Notes
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[1]
C’est le terme de l’époque.
Revues
Bébé dans sa famille et ses différents lieux d’accueil et de soins Patrick Ben Soussan Revue Spirale, la grande aventure de monsieur bébé, n° 80 Toulouse, érès, 2017, 15 €
1 Pour les 20 ans de la revue, Patrick Ben Soussan, le directeur bien connu de la collection : « 1001 BB », convoque 20 grands auteurs qui rebattent les cartes de la périnatalité et de la première enfance. Le bébé fait-il aujourd’hui toujours famille ? Crée-t-il père et mère ? Bouscule-t-il le « sage » équilibre familial, frères et sœurs, grands-parents, les places de chacun sont-elles brouillées, révélées ? Qu’en pensent donc ceux qui vont être amenés à le fréquenter, assidûment ou plus épisodiquement, accueillants, soignants, intervenants et professionnels de la petite enfance ? Et aussi tous les autres enfants de la crèche, les amis de passage, le chien de la famille, etc. ? Comment Bébé s’enracine-t-il dans sa vie, sa ville, son village, sa culture ? Que nous apprend-il et qu’apprend-il, de nous, des autres ?
2 Roger Salbreux
3 Pédopsychiatre
4 Secrétaire de rédaction
Accueillir les pères en périnatalité Nine Glangeaud-Freudenthal, Florence Gressier Revue de l’enfant, coll. « La vie de l’enfant », Cahier Marcé, n° 7, Toulouse, érès, 2017, 28 €
5 En 2009, Simone Korff-Sausse publiait L’éloge des pères. Elle défendait l’idée que les pères n’avaient pas disparu, mais que les temps et donc les pères avaient changé. Ils assumaient maintenant leur rôle selon des modalités nouvelles : être plus présents et plus proches de leur enfant, dès la naissance. Huit ans après il semble que les choses n’aient pas suffisamment évolué. Autrefois absents du temps de la grossesse, de l’accouchement et parfois même des premiers mois de vie, les pères s’ouvrent certes aujourd’hui à davantage de proximité avec leurs enfants. Cependant, l’intérêt porté aux pères par les professionnels du soin reste encore imparfait. Travailler en périnatalité nécessite l’écoute du bébé, de la mère mais également du père, tout comme de la famille au sens large. Tout comme la mère, l’homme doit être soutenu dans son accès à la paternalité, pour lui-même, et aussi pour les conséquences que des difficultés psychologiques paternelles peuvent avoir sur le couple et sur le développement de l’enfant à court et long terme. Ce livre rassemble historien, sociologue, chercheurs et nombreux cliniciens, experts dans le champ de la périnatalité. Il présente la clinique et ses pratiques actuelles mais aussi les travaux de recherche les plus récents, afin de mieux penser la place des pères en période périnatale et ainsi de mieux les accueillir dans les différents lieux concernés par la naissance des bébés.
6 R. S.
Des droits pour les jeunes Revue Les cahiers dynamiques, n° 69, Toulouse, érès, 2017, 12,50 €
7 Aujourd’hui, en France, les droits de l’enfant ne sont pas toujours complètement pris en compte et les professionnels de la petite enfance ne les connaissent pas forcément très bien. Malgré un cadre légal très clair, des organisations dédiées, des conventions et des normes internationales et nationales spécifiques, de nombreux abus sont même relevés et tout se passe parfois comme si l’enfant, sous « main de justice », perdait certains droits élémentaires. Des petits droits pour de petites personnes. Aussi ce numéro de la revue Les cahiers dynamiques est-il consacré au respect des droits, de l’intérêt supérieur de l’enfant, et pose également la question de la parole du jeune, des voies de recours qu’il peut utiliser, de la formation dispensée aux professionnels de la pjj et plus largement à ceux du travail social.
8 R. S.
Livres
Périodes sensibles dans le développement psychomoteur de l’enfant de 0 à 3 ans Pierre Delion, Roger Vasseur Toulouse, érès, coll. « 1001 BB », n° 112, 2017, 1re éd. 2010, 208 p., 13,50 €
9 Cette réédition vient fort à propos. Ce petit livre issu des compétences complémentaires de deux auteurs connus est destiné à attirer l’attention des professionnels sur l’importance des périodes sensibles où, durant les trois premières années de la vie, des signes objectifs de dysfonctionnement moteur pourraient être banalisés. Mais il représente aussi un apport théorique précieux par la mise en parallèle de la construction de l’axe corporel et de l’évolution de la représentation de l’image du corps et du développement libidinal. La conquête de la maîtrise de l’axe corporel n’est qu’une des manifestations de la pulsion de vie qui pousse le bébé à investir son propre corps et l’ensemble de ses potentialités pour explorer et investir le monde. La prise en charge quotidienne des enfants à risque sur le plan développemental permet une meilleure récupération fonctionnelle quand l’intervention est précoce, coordonnée, intégrant les aspects physiologiques et psychologiques du bébé, car le cerveau est à cette période beaucoup plus réceptif à certaines stimulations spécifiques indispensables à sa maturation. Et tout cela, bien entendu, en relation avec ses parents qui deviennent actifs dans cette démarche.
10 Roger Salbreux
11 Pédopsychiatre
12 Secrétaire de rédaction
L’enfant de 2 à 6 ans Vie affective et problèmes familiaux Myriam David Dunod, coll. « Petite Enfance »,1997, 7e éd. 2016, 128 p., 12,90 €
13 Depuis bientôt vingt ans, ce petit livre de l’une des fondatrices de la pédopsychiatrie est constamment réédité, tout comme celui qui traite de la période précédente L’enfant de 0 à 2 ans. Vie affective et problèmes familiaux. C’est dire son intérêt pour les professionnels de l’enfance. La période qui suit la petite enfance est celle où interviennent de manière remarquable les situations dites œdipiennes. L’auteure en montre le rôle prépondérant tout en évitant une schématisation, redoutable dans ce domaine. Son ouvrage aborde la vie avec les autres, les relations et les conflits, en particulier fraternels, l’éclosion et l’orientation de la sexualité, la découverte de l’identité par le garçon ou la fille, l’orientation des sentiments vis-à-vis des parents. Cette période d’existence de 2 à 6 ans, bien comprise, apporte aux adultes de nouvelles possibilités d’échanges dans le cadre familial et durant les premières années de vie scolaire. Cet ouvrage aborde la période « fondation » de l’être sous l’angle de la vie affective, puisque les sentiments et les émotions du petit enfant, ses besoins et ses tendances supposent déjà de véritables relations humaines.
