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Article de revue

Rubriques

Pages 325 à 341

Notes

  • [1]
    Association TEAM (Techniques Éducatives et Assistance Médiatrice).
  • [2]
    Laboratoires EDA (Éducation et Apprentissages) Secteur GRAPHIES (Groupe de Recherches et d’Analyses Psychodynamiques dans le champ du Handicap de l’Inadaptation et de l’Échec Scolaire).

Rubrique Lecture

Winnicott insolite Sous la direction de J. Boushira et M-C. Durieux Éd. PUF, coll. Monographies, 2004, 152 pages (20 euros)

1Donald Woods Winnicott est un pédiatre et psychanalyste anglais célèbre dans le monde entier. Né en 1896 à Plymouth et mort à Londres en 1971, il est connu autant pour sa découverte de l’objet transitionnel que pour son rôle de médiateur entre les anna-freudiens et les kleiniens. La Revue Française de Psychanalyse, dans le cadre de sa collection de monographies thématiques, publie un numéro spécial qui lui est consacré. Cet ouvrage nous est apparu plus technique que les livres de présentation générale de la revue « L’Arc » (1977/N? 69) et de D. Ribas (Ed. PUF/ 2000), intitulés tous deux « D. W. Winnicott » et même de ceux de Clancier et Kalmanovitch, « Le paradoxe de Winnicott » (Ed. Payot, 1984), de Davis et Wallbridge, « Introduction à l’œuvre de Winnicott » (Ed. PUF, 1992) et de J. Abram, « Le langage de Winnicott » (Ed. Popesco, 2001). En effet, il se propose de discuter quelques apports de cette personnalité « insolite ». R. Roussillon explique ainsi en quoi la conception de la crainte de devenir fou telle que l’a formalisée Winnicott, poussé par la clinique des états limites, s’avère originale et féconde pour tout un chacun. J-F. Rabain se livre à un essai de psychanalyse appliquée relatif à l’enfance de Winnicott. F. Duparc nous montre à l’aide de nombreuses références que, contrairement à une idée reçue, Winnicott a toujours fait au père une place essentielle dans le développement de la psyché infantile. Un groupe de psychanalystes canadiens expose les relations entre l’agressivité et la créativité et tendent même à en faire, dans la droite ligne de l’évolution de la pensée de Winnicott, les expressions principales d’une seule et même pulsion. C. Athanassiou s’attache à définir un noyau narcissique primaire en se référant aux concepts winnicottiens de vrai self et de faux self. Enfin, D. Ribas explicite les différentes conceptions du clivage chez Winnicott, entre personnalité saine et personnalité pathologique, psyché et corps, immaturité et intégration, masculin et féminin.

2Bien sûr, il convient d’abord et toujours de conseiller à tous les praticiens de l’âme enfantine de se plonger dans l’œuvre originale de D. Winnicott. Sur les rayons de ma bibliothèque, les traductions disponibles en français ne représentent « que » 35 cm ! Alors, un peu de courage. Vous découvrirez un personnage singulier, clair et humaniste. Une source intarissable d’émerveillement clinique ! Pour finir, signalons la parution aux Editions PUF des textes des conférences faites en Angleterre par A. Green à propos de l’œuvre de D. W. Winnicott : « Jouer avec Winnicott ».

3Jean-Tristan Richard

4Psychologue-analyste, Montreuil sous Bois/93100

5Directeur adjoint CAMSP-IPP Paris 14ème

Le développement sensori-moteur de l’enfant et ses avatars André Bullinger Éd. Érès, 2004, 272 pages (25 euros)

6L’auteur, formé par J. Piaget et par J. De Ajuriaguerra, est à la fois chercheur et clinicien. Il travaille à Genève et a publié depuis près de trente ans nombre d’articles de référence. Avec cet ouvrage, il nous livre une synthèse de son parcours en même temps qu’un aboutissement : le bilan sensori-moteur. Persuadé que les théories ne sont que des hypothèses locales et momentanées, que le développement de l’enfant voit se tisser les dimensions physiques, biologiques, émotionnelles et sociales, que la rencontre avec chaque enfant est une rencontre unique, A. Bullinger explore ici la régulation tonico-posturale chez le bébé normal, le développement des coordinations sensori-motrices chez l’enfant aveugle, les fonctions périphériques et focales de la vision chez l’enfant IMC, la régulation tonique et l’organisation des flux sensoriels chez l’enfant autiste. Si son ouvrage débute par des considérations théoriques, il s’achève par l’exposé de sa méthode de bilan. Grâce à son « fourmillement » d’hypothèses et de pistes, dont de nombreuses évoquent les recherches de D. Meltzer, F. Tustin, G. Haag, D. Ribas et P. Delion, il passionnera aussi bien les pédiatres et les pédo-psychiatres que les psychomotriciens, les ergothérapeutes et les psychologues. Quelques exemples glanés : l’idée d’une bouche à la fois zone érogène et zone cognitive, l’hypothèse d’une hyper-extension du buste et, par conséquent, de distorsions de la construction de l’axe corporel, chez le futur autiste, le rôle central des liaisons visuo-manuelles et de la rotation du buste pour se construire et construire des relations, la passation d’un bilan considéré comme un objet transitionnel entre le « psy », l’enfant et ses parents, etc.

