Bien que dans le monde la population urbaine soit devenue majoritaire (54 % en 2015), il n’y a jamais eu autant de ruraux qu’aujourd’hui (3,4 milliards en 2015) d’après la Banque mondiale. La population rurale devient minoritaire parce que le nombre des urbains augmente beaucoup plus vite. Cette civilisation urbaine croissante et dominante confinerait-elle le rural à la marge du monde ? Non. Les questions alimentaires, en particulier celles de l’alimentation des villes, les imbrications de plus en plus complexes entre les systèmes de revenus de ménages s’appuyant sur des membres et des activités éclatés dans l’espace et dans le temps, montrent combien mondes ruraux et mondes urbains sont étroitement associés et liés à de nombreuses échelles. Partant, il apparaît pertinent de penser le rural et l’urbain ensemble à travers leurs relations elles-mêmes intégrées à d’autres échelles et associant des formes spatiales continues tels le territoire, le continuum urbain-rural, mais aussi le réseau avec ses discontinuités et ses fluidités. Cet ensemble est hétérogène voire paradoxal ; urbain et rural constituent une unité globale d’éléments différents, complémentaires et en tension, l’unité renvoyant à la cohérence, la globalité supposant aussi la cohérence de l’unité par rapport à une autre échelle. Les spécificités fondent justement les relations (certes le plus souvent dissymétriques particulièrement en matière de pouvoir), ces dernières pouvant apparaître incohérentes, par exemple le développement d’une métropole grâce au dynamisme du secteur agricole de son arrière-pays agricole sans que ce dernier ne profitât du développement…