14 R. S.
De la naissance aux premiers pas Accompagner l’enfant dans ses découvertes motrices Michèle Forestier Préface de Jean-Charles Picaud Toulouse, érès, coll. « Enfance et parentalité »,2017, 1re éd. 2011, 280 p., 25 €
15 La série des rééditions continue. Voici un ouvrage très pratique pour tout public et notamment pour les parents inquiets. En effet, stimulés ou pas, tous les bébés en bonne santé parviennent à marcher, sans que l’on ait besoin de le leur apprendre. Toutefois, l’attitude des personnes qui les entourent peut favoriser ou freiner l’installation d’une bonne motricité. Forte de son expérience de kinésithérapeute, l’auteure répond aux nombreuses questions que se posent les parents et les professionnels de la petite enfance : le passage par le quatre pattes est-il important ? Faut-il aider le bébé à se mettre debout ou à marcher ? Doit-on s’inquiéter d’un petit retard d’installation de la marche ? Comment faire face à un bébé en difficulté ? Elle propose des conseils pour la vie quotidienne, pour le choix du matériel et des objets à mettre à disposition, mais aussi des jeux moteurs simples, faciles à partager, afin de donner au tout-petit toutes les chances d’être à l’aise dans son corps avant de savoir marcher. Les nombreux dessins et photos rendent l’ouvrage dynamique, vivant et pédagogique : au service de tous les enfants, qu’ils soient en bonne santé ou qu’ils présentent une pathologie, il a pour objectif d’inciter l’entourage familial et professionnel à mieux observer les tout-petits, à s’émerveiller devant leurs exploits moteurs, mais aussi à agir au bon moment en cas d’inquiétude.
16 R. S.
Les bébés à risque autistique Pierre Delion Toulouse, érès, Drames et aléas de la vie des bébés, coll. « 1001 BB », n° 12, 2017, 1re éd. 2008, 140 p., 11 €
17 Malgré une fréquence bien inférieure à ce qu’avancent certains, l’autisme est devenu un problème central dans la psychopathologie des enfants et au niveau de la santé publique. Cela en raison de la particularité du fonctionnement psychique étonnant et fascinant des enfants atteints. La notoriété de Pierre Delion et le succès de ses publications amènent forcément à des rééditions : en voici encore une. Au milieu des bien inutiles querelles et du tohu-bohu que génère actuellement l’autisme (pardon, les troubles du spectre autistique), tout le monde s’accorde à souhaiter un dépistage le plus précoce possible de cette situation. En remontant aux sources des histoires d’enfants autistes, des parents et des praticiens-chercheurs ont découvert que certains d’entre eux pouvaient nous adresser très tôt des signes spécifiques de leur souffrance singulière, et cela déjà lorsqu’ils étaient bébés. Cet ouvrage pluriel envisage ces signes précoces que nous envoient les bébés à risque autistique. Apprendre à écouter ces messages sans paroles peut aider les bébés et leur famille à rencontrer les personnes compétentes qui pourront les accompagner efficacement. Quel peut être le vécu de ces bébés à risque autistique ? Quels sont les dispositifs de soin auxquels les parents pourront avoir recours ? Voilà quelques questions auxquelles peut répondre cet ouvrage. Les problèmes éthiques posés par cet épineux sujet ne sont vraiment pas simples et trouveront une place de choix dans ce questionnement.
18 R. S.
Bébé, dis-moi pourquoi tu pleures Jacky Israël Préface de Véronique Abadie Postface de Bernard Golse Toulouse, érès, Mieux connaître les bébés, coll. « 1001 BB », n°120, 2017, 1re éd. 2011, 408 p., 15,50 €
19 Encore une réédition fort utile. Jacky Israël, pédiatre reconnu, auteur de Enfants, mode d’emploi : à l’usage des pères (Anne Carrière, 2010), aujourd’hui décédé, nous dit dans ce livre tout ce que nous avons toujours voulu savoir sur les pleurs du bébé. Il est en effet très difficile, voire impossible, pour de jeunes parents d’entendre leur bébé pleurer, dans les premiers mois, et souvent la première année. Mais comment répondre aux pleurs sans les comprendre ? Cet ouvrage est un vrai manuel de décryptage des pleurs du bébé, qui apportera des réponses précises et documentées à cette multitude de questions que parents et professionnels se posent, quand ils sont confrontés aux pleurs des bébés : souffre-t-il ? Est-il en danger ? Est-il normal qu’un nouveau-né qui a tout ce dont il a besoin puisse pleurer sans être malade ou en danger ? Qu’en est-il des fameux pleurs attribués de manière systématique à la faim, à l’angoisse de la nuit, aux coliques, aux douleurs dentaires, aux caprices ? S’agit-il de mythes ou de réalités ? Plus simplement, faut-il tout savoir pour répondre au bébé qui pleure et doit-on répondre tout de suite et à tous les pleurs ?
20 R. S.
L’enfant, l’animal, une relation pleine de ressources Anne Lanchon, Daniel Marcelli Toulouse, érès, coll. « L’école des parents », 2017, 224 p., 13 €
21 Les animaux occupent une place de plus en plus importante dans nos vies. Ce livre revient sur la relation enfant-animal, éclairée par les récentes découvertes des neurosciences et de l’éthologie. L’animal familier est pour l’enfant et dès son plus jeune âge un compagnon privilégié. Il partage avec lui ses jeux, ses moments de joie et de tristesse, ses découvertes motrices et sensorielles. Les récentes découvertes des neurosciences, de la psychologie et de l’éthologie montrent qu’il participe à sa sécurité affective et contribue à son développement émotionnel, affectif, cognitif et social. Plus tard, à l’adolescence, âge traversé par de multiples turbulences, il se révèle un ami précieux, fidèle et indulgent. Chiens, chats, poneys, chevaux… les animaux sont susceptibles de devenir également des partenaires de soins, auxiliaires subtils des thérapeutes et des éducateurs, pour les enfants souffrant de handicaps physiques, mentaux ou psychiques. À partir de leurs expériences professionnelles et personnelles, les auteurs, réunis à l’initiative de L’école des parents, explorent cette relation unique entre l’enfant et l’animal qui occupe une place importante dans nos vies et dans notre imaginaire, comme en témoignent les nombreuses figures animales dans la littérature pour la jeunesse. Quel impact l’animal domestique a-t-il sur le développement cognitif, sensoriel, psychomoteur, affectif et relationnel de l’enfant ? Quels sont les leviers et les effets des médiations animales auprès des enfants souffrant de handicaps physiques, mentaux ou psychiques ? Quel peut être l’apport pédagogique des animaux dans les écoles ? Que nous apprennent-ils, indirectement, sur le comportement humain et, notamment, sur les relations parents-enfants ?
