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Article de revue

L'autisme en vingt ans...regards de deux pédopsychiatres aux pratiques cliniques différentes...

Pages 121 à 150

Notes

  • [1]
    Pédopsychiatre d’orientation psychanalytique au département enfants et famille du Centre Chapelle-aux-Champs, médecin-directeur à la Lice.
  • [2]
    Pédopsychiatre, responsable du centre de référence des troubles du spectre autistique des Cliniques universitaires Saint-Luc à Bruxelles, Université Catholique de Louvain.
  • [3]
    J.Hochmann dans son Histoire de l’autisme émet l’hypothèse que les enfants sauvages étaient peut-être des enfants atteints d’autisme. J. Hochmann, Histoire de l’autisme, Paris, Odile Jacob, 2009.
  • [4]
    L. Kanner, Autistic disturbances of affective contact, The Nervous Child, 1943,2, p. 217-250 Traduction française dans G. Berquez, L’autisme, Paris, PUF, 1983, p.217-264.
  • [5]
    H. Asperger, Die Autistischen Psychopathen in Kindesalter, Archiv für Psychiatrie und Nervenkrankheiten, 1944, 117, p. 76-136.
  • [6]
    L. Wing, Asperger’s syndrome: a clinical account. Psychological Medicine, 1981, 11 (1):115-29.
  • [7]
    Soulignons ici, notamment, l’ouverture de l’École de Bonneuil par Maud Mannoni dont un des soucis majeurs était d’offrir une place et un accompagnement à des enfants exclus de la société, de par leur handicap.
  • [8]
    C. Barthélémy, F. Bonnet-Brilhaut, R. Blanc, S. Roux. Les troubles envahissants du développement dans A. Berthoz, C.Andres, C. Barthélémy, J. Massion, B. Rogé L’autisme, de la recherche à la pratique, Odile Jacob, 2005, p.13-26.
  • [9]
    M.Rutter, E.Schopler, Autism. A Reappraisal of Concepts and Treatment, 1978, traduit en français, L’autisme. Une réévaluation des concepts et du traitement, Paris, PUF, 1991.
    Baron-Cohen, S., Leslie A., Frith U. « Does the autistic child have a « theory of mind ? », Cognition, 1985, 21, pp.37-46.
    U. Frith. Autism: Explaining the Enigma, Basil Blackwell, Oxford, 1989.
  • [10]
    E. Schopler, G.B. Mesibov The effects of autism on the family, New York Plenum, 1984.
    I.O. Lovaas. Behavioral Treatment and normal educational and intellectual functioning in young autistic children. Journal of Consulting and Clinical Psychology, 1987, 55, 2-3. Rogé B. Thérapie comportementale et autisme : de l’approche expérimentale aux apprentissages fonctionnels, Journal de thérapie comportementale et cognitive, 1993, 3, p.36-39.
  • [11]
    Teacch : Treatment and Education of Autistic and Related Communication Handicapped Children.
  • [12]
    La définition du handicap selon l’OMS comprend 3 dimensions qui révèlent autant de composantes du handicap. Ces concepts sont les suivants : déficience, incapacité et désavantage. Déficience : “Dans le domaine de la santé, la déficience correspond à toute perte de substance ou altération d’une fonction ou d’une structure psychologique, physiologique ou anatomique. Incapacité : “Dans le domaine de la santé, une incapacité correspond à toute réduction (résultant d’une déficience) partielle ou totale de la capacité d’accomplir une activité d’une façon normale ou dans les limites considérées comme normales, pour un être humain. “Désavantage : “Dans le domaine de la santé, le désavantage social d’un individu est le préjudice qui résulte de sa déficience ou de son incapacité et qui limite ou interdit l’accomplissement d’un rôle considéré comme normal, compte tenu de l’âge, du sexe et des facteurs socioculturels.
  • [13]
    Baghdadli A., Beuzon S., Bursztejn C., Constant J., Desguerre I., Rogé B., Squillante M., Voisin J., Aussilloux C., Recommandation pour la pratique clinique du dépistage et du diagnostic d’autisme et des troubles envahissants …/…du développement, Archives de pédiatrie, 2006, 13, 4, 373-378.
  • [14]
    Rogé B., Chabrol H., Unsaldi I. Le dépistage précoce de l’autisme : Quelle faisabilité ? Enfance, 2009, 1, 27-40.
  • [15]
    Citons notamment : F. Tustin, Autisme et psychose chez l’enfant, Éditions du Seuil, Paris, 1977.
  • [16]
    G. Haag, S. Tordjman, A. Duprat, M.-C. Clément, A. Cukierman, C. Druon, A. Jardin, A. Maufras du Chatelier, J. Tricaud, S. Urwand, Grille de repérage clinique des étapes évolutives de l’autisme infantile traité, Psychiatrie de l’enfant, XXXVIII, 2, 1995, p. 493-527.
  • [17]
    J.-C. Maleval, l’Autiste et sa voix, Editions du Seuil, Champ freudien, 2009.
  • [18]
    J. Lacan, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, séminaire XI, Points essais, 1973, S. Freud,
  • [19]
    Bien que s’inscrivant dans la mouvance lacanienne, Laznik se réfère à différentes références et intègre dans sa réflexion la nécessité d’intervention précoce, y compris auprès de travailleurs de première ligne, tels que les pédiatres ainsi que les avancées que l’imagerie apporte à la clinique des patients atteints d’autisme.
  • [20]
    Laznik M-C., Des psychanalystes qui travaillent en santé publique, Le bulletin freudien, n°34, mars 2000, p.89-108.
  • [21]
    G. Cullere-Crespin, L’épopée symbolique du nouveau-né, Erès, 2007.
  • [22]
    Freud S., La lettre 52, 6 décembre 1896, in La naissance de la psychanalyse, 1956, 2005, PUF, p.153-160.
  • [23]
    M-C. Laznik, Vers la parole, Denoël, 1995, p.74.
  • [24]
    E-M. Golder, Au seuil du texte le sujet, Erès, 2005, « Entre perception et conscience, Freud situe plusieurs niveaux d’enregistrement des traces mnésiques. Un premier registre d’inscription est constitué par des signes perceptifs organisés seulement selon la simultanéité. Ils ne peuvent accéder à la conscience. Une deuxième inscription propre à l’inconscient, est organisée selon quelque chose comme des relations causales. Dans le système préconscient, il n’y a pas de nouvel enregistrement, simplement une traduction en représentations de mots ». p.119.
  • [25]
    Laznik M-C., in Langage, voix et parole dans l’autisme, Du pourquoi du langage stéréotypé, Le fil rouge, PUF, 2007, p. 41.
  • [26]
    M-C. Laznik, Vers la parole, Denoël, 1995, Lacan donne aux signes perceptifs, Wahrnehmungzeichen, le nom de signifiants. Ce terme ne peut se superposer à celui de représentations de mots. « Il peut s’appliquer à des traces mnésiques produites par toutes sortes de perceptions, et pas seulement celles qui ont trait aux perceptions acoustiques », p.75.
  • [27]
    M-C. Laznik, Vers la parole, Denoël, 1995, « sans qu’ils soient pour autant capables de se représenter en images ou se traduire en mots comme si quelque chose leur barrait la route, bloquant la fonction de représentation », p.76.
  • [28]
    M-C. Laznik, Vers la parole, Denoël, 1995, « Si l’appareil psychique de l’enfant ne fonctionne qu’au premier niveau d’enregistrement des traces mnésiques, celles-ci resteront inaccessibles. Ce n’est qu’une fois ré-inscrites au registre de l’inconscient que l’on peut avoir accès aux traces mnésiques-aux représentations. Celles-ci peuvent alors être traduites par le préconscient en représentations de mots, ou être exprimées dans des mises en scène sans paroles… », p.75.
  • [29]
    M-C. Laznik, Vers la parole, Denoël, 1995, Plus précisément, leur appareil psychique « fonctionne en deçà du refoulement originaire, donc en deçà du registre de la deuxième inscription, dénommé par Freud, inconscient ». p.75.
  • [30]
    M-C. Laznik, Vers la parole, Denoël, 1995, p.76.
  • [31]
    J. Lacan, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, séminaire XI, Points essais, 1973
  • [32]
    Laznik M-C., Des psychanalystes qui travaillent en santé publique, Le bulletin freudien, n°34, mars 2000, p.102.
  • [33]
    Laznik M-C., Des psychanalystes qui travaillent en santé publique, Le bulletin freudien, n°34, mars 2000, p.104.
  • [34]
    J. Lacan, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, séminaire XI, Points essais, 1973, Aliénation et séparation sont les deux temps logiques à l’origine de la constitution et de la production du sujet. Voici deux manières dont Lacan le formule : « Ce sont les deux opérations de la réalisation du sujet dans sa dépendance signifiante au lien de l’Autre », p.230. « Ce sont les deux opérations dans le rapport du sujet à l’Autre »., p.233.
  • [35]
    E-M. Golder, Au seuil du texte : le sujet, Erès, 2005 p.120. “Le langage fonctionne comme une bande magnétique, pur imaginaire tournant à vide dans un réel jamais articulé au symbolique.”, p.121 ; « Le texte est là, mais il lui manque un auteur pour l’habiter. », p. 117.
  • [36]
    J-C. Maleval, Aux limites du lien social : les autismes. Quel traitement pour le sujet autiste ?, Les feuillets du Courtil, janvier 2009.
  • [37]
    D. Williams, Si on me touche, je n’existe plus, J’ai lu, 1992.
  • [38]
    M. Haddon, Le bizarre incident du chien pendant la nuit, Nil Edition, 2004.
  • [39]
    Soler C., Autisme et paranoïa, Bulletin du groupe petite enfance (l’autisme, numéro spécial), janvier 2007, p.26.
  • [40]
    Touati B., in Langage, voix et parole dans l’autisme, Quelques repères sur l’apparition du langage et son devenir dans l’autisme, Le fil rouge, PUF, 2007, p. 13.
  • [41]
    Touati B., in Langage, voix et parole dans l’autisme, Quelques repères sur l’apparition du langage et son devenir dans l’autisme, Le fil rouge, PUF, 2007, p. 13.
  • [42]
    Laznik M-C., in Langage, voix et parole dans l’autisme, Du pourquoi du langage stéréotypé, Le fil rouge, PUF, 2007. Dans cet article, nous trouvons dans l’exposition d’un cas clinique l’illustration de notre propos.
  • [43]
    Baron-Cohen, S., Leslie A., Frith U. « Does the autistic child have a « theory of mind ? », Cognition, 1985, 21, pp.37-46.
  • [44]
    U. Frith, L’énigme de l’autisme, Paris, Odile Jacob, 2010.
  • [45]
    U. Frith, L’énigme de l’autisme, Paris, Odile Jacob, 2010.
  • [46]
    N. Georgieff N. Qu’est-ce que l’autisme ? Paris, Dunod, 2008, p.75.
  • [47]
    N.Georgieff, Qu’est-ce que l’autisme ?, Paris, Dunod, 2008, p.81.
  • [48]
    B. Golse, Quelle prise en charge pour les enfants autistes aujourd’hui ? dans Autisme et secteur de psychiatrie infanto-juvénile, Evolutions des pratiques, Paris, PUF, 2012 p.45.
  • [49]
    M. Lemay, L’autisme aujourd’hui, Paris, Odile Jacob, 2004, p. 259.
  • [50]
    U. Frith, L’énigme de l’autisme, Paris, Odile Jacob, 2010.
  • [51]
    Klin A., Jones W., Schultz R., Volkmar F ; Cohen D., Visual fixation patterns during viewing of naturalistic social situations as predictors of social competence in individuals with autism, Arch. Gen Psychiatry 2002, 59 (9) 809-816.
  • [52]
    L. Mottron. L’autisme : une autre intelligence. Sprimont, Mardaga, 2006.
  • [53]
    Mottron L., Peretz I., Menard E, Local and global processing of music in high-functionning persons with autism : beyand central coherence ? Journal of Child Psychology and Psychiatry, 2000, 41: 1057-1065.
  • [54]
    J.Nadel, Imiter pour grandir, Paris, Dunod, 2011, p. 153.
  • [55]
    Présence de 50 à 70 % de retard mental en fonction de la notion de spectre autistique.
  • [56]
    Wintgens A., Vécu de la fratrie d’enfants présentant un trouble autistique, Thèse, UCL, 2006.
  • [57]
    Roeyers H., Mycke K ; Siblings of child with autism, with mental retardation and with normal developement, Child Care, Health and Developement 21, 1995, 305-319.
  • [58]
    Nous en rappelons ici les principaux : l’absence d’attention conjointe, l’absence de pointage proto-déclaratif et de gestes conventionnels, l’absence de mots ou le retard dans l’apparition des mots, l’absence de jeux de faire semblant, l’évitement du regard…
  • [59]
    La polymodalité intervient dans l’intégration des perceptions et l’internalisation des comportements externalisés.
  • [60]
    À propos des travaux, de Bion, Anne Brun écrit : « Pour comprendre les phénomènes intersubjectifs, il a proposé le concept d’accordage affectif qui rend compte d’un acte d’intersubjectivité, dans lequel le parent répond à une expression affective du bébé, en la remaniant d’une autre façon et en la rejouant au bébé, de sorte qu’il montre qu’il a partagé son expérience subjective interne. En réponse à l’expression de son bébé, la mère réalise une imitation modifiée qui reproduit les mêmes propriétés de l’expérience affective intérieure, en particulier l’intensité, le rythme et la forme. Alors que la simple imitation maintient l’attention focalisée sur le comportement extérieur, l’accordage affectif déplace le centre d’attention de ce qui sous-tend le comportement, vers le partage d’états internes. « L’imitation traduit la forme, l’accordage traduit la sensation. » » A. Brun, Médiations thérapeutiques et psychose infantile, Dunod, Paris, 2007, p.186.
  • [61]
    Nous retrouvons souvent une grande souffrance liée au deuil inhérent à la pathologie de l’enfant. Maud Mannoni, dans son livre « l’enfant arriéré et sa mère », nous dit combien, il peut être difficile pour les parents de se reconnaître dans leur enfant. La maladie ou le handicap d’un enfant peut atteindre le parent sur le plan narcissique : il y a une perte brusque de tout repère d’identification, face à une image de soi que l’on ne peut plus reconnaître, ni aimer. Les pensées accompagnant la réalité du handicap de l’enfant dégagent beaucoup d’angoisse. Ce pan psychique principalement inconscient peut rester très actif et peut se transformer en une sorte de surenchère aux soins corporels. Cette attitude peut être quasi de l’ordre de l’emprise sur le corps de l’enfant et ce, à l’insu des parents. Par ailleurs, le soin et la surprotection sont parfois devenus les seules voies par lesquelles consister comme parents.
  • [62]
    Comme le souligne N. Georgieff. 2008, « la vraie question est celle du besoin que peut avoir chaque enfant de l’une et de l’autre approche. Sur ce point nous ne disposons pas encore d’études probantes, mais la complémentarité est certainement avec l’adaptation nécessaire de l’offre à chaque …/…cas, le principe le plus pertinent pour guider une bonne pratique. » p. 113.
  • [63]
    Sous forme de projet expérimental au sein du Service d’Orthopédagogie de l’Université Mons-Hainaut
  • [64]
    Le décret du 3 mars 2004, modifié par le décret du 5 février 2009 contient des dispositions relatives à l’intégration des élèves à besoins spécifiques dans l’enseignement ordinaire. Site www.enseignement.be
  • [65]
    Comment les parents peuvent-ils se situer dans les arcanes de l’offre thérapeutique ? Les parents ont via internet accès à toute forme de nouveaux traitements prétendus efficaces, voire miraculeux par rapport aux symptômes autistiques. Désemparés face à l’impact du diagnostic et le manque de prise en charge de leur enfant (manque de logopèdes formées aux moyens de communication, manque de places dans les écoles, manque de places dans les centres de jour…), les parents sont prêts à tout tenter pour avoir le sentiment d’agir et de voir évoluer leur enfant. Comme pédopsychiatres, nous ne pouvons nous fier d’emblée à ces traitements utilisés parfois de manière …/…unique et ne faisant pas l’objet d’une étude scientifique rigoureuse. Nous nous devons d’être prudentes quant aux effets secondaires de ces traitements, à leurs coûts et aux répercussions sur la dynamique familiale. Il nous faut nous informer pour pouvoir répondre aux sollicitations des parents, qui se trouvent parfois face à une pléthore de propositions dites thérapeutiques.
  • [66]
    Peeters T. L’autisme : de la compréhension à l’intervention, Paris, Dunod, 1996, p.80.
  • [67]
    Picture Exchange Communication System.
  • [68]
    Sebti M., « Dessine-moi une journée » : synergie entre une approche psychodynamique et des stratégies psycho-éducatives dans la prise en charge de jeunes enfants à l’hôpital de jour, 2011, pp.1614 in « Dessine-moi un mouton » cadre, permanence et temporalité à l’hôpital de jour, XXXIXe Colloque des Hôpitaux de jour, 7 et 8 octobre 2011, Saint Lô, France.
  • [69]
    Par exemple, l’enfant qui tend ses chaussures à l’adulte pour lui signifier qu’il veut sortir ou aller se promener.
  • [70]
    Preston D., Carter M. A review of the efficacy of the picture exchange communication system intervention. J.Autism Dev Disorder, 2009, oct, 39(10), 1471-86.
  • [71]
    Temple Grandin, 1986 citée dans T. Peeters, L’autisme, de la compréhension à l’intervention, Paris, Dunod 1996 p.81.
  • [72]
    Temple Grandin, Ma vie d’autiste, Paris, Poches Odile Jacob, 2001, p.50.
  • [73]
    Lee L.C., Harrington R.A., Louie B.B., Newschaffer C.J., Children with autism : Quality of life and parental concerns, J. Autism Dev. Disorders 38, 2008, 1147-1160.
  • [74]
    « Les adaptations quotidiennes (hypervigilance, les horaires, déplacement, évitement de certains endroits trop bruyants…) nécessaires au bien-être de l’enfant peuvent peser sur l’organisation des familles. Toute ouverture vers le monde extérieur semble plus difficile à gérer de par les comportements de l’enfant, les difficultés à faire face aux imprévus, mais aussi en réponse aux craintes des regards extérieurs portés sur l’enfant ». A. Wintgens, Le vécu des parents et des fratries d’enfants avec autisme, A.N.A.E., 2008, 100, 317-322.
  • [75]
    Nous nous appuierons principalement sur notre expérience de travail en tant que responsable médicale, au Creuset, institution résidentielle de rééducation pédopsychiatrique, subsidiée par l’INAMI. Cette institution est inscrite au sein de la FSPST (Fédération des structures psycho socio thérapeutiques) qui regroupe, dans le secteur enfants, 18 institutions qui travaillent depuis de nombreuses années et ont eu à prendre en charge des centaines d’enfants et adolescents. La charte de cette Fédération implique une prise en compte du versant psychodynamique dans le traitement des patients.
  • [76]
    Il s’agit soit des centres de jour, soit de centres résidentiels.
  • [77]
    L’investissement peut s’entendre également en termes freudiens et dans ce cas investissement témoigne de la mise en représentations de l’enfant et de ce qu’il véhicule pour chacun de ses parents.
  • [78]
    Les apprentissages se feront via des ateliers ou via un accompagnement à l’école. Au Creuset, les enfants sont accompagnés dans les écoles, selon leurs besoins. Certains bénéficient de la présence dans la classe d’un éducateur de l’institution, d’autres vont à l’école à temps partiel et d’autres encore y vont à temps plein.