7Jean-Tristan Richard

Examen de la phrénologie (1842) P. Flourens Éd. L’Harmattan, 2004, 128 pages (12,50 euros)

8La phrénologie est la théorie élaborée au XIXème siècle par l’anatomiste allemand F.J. Gall pour relier chaque fonction mentale à une zone particulière du cerveau. Elle postule que la forme même du crâne et de ses contenus conditionne la mémoire, l’attention, l’intelligence, le langage, le goût pour les mathématiques ou la musique, etc. Gall fut d’abord attaqué à Vienne au début des années 1800 et même interdit de séjour, le gouvernement autrichien considérant que le succès de ses conférences sur la phrénologie constituait un danger pour la religion. Il s’exilera à Paris où il mourut en 1928. Cette théorie des localisations cérébrales a été ensuite battue en brèche par les découvertes de l’activité neuro-électrique par H. Berger en 1929 grâce à l’EEG. En effet, ce procédé d’amplification des ondes cérébrales ne distingue que des ondes rapides et des ondes lentes. En outre, penser à une chose triste ou à ses prochaines vacances sous les Tropiques ne change rien aux rythmes observés. En revanche, à partir des années 1990, l’IRM a montré que chaque activité mentale mobilise plusieurs zones cérébrales spécifiques. La théorie des localisations se voit ainsi resurgir aujourd’hui au premier plan. Il s’avère donc intéressant de revenir à ses origines phrénologiques. La ré-édition du livre critique de P. Flourens (1794-1867) proposée ici par les éditions L’Harmattan captivera tous les férus d’Histoire. Ce médecin né dans l’Hérault et formé à Montpellier est le premier à avoir osé discuter les thèses de Gall. Ses arguments nous ont paru rester d’actualité. À signaler que cette ré-édition est agrémentée d’une préface inédite du psychologue contemporain S. Nicolas et suivi des avis, d’époque, de Spurzheim et Broussais. L’ensemble aidera à se faire une idée de la validité des théories modernes issues du courant neuro-cognitiviste selon lesquelles tous les aspects des pensées et des émotions s’enracinent dans les structures internes du cerveau et à se méfier de tout empressement inconsidéré à adhérer aux représentations fournies par l’IRM. La matière humaine est évidemment autant faite de ces éléments que de la spécificité des relations affectives entre les êtres, avec leurs inscriptions et transformations en chacun.

9Jean-Tristan Richard

L’hypnose : Charcot face à Bernheim Serge Nicolas Éd. L’Harmattan, 2004, 150 pages (14 euros)

10On retrouve le même historien de la psychologie, auteur, par ailleurs, d’une magnifique « Histoire de la psychologie française » parue en 2002. Il s’agit ici de relater les tenants et aboutissants d’une lutte célèbre entre l’école de Paris et l’école de Nancy. La première est représentée par J-M. Charcot (1825-1893). Elle postule que l’hypnose est une méthode efficace permettant d’accéder aux manifestations non conscientes de la névrose hystérique. La seconde est dirigée par H. Bernheim (1840-1949). Elle considère que l’état hypnotique n’est que l’œuvre de la suggestion et de l’auto-suggestion. Grosso modo, l’une est persuadée que l’hypnose est une méthode scientifique d’exploration psychique, tandis que l’autre n’y voit qu’une supercherie de foire. À l’aide de textes d’auteurs ayant visité à l’époque les deux écoles, l’auteur précise les différences et les enjeux. En effet, pour Charcot, si l’hypnose pouvait ramener à la conscience des traumatismes enfouis et apporter la disparition des symptômes, c’est que des « idées » peuvent donner des maladies. Pour Bernheim, les grandes formes théâtrales observées à la Salpétrière ne sont que le produit de l’atmosphère qui y régnait et il ne saurait y avoir de traitement psychothérapique sans une dé-suggestion. Reste que c’est à S. Freud - qui se rendit auprès des deux médecins au début de sa carrière, en 1885 et en 1889 - qu’il appartiendra de définir l’Inconscient, de comprendre l’hystérie et de mettre au point une cure originale, ouverte, sans conseils et autres suggestions, c’est-à-dire sans magie ni violation de la personnalité des patients. Mais cela est une autre histoire… À lire par tous ceux que l’origine des effets d’une relation thérapeutique interroge et que l’Histoire passionne.

11Jean-Tristan Richard

L’annonce de la maladie Isabelle Moley-Massol Éd. DTB-VIVACTIS, Coll. Le Pratique, 2004, 244 pages (29 euros)

12L’annonce du handicap est un sujet à la mode qui fait actuellement l’objet de nombreuses contributions, tant en livres qu’en conférences à des congrès. Ici, l’auteur, qui est spécialiste de psychologie médicale, propose initialement un ouvrage destiné à la formation des futurs médecins. En réalité, il s’agit d’une somme. Non content de présenter les attitudes requises par les soignants face à ce délicat problème, il vise à faire partager ce qui se joue de si précieux et de si fondamental au moment de l’annonce. On trouvera donc exposées de nombreuses situations cliniques, telles celles vécues en dermatologie, cancérologie, cardiologie, rhumatologie, gériatrie, etc., comme celles rencontrées en génétique et en pédiatrie. Bien évidemment, il n’existe aucune bonne manière de dire l’horreur et l’inéluctable. Toutefois, il importe de savoir énoncer le moins mal possible la maladie puisque de cette parole dépend en partie le futur. Cette parole qui engage doit être informative, vraie, juste, aussi objective que possible, mais aussi respectueuse de ce que peuvent supporter ceux à qui elle s’adresse. C’est bien là le maître mot de cet ouvrage, le respect absolu des malades ou de leurs parents. D’où ce leitmotiv, savoir leur donner du temps et leur laisser le temps de pactiser avec le traumatisme. Bien mieux que des recettes face à l’annonce du handicap, pour autant qu’en la matière, savoir dire, c’est d’abord savoir écouter, le livre d’I. Moley-Massol nous offre un viatique irremplaçable.

