Notes
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[1]
Mathelin C., Le Sourire de la Joconde, Denoël, 1998.
-
[2]
Poizat M., La voix sourde : la société face à la surdité, Métaillé, 1996.
-
[3]
Nassif J., L'écrit, la voix : Fonctions et champ de la voix en psychanalyse, Aubier, 2004.
-
[4]
Didier-Weill A., Invocations, Calmann-Lévy, 1998
-
[5]
Sève B., L'altération musicale, Seuil, 2002
-
[6]
Quignard P., La haine de la musique, Calmann-Lévy, 1996. Ce poète et essayiste s'est également intéressé aux rapports qu'entretiennent la musique et la parole. « Une langue ne prolonge pas à proprement parler ce qui est. Elle extériorise. Elle introduit du hors dans une plénitude. Introduire du retard dans l'immédiat : c'est la musique (ou la mémoire) et c'est pourquoi mnèmosynè et musica sont les mêmes. Logos insinue du deux dans du un. »
-
[7]
entre la loi et sa subversion, entre le désir et la jouissance
-
[8]
Lacan J., « L'étourdit », Silicet, n?4, Seuil, 1973, p. 5
-
[9]
Lors de son séminaire intitulé Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse (Ed. Seuil, 1964, p.65-109), Lacan ajoute aux objets pulsionnels freudiens ceux de la voix et du regard, comme incarnation de l'objet a dans le registre scopique et vocal. Il parlera de la voix comme de l'expérience la plus proche de l'inconscient.
-
[10]
Freud S., La négation, Œuvres Complètes, tome XVII, Paris, PUF, 1992.
-
[11]
Freud S., « Totem et Tabou », Œuvres Complètes, tome XI, Paris, PUF, 1998.
-
[12]
Lacan J., Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse, Ecrits, Seuil, 1966.
-
[13]
Il est difficile de nommer ce qui peut prendre figure de loi, ce qui borde notre discours et demeure hors de l'histoire, sinon déjà en le faisant rentrer dans le discours et tomber dans une histoire. Car précisément cela n'a pas de nom, et c'est bien ce que veut dire le « nom du père ». Dans le mythe freudien, la jouissance (le père primitif qui jouit de toutes les femmes) n'a pas de nom, et elle est même ce qui fait trou dans l'ordre du discours et dans la bordure de notre histoire, trou que vient justement boucher un nom.
-
[14]
Balmes Fr., Le nom, la loi, la voix, Erès, 1997.
-
[15]
Aristote, Poétique, Gallimard, 1996
-
[16]
Nietzsche Fr., La naissance de la tragédie, Librairie Générale Française, 1994
-
[17]
on retrouve aussi cette trace du masque dans l'étymologie latine de personnage ; persona, le masque.
-
[18]
Pommier G., « C'était donc vrai ! », Problématiques adolescentes et direction de la cure, Érès, 1999
-
[19]
Rassial J.-J., Le passage adolescent, de la famille au lien social, Érès, 1998.
-
[20]
Freud S., Dostoïevski et le parricide (1928), Résultats, idées, problèmes, II, Paris, Presses Universitaires de France, 1985.
-
[21]
Freud S., Le Problème économique du masochisme, Œuvres complètes, XVII, Paris, Presses Universitaires de France, 1992.
-
[22]
Freud S., « L'avenir d'une illusion », PUF, 1995.
-
[23]
Pierre Legendre définit la filiation comme « ordre lié à la reproduction de la parole ».
-
[24]
ou « se passer du père à condition de savoir s'en servir »
-
[25]
Laznik M.-Ch., L'amour au troisième temps de l'Œdipe, Cliniques méditerranéennes, n?70, Érès, 2004.
-
[26]
Le sentiment social tient au regard par la honte et à la voix par la culpabilité.
-
[27]
Homère, Odyssée, Gallimard, XII 182-200.
-
[28]
Maier C., L'obscène, la mort à l'œuvre, Encre Marine, 2004.
-
[29]
qui ne paie pas sa dette ou qui manque de grâce
1 L'article vise à montrer que la voix, lieu de rencontre du corps et de l'Autre, est (re)mise en jeu de manière tout à fait singulière au moment de l'adolescence.
2Durant l'adolescence, événement et processus d'« entre-deux », plusieurs changements et remaniements ont lieu et sont vécus par le jeune généralement sur le mode de la rencontre avec une altérité : rencontre avec l'étrangeté du corps, avec celle du sexe ou plutôt de la différence des sexes. L'écart permettant de donner une consistance à cette altérité n'est plus celui qui sépare le monde des adultes-parents du monde des enfants, c'est l'écart avec l'autre sexe qui devient opérant.
3Plus spécifiquement, c'est dans le rapport au langage et notamment dans la question du devenir que va se situer l'enjeu, en permanence à la limite entre le dire ou le laisser voir et l'impossible à dire.