22 R. S.
La petite enfance dans la cour des grands Une politique et des métiers à redécouvrir Jérôme Bonnemaison Préface de Jean Epstein Paris, Dunod, coll. « Petite Enfance », 2016, 160 p., 14,90 €
23 Contrairement à une opinion répandue, l’accueil de la petite enfance n’est pas seulement un « service rendu à la population ». En effet, il ne suffit pas de construire un bâtiment, d’y placer des diplômés en puériculture et autres métiers spécialisés dans la petite enfance, pour que l’objectif soit atteint. Les puéricultrices ne sont pas seulement des agents sanitaires et les autres professionnels ne sont pas des « nounous » qui réalisent des missions prosaïques : nourrir, changer, jouer. Ce livre démontre tout le contraire de cette vision archaïque de la « petite enfance ». Les crèches sont des lieux névralgiques du lien social ; elles jouent un rôle très important dans l’éducation, dans la construction des identités parentales, et dans une économie où les femmes aspirent à concilier emploi et vie familiale. Autour de ce lieu privilégié, bassin de paix et de confiance dans les quartiers, peut émerger une nouvelle dynamique du social, pour peu qu’on le veuille. Qu’est-ce que la petite enfance ? Quelle est la répartition des rôles dans la grande famille de la petite enfance ? Parlons aussi argent : en ce moment c’est important… Dans ce champ de nouveaux acteurs se présentent : le privé, les services. Il y a beaucoup de métiers dans le secteur de la petite enfance : les connaît-on bien ? Connaît-on l’éventail des modes de garde. A-t-on suffisamment valorisé l’accompagnement à la parentalité ? Que signifie « répondre à la demande » ? Évaluer des besoins pour programmer des réponses. Prendre en compte les mutations sociales et diversifier l’offre. La politique de la petite enfance est un moyen privilégié d’une politique de la parentalité. La petite enfance doit avant tout susciter une politique mobilisant des humains. Mais elle doit être aussi une politique de la qualité, une politique des lieux. Une politique de transformation de la société en commençant par le début. Ainsi ira-t-on vers une nouvelle alliance. À lire absolument.
24 R. S.
La parentalité accompagnée Patrick Mauvais Toulouse, érès, Du côté des parents, coll. « 1001 BB », n° 67, 2017, 1re éd. 2004, 144 p., 11 €
25 Nous sommes décidément dans l’année des rééditions de livres essentiels. Celui-ci a été publié pour la première fois il y a plus de dix ans et n’a pas pris une ride. Il est vrai que la parentalité préoccupe à juste titre. Les professionnels réunis ici, attentifs et assurés de leur confiance en l’enfant et respectueux des familles en devenir, nous enseignent combien l’accompagnement du processus de parentalisation peut bénéficier d’une approche qui se réfère d’assez près aux travaux d’Emmi Pikler à Lòczy. Cette pédiatre hongroise a fondé en 1946 la pouponnière de Lòczy à Budapest et fait autorité à propos de l’accompagnement de très jeunes enfants et de leurs familles. Des professionnels de la pmi, des lieux d’accueil, des services de soins en périnatalité, des camsp, mais aussi des pouponnières témoignent dans cet ouvrage de leurs pratiques dans l’accompagnement des relations entre parents et enfants. On retrouvera ici l’importance qu’Emmi Pikler accordait, jusqu’au moindre détail, aux conditions concrètes du bien-être et de la sécurité de l’enfant.
26 R. S.
Du soin et du relationnel entre professionnel et enfant Recueil d’articles de l’Institut Pikler, 1 Raymonde Caffari-Viallon Toulouse, érès, coll. « Pikler-Lóczy », 2017, 200 p., 20 €
27 L’art d’accueillir de jeunes enfants en collectivité ne va pas de soi. Or la qualité du lien enfant-professionnel est, pour le tout-petit, la condition indispensable de son bien-être et du bon développement de sa personnalité. Comment associer soin et relation ? Quelle est la nature de la relation maternante, mais non maternelle, à construire par les professionnels qui prennent soin au quotidien des tout-petits en l’absence de leurs parents ? Chaque institution la nuance, la colore en fonction de son propre projet pédagogique, mais elle a un triple fondement : les compétences des professionnels, le soutien dont ils disposent et l’organisation de l’institution. Faire des soins corporels et des repas des moments privilégiés où cette relation peut se construire et se fortifier est une des propositions de l’approche piklérienne qui dessine une véritable pédagogie du premier âge. Les auteures, qui ont toutes travaillé avec Emmi Pikler, à la pouponnière de la rue Lóczy à Budapest en tant que soignante, pédagogue, pédiatre, psychologue, transmettent chacune à leur manière les conceptions piklériennes dans leur complexité et leur subtilité.
28 R. S.
Créer un atelier thérapeutique avec des marionnettes Adeline Monjardet Toulouse, érès, coll. « Trames », 2017, 368 p., 18 €
29 L’art de la marionnette, souvent perçu selon les sociétés dans une perspective récréative, rituelle ou magique, peut aussi avoir des vertus thérapeutiques. Les enfants, très réceptifs à l’imaginaire porté par les petites figurines qu’ils façonnent eux-mêmes, peuvent à cette occasion verbaliser de façon indirecte mais souvent très limpide leur difficulté d’être. Pouvoir jouer de sa marionnette, pouvoir être ou faire semblant d’être un autre, jouer de ces identifications multiples, les éprouver en soi, procurent de multiples ressentis émotionnels passés ou présents. Avec ses caractéristiques d’objet créé-perdu-retrouvé, la marionnette permet au sujet d’être à la fois lui-même et un autre. Cette ambiguïté des rôles et des fonctions permet au « je » de se décliner sous divers masques, de se cacher ou de se dévoiler, autorisant le sujet à se reconnaître multiple, partagé, animé des désirs contradictoires qui sont ceux de la nature humaine. Ce livre propose un guide complet pour comprendre et pratiquer cette médiation thérapeutique, à la fois efficace et ludique. À l’aide d’exemples concrets, puisés dans une expérience d’une vingtaine d’années dans divers lieux soignants, l’auteure livre les modalités de création d’ateliers thérapeutiques avec des marionnettes et rend compte des possibilités qu’ils offrent.