13Jean-Tristan Richard

La notion d’ambivalence (1938) J. Favez-Boutonnier Éd. L’Harmattan, 2004, 94 pages (11 euros)

14La thèse de médecine rédigée par Juliette Favez-Boutonnier en 1938 était une étude célèbre devenue introuvable. Grâce à J. Chazaud et aux éditions L’Harmattan, la voici ré-éditée. L’auteur était philosophe de formation. Elle fera des études de Médecine, puis de Lettres, avant de devenir psychanalyste. C’est à ce titre qu’elle participera en 1945, avec André Berge, à la création du CMPP Claude Bernard et succédera, en 1955, à Daniel Lagache à la chaire de Psychologie de la Sorbonne. Chacun sait que le terme « ambivalence » est devenu un vocable courant, quasi quotidien. En fait, il faut se souvenir qu’il a été inventé par E. Bleuler vers 1910 pour qualifier les relations du schizophrène avec son environnement, à côté de la dissociation et de l’autisme. Même si E. Bleuler reconnaîtra tardivement l’existence d’une ambivalence normale, c’est Sigmund Freud le premier qui en fera dès 1912 une conjonction inévitable d’affects contraires envers une seule et même personne. Articulant ces deux points de vue, la thèse de J. Favez-Boutonnier éclaire ce conflit humain fondamental. Aussi nous invite-t-elle à dépasser la simplicité apparente du concept, pour s’aventurer dans un monde où la logique n’est plus de mise. Ou, plus exactement, dans un monde où une logique autre prédomine. De fait, les explications classiques, physiologiques ou psychologiques, se révèlent ici inconsistantes. Seule la confrontation avec les malades mentaux et avec soi-même, devenue intelligible grâce à l’appareil conceptuel freudien, autorise des développements originaux. Notamment, ceux afférents aux diverses formes d’ambivalence : complète (sentiments opposés côte à côte, sans réunion possible, de type psychotique), incomplète (partiellement consciente, avec contradiction perçue, de type obsessionnel), latente (cachée à tous les regards, agissante en sourdine, de type délire de jalousie) et normale (relative à la complexité des affects, organisée par le conflit œdipien). Nonobstant le caractère schématique de cette présentation, l’amour et la haine ont encore sans nul doute de beaux lendemains devant eux !

15Jean-Tristan Richard

Le travail avec les familles en psychiatrie infanto-juvénile Antoine Delahaye Éd. L’Harmattan, 2004, 266 pages (22,50 euros)

16Le centre hospitalier du Vinatier est l’hôpital psychiatrique de Lyon le plus célèbre. L’auteur de ce livre est un éducateur spécialisé exerçant dans un CMP de cette structure. Féru d’Histoire, il s’est attelé à décrire l’évolution de la prise en charge des enfants et de leurs familles au Vinatier depuis le XIXème siècle. À l’aide de nombreux documents d’archives, il repère les divers mécanismes qui ont présidé à cette évolution. Il pointe ainsi la place de plus en plus affirmée des familles dans les soins apportés à leurs enfants. Ce faisant, il montre que, sous couvert de ne pas les séparer, aujourd’hui, on peut se priver des effets bénéfiques d’une séparation. Il critique, en outre, l’aspect encore macro-institutionnel de l’hôpital (850 lits pour enfants !) et défend l’idée de petites structures. Enfin, au fil des pages, il rend compte des contradictions vécues par les Tutelles, les associations, les parents et les équipes face à l’insuffisance de moyens de toujours pour soigner les enfants. Un hommage à tous, en quelque sorte.

17Jean-Tristan Richard

Monoparentalité précaire et femme sujet G. Neyrand et P. Rossi Éd. Érès, 2004, 236 pages (22 euros)

18De nos jours, de nombreuses femmes seules se retrouvent simultanément face à la précarisation sociale et à la monoparentalité. Cette évolution place les intéressées devant la question de la place des femmes dans nos démocraties et leurs failles, de même que devant celles de la maternité, de la féminité, de l’identité. Cette double difficulté, sociale et individuelle, tel est l’objet de ce livre à deux voix : celle d’un sociologue et celle d’une psychologue. Ceci explique qu’il est constitué d’enquêtes et de témoignages. Après une présentation socio-historique de la modernisation du cadre familial jusqu’à celui, nouveau, de la mono-parentalité, il explore les problèmes actuels de la femme chef de famille et, en miroir, l’inconfortable position des professionnels du secteur sanitaire et social. Ce livre, outre de nous aider à mieux comprendre nombre de situations auxquelles nous sommes de plus en plus confrontés dans nos services, a le mérite de proposer quelques pistes concrètes pour une meilleure prise en charge de ces femmes et de leurs enfants, sans oublier de suggérer une requalification de l’homme-père.