4La fonction de thérapeute à l'adolescence est de soutenir avec ces jeunes, une clinique qui leur permette de s'accorder une voie praticable parmi toutes celles qui seraient possibles. Et cela de préférence au delà d'une simple dialectique du permis et de l'interdit, de manière à ce que leur future vie d'adulte puisse leur apporter le maximum d'ampleur et de retentissement, soit une voie en accord avec leurs désirs. Cela nécessite un travail tenant en compte le transfert des parents et du jeune, une flexibilité du cadre afin que s'y inscrivent des traces qui permettent à ce dernier à la fois de construire la différence et de se construire dans la différence.
5Cela nécessite parfois aussi un soutien permettant à chacun de (re)trouver des repères afin d'inscrire de nouveaux liens par le biais d'une métaphorisation et d'un « dire » constituant.
6Après avoir rappelé ces éléments généraux sur l'adolescence, examinons d'abord le rôle que joue la voix dans la transmission de la parole et de la loi symbolique. Nous aborderons ensuite brièvement son statut durant et après la période œdipienne pour développer enfin sa place dans la dynamique pulsionnelle à l'adolescence.
7Nous distinguerons trois temps de la fonction dite « paternelle » en lien avec la structure du sujet, d'abord réelle comme voix, ensuite imaginaire comme loi et enfin symbolique comme nom. Nous proposons d'articuler cette question du père avec le refoulement originaire, ensuite avec le complexe oedipien et enfin avec le « processus adolescentaire ».
La voix aux origines de la transmission
8 Dès l'origine le petit de l'homme a des besoins vitaux parmi lesquels il faut compter les paroles, et surtout, au-delà de la signification, le rythme d'une voix qui les soutient.
9Ainsi, Catherine Mathelin raconte, dans son livre sur la clinique psychanalytique avec les bébés prématurés [1], la découverte fortuite qu'ont faite des infirmières d'un service de néonatologie.
10Celles-ci ont constaté que si elles maintenaient, lors du sevrage du respirateur artificiel, le bruit de la machine, un plus grand nombre d'enfants prenaient une respiration spontanée. Il n'est pourtant pas rare que cet arrêt brutal soit un moment délicat pour ces grands prématurés qui ne se mettent pas toujours à respirer spontanément même si leur développement physique et physiologique le permettrait.
11Le bruit rythmé de l'appareil semble transmettre un support extérieur étayant le désir de vie chez ces bébés nés en incapacité respiratoire.
12À l'appui de ce besoin de parole, rappelons également la malheureuse expérience qu'a faite au treizième siècle Frédéric II, roi d'Italie. Il voulait savoir quelle langue, entre l'hébreu, le latin ou le grec, des enfants allaient spontanément utiliser si on ne leur parlait pas. Il n'a jamais pu le savoir puisque tous ces enfants sont morts avant d'avoir parler.
13Ainsi les nourrissons, étant donné leur fragilité et leur dépendance liée à une grande immaturité, ont besoin, en plus d'amour, de soins, de protection et de nourriture, d'entendre parler pour vivre. Ils ont besoin de la voix des personnes qui les entourent pour s'humaniser.
14Et s'il est vrai qu'il existe des cas d'enfants dits « sauvages » qui ont survécu dans le monde animal, un examen plus détaillé de l'histoire de ces enfants montre qu'ils ont tous vécu suffisamment longtemps en contact avec des êtres humains pour avoir reçu ce minimum vital ; leur (in)capacité à (re)trouver l'usage d'un langage parlé étant en réalité liée à la durée du premier contact humain qu'ils ont eu.
15Cela montre donc qu'un élément sonore et rythmique dans l'entourage du nourrisson est nécessaire et vital pour que celui-ci poursuive son évolution et qu'il est indispensable que le petit de l'homme entende des paroles avant de pouvoir à son tour un jour se mettre à parler.
16Notre hypothèse est que la voix, offrant un élément musical dont le rythme berce l'enfant depuis le dernier trimestre de sa vie intra-utérine, est un des vecteurs principaux capables de transmettre le fondement d'humanité pour l'homme.
17N'est-ce pas parce qu'ils pressentent une telle nécessité que les adultes, quand ils s'adressent à un nourrisson, accentuent assez spontanément la rythmicité de leur prosodie (« babytalk ») ?
18Avant d'aborder l'objet de cette transmission, envisageons-en les canaux. L'ouïe est le premier des sens en activité et il est actuellement bien démontré qu'un bébé est capable de reconnaître, dès sa naissance, la voix de sa mère et celle de son père de celle d'autres adultes.
19La voix adulte ainsi perçue supporte les prémisses de la différentiation (notamment sexuée).
20La voix « auditive » n'est cependant pas la seule voie pour cette transmission, nous ne développerons pas les autres mécanismes, notamment par la symbolique gestuelle ou par l'écriture. Nous renvoyons à cet effet le lecteur aux passionnants travaux de Michel Poizat [2] dans « La voix sourde : la société face à la surdité » ou à ceux de Jacques Nassif [3] dans « L'écrit, la voix : Fonctions et champ de la voix en psychanalyse ». Sous l'une ou l'autre forme, ces travaux montrent l'importance métapsychologique de la voix.
