Couverture de CPC_037

Article de revue

« J'ai tué mon enfant... » Pour penser la clinique de l'IVG

Pages 149 à 163

Notes

  • [1]
    Pour Interruption Volontaire de Grossesse.
  • [2]
    Docteure en sciences psychologiques, psychanalyste ( Espace Analytique Paris et de Belgique), responsable de l’unité Clinique du couple, SSM Chapelle-aux-Champs, Bruxelles.
  • [3]
    Le délai légal pour solliciter une IVG est de 12 semaines en Belgique.
  • [4]
    Grâce aux résultats des luttes féministes ayant permis la dépénalisation de l’acte et le financement de tels centres qui permettent d’en finir avec la clandestinité et tous les risques qui y sont associés, si bien décrits dans le roman de John Irving, L’œuvre de Dieu, la part du Diable, Paris, Seuil, 1985.
  • [5]
    Déjà déployé dans un premier temps d’élaboration in Bastien Danielle « J’ai tué mon enfant », ou l’avortement et l’impossible du deuil des mères, in Weil Dominique, Mélancolie : entre souffrance et culture, Strasbourg, PUS, 2000, pp. 33-50
  • [6]
    Les paroles de la chanson sont : « Non, non, tu n’as pas de nom, tu n’as pas d’existence, tu n’es que ce qu’on en pense, non, non, tu n’as pas de nom…. »
  • [7]
    Lors de la conférence : « Le transfert chez Lacan », Espace Analytique de Belgique, Bruxelles, le 29 janvier 2011
  • [8]
    Certains faits d’actualité mettent d’ailleurs exactement ces pensées en actes, comme cette jeune mère ayant jeté du huitième étage son nouveau-né à Toulouse fin août 2010. Il s’agissait d’un jeune couple sans histoire et d’une jeune mère pour laquelle aucune hypothèse immédiate ne surgit. Décompensation, dépression ou passage à l’acte ?
  • [9]
    Comme Françoise Dolto l’évoque souvent dans ses présentations de cas.
  • [10]
    Une femme me disait des mois après une IVG : « Vous savez, j’essaye de ne plus jamais passer dans la rue de votre centre mais c’est pas toujours possible, et quand je suis obligée et que je passe devant la maison, je pense à chaque fois : “C’est la maison du crime”. »
  • [11]
    FIV pour Fécondations In Vitro.
  • [12]
    « Avez-vous déjà remarqué qu’il n’y a qu’une lettre de différence entre FIV et IVG ? » me disait un jour un homme égaré dans cette attente infinie d’une FIV.
  • [13]
    Sylvie Faure-Pragier, Le désir d’enfant comme substitut du pénis manquant : une théorie stérile de la féminité, in Clés pour le féminin, Paris, PUF, 1999, pp. 41-56.
  • [14]
    « Sortir en boîte » comme sortir de la maison pour entrer dans sa vie, au sens où Serge Lesourd en parle in La construction adolescente, Toulouse, Eres, 2005.
  • [15]
    Geneviève Delaisi de Perceval, L’enfant à tout prix, Paris, Seuil, 1985.
  • [16]
    Serge Leclaire, On tue un enfant, Paris, Seuil, 1975, p10.
  • [17]
    Dolto écrit : « Pour une femme qui avorte, il y a un sentiment profond conscient ou inconscient de culpabilité (…) La plupart des gens ou des médecins, pensent qu’une fois l’avortement effectué et bien fait, tout est terminé. Comme c’est faux ! Un avortement est toujours un évènement qui a un effet dynamique inconscient dans la vie d’une femme et de l’homme qui est à l’origine de la conception. (…) un avortement ne doit jamais se faire sans plusieurs entretiens qui vont faire sourdre l’inconscient, au lieu de le vivre comme un effacement technique. », Françoise Dolto, Sexualité féminine, Paris, Scarabée, 1982, pp. 335-379.
  • [18]
    Michèle Benhaïm, La folie des mères, j’ai tué mon enfant, Paris, Imago, 1996.
  • [19]
    Anne Dufourmantelle, La sauvagerie maternelle, Paris, Calmann-Lévy, 2001.
  • [20]
    Acceptation toujours remise en cause par les opposants à cette liberté acquise comme les participants de la manifestation du 27 mars 2011 qui a réunit 3 000 personnes à Bruxelles.
  • [21]
    Louise Lambrichs, Le journal d’Hannah, Paris, La Découverte, 2002.
  • [22]
    Alfredo Zénoni, L’autre pratique clinique, Toulouse, Eres, 2009, p. 289.
  • [23]
    Irène Diamantis, Les phobies ou l’impossible séparation, Paris, Flammarion, Champs essais, 2003.
  • [24]
    Isabelle Morin, La phobie, le vivant, le féminin, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2009.
  • [25]
    Au sens où dans la phobie selon elle, ce n’est pas l’objet cause de l’effroi qui importe, mais le fait qu’il assure le support, l’arrimage d’un signifiant qui vient suppléer, dans sa forme de signifiant-objet, à la défaillance symbolique. C’est aussi pourquoi selon elle, la « désensibilisation » de la peur de l’objet effrayant n’a aucun intérêt par rapport à ce qui constitue la visée de l’opération entière de la suppléance phobique.
  • [26]
    À ne pas confondre avec la dérobade hystérique qui provoque la rencontre avec le désir et puis s’y dérobe, selon Morin.
  • [27]
    Au sens où Lacan en parle dans La relation d’objet (séminaires 56-57), Paris, Seuil, 1992, à savoir que la castration symbolique est la conclusion d’un processus qui nécessite au préalable les étapes de privation et de frustration.
  • [28]
    Voir notamment dans Le Monde du 9 mars 2011 p. 2 : « 227.000 IVG par an : le nombre d’IVG ne diminue pas et est même en augmentation chez les plus jeunes ».
  • [29]
    « Un aiguillage qui permet au sujet de choisir comment il va affronter le désir », in Isabelle Morin op. cit., p. 28.
  • [30]
    « Sur la sexualité féminine » (1931) In Sigmund Freud, La vie sexuelle, Paris, PUF, 1969 (1992).
« Ce que nous croyons découvrir, nous l’avons toujours su. On n’oublie rien. Nous n’avons jamais chassé de notre mémoire ces quelques syllabes, l’éclair de lassitude, le mot chuchoté. Nous avons gardé au plus profond de nous ce geste regretté. C’est cette part aveugle qui a décidé de notre destinée. Qu’un grain se glisse dans la blessure si mal refermée et tout bascule : amours, rêves, certitudes. Notre chemin se perd sous le sable, pierre sans mémoire qui coule entre nos doigts, chair des destins fragiles, ciment des châteaux éphémères. »
Philippe Grimbert, Un garçon singulier, 2011