19Jean-Tristan Richard

Moïse, Œdipe et Superman De l’abandon à l’adoption S. Marinopoulos, C. Sellenet et F. Vallée Éd. Fayard, 2004, 352 pages (20 euros)

20Une psychanalyste, une psychologue et une sociologue font ici le point sur de nombreuses questions relatives aux aspects sociologiques, psychologiques et juridiques de l’abandon et de l’adoption. Leurs éclairages sur la psychologie des parents qui abandonnent, des enfants qui se retrouvent abandonnés et des couples qui désirent adopter font véritablement le tour du problème : pourquoi certaines mères se voient incapables d’assumer leur rôle ? pourquoi certains enfants sont-ils difficilement adoptables ? comment se décide l’agrément de parents adoptants ? comment rendre compte des échecs de certaines adoptions ? quelles sont les difficultés rencontrées par les enfants adoptés ? Quelles apories mènent les libellés actuels sur les extraits d’acte de naissance, les modalités d’accouchement sous X et la transformation du droit à connaître ses origines, à se muer en idéologie ?

21Si j’ai été souvent rebuté par le mélange des genres, style « professionnel » et style « journalistique », constamment intriqués et souvent gêné par la succession un peu artificielle des aspects historiques, juridiques, psychologiques et sociologiques, ce livre témoigne d’un louable essai de synthèse. J’ai apprécié en sa fin le sentiment d’un profond et authentique respect pour les uns et pour les autres, de même que l’exposé comparatif des modalités d’adoption en Europe. Une somme sensible pour un sujet sensible.

22Jean-Tristan Richard

L’aide médicale à la procréation Journal Français de Psychiatrie 2004, N° 20 / 56 pages, Édit. Érès (14 euros)

23Ce numéro spécial du Journal Français de Psychiatrie est constitué des actes d’un colloque organisé à Grenoble il y a deux ans. S’y retrouvaient gynécologues et psychanalystes afin de confronter leurs cliniques et partager leurs craintes. On trouvera donc dans ce recueil les interventions de D. Bellaïche, P. Granet, S. Epelboin, J. Testard, comme celles de J-P. Hiltenbrand, C. Melman, M. Campion, C. Gintz., etc. Un juriste et un généticien complètent le panorama. L’ensemble des voix ainsi réunies s’harmonisent autour d’une approche nuancée du développement des différentes formes d’assistance médicale à la procréation. De fait, elles témoignent de confusions science / technique, droit / possibilité, désir / réalité ou, si l’on préfère d’un déni de la sexualité-plaisir, d’une toute-puissance archaïque et d’un refus de la castration. De fait, le désir d’enfant est aujourd’hui présenté et/ou vécu comme coupé de ses racines infantiles et inconscientes au profit d’un calcul identique à celui de la programmation de l’achat d’un nouveau réfrigérateur ou à l’organisation de ses prochaines vacances. En dépit de ce constat, C. Melman garde espoir : cela conduira les enfants ainsi fabriqués à créer les symptômes adéquats pour interpeller leurs parents… Ce numéro de clinique sociale est passionnant.

24Jean-Tristan Richard

Théorie du lien Processus de créativité et Le processus groupal Enrique Pichon-Rivière Éd. Érès, 2004, 232 pages et 272 pages (23 euros et 25 euros)

25Ces deux ouvrages constituent la première véritable traduction des œuvres de clinique et de recherche du célèbre psychanalyste franco-argentin E. Pichon-Rivière. Né en 1907 et mort en 1977, c’est lorsqu’il a quatre ans que ses parents émigrent, via la Suisse, dans le nord de l’Argentine. Ainsi, aura-t-il quasiment deux langues maternelles : le français et le guarani. Dès 1937, il exercera des fonctions de praticien hospitalier auprès de patients adultes, puis, dix ans après, il travaillera avec des enfants et des adolescents, jusqu’en 1952. Entre temps, il co-fondera en compagnie de quelques autres pionniers l’Association Psychanalytique Argentine (1942). Lors de voyages à Paris, il rencontrera le psychiatre J. Lacan et l’écrivain surréaliste A. Breton. Il se mariera avec Aberastury, pédagogue et philosophe, créatrice de la psychanalyse infantile en Argentine et amie de M. Klein et finira sa vie avec Ana De Quiroga, psychothérapeute de groupe et cosignataire de nombre d’articles. Il animera de nombreux séminaires et fondera un Institut d’études psychosociales. Il aura pour amis W. Baranger, J. Bleger, E. Rodriguè, M. Langer, L. Grinberg et S. Resnik. Ses recherches peuvent être sériées autour de trois grands thèmes : les psychoses, les groupes et l’art. Toujours originales, jamais simplificatrices, elles ont aujourd’hui une notoriété croissante qui dépasse le cercle étroit des seuls spécialistes. Il est bien sûr impossible de les discuter ici en détails. Cependant, on s’arrêtera à quelques idées fortes. Tout d’abord, celle de « groupe interne ». Il s’agit d’un concept censé rendre compte des multiples images objectales intériorisées, des systèmes de rapports intersubjectifs et sociaux, dont émerge le sujet. C’est que pour Pichon-Rivière, l’intrapsychique est par essence psychosocial. Il en résulte la mise en place d’interventions thérapeutiques dites « groupes opérationnels » dont les deux tâches principales sont de repérer et de réduire les craintes de la perte et celles d’être attaqué. Ce sont ces deux anxiétés qui seraient responsables des résistances au changement propres à tout groupe humain. Par ailleurs, sa structuration s’effectue toujours via le développement des phénomènes de leader et de bouc émissaire. Une autre idée forte proposée est celle de lien, entendu comme relation objectale dynamique, comme conduite particulière articulant monde interne et monde externe. Une conséquence de cette approche est de permettre de retrouver les conceptions classiques sur le lien à l’objet persécuteur projeté, mais surtout de dévoiler l’existence d’une pathologie du bon lien.