1 – Introduction

1L’autisme est une problématique mystérieuse et énigmatique qui suscite bon nombre de débats passionnels et passionnés. Prendre en compte l’évolution de l’autisme en vingt ans est une tâche qui fait resurgir des polémiques que nous ne souhaitons pas réactiver. Notre défi actuel est de nous situer comme pédopsychiatres, dans le balancier allant d’une part vers la nécessité d’éducation et de scolarisation des enfants avec autisme et d’autre part le besoin de soins parfois nécessaires à certains moments de l’évolution de l’enfant, en fonction des événements de vie rencontrés. Nous avons donc pris l’option de situer notre travail auprès de l’enfant et de l’adolescent atteint d’autisme et de sa famille, dans une position d’ouverture et de soutien à la dimension subjective de l’enfant au sein de sa famille, tout en tenant compte de ses spécificités et de sa situation familiale dans nos propositions de prise en charge.

2Après un détour par l’historique de l’autisme au-delà de ces vingt dernières années, nous abordons différents courants théoriques et leur évolution, comme outils pour penser notre travail avec l’enfant atteint d’autisme et avec sa famille. Dans notre description, nous nous appuyons sur les éléments qui nous aident dans la compréhension de la pensée autistique et qui nous soutiennent dans la réalité de notre travail de pédopsychiatre en institution ou en consultations ambulatoires à visée de diagnostic ou d’accompagnement.

3Nous développons chacune certains aspects de notre travail, plus en lien avec notre pratique clinique et nos références théoriques. Certains chapitres seront par ailleurs le fruit d’une réflexion commune.

4Nous insistons sur la nécessité du diagnostic et de la prise en charge précoces. Nous terminons par différentes offres de prise en charge, non exhaustives, ainsi que les intérêts et les limites de chacune d’entre elles.

2 – Historique

5En 1943 [3], Kanner [4] décrivait le tableau clinique de l’autisme à partir de l’observation d’une cohorte de 11 enfants et insistait sur deux symptômes : la solitude et l’immuabilité. L’autisme devenait une entité spécifique et originale qui se différenciait de l’arriération mentale et de la schizophrénie infantile (Hochmann, 2009). À la même époque, Hans Asperger [5] décrivait quatre garçons dont les compétences sociales, linguistiques et cognitives étaient tout à fait particulières. Il intitulait sa thèse : « Les psychopathies autistiques pendant l’enfance ». Cet écrit est resté dans l’oubli jusqu’à ce que Lorna Wing [6] en 1981 s’intéresse à ces descriptions.

6Dans un souci de déstigmatiser les enfants autistes et d’éviter leur exclusion [7], les psychiatres français inclurent pour leur part l’autisme de Kanner dans la classe des psychoses infantiles. Leur distinction n’a pas toujours été très claire ; les écrits faisant parfois mention d’autisme ou de psychose pour un même enfant. Comme le souligne Hochmann (2009), les pédopsychiatres français « s’intéressèrent d’abord aux psychoses où des productions imaginaires non contrôlées envahissent la vie mentale de l’enfant, parce qu’elles leur paraissaient plus accessibles à un traitement psychanalytique strict, alors que les psychoses autistiques relevaient davantage, alors à leurs yeux, de techniques de maternage ». Le diagnostic d’autisme n’était posé que chez des enfants mutiques, en retrait et présentant de nombreuses stéréotypies. Ce diagnostic n’était pas systématiquement transmis aux parents.

7Pendant longtemps, les théories psychanalytiques ont été les seules références théoriques visant à penser la question de l’autisme et à prendre en charge ces enfants

8En 1980, avec l’apparition du DSM III, l’autisme a été décrit comme seule entité dans la catégorie des troubles envahissants du développement. Un débat international sur la nature de l’autisme a vu le jour, mettant l’emphase sur les hypothèses concernant les relations entre les troubles du comportement et le développement cérébral. [8] Les théories cognitives et comportementales [9] (Rutter, Schopler, 1978 ; Baron-Cohen S., Leslie A., Frith U., 1985 ; Frith U. 1989…) ont apporté dans le champ de l’autisme la notion de « pensée autistique ». Celles?ci ont mis en évidence la nécessité de prendre en compte la manière de fonctionner de ces enfants dans leur éducation et leurs apprentissages. Des programmes spécifiques [10] se basant sur ses apports ont été mis en place. Des classes Teacch [11] pouvant intégrer les enfants avec autisme dans un programme scolaire ont vu le jour en Belgique.