1Julie, 23 ans, me dit lors de la première séance : « J’attendais avant que cela ne se sache, qu’il soit trop tard. » Les mots du premier entretien viennent me faire entendre comme si souvent, les balises signifiantes qui m’aideront à arrimer le transfert si j’accuse leur réception. Quelque chose tente d’être entendu et je l’accroche au vol. Je reformule la phrase, telle quelle. Sans commentaires. Je l’inscris ainsi en gras sur la première page vierge de cette rencontre qui pourrait devenir un travail psychanalytique.

2Dès le départ, il s’agit dans le discours à la fois d’un enfant espéré, attendu (il sera trop tard pour interrompre sa venue au monde) et pourtant interdit (il faut qu’il ne puisse plus ne pas venir, pour qu’il vienne). Mon écoute des tout premiers instants se voit pourtant plus précisément arrêtée par cette négation et par l’inversion de l’opération subjective : « J’attendais avant que cela ne se sache, qu’il soit trop tard… » alors qu’on se serait attendu à : « J’attendais qu’il soit trop tard (pour qu’il ne vienne pas au monde), avant que cela se sache (qu’il allait venir au monde). »

3Je ne comprendrai que bien plus tard, dans l’après-coup du travail avec Julie, ce qui était à l’œuvre et que je nommerais à présent l’inversion temporelle présente dans cet événement particulier et étrange que constitue une interruption volontaire de grossesse (IVG). Cette inversion temporelle témoigne en quelque sorte d’une inversion repérable dans le processus de séparation, comme s’il s’agissait d’en passer par un acte pour inscrire une séparation, alors que précisément l’acte vient faire trace de l’échec de symbolisation, et de sa tentative de suppléance qui ici, en passe par le corps. C’est ce que le travail de construction dans l’analyse m’a appris avec Julie. Je n’en savais rien au moment où elle prononça ces mots. Je ne savais pas pourquoi ces particularités discursives attiraient mon attention, ni pourquoi je pensais devoir les épingler dans mon écoute. Il se révéla pourtant dans l’après-coup - puisque sans doute on ne peut jamais rien dire que dans l’après-coup - que cela avait tout son sens, pour Julie, et pour notre travail, sans que je le sache et en supposant qu’elle le savait déjà… sans le savoir.

4Julie à cette époque vit toujours chez ses parents, tous deux fleuristes. Elle n’est pas tout à fait sans savoir qu’elle est enceinte, mais le cache à ses parents et à son entourage jusqu’à 5 mois de grossesse, période où celle-ci est découverte. Julie est physiquement assez ronde, ce qui masque sa grossesse pendant les premiers mois. Elle est de plus asthmatique, ce qui justifie la présence constante de sa mère à ses côtés, matériellement concrétisée par GSM interposés et constamment allumés.

5À 5 mois de grossesse, Julie fait un malaise à l’école. Un médecin est appelé, il découvre la grossesse, et le drame familial s’installe. À cette période, l’IVG en Belgique n’est plus envisageable [3]. Pourtant, cette grossesse est inacceptable pour la maman de Julie, qui a toujours su mieux que sa fille ce qui était bon pour elle et pour qui il n’a jamais été question de relations sexuelles entre Julie et son ami. Cet enfant doit disparaître puisqu’il n’a pas à exister. La mère décide pour sa fille et déclare qu’elle doit avorter coûte que coûte. Effectivement, ça va lui coûter cher, dans tous les sens du terme, financièrement, mais surtout psychiquement.
La première fois que je reçois Julie, 9 mois après une intervention pratiquée à l’étranger, elle dit : « Ce n’est pas par hasard que ça fait 9 mois. Je viens chez vous justement 9 mois après que ça s’est passé, et ce qui s’est passé, c’est que j’ai tué mon enfant. » Lors du premier rendez-vous, la mère accompagne Julie et l’attend avec désagrément dans la salle d’attente. Elle aurait voulu participer à l’entretien, ce que je ne soutiens pas, bizarrement, puisque de coutume je reçois ceux qui veulent être entendus dans le premier temps de la demande pour mettre le cadre de travail en place dans un deuxième temps. Ici et je ne sais pour quelle raison, consciente du moins, j’ai souhaité entendre Julie seule et laisser sa mère trépigner dans la salle d’attente. Elle se devait d’être là, me dira-t-elle entre les deux temps d’ouverture et de fermeture de porte, « de crainte qu’il arrive quelque chose à ma fille ». Quelque chose pourtant était déjà arrivé, c’est bien de cela dont il était question. Progressivement, le travail s’installant, la mère de Julie a cessé de venir, mais elle se manifestait toujours par des appels téléphoniques pendant la séance, jusqu’à ce que le GSM (le téléphone mobile) devienne silencieux dans la mesure où Julie le coupait pendant la séance. Cela prit quand même quelques mois de travail.