26Jean-Tristan Richard

Parlons du deuil G. Raimbault Éd. Payot, coll. Rivages, 2004, 142 pages (12 euros)

27Seule une femme pouvait sans doute écrire un tel livre. Personnel, sensible, courageux, profond. Consacré au travail du deuil, cette expression freudienne passée dans le langage médiatique et devenue bien galvaudée, fruit d’une pratique clinique de plus de cinquante ans, auprès d’enfants mourants, de leurs parents et de leurs soignants, ce livre accessible à tous déroule pas à pas une réflexion, pudique, claire et émouvante sur la parole des endeuillés.

28Parce qu’elle est consubstantielle de la vie, la mort est au centre de toutes les philosophies. Déjà, Sénèque disait que la mort est la règle et la vie l’exception. G. Raimbault part ici de sa propre expérience de la perte d’un être chéri pour nous livrer la quintessence de son expérience clinique. Elle renoue au passage avec l’essentiel de l’apport freudien, à savoir que si le deuil est difficile, c’est qu’il recèle toute notre ambivalence. Or, celle-ci s’origine dans nos premières rencontres avec l’altérité : « ce sont les modalités de ces premiers rapports fondamentaux qui détermineront le déroulement du travail de deuil ». On le voit, pour reprendre une métaphore freudienne, celle du cristal brisé, le cataclysme de la perte suivra les voies de construction et de fragilité propres à l’organisation du psychisme de chacun.

29Jean-Tristan Richard

Cures d’enfance L. Kahn Éd. NRF-Gallimard, 2004, 200 pages (15 euros)

30Une autre femme donc. Elle relate les traitements psychanalytiques de plusieurs enfants. Au-delà de l’empathie éprouvée pour chacun d’eux, elle permet de mieux sentir ce qui distingue la relation analytique des psychothérapies ou des observations. La réalité de la maturation psychique, de ses soubassements inconscients et de ses transformations liées au transfert et au contre-transfert apparaît ici limpide. L’illusion de se situer dans le présent, sans tenir compte du poids des temps perdus de la mémoire, celle de s’attacher au poids palpable de la réalité visible de la croissance, sans la relier aux désirs infantiles, refoulés, déformés par l’adulte, celle de guider les pas hésitants d’une personnalité en devenir, sans accorder suffisamment de place à l’intéressé lui-même, sont ici travaillées avec une rigueur et une sensibilité indéfectibles. On retiendra notamment les histoires de Julie, butant sur les opérations mathématiques, elle qui a subi, depuis sa naissance, plusieurs opérations suite à une hydrocéphalie, d’Irène, gravement inhibée et handicapée par son retard de langage, parvenant à laisser s’exprimer sa dépression et son agressivité, de Muriel, élevée par ses grands parents faute d’une mère apte à le faire, minée par un secret de mort, de Luc, oscillant entre faux self et dépression, blessé par la maladie et le décès de sa mère, etc. Chemin faisant, l’auteur discute D.W. Winnicott, M. Khan, Sigmund et Anna Freud, M. Klein, etc. On insistera sur l’histoire du premier cas, tant il recèle d’aperçus vertigineux sur les liens entre le handicap et la fantasmagorie sexuelle, pour autant que celle-ci, nonobstant les critiques actuelles contre la psychanalyse, s’avère à la fois irréductible et passionnante.

31Jean-Tristan Richard

L’observation du bébé selon E. Bick P. Delion et coll. Éd. Érès, coll. 1001 bébés, 286 pages (15 euros)

32C’est la première fois que cette collection déjà célèbre nous propose un très « gros » ouvrage.

33De fait, ce nouvel opus de la désormais célèbre collection ne compte pas moins de 286 pages ! On y trouvera surtout l’histoire de la méthode mise au point par la psychanalyste anglaise pour former les psychanalystes d’enfants et l’histoire de son installation en France, notamment grâce au couple Michel et Geneviève Haag. On lira donc avec profit les contributions de ceux-ci. Plus avant, de nombreux articles approfondissent l’intérêt de cette technique, aujourd’hui très en vogue, consistant pour un étudiant de la santé psycho-sociale à s’immiscer une fois par semaine auprès d’un enfant pendant deux ans. On retiendra ici surtout les articles de Régine Pratt, de Françoise Jardin, de Didier Petit et de Bernard Golse. La première dissèque les problèmes des consultations pédopsychiatriques de secteur et de leurs composantes de contenance, la deuxième, à partir d’exemples cliniques, insiste sur la nécessité de formation de tous les professionnels de la petite enfance, le troisième développe dans une perspective kleinienne la question de la haine originaire et le dernier, en référence à une expérience brésilienne, invite à promouvoir cette technique pour tous les futurs médecins. Bien sûr, l’observation directe, à domicile, empathique, sans but thérapeutique, telle qu’elle est ainsi préconisée peut s’avérer passionnante, mais aussi risquée, et limitée. En psychanalyse, de fait, l’enfant dont on parle est d’abord une représentation fantasmatique, construite ou re-construite. Mais, même si l’expérience du divan reste unique, cet ouvrage, dense, parfois redondant, témoigne si besoin était, de l’intérêt d’une telle méthode.