21Concernant l'élément transmis, nous prenons appui sur les recherches d'Alain Didier-Weill [4] autour de la pulsion invocante.
22Il fait l'hypothèse et montre que la voix transmet une continuité musicale et les écarts d'une discontinuité symbolique qui permettent à l'infans de s'inscrire dans le langage en assumant l'acte du refoulement originaire.
23Cette double transmission est conflictuelle et s'inscrit, tout comme nous le verrons pour l'adolescence, dans les dimensions historique et anhistorique du temps. La musique, ou plutôt l'altération musicale comme le propose Bernard Sève [5], se déploie dans les dimensions à la fois diachronique (temps historique de la mélodie) et synchronique (temps anhistorique et structurel de l'harmonie). Nous allons voir plus loin que la rencontre de ces deux dimensions donne naissance à ce qu'en musique on nomme la note bleue, qui nous servira de métaphore du signifiant de l'absence dans la présence et potentiel guide intérieur.
24C'est dans sa dimension musicale, la sonate maternelle [6], qu'on retrouve le lit de cet énigmatique objet de transmission.
25La voix serait passeur aux origines de la loi symbolique mais, d'après Alain Didier-Weil, elle transmet aussi la possibilité d'une subversion de cette loi ou, en tout cas, la manière dont l'adulte a résolu ce conflit [7].
26La voix de l'adulte, vecteur de la parole, non seulement transmet à l'infans, par sa prosodie, le symbolique comme condition de l'émergence de la parole, mais elle est également porteuse, à travers ses harmoniques, de la manière dont l'adulte a réglé le conflit inconscient entre la loi symbolique et la subversion de celle-ci.
27Notons bien que cette double transmission est inconsciente puisque, hormis dans le chant pur, le névrosé n'a plus accès à la dimension objectale de la voix. Celle-ci disparaît, depuis le refoulement originaire, derrière la signification de l'acte de parole. « Qu'on dise reste oublié derrière ce qui se dit dans ce qui s'entend », disait Lacan. [8]
28L'hypothèse est donc qu'en parlant à leurs enfants, les parents, par la médiation de leur voix, transmettent la loi symbolique qui permet à l'infans de supporter cet acte qu'est l'entrée dans le monde humain du langage, où il peut inscrire sa pulsion et son désir en se rapportant au désir de l'Autre. En effet, la dimension symbolique transmise par la scansion de la voix permet à l'enfant de prendre en compte presque tout du réel de la voix de l'Autre sauf un reste. Ce reste, que Lacan [9] a désigné comme objet a dans le registre vocal, est fantasmatiquement lié au désir de l'Autre ainsi présentifié.
29Lors de son émission, la voix se sépare du corps. Une fois chue, elle devient cet objet séparé, distinct du corps prenant une valeur intéressant le désir de l'Autre. Elle devient, tout comme le sein, les excréments et le phallus, un objet partiel en prise avec le fantasme et avec une dynamique pulsionnelle propre. La voix, outre sa réalité matérielle, s'avère ainsi le lit d'un objet pulsionnel.
Refoulement Originaire, premier temps de la question du Père (premier meurtre)
30 Attardons nous encore un instant sur ce temps énigmatique qui fait entrer l'homme dans l'humanité de la parole en suivant Freud dans son élaboration du refoulement originaire et des premiers temps de la construction du moi [10]. Quelque chose, qui précède la constitution du moi et sa capacité de jugement par le principe de plaisir, « dit oui » (Bejahung) à ce qui l'appelle de l'Autre mais il doit pourtant dans le même temps le rejeter (Ausstossung).
31Pour tenter d'éclairer ce mécanisme de la Bejahung, on peut se le représenter comme le « oui » nécessaire à la danse pour se laisser porter par cette altérité qu'est la musique. Ce temps fondateur est inconscient et gestuel, il n'a rien à voir avec un choix conscient ni avec la pensée qui sont, eux, du domaine de la temporalité historique.
32Confronté à cette question des origines de la loi, Freud en vient à élaborer un mythe où la question du parricide est centrale.
33Dans « Totem et Tabou » [11], écrit entre 1911 et 1912, il aborde la question d'une identification originaire : après avoir tué le père jouisseur tout-puissant, ses fils le chantent et mangent le père mort afin qu'il ne revienne plus.
34Il est tout à fait remarquable que Freud parle alors d'identification par incorporation de la voix du père archaïque.
35Celle-ci sera la base du surmoi et du lien social symbolique puisqu'en totémisant le Père mort c'est la Loi de celui-ci qui s'impose.
36Si le discours freudien tente de frôler l'orée de notre histoire, dans ce que Freud lui-même appelle le « mythe scientifique du père de la horde primitive », par une sorte de retournement du discours, de rebroussement de l'histoire, c'est bien pour tenter de tracer la limite de l'ordre symbolique, de faire revenir dans la représentation son commencement.
37Ce vide, qui ne peut se penser, passe dans les interstices du récit comme meurtre du Père.