9En 1994 dans le DSM IV, sous ce même vocable de troubles envahissants du développement sont apparus un ensemble de troubles « apparentés », dont le syndrome d’Asperger, caractérisé par une symptomatologie autistique associée à de bonnes compétences intellectuelles, ou les troubles envahissants du développement non spécifiés. Avec l’apparition de la notion de spectre autistique, nous avons pu constater une augmentation de la prévalence de l’autisme ainsi qu’une plus grande hétérogénéité de la présentation de ces comportements. Cette hétérogénéité nous indique la voie de la plus grande prudence possible quant aux généralités cliniques et théoriques à propos de l’autisme.

10Actuellement, « Dans la littérature scientifique internationale (DSM–IV ou CIM 10), le diagnostic d’autisme est purement comportemental et repose sur une convention : est décrétée atteinte d’autisme, une personne qui a des difficultés spécifiques à communiquer et à se socialiser et qui présente des intérêts restreints et des comportements stéréotypés, apparus avant l’âge de 3 ans et fixés ensuite jusqu’à l’âge adulte » (Hochmann, 2009).

11Pendant un temps, les défenseurs des différents courants théoriques ont pris chacun des positions extrêmes et exclusives, créant un grand désarroi parmi les parents et les soignants.

12La place des parents a fondamentalement changé au cours de ces dernières décennies. De par leurs associations et leur mobilisation, ils sont devenus des interlocuteurs importants auprès des pouvoirs publics et politiques, réclamant une reconnaissance de l’autisme comme handicap [12], un droit à la scolarité de leur enfant et à des prises en charge pouvant être évaluées. En 2005, sous l’impulsion des associations de parents qui souhaitaient qu’un diagnostic clair et précis soit donné à leurs enfants, estimant que bien des parents faisaient un parcours du combattant avant d’obtenir une aide quelconque pour leur enfant, des centres de référence des troubles du spectre autistique ont été créés. Ces centres ont pour mission de poser des diagnostics d’autisme le plus précocement possible, dans le but de proposer des prises en charge multidisciplinaires aux enfants, le plus tôt possible. Les notions de diagnostic et de prise en charge précoces font consensus dans la littérature clinique et scientifique [13][14].

3 – Comment se situer dans l’ensemble des théories élaborées autour de l’autisme ?

13À l’heure actuelle, l’ouverture et l’intégration de différentes théories chez un même enfant permettent de prendre en compte l’enfant dans sa globalité et de s’appuyer sur la spécificité de son autisme, de sa famille et de son environnement.

14Ces différentes théories nous permettent d’élargir notre compréhension du monde de l’autisme et nous amènent chacune des perspectives intéressantes dans notre travail avec l’enfant atteint d’autisme, pris en compte comme sujet. Pour chaque enfant, il nous faut penser et définir un projet spécifique qui comprend l’échange, la communication, l’éducation et la socialisation dans laquelle est prévue la scolarité quand l’enfant peut y accéder.

15L’autisme est un trouble majeur de la relation sociale et l’intégration des différents champs théoriques et cliniques est source d’enrichissement face à cette pathologie énigmatique.

16En fonction de nos pratiques, nous nous référons davantage à certaines théories que nous allons chacune développer.

3.1 – L’approche psychanalytique de l’autisme infantile. Partie développée par C. Vander Vorst

17Du point de vue psychanalytique, le retrait, la recherche d’immuabilité et le mutisme sont l’expression de mécanismes de défense face à l’angoisse extrême à laquelle le sujet doit faire face. Angoisse innommable, impensable qui l’envahit face à la présence de l’autre et en réponse à toute demande qui pourrait lui être adressée.

18Vu l’espace qui nous est imparti, nous avons pris l’option d’aborder, pour cet article, les concepts psychanalytiques qui nous permettent d’appréhender le développement psychique et ses avatars dans l’autisme ainsi que ceux qui éclairent la question du langage et de la communication. Nous ne développerons pas les importants apports de F. Tustin [15] concernant les objets autistiques, ni les travaux de G. Haag [16] à propos des signes repérables chez l’enfant autiste traité, ni non plus la pensée théorique de J.-C. Maleval [17] concernant les objets et le bord autistiques. C’est pourquoi, bien que nous intégrions ces apports dans nos pratiques, nous avons pris ici, le parti de nous centrer sur ce qui dans le travail pédopsychiatrique avec l’enfant et sa famille permet de développer les liens, les échanges, et l’inscription de ceux-ci, au niveau psychique.

19Les repérages émanant des théories psychanalytiques sont un apport considérable pour théoriser et penser le développement de l’appareil psychique et ses avatars dans l’autisme. Nous aborderons quelques conceptions psychanalytiques : le travail de représentations à partir de la lettre 52 de Freud, le modèle de la pulsion [18], le stade du miroir et les concepts d’aliénation et séparation.

20Nous prendrons appui principalement, sur les travaux de M.-C. Laznik [19] qui a centré une partie de ses recherches sur la nécessité de détecter de manière précoce les troubles autistiques. Pour ce faire, elle a repéré deux signes [20] destinés aux pédiatres afin de dépister les bébés ayant un risque d’autisme : le premier signe étant l’absence de regard entre le bébé et son Autre primordial [21] et le deuxième signe étant l’absence du troisième temps du circuit pulsionnel oral. Nous verrons le lien qu’elle établit avec les traces et les représentations qui s’inscrivent chez l’enfant grâce à un échange privilégié et libidinalisé avec l’Autre. Elle a également su saisir l’importance d’intégrer à sa clinique les résultats des recherches effectuées dans le domaine des neurosciences. En se référant à la lettre 52 [22], écrite par Freud à Fliess, en 1896, texte important qui permet « de distinguer les divers temps logiques de la constitution de l’appareil psychique » [23], M-C. Laznik met en évidence le parcours nécessaire entre la perception et la conscience pour qu’une « représentation puisse s’inscrire et devenir consciente » [24]. Le premier niveau d’inscription est « une première organisation signifiante, qui se situe en deçà de l’inconscient comme structure » [25].

21Dans l’autisme, nous observons qu’il y a des signifiants, [26] mais la fonction de représentation leur est bloquée [27]. Si l’appareil psychique ne fonctionne qu’au niveau des traces, elles restent inaccessibles [28]. Chez les très jeunes enfants autistes, les mécanismes de refoulement n’opèrent pas et l’inconscient [29] ne se constitue pas.

22Le mécanisme de défense propre au premier registre d’inscription est l’élision. Pour un enfant autiste, la perception d’un objet peut subitement cesser, comme nous pouvons l’observer dans le repli autistique. Il y a des traces perceptives, mais elles sont désinvesties par l’enfant. « Cela suppose non seulement un retrait massif d’investissement du système perceptif, mais encore un ratage de la deuxième inscription dans l’inconscient » [30].

23C’est par le regard et la présence de l’Autre primordial, qui voit l’enfant unifié et par ailleurs, doté de toutes sortes d’attributs, que celui-ci va pouvoir se voir lui-même dans un temps suivant. Le circuit de la pulsion [31] comporte trois temps : le temps actif, le temps passif où le bébé prend son corps propre comme objet de la pulsion et le temps dit réflexif, qui est le temps « de se faire ». « La satisfaction pulsionnelle se donne en parcourant les différents points du circuit pulsionnel » [32]. Le troisième temps est en fait une apparente passivité. Le bébé cherche, crochète la jouissance de l’Autre. En ce qui concerne la pulsion orale, le bébé joue à se faire manger par l’Autre dans le jeu du semblant. C’est à ce temps qu’apparaît le sujet de la pulsion qu’est l’Autre. Quand le troisième temps a lieu, « sur le pôle hallucinatoire de satisfaction primaire, va rester quelque chose de la représentation de désir, non seulement des caractéristiques de ce proche capable de porter secours qu’est l’Autre (Nebenmensch), mais encore, quelque chose de la jouissance de cet Autre » [33].

24M-C. Laznik préconise de libidinaliser de façon intense la prosodie vocale, de manière à s’adresser à l’enfant autiste comme la mère le fait à son nourrisson, car cette libidinalisation de la voix favorise l’inscription signifiante. L’affect de joie et d’émerveillement favorise un accrochage signifiant avec l’enfant autiste. Pour qu’une situation ait du sens, il faut qu’elle passe par l’Autre. L’enfant autiste a un défaut de reconnaissance des émotions. La théâtralisation des émotions rend explicites les émotions de l’Autre. Par ailleurs, cette mise en scène de l’émotion introduit la dimension du semblant qui matérialise une certaine distance entre l’affect de l’objet et l’enfant, ce qui le rend moins dangereux et moins énigmatique.

25Le concept d’aliénation/séparation [34] est un autre repère psychanalytique, qui complète les éléments abordés précédemment. Il s’agit, selon l’enseignement de Lacan, de deux temps constitutifs du sujet. Dans la problématique autistique, le sujet reste au bord de l’aliénation, il ne s’aliène pas dans la chaîne signifiante. Il crie, mais il n’appelle pas, car l’inscription signifiante n’opère pas. « Le processus de parole ne commence pas seulement au moment où l’on parle, mais s’appuie sur des perceptions qui sont des inscriptions dans le corps. » [35] Ce retranchement de l’aliénation est une position subjective, [36] mais une position dramatique, car l’enfant n’a pas les signifiants, donc les mots, pour penser, dire, ce qu’il vit, ce qui se passe dans son corps ; ni pour comprendre, appréhender l’autre : ses mimiques, sa voix, ses intentions… Ainsi, l’enfant autiste est-il incapable de reconnaître les émotions d’autrui et les siennes propres. Le clivage semble définitif et il ne lui reste qu’une sorte d’apprentissage des codes, ce dont témoigne D. Williams [37]. On retrouve également ces éléments dans le livre de Mark Haddon [38], Le bizarre incident du chien pendant la nuit, où Christopher, atteint d’un Syndrome d’Asperger, fait des plans pour régler et organiser l’espace et des schémas pour tenter de comprendre les autres.

26Les mécanismes de défense (l’élision du signifiant et la position de rester au « bord de l’aliénation ») qui seraient propres à l’autisme nous permettent d’aborder et d’éclairer la question des stéréotypies langagières. « Les enfants autistes sont des sujets, mais non des énonciateurs » [39]. Dans l’autisme, lorsque le sujet parle, c’est comme s’il n’y avait pas de récepteur et pas d’énonciateur, tout se passe comme s’il s’agissait d’une bobine qui se déroulait sans interruption : il y a un évidemment de sens.

27B. Touati reprend l’article que Kanner a écrit en 1946 : « la signification d’un mot devient rigide et il ne peut plus être employé qu’avec la seule connotation acquise l’origine » [40]. Ce point est très important, car cela nous indique que, même dans les stéréotypies les plus incompréhensibles, il y a une signification pour l’enfant autiste. « Il est possible de déchiffrer certaines phrases apparemment dépourvues de signification, en les replaçant dans leur contexte » [41]. Il me semble que l’on peut envisager que l’affect a été perdu, que la scène a été traumatique et qu’elle n’a pu s’inscrire, le sujet répétant sans fin le trauma pour être entendu ou l’associant dans une situation similaire. Il s’agit de mots dépourvus de tout affect désorganisant. [42]

28Voici quelques conséquences dans la rencontre avec l’enfant autiste, découlant de ces hypothèses théoriques. Le premier pas est d’envisager un possible sujet, car, comme le dit Laznik de manière précise, en parlant des premières interactions que le bébé a avec son Autre : « l’impossibilité d’anticiper rend impossible que cela advienne ». Cette voie vise de faire un appel d’un cri. À cet égard, l’Autre de l’autiste veillera à se faire le récepteur en supposant un appel et dès lors, en supposant un sujet. Il s’agit également d’envisager un possible sens afin que l’enfant figé dans ses stéréotypies langagières puisse s’appuyer sur les adultes (parents et thérapeutes), dans un lien vivant où il pourra y être entendu. Les traces mnésiques pourront être réinvesties par l’appareil psychique de l’enfant.