34Jean-Tristan Richard

Revue “La psychiatrie de l’enfant” Éd. PUF, 2004, Vol. XLVII, N° 1, 314 pages (38 euros)

35Ce numéro de la classique revue de pédopsychiatrie est consacrée à l’attachement. Il débute par une excellente présentation synthétique de B. Golse. Son résumé, qui, sans nul doute, fera date, ne cède en rien à la simplification et pose les véritables problèmes de ce concept aujourd’hui à la mode. Puis, deux articles explorent quelques applications cliniques institutionnelles. Ainsi, F. Jardin et B. Rebillaud présentent le fonctionnement d’une unité de soins spécialisés à domicile, celle créée par M. David dans le 13ème arrondissement de Paris. Et A.-C. Pernot-Masson relate le cheminement de la psychothérapie d’une mère trop attachée à son fils, menée pendant sept ans dans un cadre hospitalier pédiatrique. À méditer également l’article de P. Cauvin sur les variations de la distance entre des bébés de 0 à 3 mois avec leurs mères et celui de J. Wendland sur la relation entre les compétences du bébé et les représentations maternelles de celui-ci, en fonction de l’intervention précoce. À noter, enfin, la contribution d’A. Guédeney et coll. sur les conséquences du placement en crèche en termes de tempérament et de maladies.

36On pourra compléter la lecture de ce numéro spécial sur l’attachement par celle de la revue « Le Journal des Professionnels de l’Enfance » sur le même thème. Celle-ci publie, en effet, une présentation vulgarisée des avancées en ce domaine de très haut niveau. Les avantages et inconvénients, tant théoriques que cliniques, de ce concept déjà ancien apparaissent ici développés dans tous leurs aspects.

37Jean-Tristan Richard

150 petites expériences de psychologie Serge Ciccotti Ed. Dunod, 2004, 324 pages (15 euros)

38Ce livre témoigne de ce que la recherche peut être amusante. Il est constituée par la présentation de 150 expériences menées en laboratoire par des psychologues pour expliquer nos comportements les plus quotidiens : pourquoi on regarde sous son lit après avoir vu un film d’horreur, pourquoi on baille quand on voit quelqu’un bailler, pourquoi tous les feux sont au rouge quand on est pressé, pourquoi on grandit de quelques centimètres quand on a réussi au baccalauréat, pourquoi ce sont toujours les mêmes qui ne fichent rien, pourquoi les Chinois ont tous la même tête, pourquoi nos sacs de courses sont plus lourds au fil des étages gravis, pourquoi il est difficile de croire ceux qui disent ne pas faire de discrimination entre les handicapés et les autres, pourquoi sommes-nous plus généreux avant d’être opéré, etc. S’appuyant sur des recherches connues ou restées confidentielles, l’auteur, docteur en psychologie sociale, lève le voile sur ces questions clefs ! Seule ombre au plaisir à le lire, nombre d’expériences, portant sur des échantillons réduits, même si elles ont fait l’objet d’une publication dans une revue savante, ne méritent guère à nos yeux l’appellation « scientifiques ».

39Jean-Tristan Richard

Trisomie 21 et handicap La parole des jeunes Configuration et itinéraires Jean-Sébastien Morvan, Nathalie Auguin et Valérie Tarossian CTNERHI, 2005, 158 pages (14,60 euros)

40Il s’agit de l’exposé des résultats d’une recherche, qui pourrait se lire en complément ou parallèlement à l’interview publiée en conclusion de la série d’articles de cette même revue. Cette recherche est le fruit de la relation établie entre une Association [1] accueillant des personnes handicapées mentales et un laboratoire [2] de l’Université René Descartes-Paris 5.

41Les rencontres ainsi organisées de 1999 à 2001, entre des adolescents et adolescentes trisomiques (et leur famille) et des étudiants en Sciences humaines a permis un partage d’interrogations et de réponses, en vue d’une meilleure compréhension du vécu intime de ces jeunes, dans le contexte de la déficience intellectuelle. Le but était de connaître leur position de sujet et aussi leur qualité de vie, dans leur milieu familial, leur cursus scolaire, leur insertion professionnelle et/ou leurs activités de loisirs, enfin et surtout, dans le passage projeté ou déjà vécu vers une plus grande autonomie sociale.

42Ce qui est séduisant dans ce petit livre, c’est la dimension du champ de réflexion et d’écoute qui, partant d’une approche psychodynamique et d’une méthodologie de rencontre très préparée, aboutit à un exposé vivant et sensible, basé sur la parole même des jeunes participants à cette recherche. De plus, la rigueur de ce travail est attestée par la présentation en annexe (24 pages sur 150) des éléments de la méthodologie suivie. Par contre on peut faire observer que les vignettes cliniques, au nombre de 8, cependant très intéressantes à lire, ne sont pas bien partagées entre les sexes, car elles concernent seulement des jeunes filles.