« J’ai tué mon enfant… »

6Ce que Julie m’a forcée à entendre, ou m’a permis d’entendre, c’est selon, au sens d’une prise en compte irréversible, c’est que le fantasme d’infanticide est au cœur du maternel. C’est même ce qui le caractérise le plus dans la névrose, avec le désir d’enfant. Un peu comme un envers et un endroit, un gant qui pourrait se retourner, et nous faire découvrir toutes les coutures du maternel, aussi explicites et désuètes, que ne sont les liens d’une fille à sa mère, d’une mère à son enfant.

7Ayant eu la chance [4] de travailler dans un centre de planning où se pratiquaient des IVG, j’avais pu écouter déjà de nombreuses femmes après cette intervention. Elles m’avaient rendue sensible à ce qui surgit aussi parfois dans des cures : des femmes qui reprennent et tentent d’élaborer bien des années plus tard, ce qu’on peut nommer une affliction, une peine vive, une douleur profonde, une tristesse insolvable. Et ce chagrin constitue souvent un roc difficilement dépassable dans le trajet analytique. Ce sont ces femmes croisées dans un moment de fracture de leur vie, qui déjà m’avaient donné à entendre répétitivement la phrase « J’ai tué mon enfant… » [5], complainte et compagne inlassable, phrase obsédante qui saturait leur psychisme, qui les empêchait de vivre et d’enterrer enfin cet enfant-là, celui qui n’avait pas de nom comme le chantait Anne Sylvestre [6] et pourtant une existence psychique indéniable. C’est pourtant Julie qui m’a poussée à l’entendre comme une analyste. Au-delà d’une écoute de la douleur indéniable, il y avait un appel à la prise en compte, au sens d’un appel qui serait censé solder des comptes… toujours à préciser ! Le temps de la plainte était révolu. Restait à tisser les béances pour enfin pouvoir prendre congé de l’analyste au sens où Landman [7] en parle, à savoir inaugurer le temps de l’ingratitude.

8Je vous propose de penser le tissage de cette béance autour de l’insistance de la phrase « J’ai tué mon enfant… » et de l’entendre comme l’expression consciente d’un fantasme inconscient, le fantasme d’infanticide. Nous pouvons alors entendre le sentiment de culpabilité consciente qui surgit après l’intervention, comme trace du fait même que ce fantasme a été mis en acte et non comme une question morale, qui aurait trait à une quelconque faute, péché, crime, ou à une culpabilisation. Et cette culpabilité consciente, comme on le sait, ne pourra en aucun cas être liquidée par des paroles d’encouragement ou de déculpabilisation, puisque ses ancrages sont inconscients.

9Certaines mères n’auront que très peu accès consciemment à ce fantasme. Il restera silencieux. Parfois, il s’enkystera sous la forme d’une dépression postnatale incompréhensible. Le plus souvent, il surgira en négatif dans les symptômes, à travers un renversement classique du désir inconscient en son contraire : dans la crainte de la mort prématurée de l’enfant par arrêt respiratoire (et ses vérifications compulsives que l’enfant respire encore), dans l’angoisse des actes incontrôlés dus à l’épuisement des premiers mois (« S’il continue à hurler je le balance par la fenêtre. » [8]), dans la crainte de le laisser tomber par terre, de l’écraser en dormant… Pour les femmes comme Julie, qui choisiront à un moment ou à un autre l’IVG, la confrontation sera frontale. Plus moyen de l’éviter, il faudra alors au mieux tenter de l’élaborer, au pire l’affronter.

10Comment dire qu’on a pris la décision – pour des raisons justes du point de vue de la condition humaine – de ne pas le garder celui-là, cet enfant potentiel qui a été caché la plupart du temps et qui surgira seulement, de-ci, de-là, dans les symptômes d’un frère ou d’une sœur, dans ses cauchemars ou ses dessins [9] ?

11Parole impossible à soutenir, secret inavouable et douleur infinie pour les mères qui restent aux prises avec cette phrase qui les hante. C’est un enfant essentiellement imaginaire, tout réel de cellules et de chairs fut-il, potentiellement symbolisable mais qui, pour toutes ces raisons de non- nomination, reste candidat pour devenir un fantôme.
Qu’est-ce qu’un fantôme si ce n’est un mort vivant, un mort qui, de ne pas avoir été enterré au sens symbolique de l’adieu des humains, reste présent parmi les vivants et qu’il s’agit de transformer en un vivant mort : un être qui était vivant et qui à présent est mort et dont on peut faire le deuil. De nombreuses sociétés coutumières africaines savent d’ailleurs très bien que le danger lors d’un décès est bien celui de « l’âme errante » et elles œuvrent pour contrer ce danger. C’est ce fantôme qui est au cœur de la pensée obsédante du crime [10].
Les femmes écoutées dans cette clinique, de toutes religions, confessions, états civils et âges confondus, évoquaient sans relâche cette même phrase qui saturait leurs esprits, tout comme dans une clinique du trauma, ramenant sans cesse le psychisme à la même trace, au même sillon sur le disque rayé, comme le disait Freud. Elles m’avaient déjà poussée à tenir le fil de l’élaboration psychique, contre vents et marées. Elles m’avaient permis d’entendre les lames de fond puissantes, qui voulant préserver ces femmes de leur culpabilité, ne faisaient que les traiter mal psychiquement un peu plus, en ne voulant prendre en compte ce qui saturait leur psychisme… « J’ai tué mon enfant. » Julie, dans l’outrance de son histoire, m’a obligée à entendre et à penser la nature de ce qui insiste.