30 R. S.
Enseignants et éducateurs face au handicap D’un mariage forcé à une union librement consentie Sandrine Amaré, Philippe Martin-Noureux Toulouse, érès, coll. « Connaissances de la diversité », 2017, 288 p., 23 €
31 L’École ne peut plus être pensée comme un territoire qui s’arrêterait là où commence celui de la filière spécialisée, représentée en France par le secteur médico-social. Désormais, les acteurs éducatifs doivent s’engager dans une logique d’actions où prévaut le projet de l’enfant, un projet sur lequel les capacités d’expertise des uns et des autres se combinent pour travailler dans la continuité. Derrière cette volonté, l’enjeu significatif est celui d’un rapprochement entre deux cultures, celle des professeurs des écoles d’une part, celle des éducateurs spécialisés d’autre part. Alliance, on le sait rendue bien difficile par la dépossession en 1943 de l’Éducation nationale de l’éducation et de l’enseignement des « jeunes inadaptés » au profit de la Santé [1]. Ces acteurs devront désormais être amenés à coopérer pour répondre au droit à la scolarisation. L’objectif de cet ouvrage est donc de mettre en lumière une nouvelle forme de dialogue entre eux. C’est à cela que s’emploient les auteurs en écho tant à leurs recherches qu’à leurs actions sur le terrain. Leur réflexion ouvre des pistes de compréhension et d’action visant l’emprunt d’une nouvelle voie, celle qui mène à une culture commune.
32 R. S.
Dictionnaire critique de l’accompagnement médico-social des personnes handicapées mentales Philippe Chavaroche Préface de Philippe Gabbai Toulouse, érès, coll. « Trames », 2017, 200 p., 13 €
33 Penser avec les mots pour éviter que les mots ne pensent pour nous : ce dictionnaire, facile d’utilisation par les professionnels, a pour ambition de déjouer les pièges du prêt-à-penser de l’accompagnement médico-social. En effet, les mots, soutiens de la pensée dans son élaboration et dans sa communication, ont tendance à perdre leur sens au profit d’une utilisation stéréotypée (dans les projets personnalisés notamment), d’une « langue de bois » énoncée dans les directives officielles et autres « recommandations de bonnes pratiques » ou bien encore dans un vocabulaire nosographique très confus, ne traduisant plus les réalités psychopathologiques quotidiennes. En s’attachant à dégager le sens des mots les plus couramment utilisés dans le secteur médico-social, Philippe Chavaroche souhaite aider les professionnels qui accueillent des personnes de plus en plus handicapées et souffrantes, à réfléchir aux difficiles réalités cliniques de l’accompagnement et à mieux en appréhender les dimensions institutionnelles, dans le contexte des dérives formalistes et managériales des établissements qui les emploient.
34 R. S.
L’enfant adopté Jean-Vital de Monleon Paris, Doin, coll. « Progrès en pédiatrie », 2017, 192 p., 32 €
35 Il n’est pas de médecin de l’enfance qui ne suive d’enfants adoptés parmi ses patients. Pourtant, les connaissances spécifiques nécessaires à la bonne approche de ces enfants sont souvent limitées, bien qu’essentielles à leur développement et à leur santé. Beaucoup de professionnels s’interrogent par exemple sur la nécessité d’établir ou non un bilan clinique complet à l’arrivée de l’enfant, ou sur le choix des examens les plus utiles. De plus, certains signes peuvent être ignorés, minimisés ou, au contraire, exagérés. Les questions sont multiples et se succèdent tout au long de l’enfance, formant une très large aire de questionnement. Il peut s’agir de questions purement médicales : vaccinations, pathologies infectieuses, syndrome d’alcoolisation fœtale, croissance et puberté, etc. La part psychologique est tout aussi fondamentale pour mieux comprendre comment un enfant non issu biologiquement de ses parents adoptifs va se construire. La procédure d’adoption elle-même n’est pas toujours claire aux yeux des professionnels, alors qu’il est important de connaître la façon dont celle-ci se déroule, aussi bien du point de vue des familles que de celui des enfants. Tous ces thèmes sont abordés ici, faisant de ce livre un outil précieux pour tout professionnel qui accompagne de près ou de loin des enfants adoptés et leurs familles.
36 R. S.
Sommes-nous bientraitants à l’égard de nos enfants ? Catherine Zittoun (sous la direction de) Paris, Doin, coll. « Polémiques », 2015, 298 p., 28 €
37 L’enfant, dans les sociétés occidentales, est au centre de toutes les attentions, on le choie, on le gâte, on le comble. Les désirs d’enfants sont tels que prolifèrent, outre l’adoption, des pratiques de pma (procréation médicalement assistée). La notion de bientraitance est très présente, particulièrement dans les institutions relatives à l’enfance, les institutions soignantes ou tournées vers les personnes âgées ou en situation de handicap. Mais lorsque l’on parle de bientraitance, on soulève inévitablement la question de la maltraitance. Ainsi ces enfants placés et trimballés d’une institution à l’autre, d’autres vivant dans des hôtels sociaux, gardés par des éducateurs qui se relayent 24 h/24, d’autres encore enfermés et punis dans des chambres de foyers ou d’internats pour avoir été violents, d’autres aussi se faisant traiter de « nuls » devant les camarades par un professeur, et d’autres encore, enjeux de guerres incessantes entre des parents divorcés, etc. La liste des maltraitances à l’égard des enfants est longue… Comment comprendre ce hiatus entre les faits et les intentions et actions ? Qu’est-ce qui y participe ? Comme si l’adage « le mieux est l’ennemi du bien » se vérifiait, certaines situations de maltraitance découlent d’un réel désir de bientraitance qui en « aurait fait trop ». Nos modèles culturels, sociaux, économiques, doivent être questionnés pour répondre à cette épineuse question : sommes-nous bientraitants à l’égard de nos enfants ? Pour rédiger cet ouvrage collectif, ont ainsi été réunis des spécialistes venant d’horizons divers (écrivain, cliniciens, travailleurs sociaux dans le champ de la protection de l’enfance, juge des enfants, économiste, spécialiste de l’environnement, etc.) qui donnent des pistes de réflexion et proposent des issues à la question posée.
38 R. S.
Petite enfance et handicap : famille, crèche, maternelle Diane Bedoin, Martine Janner‑Raimondi, Serge Ebersold Presses universitaires de Grenoble, coll. « Handicap, vieillissement, société », 2016, 280 p., 19 €
39 Comment se passe la découverte du handicap dans la famille avant et après la naissance ? Comment se modifient les relations avec la fratrie ? Comment accueillir les enfants en situation de handicap en milieu « ordinaire » : crèche et école maternelle ? Cet ouvrage traite de la prise en compte du handicap chez l’enfant de 0 à 6 ans. Pour ce faire, les auteurs donnent la parole aux acteurs concernés par les projets d’inclusion de jeunes enfants en situation de handicap : parents, puéricultrices, auxiliaires de puériculture, enseignants, auxiliaires de vie scolaire, mais aussi camarades de classe. Les tensions autant que les points d’appui constructifs pour un accueil favorable de l’enfant handicapé en milieu ordinaire sont ainsi mis en évidence. Les résultats de ces recherches intéresseront les parents, les professionnels de la petite enfance et de l’éducation, les responsables de structures collectives accueillant de jeunes enfants ainsi que les responsables d’associations et les chargés de mission petite enfance, au niveau des collectivités locales. Cet ouvrage s’adresse également aux étudiants se destinant à ces métiers, et aux chercheurs spécialistes du champ.