43Roger Salbreux

44Pédopsychiatre

45Secrétaire de rédaction

La chronicité en psychiatrie aujourd’hui Historicité et institution Sous la direction de Pierre Delion Érès, 2004, 174 pages (23 euros)

46De nos jours, où le secteur médico-social est en voie de démédicalisation accélérée et où la psychothérapie institutionnelle apparaît à certains comme antédiluvienne, alors même que les articles se multiplient, y compris dans la grande presse pour stigmatiser, selon les jours, la crise de la psychanalyse ou celle de la psychiatrie ou encore la dangerosité de tel ou tel patient échappé de l’hôpital (ou qui y est revenu), le livre écrit par Pierre Delion vient fort à propos nous restaurer dans notre identité de professionnels du soin.

47Fruit de “Journées nationales de psychothérapie institutionnelle” organisées à Angers en décembre 2002, ce livre collectif nous rappelle que la chronicité est l’une des caractéristiques essentielles de la maladie mentale et, qu’à trop vouloir l’ignorer, les Pouvoirs publics, nos concitoyens et même les psychiatres s’acheminent vers des conséquences dramatiques. Augmenter les missions en diminuant les ressources matérielles et les moyens humains, multiplier les règles, les contraintes, les évaluations, les contrôles, bref le poids administratif au détriment du temps disponible pour les patients, c’est nier la dimension relationnelle et humaine de la psychiatrie et se condamner à l’échec. Appauvrir dans le même temps la pensée psychiatrique, soit pour parer au plus pressé et résoudre l’impossible équation économique, soit par confiance par trop excessive dans les progrès pourtant indéniables de la pharmacopée, ne peut aboutir, dans l’essence même de la chronicité, qu’à négliger la dimension à la fois subjective et historique de la psychopathologie, pour le patient comme pour le soignant, et finalement à faire des malades chroniques les oubliés de la psychiatrie de demain.

48Tout cela est particulièrement vrai en pédopsychiatrie, où l’on constate avec effroi la taille du fossé existant entre des avancées théoriques remarquables, liées à une meilleure connaissance des interactions de l’enfant avec son environnement, à la diffusion de la méthode d’observation directe du nourrisson, au développement, dans le cadre de la politique de secteur, des unités mère-enfant, etc. et la pauvreté, des moyens disponibles, en nombre de chaires, d’unités, de lits d’hospitalisation, bref de tout ou presque.

49Livre tonique à lire absolument.

50Roger Salbreux

Personnes handicapées Le guide pratique Fédération APAJH PRAT, 2005, 345 pages (22 euros)

51L’association pour adultes et jeunes handicapés (APAJH) “sort” la 4ème édition de son guide pratique.

52Dans sa préface, Fernand Tournan, Président de la Fédération APAJH, indique les objectifs de cet ouvrage : permettre à l’enfant, à l’adolescent, à l’adulte en situation de handicap, d’exercer leur droit imprescriptible à déterminer leur propre choix de vie, comme tout un chacun. Cela n’exclut pas un droit à la différence, comme celui d’être informés, soit directement, soit par la famille ou par les professionnels sur les droits spécifiques à chaque situation et sur l’éventail des solutions possibles aux problèmes que les personnes concernées peuvent rencontrer. Pour s’informer ou être informé en toute objectivité, il faut avoir accès aux connaissances indispensables.

53C’est ce que ce guide, très complet et très réussi, s’efforce d’apporter à la fois sur le plan législatif et pratique, à tous les âges de la vie et dans tous les domaines, notamment pour que, dans le dédale administratif que l’on connaît, chacun puisse faire valoir ses droits. S’il s’agit bien, en effet, de faciliter un choix éclairé et une bonne orientation des personnes en situation de handicap, il ne s’agit nullement ici d’un guide des établissements et services : cela existe par ailleurs. Tel qu’il est, cet ouvrage en est la parfaite introduction et le complément obligé et il sera aussi utile aux personnes handicapées, qu’à leurs familles ou aux professionnels.

54Roger Salbreux

Louna Quand meurt un enfant né prématurément Annie Maurel-Ollivier, Dominique Raynaud et Élisabeth Chaillou primé aux Entretiens de Bichat 2004 Co-production Image et DID Réalisation Alain Casanova, Monique Saladin 2003, DVD 28 min. (39 euros)

55On sait depuis longtemps déjà, notamment à propos de la mort subite inopinée du nourrisson, qu’il est nécessaire d’accompagner les parents qui ont perdu un enfant en bas âge, afin de faciliter, entre autres, l’investissement d’une éventuelle nouvelle grossesse.

56Annie Maurel-Ollivier, Dominique Raynaud et Élisabeth Chaillou nous montrent comment ce principe peut également être appliqué lors du décès d’un enfant prématuré, comme cela se fait d’ailleurs lors de tout décès en néonatalogie et également après interruption médicale de grossesse en maternité.

57Les séquences présentées, lorsque l’enfant est encore en vie, puis plusieurs mois après sa mort, lors des entretiens entre les deux parents et les trois médecins et enfin plus à distance dans le temps, avec la pédopsychiatre-psychanalyste, font bien ressortir les différentes problématiques inhérentes à cette épreuve. La culpabilité mal définie est bien entendu présente et semble sous-tendre l’impossibilité pour ces parents et notamment la mère de parler de la mort de son enfant à son entourage et tout naturellement à ses propres parents.