Julie

12Dès que la mère de Julie est informée, elle entraîne sa fille dans une spirale de consultations. De médecins en gynécologues, elle essaye de persuader les uns et les autres que cet enfant ne peut pas naître. Julie est ainsi emportée, aspirée – c’est le cas de le dire – dans un mouvement que rien ne semble pouvoir arrêter. Personne ne semble s’interroger sur le sens de cette demande. Julie laisse sa mère décider. Comme toujours.

13La question analytique « Qui demande quoi ? » est inaudible à ce moment-là. Cet enfant, bien présent dans le corps de sa mère est interdit de pensées. Il doit disparaître. En réalité, le fait que l’enfant ne soit jamais là quand il faut, dévoile les mêmes caractéristiques non-élaboratives dans la clinique des FIV [11] et dans celle de l’IVG [12]. Même si les données sont différentes, elles sont pourtant proches : espérer un enfant ou décider d’avorter, à tout prix, et sans plus avoir de possibilités pour penser l’acte. Il ne s’agit plus de penser mais d’agir [13], l’acte sature l’espace de pensée. Car bien évidemment, la question importante est de savoir ce que peut représenter cet enfant pour Julie et son ami, et non de savoir si sa mère est d’accord ou non, pour qu’il vienne au monde. Pourtant il n’y aura pas d’interrogation adressée à l’ami qui est très jeune et qui ne sait pas très bien ce qui lui arrive, ni au père de Julie, qui laisse faire, parce que sa femme, la Mère, sait mieux que lui ce qui est bien pour sa fille.

14Dans tout le périple, seul un gynécologue demande à Julie : « Est-ce que vous êtes vraiment sûre que c’est cela que vous voulez ? » C’est une phrase qu’elle reprendra longuement dans le travail sous les deux versants de questions qu’elle amène dans l’après-coup : la question de son désir propre, et celle de la certitude de son choix.

15Julie dira plus tard : « Au moment où cela s’est passé, c’est comme si j’étais sidérée, je n’arrivais plus à penser, j’étais comme endormie. » En réalité, elle fait ce qu’elle a toujours fait : elle laisse sa mère décider ce qui est bon pour elle. C’est ce qui me fait dire que la question de la séparation ne se joue pas uniquement entre elle et son enfant mais aussi entre elle et sa mère. Tout se passe apparemment sur un mode assez consensuel. Relativement vite, on leur dit qu’en Belgique cet acte n’est plus possible, mais qu’en Angleterre, il peut s’envisager. Elle part donc avec sa mère dans cette aventure transmaritime et subit une IVG tardive à 29 semaines.

16À 29 semaines, il faut le préciser, ce n’est plus une aspiration, c’est en fait d’un infanticide et d’un accouchement qu’il s’agit, au sens médical et non moral du terme. Pour Julie, c’est un vrai accouchement. Tout se déroule apparemment bien dans un premier temps. Elle en parle comme d’un rêve : « C’est vrai que j’étais là sur la table froide, dans ce pays étranger, mais ma mère était là avec moi, à côté de moi. » Elle évoque la scène comme si elle était engourdie, anesthésiée des questions de son désir propre et d’être au monde comme sujet autonome. Une partie d’elle-même l’avait autorisée à vivre cet amour et à en accepter le fruit, une autre se soumettait à l’emprise maternelle. Elle espérait sans doute au départ, vraisemblablement inconsciemment grâce à l’enfant qui « ne pourrait plus ne pas être », se séparer de sa mère. Comme si, dimension si souvent entendue en clinique, devenir mère était la seule façon envisageable de cesser d’être fille. Tentative tout aussi désespérée qu’illusoire pour tenter de s’extraire de l’aliénation première, puisqu’on sait que le chemin de la séparation ne peut pas s’accomplir par cette voie-là, bien au contraire !

17Julie parle du moment de l’intervention comme si elle était endormie. Pourtant un bruit précis la « réveille ». La suite nous évoque plus une dimension traumatique. « Tout s’est bien passé jusqu’au moment de l’accouchement où j’ai entendu ce bruit : le bruit de la chute de l’enfant, dans un sac, en plastique sans doute. C’est ce que j’ai pensé en entendant ce bruit. Je n’ai rien vu, juste entendu, mais j’ai eu la certitude dès cet instant qu’il s’agissait d’un sac poubelle. » Elle sort de la sidération avec ce bruit-là.

18Elle revient en Belgique. Tout recommence ou semble continuer comme si rien n’était arrivé. C’est en tout cas certainement le vœu conscient qui accompagne la fin du périple. Pourtant quelque chose s’est passé qui va venir forcer l’élaboration. Dans les 9 mois qui suivent, Julie grossit de 15 kilos et va de plus en plus mal. C’est à ce moment-là que son médecin me l’adresse.