3.2 – Les théories neurocognitives. Partie rédigée par A. Wintgens

29Certaines hypothèses concernant le fonctionnement mental des sujets avec autisme ont été élaborées à partir de situations expérimentales où il est demandé à l’enfant atteint d’autisme de remplir une tâche. Les résultats sont comparés aux résultats d’enfants non atteints. Nous retiendrons principalement :

La théorie de l’esprit

30La théorie de l’esprit, décrite initialement par Baron-Cohen [43], avec son protocole expérimental de « Sally and Ann », est cette capacité à se mettre à la place de l’autre et à lui attribuer des états mentaux.

31À partir du tableau de Georges de la Tour : « Le Tricheur », U. Frith [44] nous explique comment, sans voir l’état d’esprit des personnages, nous pouvons attribuer à chaque personne une intention. La théorie de l’esprit nous permet de « prédire les relations qui existent entre des états de fait externes et des états d’esprit internes. On pourrait appeler cela une capacité de « mentalisation »… Nous ne pouvons nous empêcher de prêter des intentions, des connaissances et des sentiments à autrui. »

32Les personnes atteintes d’autisme éprouvent des difficultés à se mettre à la place de l’autre, à tenir compte des indices faciaux ou corporels de l’autre, pour leur attribuer des états mentaux et à différencier leurs états mentaux de ceux d’autrui. Ils présentent une « cécité mentale ».

33Si toutefois ils réussissent, en prenant le temps à attribuer des états mentaux aux personnages à partir d’images de scénarios sociaux en situations statiques d’évaluation, ils se montrent beaucoup plus démunis dans des situations sociales dynamiques de la vie de tous les jours. Les études de neuro-imagerie ont mis en évidence chez les personnes avec autisme, y compris chez celles qui compensent bien, une activité du cerveau pendant la mentalisation plus faible, que chez les personnes sans autisme. Ces études renforcent l’hypothèse d’une cécité mentale dans l’autisme [45].

34Georgieff [46] souligne de ce fait les liens entre méta-représentation, action ou intention et théorie de l’esprit, nécessaires dans le développement des jeux de « faire-semblant », où l’enfant utilise les objets librement et non pour leurs représentations en eux-mêmes, souvent absents chez les enfants avec autisme.

35« Les notions de théorie de l’esprit, de contagions sociales ou d’empathie (étendue aux états émotionnels) introduisent ainsi dans le répertoire des fonctions cérébrales et cognitives une nouvelle dimension fonctionnelle liée à la représentation d’autrui et à l’intersubjectivité. » [47] (Georgieff, 2008). Selon Golse (2012) [48], l’intersubjectivité est comprise comme le fait d’éprouver que soi et l’autre cela fait deux et que tous deux existent de manière distincte avec un écart intersubjectif. De cette manière, l’autisme est considéré comme un échec de l’accès à l’intersubjectivité. M. Lemay (2004) [49] souligne que cet échec à l’accès progressif de l’intersubjectivité semble s’opérer peu à peu et apparaît parfois à des moments plus tardifs que lors des prémices de la vie psychique.

36Une autre implication de la théorie de l’esprit dans l’autisme est l’atteinte de la pragmatique du langage. Les enfants avec autisme ont une compréhension littérale du langage et ont peu d’accès au langage implicite et aux métaphores. Dans le même ordre d’idée, les enfants avec autisme accèdent difficilement à la compréhension de l’humour, n’ayant pas les capacités d’attribuer à autrui des intentions et des états mentaux. Un certain nombre d’enfants peuvent identifier chez l’autre et en eux-mêmes des sentiments majeurs comme la colère, la tristesse, la joie et y réagir, mais sont en difficulté par rapport à des sentiments plus nuancés tels que la gêne ou la honte. Ces enfants sont décrits comme honnêtes et n’utilisant pas le mensonge, ne pouvant pas envisager les sentiments que certains propos peuvent provoquer sur l’autre telles des remarques sur le physique d’une personne, par exemple.

Le manque de cohérence centrale

37Selon U. Frith [50], la cohérence centrale peut être perçue comme une force qui rassemble des quantités d’information. Une faible cohérence centrale permettrait de détacher une figure de l’ensemble auquel elle appartient, comme dans les tâches d’assembler des pièces de puzzle ou de trouver des figures cachées. Chez des enfants atteints d’autisme, la cohérence centrale se trouve diminuée, ce qui les amène à traiter l’information de manière détachée et fragmentaire. Cette hypothèse permet de rendre compte des résultats exceptionnels de ces enfants dans les tâches comme les cubes (épreuve du test d’intelligence) ou les figures cachées. Une étude de Klin (2002) [51] a mis en évidence le fait que lorsque les personnes avec autisme regardent des visages, elle se focalise de manière plus importante sur la bouche que sur les yeux. Elles sont beaucoup plus sensibles aux détails qu’à l’ensemble du visage. Cette vision fragmentée rend la reconnaissance des émotions beaucoup plus complexe et met à mal le jeune avec autisme dans sa compréhension du monde social.

La perception des stimuli non sociaux

38Après avoir analysé différentes recherches, Mottron [52] met en évidence que les résultats de ces études qui suggèrent qu’il existe une capacité anormalement élevée à extraire et à distinguer les paramètres psychophysiques de l’environnement chez les personnes avec autisme. Mottron étudie la hiérarchisation perceptive c’est-à-dire les rapports de priorité entre les aspects globaux, configurationnels et les aspects locaux des stimuli visuels et auditifs lors de leur traitement perceptif. L’étude de stimuli hiérarchique dans le domaine de l’audition (mélodies modifiées en respectant ou en ne respectant pas le contour mélodique) a mis en évidence une supériorité de la détection des éléments « locaux » (modification d’une note isolée qui laisse inchangé le contour mélodique). En revanche, la capacité de transposer une mélodie est intacte (Mottron, 2000) [53]. Cette recherche suggère l’absence de déficit dans le traitement global et une supériorité du traitement des propriétés élémentaires dans le domaine visuel et auditif dans l’autisme, ce qui pourrait expliquer la supériorité des personnes avec autisme dans des épreuves visuo-spatiales. D’après Mottron, le traitement global des visages est intact dans l’autisme, mais leur traitement local est supérieur.

39L’ensemble des études comportementales et d’imagerie suggère donc que les personnes avec autisme traitent visages et stimuli composites non sociaux de façon « plus locale » et « physique » que les sujets normaux. Cette hypothèse ne rejoint pas celle d’U. Frith sur la faiblesse de la cohérence centrale chez les personnes avec autisme.

Le trouble des fonctions exécutives

40Les fonctions exécutives comprenant les capacités de planification, d’organisation, de sélection des priorités, d’inhibition et de contrôle de l’impulsivité peuvent se trouver altérées chez les personnes avec autisme, ce qui engendre des difficultés organisationnelles dans leur quotidien, mais aussi dans leur scolarité. Toutefois, ces difficultés ne sont pas spécifiques à l’enfant avec autisme et peuvent se présenter de manière variable d’un enfant à l’autre.

Les théories développementales : l’imitation

41J. Nadel [54] a consacré ses recherches développementales sur les capacités d’imitation des enfants avec autisme. Elle différencie l’imitation provoquée de l’imitation spontanée. L’imitation provoquée est plus difficile à réaliser pour ces enfants. Par contre en situation spontanée, les enfants imitent les actions attractives et les gestes familiers, lorsque les objets sont présents en double exemplaire. L’imitation peut dès lors être synchrone. Ils reconnaissent également être imités. En comparaison à d’autres modes d’interaction, l’imitation permet d’interpeller l’enfant et de l’inciter à prendre des initiatives.

4 – Le diagnostic. Partie rédigée par A. Wintgens

42Le diagnostic clinique et affiné est nécessaire et prend du temps pour évaluer les besoins de l’enfant et ceux de sa famille, ainsi que pour orienter la prise en charge de l’enfant. Le diagnostic doit permettre d’élaborer les difficultés de l’enfant et des parents en lien avec lui. Parallèlement, le diagnostic viendra souligner les ressources de l’enfant et stimulera les parents à mettre en place tout un dispositif pour permettre à leur enfant d’évoluer et de trouver sa place au sein de sa famille et dans notre société.

43À l’heure actuelle, nous faisons face à différents modes de repérage des symptômes. Soit, il s’agit de parents faisant la démarche de leur propre initiative, alors qu’ils ont été rassurés par l’entourage et le monde médical. Ils sont interpellés par leur enfant, les difficultés qu’ils éprouvent à être en lien avec lui, à communiquer et par la présence de comportements atypiques. Soit, nous rencontrons des parents qui sont interpellés par leur environnement scolaire ou médical sur des signes particuliers, présents chez leur enfant. D’autres parents encore, ont déjà fait des démarches auprès d’organismes d’accompagnement d’enfants avec autisme, ils ont lu sur le sujet et ont déjà fait eux-mêmes le diagnostic pour leur enfant.

44Il s’agit donc de différents modes de présentation auxquels nous devons, dans la mesure du possible, adapter notre temps d’annonce. Tant que le diagnostic n’a pas été posé par des professionnels, un doute reste pour les parents. Et même si certains parents semblent prêts à entendre un diagnostic, même s’il parle d’autisme clairement pour leur enfant, le fait, comme professionnel, d’annoncer ce diagnostic peut être souvent vécu comme un couperet : il y a un avant et un après. Ce qui pouvait rester à certains moments dans l’imaginaire parental devient une épreuve de réalité, une épreuve qui signe la différence.

45Comment travailler l’effet du diagnostic sur l’enfant, ses parents et sa famille ? Comment éviter que le diagnostic ne referme toutes les portes entrouvertes au cours de l’évaluation et qu’il soit la réponse à toutes les difficultés nommées précédemment ? Comme pédopsychiatre, accompagner le cheminement des parents face à leur enfant différent est un véritable défi, à un moment où les parents considèrent l’autisme comme un handicap, c’est-à-dire ne relevant pas forcément de soins pédopsychiatriques. Ce diagnostic vient dès lors faire oublier que comme toute pathologie, il s’inscrit dans une histoire familiale dont il modifie la dynamique, rouvre les blessures et fait resurgir les fragilités. En d’autres termes, la notion de handicap ne met pas à l’abri de l’existence possible d’une souffrance psychique pour l’individu et pour sa famille et la nécessité à certains moments de traitements psychologiques ou pédopsychiatriques.

46L’annonce du diagnostic permet pour un certain nombre de parents de s’ouvrir davantage à la rencontre de leur enfant, qui leur paraissait ailleurs ou étranger, indifférent parfois à leur présence. Elle leur permet de redécouvrir leur enfant avec de nouveaux repères et de consolider leurs liens. Pour d’autres, ce diagnostic provoque un effondrement, un bouleversement de l’équilibre familial mis en place jusqu’à présent. Les parents doivent faire face au rejet des écoles maternelles et à l’absence d’alternative. Ils se retrouvent à la maison avec leur jeune enfant dont personne ne veut, car il perturbe la classe ou risque trop de se mettre en danger.

47La notion de spectre autistique ouvre le champ de l’autisme à des modes de présentations différentes, incluant de jeunes autistes avec des capacités spéciales, des musiciens hors pair par exemple… ces images véhiculées auprès du grand public via les médias, font parfois de l’ombre à une autre réalité, celle de bon nombre d’enfants qui présentent une pathologie autistique sévère avec un déficit cognitif important [55].

48Ces images de l’autisme porteuses d’espoir poussent des parents désemparés face aux difficultés de leur enfant à venir chercher un diagnostic d’autisme pour leur enfant. L’espoir est alors de trouver des méthodes spécifiques d’apprentissages sur le plan scolaire et social qui pallieront les lacunes et le manque de ressources qui trouvent leur origine dans une manière différente de fonctionner. Cette suspicion d’autisme vient ainsi clarifier les difficultés d’ordre relationnel, comportemental, scolaire et donne une explication aux problèmes rencontrés avec l’enfant.