38Aux origines de la parole, de la loi, on trouve donc la question du père. Freud n'a réussi à s'en approcher que par le biais du mythe. Lacan relit cette question freudienne avec la grille de la linguistique structuraliste. Il tentera très tôt dans son enseignement de démythifier la question du père par l'introduction du triple registre structurel du réel, de l'imaginaire et du symbolique.
39Lacan appelle « nom du père », l'opérateur qui, de la fonction paternelle, assure dans le cours de notre histoire le support de la fonction symbolique, distingué de ses éléments réels et imaginaires. « Même en effet représentée par une seule personne, la fonction paternelle concentre en elle des relations imaginaires et réelles, toujours plus ou moins inadéquates à la relation symbolique qui la constitue essentiellement. C'est dans le nom du père qu'il nous faut reconnaître le support de la fonction symbolique qui, depuis l'orée des temps historiques, identifie sa personne à la figure de la Loi. » [12]
40Nous situons cette fonction limitante, permettant de distinguer le registre réel du symbolique, et dont Freud fait le récit en parlant de parricide et d'incorporation de la voix du père mort, dans le grain de la voix en un point où se noue cette question du père à la pulsion.
41Le refoulement originaire se situe au premier temps de la fonction du « nom du père [13] », comme support du symbolique, dans sa dimension réelle comme voix [14]. Elle interdit la jouissance, qui à ce stade risquerait de sidérer l'infans par le pur chant que contient la sonate maternelle.
Tragédie Oedipienne, deuxième temps de la question du Père (deuxième meurtre)
42 « Mais où retrouver à présent la trace presque effacée de l'ancien crime ? » (Sophocle, Œdipe-Roi)
43Afin de poursuivre notre cheminement à partir de la transmission originaire par la voix, nous allons remonter à la naissance en Grèce antique de la tragédie. Freud y puise les éléments pour comprendre le noyau de toute névrose.
44Dans sa Poétique [15], Aristote définit la tragédie comme « l'imitation d'une action noble, conduite jusqu'à sa fin et ayant une certaine étendue »..., « formant un tout »..., et qui, « par l'entremise de la pitié et de la crainte, accomplit la purgation (catharsis) des émotions ».
45Dans son premier ouvrage publié [16], Nietzsche identifie le tragique et le dionysien et les oppose à l'apollinien. Il fait d'Apollon et de Dionysos deux principes cosmologiques et anthropologiques qui entrent en contradiction. Nietzsche réinterprète la théorie aristotélicienne de la catharsis en dévoilant toute la dimension psychosomatique de l'effet produit par le « drame musical grec » sur ses spectateurs. Un quart de siècle plus tard, Freud et Breuer qualifieront les effets de la talking-cure de « méthode cathartique ».
46La tragédie grecque naît à Athènes durant le VIe siècle avant notre ère. Un membre du chœur chantant le dithyrambe quitte ce qui deviendra l'orchestre et prend place sur ce qui deviendra par conséquent la scène. Ils le nommèrent hypocritès.
47Il s'agit de l'ancêtre de l'acteur. Désormais, l'histoire du héros n'est plus racontée par le choeur, elle sera jouée et incarnée par lui. Notons qu'à l'inverse du chœur, il est porteur d'un nom et il est masqué [17].
48L'acteur assure le passage de Dionysos à Apollon, de la démesure du réel, transmise par la musique, à la mesure de l'existence apollinienne.
49La grande nouveauté c'est qu'il parle et il en payera le prix puisqu'il est coupable, lui, d'avoir quitter le chœur chantant (les lois de la cité). Sa dette est celle du destin tragique.
50Ce passage de Dionysos à Apollon, nous sert à comprendre ce passage de la pulsion au désir.
51Au temps de l'oedipe, la fonction paternelle prend figure de loi, c'est la dimension imaginaire de notre question du « nom du père ».
52L'enjeu est limite à la jouissance dite phallique, l'angoisse est celle de la castration présentifiée dans le regard. Il y a également identification (dite secondaire) et incorporation de la voix porteuse de sens. Nous sommes au deuxième temps du meurtre du père, un certain discours prendra place dans le lieu vidé de la voix.
53Les destins du complexe d'Œdipe tiennent essentiellement, pour chacun, à ce jeu de l'inadéquation des relations réelles et imaginaires par rapport à la fonction symbolique du nom du père, qui est proprement ce que, pour chacun, le complexe d'Œdipe doit à nouveau instituer.
54La fin de la phase oedipienne correspond au complexe de castration et aux identifications parentales qui permettent à l'enfant de trouver une place dans la famille. Les prémisses du lien social sont établies. La mise en scène est tragique, l'enceinte familiale étant représentée par le chœur chantant.
55On peut se demander pourquoi Freud, pourtant féru de Grèce antique, n'a retenu de l' Œdipe Roi de Sophocle que sa dimension mythique, délaissant une lecture du tragique pourtant riche si l'on considère l'apport de cette lecture sur l'acte qui nous intéresse, c'est-à-dire celui qui pour l'infans et plus tard pour l'adolescent est d'assumer la prise de parole. Une parole qui n'évite pas le destin tragique, au contraire, qui l'y pousse.