40 R. S.
Une construction de la parentalité d’enfant handicapé par un engagement militant Quand un imaginaire associatif devient fondateur d’une identité parentale Alain Minet Paris, L’Harmattan, 2017, 278 p., 28,50 €
41 Les parents d’enfants en situation de handicap et les associations qui les représentent, vivent au sein d’une société où l’imaginaire collectif attribue des significations précises au handicap et à la parentalité, ce qui pour une part explique et en tout cas majore la souffrance des familles. Des avancées scientifiques, anthropologiques notamment, ont considérablement fait évoluer le concept de handicap. À l’heure de la nouvelle définition du handicap qui pointe l’environnement comme créant l’inadaptation de l’individu, quel est l’avenir du « bon parent responsable » ? Cet ouvrage se propose de suivre la trajectoire des associations de parents d’enfants handicapés qui ont repris à leur compte ces notions nouvelles. Il semble que s’y initie et s’y découvre une identité parentale singulière, plus valorisée. En conséquence, s’y développent des échanges sociaux favorables au handicap. Bref, l’ouvrage retrace la métamorphose de l’enfant handicapé, signe de malheur, en un enfant aimable et protégé. Une fois de plus se vérifie l’idée que le handicap est, pour une large part, une construction sociale.
42 R. S.
Les cauchemars Ces sombres messagers de la nuit Martine Menès Toulouse, érès, coll. « Psychanalyse et clinique », 2016, 122 p., 15 €
43 Ce court essai est dû à une psychologue membre de l’École psychanalytique des Forums du Champ lacanien. Elle traite ici du rêve, mais aussi et surtout du cauchemar. Même si la frontière entre les deux n’est pas toujours simple à distinguer. La question qui la taraude est celle de savoir si le cauchemar est un rêve qui aurait mal tourné ou bien une forme spécifique de songe, avec d’autres causes et d’autres buts. En outre, elle s’intéresse aux aspects traumatiques qui œuvrent à son origine et qui, très souvent, se perpétuent dans les rêves et cauchemars ultérieurs. En résumé, pour cette auteure, au style poétique parfois peu clair, le cauchemar semble être à la fois une sorte d’irruption et de traitement du Réel. On sait que dans le corpus lacanien, celui-ci est la réalité organique sur laquelle on vient à buter, l’impossible à symboliser. En d’autres termes, le lecteur ne trouvera dans cet ouvrage que très peu de données neurophysiologiques et psychanalytiques « orthodoxes » modernes sur le sommeil de l’enfant ou de l’adulte. Je pense ici notamment à la distinction entre sommeil à ondes lentes et sommeil à ondes rapides, à celle encore entre rêves d’angoisse, terreurs nocturnes, rêves traumatiques et cauchemars, aux liens entre cauchemars et insomnies ou somnambulisme, etc. On découvrira dans le n° 9 de la revue Petite Enfance (SantéLog/Alliedhealth/Internet) consacré au sommeil de l’enfant et paru en 2010 de plus amples informations, par ailleurs plus précises et mieux référencées sur le plan bibliographique. Reste que l’auteure, grâce à ses quelques notations cliniques, sait bien rendre compte que tout rêve comme tout cauchemar est d’abord une narration, c’est-à-dire une manifestation du discours de l’inconscient.
44 Jean-Tristan Richard
45 Psychologue-psychanalyste (22000 Saint-Brieuc) Ancien directeur adjoint camsp-ipp (75014 Paris)
Mon combat pour une psychiatrie humaine Pierre Delion avec Patrick Coupechoux Paris, Albin Michel, coll. « Essais », 2016, 288 p., 19,50 €
46 On ne saurait trop recommander cet ouvrage. Il a la vertu de retracer le parcours professionnel d’un psychiatre d’aujourd’hui. Il est dû à Pierre Delion qui se voit stimulé ici, comme en sous-main, par les questions et les demandes de précisions de Patrick Coupechoux. En réalité, l’ouvrage est totalement écrit à la première personne. Au-delà de nombreuses anecdotes qui l’ont marqué et qu’il nous relate, Delion nous livre ainsi son histoire, ses rencontres et ses réflexions au fil de sa vie de psychiatre, puis de pédopsychiatre, jusqu’à son rôle actuel de professeur universitaire. En effet, après avoir été infirmier et aide-soignant pour payer ses études, il a d’abord pratiqué en hôpital psychiatrique pour patients adultes. Ce qui lui permet de souligner l’importance de la sectorisation, celle de l’apport psychanalytique (s’il a fait une « cure », il n’est pas devenu analyste) et celle de la psychothérapie dite institutionnelle. On lira ici de très belles et éclairantes pages explicatives sur les transferts à l’œuvre dans les services hospitaliers spécialisés et sur la nécessaire inscription effective de ces derniers dans la cité. Puis, P. Delion a bifurqué vers la pédopsychiatrie. Au sein de divers services, il découvre là d’abord l’enfance en souffrance, puis les bébés, et, enfin, les jeunes autistes. Il en résulte des approfondissements sur les équipes, les formations des personnels, les techniques psychothérapiques, la violence, etc. J’insiste sur la clarté et l’humilité qui traversent chaque page, loin de toute acrimonie ou polémique. On sait, de fait, combien P. Delion a été attaqué, y compris en justice, pour sa défense de la pratique du « packing » avec certains enfants autistes, au moins à titre d’essai. Ce témoignage de toute une vie dédiée à la vision d’une psychiatrie plus humaine est absolument exemplaire. Il devrait être lu toutes affaires cessantes par tous les professionnels et tous les étudiants en psychiatrie, psychologie, psychomotricité, orthophonie, éducation, pédiatrie, etc.