58Ces séquences filmées montrent également qu’il est possible d’élaborer une maternalité malgré le décès de l’enfant, un peu comme si le fait d’avoir un enfant était un bonheur qui transcendait son impossibilité à vivre. Puis la douleur, le chagrin, les doutes, s’installent dans le cœur de la mère… et, progressivement, ressortent les craintes liées au questionnement bien naturel sur la possibilité de mener à bien une nouvelle grossesse. Si la souffrance s’amplifie avec le temps, une aide peut s’avérer indispensable.

59Ce film illustre enfin la nécessité de ce type de démarche après la mort d’un enfant à naître ou déjà né, qu’il soit ou non prématuré, pour tous les parents qui subissent ce genre de traumatisme, afin de faciliter l’élaboration du deuil et préparer plus sereinement l’arrivée d’un autre enfant et lui éviter d’être plus ou moins un enfant de remplacement.

60Odile Salbreux

61Pédopsychiatre

Du temps et des mots Suivi transdisciplinaire de deux jumeaux nés très prématurément Annie Maurel-Ollivier, Dominique Raynaud et Élisabeth Chaillou primé aux Entretiens de Bichat2005 et Clé de bronze au festival du Film Psy de Lorquin 2005 Co-production Image et DID Réalisation Alain Casanova, Monique Saladin 2004, DVD 28 min. (39 euros)

62Ce film est une nouvelle illustration des missions des Camsp et des techniques utilisées pour les mener à bonne fin.

63À propos de 2 jumeaux, nés à 29 semaines, Hugo et Maxime lesquels, par suite d’une pathologie néonatale sévère, présentent des difficultés motrices, heureusement largement régressives, Annie Maurel-Ollivier, Dominique Raynaud et Élisabeth Chaillou insistent sur l’accompagnement nécessaire pour, tout à la fois, faciliter l’évolution motrice et soutenir les interrelations parents-enfants au cours d’un développement qui, dans ces circonstances, ne s’avérait guère facile au début.

64Le “temps et les mots” sont donc des conditions nécessaires, même si elles ne sont pas suffisantes, au suivi transdisciplinaire de la pathologie et au soutien de la famille. On les voit à l’œuvre dans les consultations, les séances de kinésithérapie, dans un partage des tâches et une cohérence qui assure l’efficacité de la démarche et, aussi, le pouvoir pédagogique du film.

65La réussite de ce travail est attestée par la joie des enfants, qui éprouvent leurs capacités motrices progressivement, jusqu’à la jubilation de la marche, joie qui se communique aux parents et même au spectateur.

66Roger Salbreux

Dans la peau du bébé Prise en charge d’un enfant dés l’hospitalisation après une anoxie sévère à terme Annie Maurel-Ollivier, Dominique Raynaud et Élisabeth Chaillou Co-production Image et DID Réalisation Alain Casanova, Monique Saladin 2005, DVD 24 min. (39 euros)

67Toujours dans la voie des illustrations du travail de Camsp, les auteurs nous présentent dans ce film Kévin, dont la pathologie et les premières mesures qu’elle entraîne sont éclairés par le titre lui-même.

68Que les lésions cérébrales soient importantes et que l’on ne puisse pas déterminer dès le début l’importance du handicap à venir est une situation relativement fréquente et ne constitue d’ailleurs pas l’objectif du travail entrepris. Bien au contraire, l’intérêt réside dans le fait qu’ici l’équipe du Camsp “entre” en quelque sorte à l’hôpital, en tout cas établit avec lui et la famille un partenariat qui commence avec l’hospitalisation de l’enfant.

69Ainsi se trouve mis en lumière l’une des missions des Camsp et le savoir faire correspondant : aider l’enfant et les parents à s’ajuster malgré les difficultés rencontrées. Neuropédiatre et/ou kinésithérapeute, au cours de leurs examens, réguliers après la sortie, pointent les capacités de l’enfant (sans masquer ses insuffisances) et, joignant la parole au geste, impliquent les parents dans l’éducation motrice et l’investissement de Kevin. Ainsi les images négatives du handicap, la peur de ne pas savoir faire, le retrait, s’estompent pour faire place à une créativité de mère, qui discerne les situations favorables pour Kévin, les aides indispensables pour lui, sans se substituer aux efforts que l’enfant peut faire.

70De cette complicité dans l’accompagnement naît un travail d’éducation thérapeutique où la mère retrouve sa place en même temps qu’un espoir mesuré sans devenir pour autant la thérapeute de son enfant.

71Roger Salbreux


Date de mise en ligne : 06/02/2013

https://doi.org/10.3917/cont.022.0325

Notes

  • [1]
    Association TEAM (Techniques Éducatives et Assistance Médiatrice).
  • [2]
    Laboratoires EDA (Éducation et Apprentissages) Secteur GRAPHIES (Groupe de Recherches et d’Analyses Psychodynamiques dans le champ du Handicap de l’Inadaptation et de l’Échec Scolaire).

Domaines

Sciences Humaines et Sociales

Sciences, techniques et médecine

Droit et Administration

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