sur la liberté de l’aidant, désormais excédé ou épuisé, son narcissisme peut être à tel point malmené que cela peut déclencher un processus violent via la maltraitance.
28À moins que des tendances masochiques se mettent en place sous-tendues par la culpabilité ou la honte qu’elles visent à juguler ou à éponger. Dans ce cas, la pulsion de destruction se verra liée par la libido ou par son érotisation en retournant sur le moi. C’est d’ailleurs dans cette lignée que s’inscrit le sacrifice chez l’aidant, marqué qu’il est par la dépossession de son propre narcissisme au profit de l’objet (J.P. Caillot, 2003). Mais cette dépossession narcissique se verra toutefois limitée car elle sera contrebalancée voire récupérée par le moi grâce à une compensation libidinale octroyée par l’idéal du moi accompli – ce dernier venant renflouer l’estime de soi ou le narcissisme. Dès lors, « plus l’amour – ou, ajouterions-nous, le sacrifice - apporté par l’aidant, le conjoint ou l’enfant, s’unit au besoin d’autopunition et à l’amour de soi, plus l’aide est durable » écrit Pierre Charazac (2005, p. 145).
29En dehors de ce cas de figure, la dépendance peut créer une spirale de violence à partir d’une dépendance vécue comme un traumatisme par la personne âgée ; celle-ci se sentant agressée par le trauma violent de la dépendance peut se mettre à agresser l’entourage qui peut lui-même répondre agressivement se sentant attaqué non seulement par le patient mais par sa propre dépendance. C’est ainsi que l’agressé devient à son tour agresseur comme « l’agressé et l’agresseur deviennent tous deux victimes » (M. Myslinski, cité par R. Hugonot, 2003, p.43).
30Soumis donc à très rude épreuve, l’entourage devra se protéger contre des conditions de vie stressantes, épuisantes, tyranniques ou mortifères dues à l’attitude de la personne âgée et à la détérioration de sa santé. Parmi les défenses les plus efficaces contre l’agressivité délétère de la personne âgée ou contre la régression dépressivogène risquant d’entraîner l’aidant – mieux que le masochisme – il en est une que nous devons relever : l’activité sublimatoire ; celle-ci, en procurant une indéniable satisfaction au moi, le recharge narcissiquement en faisant ainsi barrage à la pulsion de destruction. Nous pensons là à l’exemple de cet époux remarquable de 78 ans, aidant principal de sa femme atteint d’une maladie d’Alzheimer qui tient quotidiennement un journal sur la vie passée de son épouse et sur l’évolution de sa maladie – journal que le corps médical attend avec impatience. « C’est d’ailleurs, nous confie-t-il, comme cela que je m’en sors. Ce journal me tient la tête hors de l’eau, il me maintient en vie ; autrement j’aurais l’impression d’aller rejoindre ma femme ! et surtout, je me sens utile en contribuant ainsi un peu à la science. Sans ce journal, ma vie n’aurait plus aucun sens ».
IV – La mort, vecteur de violence
31La problématique de la mort avec ses implications traumatogènes mérite une attention toute particulière lorsqu’on s’occupe d’une population en fin de vie. Nous ne reviendrons pas sur la violence propre à l’esprit mercantile dénoncée précédemment qui comptabilise tout y compris les décès onéreux comme le temps passé avec les mourants (A. Juranville, 1994).
32Ennemie du corps médical, la mort fait voler en éclats le fantasme d’omnipotence sous-tendu par une conception technicienne de la médecine qui annihile la subjectivité. « Nous on est là pour refaire le monde – affirme un jeune gériatre – pas pour accompagner un mourant ». Au lieu de conforter les assises narcissiques du médecin comme le ferait un malade guéri, le mourant - mais dans une moindre mesure qu’avec le sujet jeune - met en échec la fonction médicale ainsi que son affirmation narcissique auquel peut s’associer un sentiment de toute-puissance.
33Quant à la demande d’euthanasie qui lui est quelquefois faite, elle peut le plonger dans des positions narcissiques conflictuelles voire insupportables. En effet, le médecin peut être soumis à « une situation de double contrainte » (R. Schaerer, 1996, p. 16) dont il ne peut sortir à ses propres yeux que mauvais. S’il refuse la demande d’euthanasie, il ne répond pas à la confiance de son malade ou de sa famille ; s’il accepte, il trompe la confiance qu’il a mise en lui-même et en son propre projet professionnel, celui de soigner pour soulager sinon guérir. Ou bien alors, lorsqu’il s’y oppose, il a l’impression de ne pas reconnaître la liberté et l’autonomie de son patient, et lorsqu’il s’y plie, il lui semble exercer sur ce patient un pouvoir démesuré (R. Schaerer, ibid.).