19Elle arrive donc chez moi 9 mois plus tard, et 15 kilos en plus. Un long travail d’élaboration va s’installer dès ce moment-là. Il prendra plusieurs années. Il va surtout mettre en évidence l’intensité du lien fusionnel avec sa mère, et ses différentes tentatives, tout aussi ambivalentes que soutenues, de le mettre à distance, de s’en extraire. Ce lien intense, permanent, et maintenu continu grâce à la technologie des téléphones mobiles, se révélera au fur et à mesure tout-puissant. Ni le père, silencieux, ni l’ami, inconsistant, ne s’y opposaient.

20Julie entame sa cure et poursuit sa relation avec son ami, Thomas. Elle a des projets d’aménagement dans une maison proche de celle de ses parents, à 50 mètres à peine, dans la même rue. Ses parents lui offrent cette maison et s’occupent quotidiennement de son aménagement intérieur. Le père bricole, installe, la mère décore. Julie dans son discours, évoque son peu d’investissement dans le projet, si ce n’est une fois encore pour faire plaisir aux parents qui sont heureux de la voir s’installer, se fiancer et qui pensent déjà au mariage. Julie maigrit progressivement mais revit de nombreuses crises de boulimie éprouvées déjà au moment de la période de latence et disparues ensuite. Elle cache de la nourriture, dévore, vomit, tout en continuant à attendre que la maison soit prête.

21Cela va durer des mois. Dans cette demeure, il manque toujours quelque chose pour que l’emménagement puisse enfin arriver. C’est bien sûr ici aussi la question de la séparation, de l’envol, de l’être sujet au monde autonome qui est en jeu. Entrer dans ce projet de vie dans une maison préparée par les parents, avec un compagnon qui n’a pas pris position par rapport à la décision d’IVG, c’est à coup sûr ne pas se séparer des parents. Julie le sait sans le savoir. Elle n’arrive pas à dire non, à énoncer que son désir propre passe par un autre chemin, qu’elle doit être au monde seule avant de pouvoir, peut-être, les retrouver ensuite.
Finalement, Julie et son ami s’installent dans cette maison parfaitement équipée. Il ne manque rien. Ils y restent deux semaines. Après deux semaines, son ami la quitte sous un mode qui une fois encore est peu parlé et qui renvoie davantage à un passage à l’acte comme seul recours devant l’impossible, qu’à une séparation choisie. Le drame familial recommence : la mère et la grand-mère pleurent des jours entiers en pensant au mariage attendu qui n’aura pas lieu. Julie elle, au lieu de s’approprier cette maison seule, continue sa vie en réintégrant sa chambre de jeune fille sans trop de soucis. Elle ne pleure pas et re-commence à « sortir [14] ». La maison est revendue.
Il fallut encore quelques mois d’élaboration pour que Julie puisse commencer à penser qu’elle y avait été elle aussi pour quelque chose, dans ce qui ressemblait à un passage à l’acte unilatéral de son compagnon. Elle l’avait sans doute préparé, construit, dit-elle, par ses plaintes et insatisfactions. Le passage à l’acte de Thomas semblait venir faire écho à l’IVG. Ils n’avaient pas pu parler tous les deux de ce qu’elle essayait de travailler en thérapie. Thomas avait été mis par Julie et sa mère à la place de celui qui accompagne, qui évite qu’elle soit seule, qui conduit, qui ramène et surtout qui ne s’interpose pas dans la relation privilégiée avec « La Mère ». Certes, il avait accepté de prendre cette place qui devait bien l’arranger lui aussi, celle d’un fils sage, logé, nourri, obéissant aux parents comme Julie, mais pas celle d’un compagnon venant s’interposer entre fille et mère. Pourtant, sans le savoir, et dans une ambivalence totale, ce que Julie recherchait désespérément c’était quelqu’un qui l’aide à se séparer de sa mère, que pourtant elle ne voulait lâcher à aucun prix. C’est ce qu’elle mit comme sens après quelques mois de travail supplémentaires. Elle put s’autoriser à quitter la maison familiale et à « tomber amoureuse ». Il n’était plus question d’une association avec un frère docile, mais d’un attachement intense à un homme qui allait lui permettre de sortir des jupes de sa mère.

Un fantasme originaire mis en acte

22Le travail avec Julie dont je tente de rendre compte m’a amenée à penser cette clinique en deux temps : d’une part repérer ce fantasme que l’on peut qualifier d’originaire au sens que lui donnait Freud, c’est-à-dire d’une formation qui ferait partie du patrimoine de l’humanité, et d’autre part, tenter d’élaborer le sens de sa mise en acte.

23L’archéologie du sujet freudien n’en fait pas état, et pourtant… Les deux entités désir d’enfant/fantasme d’infanticide sont inextricablement liées dans le registre du maternel. Comme un envers et un endroit, un dedans et un dehors : un dehors conscient et acceptable, désirer un enfant, même à tout prix [15] ; un dedans sombre comme l’humanité et ses interdits fondateurs dont celui du meurtre, qui plus est du meurtre de son enfant. Qui peut imaginer pire crime ?

24Serge Leclaire confirme, même s’il utilise ce fantasme dans On tue un enfant sous un autre registre que celui que j’évoque. Il écrit : « On conçoit sans peine excessive la mort de son prochain, on accepte même avec ou sans débat de le tuer, voire de le manger. L’horreur du parricide semble devenir plus familière : Œdipe, de tragédie est devenu complexe. Le droit est reconnu, à l’imagination au moins, de mettre la mère en pièces et de tuer le père. Mais tuer l’enfant, non ! On retrouve l’horreur sacrée ; c’est impossible. Dieu même arrête la main d’Abraham [16]. »

25Le fantasme d’infanticide est le moins évoqué dans la littérature analytique, et pourtant si l’on s’en réfère à l’art et aux poètes comme nous le proposait Freud, c’est Médée qui surgit d’emblée. Médée tue ses enfants… par amour. La mise en acte de l’infanticide existe bel et bien dans l’art, et dans la réalité. La presse rapporte d’ailleurs très régulièrement des faits d’infanticide, et cela dans des contrées comme la nôtre où la contraception et même l’IVG sont tout à fait accessibles.