Adolescence, troisième temps de la question du Père (la dette symbolique)
56 L'adolescent doit progressivement assumer l'acte de prise de la parole en son nom en s'appropriant la voix de l'Autre.
57Il est confronté au désir (et au délire) qui dépasse la question œdipienne familiale. Pour cela, il devra définitivement régler la question du père (troisième meurtre) qui est restée en suspens durant la phase de latence. C'est la dimension symbolique du « nom du père » qui lorsqu'elle est dépassée permet au désir de trouver sa voie comme un des agencements des possibles au sein du langage. Nous verrons que la pulsion invocante est particulièrement convoquée notamment par son but qui est la quête d'une adresse.
58Gérard Pommier [18] insiste sur la nécessité pour prendre une place dans le social comme adulte d'assumer la dette envers le symbolique. « L'adolescence se définit par cet entre-deux : elle ne se conclut pas d'un seul bloc, mais en deux temps, entre le moment de retournement et de recrudescence de l'amour du père et le point où son meurtre commence à se symboliser. » Ces deux temps peuvent se traduire en termes de la métapsychologie pulsionnelle, comme : entre le « se faire entendre » au troisième temps de la dynamique pulsionnelle, c'est-à-dire celui du retournement, et celui de la castration assumée qui permet d'être engagé dans sa parole.
59Assumer la dette symbolique c'est permettre un agencement possible à ses désirs.
60Le passage de l'utilisation infantile du langage à une utilisation adulte ne se fait pas du jour au lendemain. De toute évidence, la réponse à une question qui lui est adressée engage différemment le jeune pré-pubère et le jeune adulte. Entre les deux, nous situons la période où la parole engage le sujet dans le fait qu'il dit, plus que dans ce qui est entendu. Il peut, lors d'un vote par exemple, donner son avis sans que celui-ci ne compte nécessairement comme une voix.
61La parole d'adulte n'est, quant à elle, dans le meilleur des cas plus directement soutenue par le sens du discours porté par la voix du père, elle s'est autonomisée.
62Ne pas tenir compte de cette étape de transition, c'est confronter l'adolescent à une angoisse qui risque de le pousser à changer d'objet dans la dynamique pulsionnelle et de favoriser la filière scopique plus limitante en ce qu'elle ne permet pas l'expérience d'une communication en l'absence d'un interlocuteur. Le sujet en adolescence se voit alors restreint pour exister à marquer l'écart en « se faisant voir » par absence, à l'abri des regards, dans sa chambre, voire lors de fugues ou en « laissant voir » la béance séparant les bords de coupures qu'il s'inflige ou par trouage et nouage de la différence dans la chair entourant les orifices pulsionnels de son corps.
63Par contre, dans le registre invoquant, il peut s'approprier le vide qui s'inscrit dans l'espace-temps d'une adresse au père qui ne trouve plus de répondant puisqu'il vient d'être tué.
64C'est bien la voie qui mène à la responsabilité d'une parole incarnée, d'un dire constituant.
65Jean-Jacques Rassial [19] souligne qu'en mettant en cause le symbolique, l'adolescent s'interroge sur une division du signifiant entre ce qui persiste dans le temps et ce qui est lié à une époque, devant s'effacer ou être rejeté.
66Ce reste du père s'appelle notre destin, car « le destin aussi n'est finalement qu'une projection tardive du père [20] ». « La dernière figure de cette série qui commence aux parents est l'obscure puissance du destin que seul un très petit nombre d'entre nous peut saisir impersonnellement [21]. »
67Interminable de la série parentale, à l'extrême de laquelle la figure et le nom doivent disparaître, ne laissant que la force pure de la nécessité, la force excessive, invincible qu'est l'Übermacht, nous broyant au moulin des mots, nous ramène à la détresse, à l'absence d'appui, à l'Hilflosigkeit où dès la naissance se perd notre cri. Il faut bien à la fin passer dehors, quitter la maison du père et l'abri de son nom, aller vers le dehors où tout demeure à jamais étranger, vivre dans l'étrangeté inquiétante de l'absence de foyer. « L'homme ne peut pas éternellement rester enfant, il doit à la fin passer dehors, dans la vie hostile » [22].
68À l'occasion de ce parricide, la question de la filiation se pose souvent avec force car la question de la reproduction sexuée devient un fait psychique.
69La dette symbolique provient du fait d'appartenir au monde du langage, d'être inscrit dans une chaîne signifiante qui donne une place dans la chaîne des générations [23].
70Pour en revenir au tragique et à l'ancienne mise en scène de la phase œdipienne, c'est l'anonymat du public qui fait maintenant son apparition et la représentation commence. L'adolescent, tout comme l'acteur tragique, va devoir se confronter au destin au sens où Catherine Clément le définit comme une relation du sujet à son savoir sur la vie et la mort : certitude rétrospective et cependant aveugle dans le cas du tragique. Mais nul ne peut voir son destin sans mourir...