47 J.-T. R.
Naissances : pour une éthique de la prévention Françoise Molénat Toulouse, érès, coll. « Prévention en maternité », 2016, 1re éd. 2001, 134 p., 15 € et Deuil en maternité Jocelyne Clutier-Seguin, Rose-Marie Toubin (sous la direction de) Toulouse, érès, coll. « Prévention en maternité », 2016, 312 p., 28 €
48 Sans nul doute, le sait-on aujourd’hui, la périnatalité est actuellement une question « à la mode ». Tout se passe comme si on redécouvrait l’importance de tout ce qui entoure la naissance… Quoi qu’il en soit, voici deux ouvrages importants en la matière. Tout d’abord, celui de F. Molénat. Il s’agit là de la réédition d’un livre devenu depuis quinze ans une référence. L’auteure, pédopsychiatre à Montpellier, très engagée sur le terrain depuis la fin des années 1970, rappelle les bases éthiques de l’accompagnement des femmes parturientes. Les questions de la prévention de la maltraitance, de l’apparition des troubles du développement, de la prise en compte des dépressions parentales et de la nécessité du travail en réseau la mènent à proposer de changer nos regards et nos habitudes. Un livre devenu un classique à méditer encore et encore. Ensuite, voici un ouvrage dirigé par une sage-femme et une pédopsychiatre exerçant toutes les deux aussi du côté de Montpellier. Elles ont invité des anesthésistes, des gynécologues-obstétriciens, des infirmières, des aides-soignantes, des médecins généralistes, des pédiatres, des pédopsychiatres et des psychologues à participer à leurs questionnements. D’une certaine façon, ceux-ci poursuivent la réflexion initiée par M.‑J. Soubieux dans son livre de référence (Le deuil périnatal, Ed. Faber-érès, 2010). Leurs propos abordent les différentes morts périnatales (interruptions médicales de grossesse, avortements spontanés, etc.), mais aussi l’enfant d’après, le décès d’un proche pendant la grossesse, les réactions des équipes soignantes et la formation de celles-ci. Sans nul doute, voici là aussi un « classique ». En d’autres termes, on ne saurait trop vous conseiller la lecture de ces deux ouvrages.
49 J.-T. R.
De la clinique avant toute chose Joseph Rouzel (sous la direction de) Paris, L’Harmattan, 2016, 180 p., 19,50 €
50 J. Rouzel, ancien éducateur devenu psychanalyste, puis auteur de maints livres et créateur du centre de formation PsychaSoc, a pris appui pour ce nouvel ouvrage sur deux circonstances. Tout d’abord, la refonte des textes législatifs relatifs à la formation initiale et à la formation continue. Une refonte, condamnant les petits instituts à disparaître, passée presque inaperçue. Ensuite, l’anniversaire de la création il y a seize ans de PsychaSoc à Montpellier (30 formateurs, 4 000 personnes formées, 150 interventions institutionnelles). Pour remettre en cause le primat de l’économique sur le désir de l’être parlant et réunir ses troupes pour poursuivre le combat, J. Rouzel a réuni une dizaine de ses collaborateurs les plus proches. D’obédience lacanienne, J. Rouzel et ses invités insistent sur les idées que la formation n’est pas une marchandise comme les autres, qu’un sujet n’existe qu’en lien avec autrui, que l’action éducative, sociale ou thérapeutique repose sur le transfert et le contre-transfert, etc. Autant de vibrants témoignages éthiques qui ne constitueront sans doute pas qu’un « baroud d’honneur »…
51 J.-T. R.
Les troubles alimentaires du bébé Thomas Cascales Toulouse, érès, coll. « La vie de l’enfant », 2015, 240 p., 25 €
52 Très fréquemment, l’enfant, ou le jeune enfant, en difficulté psychique se manifeste prioritairement par des troubles de l’alimentation. Même si le désir de manger s’appuie sur des bases neurophysiologiques évidentes, il s’avère aussi attaché aux premières relations à la mère et atteste de la possibilité d’une fragilité précoce. Celle-ci toucherait un quart des nourrissons reçus en clinique pédiatrique. D’ailleurs, les pédopsychiatres et les psychanalystes de la première heure se sont souvent intéressés à la question des différentes formes d’anorexie ou de boulimie du bébé et, parfois, aux aversions alimentaires de celui-ci : primaires, secondaires, du premier trimestre, du second semestre, etc. Pourtant, c’est sans se référer à eux que T. Cascales, un psychologue-analyste qui s’est formé dans le service de banlieue parisienne de S. Lebovici et qui travaille dans un service toulousain de périnatalité, a écrit ce livre. En effet, il a choisi de s’appuyer sur son expérience concrète, en particulier à partir de consultations conjointes (avec pédiatre, diététicienne, orthophoniste ou phoniatre), pour nous livrer ses réflexions. Il est ainsi conduit à exposer les diverses modalités de prises en charge de ces jeunes enfants tout en soulignant leur importance en termes de prévention. Il y est aussi question de situations particulières, comme celles attachées à une cause organique. Tout cela passe par une mise en perspective de l’intérêt de l’observation (par différentes méthodes, y compris l’enregistrement vidéo) et par un rappel de l’apport fondamental de S. Freud et de D.W. Winnicott. Il en résulte que le trouble alimentaire du bébé oscille entre excitation et emprise, interdépendance et dépression. L’auteur rend compte également, en détail, de plusieurs présentations de cas. À noter qu’il s’appuie – non pas donc sur les auteurs « classiques » spécialistes de l’alimentation du nourrisson (et dont J. de Ajuriaguerra avait rendu compte dans son célèbre Traité de psychiatrie infantile, toujours actuel et inégalé, paru aux éditions Masson), et même s’il cite des analystes « modernes » (comme A. Green, P. Denis, B. Golse, L. Kreisler, R. Roussillon ou S. Missonnier) – mais sur la classification (encore peu connue en France) proposée aux États-Unis par I. Chatoor dans les années 2000 pour circonscrire ce qu’il est désormais convenu d’appeler les tca (troubles du comportement alimentaire).
53 J.-T. R.
Petite Enfance et Handicap Diane Bedoin, Martine Janner-Raimondi (sous la direction de) Presses universitaires de Grenoble, 2016, 280 p., 19 €
54 Voici un ouvrage publié par les Presses universitaires de Grenoble regroupant huit universitaires de l’Ouest, plus précisément des facultés de Rouen et de Caen. Il vise à étudier scientifiquement le handicap chez le jeune enfant au fil de son développement de 0 à 6 ans et de ses rencontres. Ainsi, les auteurs nous exposent leurs recherches, ainsi que celles de leurs collègues, tout d’abord au sein de la famille (parents et fratrie), puis dans les collectivités (crèches et écoles maternelles), et enfin quant aux relations entre profanes et experts, les professionnels médicaux et paramédicaux des services spécialisés. Les tensions et les incompréhensions, mais aussi les liens et les appuis se voient expliqués aussi bien que mis en perspective. Le but avoué des auteurs est d’éclairer les processus d’inclusion des enfants handicapés dans le monde dit normal et de favoriser l’empathie ; ainsi souhaitent-ils toucher aussi bien les parents, les enseignants, les collectivités locales que les professionnels, les chercheurs et les étudiants. Il nous a semblé que le pari était tenu, notamment grâce à l’exposé de nombreux exemples de situations concrètes (même si réduites à quelques lignes, nous laissant souvent sur notre faim). Une intéressante bibliographie d’une vingtaine de pages clôt le tout.