34Que l’euthanasie soit une violence, nul n’en disconviendra, « même quand elle est opposée à un moindre mal, à la violence intolérable d’une phase terminale où s’accumulent les atteintes au corps, à la pensée et à la liberté » (R. Schaerer, ibid., p. 16). Et si les souvenirs d’ « une mort atroce » font violence à ceux qui l’ont côtoyée, il serait erroné de penser que la mort volontairement donnée prévient les souvenirs traumatiques (R. Schaerer, ibid., p. 17). En outre, elle engendre presque toujours un sentiment de culpabilité chez les soignants ou les membres de la famille.
35À l’antipode de cette pratique létale, il y a l’accompagnement du mourant, véritable « acte de dépouillement de ses défenses narcissiques (A. Juranville, 1994, p. 62) et pour lequel il faut être préparé. Pour qui supporte « l’épreuve de dénarcissisation où le mourant l’entraîne » (A. Juranville, ibid., p. 54), l’accompagnement ne sera pas ressenti comme violent. Autrement sera vécu l’accompagnement lorsqu’un soignant ou un membre de la famille se sent aspiré par la mort – ce qui le pousse à fuir. Nous ne nous étendrons pas sur le travail de l’accompagnant singulièrement violent face au « mouvement d’allure phagocytante » (M. de M’Uzan, 1977, p.194) du moribond qui tend à dissoudre l’aidant et qui caractérise le travail du trépas.
36Enfin, pour en finir avec l’accompagnement, ajoutons, comble de maltraitance, que le mourant peut être objet de la pulsion d’emprise de la part du soignant ou de l’aidant qui s’acharne à l’accompagner alors que celui-ci ne demande qu’à s’isoler. Cet acharnement peut parfois aller jusqu’à un véritable harcèlement relationnel auprès du vieillard mourant. Sans doute y a-t-il derrière cette conduite maltraitante vis-à-vis du mourant une fascination pour le pouvoir (E. Dell’accio, 1996).
37Et ce pouvoir peut s’exercer différemment. Il arrive parfois que la pulsion d’emprise articulée à un sentiment d’omnipotence narcissique débouche sur le meurtre d’un patient. Une infirmière prend seule par exemple la décision de hâter la mort d’une personne âgée, ou une aide-soignante augmente les doses médicales, dès lors létales, qu’elle administre en cachette à sa propre mère grabataire. Autant de maltraitances sont à relever avec les homicides-suicides survenant chez certains couples âgés en fin de vie. Nous pensons là à nouveau à « Amour » de Haneke, film dans lequel le mari finit par étouffer sa femme handicapée et dépendante avant d’aller probablement se suicider.
38Il y aurait aussi beaucoup à dire sur les suicides du vieillard ou sur les agonies interminables qui traumatisent le soignant ou l’entourage. « On se fait violence – nous dit une infirmière – chaque fois qu’on entre dans une chambre… J’ai toujours peur de revoir quelqu’un pendu à la potence ou défenestré ! ». Ces cas de figure traumatisent et culpabilisent tout à la fois l’entourage qui se sent alors incompétent n’ayant pas su prévenir à temps l’acte fatal. Toute cette panoplie de maltraitances et toute cette souffrance méritent qu’on s’interroge un instant et qu’on se tourne à présent du côté de l’éthique.