49Dès lors, le non-diagnostic d’autisme engendre une déception majeure chez certains parents qui restent avec leur questionnement face à leur enfant. Ce non-diagnostic ouvre parfois le champ de structure de personnalité plus complexe telle que celle décrite dans la psychose, ou selon le DSM IV-TR le trouble envahissant du développement non spécifié, qui peut davantage effrayer le parent et le laisser plus démuni quant à ce qu’il peut mettre en place pour son enfant. Ce non-diagnostic aboutit parfois à la notion de retard de développement ou de déficit cognitif, en fonction des âges. Ce diagnostic est souvent beaucoup plus difficile à accepter, car il vient d’emblée positionner les limites de l’enfant et oblige les parents à renoncer à certains projets que le spectre autistique pouvait laisser entrouverts.

Et la fratrie…

50Au-delà des parents, il nous semble essentiel d’intégrer la fratrie dans ce processus de diagnostic [56]. Informer les frères et sœurs du trouble autistique de l’enfant contribue à favoriser le développement des liens au sein de la fratrie [57]. Cette information peut émaner des parents, mais peut également être l’objet d’une rencontre pédopsychiatrique avec la fratrie. Nous sommes toujours étonnées des observations judicieuses que les frères et sœurs peuvent apporter quant au comportement de l’enfant avec autisme, et de la manière dont ils ont déjà perçu les particularités et l’étrangeté de cet enfant. Ce qui suscite parfois un questionnement quant à la différence et quant à leur propre identité au sein d’une telle fratrie. Comprendre que le besoin d’isolement de l’enfant atteint d’autisme n’est pas synonyme de rejet, mais d’une autre manière d’être au monde, est parfois un moment-clé dans la relation au sein de la fratrie.

5 – Un consensus : la nécessité d’une prise en charge précoce. Partie rédigée par C. Vander Vorst

51La nécessité d’une prise en charge précoce suppose la connaissance des signes précoces [58] que le jeune enfant peut présenter.

52L’intervention précoce auprès de l’enfant et de sa famille est déterminante pour favoriser son développement. Il est indispensable d’offrir à l’enfant un environnement stimulant adapté à ses besoins d’autant que du point de vue biologique, les circuits neuronaux et les schémas sensori-moteurs se développent précocement et à certaines périodes relativement déterminées.

53Dans le cas de l’autisme, nous pouvons relever certains paradoxes.

54Premièrement, l’enfant autiste, de par son retrait, ses troubles du comportement et son retard de langage, suscite entre autres, incompréhension, paralysie, angoisse, impuissance et souffrance chez les adultes qui s’occupent de lui. Pourtant, c’est dans la rencontre avec l’Autre qu’il se constitue et dans les échanges qu’il se construit. C’est de la qualité de la présence de l’Autre que dépend sa constitution en tant que sujet humain.

55Deuxièmement, le diagnostic ne peut se poser qu’à partir de l’âge de trois ans. Avant cela, nous courrons le risque de stigmatiser un enfant et de passer à côté d’autres difficultés. Cependant, ces paradoxes n’empêchent en rien ce consensus… La clinique et la biologie nous indiquent clairement qu’il ne faut pas retarder la mise en place d’un environnement rencontrant et stimulant l’enfant de manière adéquate.

56Précisons que les axes de travail dans la petite enfance sont différents de ceux qui sont à privilégier chez des enfants plus âgés.

57La prise en charge d’un petit enfant présentant des signes du spectre autistique se conçoit à partir des interactions précoces : celles qu’il noue avec chacun de ses parents et celles qu’il construit avec les soignants. Celle-ci se veut globalisante, ceci en vue d’unifier et de rassembler le corps, afin qu’une image du corps puisse se constituer. Le travail corporel sera privilégié dans un premier temps. Mais comme nous l’avons vu avec M-C. Laznik, ce travail ne peut s’inscrire dans le corps et la psyché de l’enfant que s’il s’expérimente dans un échange libidinalisé avec l’Autre primordial, incarné par les parents et par le thérapeute. Une certaine qualité de présence et de circulation de la parole, des échanges entre les différents acteurs sont le garant d’une inscription de l’enfant-sujet dans un lien social. La stimulation doit pouvoir se vivre dans un échange ludique, de plaisir partagé, ceci avant n’importe quelle autre visée. C’est ainsi que des prises en charge (r)éveillant la créativité des parents, de l’enfant et des thérapeutes peuvent prendre leur place précocement. Par ailleurs, c’est à partir d’un lien avec le thérapeute que le traitement montrera son efficacité, et ce quel que soit le média utilisé. Ce lien doit s’inscrire également dans un lien avec les parents, lien sur lequel ils pourront s’appuyer, lien à la base de l’étayage psychique de chacun.

58Le traitement de la communication se fait dans un second temps quoique, la parole adressée à l’enfant et à ses parents lui offre déjà un bain de langage et participe à l’inscription de traces de perceptions, support de la future représentation. Dans ces paroles qui lui sont adressées, il pourra y puiser l’intérêt pour le langage ainsi que le sens de s’y exercer. Tant que les signes précurseurs du langage, tels le pointage proto-déclaratif et l’attention conjointe sont absents, il semble délétère d’introduire des modèles de rééducation du langage expressif, car cela peut renforcer l’enfant dans son refus et peut participer à rigidifier sa position autistique. Cependant, les moyens alternatifs de communication et particulièrement la gestuelle corporelle et les images, sont à envisager pour autant qu’ils soient introduits dans un contexte d’échange et dans un lien qui est déjà établi solidement.

59Pour terminer cette approche non exhaustive, insistons sur l’importance de la co-modalité [59] ainsi que la notion d’accordage affectif [60] dans la prise en charge précoce de l’enfant atteint d’autisme.

60Par ailleurs, un temps et un espace avec les parents, pour penser leur enfant est nécessaire. Ce travail de réflexion implique également la prise en compte de la réalité du quotidien que l’autisme de l’enfant engendre. Ce cheminement peut éventuellement dégager les événements traumatiques du passé qui entravent la rencontre avec l’enfant dans sa réalité. Ces rencontres peuvent amener à élaborer le deuil de l’enfant « normal » [61] ou encore à se décharger de la culpabilité. Nous devons ainsi travailler avec deux temporalités différentes : celle du parent adulte et celle de l’enfant en développement. Les entretiens avec l’enfant et ses parents sont l’occasion d’être un lieu d’adresse pour l’enfant ainsi que le lieu de lui adresser une parole porteuse de sens.

6 – Rôle du pédopsychiatre dans l’orientation de la prise en charge [62]

61Chaque courant théorique apporte sa spécificité à l’enfant avec autisme à un moment ou à un autre de son évolution. Il nous semble donc primordial de pouvoir adapter les traitements à chaque enfant et sa famille, en tenant compte des besoins de l’enfant au niveau des soins, de l’éducation et des apprentissages et de revoir ces prises en charge en fonction de l’évolution de l’enfant et en concertation avec les parents et les différents acteurs du projet. L’hétérogénéité des manifestations autistiques et des contextes familiaux et sociaux nous amène à proposer une diversité de prises en charge.

6.1 – L’importance de la scolarisation

62Les parents ont défendu la place de leur enfant à l’école d’enseignement classique ou individualisé. La recherche d’un enseignement adapté est pour nous une priorité pour permettre à l’enfant de se socialiser et de bénéficier d’un cadre structurant, tenant compte de sa manière de fonctionner et de ses difficultés. Les classes avec des programmes Teacch ont été créées dans les années 1970 par Schopler en Caroline du Nord. Ce type de classes a vu le jour en Belgique à la fin des années 1980 [63] et propose à l’enfant un projet individualisé dans une classe structurée visant à favoriser l’autonomie, la communication et les apprentissages. Depuis peu, le « décret intégration » [64] permet à certains enfants avec de bonnes capacités intellectuelles de poursuivre une scolarité classique moyennant l’aide de personnes extérieures pour certaines matières scolaires faisant plus appel à l’abstraction, à la compréhension et à l’organisation, de même que pour un travail d’intégration faisant appel aux scénarios sociaux. Les parents et les enfants sont néanmoins confrontés à l’heure actuelle à un manque cruel de places dans les écoles. Des enfants séjournent donc parfois à la maison, obligeant les parents à adapter leur organisation professionnelle en fonction de la présence de leur enfant. Alors que l’obligation scolaire est inscrite dans la loi à partir de 6 ans, certains parents face à cette situation intolérable ont été amenés à des actions en justice pour obtenir la création de places scolaires.

6.2 – L’offre thérapeutique [65]

63Nous avons déjà insisté sur la nécessité de la prise en charge précoce avant l’âge de 3 ans, qui fait consensus au sein de la littérature.

Les moyens de communication alternatifs

64Le langage verbal utilisant trop de notions abstraites pour les jeunes avec autisme, l’utilisation de systèmes de communication visuels clarifie pour eux la relation qui existe entre le signifiant et le signifié [66]. Le langage des signes quant à lui, ne permet pas toujours une signification suffisamment claire entre le symbole et sa signification.

65Au travers de la méthode PECS [67], l’enfant va utiliser différents pictogrammes en vue d’échanger, de demander, d’attirer l’attention, de refuser ou de partager de l’information… Les images [68] peuvent également être un support pour différencier les événements d’une même journée. Elles offrent un moyen de se représenter les personnes absentes, elles peuvent également représenter un tiers dans la relation. Elles permettent d’anticiper les activités, de réduire l’angoisse liée aux changements et offrent un support pour un début de communication.

66Avec les enfants atteints d’autisme présentant un retard de développement important, la compréhension des dessins est parfois trop compliquée et l’utilisation d’objets concrets [69] peut soutenir l’enfant à développer une communication pour ses besoins basiques. Ses ébauches de communication permettent parfois d’éviter des crises de frustration par manque de compréhension.

67Bien que la clinique nous semble amener des résultats plus probants dans le développement du langage, une revue de littérature sur le sujet [70] met en évidence le fait que le PECS procure un moyen de communication pour les personnes avec peu ou pas de langage. Toutefois, les effets sur le développement du langage restent encore peu clairs.

68L’utilisation de ces images doit bien évidemment accompagner l’enfant dans ces différents lieux de vie pour permettre qu’il développe ses échanges en lien avec des personnes différentes. La mise en place de ce système par des logopèdes formées à la communication nous paraît une aide essentielle dont tous les enfants ne présentant pas une agitation motrice trop marquée et ayant un minimum de capacités d’attention conjointe doivent pouvoir bénéficier en présence de leurs parents.

69« Je me souviens que la parole n’avait pas plus d’importance pour moi que les autres bruits… J’ai commencé à comprendre la signification des mots isolés à partir du moment où je les ai vus écrits. » [71]

70Les repères visuels et le passage par l’écriture aident beaucoup de ces enfants à intégrer l’information et à leur donner des repères temporels. Ils contribuent également à diminuer les sources d’angoisse et favoriser le lien à l’autre.

L’accompagnement des parents et des familles

71« Ma belle enfant… quand elle est sage, elle est très, très sage et quand elle est méchante, elle est atroce. Mais je dois souligner que, même aux pires moments, elle est intelligente et passionnante. C’est amusant de vivre avec Temple et elle est une compagne très chère. »[72]

72Vivre avec un enfant atteint d’autisme est un véritable défi, qui engendre un stress parental au quotidien, bien plus important que d’autres problématiques tels le syndrome de Down, l’hyperactivité ou le retard mental [73][74].

73L’accompagnement des parents et de la fratrie doit pouvoir s’offrir aux familles bien au-delà de l’annonce du diagnostic.