71En effet, lorsque le dernier temps du meurtre du père, celui de sa dimension symbolique comme nom, est accompli, il ne suffit pas de dire qu'il devient un signifiant et que son intervention comme tiers donne lieu à un autre type de substitution symbolique, à une métaphore. Cette dernière est une identification, mais cette fois, à un signifiant par rapport à un autre signifiant.
72L'absence dans l'Autre qui est révélée, et doit être assumée, Lacan lui attribue un signifiant énigmatique S(A), signifiant de la présence dans l'absence, qui par incorporation reste un guide intérieur potentiel comme la note bleue peut l'être en musique.
Orchestrer sa voie autour de la note bleue [24]
73 Du récepteur qu'était l'infans, le jeune est maintenant convoqué à devenir émetteur. Mais pour cela, il faut qu'il ait réglé la question de la dette symbolique. Il n'aura alors plus accès à cette voix de l'Autre et devra supporter le silence de celle-ci pour se lancer dans l'acte qu'est la parole.
74L'identification par incorporation de ce retrait de la voix du père peut pourtant le guider, c'est le point bleu qui peut servir de guide et donner une forme de présence au silence de l'Autre.
75En musique, la note bleue représente cette note pas encore là et indéfinissable, mais qui, par la rencontre entre la dimension diachronique de la mélodie et la structure synchronique de l'harmonie appelle et met en tension, autrement dit c'est cet élément d'un futur pas encore là qui est pourtant présent par la rencontre de la structure et de l'histoire ou du temps historique et du temps anhistorique. Elle met en mouvement et ouvre à l'altérité.
76Pour celui qui l'entend, la musique est ce qui introduit par le rythme à la dimension temporelle et donc pour l'être incarné que nous sommes à une finitude historique, tout en gardant un lien par son essence altérante à un illimité.
77La possibilité d'un au-delà de la limite est ce qu'Alain Didier-Weill a nommé l'inouï, continuité inconsciente entre le réel et le symbolique. La perte de continuité expose au symptôme de l'ordre du silence, à l'obéissance aux vocalises du surmoi voire au réel des hallucinations verbales (ouïr, c'est obéir. obaudire : l'audition devient obéissance). Lorsqu'il y a perte de contact avec l'inouï, la dimension poétique qu'est la signifiance s'évanouit. En prenant la parole, le sujet est alors soumis à un excès de sens.
78Le complexe nucléaire de la névrose gît dans la scission entre jouissance de l'Autre et jouissance phallique. La castration et son prix, la dette symbolique, se situe à la coupure entre le réel et le symbolique (entre le parler et l'impossible à dire). Le désir, entendu comme dé-sidération, est ce qui permet de sortir du silence face à cet ineffable.
Voix et adolescence – la confrontation à la jouissance
79 Interrogeons la jouissance dans son lien avec la voix à l'adolescence.
80Par exemple, les jeunes hommes ne peuvent que très rarement parler de la transformation qui s'opère pour eux lors de la mue de leur voix. Quand ils le font c'est avec la honte d'entendre la voix de leur père dans leur propre voix et la crainte de ressembler à ce dernier.
81Entendent-ils alors le reste de père mort qui n'a pu être symbolisé ? Ce reste incorporé fait, il est vrai, habituellement retour dans les vocalises du surmoi et se manifeste par de la culpabilité souvent inconsciente.
82Nous pourrions en parallèle parler de l'effet de cette métamorphose de la voix sur la mère et de ce qu'elle y entend mais je renvoie pour cela le lecteur aux travaux de Marie-Christine Laznik sur le complexe de Jocaste [25].
83Cela nous permet d'ailleurs une brève parenthèse pour rappeler que l'adolescent doit se situer dans une nouvelle configuration de l'intime dont le mouvement propre de voilement est souvent confondu avec celui du secret. Dans l'intimité, le voile définit une identité et des intimes alors que le secret renvoie à la solitude et à la culpabilité s'il s'agit de la voix ou à la honte s'il s'agit du regard [26].
84Revenons en maintenant au destin de ce qui, à l'origine, est transmis par la voix de l'adulte et offre une possibilité de subversion de la loi symbolique ?
85L'épisode de l'Odyssée [27] où Ulysse résiste au chant des Sirènes nous servira de support pour analyser l'adolescent et son rapport à la jouissance, notamment sa dépendance.
86L'adolescent, tel Ulysse qui, fixé à son mât, est le seul à pouvoir entendre sans mourir le chant des sirènes, n'est pas libre. Il est pieds et mains liés. Lorsqu'il est tenté de vivre une confrontation à la jouissance sans limites, celle-ci le réduit au silence, littéralement par sidération ou par fascination.
87Rappelons que le pouvoir séducteur du discours des sirènes tient au fait qu'elles promettent à qui écoute leur chant un savoir sur les origines.