55 J.-T. R.
Les enfants exposés aux violences collectives Marion Feldman (sous la direction de) Toulouse, érès, coll. « La vie de l’enfant », 2016, 182 p., 23 €
56 Marion Feldman est à la fois psychologue clinicienne, enseignante en faculté et chercheure. Pour articuler les dimensions individuelles et socioculturelles que le thème de l’ouvrage qu’elle a dirigé appelle, elle s’est entourée de seize collègues. Au vrai, il s’agit là de la reprise des principales interventions d’un colloque organisé par ses soins avec l’université Paris--Descartes. On trouvera, en ouverture, un chapitre passionnant de S. Missonnier sur l’actualité du concept de « traumatisme de la naissance », ce à partir d’un suivi clinique d’une femme enceinte jusqu’après son accouchement, et, en fermeture, une réflexion tout aussi passionnante de F. Marty sur le mythe de l’origine. Entre les deux, les autres contributeurs partageront avec le lecteur leurs expériences et leurs réflexions à propos de ces enfants et adolescents « exposés » (au sens antique de soumis à une épreuve traumatisante). Trois grands chapitres ordonnent leurs propos. Le premier s’attache aux situations de négligence et de maltraitance parentales ayant conduit au placement de l’enfant, d’une part, et aux situations de soins intergénérationnels et intra-familiaux suite à des guerres civiles ou des catastrophes naturelles, d’autre part. Le deuxième rend compte du poids de l’histoire collective dans la construction identitaire dans plusieurs contextes (Shoah, colonisation de l’Algérie, exil des Tamouls, génocide au Rwanda, etc.). Le dernier chapitre relate trois expériences de prises en charge de bébés et d’enfants ayant souffert de violences collectives : l’institut Pikler-Lòczy de Budapest, le travail de Médecins sans frontières auprès des enfants des rues au Guatemala et l’accueil des mineurs isolés étrangers en France. L’ensemble allie essais de théorisation et propositions d’accompagnement avec une finesse et une sensibilité remarquables, à l’aune des enjeux majeurs que ces situations constituent, à savoir le panser et la reprise des processus de développement psychique et d’enveloppement culturel.
57 J.-T. R.
Handicap psychique : questions vives Valérie Boucherat-Hue, Denis Leguay, Bernard Pachoud, Arnaud Plagnol, Florence Weber (sous la direction de) Toulouse, érès, coll. « Connaissances de la diversité », 2016, 392 p., 30 €
58 On sait sans doute que l’on parle aujourd’hui de « handicap psychique » pour évoquer toutes les formes graves de trouble mental qui altèrent comportements et relations, par comparaison avec le « handicap mental » qui se réfère aux déficiences intellectuelles légères, moyennes ou profondes, de toutes origines. Bien évidemment cela est très schématique, d’autant que les deux types de handicap se retrouvent souvent associés. Cet ouvrage, que l’on doit essentiellement à des psychiatres et des psychologues (cependant, on note la présence de sociologue, magistrat, économiste, ergothérapeutes, etc.), vise donc à interroger nos pratiques sanitaires et médico-sociales auprès des personnes handicapées psychiques. De fait, il est né du constat d’un clivage persistant entre ces deux secteurs, à l’instar des autres clivages : inné/acquis, cognitif/affectif et psychique/social. Il en résulte des émiettements théoriques, cliniques et institutionnels qui empêchent de dépasser le strict paradigme médical de la maladie au profit d’une vision holistique transdisciplinaire plus humaine et plus citoyenne. La trentaine d’auteurs ici réunis est ainsi logiquement conduite à aborder nombre de thématiques très différentes même si sécantes. On appréciera tout particulièrement les chapitres dédiés aux aspects sociopolitiques et économiques du handicap psychique, aux institutions spécialisées de l’enfance et de l’adolescence, aux controverses relatives à l’autisme, aux orientations de la recherche, aux modèles de prises en charge et aux accompagnements institutionnels. On le voit, cet ouvrage embrasse une multitude de facettes en prenant quelque hauteur, afin de tenter d’honorer son ambition finale : proposer un projet politique consensuel. En cela, il est une réussite ou, du moins et plutôt, un premier pas. En effet, la route nous semble encore longue…
59 J.-T. R.
Évaluation clinique des psychothérapies psychanalytiques Anne Brun, René Roussillon, Patricia Attigui (sous la direction de) Paris, Dunod, coll. « Psychothérapies », 2016, 512 p., 39,50 €
60 D’un côté, dans un contexte de scientisme inféodé à la logique financière, la psychologie comportementale fait retour et s’habille des techniques d’évaluation. D’un autre côté, la psychanalyse continue souvent à répéter les hésitations de S. Freud lui-même, partagé entre son inscription dans le champ général de la science et sa réclamation d’un statut à part, entre art et artisanat. Aujourd’hui, certains praticiens français proposent d’aborder la question en décidant de se soumettre à cet impérialisme de la méthodologie évaluative. Mais, afin de tenter de préserver la spécificité de l’approche psychanalytique, ils élaborent eux-mêmes leurs propres outils. Pour cela, ils préfèrent généralement proposer non pas une évaluation quantitative, statistique, mais une évaluation qualitative, clinique. C’est ce dont rend compte ce volumineux ouvrage. Les premiers chapitres discutent de l’histoire de l’évaluation en psychanalyse (A. Brun) et affirment qu’on ne saurait s’y soustraire davantage (R. Roussillon). Toutefois, les chapitres suivants montrent que les mesures de la subjectivité ne sauraient aller de soi (R. Perron, N. Georgieff, B. Falissard…). Une seconde partie est consacrée aux méthodes d’exploration des changements induits par les processus thérapeutiques. Elle s’appuie sur différents contextes : la psychothérapie individuelle, la psychothérapie groupale et la psychothérapie institutionnelle. On est ainsi convié à élaborer des critères d’évaluation lors du travail avec des enfants ou des adultes incarcérés en médiation picturale (A. Brun…), avec des enfants autistes en médiation équine ou musicale (A. Lorin, T. Rabeyron…), avec des équipes institutionnelles (A. Brun, R. Roussillon…). De nombreux tableaux schématiques illustrent au fil des pages le projet initial. Mais la conclusion d’une quinzaine de contributeurs ne saurait être logiquement harmonisée, ce qui explique qu’elle consiste en une proposition de protocole de recherche intra-psychanalytique à venir. Souvent j’ai pensé que les auteurs se disaient que, quitte à devoir se dissoudre dans une évaluation subie venue de l’extérieur, autant essayer de donner à l’ennemi les armes avec lesquelles il pourrait la mettre en place. C’est toute l’ambiguïté et la gageure de cette somme, au demeurant, incontournable.