74Le travail avec l’enfant et ses parents nous montre que nous devons recevoir les familles là où elles sont, dans la réalité de leur quotidien parfois tellement agitée et problématique…Il ne faut pas oublier que la demande est d’aider leur enfant dans ses difficultés et que cette demande n’implique pas nécessairement une demande thérapeutique pour les autres membres de la famille, même si cela s’avère parfois utile aussi. Sans cela, nous risquons de ne jamais pouvoir établir un lien, même tenu avec elles. La vie avec un enfant atteint d’autisme engendre un ensemble de difficultés pratiques et concrètes au quotidien. C’est en les écoutant et en tentant parfois des propositions ou des solutions concrètes, discutées avec eux, que peu à peu nous pouvons rejoindre les parents et tisser, avec le temps, le fil d’une alliance thérapeutique. Nous les soutenons ainsi dans les nombreuses stratégies créatives qu’ils mettent en place pour faire face aux comportements atypiques de leur enfant. Le travail pédopsychiatrique avec les parents d’enfants atteints d’autisme est un travail spécifique qui nous oblige à adapter notre cadre, à avancer à leur rythme tout en gardant en tête nos repères théoriques et cliniques.

75Cette alliance va parfois permettre aux parents d’entrouvrir les portes de leurs souffrances et de leurs blessures narcissiques longtemps enfouies. Mais un temps de cheminement est nécessaire et doit être respecté. Ce type d’approche est loin d’être une demande formulée par tous les parents. C’est parfois en situation de crise que nous serons interpellées par ces familles sur leurs souffrances au quotidien, leur désespoir, leurs sentiments d’ambivalence vis-à-vis de cet enfant. Une demande de soutien et d’élaboration deviendra peut-être plus claire pour ces parents.

76Nous sommes d’ailleurs très interpellées par ces enfants et jeunes adolescents qui vont présenter des troubles du comportement majeurs, alors que d’autres vont traverser les périodes tumultueuses de l’adolescence avec une certaine sérénité. L’ouverture des familles à une remise en question et l’intégration du jeune au sein de la famille dans un cadre contenant et structurant nous semblent contribuer à cette sérénité. Notre rôle est dès l’annonce, de soutenir les parents dans la contenance qu’ils peuvent donner à leur enfant, tout en intégrant les limites de leur enfant et en adaptant leurs exigences. La socialisation est également un élément de base. Ce travail de prévention nous semble essentiel pour préparer ces jeunes à l’entrée dans l’adolescence et permettre aux parents de ne pas être dépassés par les comportements extrêmement envahissants de leur enfant.

77Dès l’annonce du diagnostic, notre rôle consiste à soutenir les parents dans leur place de parents, eux devenus par la force des choses des spécialistes de leur enfant, en évitant qu’ils ne deviennent des éducateurs spécialisés. Quand le réseau de rééducation est loin ou saturé, comment trouver un équilibre entre développer les capacités relationnelles et le partage de plaisir avec son enfant et le stimuler comme un éducateur spécialisé, au risque de mettre à l’écart le reste de la famille ? Comment soutenir le bien-être et le développement serein de l’enfant ?

78Comme toute autre enfant, l’enfant avec autisme n’est pas à l’abri d’événements de vie perturbants, de séparations difficiles… Il y réagira à sa manière et avec ses moyens. Une réflexion avec les parents permettra peut-être de mettre en lumière ces événements et leurs répercussions sur l’enfant ou la vie familiale et chercher ainsi à ouvrir des pistes qui pourront permettre d’apaiser l’enfant.

79Nous avons à aborder dans nos rencontres avec les parents un certain nombre de questions. Comment être à l’écoute des besoins des parents et de la fratrie et les intégrer dans la mesure du possible dans la prise en charge de l’enfant ? Comment proposer une prise en charge cohérente entre les différents intervenants en incluant les parents tout en tenant compte de la vie familiale ? Quels dispositifs de répit pouvons-nous proposer aux familles de la petite enfance à l’âge adulte ?

La médication

80Bien que nous ne disposions pas de traitement médicamenteux spécifique à l’autisme, nous sommes parfois interpellées pour apaiser certains comportements qui entravent l’évolution de l’enfant et envahissent son environnement, tels que les troubles du comportement, l’automutilation, les troubles du sommeil… L’origine de ces troubles n’est pas toujours déterminée ; certains changements même minimes dans ses différents lieux de vie peuvent contribuer à perturber l’équilibre de l’enfant. Toutefois, nous restons persuadées qu’une médication à elle seule n’est pas suffisante et doit pouvoir s’accompagner d’une remise en place de repères visuels qui contribuent à une meilleure compréhension de la situation et bien souvent à un apaisement des angoisses. De plus, une réflexion autour du cadre et des repères dans le temps doit être élaborée avec une redéfinition des limites.

Indications de prises en charge institutionnelle résidentielle. Partie rédigée par C. Vander Vorst[75]

81Les institutions pédopsychiatriques [76] doivent être envisagées dans certaines situations et particulièrement lorsque les prises en charge ambulatoires montrent leurs limites. Par exemple, lorsque l’angoisse de l’enfant et celle de ses parents dépassent et débordent tout le monde, y compris les intervenants, la confusion et le chaos peuvent prendre le devant de la scène. Les crises de l’enfant se répètent à un rythme effréné et l’auto et l’hétéro agressivité peuvent mener à la violence. La prise en charge résidentielle, même si elle implique une séparation, va avoir un effet apaisant et protecteur sur les relations intrafamiliales.

82D’autres situations, plus délicates, sont liées au comportement de l’enfant et à ce qui émane de son entourage. La perception de l’enfant et les mots qui lui sont adressés le confinent dans un statut de « mauvais objet ». L’enfant autiste peut nous amener à penser qu’il ne comprend rien et cette croyance peut nous pousser à poser des actes vis-à-vis de lui qui bafoue sa sensibilité et son statut de sujet. L’institution permet à l’enfant de (re)trouver une autre image de lui dans le regard de l’Autre ainsi qu’entendre des paroles plus positives à son égard.

83Lorsque les problèmes se sont tellement accumulés, il arrive que l’enfant soit désinvesti, parfois massivement. La prise en charge institutionnelle apporte une reprise de l’investissement [77] et il est fréquent que les parents prennent appui sur l’investissement des intervenants, pour s’en emparer, pour reprendre confiance dans leur enfant et dans leur capacité de lien avec lui. Nous pouvons ici comprendre l’intérêt de la vie institutionnelle dans certaines situations, car l’enfant y bénéficiera de transferts multiples et, dès lors, de réponses variées et créatives de la part des adultes qui travaillent avec lui.

84Il nous faut ajouter à cette liste non exhaustive les situations extrêmes où l’enfant et les parents courent un grand risque. Dans ces cas, adresser l’enfant à l’institution visera à arrêter l’escalade en jeu. Il importe de rester très vigilant quant aux conséquences d’une telle prise en charge, et particulièrement au risque de rupture de lien entre l’enfant et sa famille. Le temps institutionnel est un passage dans la vie de l’enfant et il est indispensable de penser, dès les démarches d’admission, des perspectives pour lui à la sortie. En effet, sans avenir pensé pour lui, nous induisons une partie de son mal-être. Ce mal-être peut s’exprimer au travers d’une symptomatologie très bruyante et nous laisser croire que cela justifie le placement en urgence, alors que le temps d’élaboration du projet est essentiel pour donner sens au placement dans une temporalité qui tienne compte d’un projet de vie pour l’enfant sur base de liens pérennes.

85Certains enfants présentent un retrait massif de la relation à l’autre. Ils ont acquis une « autonomie parfaite ». Le traitement ambulatoire n’a pas permis de construire un lien avec eux et la prise en charge institutionnelle a sa pertinence même si la situation semble moins spectaculaire.

86Il faut comprendre à la lecture de tout ceci que l’institution a une fonction quasi humanitaire. Elle permet de lutter contre l’exclusion qui peut atteindre tous les lieux dans lesquels l’enfant s’est construit jusque-là : l’école, la famille, les milieux sociaux et publics au sens plus large tels que les magasins ou les plaines de jeux. Dans ces cas, l’exclusion confine à l’isolement non seulement de l’enfant, mais également de sa famille.

87Elle fait également offre d’humanisation dans la mesure où l’enfant sera considéré comme sujet et comme étant un être potentiellement social. Cela ne veut pas dire pour autant que jusque-là il n’aura jamais été considéré comme tel, ou qu’il n’est pas considéré comme tel dans d’autres types de prises en charge. Cela veut dire que l’institution présente des spécificités particulières. En effet, les troubles du comportement d’un enfant tels que son mutisme, son isolement, ses stéréotypies, ses bizarreries quant à l’utilisation des objets, voire de ses excréments, n’y seront pas considérés comme étant à éradiquer d’emblée. Ces manifestations seront envisagées comme étant celles d’un sujet qui cherche à se repérer et qui tant bien que mal, tente de maîtriser ce monde incompréhensible pour lui ou encore comme étant l’expression d’une angoisse importante. Bien évidemment, cela ne veut pas dire que tous les comportements sont acceptés et acceptables ou bien que l’éducation ne fait pas partie d’une nécessité et d’un droit pour chaque enfant. Cela signifie que l’éducation s’insère et s’inscrit dans un souci et une éthique d’humanisation et non de normalisation.

88À ce titre, les mouvements subjectifs de l’enfant seront encouragés. Par exemple, il n’est pas rare que ce qui touche à l’autonomie semble ne pas être son « affaire ». Il se laisse faire ou nous entraîne à le traiter comme un objet et à prendre totalement à notre compte ce qui lui revient. Envisager les manifestations de l’enfant comme ayant une intentionnalité permet que celle-ci émerge. Si nous ne faisons jamais le pari de cette intentionnalité, l’enfant risque de rester dans son mouvement de retrait. Nous faisons donc l’hypothèse que sa position de sujet est exprimée au cœur même de sa position autistique, au-delà de la question de l’étiologie. Faire l’hypothèse du sujet nous semble valable, quelle que soit la pathologie dont souffre l’enfant : qu’il présente un syndrome, une anomalie génétique ou encore un retard mental, cela ne l’empêche pas d’avoir des préférences tant pour ses besoins primaires que pour ses besoins affectifs. Par contre, il est essentiel de lui donner les moyens d’exprimer ses besoins. Cela n’empêche pas non plus de penser qu’il s’est construit dans une histoire et une famille particulière qui détient ses valeurs, ses règles, ses rituels, son humour, ses non-dits et ses secrets.

89Le travail institutionnel se centrera sur plusieurs axes : le travail avec la famille, la socialisation, la communication, les apprentissages [78], le corps et la créativité entre autres. L’apaisement de l’enfant sera cependant le premier objectif avant toute autre perspective. La fiabilité des repères spatio-temporels, la présence et la fiabilité des adultes seront le support de base pour favoriser l’apaisement. Ensuite, la construction progressive d’un lien privilégié avec les adultes permettra d’introduire un déploiement d’activités ludiques et rééducatives.

90La socialisation est, elle aussi, une visée essentielle du travail même si pour ce faire, nous envisageons des détours. Le travail institutionnel vise particulièrement à construire et ouvrir les liens sociaux, mais en partant de ce que l’enfant nous montre comme intérêt. Il ne s’agit pas d’attendre que l’enfant quitte de lui-même ses stéréotypies ou son retrait, mais d’aller vers lui, de lui faire offre d’un lien, d’une expérience, d’une stimulation et d’un décours de journée repérable et fiable. Cependant, ses mouvements de refus ou d’opposition ont également à être respectés en tant qu’expression possible de sa subjectivité.

91Ainsi, nous allons essayer d’élargir son champ, de le déployer et ensuite de le déplacer vers l’extérieur.

92Le travail institutionnel vise à accorder un répit à l’enfant, à ses parents et parfois au réseau qui les entoure. Il soutient une reprise de la vie psychique de l’enfant en tentant, par les multiples interventions, de repérer ses mouvements subjectifs ou tout simplement en les lui attribuant d’emblée, comme préalable à toute forme de traitement. L’enfant y apprend à nouer des liens, en espérant que cette compétence de créer des liens l’accompagnera dans d’autres lieux où le lien social est nécessaire pour y avoir sa place.