88La voix des sirènes est à entendre comme une métaphore du désir de l'Autre qui vient chercher ses auditeurs et fait écho à leur propre tropisme de jouissance (perdue de l'origine).
89Par la promesse de jouissance, elle remet le sujet en rapport avec un temps d'avant la Loi. Cette dernière est pourtant salutaire au désir humain en ce qu'elle permet à la course désirante de perdurer, de ne pas se perdre dans des retrouvailles illusoires.
90Il s'agit d'une piste pour éclairer le rapport passionnel et jouissif qu'ont beaucoup de jeunes pour la musique. Y cherchent-ils à masquer le silence récent au lieu de la voix du père ? Ou bien une interrogation sur les origines ? Ou encore une enveloppe sonore étayante et constituante de leur désir ? En tout cas, il semble exister un lien avec la pulsion invocante, sa part de jouissance et d'interdit.
Implications cliniques - respons-habilité
91 Comment un jeune se situe-t-il face au silence et à la dette symbolique ? Considère-t-il que l'éventuel manque qu'il ressent lui est encore à l'avenir dû et que l'autre se doit d'y répondre ou bien commence-t-il à sentir comme une exigence extime de ce qui doit être au-delà de ce qui est ?
92Il s'agit d'une question importante à repérer au risque de ne pas entendre les enjeux subjectifs d'un jeune au temps du retournement de la pulsion et de son nouage à la question du père.
93Ne pas en tenir compte, c'est favoriser les passages à l'acte par changement d'objet pulsionnel. Au lieu de « se faire entendre », le sujet en quête de reconnaissance tentera de « se faire voir ».
94Il s'agit donc d'un moment délicat où la voix émise est plus particulièrement invocation, c'est-à-dire adresse, au père dans un premier temps, à l'autre ensuite. Elle cherche un individu appelé à devenir sujet, avec comme nouvelle adresse celle où le sujet adulte pourra se loger.
95Il s'agit donc pour le jeune d'y retrouver suffisamment de silence en retour car le ravalement qui consiste à entendre le contenu de sa parole au même titre que celle d'un adulte est insupportable au sens où cela suppose une responsabilité qui n'est pas encore là.
96L'infantilisation est, à l'inverse, de ne pas tenir compte d'un sujet en quête de lui-même.
97Autrement dit, quand un jeune dit à ses parents pharmaciens qu'il ne veut pas le devenir à son tour, c'est peut-être plus une tentative de s'affirmer comme sujet potentiellement libre dans une prise de parole qu'un simple choix de métier, même si elle interpelle le désir des parents.
98La même prudence devrait d'ailleurs être de mise avant d'établir un diagnostic structural chez un jeune.
Les silences en séances, l'absence de voix
99 Il y a des qualités de silence comme il y a des qualités d'obscurité.
100Le silence-ombre est le silence que Freud interprète dans le transfert comme résistance. Une parole de l'analysant pourrait être éclairante mais quelque chose fait obstacle. Il s'agit généralement d'une pensée dans le registre imaginaire. « Je ne parle pas de cela parce qu'un adulte ne peut le comprendre » à entendre comme « l'adulte que je deviens dans son regard, je ne peux pas lui parler car je ne le comprends pas. »
101Il y a aussi le silence-nuit, syncope où la note bleue se laisse entendre, qui est le temps nécessaire pour qu'une parole émise prenne son sens et qu'une pause permette une nouvelle avancée dans le pas encore symbolisé.
102Enfin, il y a le silence angoissant des ténèbres où une parole du thérapeute est nécessaire pour maintenir la possibilité de rester dans le registre de la parole. Il s'agit de l'entendre comme une voix sourde en quête d'une adresse.
En résumé
103 La voix porte donc, plutôt que la parole, la question de l'origine. En cela elle n'est pas qu'un son. Elle est musicale.
104En prenant la question du père comme fil conducteur des différents temps de la filiation au sens où Pierre Legendre la définit comme « ordre lié à la reproduction de la parole », nous en avons retenu trois : la voix au temps du refoulement originaire (la voix du père dans sa dimension réelle), la loi au temps du complexe oedipien (la mise en voix du tragique) et le nom à l'adolescence (faire taire la voix paternelle et se réapproprier ce silence pour assumer sa parole comme sujet désirant).
105L'enjeu est qu'après avoir entendu l'Autre et y avoir entendu un sens, il existe un temps pour « se faire entendre » comme sujet qui correspond au temps où l'Autre est désidéalisé. À ne pas en tenir compte de cette dynamique, le sujet risque de changer d'objet et entre dans une logique d'acting dans le registre scopique.
106L'inversion de place face à la dette symbolique caractérise le passage de la névrose infantile à la névrose adulte. La passion pour le père se déchaîne souvent en ce moment d'inversion responsable de sentiment de dépersonnalisation, de mort mystique. Le Père symbolique n'entre en scène que lorsque le meurtre du premier a été consommé.