61 J.-T. R.
Clinique du corps et de l’acte Devenir psychologue Tribulations professionnelles d’un praticien chercheur ordinaire Patrick-Ange Raoult Paris, L’Harmattan, coll. « Psycho-Logiques », 2016, 294 p., 31 €
62 L’auteur a été professeur de karaté et psychomotricien avant de devenir psychologue clinicien, maître de conférences, expert auprès des tribunaux et superviseur. En quelque trente-cinq ans, il a écrit plus de cent articles et une quinzaine d’ouvrages. Aujourd’hui, il dresse une sorte de -testament-témoignage de son parcours professionnel dans les champs social, médico-social et psychiatrique. Pour cela, il nous rend compte de l’évolution de ses réflexions en résumant ses principaux travaux. Sont ainsi détaillés la praxis clinique, les activités pédagogiques, l’épistémologie d’une pratique à vocation scientifique, les liens psychanalyse/psychothérapie, le corps et la subjectivité, la clinique du corps, le statut professionnel du psychologue, la formation doctorale de celui-ci, le cadre institutionnel de son exercice. Bref, toutes les questions qui ont animé P.‑A. Raoult au fil de sa carrière. À chaque fois, il clôt ses réflexions en ouvrant quelques perspectives. Grâce à cet ouvrage, on découvrira peut-être ou redécouvrira un auteur exigeant, passionné, engagé.
63 J.-T. R.
Approches plurielles des autismes Graciela C. Crespin (sous la direction de) Toulouse, érès, coll. « préaut », 2017, 280 p., 19 €
64 Voici le treizième numéro des cahiers du groupe de travail dénommé le PréAut (Programme de recherches et d’études sur l’autisme). On se souvient peut-être que nous en avions présenté ici quelques numéros antérieurs. Aujourd’hui, nous sommes toujours heureux de constater que ce groupe de travail dirigé par G.C. Crespin poursuit au rythme de un volume par an ses réflexions. Le titre de ce volume est explicite. Ce qu’on y trouvera, ce sont bien des articles théoriques et cliniques, divers et complémentaires, où les domaines cliniques, scientifiques, pédagogiques, éducatifs et psychothérapiques se répondent. On appréciera tout particulièrement un portrait très vivant de la pédopsychiatrie depuis sa naissance, la présentation de l’entrée à la fois cognitive et pulsionnelle dans l’autisme, l’abord du rôle possible de la mélatonine dans son installation, des exposés de diverses aventures institutionnelles (ime, dispositif expérimental, etc.) et une méta-analyse d’articles principalement anglo-saxons sur les effets à long terme des méthodes comportementales. À signaler également la présentation du témoignage d’un père d’enfant autiste, par ailleurs architecte, d’où une seconde contribution de sa part reprenant ses propositions à la fois pertinentes et mesurées d’aménagement des services et institutions spécialisés. En cherchant à se tenir sans cesse à l’écart des oppositions idéologiques simplificatrices, tous les auteurs abordent leurs connaissances dans un esprit d’ouverture.
65 J.-T. R.
Vivre avec l’autisme, une expérience relationnelle Juan Larban Vera Préface de Bernard Golse Toulouse, érès, coll. « La vie de l’enfant », 2016, 260 p., 23 €
66 L’auteur est un psychiatre-psychothérapeute formé initialement en Espagne et en Suisse et travaillant depuis 2008 à Ibiza. Son livre, publié en 2012 à Barcelone, a été un succès dans son pays ; il se voit aujourd’hui traduit et préfacé par le Pr B. Golse pour les éditions érès. Comme le titre l’indique, il s’agit de proposer une sorte de viatique à l’usage des soignants et des familles de patients autistes. Pour cela, J. Larban Vera nous emmène tout d’abord dans la psyché naissante. En effet, toute la première partie est composée de brefs chapitres passant en revue les données cliniques actuelles relatives au développement mental infantile : les soins, les fonctions parentales, les compétences et les interactions précoces, la pensée du bébé, les projections et les identifications, etc. La deuxième partie se concentre autour de nouveaux chapitres abordant de façon tout aussi vivante les différents troubles du spectre autistique et autres troubles envahissants du développement, la théorie de l’esprit, les aspects génétiques, les autres causes probables, etc. Enfin, la dernière partie traite du dépistage, du diagnostic et du traitement des autismes infantiles. Le tout, dans une perspective intégrant la pluridisciplinarité ouvrant la voie à des lendemains pavés d’espoir grâce à la centration sur la relation établie. Avec beaucoup de clarté, de bon sens et d’humanisme, J. Larban Vera, comme le note B. Golse, restitue toute l’importance d’un domaine actuellement négligé dans ce champ, à savoir celle de la réalité psychique.
67 J.-T. R.
Évasion
Les libérés Mémoires d’un aliéniste, Histoire de fous Riciotto Canudo Paris, Plon, coll. « Terre Humaine/Poche », 2016, 352 p., 8,50 €
68 Voici un livre étrange et à bien des égards prémonitoire. Il est dû à la plume d’un écrivain italien ayant fait partie de l’avant-garde intellectuelle de son pays à la charnière des xixe et xxe siècles. On lui doit plusieurs romans et des ouvrages sur l’art. Paru en 1911, ce livre se présente comme le journal d’un psychiatre--directeur d’apparence révolutionnaire. Dans ses descriptions de son hôpital, il nous présente, en effet, une structure, presque de type phalanstère, au sein de laquelle la sexualité et la musique constituent des outils thérapeutiques revendiqués. Loin d’être une institution sourde et aveugle, froide et autocentrée, cet hôpital humanise les relations des soignants et des soignés. Au vrai, ce médecin est persuadé que la folie est une réponse individuelle saine à des injonctions sociales pathologiques, de sorte qu’en toute logique le malade mental est la personne la plus rationnelle et libre de la société qui soit. Certains ont vu là une sorte de vision des thèses développées par le courant dit antipsychiatrique dans les années 1960-1980. En réalité, les choses s’avèrent plus compliquées, plus ambivalentes. En effet, si la musique constitue bien une médiation visant l’apaisement des pulsions, la place de la sexualité demeure encore restreinte. En outre, la liberté peut vite se muer en aliénation. Nous découvrons tout cela plus particulièrement à travers les relations entre ce médecin chef et l’un de ses patients pour le moins récalcitrant. Aujourd’hui, cela nous évoquera quelque peu le célèbre Vol au-dessus d’un nid de coucou (roman de K. Kesey, 1962 et film de M. Forman, 1975)… Au-delà de la fin tragique de l’ouvrage que je me garderai, bien entendu, de vous dévoiler, l’auteur nous rappelle que toute folie recèle une part de notre vérité à tous et que chacun d’entre nous est à la merci de ses préjugés. À lire pour le plaisir cette curiosité au succès oublié (les éditions Fasquelle en avaient proposé une traduction française l’année de sa sortie) !
69 J.-T. R.
Notes
-
[1]
C’est le terme de l’époque.