93La réunion d’équipe est un temps et un lieu fort de la vie institutionnelle. Le travail qui y est réalisé permet d’interroger les comportements de l’enfant, d’adopter des stratégies cohérentes et de relier entre elles les différentes expériences vécues par les uns et les autres avec l’enfant.

94Le travail avec les parents est essentiel durant la prise en charge de l’enfant. Partager les questions que pose leur enfant à l’équipe peut les mettre dans une autre position : celle d’une connaissance et d’une compétence vis-à-vis de leur enfant qui peut s’avérer éclairante pour l’équipe. Les entretiens familiaux réguliers sont aussi un lieu créé pour que la famille puisse y déposer sa souffrance et élaborer la question du deuil lié aux difficultés rencontrées par leur enfant.

7 – Conclusion

95La question de l’autisme est éminemment énigmatique et est devenue difficile à aborder sans soulever polémiques et conflits. Ne peut-on pas penser que cette impasse résonne avec la difficulté tant pour l’enfant et ses parents de vivre au quotidien, que pour les professionnels confrontés à ce type de patient ? L’autisme reste une pathologie mystérieuse à propos de laquelle, l’avancée des connaissances, bien qu’importante, laisse parents et professionnels face à des questions sans réponse précise, notamment quant à l’origine et l’évolution.

96Afin de nous démarquer des ornières que des débats stériles peuvent produire, nous pensons qu’il s’avère nécessaire de se poser les questions suivantes : « comment penser l’enfant atteint d’autisme et comment envisager sa prise en charge ? » Ces questions devant être débattues, pour un enfant donné, au cas par cas, entre les professionnels qui l’entourent et ses parents, en tenant compte de ce que l’enfant indique et exprime.

97Les théories psychanalytiques sont un support pour penser le développement psychique et ses avatars dans l’autisme. Elles permettent de penser l’enfant en tant que sujet singulier et de penser son mode de relation à sa propre existence, à son propre corps, au monde, aux objets et à autrui.

98Cependant, à l’heure actuelle, d’autres théories nous aident à mieux comprendre certaines particularités des enfants avec autisme. Les différentes avancées dans le champ du développement de la communication et plus particulièrement la méthode PECS, est intéressante et pertinente pour offrir à l’enfant et à sa famille un support d’échange et de communication constructif pour le sentiment de compréhension et la compréhension effective.

99Le travail de socialisation et la question de la scolarisation sont incontournables quoique ces thématiques doivent se penser de manière adaptée aux besoins et aux possibilités de l’enfant.

100Bien évidemment, les troubles du comportement de l’enfant atteint d’autisme, pour lesquels nous sommes régulièrement consultées, participent à entraver l’intégration de l’enfant ou l’adolescent dans le monde et peuvent le mener à une exclusion majeure, ceci sans compter l’isolement de la famille pour laquelle le regard d’autrui peut pousser à rester cloîtrés.

101Le patient atteint d’autisme doit pouvoir bénéficier d’une prise en charge la plus précoce possible. Aucun traitement jusqu’à ce jour n’a fait ses preuves de manière miraculeuse. Hélas. Hélas pour l’enfant et pour sa famille. À l’instar de Pierre Delion, nous pensons que chaque enfant avec autisme a besoin d’une éducation spécifique, de scolarisation, si elle est possible, et du soin, s’il est nécessaire.

102Le défi de ces prochaines années est de pouvoir proposer à l’enfant atteint d’autisme et à ses parents un choix de solutions concrètes, réfléchies en fonction de l’évaluation de l’enfant, de ses ressources et ses difficultés, de son profil intellectuel et de son environnement familial. Une réflexion commune, avec les parents comme partenaires, doit nous permettre de chercher et d’élaborer une prise en charge pour l’enfant et de créer autour de l’enfant un réseau d’intervenants de différentes disciplines qui proposent un plan d’aide cohérent et coordonné. La création d’une alliance thérapeutique suffisamment solide avec les parents et l’enfant nous permettra de les accompagner pendant le temps de l’enfance et de l’adolescence… et parfois au-delà. Cet accompagnement nécessite aussi d’accepter de remettre ces choix en question, à certaines étapes de la vie de l’enfant et en fonction de l’évolution des connaissances sur l’autisme.

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Mots-clés éditeurs : théories neurocognitives, autisme, approche globale de l'enfant, pédopsychiatre, théories psychanalytiques