V – De l’éthique ou d’un juste questionnement
39L’éthique et la psychanalyse ne font pas apparemment bon ménage parce que l’une ne connaît que la conscience, ou presque, et que l’autre se fonde sur la vie inconsciente, notamment avec le désir mais pas uniquement. D’où l’intérêt d’approches multidisciplinaires (philosophique, psychanalytique, médicale, neurobiologique etc.) que les comités d’éthique actuels intègrent avec grande intelligence. D’autre part, l’éthique ne se réduit pas à la loi. L’éthique n’est pas non plus la déontologie, sorte d’éthique professionnelle ou guide qui légifère et rassure en se basant sur une conception précise de la profession. En cela la déontologie représente-t-elle un système beaucoup plus clos que l’éthique à proprement parler qui, elle, s’ouvre à la réflexion, à l’interrogation et au sens, même si elle comprend des principes comme celui d’humanité, d’égalité, d’autonomie de la personne etc. - interrogation et sens qu’il est urgent de mettre en place d’autant plus que l’éthique en général « provient des expériences de crise et d’échec » (R. Misrahi, 1995, p.80) ou de situations bloquées comme il est assez fréquent de rencontrer avec les personnes âgées et leurs familles. Nous sommes donc bien là, avec les situations de maltraitance passées en revue ci-dessus, propulsés au cœur même de l’éthique. Dans les situations figées ou de crise, lorsque les repères vacillent, lorsque la souffrance au travail ou chez le patient et sa famille… avec ses retombées néfastes devient criarde, il est alors urgent de s’interroger sur le sens de sa pratique et aussi sur soi ; car nous sommes tous par nature ambivalents, traversés que nous sommes par des mouvements d’amour mais aussi d’agressivité ou de haine, et personne n’est complètement à l’abri de l’expression de telles motions face à autrui. Le fond de l’être humain n’est pas tout blanc, tapissé uniquement de bien ; le mal s’y loge également. Hannah Arendt, rappelons-nous, est même allée jusqu’à parler de la « banalité du mal » mettant ainsi l’accent sur son côté non exceptionnel ou sur sa fréquence. Aussi la reconnaissance du mal, des mauvaises intentions, de notre ambivalence ou de nos désirs contradictoires constitue déjà un premier pas vers une attitude plus adéquate et contribue à éviter les débordements devant une personne dont on a la charge. Mieux, « en niant leurs propres tendances sadiques, les soignants se privent du moyen essentiel de comprendre » (P. Charazac, 2012, p.171), de changer et de progresser. Dans ce registre-là, les cliniciens « psy » de terrain peuvent, avec les autres acteurs de l’institution, apporter une indéniable contribution pour tenter de sortir de situations complexes crispées, ou de crise, souvent délétères. Loin de réprimer ou de culpabiliser, cette contribution, on s’en doute, a pour objectif de saisir les interactions interpersonnelles en jeu, de comprendre les auteurs de maltraitance et ceux qui la subissent, de faire prendre conscience et de soulager les tensions, ou d’envisager une action apaisante ou thérapeutique. Cela étant dit, notre rôle n’est pas de déculpabiliser (si culpabilité il y a), ni de minimiser, pire d’ignorer ou de nier la maltraitance – le silence qui souvent l’auréole, motivé par de nombreuses peurs, contrevenant à toute éthique comme à la santé de l’équipe. D’autres instances auront pour charge d’isoler ou de neutraliser… le sujet ayant commis sur autrui une maltraitance majeure.
40Il est temps à ce point d’ouvrir une incise afin de mieux faire comprendre cet objectif. Nous retracerons ici brièvement un cas clinique s’inscrivant dans un groupe de réflexions sur la pratique incluant tous les soignants d’un service gérontologique. Au cours de ces temps d’échanges, une aide soignante se met à se plaindre de l’agressivité d’un patient, Monsieur B., âgé de 85 ans, sans enfant, grabataire et en fin de vie, dont la femme atteinte de la maladie d’Alzheimer, elle-même en fin de vie, est hospitalisée dans un autre service. Il ne reçoit donc aucune visite. Une autre aide soignante prend ensuite la parole pour dire qu’il fait tomber toute la vaisselle à sa portée ou crache par terre, « je ramasse tout ça et je me sauve vite fait » ajoute-t-elle. Une autre affirme encore que ce même patient lui a tordu les doigts en lui faisant très mal. Une autre intervient pour dire : « il faut lui répondre du tac au tac à ce vieux con », celle-là même qui précise qu’il a voulu lui planter une fourchette dans le bras. Enfin, une infirmière constate que tout le monde fuit ce monsieur qui pourtant selon elle veut parler mais qu’elles n’ont pas le temps de l’écouter compte tenu de leur charge de travail. De plus, il crie et insulte souvent le personnel qui se trouve excédé, débordé et désarmé. Plusieurs séances d’échanges et de réflexions sur ce cas seront nécessaires pour que les soignants parviennent à comprendre l’attitude de ce patient isolé, frustré et en grande souffrance psychique, avide, derrière ses manifestations agressives, de se confier, en fait de faire le point sur sa vie qui s’achève sans pouvoir réaliser cette dernière tâche. Entre-temps, la psychologue de ce groupe, qui travaille dans trois établissements à mi-temps et qui ne connaît pas ce patient, décide de rencontrer Monsieur B. – celui-ci n’en ayant plus que pour quelques mois à vivre selon le médecin. Un suivi psychothérapeutique de soutien s’engage avec lui. Et après