26Pourtant, la littérature analytique reste muette au sujet d’un fantasme originaire qui serait sous-jacent. Aucune trace chez Freud, ni chez Lacan. Dolto l’évoque un peu dans le chapitre « À propos de l’avortement », dans Sexualité féminine, mais c’est surtout un texte militant qui en ces temps de lutte appuie avec force et avec détails la nécessité de dépénaliser. Elle évoque pourtant l’énorme sentiment de culpabilité qui y est associé et la nécessité de penser les effets psychiques de l’après-coup [17]. C’est bien de cela dont je tente de rendre compte.

27Il faudra attendre les auteures contemporaines pour voir surgir ce fantasme, de-ci, de-là. Michèle Benhaïm en 1992 dans La folie des mères, j’ai tué mon enfant s’est attelée à le décrire et à le circonscrire [18]. Anne Dufourmantelle s’y risque aussi en installant son concept de « sauvagerie maternelle [19] ».

28En fait, le fantasme d’infanticide ne semble pas avoir droit de cité dans la cour des grands. C’en est pourtant un, et la clinique de l’IVG se révèle très précieuse pour l’approcher puisqu’on peut y repérer les effets « névrotiques » de sa mise en acte. En effet, dans les registres plus psychopathologiques du déni de grossesse, des psychoses puerpérales, voire du meurtre d’enfant associé à des décompensations délirantes (mélancolie délirante), il est peu aisé de dégager la structure d’un fantasme, d’autant que précisément la formation même du fantasme y est problématique.

29Dans la clinique ordinaire de l’IVG par contre, on est régulièrement confronté à des femmes parfaitement névrosées et qui donnent à entendre les effets psychiques de la réalisation de ce fantasme, à savoir principalement une culpabilité immense et difficilement épuisable.

30Ce qui est particulier dans le cas de l’IVG, c’est qu’il s’agit d’un fantasme originaire qui, dans sa mise en acte, est partiellement « dépénalisé de la loi des hommes », dans nos contrées bien sûr. La dépénalisation signifiant très justement, l’acceptation partielle de levée de l’interdit d’un point de vue juridique pour toutes les raisons justes des luttes féministes. Et pourtant, si l’interdit est levé partiellement du point de vue juridique, il ne l’est pas du point de vue psychique. Les femmes ayant eu recours à l’IVG, nous disent que même si, et heureusement, la morale et le social [20] ne les condamnent plus pour cet acte, il garde dans leur psychisme la valeur d’une transgression majeure. Il faut entendre cette dernière et la mettre au travail au risque sinon pour ces femmes, de passer toute une vie à entretenir un dialogue secret avec un fantôme, comme dans le roman Le journal d’Hannah[21].

31Soutenir le travail d’élaboration, de mentalisation de l’acte avec ces femmes ne consiste pas à les déculpabiliser, bien au contraire. Il s’agira de penser avec elles pourquoi, dans une époque et une région du monde où la contraception est libre, l’information diffusée largement, et où la pilule du lendemain est accessible, elles ont dû pour une raison ou une autre, véritablement inconsciente, en passer par un acte ?
Il s’agit bien d’un passage à l’acte, au sens où Zénoni [22] en parle, non pas comme une irruption imprévisible, mais plutôt parfois comme une lente descente vers un acte qui est un passage dans le réel, faute d’appui symbolique suffisant. Ici il s’agit du réel du corps.
C’est dire combien comme dans d’autres tableaux cliniques, la naissance du sujet à son propre désir – « Là où était le ça, le je doit advenir… »- comme le propose Freud- est restée en rade, dans la mesure où la séparation du sujet avec l’objet cause du désir de la mère n’est pas complète, pour le dire en lacanien. Ce qui signifie en freudien que l’opération œdipienne n’est pas totalement accomplie. Julie nous en offre un exemple saisissant, à son corps défendant. Certes pour Freud dans le cas d’une fille il s’agit souvent de « liquidation provisoire » tant est puissant le courant préœdipien. Il n’empêche qu’il y a à penser la différence entre avoir un enfant avec/pour la mère et en passer par une IVG pour tenter de se séparer d’elle. Des ponts peuvent être faits me semble-t-il, avec la phobie au sens où en parlent Irène Diamantis [23], et Isabelle Morin [24]. L’opération de castration symbolique (la mère manque de quelque chose que personne ne pourra jamais combler et certainement pas un enfant) n’ayant pu être totalement accomplie, une suppléance surgit. Un signifiant-objet [25] dans la phobie dit Morin, comme traitement du réel par l’évitement (du sujet par rapport à son désir [26]), un traitement dans le réel qui en passe par un acte dans l’IVG. L’un et l’autre n’ont pas le même statut, ni le même destin. C’est néanmoins dans les deux cas, de la question de « l’impossible séparation » entre une fille et une mère dont il est question, comme pour Julie.