Date de mise en ligne : 15/05/2013

https://doi.org/10.3917/cpc.040.0121

Notes

  • [1]
    Pédopsychiatre d’orientation psychanalytique au département enfants et famille du Centre Chapelle-aux-Champs, médecin-directeur à la Lice.
  • [2]
    Pédopsychiatre, responsable du centre de référence des troubles du spectre autistique des Cliniques universitaires Saint-Luc à Bruxelles, Université Catholique de Louvain.
  • [3]
    J.Hochmann dans son Histoire de l’autisme émet l’hypothèse que les enfants sauvages étaient peut-être des enfants atteints d’autisme. J. Hochmann, Histoire de l’autisme, Paris, Odile Jacob, 2009.
  • [4]
    L. Kanner, Autistic disturbances of affective contact, The Nervous Child, 1943,2, p. 217-250 Traduction française dans G. Berquez, L’autisme, Paris, PUF, 1983, p.217-264.
  • [5]
    H. Asperger, Die Autistischen Psychopathen in Kindesalter, Archiv für Psychiatrie und Nervenkrankheiten, 1944, 117, p. 76-136.
  • [6]
    L. Wing, Asperger’s syndrome: a clinical account. Psychological Medicine, 1981, 11 (1):115-29.
  • [7]
    Soulignons ici, notamment, l’ouverture de l’École de Bonneuil par Maud Mannoni dont un des soucis majeurs était d’offrir une place et un accompagnement à des enfants exclus de la société, de par leur handicap.
  • [8]
    C. Barthélémy, F. Bonnet-Brilhaut, R. Blanc, S. Roux. Les troubles envahissants du développement dans A. Berthoz, C.Andres, C. Barthélémy, J. Massion, B. Rogé L’autisme, de la recherche à la pratique, Odile Jacob, 2005, p.13-26.
  • [9]
    M.Rutter, E.Schopler, Autism. A Reappraisal of Concepts and Treatment, 1978, traduit en français, L’autisme. Une réévaluation des concepts et du traitement, Paris, PUF, 1991.
    Baron-Cohen, S., Leslie A., Frith U. « Does the autistic child have a « theory of mind ? », Cognition, 1985, 21, pp.37-46.
    U. Frith. Autism: Explaining the Enigma, Basil Blackwell, Oxford, 1989.
  • [10]
    E. Schopler, G.B. Mesibov The effects of autism on the family, New York Plenum, 1984.
    I.O. Lovaas. Behavioral Treatment and normal educational and intellectual functioning in young autistic children. Journal of Consulting and Clinical Psychology, 1987, 55, 2-3. Rogé B. Thérapie comportementale et autisme : de l’approche expérimentale aux apprentissages fonctionnels, Journal de thérapie comportementale et cognitive, 1993, 3, p.36-39.
  • [11]
    Teacch : Treatment and Education of Autistic and Related Communication Handicapped Children.
  • [12]
    La définition du handicap selon l’OMS comprend 3 dimensions qui révèlent autant de composantes du handicap. Ces concepts sont les suivants : déficience, incapacité et désavantage. Déficience : “Dans le domaine de la santé, la déficience correspond à toute perte de substance ou altération d’une fonction ou d’une structure psychologique, physiologique ou anatomique. Incapacité : “Dans le domaine de la santé, une incapacité correspond à toute réduction (résultant d’une déficience) partielle ou totale de la capacité d’accomplir une activité d’une façon normale ou dans les limites considérées comme normales, pour un être humain. “Désavantage : “Dans le domaine de la santé, le désavantage social d’un individu est le préjudice qui résulte de sa déficience ou de son incapacité et qui limite ou interdit l’accomplissement d’un rôle considéré comme normal, compte tenu de l’âge, du sexe et des facteurs socioculturels.
  • [13]
    Baghdadli A., Beuzon S., Bursztejn C., Constant J., Desguerre I., Rogé B., Squillante M., Voisin J., Aussilloux C., Recommandation pour la pratique clinique du dépistage et du diagnostic d’autisme et des troubles envahissants …/…du développement, Archives de pédiatrie, 2006, 13, 4, 373-378.
  • [14]
    Rogé B., Chabrol H., Unsaldi I. Le dépistage précoce de l’autisme : Quelle faisabilité ? Enfance, 2009, 1, 27-40.
  • [15]
    Citons notamment : F. Tustin, Autisme et psychose chez l’enfant, Éditions du Seuil, Paris, 1977.
  • [16]
    G. Haag, S. Tordjman, A. Duprat, M.-C. Clément, A. Cukierman, C. Druon, A. Jardin, A. Maufras du Chatelier, J. Tricaud, S. Urwand, Grille de repérage clinique des étapes évolutives de l’autisme infantile traité, Psychiatrie de l’enfant, XXXVIII, 2, 1995, p. 493-527.
  • [17]
    J.-C. Maleval, l’Autiste et sa voix, Editions du Seuil, Champ freudien, 2009.
  • [18]
    J. Lacan, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, séminaire XI, Points essais, 1973, S. Freud,
  • [19]
    Bien que s’inscrivant dans la mouvance lacanienne, Laznik se réfère à différentes références et intègre dans sa réflexion la nécessité d’intervention précoce, y compris auprès de travailleurs de première ligne, tels que les pédiatres ainsi que les avancées que l’imagerie apporte à la clinique des patients atteints d’autisme.
  • [20]
    Laznik M-C., Des psychanalystes qui travaillent en santé publique, Le bulletin freudien, n°34, mars 2000, p.89-108.
  • [21]
    G. Cullere-Crespin, L’épopée symbolique du nouveau-né, Erès, 2007.
  • [22]
    Freud S., La lettre 52, 6 décembre 1896, in La naissance de la psychanalyse, 1956, 2005, PUF, p.153-160.
  • [23]
    M-C. Laznik, Vers la parole, Denoël, 1995, p.74.
  • [24]
    E-M. Golder, Au seuil du texte le sujet, Erès, 2005, « Entre perception et conscience, Freud situe plusieurs niveaux d’enregistrement des traces mnésiques. Un premier registre d’inscription est constitué par des signes perceptifs organisés seulement selon la simultanéité. Ils ne peuvent accéder à la conscience. Une deuxième inscription propre à l’inconscient, est organisée selon quelque chose comme des relations causales. Dans le système préconscient, il n’y a pas de nouvel enregistrement, simplement une traduction en représentations de mots ». p.119.
  • [25]
    Laznik M-C., in Langage, voix et parole dans l’autisme, Du pourquoi du langage stéréotypé, Le fil rouge, PUF, 2007, p. 41.
  • [26]
    M-C. Laznik, Vers la parole, Denoël, 1995, Lacan donne aux signes perceptifs, Wahrnehmungzeichen, le nom de signifiants. Ce terme ne peut se superposer à celui de représentations de mots. « Il peut s’appliquer à des traces mnésiques produites par toutes sortes de perceptions, et pas seulement celles qui ont trait aux perceptions acoustiques », p.75.
  • [27]
    M-C. Laznik, Vers la parole, Denoël, 1995, « sans qu’ils soient pour autant capables de se représenter en images ou se traduire en mots comme si quelque chose leur barrait la route, bloquant la fonction de représentation », p.76.
  • [28]
    M-C. Laznik, Vers la parole, Denoël, 1995, « Si l’appareil psychique de l’enfant ne fonctionne qu’au premier niveau d’enregistrement des traces mnésiques, celles-ci resteront inaccessibles. Ce n’est qu’une fois ré-inscrites au registre de l’inconscient que l’on peut avoir accès aux traces mnésiques-aux représentations. Celles-ci peuvent alors être traduites par le préconscient en représentations de mots, ou être exprimées dans des mises en scène sans paroles… », p.75.
  • [29]
    M-C. Laznik, Vers la parole, Denoël, 1995, Plus précisément, leur appareil psychique « fonctionne en deçà du refoulement originaire, donc en deçà du registre de la deuxième inscription, dénommé par Freud, inconscient ». p.75.
  • [30]
    M-C. Laznik, Vers la parole, Denoël, 1995, p.76.
  • [31]
    J. Lacan, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, séminaire XI, Points essais, 1973
  • [32]
    Laznik M-C., Des psychanalystes qui travaillent en santé publique, Le bulletin freudien, n°34, mars 2000, p.102.
  • [33]
    Laznik M-C., Des psychanalystes qui travaillent en santé publique, Le bulletin freudien, n°34, mars 2000, p.104.
  • [34]
    J. Lacan, Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse, séminaire XI, Points essais, 1973, Aliénation et séparation sont les deux temps logiques à l’origine de la constitution et de la production du sujet. Voici deux manières dont Lacan le formule : « Ce sont les deux opérations de la réalisation du sujet dans sa dépendance signifiante au lien de l’Autre », p.230. « Ce sont les deux opérations dans le rapport du sujet à l’Autre »., p.233.
  • [35]
    E-M. Golder, Au seuil du texte : le sujet, Erès, 2005 p.120. “Le langage fonctionne comme une bande magnétique, pur imaginaire tournant à vide dans un réel jamais articulé au symbolique.”, p.121 ; « Le texte est là, mais il lui manque un auteur pour l’habiter. », p. 117.
  • [36]
    J-C. Maleval, Aux limites du lien social : les autismes. Quel traitement pour le sujet autiste ?, Les feuillets du Courtil, janvier 2009.
  • [37]
    D. Williams, Si on me touche, je n’existe plus, J’ai lu, 1992.
  • [38]
    M. Haddon, Le bizarre incident du chien pendant la nuit, Nil Edition, 2004.
  • [39]
    Soler C., Autisme et paranoïa, Bulletin du groupe petite enfance (l’autisme, numéro spécial), janvier 2007, p.26.
  • [40]
    Touati B., in Langage, voix et parole dans l’autisme, Quelques repères sur l’apparition du langage et son devenir dans l’autisme, Le fil rouge, PUF, 2007, p. 13.
  • [41]
    Touati B., in Langage, voix et parole dans l’autisme, Quelques repères sur l’apparition du langage et son devenir dans l’autisme, Le fil rouge, PUF, 2007, p. 13.
  • [42]
    Laznik M-C., in Langage, voix et parole dans l’autisme, Du pourquoi du langage stéréotypé, Le fil rouge, PUF, 2007. Dans cet article, nous trouvons dans l’exposition d’un cas clinique l’illustration de notre propos.
  • [43]
    Baron-Cohen, S., Leslie A., Frith U. « Does the autistic child have a « theory of mind ? », Cognition, 1985, 21, pp.37-46.
  • [44]
    U. Frith, L’énigme de l’autisme, Paris, Odile Jacob, 2010.
  • [45]
    U. Frith, L’énigme de l’autisme, Paris, Odile Jacob, 2010.
  • [46]
    N. Georgieff N. Qu’est-ce que l’autisme ? Paris, Dunod, 2008, p.75.
  • [47]
    N.Georgieff, Qu’est-ce que l’autisme ?, Paris, Dunod, 2008, p.81.
  • [48]
    B. Golse, Quelle prise en charge pour les enfants autistes aujourd’hui ? dans Autisme et secteur de psychiatrie infanto-juvénile, Evolutions des pratiques, Paris, PUF, 2012 p.45.
  • [49]
    M. Lemay, L’autisme aujourd’hui, Paris, Odile Jacob, 2004, p. 259.
  • [50]
    U. Frith, L’énigme de l’autisme, Paris, Odile Jacob, 2010.
  • [51]
    Klin A., Jones W., Schultz R., Volkmar F ; Cohen D., Visual fixation patterns during viewing of naturalistic social situations as predictors of social competence in individuals with autism, Arch. Gen Psychiatry 2002, 59 (9) 809-816.
  • [52]
    L. Mottron. L’autisme : une autre intelligence. Sprimont, Mardaga, 2006.
  • [53]
    Mottron L., Peretz I., Menard E, Local and global processing of music in high-functionning persons with autism : beyand central coherence ? Journal of Child Psychology and Psychiatry, 2000, 41: 1057-1065.
  • [54]
    J.Nadel, Imiter pour grandir, Paris, Dunod, 2011, p. 153.
  • [55]
    Présence de 50 à 70 % de retard mental en fonction de la notion de spectre autistique.
  • [56]
    Wintgens A., Vécu de la fratrie d’enfants présentant un trouble autistique, Thèse, UCL, 2006.
  • [57]
    Roeyers H., Mycke K ; Siblings of child with autism, with mental retardation and with normal developement, Child Care, Health and Developement 21, 1995, 305-319.
  • [58]
    Nous en rappelons ici les principaux : l’absence d’attention conjointe, l’absence de pointage proto-déclaratif et de gestes conventionnels, l’absence de mots ou le retard dans l’apparition des mots, l’absence de jeux de faire semblant, l’évitement du regard…
  • [59]
    La polymodalité intervient dans l’intégration des perceptions et l’internalisation des comportements externalisés.
  • [60]
    À propos des travaux, de Bion, Anne Brun écrit : « Pour comprendre les phénomènes intersubjectifs, il a proposé le concept d’accordage affectif qui rend compte d’un acte d’intersubjectivité, dans lequel le parent répond à une expression affective du bébé, en la remaniant d’une autre façon et en la rejouant au bébé, de sorte qu’il montre qu’il a partagé son expérience subjective interne. En réponse à l’expression de son bébé, la mère réalise une imitation modifiée qui reproduit les mêmes propriétés de l’expérience affective intérieure, en particulier l’intensité, le rythme et la forme. Alors que la simple imitation maintient l’attention focalisée sur le comportement extérieur, l’accordage affectif déplace le centre d’attention de ce qui sous-tend le comportement, vers le partage d’états internes. « L’imitation traduit la forme, l’accordage traduit la sensation. » » A. Brun, Médiations thérapeutiques et psychose infantile, Dunod, Paris, 2007, p.186.
  • [61]
    Nous retrouvons souvent une grande souffrance liée au deuil inhérent à la pathologie de l’enfant. Maud Mannoni, dans son livre « l’enfant arriéré et sa mère », nous dit combien, il peut être difficile pour les parents de se reconnaître dans leur enfant. La maladie ou le handicap d’un enfant peut atteindre le parent sur le plan narcissique : il y a une perte brusque de tout repère d’identification, face à une image de soi que l’on ne peut plus reconnaître, ni aimer. Les pensées accompagnant la réalité du handicap de l’enfant dégagent beaucoup d’angoisse. Ce pan psychique principalement inconscient peut rester très actif et peut se transformer en une sorte de surenchère aux soins corporels. Cette attitude peut être quasi de l’ordre de l’emprise sur le corps de l’enfant et ce, à l’insu des parents. Par ailleurs, le soin et la surprotection sont parfois devenus les seules voies par lesquelles consister comme parents.
  • [62]
    Comme le souligne N. Georgieff. 2008, « la vraie question est celle du besoin que peut avoir chaque enfant de l’une et de l’autre approche. Sur ce point nous ne disposons pas encore d’études probantes, mais la complémentarité est certainement avec l’adaptation nécessaire de l’offre à chaque …/…cas, le principe le plus pertinent pour guider une bonne pratique. » p. 113.
  • [63]
    Sous forme de projet expérimental au sein du Service d’Orthopédagogie de l’Université Mons-Hainaut
  • [64]
    Le décret du 3 mars 2004, modifié par le décret du 5 février 2009 contient des dispositions relatives à l’intégration des élèves à besoins spécifiques dans l’enseignement ordinaire. Site www.enseignement.be
  • [65]
    Comment les parents peuvent-ils se situer dans les arcanes de l’offre thérapeutique ? Les parents ont via internet accès à toute forme de nouveaux traitements prétendus efficaces, voire miraculeux par rapport aux symptômes autistiques. Désemparés face à l’impact du diagnostic et le manque de prise en charge de leur enfant (manque de logopèdes formées aux moyens de communication, manque de places dans les écoles, manque de places dans les centres de jour…), les parents sont prêts à tout tenter pour avoir le sentiment d’agir et de voir évoluer leur enfant. Comme pédopsychiatres, nous ne pouvons nous fier d’emblée à ces traitements utilisés parfois de manière …/…unique et ne faisant pas l’objet d’une étude scientifique rigoureuse. Nous nous devons d’être prudentes quant aux effets secondaires de ces traitements, à leurs coûts et aux répercussions sur la dynamique familiale. Il nous faut nous informer pour pouvoir répondre aux sollicitations des parents, qui se trouvent parfois face à une pléthore de propositions dites thérapeutiques.
  • [66]
    Peeters T. L’autisme : de la compréhension à l’intervention, Paris, Dunod, 1996, p.80.
  • [67]
    Picture Exchange Communication System.
  • [68]
    Sebti M., « Dessine-moi une journée » : synergie entre une approche psychodynamique et des stratégies psycho-éducatives dans la prise en charge de jeunes enfants à l’hôpital de jour, 2011, pp.1614 in « Dessine-moi un mouton » cadre, permanence et temporalité à l’hôpital de jour, XXXIXe Colloque des Hôpitaux de jour, 7 et 8 octobre 2011, Saint Lô, France.
  • [69]
    Par exemple, l’enfant qui tend ses chaussures à l’adulte pour lui signifier qu’il veut sortir ou aller se promener.
  • [70]
    Preston D., Carter M. A review of the efficacy of the picture exchange communication system intervention. J.Autism Dev Disorder, 2009, oct, 39(10), 1471-86.
  • [71]
    Temple Grandin, 1986 citée dans T. Peeters, L’autisme, de la compréhension à l’intervention, Paris, Dunod 1996 p.81.
  • [72]
    Temple Grandin, Ma vie d’autiste, Paris, Poches Odile Jacob, 2001, p.50.
  • [73]
    Lee L.C., Harrington R.A., Louie B.B., Newschaffer C.J., Children with autism : Quality of life and parental concerns, J. Autism Dev. Disorders 38, 2008, 1147-1160.
  • [74]
    « Les adaptations quotidiennes (hypervigilance, les horaires, déplacement, évitement de certains endroits trop bruyants…) nécessaires au bien-être de l’enfant peuvent peser sur l’organisation des familles. Toute ouverture vers le monde extérieur semble plus difficile à gérer de par les comportements de l’enfant, les difficultés à faire face aux imprévus, mais aussi en réponse aux craintes des regards extérieurs portés sur l’enfant ». A. Wintgens, Le vécu des parents et des fratries d’enfants avec autisme, A.N.A.E., 2008, 100, 317-322.
  • [75]
    Nous nous appuierons principalement sur notre expérience de travail en tant que responsable médicale, au Creuset, institution résidentielle de rééducation pédopsychiatrique, subsidiée par l’INAMI. Cette institution est inscrite au sein de la FSPST (Fédération des structures psycho socio thérapeutiques) qui regroupe, dans le secteur enfants, 18 institutions qui travaillent depuis de nombreuses années et ont eu à prendre en charge des centaines d’enfants et adolescents. La charte de cette Fédération implique une prise en compte du versant psychodynamique dans le traitement des patients.
  • [76]
    Il s’agit soit des centres de jour, soit de centres résidentiels.
  • [77]
    L’investissement peut s’entendre également en termes freudiens et dans ce cas investissement témoigne de la mise en représentations de l’enfant et de ce qu’il véhicule pour chacun de ses parents.
  • [78]
    Les apprentissages se feront via des ateliers ou via un accompagnement à l’école. Au Creuset, les enfants sont accompagnés dans les écoles, selon leurs besoins. Certains bénéficient de la présence dans la classe d’un éducateur de l’institution, d’autres vont à l’école à temps partiel et d’autres encore y vont à temps plein.

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