un moment de rejet très agressif de la psychologue, voilà que Monsieur B. se met à parler ouvertement de son passé et sans discontinuer. Et voilà qu’il demande à ce que la psychologue revienne – ce qu’elle fera régulièrement. Puis à partir de cette écoute contenante qui lie la pulsion de destruction, un transfert positif se noue et Monsieur B., secoué fréquemment de larmes, brosse un long bilan de sa vie, équivalent d’un véritable travail du vieillir durant lequel le sujet refait les deuils de ses objets d’amour disparus ou en complète le travail ; travail de deuil du moi aussi simultanément où Monsieur B. se départit progressivement d’une part de son narcissisme le préparant à l’ultime passage. Bref, son attitude a changé, son agressivité s’est volatilisée au point que le personnel dit ne plus le reconnaître ; certains diront : « il est métamorphosé ! », et certains se pencheront sur leur propre agressivité à son égard. Finalement, un travail du trépas s’amorcera avec la psychologue une quinzaine de jours avant sa mort, se développera et se terminera en remerciements et en reconnaissance, et ceci vis-à-vis de toute l’équipe, ce qui aura pour effet d’éteindre les derniers soubresauts agressifs ou le ressentiment à son endroit. En somme, la prise en charge par l’écoute bienveillante aura autorisé chez ce patient l’abréaction et l’élaboration mentale - dont on connaît bien le pouvoir de liaison vis-à-vis des pulsions agressives - et du même coup la transformation de son transfert négatif, voire violent, en un transfert positif sur les soignants les soulageant et parfois même les réparant. Mais en même temps, les échanges, les interrogations et les réflexions de tous les membres du groupe auront permis de faire évoluer favorablement les perceptions et les attitudes de chacun via plus de respect de ce patient, de son désir et de sa parole dont l’agressivité désamorcée a finalement mieux été comprise. Enfin, même si ce cas est apparu à quelques-uns d’entre nous un peu magique, il a indéniablement reposé sur un travail commun fait d’échanges, d’interrogations et de réflexions sur la pratique et a porté ses fruits, bien ancrés dans le réel à n’en pas douter.
VI – Conclusion
41En guise de conclusion, nous dirions que face à la maltraitance de l’institution, du personnel, de l’aidant familial ou du vieillard, il est urgent de proposer des mesures palliatives ou thérapeutiques visant à juguler, mieux, à transformer la violence qui nous habite ainsi qu’à réduire la souffrance. Sans nous étendre sur cette question, il y aurait à pointer l’amélioration de la formation des soignants, la mise en place d’entretiens individuels pour les personnes âgées (on s’occupe d’eux !), et pour tous les types d’aidants, des groupes de parole et d’écoute, donc de soutien et de prise de conscience notamment à travers l’analyse de la pratique promue par l’éthique. Tout cela en vue de la métabolisation de la souffrance psychique, du fardeau et de la pulsion de mort. Simultanément, un réapprovisionnement libidinal ou narcissique devra être assuré comme devront être relancés au mieux la communication ou le sens à travers une meilleure compréhension contrebalançant ainsi les effets mortifères de la pulsion de destruction dès lors réintriquée. C’est ainsi que nous nous rapprocherons le plus possible d’une conduite résiliente – de la personne qui se donne les chances de pouvoir rebondir après un trauma ou une souffrance – en faisant précisément appel à ses trois déterminants essentiels : le narcissisme, la mentalisation et la relation d’objet, soit le socle N.M.O. (M. Péruchon, 2014 (a) (b)), à condition bien entendu que ce triptyque se montre positif, et toujours chevauché par l’éthique, ce qui liera, limitera ou garrottera la pulsion de destruction.
42Cette pulsion de destruction s’est donnée à voir, avons-nous vu, à travers une violence abréactive, déchargée sur l’objet en raison d’un trop plein d’excitations épuisant le moi, alors momentanément soulagé (c’est le cas d’ « Amour » de Haneke), ou à travers une violence perverse, toujours en lien avec une jouissance (c’est le cas de Tatie Danielle).
43Toutefois, quels que soient les types de violence ou de maltraitance envisagés, il s’agit toujours de l’amoindrissement de l’objet ou de l’écrasement de l’altérité, de la subjectivité de l’autre ou de sa singularité au bénéfice trop souvent d’un seul narcissisme qui finit par l’emporter sur le narcissisme d’autrui - ce qui signe l’échec de tout compromis possible entre les deux narcissismes. Dans la maltraitance, la guerre est déclarée au narcissisme de l’objet, ici de plus en plus dépendant, invalide ou jouxtant la mort, vécu fréquemment chez le maltraitant comme une amputation de son propre narcissisme, dès lors vecteur de violence.
44Enfin, si l’institution, mais pas seulement, s’édifie sur une gigantesque formation réactionnelle, faite pour endiguer l’agressivité ou la violence, défense tributaire de l’autoconservation et donc du narcissisme, cette construction défensive peut se montrer paradoxalement tyrannique ou maltraitante vis-à-vis du soigné comme du soignant, ou bien fragile. Dans ce dernier cas, lorsque cet aménagement défensif s’ébranle ou échoue, renaît alors de plus belle la violence et, avec elle, la maltraitance qui y étaient retenues. D’où l’urgence là aussi d’aménager des temps de réflexions éthiques.
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