Une tentative de séparation… qui échoue

32Là où nous pouvons faire des ponts avec la phobie, c’est qu’il s’agit dans les deux cas de la défaillance du père réel (et non de la réalité) au sens de ce qui viendrait soutenir, au niveau le plus élémentaire de l’opération, l’extraction du registre imaginaire et l’inscription dans l’ancrage symbolique (Julie doit se séparer des attentes de sa mère pour naître à son désir propre). Pour Julie, comme pour d’autres jeunes filles, l’opération de castration symbolique [27] échoue à cet endroit précis, et ce n’est peut-être pas sans lien avec le fait que malgré toutes les campagnes d’information et de publicité pour la contraception, le taux d’IVG chez de très jeunes filles est en augmentation [28].

33La phobie est une plaque tournante [29] qui va dans le meilleur des cas faire accéder le sujet – même si un travail psychanalytique est parfois indispensable – après un temps de suspension, d’arrêt sur image (c’est le cas de le dire puisque la phobie est une « hémorragie de l’imaginaire » selon Diamantis), à la voie de la différenciation, de séparation d’avec l’Autre premier. Certaines IVG comme dans l’histoire de Julie sont des tentatives du même ordre. Pourtant, le recours à l’acte ne pourra qu’échouer dans cette voie de la séparation, s’il n’est pas ensuite repris dans le tissage du langage, dans l’élaboration du sens de l’acte, et dans l’épuisement de la culpabilité consciente associée, y compris dans ses ancrages inconscients. Et ce n’est pas toujours le cas comme on le sait. On comprend dès lors pourquoi, dans un nombre important de cas, de candidats, les fantômes deviendront agissants dans la psyché de celle qui a vécu l’IVG ou de différents membres de sa famille. On saisit aussi pourquoi chez certaines femmes ou jeunes filles, des IVG pourront se répéter malgré les conseils, les informations et les suivis.

34L’IVG peut être dès lors considérée comme une des figures de déclinaison de l’amour mère-fille, fille-mère. De son ravage, de sa grandeur, de son ratage dans la différenciation ou de sa poursuite infinie. Dans le recours à l’IVG, en même temps elles y sont, ces filles, au point précis d’énonciation de ce qu’il s’agirait de faire mourir, – l’enfant du narcissisme primaire – et en même temps ça rate.
Et si l’objet principal d’amour des femmes c’était leur mère, comme l’écrit Freud en 1931 [30], aimée infiniment, idéalisée, attendue, rejetée, haïe, décevante. Cette mère qu’elles veulent rejoindre, dépasser, mettre au défi par leurs propres grossesses, mais dont surtout, encore et toujours, elles tentent tout autant de se séparer que de ne surtout pas les quitter… L’IVG serait alors complainte éternelle de ces soupirs, de ces murmures d’humanité, de ces cris, du plus jamais au toujours, du différent au même, de la rupture à l’amour infini. Elle ne suffira pourtant pas à tempérer les passions et seule la parole pourra dégager les fantômes de l’errance.

Bibliographie

Bibliographie

  • Bastien Danielle, « J’ai tué mon enfant », ou l’avortement et l’impossible du deuil des mères », in Weil Dominique, Mélancolie : entre souffrance et culture, Strasbourg, PUS, 2000.
  • Benhaïm Michèle, La folie des mères, j’ai tué mon enfant, Paris, Imago, 1996.
  • Delaisi de Perceval, Geneviève, L’enfant à tout prix, Paris, Seuil, 1985.
  • Diamantis Irène, Les phobies ou l’impossible séparation, Paris, Flammarion, Champs essais, 2003.
  • Dolto Françoise, Sexualité féminine, Paris, Scarabée, 1982.
  • Dufourmantelle Anne, La sauvagerie maternelle, Paris, Calmann-Lévy, 2001.
  • Faure-Pragier Sylvie, « Le désir d’enfant comme substitut du pénis manquant : une théorie stérile de la féminité », in Schaeffer Jacqueline Clés pour le féminin, Paris, PUF, 1999, pp. 41-56.
  • Freud Sigmund, « Sur la sexualité féminine » (1931) in, La vie sexuelle, Paris, PUF, 1969(1992).
  • Irving John, L’œuvre de Dieu, la part du Diable, Paris, Seuil, 1985.
  • Lacan Jacques La relation d’objet (séminaires 56-57), Paris, Seuil, 1992.
  • Lambrichs Louise, Le journal d’Hannah, Paris, La Découverte, 2002.
  • Leclaire Serge, On tue un enfant, Paris, Seuil, 1975, p10.
  • Lesourd Serge La construction adolescente, Toulouse, Eres, 2005.
  • Morin Isabelle, La phobie, le vivant, le féminin, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2009.
  • Zénoni Alfredo, L’autre pratique clinique, Toulouse, Eres, 2009, p. 289.