107La jouissance vocale sidérante d'un retour aux origines est du même ordre que la fascination que provoque la scène primitive. Dans un remarquable essai sur l'obscène, Corinne Maier montre comment l'art (visuel ou lyrique) parvient à frôler en permanence avec littéralement ce qui n'a pas sa place sur scène. [28] En cela l'adolescent partage avec l'artiste ce frôlement aux origines que je nomme artérité.
108Si l'infans est celui qui ne parle pas et l'adulte celui que sa parole engage, l'adolescent serait celui qui progressivement règle ses comptes avec l'Autre, avec le symbolique. Il n'a pas encore la même responsabilité que l'adulte face à la parole.
109La sortie de l'âge ingrat [29] correspond au moment où un jeune peut soutenir ses désirs sans devoir les mettre en échec.
Bibliographie
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Mots-clés éditeurs : loi, adolescence, responsabilité, transmission, jouissance, silence, pulsion invocante, nom-du-père, Voix, Autre
Date de mise en ligne : 01/01/2006
https://doi.org/10.3917/cpc.025.0181Notes
-
[1]
Mathelin C., Le Sourire de la Joconde, Denoël, 1998.
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[2]
Poizat M., La voix sourde : la société face à la surdité, Métaillé, 1996.
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[3]
Nassif J., L'écrit, la voix : Fonctions et champ de la voix en psychanalyse, Aubier, 2004.
-
[4]
Didier-Weill A., Invocations, Calmann-Lévy, 1998
-
[5]
Sève B., L'altération musicale, Seuil, 2002
-
[6]
Quignard P., La haine de la musique, Calmann-Lévy, 1996. Ce poète et essayiste s'est également intéressé aux rapports qu'entretiennent la musique et la parole. « Une langue ne prolonge pas à proprement parler ce qui est. Elle extériorise. Elle introduit du hors dans une plénitude. Introduire du retard dans l'immédiat : c'est la musique (ou la mémoire) et c'est pourquoi mnèmosynè et musica sont les mêmes. Logos insinue du deux dans du un. »
-
[7]
entre la loi et sa subversion, entre le désir et la jouissance
-
[8]
Lacan J., « L'étourdit », Silicet, n?4, Seuil, 1973, p. 5
-
[9]
Lors de son séminaire intitulé Les quatre concepts fondamentaux de la psychanalyse (Ed. Seuil, 1964, p.65-109), Lacan ajoute aux objets pulsionnels freudiens ceux de la voix et du regard, comme incarnation de l'objet a dans le registre scopique et vocal. Il parlera de la voix comme de l'expérience la plus proche de l'inconscient.
-
[10]
Freud S., La négation, Œuvres Complètes, tome XVII, Paris, PUF, 1992.
-
[11]
Freud S., « Totem et Tabou », Œuvres Complètes, tome XI, Paris, PUF, 1998.
-
[12]
Lacan J., Fonction et champ de la parole et du langage en psychanalyse, Ecrits, Seuil, 1966.
-
[13]
Il est difficile de nommer ce qui peut prendre figure de loi, ce qui borde notre discours et demeure hors de l'histoire, sinon déjà en le faisant rentrer dans le discours et tomber dans une histoire. Car précisément cela n'a pas de nom, et c'est bien ce que veut dire le « nom du père ». Dans le mythe freudien, la jouissance (le père primitif qui jouit de toutes les femmes) n'a pas de nom, et elle est même ce qui fait trou dans l'ordre du discours et dans la bordure de notre histoire, trou que vient justement boucher un nom.
-
[14]
Balmes Fr., Le nom, la loi, la voix, Erès, 1997.
-
[15]
Aristote, Poétique, Gallimard, 1996
-
[16]
Nietzsche Fr., La naissance de la tragédie, Librairie Générale Française, 1994
-
[17]
on retrouve aussi cette trace du masque dans l'étymologie latine de personnage ; persona, le masque.
-
[18]
Pommier G., « C'était donc vrai ! », Problématiques adolescentes et direction de la cure, Érès, 1999
-
[19]
Rassial J.-J., Le passage adolescent, de la famille au lien social, Érès, 1998.
-
[20]
Freud S., Dostoïevski et le parricide (1928), Résultats, idées, problèmes, II, Paris, Presses Universitaires de France, 1985.
-
[21]
Freud S., Le Problème économique du masochisme, Œuvres complètes, XVII, Paris, Presses Universitaires de France, 1992.
-
[22]
Freud S., « L'avenir d'une illusion », PUF, 1995.
-
[23]
Pierre Legendre définit la filiation comme « ordre lié à la reproduction de la parole ».
-
[24]
ou « se passer du père à condition de savoir s'en servir »
-
[25]
Laznik M.-Ch., L'amour au troisième temps de l'Œdipe, Cliniques méditerranéennes, n?70, Érès, 2004.
-
[26]
Le sentiment social tient au regard par la honte et à la voix par la culpabilité.
-
[27]
Homère, Odyssée, Gallimard, XII 182-200.
-
[28]
Maier C., L'obscène, la mort à l'œuvre, Encre Marine, 2004.
-
[29]
qui ne paie pas sa dette ou qui manque de grâce