Notes

  • [1]
    Pour Interruption Volontaire de Grossesse.
  • [2]
    Docteure en sciences psychologiques, psychanalyste ( Espace Analytique Paris et de Belgique), responsable de l’unité Clinique du couple, SSM Chapelle-aux-Champs, Bruxelles.
  • [3]
    Le délai légal pour solliciter une IVG est de 12 semaines en Belgique.
  • [4]
    Grâce aux résultats des luttes féministes ayant permis la dépénalisation de l’acte et le financement de tels centres qui permettent d’en finir avec la clandestinité et tous les risques qui y sont associés, si bien décrits dans le roman de John Irving, L’œuvre de Dieu, la part du Diable, Paris, Seuil, 1985.
  • [5]
    Déjà déployé dans un premier temps d’élaboration in Bastien Danielle « J’ai tué mon enfant », ou l’avortement et l’impossible du deuil des mères, in Weil Dominique, Mélancolie : entre souffrance et culture, Strasbourg, PUS, 2000, pp. 33-50
  • [6]
    Les paroles de la chanson sont : « Non, non, tu n’as pas de nom, tu n’as pas d’existence, tu n’es que ce qu’on en pense, non, non, tu n’as pas de nom…. »
  • [7]
    Lors de la conférence : « Le transfert chez Lacan », Espace Analytique de Belgique, Bruxelles, le 29 janvier 2011
  • [8]
    Certains faits d’actualité mettent d’ailleurs exactement ces pensées en actes, comme cette jeune mère ayant jeté du huitième étage son nouveau-né à Toulouse fin août 2010. Il s’agissait d’un jeune couple sans histoire et d’une jeune mère pour laquelle aucune hypothèse immédiate ne surgit. Décompensation, dépression ou passage à l’acte ?
  • [9]
    Comme Françoise Dolto l’évoque souvent dans ses présentations de cas.
  • [10]
    Une femme me disait des mois après une IVG : « Vous savez, j’essaye de ne plus jamais passer dans la rue de votre centre mais c’est pas toujours possible, et quand je suis obligée et que je passe devant la maison, je pense à chaque fois : “C’est la maison du crime”. »
  • [11]
    FIV pour Fécondations In Vitro.
  • [12]
    « Avez-vous déjà remarqué qu’il n’y a qu’une lettre de différence entre FIV et IVG ? » me disait un jour un homme égaré dans cette attente infinie d’une FIV.
  • [13]
    Sylvie Faure-Pragier, Le désir d’enfant comme substitut du pénis manquant : une théorie stérile de la féminité, in Clés pour le féminin, Paris, PUF, 1999, pp. 41-56.
  • [14]
    « Sortir en boîte » comme sortir de la maison pour entrer dans sa vie, au sens où Serge Lesourd en parle in La construction adolescente, Toulouse, Eres, 2005.
  • [15]
    Geneviève Delaisi de Perceval, L’enfant à tout prix, Paris, Seuil, 1985.
  • [16]
    Serge Leclaire, On tue un enfant, Paris, Seuil, 1975, p10.
  • [17]
    Dolto écrit : « Pour une femme qui avorte, il y a un sentiment profond conscient ou inconscient de culpabilité (…) La plupart des gens ou des médecins, pensent qu’une fois l’avortement effectué et bien fait, tout est terminé. Comme c’est faux ! Un avortement est toujours un évènement qui a un effet dynamique inconscient dans la vie d’une femme et de l’homme qui est à l’origine de la conception. (…) un avortement ne doit jamais se faire sans plusieurs entretiens qui vont faire sourdre l’inconscient, au lieu de le vivre comme un effacement technique. », Françoise Dolto, Sexualité féminine, Paris, Scarabée, 1982, pp. 335-379.
  • [18]
    Michèle Benhaïm, La folie des mères, j’ai tué mon enfant, Paris, Imago, 1996.
  • [19]
    Anne Dufourmantelle, La sauvagerie maternelle, Paris, Calmann-Lévy, 2001.
  • [20]
    Acceptation toujours remise en cause par les opposants à cette liberté acquise comme les participants de la manifestation du 27 mars 2011 qui a réunit 3 000 personnes à Bruxelles.
  • [21]
    Louise Lambrichs, Le journal d’Hannah, Paris, La Découverte, 2002.
  • [22]
    Alfredo Zénoni, L’autre pratique clinique, Toulouse, Eres, 2009, p. 289.
  • [23]
    Irène Diamantis, Les phobies ou l’impossible séparation, Paris, Flammarion, Champs essais, 2003.
  • [24]
    Isabelle Morin, La phobie, le vivant, le féminin, Toulouse, Presses universitaires du Mirail, 2009.
  • [25]
    Au sens où dans la phobie selon elle, ce n’est pas l’objet cause de l’effroi qui importe, mais le fait qu’il assure le support, l’arrimage d’un signifiant qui vient suppléer, dans sa forme de signifiant-objet, à la défaillance symbolique. C’est aussi pourquoi selon elle, la « désensibilisation » de la peur de l’objet effrayant n’a aucun intérêt par rapport à ce qui constitue la visée de l’opération entière de la suppléance phobique.
  • [26]
    À ne pas confondre avec la dérobade hystérique qui provoque la rencontre avec le désir et puis s’y dérobe, selon Morin.
  • [27]
    Au sens où Lacan en parle dans La relation d’objet (séminaires 56-57), Paris, Seuil, 1992, à savoir que la castration symbolique est la conclusion d’un processus qui nécessite au préalable les étapes de privation et de frustration.
  • [28]
    Voir notamment dans Le Monde du 9 mars 2011 p. 2 : « 227.000 IVG par an : le nombre d’IVG ne diminue pas et est même en augmentation chez les plus jeunes ».
  • [29]
    « Un aiguillage qui permet au sujet de choisir comment il va affronter le désir », in Isabelle Morin op. cit., p. 28.
  • [30]
    « Sur la sexualité féminine » (1931) In Sigmund Freud, La vie sexuelle, Paris, PUF, 1969 (1992).
bb.footer.alt.logo.cairn

Cairn.info, plateforme de référence pour les publications scientifiques francophones, vise à favoriser la découverte d’une recherche de qualité tout en cultivant l’indépendance et la diversité des acteurs de l’écosystème du savoir.

Avec le soutien de

Retrouvez Cairn.info sur

18.97.14.89

Accès institutions

Rechercher

Toutes les institutions